Retour page d'accueil       Retour "Histoire de Bretagne"   

M. Wolfgang Frédéric de Mülinen, conservateur des Bibliothèques de l'Université et de la Ville de Berne, a publié en langue allemande une thèse qui a pour titre : Histoire des Mercenaires Suisses jusqu'à la formation de la 1ère garde permanente des rois de France en 1497. (Les Cent Suisses).

Elle nous fait assister à toutes les guerres, à toutes les expéditions auxquelles ont assisté, pendant les XIVème et XVème siècles, les Mercenaires Suisses, dont la valeur, la discipline et l'instruction militaire ont le plus souvent contribué aux victoires remportées par les puissances qui les avaient pris à leur service.

Ces mercenaires sont venus plusieurs fois en Bretagne, et notamment avec l'armée du duc Louis de la Trémoïlle, qui battit à Saint-Aubin-du-Cormier, les troupes de François II, duc de Bretagne et de ses alliés les princes d'Orléans et d'Orange.

M. de Mülinen a étudié l'histoire, la littérature et la philosophie dans les Universités de Berne, Montpellier, Fribourg-en-Brisgau et Berlin, Son père fut un historien estimé et ses ancêtres ont commandé des contingents suisses, notamment un Jean-Frédéric de Mülinen qui paraît en 1475, dans un contingent de Berne envoyé en Franche-Comté.

Le livre s'appuie sur un grand nombre d'ouvrages publiés sur la matière depuis quatre siècles, et aussi sur de nombreuses chroniques réunies dans les archives des Cantons et redigées le plus souvent par des officiers ou colonels qui au retour au pays mettaient par écrit tout ce qu'ils avaient vu et appris pendant les campagnes faites à l'étranger.

Des rapports officiels étaient d'ailleurs fournis par les chefs de corps aux gouvernements des Cantons confédérés qui avaient fourni les mercenaires et tous ces documents forment aujourd'hui une mine inépuisable pour l'histoire de la Suisse et des mercenaires qu'ils ont envoyés, moyennant finances, aux Etats de l'Europe centrale.

M. de Mülinen dit, expressément, qu'il ne veut pas traiter la question au point de vue politique ou militaire ; il désire seulement rétablir la vérité souvent altérée et faire connaître la situation réelle des Compagnies suisses pendant les deux siècles précités.

Pour bien comprendre l'étude de M. de Mülinen, il est je crois utile d'exposer en peu de mots, ce qu'était la Confédération Helvétique au XIVème et XVème siècle.

La famille de Habsbourg [Note : Habsbourg Habichbsburg, château des vautours, oiseaux de proie, dans le canton d'Argovie, bâti au XIème siècle, berceau de la famille impériale d'Autriche], encore régnante au début du XXème siècle en Autriche, possédait dès le XIIème siècle, de nombreux fiefs dans la Suisse du nord ou allemande.

Rodolphe de Habsbourg, lors de son avènement à l'empire en 1273, fut choisi comme avoué des trois Cantons d'Uri, Schwitz et Unterwalden ; il respecta leurs franchises ; mais son fils Albert, voulut convertir en suzeraineté le simple droit de protectorat qui lui était reconnu. Ses agents par leur sévérité, leur arrogance, leurs vexations exaspérèrent les habitants.

C'est à cette époque (1300 ?) que se place l'histoire du tyran Gessler et du coup d'arbalète de Guillaume-Tel, popularisé par le roman, le théâtre et l'image.

Les patriotes Stauffacher (Uri), Furst (Schwitz) et Melchthal (Unterwalden), se réunissent la nuit, au Grütli, sur le lac des quatre Cantons et décident un soulèvement général qui éclate le 1er janvier 1308.

Après une longue lutte les conjurés battent le duc Léopold Ier, fils d'Albert à Morgarten 1315, et forment la Ligue perpétuelle de Brunnen (bourg du canton de Schwitz), qui proclame l'indépendance de la Suisse, et devient le noyau de la future confédération helvétique.

Successivement se joignent à cette Ligue les cantons de Lucerne 1332, Zurich 1551, Zug et Glaris 1352, Berne 1353.

Les huit cantons réunis remportent de nouvelles victoires sur les ducs d'Autriche à Sempach (1388) et Nacfels (1388).

Au commencement du XVIème siècle, la Confédération compte 13 Cantons par l'adjonction successive de Fribourg, Soleure 1481, Bâle et Schaffhouse 1501, Appenzel 1513.

Elle devient célèbre en Europe et les puissances du centre lui demandent des contingents de volontaires de plus en plus nombreux pour renforcer leurs armées.

Ce résumé succinct de son Histoire correspond à peu près à la période étudiée par M. de Mülinen.

J'ignore si ce volume de 185 pages a été traduit en français, il le mériterait certes, mais un pareil travail exigerait un effort trop considérable ; je me contenterai donc d'analyser rapidement les seuls chapitres qui nous montrent ce qu'étaient les mercenaires suisses, leur mentalité très spéciale, et leur part contributive aux victoires remportées par les armées françaises pendant le XIVème et le XVème siècle.

Voir   " Recrutement des Mercenaires suisses. "

Voir   " Les premiers Suisses au service de l'Etranger. "

Voir   " Ligue du Bien Public, la guerre en Flandre et en Bretagne. "

Voir   " Prise de Fougères et bataille de Saint-Aubin du Cormier. "

Voir   " Conséquences de la bataille de Saint-Aubin du Cormier. "

Voir   " Création de la garde royale française : les Cent-Suisses. "

(C. Rieger).