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LA CATHEDRALE SAINT-SAMSON DE DOL DE BRETAGNE

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Cathédrale Saint-Samson de Dol-de-Bretagne (Bretagne).

Nous n'avons pas de détails sur la première cathédrale de Dol, dans laquelle Nominoë fut solennellement couronné roi de Bretagne, en 850, par l'archevêque Festinien. Mais il reste encore quelques vestiges de l'édifice roman qui précéda immédiatement la cathédrale actuelle : ce sont le mur de clôture occidental et vraisemblablement les colonnes de la nef. D'après un vieux Calendrier de Dol, le maître-autel de cette église fut consacré, le 11 août 1194, par un évêque étranger appelé Donat, l'évêque élu de Dol, Jean de la Mouche, n'étant point sacré. Le même jour, on y transféra solennellement les reliques de saint Samson [AUGUSTUS, III Id. Translatio reliquarum hujus ecclesie et majoris altaris consecratio facta per dominum Donatum Lunnicensem episcopum anno ab Incarnat Domini M°C°XC° IIII°. (Ex veteri Kalend. Dolensi) (Blancs-Manteaux)]. Cette cérémonie semble indiquer une reconstruction de la cathédrale à cette époque ; mais nous ignorons si elle fut complète ou seulement partielle ; ce qui est certain, c'est que le nouvel édifice ne tarda pas à devenir la proie des flammes. En 1203, en effet, le roi d'Angleterre, Jean-sans-Terre, s'empara de la ville de Dol et la ravagea ; le feu, soit qu'il y fut mis par ses ordres ou autrement, consuma le toit de la cathédrale ; les murs en furent démolis et les saintes reliques enlevées de force. Mais les ravisseurs furent dépossédés, à leur tour, des précieux restes des saints évêques Samson et Magloire par un certain Philippe des Colombiers, qui finit par les remettre à Gauthier, archevêque de Rouen ; celui-ci les fit déposer dans son église. En 1223, Jean de Lizannet, évêque de Dol, réclama ces reliques, qui lui furent restituées par l'archevêque Thibaud (D. Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 849, la lettre de Thibaud, archevêque de Rouen, où il témoigne de l'incendie et de la ruine de l'église de Dol, « in subversione et combustione Dolensis ecclesiœ »). La démarche faite par Jean de Lizannet semble prouver que ce prélat s'était occupé de relever la cathédrale qu'avaient ruinée les soldats anglais, et que les travaux de reconstruction étaient assez avancés en 1223 pour qu'on songeât à y rétablir les solennités du culte. Les évêques Clément et Etienne continuèrent la réédification du monument, que le dernier paraît avoir achevé. Après la mort d'Etienne, arrivée en 1265, son successeur, Jean Mahé, fut élu dans la cathédrale même, et fut inhumé en 1279 dans le choeur de cette église. C'est donc dans la première moitié du XIIIème siècle qu'a été construite la plus belle de nos cathédrales de Bretagne ; toutefois quelques parties du monument ont été remaniées ou ajoutées plus tard, telles que les tours, les porches, les salles capitulaires, la trésorerie, et très-probablement aussi la chapelle absidale. Le plan de la cathédrale de Dol est très-régulier : l'édifice se compose d'une nef avec ses collatéraux, de deux transepts, d'un choeur un peu moins long que la nef, dont les collatéraux sont garnis de chapelles ; le chevet est droit, et derrière s'élève une dernière chapelle absidale. La longueur totale du monument, en dehors de la plus grande saillie de ses contreforts, est de 100 mètres ; la largeur intérieure de la nef entre les colonnettes isolées des piliers est de 6m 73 ; celle de ses collatéraux, également prise entre les colonnes saillantes des piliers, est de 3m 73 ; la transversale a de longueur totale dans oeuvre 28m 50, et de largeur des transepts entre leurs murs latéraux 7m 50. Le choeur a de largeur, entre les saillies des piliers, 7m 50, et ses collatéraux 3m 70 ; il est, par suite, plus large que la nef de 77c ; en revanche, la chapelle absidale n'a que 7m 15 de largeur, et les autres chapelles ont 4m 25 de profondeur [MM. Du Vautenet et Bézier-Lafosse, Monographie de la Cathédrale de Dol - Bulletins des Congrès scientifiques de France, 1849]. Entreprenons maintenant la description de ce beau monument, en nous aidant de l'intéressant travail de M. l'abbé Brune (Archéologie religieuse, Cathédral de Dol), et commençons par en examiner l'extérieur, qui est, au reste, la partie faible de l'édifice : « Vue du côté de l'Occident, la cathédrale de Dol n'offre qu'une façade incomplète, composée de parties incohérentes, et évidemment remaniée et impitoyablement défigurée par des mains non-seulement inhabiles, mais barbares. Deux tours s'élèvent de chaque côté du portail : l'une, au Nord, s'arrête bientôt inachevée et sans espoir de monter jamais plus haut ; elle est à pans coupés, et chacune de ses faces est ornée de moulures dans le style du gothique fleuri, et d'ouvertures carrées ou en accolades qui annoncent les premières années du XVIème siècle » (Archéologie religieuse, p. 249). C'est à cette époque, en effet, qu'elle fut réellement construite par l'évêque Mathurin de Plédran, qui y fit graver ses armoiries. A la prière de ce prélat, le pape Léon X accorda, en 1519, « un grand pardon de plénière remission et autres plusieurs plénières remissions » à tous ceux qui contribueraient à l'édification de cette tour (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 4 G, 108). Toutefois, nonobstant les indulgences du Souverain-Pontife, la tour commencée par Mgr de Plédran est restée inachevée. L'autre tour, au Sud de la façade, est « plus élevée et rappelle un peu celles de Coutances, à cause des arcatures simulées dont ses murs sont décorés et où l'on remarque un mélange sensible de l'ogive et du plein-cintre ; mais elle n'a point au-dessus de sa plate-forme cette flèche élégante, et hardie qui termine si bien la plupart des tours ogivales de la première période. Une balustrade qui annonce, par ses compartiments contournés en flammes, le style du XVème siècle, couronne son sommet et semble y avoir été ajoutée postérieurement, car l'ensemble de cette tour paraît la partie la plus ancienne de l'édifice, à l'exception de la base qui a été reprise en sous-oeuvre dans le XVIIIème siècle, et un petit clocheton qui s'élève à l'angle Sud-Est et qui n'est guère plus ancien que cette restauration » (Archéologie religieuse – les Registres capitulaires nous apprennent que ce campanile, qui renferme l'horloge, fut construit en 1664). Le vestibule entre les deux tours porte les traces d'un provisoire évident et de l'attente d'un porche principal avec lequel il devait se rajuster. Malheureusement ce porche n'a jamais été fait, et lorsque l'orgue fut placé dans la tribune intérieure on boucha la grande ouverture fenestrale de l'Ouest, dans laquelle furent pratiquées trois petites baies à plein-cintre, surmontées d'une lunette elliptique du plus mauvais goût. « Le côté Nord est le plus remarquable pour les hommes de l'art, parce qu'il présente plus d'unité et plus d'ensemble ; il a un aspect grave, sévère et antique qui s'harmonise bien avec le paysage qui l'avoisine et les restes de fortifications qui s'y relient ; aucun édifice ne l'entoure, le vallon solitaire qu'il domine lui communique quelque chose de son mystère et de sa mélancolie, et les vastes marais qui s'étendent devant lui et le laissent dans un isolement complet, ajoutent à la majesté de sa masse et à la grandeur de son élévation. Ce qui donne surtout l'avantage à cette façade, c'est qu'elle est à peu près dans son état primitif et qu'on n'y remarque que très-peu de retouches. Les fenêtres présentent une coupe et une ornementation très-heureuses ; presque toutes sont à lancettes géminées que surmonte une rosace polylobée extrêmement gracieuse. Les piliers butants et contreforts, couronnés simplement d'un toit à double égout ou pyramidal, soutiennent les arcs-boutants qui vont appuyer le sommet des murs de la grande nef, et servent de canaux aux eaux pluviales qui descendent des combles et sont rejetées au-delà des bas-côtés au moyen de gargouilles très-simples. Tout le grand comble est entouré d'une galerie bordée d'une balustrade qui se compose de petites arcades trilobées. La tour carrée qui s'élève au centre des transepts est aussi bordée d'une balustrade en quatre-feuilles. Elle a peu d'élévation et se termine par un toit pyramidal surbaissé. Les bas-côtés ne sont point surmontés de galerie, mais les chapelles du choeur sont environnées au sommet du mur extérieur d'un parapet qui a pu servir de défense, et derrière lequel on peut circuler comme dans les galeries de la grande nef. Les piliers butants, dans cette partie qui longe le choeur, sont plus massifs et ont quelque rapport avec ceux de la cathédrale de Chartres » ( L'abbé Brune, Archéologie religieuse, p. 251). Le côté méridional de l'église est le plus riche, le plus élégant et le plus varié d'aspect, mais il offre aussi des contrastes plus heurtés. Les contreforts et piliers butants sont décorés de colonnettes ; les clochetons des contreforts sont ornés de petits frontons aigus et de pinacles fleuronnés. Les fenêtres se composent de lancettes géminées que surmonte une rosace polylobée. Sur le flanc de ce bas-côté se trouve le petit porche appelé Porte épiscopale. Situé vis-à-vis l'entrée principale du château de Dol, il s'y reliait jadis au moyen d'une galerie couverte, ce qui permettait à l'évêque de se rendre directement de son palais à la cathédrale (M. Gautier-Bidan, Cathédrale de Dol). « Ce porche, très-simple à l'extérieur, est orné de riches sculptures à l'intérieur. L'entrée se subdivise en deux arcades portées par de légères colonnes ; celle du centre est octogone et couverte de coeurs en relief, ce qui a fait croire que ce petit édifice était dû à Etienne Coeuret, élu évêque de Dol en 1405. Mais nous croyons qu'on s'est trop préoccupé de la signification de ces coeurs et qu'on a oublié le reste de l'ornementation, qui n'a rien de commun avec celle du XVème siècle, où il faudrait rejeter la construction de ce porche. Nous croirions plutôt qu'il est à peu près du même temps que l'église, et que, s'il s'y trouve quelque chose du temps d'Etienne Coeuret, ce serait cette colonne ornée de coeurs et l'arcade géminée qu'elle soutient, et qui pourrait bien avoir été surajoutée postérieurement à l'arcade principale dans l'intérieur de laquelle elle est inscrite. Quoi qu'il en soit, deux ouvertures carrées, correspondant aux deux arcades extérieures, donnent entrée dans l'église. Au-dessus de ces portes on remarque une suite d'arcatures couronnées de rosaces et contenues dans deux arcades simulées. Les parois latérales sont également ornées d'arcades pleines, dont le sommet est enrichi de feuillages et d'ornements d'une admirable délicatesse sculptés en pierre blanche, mais malheureusement bien mutilés » (M. l'abbé Brune, Archéologie religieuse, p. 253. — Il y a, selon nous, beaucoup de rapports entre ces sculptures et celles de l'admirable cloître du Mont Saint-Michel, oeuvre incontestable du XIIIème siècle). Un peu plus loin et en saillie sur le même collatéral se trouve la salle capitulaire, qui n'offre extérieurement rien que de disgracieux. « Mais à l'entrée du transept s'élève un porche spacieux et d'un aspect imposant, ouvert sur chaque côté d'une large arcade divisée par des meneaux comme les grandes fenêtres du XIVème siècle, et ornée de voussures autrefois remplies de statuettes et de rinceaux, mais aujourd'hui dégradées et hideuses encore des traces que le vandalisme y a laissées. Les piliers des angles, terminés par des pyramides et des aiguilles, semblent avoir été consolidés par des faisceaux de colonnes trop pesants pour ne pas nuire à leur élégance. Une balustrade nouvellement refaite entoure la plate-forme » (M. l'abbé Brune, Archéologie religieuse). Ce grand porche est vraisemblablement l'oeuvre d'Etienne Coeuret, évêque de Dol de 1405 à 1429. La clef de voûte porte encore ses armoiries : d'azur à trois coeurs d'or posés 2, 1, accompagnées d'une crosse ; de plus, le porche est orné à l'intérieur d'une peinture murale qui reproduit les mêmes armes parlantes de ce prélat. Sur un fond jaune, des encadrements circulaires de couleurs variées renferment, les uns des lions ou des aigles, les autres des dragons ou des oiseaux : tous ces médaillons sont reliés entre eux par des coeurs d'or, et les vides sont remplis par de grandes fleurs de lys d'azur. Cette décoration, dit M. Ramé, qui l'a découverte sous le badigeon, simule une de ces tentures que l'on suspendait au moyen-âge le long des murs des cathédrales aux jours de fête (Bulletin de l'Association bretonne, III, 255). Au-dessus du grand porche « s'élève le pignon du transept, où l'on remarque une grande et belle fenêtre subdivisée en deux ogives supportant, entre leurs sommets, une large rosace ornée de trèfles disposés autour d'un cercle plus petit ; une autre baie, de petite proportion et en lancette, sert à éclairer les combles. Deux contreforts couronnés de légères pyramides se dressent des deux côtés du galbe, et, sur la pointe du fronton, on voit un ange qui semble veiller à la garde de la maison de Dieu. C'est la seule statue qui soit restée, au moins à l'extérieur. Les murs latéraux du transept sont percés de deux fenêtres, comme celles de la nef. Le choeur se prolonge ensuite avec les chapelles collatérales à peu près comme au côté Nord, mais ici les clochetons qui couronnent les contreforts sont ornés de petits frontons aigus et d'aiguilles terminées par une espèce de panache. Peut-être sont-ils un peu plus récents que ceux du côté opposé. En général, cette façade méridionale prête plus à la critique, et les diverses retouches qu'on y remarque rendent plus difficile le classement de chacune de ses parties. Il nous serait impossible de décrire la forme extérieure de la chapelle absidale terminant l'édifice à l'Orient ; elle est tellement enveloppée par les murs et maisons environnants, qu'on ne peut en suivre les contours. Mais entrons dans l'enceinte de la basilique, continue M. l'abbé Brune, c'est là surtout qu'est sa gloire, c'est là qu'elle offre un ensemble, une régularité et des proportions heureuses qui exciteront avec raison notre étonnement et notre admiration (Archéologie Religieuse, 155, 156). Comme dans toutes les grandes églises du même temps, les arcades, à Dol, donnant communication entre la nef et les collatéraux, sont surmontées d'un triforium ou galerie prise dans l'épaisseur du mur, et ornée de petites arcades soutenues par, des colonnettes d'une grande finesse et plus sveltes que dans beaucoup d'autres endroits ; puis d'un troisième ordre ou clérestory formé des grandes fenêtres encadrées entre les retombées de la voûte, et au-dessous desquelles règne dans toute la longueur de l'église une seconde galerie ou trottoir sans balustrade. Cette suite de travées se prolonge jusqu'au chevet de la basilique, qui n'est point de forme circulaire, mais droit et percé d'une large fenêtre ornée de rosace et de trèfles. Cette seule fenêtre a conservé sa riche verrière, où l'on voit représentés dans une suite de médaillons polylobés plusieurs sujets intéressants de la vie de la Sainte Vierge et de saint Samson, et dans les compartiments du sommet de l'arcade, la résurrection des morts et le jugement général. On attribue ces vitraux au XIIIème siècle, et, en effet, ils sont, comme tous ceux de cette époque, plus remarquables par l'harmonie et la fermeté des couleurs que par la pureté du dessin et les effets de détail ». Une particularité intéressante dans les piliers de la nef semble prouver qu'ils remontent au-delà du XIIIème siècle et qu'ils appartenaient à la cathédrale brûlée en 1203. Ces piliers sont cylindriques et garnis de colonnes cantonnées en croix ; mais les colonnes qui font face à la nef et au bas-côté se détachent complètement du pilier depuis le bas jusqu'à la voûte ; elles ne supportent rien, ne sont assujetties que par intervalles au moyen de barres de fer, et paraissent avoir été ajoutées après coup. Ces colonnes sont annelées, c'est-à-dire divisées dans leur hauteur par des renflements ou anneaux qui ajoutent à l'élégance de leur fût, trop maigre pour sa hauteur. Ne quittons pas cette nef sans remarquer le nouveau jeu d'orgues inauguré en 1877, et qui a remplacé d'autres orgues signalées comme étant déjà anciennes en 1575. Les transepts partagent la cathédrale de Dol en deux parties à peu près égales. Au centre s'élève une tour carrée reposant sur quatre gros piliers revêtus de colonnes légèrement engagées qui soutiennent quatre grandes arcades. « Ces massifs si solides n'ont pourtant rien de lourd ni d'écrasant ; leur élancement et leurs faisceaux de colonnes dissimulent leur grosseur et les mettent en harmonie avec les autres parties de l'édifice ». Au Nord du transept, dans la chapelle dédiée autrefois à Notre-Dame de Pitié, se trouvent le magnifique tombeau de l'évêque Thomas James et celui de Jean de Bruc, un de ses prédécesseurs, dont nous avons déjà parlé. Au milieu des transepts et à l'entrée du choeur se dressait jadis un jubé orné de statues, précédé de deux autels et revêtu au XVIème siècle de boiseries sculptées par ordre de François de Laval. Cette intéressante tribune fut démolie en 1792 (M. Gautier-Bidan, Cathédrale de Dol, 56). Le choeur où nous entrons maintenant est formé de cinq travées semblables à celles de la nef, si ce n'est que les chapiteaux sont plus ornés. « Ce ne sont plus seulement, comme dans la nef, de longues feuilles dont la pointe se roule en forme de volutes, mais des bouquets de différentes plantes et de feuillages variés, sculptés avec une finesse, une netteté et un relief d'autant plus remarquables que les chapiteaux comme les bases sont en granit dur et compact » (Archéologie Religieuse, 262). En 1410, l'évêque Etienne Coeuret fit placer autour du maître-autel des colonnes de métal surmontées d'anges adorateurs ou portant les instruments de la Passion, et ornées de ses armoiries. Ce fut à un artiste de Rennes, nommé Pierre Picart, que ce travail fut confié. Adossée à cet autel se trouvait alors la grande châsse renfermant les reliques de saint Samson, placée sous un baldaquin ; au-dessus de l'autel se dressait une crosse, à laquelle était suspendu un ciboire ; c'est ce que nous apprend l'Inventaire de 1440 : « une couppe d'argent couverte pendue sur le grant aulter où est Corpus Domini ». Ce ciboire était lui-même renfermé, « comme un battant sous son timbre », dans une espèce de cloche « d'un dessin magnifique », disent les contemporains, oeuvre d'un artiste de Rouen, nommé Tarlé. Enfin, des tentures et des parements d'étoffes précieuses garnissaient cet autel (nota : Un Inventaire de l'église de Dol en 1400 mentionne « due cortine serice ab utroque capite altaris ; — una magna cortina serica rubei coloris ante altare in quadragesima ; — pannus serici rubei ad tegendum altare »). En 1744 ce bel autel du moyen-âge fut détruit, et l'on en retira 1.375 livres de métal ; on fit ensuite construire un nouvel autel par des marbriers de Laval, auxquels on paya 1.150 livres de simple main-d'œuvre (M. Ramé, Archéologie bretonne, I, 261) ; il fut surmonté d'une crosse en bois, en souvenir de l'ancienne suspension, mais on y fit un tabernacle. En 1878, ce dernier autel a été lui-même remplacé par un autel de marbre blanc enrichi d'émaux et de bronzes dorés, vrai chef-d'oeuvre d'élégance et de bon goût. Le choeur était jadis rempli de tombeaux. Là reposaient les évêques Etienne, décédé en 1265 ; Jean Mahé, décédé en 1279 ; Thibaud de Pouancé, décédé en 1301 ; Thibaud de Moréac, décédé en 1312 ; Etienne Coeuret, décédé en 1429, et François de Laval, décédé en 1555. Le Chapitre de Dol fit, en 1742, raser tous ces monuments funéraires ; il fit placer un pavé neuf et y fit mettre deux inscriptions commémoratives des évêques Etienne Coeuret et Jean du Bois, quoique ce dernier n'eût point été inhumé dans le choeur. Nous avons précédemment décrit tous ces tombeaux ; disons seulement que le pavé de 1742 vient d'être refait, en 1877, avec de beaux marbres et beaucoup de goût. En même temps qu'il relevait ce dallage, M. le curé-archiprêtre de Dol réparait aussi les stalles, attribuées par quelques-uns au XIVème siècle, et au milieu desquelles se dresse le beau siège épiscopal armorié du blason de François de Laval, qui le fit construire au XVIème siècle. Parmi ces stalles on remarquait autrefois celle du grand-chantre, que M. de Civille disait, en 1714, devoir « être tapissée et surmontée d'un petit dais, à cause de sa dignité cantorale », et celle prétendue par le seigneur de Beaufort en Plerguer. Cette dernière stalle était ornée de l'écusson de Guillaume de Châteaubriant, seigneur de Beaufort et du Plessix-Bertrand, de gueules semé de fleurs de lys d'or, et se trouvait la seconde après celle de l'évêque ; derrière était un autel où l'on devait dire deux messes par semaine pour le seigneur de Beaufort. Mais il paraît que cette fondation tomba en désuétude, car en 1666 M. de Forsans, acquéreur de la terre de Beaufort, étant venu au choeur de la cathédrale de Dol prendre place dans sa stalle, les chanoines protestèrent contré cette prise de possession (Terrier de Châteauneuf – Registre capitulaire). Enfin, le prieur de l'Abbaye-sous-Dol prétendait aussi avoir droit à une stalle d'honneur dans le choeur de la cathédrale, et Jacques Cousinot, titulaire de ce prieuré, l'occupait encore en 1658. De chaque côté du choeur, des chapelles de forme carrée et voûtées en pierre, comme les nefs, correspondent aux travées du sanctuaire. Au Midi ce sont celles de Sainte-Marguerite, Saint-Joseph, Saint-Antoine, Saint-Prix et Saint-Denis ; au Nord celles de la Sainte-Vierge, de Saint-Gilduin et Saint-Méen, de Saint-Gilles et du Sacré-Coeur. Autrefois, la paroisse du Crucifix se desservait dans la chapelle de la Sainte-Vierge, qui a deux fois la grandeur de ses voisines. Aujourd'hui, un bel autel du Crucifix, rappelant la paroisse de ce nom, vient d'être placé dans une des chapelles méridionales. Reste enfin la chapelle absidale dédiée à saint Samson, et digne d'être examinée avec soin. Elle est plus spacieuse que les autres chapelles, se termine par trois pans coupés et présente trois belles fenêtres. M. de Caumont, a cru voir des marques de raccord à l'endroit où elle se réunit au choeur, ce qui lui a fait penser qu'elle pouvait bien n'être que du XIVème siècle. C'eût probablement été, dans ce cas, l'oeuvre de l'évêque Jean du Bois, mort en 1324, dont le tombeau monumental s'y voit encore. Nous avons décrit cette sépulture, qu'on a bien à tort désignée sous le nom de tombeau de saint Samson ; rien ne rappelle, dans la cathédrale de Dol, le sépulcre du saint évêque son fondateur, et cela se conçoit bien, puisque le corps de saint Samson fut transféré de Dol à Orléans au IXème siècle, et qu'il ne reste pas de trace de la cathédrale primitive de Dol. D'ailleurs, les reliques de saint Samson, rapportées à Dol à la fin du Xème siècle d'abord, puis en 1223, furent alors déposées non point dans la chapelle absidale, mais dans le choeur même ; elles étaient renfermées dans une châsse placée, comme nous venons de le dire, derrière le maître-autel, sous un édicule en forme de dais. De nos jours, la chapelle de Saint-Samson a été l'objet d'une bonne restauration ; elle contient encore les tombeaux des évêques Antoine Revol, décédé en 1629 ; Mathieu Thoreau, décédé en 1691 ; Jean de Bouschet de Sourches, décédé en 1748, et Jean-François Dondel, décédé en 1767. Mathurin de Plédran, décédé en 1521, fut aussi inhumé dans cette chapelle, mais sa sépulture n'est plus reconnaissable. Terminons cette description en disant que toutes les fenêtres de la cathédrale de Dol viennent d'être réparées avec soin vers la fin du XIXème siècle ; on y a restauré autant que possible les vieilles verrières, et l'on a placé de nouvelles grisailles qui renferment, entre autres sujets, les armoiries d'un grand nombre d'évêques de Dol ; plusieurs chapelles ont été également restaurées avec beaucoup de goût. Telle est à peu près, dans son ensemble et ses détails, la cathédrale de Dol, que l'on voit encore avec plaisir après avoir visité les plus magnifiques de France, et dont M. Mérimée disait, il y a quelques années : « C'est un grand et noble édifice qui ferait honneur à une ville beaucoup plus importante. Outre le mérite très-réel de son architecture, elle se distingue encore par cette circonstance fort rare, que presque tout le monument semble avoir été exécuté sur le même plan, et l'on serait tenté de dire par les mêmes ouvriers » (Notes d'un voyage dans l'Ouest – Archéologie religieuse, 266). Maintenant, si l'on nous demande au moyen de quelles ressources put être construit le magnifique édifice que nous admirons à Dol, nous répondrons qu'il faut placer au premier rang les libérales générosités des fidèles, auxquelles vinrent se joindre les revenus de la fabrique et les dons des évêques et du Chapitre. Les anciens Statuts diocésains nous montrent, en effet, les prélats dolois stimulant sans cesse la dévotion de leur peuple envers l'église Saint-Samson ; ils exhortent tous leurs diocésains à venir au moins une fois l'an visiter leur cathédrale et à y déposer quelque offrande dans des troncs placés à cet effet ; ils leur conseillent de faire dans leurs testaments quelques legs en faveur de la fabrique de Saint-Samson ; ils ordonnent aux recteurs et aux chapelains de toutes les paroisses et chapelles de faire des quêtes pour l'église-mère du diocèse, et ils défendent toute autre quête dans les églises paroissiales sans leur autorisation (Recueil de Statuts cité par  M. Gautier-Bidan – Cathédrale de Dol, 37). Pendant qu'ils imploraient ainsi les charités des fidèles, les évêques de Dol donnaient eux-mêmes l'exemple de la générosité, comme nous avons eu l'occasion de le faire remarquer, et les noms de Thibaud de Pouancé, Jean du Bois, Etienne Coeuret, François de Laval, etc., restent attachés à plusieurs parties du monument. La fabrique de Saint-Samson de Dol avait, comme celle de Saint-Pierre de Rennes, le droit d'annates dans tout le diocèse, et elle exerçait encore ce droit au XVIème siècle, comme le prouve l'attestation de Jean Jouyn « fabricqueur de la cathédrale de Monsieur saint Samson de Dol », en 1531, disant que la fabrique de Saint-Samson est « en possession immémoriale de jouir, prendre et avoir le droit d'annates sur tous et chacun les prieurés, cures et bénéfices, prébendes, chapellenies et autres bénéfices quelconques estant au diocèse dudit Dol, lorsque vacation y eschoit, scavoir les fruits de la première année de ladite vacance pour convertir et employer à la reparation et entretenement d'icelle église et fabrique dudit Saint-Samson de Dol » (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 4 G, 1 et 186). De plus, tout chanoine et tout dignitaire du Chapitre payait à la fabrique, pour droit de chape, une somme fixée à 120 livres en 1783, lorsqu'ils prenaient possession de leurs prébendes (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 4 G, 189). Mais au siècle dernier le droit d'annates n'était plus exercé, et la fabrique de Dol était redevenue pauvre, comme le prouve sa Déclaration en 1790 que voici : 

Revenus de la fabrique de la cathédrale de Dol.

1° Dîmes et rentes hypothéquées...........................

1.622 livres

2° Rentes dues par le clergé de France, la prévôté et l'obiterie......

459

3° Rentes en blé et en argent...............................

805

4° Biens fonds...................................................

185

5° Casuel de la fabrique.......................................

915

                                                                                                                                 Total 3.986 livres

Les charges de la fabrique en argent montaient à. . ................. .......................                        859 livres

Restait pour l'entretien de l'église, de la psallette, etc............................                          3.127 livres.

 

Cathédrale Saint-Samson de Dol-de-Bretagne (Bretagne).

Puisque nous venons de nommer la psallette, disons ici quelques mots de cet établissement. La psallette de Dol fut fondée en 1265 par l'évêque Etienne, qui institua quatre enfants de choeur devant assister notamment aux matines, à la grand'messe et aux vêpres de chaque jour, et dont les honoraires devaient être payés moitié par l'évêque et moitié par le Chapitre (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 994). Plus tard, les évêques de Dol attachèrent à la psallette les revenus des chapellenies de Saint-Ambroise, Sainte-Avoie et Saint-Luc. Ce fut Mgr Revol qui annexa les deux dernières, ainsi que la métairie de Saint-Luc ou des Landes, en 1614 (Archives départementales, 4 G, 118). Le Chapitre de Dol payait, en 1653, à Louis Portalier, prêtre et maître de psallette, 780 livres par an, « tant pour l'économie des enfants de choeur de la psallette que pour ses gages de musique ». A cette même époque, les enfants de la psallette de Dol étaient vêtus de robes rouges ou violettes, selon l'office du jour, d'aubes blanches par dessus, ornées de dentelles et de manchettes, de bonnets carrés et de capuchons, d'après la saison (Archives départementales, 4 G, 189 – Registre Capitulaire). En 1693, les enfants de la psallette de Dol étaient au nombre de six ; c'est ce que nous apprend la réception de Guillaume Doublet, prêtre, en qualité de maître de psallette ; il s'engagea : « à bien nourrir six enfants de choeur, leur enseigner la musique et le plain-chant, à veiller sur leurs moeurs, à desservir les chapellenies de Saint-Luc et de Sainte­Avoye (chacune de deux messes basses par semaine), et celle de Saint-Ambroise (de trois messes basses) ». Le Chapitre payait, en outre, un maître de latin pour enseigner cette langue aux enfants (Registre Capitulaire). Nous avons retrouvé le traité passé en 1783 entre le Chapitre de Dol et le dernier maître de psallette ; il va achever de nous dépeindre cette institution. Les charges de Clément Miette, maître de psallette à Dol, sont les suivantes : Montrer la musique aux « quatre enfants de choeur et le clavecin s'il se peut (il paraît qu'on était revenu au premier nombre d'enfants) ; — surveiller leur conduite religieuse, leur faire dire leurs prières, leur montrer le catéchisme, les accompagner à l'église, veiller à ce qu'ils approchent des sacrements ; — avoir une servante pour tenir la maison de la psallette et le servir lui et les enfants ; — veiller aux leçons que donnera aux enfants le maître de latin et surveiller leurs récréations ; — nourrir comme lui et à sa table les quatre enfants de chœur ; — toucher du grand orgue et du petit orgue, selon le degré de l'office ; — composer en musique les hymnes, Magnificat, messes, psaumes, Te Deum, motets et antiennes, selon l'usage de l'Eglise ; composer aussi en faux - bourdons et exercer les musiciens ; — observer une exacte résidence, etc. ». En échange, le maître de psallette avait droit à ce qui suit : « La jouissance de la maison de psallette, située au haut de la rue Ceinte et meublée par le Chapitre, — 48 livres pour les gages de la domestique, — 23 boisseaux de froment provenant de l'arrentement des biens de la chapellenie des Landes, en Baguer-Morvan, — 500 livres de rente faite par le Chapitre, —   28 livres d'honoraires pour la musique, — 300 livres pour toucher l'orgue, — 200 livres sur les bourses et chapellenies, —   36 livres pour la messe fondée par Mgr James, — enfin, une place au choeur et sa part dans les distributions faites à l'occasion des prises de possession des dignitaires et chanoines » (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 4 G, 189). Puisque nous avons abordé avec les enfants de la psallette la question du personnel de la cathédrale de Dol, continuons ce sujet. Au-dessous des dignitaires et des chanoines venait d'abord le recteur ou vicaire-perpétuel du Crucifix, qui desservait dans la cathédrale la paroisse de ce nom et qui se trouvait à la présentation du Chapitre et à la collation de l'évêque (nota : la paroisse du Crucifix fut supprimée en 1775 et réunie à celle de Notre-Dame). C'était ensuite les deux grands-chapelains ou vicaires-perpétuels du Chapitre ; l'un d'eux, siégeant au choeur dans une stalle méridionale, du côté de l'évêque, était pourvu par ce prélat, tandis que l'autre, occupant une stalle au Nord, était à la collation du Chapitre. Ils avaient été établis en 1252 par l'évêque Etienne, et ils servaient au choeur alternativement, à la semaine ; c'est-à-dire que pendant une semaine l'un devait commencer et finir toutes les heures canoniales et célébrer la grand'messe du Chapitre chaque jour au maître-autel, tandis que l'autre acquittait les fondations d'obits et d'anniversaires ; mais ce dernier n'était tenu qu'à la célébration de deux messes par jour ; s'il s'en trouvait davantage à acquitter, la troisième et les suivantes retombaient aux chanoines, qui devaient les dire ou faire dire (Pouillé de Dol – Archives départementales, 5 G, 108 – Bibliothèque Nationale, ms. lat. 17025). En 1575, les vicaires du Chapitre n'étaient encore que deux, mais les fondations se multipliant, il fallut augmenter leur nombre ; aussi au XVIIIème siècle y avait-il dans la cathédrale de Dol  « quatre offices de vicaires ou semainiers faisant l'office du choeur ad turnum, chacun en sa semaine ». Le premier de ces offices était conféré alternativement par l'évêque et le Chapitre ; le deuxième était à la collation du Chapitre, pleno jure, sans qu'il fût besoin du visa de l'évêque ; les troisième et quatrième étaient à la présentation du Chapitre et à la collation de l'évêque. Les revenus de ces offices étant peu considérables, les évêques de Dol annexèrent une chapellenie à chacun d'eux, savoir : aux trois premiers les trois chapellenies de la Sainte-Trinité, et au quatrième celle de Saint-Nicolas, toutes fondées et desservies dans la cathédrale (Mémoire rédigé en 1718 – Archives départementales, 4 G, 108). En outre, beaucoup de chapelains desservaient les autres chapellenies, fort nombreuses, fondées dans cette église ; on n'en comptait pas moins de trente-sept au XVème siècle, savoir : Saint-Nicolas, Saint-Michel, Saint-Gatien, Plusquepoix, Saint-Jean-l'Evangéliste, Sainte-Marie, Saint-Samson, Bazillé, autre Sainte-Marie, Saint-Thébaud, Saint-Martin, Sainte-Catherine, Saint-Yves, Saint-Méloir, la Trinité, Saint-Jacques, Legeart, autre Saint-Michel, Saint-Laurent, Sainte-Marguerite, le Saint-Esprit, Saint-Pierre et Saint-Paul, Sainte-Magdeleine, autre Saint-Laurent, Saint-Géran, le Clos-Anger, Tartifume, la Roche, Saint-Etienne, autre Sainte-Marie, autre Saint-Martin, Saint-Eutrope, Saint-Etienne évêque, Saint-Avoye, etc. Plus tard furent ajoutées celles de Sainte-Barbe, Saint-Luc, les Saints-Apôtres, Saint-Michel-le-Doré, etc., et la fondation des évêques Etienne Coeuret, Thomas James, etc. (Archives départementales, 4 G, 1 ; 5 G, 108). Le diacre et le sous-diacre du Chapitre jouissaient aussi de plusieurs autres fondations, telles que celles de Thomasse Le Roy et d'Eudes Brunel, son mari ; de Jean Catron et de Jeanne de France, duchesse de Bretagne, femme de Jean V (nota : le Chapitre de Dol célébrait des anniversaires pour plusieurs ducs de Bretagne et pour Philippe, roi de France, décédé en 1285, et Isabelle, sa femme). Enfin, le personnel de la cathédrale de Dol, en 1762, comprenait encore un sous-chantre, quatre bacheliers ou chantres-chapiers, un organiste ordinairement maître de psallette, les enfants de cette psallette, un sacriste, etc. Pour payer les honoraires des officiers du choeur, le Chapitre de Dol avait obtenu des évêques la jouissance des revenus de plusieurs fondations et chapellenies, dont il faisait acquitter les messes ; voici la Déclaration qu'il en fit en 1790. Ce tableau nous apprend quelles étaient les fondations dont il jouissait et ce qu'il devait payer pour l'entretien du bas-choeur.

Revenus des bourses et chapelles réunies servant à la dotation des
vicaires, diacre, sous-diacre et suppôts du choeur.

Chapelle de Mgr Etienne Coeuret. .........

Nombre de Messes.

62

Revenu.

188 livres

Chapelle de Mgr Thomas James.............

363

1.214

Chapelle Saint-Gilles de Bazillé..............

52

149

Chapelle Saint-Michel et Saint-Laurent..

3

52

Chapelle Saint-Gatien-le-Petit. .............

52

146

Chapelle Saint-Pierre et Saint-Paul........

52

105

Chapelle des Marguerites.....................

56

675

Chapelle des Magdeleines.....................

104

300

Chapelle de la Magdeleine des Jonchées..

52

257

Chapelle de Tardifume.........................                                  

12

54

Chapelle du Clos-Anger. .....................

52

300

Chapelle Saint-Yves.                                                           

104

700

Chapelle Saint-Gatien-le-Grand. ...........

52

165

Chapelle Saint-Sébastien.......................                                     

52

329

Chapelle Saint-Michel-le-Doré.......                                            

52

241

Chapelle de Plusquepoix.......................

52

176

Totaux.............

1.172

5.051 livres.

 

Les charges consistent en :

1° 363 messes à l'intention de Mgr James, à 1 livre l'une.......................................................

  363 livres

2° 809 messes dans les autres chapelles.......................................................

  606

3° Appointements des vicaires et gagistes.......................................................

2.866

4° Rentes payées à divers.......................................................

  458

5° Frais de régie ......................................................................

   167

Total des charges.....................

4.460 livres

Restait pour l'entretien des maisons des chapellenies. .

   591 livres

Cathédrale Saint-Samson de Dol-de-Bretagne (Bretagne).

Nous ne possédons qu'un petit nombre de documents relatifs aux usages particuliers de l'Eglise de Dol ; nous allons toutefois les faire connaître. Comme ceux de Rennes, les chanoines de Dol avaient coutume de chanter solennellement les antiennes 0 de l'Avent. Nous savons, en effet, qu'en 1575, le chantre, le scholastique et le trésorier devaient payer à la fabrique de Saint-Samson « cent sols monnoye pour le debvoir de l'Oo qui est dit chacun an au mois de décembre ». Mais nous n'avons point ici un livre d'usages comme celui de Rennes qui puisse nous indiquer avec quel cérémonial s'accomplissait ce devoir. On célébrait aussi à Dol une fête des Innocents analogue à celle de Rennes ; nous en trouvons la preuve dans un Inventaire du trésor de l'église de Dol en 1400, où sont mentionnés la chape et la mitre qui servaient au petit évêque des Innocents  malheureusement nous n'avons pas d'autres détails sur cette intéressante et naïve solennité. Le cinquième lundi après Pâques, le Chapitre de Dol célébrait la fête des Saintes Reliques et faisait une procession très-solennelle autour des murs de la ville en portant toutes les reliques qu'il possédait. D'après la tradition, vingt-trois paroisses des environs étaient tenues d'assister à cette belle cérémonie. Le trésor de Saint-Samson était très-riche en fait de reliques. Outre la grande châsse de saint Samson, le chef et la ceinture de sainte Marguerite, dont nous parlerons plus loin, l'église de Dol possédait, en 1441, une Vraie Croix, assez singulièrement posée au haut d'une croix processionnelle dans une petite bourse (nota : « Une grande croez ancienne où il y a une image du Crucifix d'argent doré ; item, une petite bourse attachée à ladite croez où y a une petite croez d'or où il y a de la Vroye Croez dedans avecques deus émeraudes et un rubi avecques quinze petites perles » - Inventaire de Dol, Archives départementales, 5 G, 108) ; —  des reliques de saint Laurent et de saint Etienne, placées dans « un chariot à quatre royaulx d'argent » ; — une relique de « Monseignour sainct Magloire enchâssée en argent doré sur un pied d'argent doré » ; —  des reliques de saint Nicolas « assises sur un autre pied où y a clefs et un pinacle dessus » ; — une relique de saint Yves « assise sur un pied d'argent doré »  ; — « une attache d'or avec les reliques de Monseignour sainct Morice garnie de trois diamants, trois beaux saphirs et douze grosses perles, que donna l'évesque Etienne Coeuret » ; « une coste de l'un des Innocents que le mesme évesque Etienne Coeuret donna » ; — de plus, « un grant nombre de reliques de divers saints en trois coffres où il y a annunces pour chascune relique » (Inventaire de Dol, Archives départementales, 5 G, 108). Enfin, l'évêque Main de Lespervez (1437-1444) donna à la cathédrale une « châsse d'argent toute neufve où il y a un grant nombre de reliques selon que est contenu en vers cy escripts en cest livre, et poaise de quarante à cinquante marcs ». Voici les curieux vers latins dont il vient d'être question ; quoiqu'un peu longs, nous les transcrivons volontiers à cause de l'intéressante nomenclature des reliques renfermées dans la châsse d'Alain de Lespervez - Notum fine cunctis Christocolis - Quod ibidem de Sex Apostolis - Ossa jacent presenti loculo ; -  Ac de cruce seu patibulo (sic) - Qua passus est beatus Andreas ; - Ac de sorte qua fuit Mathias - Loco Jude captus apostolus, - Qui traditor Christi fuit solus ; - Ac eciam de Thoma martyre - Presul fuit qui Cantuarie ; - De ossibus sancti Christofori, - Qui pro Christo non metuit mori ; - Uno dente sancte Katherine, - Et alio sancte Cecilie ; - Cineribus Johannis Baptiste - alvatoris nostri preconiste ; - De Machuto sanctis et Auberto, - Ac Blasio martire, Cuberto ; - De ossibus beati Stephani, - Qui nominis sancti christiani - Testis fuit primus moriendo - Et tormenta mulla paciendo ; - De ipsius aure, de Brigida, - Ludovico sanctis, Petronella, - Apostolo Thoma, Radegunde, - Ac eciam de scinda Praxede ; - Et de pannis quibus involutus - Puer Jhesus parvulus indutus ; - De sepulcro ejus et de cruce - Qua pependit Christus, et presepe - Quo jacuit Maria pariens, - Castissima fetum custodiens ; - Sancti Joseph mariti Marie ; - Helisei verique prophete ; - Et de quercu fidelis Abraham - Tres pueros qui vidit per viam - Descendentes unum adoravit, - Trinitatem qui sic figuravit (Inventaire de 1441, Archives départementales, 5 G, 108). Les reliques de la cathédrale, plusieurs fois transférées en temps de guerre hors de Dol, y furent toujours rapportées à la grande joie des habitants. Portées en France lorsque les Normands envahirent la Bretagne, ces reliques rentrèrent à Dol après le départ des barbares du Nord ; enlevées de vive force, en 1203, par les soldats de Jean-sans-Terre, elles furent rendues par l'archevêque de Rouen en 1223 ; confiées pendant la guerre de la succession de Bretagne à la garde des religieux du Mont Saint-Michel, elles furent ramenées à Dol avec la plus grande pompe le 29 août 1357, et c'est probablement à cette époque que fut instituée la fête des Saintes Reliques. Lorsque les protestants menacèrent Pontorson, en 1562, le Chapitre de Dol envoya encore ses reliques et son trésor à Saint-Malo, mais il ne dut pas les y laisser longtemps, puisqu'en 1579 l'évêque Charles d'Espinay en fit la visite à Dol même (Cartulaire du Chapitre de Dol). A l'époque des Rogations, le Chapitre faisait trois processions solennelles hors de Dol : en 1739, il se rendait le lundi à l'Abbaye-sous-Dol, le mardi à Carfantain et le mercredi à Montdol (Livre des Obits). Nous ignorons à quelle époque fut fondée la fête du Saint-Sacrement à Dol, mais elle existait en 1441, comme le prouvent les extraits suivants de l'Inventaire du trésor dressé à cette époque : « Item y a une châsse d'argent toute neufve (il s'agit ici de la châsse donnée par Alain de Lespervez, évêque de Dol en ce temps-là), avec un grant pinacle, pour porter Corpus Christi, le jour du Sacre. Item un abillement d'argent doré avecques un demy sercle pour porter Corpus Christi le jour du Sacre » (Archives départementales, 5 G, 108). Ces textes nous prouvent aussi qu'à Dol, comme à Rennes, le Saint-Sacrement était porté sur un brancard surmonté d'un dais ou pinacle, et qu'on y joignait la châsse des reliques que nous avons décrite. Toutefois, si la Fête-Dieu existait à Dol dès le XVème siècle, l'octave du Sacre ne fut fondée qu'au siècle suivant par Olivier Le Corvaisier, chanoine de Dol et recteur de Villamée, en 1552 (Livre des Obits). A cette procession du Sacre présidait l'évêque, ou, en son absence, le chantre de Dol ; les confréries fondées dans les diverses paroisses de la ville y assistaient, et chacune d'elles portait « deux torches de cire, armoiriées des armes de ladite confrairie et portées par deux hommes vestus d'aubes blanches » (Registre Capitulaire en 1646). On sait qu'en Bretagne la fête de saint Jean-Baptiste est souvent célébrée par de grands feux de joie ; à Dol, une cérémonie religieuse consacrait cet usage. La veille de la Saint-Jean, à la fin de l'office canonial, le Chapitre de Dol se rendait processionnellement au bûcher préparé à cet effet ; le grand-chantre, revêtu du surplis et de l'étole, portant le bâton cantoral, insigne de sa dignité, présidait la procession, puis s'avançait près du bûcher et y allumait très-solennellement le feu, aux applaudissements de la foule (Archives départementales, 4 G, 189). La fête de sainte Marguerite était célébrée à Dol avec une pompe toute particulière ; dans la cathédrale se trouvaient, en effet, une chapelle et un autel dédiés à cette bienheureuse, et l'on y conservait précieusement deux de ses reliques, savoir : « le chef de Madame saincte Margueritte (dans un reliquaire de même forme), en argent doré ; item un collier d'argent doré et esmaillé, attaché audit chef; — item la sainture Madame saincte Margueritte de soye, ô quattre bastons de fil de soye par le milieu, qui sont fourchés chacun baston en quattre par les deux bouts, ô les deux fils qui autrefois avaient esté prins et ostés de ladite sainture » (Inventaire de 1440). La dévotion envers sainte Marguerite était très-grande : Jeanne de France, duchesse de Bretagne, fille du roi Charles VI et femme du duc Jean V, avait fondé en 1411 des messes à son autel et y avait joint le don d'un parement orné de ses armoiries (nota : « Un aultre parement rouge pour l'aulter de Saincte Marguerite ès armes de la duchesse Jehanne fille du roy de France » - Inventaire de 1440). Mais la ceinture de la sainte était surtout à Dol l'objet de la plus profonde vénération, parce qu'on lui attribuait une vertu singulière pour la délivrance des femmes en couches. Aussi lorsqu'une grande dame des environs se trouvait en mal d'enfant, sa famille s'empressait-elle de faire demander au vénérable Chapitre de Dol la ceinture de sainte Marguerite ; toutefois le Chapitre n'autorisait la translation de la relique que moyennant une forte caution, fixée au XVIIème siècle à la somme de 10.000 livres. Cette caution obtenue, un ou deux chanoines allaient eux-mêmes porter la ceinture tant désirée. Les Registres du Chapitre sont pleins des procès-verbaux de ces translations de la ceinture de sainte Marguerite : Gilles de Bintin la porta, en 1533, à Mme du Han, et Jean Guyhot, en 1537, à Mme de Coëtquen ; deux chanoines la portèrent, en 1612, à Mme du Gage ; en 1615, à Mme  de Courtalevert ; en 1649, à Mme de la Ville-Amaury, etc. (Registre Capitulaire). Le jour Sainte-Anne, le Chapitre se rendait à Cherrueix pour y prendre part à la procession fondée par l'évêque Antoine Revol (1603-1629). Cette procession partait de l'église paroissiale de Cherrueix et allait à une chapelle dédiée à sainte Anne et située sur le bord des grèves ; l'on invoquait spécialement ce jour-là la sainte aïeule de Jésus pour lui recommander les intérêts des paroisses menacées par les envahissements de la mer. Lorsque les chanoines de Dol ne pouvaient se rendre en personne à cette solennité, ils devaient au moins envoyer à Cherrueix, ce jour-là, tous leurs vicaires, chapelains, choristes et enfants de choeur, pour les représenter et rehausser l'éclat de la procession (Registre Capitulaire). La Saint-Samson, étant la fête patronale de l'église de Dol, s'y célébrait aussi avec grande pompe. Nous avons dit précédemment que le corps de ce saint évêque avait été porté à Orléans en 878 ; il y resta en grande partie, mais une portion toutefois de ces pieuses reliques fut rendue peu de temps après au Chapitre de Dol. Transférés à Paris au Xème siècle, et à Rouen au XIIIème, ces précieux restes revinrent toujours à Dol ; ils consistaient en 1411 « en un bras, deux des grands os des jambes et de nombreux ossements du cou, des mains et des pieds » (Obit. Dol – On croit que l'un de ces grands os des jambes appartenait au corps de saint Magloire – Voir Déric, Histoire ecclésiastique, II, p. 563). Les reliques de saint Samson étaient déposées dans une châsse d'argent placée derrière le maître-autel ; cette châsse était déjà ancienne en 1400, puisqu'à cette époque il y manquait trois colonnes, l'épée de la statue de saint Paul, vingt-quatre fillettes et quatre feuilles du toit ; peut-être datait-elle de 1223, époque du retour de ces reliques de Rouen à Dol. L'évêque Etienne Coeuret la fit ouvrir en 1411, et « pour satisfaire la piété des fidèles, admit tous ceux qui le voulurent à baiser ces reliques vénérées ». Elle fut ensuite refermée et replacée « derrière le grant aultier », où l'Inventaire de 1440 la mentionne sans en dire autre chose, si ce n'est qu'elle pesait 240 marcs d'argent. Ce même Inventaire parle aussi « d'une ymaige de Monseignour sainct Samson d'argent doré » et de deux autres reliques, savoir : « Un doy (doigt) de Mgr saint Samson garny d'or et armoyé des armes de l'évesque de Moréac  [nota : Thibaud de Moréac, évêque de Dol (1301-1312) portait : d'azur à trois croissants d'or] ; — item l'annel (l'anneau) de Mgr saint Samson et les deux attaches au bras dudit ymaige ». En 1579, Mgr Charles d'Espinay voulut aussi visiter le reliquaire de saint Samson ; il fit ouvrir la châsse, en vénéra les reliques et fit don d'une autre châsse beaucoup plus grande, dorée avec art, dans laquelle il déposa la châsse d'argent primitive. Le tout fut replacé derrière le maître-autel. Les reliques de saint Samson furent encore visitées en 1643, du temps de Mgr Cohon, et dans les dernières années de pontificat de Mgr de Sourches. Ce dernier évêque, ayant en 1744 refait le maître-autel de sa cathédrale, déposa les reliques de saint Samson et celles de saint Magloire dans deux reliquaires en bois doré sculptés à Rouen, qui coûtèrent 720 livres, et qui furent mis aux extrémités de l'autel (Déric, Histoire ecclésiastique de Bretagne, II, 563 – M. Gautier, Cathédrale de Dol, 64 – Ces reliquaires viennent d'être placés dans la chapelle absidiale). Le Chapitre de Dol faisait deux processions solennelles, le jour Saint-Marc et le jour Saint-Lazare. La première était, au moyen-âge, commune à la plupart des Eglises, mais la seconde semble bien particulière au clergé dolois, et nous en ignorons l'origine. Il est vraisemblable que le Chapitre se rendait ce jour-là à la chapelle de Saint-Lazare, construite dans la paroisse de Notre-Dame de Dol, au faubourg de la Chaussée ; cette chapelle dépendait d'une léproserie dont il est fait mention dans une charte de 1137. Le fief de Saint-Lazare, qui en tirait son nom, appartenait en 1728 à la fabrique de la cathédrale (Archives départementales, 4 G, 188). La fête de sainte Cécile était en honneur au XVIIème siècle à Dol ; nous voyons, en 1620, les musiciens dolois la célébrant avec solennité, et recevant du Chapitre pour gratification la somme de 6 livres 8 sols (Registre Capitulaire). Le Cartulaire du Chapitre de Dol nous apprend aussi qu'on fêtait avec pompe dans cette église, aux XIVème et XVème siècles, les jours de saint Thébaud, saint Michel, saint Martin, saint Julien et celui de l'Ordination de saint Samson (Archives départementales, 4 G, 108). D'après les Statuts synodaux édictés en 1441 par Alain de Lespervez, évêque de Dol, voici quelles étaient alors les fêtes gardées et solennisées dans le diocèse : Noël, — la Circoncision de Notre-Seigneur, — l'Epiphanie, —  Pâques avec ses trois féries, — l'Ascension, — la Pentecôte avec les trois jours suivants, — le Sacre, — les cinq fêtes de Notre-Dame (c'est-à-dire la Purification, l'Annonciation, la Visitation, la Nativité et la Conception), — la Toussaint, —  la Commémoration des Morts, — la Présentation de Notre-Dame, — les deux fêtes de saint Michel (en mai et en septembre), — les fêtes des douze Apôtres et des quatre Evangélistes, — les fêtes de saint Etienne, — saints Innocents, —  saints Fabien et Sébastien, — saint Vincent, — Conversion de saint Paul, — saint Julien, — la Chaire de Saint-Pierre, — saint Georges, — l'Invention et l'Exaltation de la Croix, — les deux fêtes de saint Nicolas (en mai et en décembre), — les saintes Reliques de Dol, — la Nativité de saint Jean-Baptiste, — saint Yves, — saint Thébaud, — saint Thuriau, — sainte Marguerite, — sainte Magdeleine, —  saint Samson, — saint Pierre-aux-Liens, — saint Laurent, — la Décollation de saint Jean-Baptiste, — saint Gilles, — saint Denis, — saint Martin d'hiver, — saint Clément, — sainte Catherine (Statuta Eclesiœ Dolensis imprimés à Nantes vers 1510 - Bibliothèque de Rennes). C'était un total de soixante-cinq fêtes, dont un bon nombre était supprimé quand vint la Révolution. Nous ne croyons pouvoir mieux terminer ce chapitre qu'en disant quelques mots des richesses de l'église de Dol au XVème siècle, telles qu'elles nous apparaissent dans les Inventaires dressés en 1400, 1440 et 1441, qui nous ont été conservés (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 4 G, 108). Nous ne reparlerons pas des reliques, que nous avons suffisamment fait connaître, et que renfermaient alors deux grandes châsses, trois coffres et plusieurs reliquaires de moindre importance. Nous signalerons seulement trois sortes d'objets, savoir : l'orfèvrerie, les étoffes et les livres. Dans l'Inventaire de 1400, figurent un calice avec sa cuiller pour prendre l'eau, « unus calix argentei deauratus cum cocleari compétente ». Cet usage de la cuiller, placée dans le calice avant la messe, existe encore dans l'Allemagne catholique. — Un instrument de paix, « unum pacidarium argento munitum ». Le rite parisien avait conservé l'usage de cet instrument, qu'on ne voit plus guère dans le rite romain. Dans l'Inventaire de 1440 nous remarquons plusieurs mitres précieuses : « Une mitre blanche toute d'or, petite et basse, de la faczon ancienne, où il y a sur les pinacles devant et derrière deux saphirs ; plus en laquelle y a deux grands esmaulx par devant par manière de rose à seixte feuilles et en chacun un très-gros saphir et avec ce seix très-grosses perles avecques six aultres attaches où il y a en chacune d'elles pierres vertes et rouges, etc. » ; la description des pierres précieuses qui couvrent cette mitre occupe une bonne page. — « Une aultre grande mitre toute couverte de mesmes perles en faczon de fleurs de lys, garnie de pierres, esmaulx et autres ornissements précieux, du prix de 600 escus, que donna l'évesque Estienne Cueuret ; — une aultre petite mitre de l'ancienne faczon, semée de perles à plat, garnie d'esmaulx et de grosses pierres et perles, savoir, au-devant, quatre gros rubis et seiz saphirs, et garnie par les bords de menus rubis, etc. ; — une autre petite mitre couverte de petites perles et orfraesée de pierres de diverses couleurs, de perles et d'argent doré et autres menuz bien joliz ; — une autre petite mitre, à la faczon ancienne, garnie et orfraisée de diverses pierres ; — une autre mitre de drap de violete brodée et garnie de petits clous d'argent doré ; — une crosse d'argent, dorée et esmaillée, pesant XVIII marcs d'argent » ; — une ancienne croix garnie de la relique de la Vraie Croix, dont nous avons déjà parlé ; — « une aultre petite croez d'argent doré avecques Marie et Jehan et le Crucifix entre d'eux ; — une aultre petite croez dorée garnie de reliques, de perles et de pierres, que donna mestre Michiel Le Monnoyer, armoyée de ses armes » ; — quatre encensoirs d'argent, — deux chandeliers d'argent, — quatre bassins d'argent, — cinq calices d'argent doré ; — « deux orceulx d'argent, — une grande croez d'argent ; — deux agneaulx, l'un ô une topaze, l'autre ô une piede de jaspe ou diamant en laquelle y a un petit rubi et est semé de petites pierres ; — en un petit drap linge blanc : diverses pierres, les unes enchassées les aultres non, esmeraudes, rubis, cristaux, etc. ; — une petite boueste ronde de bouys où y a grant nombre de pierres ; — trois tableaux garnis d'argent et de reliques ; — un espistolier et évangélier couvert d'argent ; — à Monseigneur de Dol (nota :alors Alain de Lespervez, évêque de Dol de 1437 à 1444), un annel d'or garni d'un très-gros saphir, de quoi il a baillé cédule ; — une aultre petite croez d'argent vieille que on porte aucunes fois en procession ; — une paix de marbre garnie d'argent ; — une verge d'argent pour le sergent du Chapitre ; — quatre plats d'argent, dorés d'un costé, semés de fleurs de lys ; — une autre petite piece d'argent blanc bellongée, semée de petites fleurs de lys, etc. ». Terminons cette liste déjà longue par le « benoistier avec son goupeillon d'argent » que donna en 1449 le chanoine Jehan Roussigneul. Parmi les étoffes mentionnées en 1400 nous remarquerons seulement, outre un certain nombre de chapelles complètes pour prêtre, diacre et sous-diacre, les parements d'autels, « quatuor paramenta coram pro magno altari quorum duo sunt diapreta et de aliis duobus unum est pro Adventu et aliud pro Quadragesma » ; — une bannière, « unum vexillum » ; — un coussin, « unum pulvinare », — et les tentures ou courtines, « cortine serice », destinées au grand autel, et dont nous avons déjà parlé. Dans l'Inventaire de 1441 il faut noter : « Une chape blanche à ymaigeries, ovecques les armes de France et fers de moulins noirs, que on appelle de Pouencé ; — une aultre chape d'or à ymaigeries de point d'aiguilles, que on appelle chape de Moréac ; —  deux chapes presque neufves, de drap d'or, que donna le duc Jehan ; — trois grandes chapes vermailles que donna ledict duc Jehan ; — une chape vermaille de drap d'or à roses que donna mestre J. Roussigneul ; — une autre chape vermoille de tresse d'or garnie des armes de Mgr de Lesnen, qui la donna ; — trois aultres chapes vermoilles que donna Mre Estienne Cueuret, évesque de Dol ; — une chapelle d'or ô un rosier vert où sont les armes du duc et de mondit seigneur Estienne Cueuret, et est toute complète ; — une chapelle noire que donna Mgr Estienne Cueuret et y sont ses armes, etc., etc. » (nota : à une époque plus récente, nous pouvons encore noter dans un Inventaire de 1648 : « Des chasuble et tuniques de velours noir et parements d'autel haut et bas de même velours noir avec quatre écussons en broderie d'or et d'argent, aux armes de la feue reine Marie de Médicis ; — un parement d'autel, haut et bas, de mouel d'argent, enrichi d'une croix de Malte de clinquant d'or, avec quatre courtines, garnis de huit écussons en broderie, aux armes de Mgr d'Ouvrier ; — une chape de même étoffe pour couvrir le Saint-Sacrement, avec frange d'or et de soye, toublée de taffetas blanc, avec deux rideaux de même taffetas blanc, don de Mgr d'Ouvrier ; — des parements d'autel de damas rouge, offerts par Mgr Revol, etc. » (Archives départementales, 5 G, 108). Terminons par quelques extraits des inventaires de la librairie de Saint-Samson ; malheureusement il faudrait ici tout citer, et nous ne pouvons le faire. Notons seulement en 1400 la Légende dorée, — trois légendaires de saint Samson, — un martyrologe, — et un assez grand nombre d'épistoliers, de psautiers, de bréviaires, de graduels, etc. L'Inventaire de 1440 nous montre plusieurs de ces volumes attachés avec des chaînettes dans le choeur de la cathédrale, où chacun pouvait aller les lire, sans pouvoir les emporter ; c'étaient : « Un livre de ancienne escripture qui se commence : Baldricus, etc. » ; — le Racionale divinorum officiorum, que donna Etienne Coeuret, l'infatigable bienfaiteur de Saint-Samson ; — le Catholicon, don du même prélat ; — deux bréviaires « enchaisnés vers Midy » ; — deux autres bréviaires « enchaisnés vers le Nord » ; — « Ysope et les Hymnes glosayes, et sont tous deux enchaisnés ensemble ; — la Légende dorée ; — un livre nommé Mestre Jehan Belet ; — un très-beau psaultier glosé », tous enchaînés comme les précédents. Enfin, un troisième Inventaire dressé en 1441 nomme un assez grand nombre de manuscrits appartenant au Chapitre, et dont quelques-uns portent des titres bien propres à nous faire vivement regretter la perte que nous en avons faite ; tels étaient : « Un Pontifical en lettre ancienne qui fait mention de la dédicacion de l'église (de Dol) ; — un livre ancien nommé Martylogium ; — un grant livre en parchemin faisant mencion des rentes deues, prébendes et chaplainies de ladite église (de Dol) ; — un livre en parchemin faisant mencion des taxations, des bénéfices et réceptions des chanoines ; — un autre Martylogium couvert de cuir blanc ; — un messel ô le kalendrier, couvert de cuir blanc, etc. ». Tous les détails qui précèdent nous donnent quelque idée de ce qu'était au moyen-âge la cathédrale Saint-Samson de Dol. Depuis lors, les choses ont bien changé : mutilée par le mauvais goût du dernier siècle, souillée par les impies de 1793, appauvrie et presque ruinée par la Révolution, cette belle église a eu tout à souffrir de la main des hommes. Heureusement qu'il s'est trouvé de nos jours un prêtre capable de comprendre le mérite du noble édifice, et ce sera avec une juste reconnaissance que la ville de Dol enregistrera le nom du curé-archiprêtre de Saint-Samson, M. l'abbé Brignon, qui durant des années n'a cessé de restaurer avec autant d'intelligence que de goût le monument avait été confié à sa garde (Pouillé de Rennes).

Cathédrale Saint-Samson de Dol-de-Bretagne (Bretagne).

Voir aussi   Ville de Dol de Bretagne "Histoire de la fondation de la cathédrale de Dol

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