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SEIGNEURIES DE BRETAGNE hors de Bretagne

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Les ducs de Bretagne ont possédé diverses seigneuries situées hors de Bretagne et « non incorporées au duché ». Parmi ces seigneuries il y en a cinq (les plus importantes) dont les ducs ont associé les titres à leur titre de duc. Ce sont la vicomté de Limoges, les comtés de Montfort l'Amaury et d'Etampes, dans l'Ile-de-France, de Vertus en Champagne, et de Richemont, dans le comté d'Yorck en Angleterre.

Il y a quelque intérêt à rappeler comment ces seigneuries lointaines sont entrées dans la maison de Bretagne et à redire en abrégé non leur histoire, mais leurs diverses transmissions, pendant que nos ducs en ont pris le titre.

Bien que le comté de Richemont ait été uni le premier au duché de Bretagne, nous parlerons d'abord des seigneuries françaises (Note : Nous ne parlons que des principales seigneuries : il y en a eu d'autres possédées par les ducs au moins temporairement).

Le lecteur va bientôt reconnaître que ce travail n'est qu'une esquisse. Les pages qui suivent ont été écrites à l'aide des histoires et des preuves des doms Lobineau et Morice, de quelques documents des archives d'Ille-et-Vilaine, d'indications prises aux inventaires sommaires de la Loire-Inférieure, de la Marne, de Seine-et-Oise, des Basses-Pyrénées, et de renseignements dus à l'obligeance de MM. les archivistes de ces départements et de celui de la Haute-Vienne. — Pour faire sur cet objet un travail complet — qui pourrait être considérable — il faudrait explorer les archives déposées à Nantes, à Châlons, à Versailles et à Pau.

Puisse un autre plus heureux que moi faire cette laborieuse et fructueuse exploration ! A Pau, notamment, il trouvera nombre de pièces intéressant notre histoire de Bretagne. Mais qu'il n'aille pas chercher à Limoges. C'est à Pau que se trouvent aujourd'hui (en 1897) les archives de la vicomté de Limoges (Note : Et pourquoi ? dira-t-on. — Sans doute parce que, à la fin du XVème siècle, un vicomte de Limoges est devenu roi de Navarre, et qu'il aura réuni les titres de sa vicomté à ceux de son royaume.

Mais comment, depuis le commencement du siècle, sinon depuis la réunion de la Navarre à la France, ce dépôt revenu d'exil n'a-t-il pas retrouvé son lieu d'origine, et, s'il est permis de le dire, repris son domicile naturel ? Un archiviste paléographe m'explique que vingt fois sans doute la réintégration des archives à Limoges a dû être proposée par les inspecteurs des archives ou réclamée par Limoges : et que leur maintien à Pau doit tenir à quelques « difficultés administratives ». Comprenne qui pourra !

Vicomté de Limoges et Comté de Montfort-L'Amaury.

C'est à la suite des deux mariages d'Arthur II que la vicomté de Limoges et le comté de Montfort sont entrés dans la maison de Bretagne.

De son mariage avec Béatrix d'Angleterre, le duc Jean II avait eu deux fils : l'aîné, Arthur, né le 25 juillet 1262, lui succéda ; le puîné, Jean, fut, comme nous verrons, comte de Richemont.

Quand il eut treize ans, Arthur fut marié à Marie de Limoges, arrière-petite-fille de Robert III, comte d'Evreux, frère aîné de Pierre Mauclerc, fille et héritière de Guy VI, vicomte de Limoges. — Elle eut trois fils : Jean, qui sera un jour le duc Jean III, Guy, futur comte de Penthièvre, et Pierre, qui mourut jeune.

Devenu veuf en 1291, quand il avait seulement vingt-neuf ans, Arthur contracta un second mariage qui devait être fatal à la Bretagne. Il épousa Yolande de Dreux, fille de Robert IV, comte de Dreux, et de Béatrix, dame de Montfort (mai 1294). Yolande était, comme sa cousine germaine Marie de Limoges, arrière-petite-fille de Robert III, comte de Dreux. Depuis 1286, elle était veuve, sans enfants, du Roi d'Ecosse Alexandre III et continuait à porter le titre de reine.

La mère d'Yolande était unique héritière du comte de Montfort, seigneur de Rochefort en Yveline [Note : Yveline ou Iveline, petit canton du Hurepois (Ile-de-France) ; chef-lieu : Dourdan (aujourd'hui Seine-et-Oise et Eure-et-Loir)], et de Jeanne de Craon, dame du Château du Loir et de la Suze ; Yolande avait seulement un frère et une soeur cadette.

Toutefois, pour un héritier de Bretagne, le mariage pouvait sembler peu avantageux. Deux ans auparavant, comme si elle avait renoncé à une seconde union, la reine douairière d'Ecosse avait passé avec son frère Jean II, comte de Dreux, un contrat lésionnaire : pour une pension annuelle de 1000 livres, elle avait renoncé à la succession de son père ouverte depuis 1282 et à la succession future de sa mère (Lobineau, Hist. p. 295). Par son contrat de mariage, son frère lui donna en dot 1500 livres de rentes en terres et sept mille livres en meubles (Lobineau, Hist. p. 281).

Yolande allait donner à son mari un fils nommé Jean, comme son frère aîné du premier mariage, et cinq filles.

Trois ans après le mariage, en 1297, le roi Philippe le Bel, pour récompenser Jean II du secours qu'il lui avait porté contre les Anglais en Guyenne, créa le duc pair : et éleva la Bretagne au rang de duché pairie au même titre que la Bourgogne.

Le duc se crut sans doute très honoré de recevoir enfin du Roi le titre de duc au lieu de celui de comte que les « lettres royaux », lui avaient donné jusqu'alors (Lobineau, Hist. p. 286) ; et prêta joyeusement hommage en sa nouvelle dignité.

Il ne pouvait assurément prévoir que, moins de cinquante ans plus tard, la question allait se poser de savoir si la succession au duché devenu pairie de France devait être réglée par l'ancienne coutume bretonne. Mais comment n'avait-il pas compris que ce titre de pair était un lien de dépendance ; que de ce jour « l'autorité du duc et celle des Etats de Bretagne allaient toujours aller en diminuant » (Lobineau, Hist. p. 295), et que les règles du royaume allaient faire brèche aux vieilles coutumes de Bretagne ? Nous allons bientôt avoir la preuve de ce fait.

Le 18 novembre 1304, Arthur succéda à son père et fut duc de Bretagne, vicomte de Limoges et comte de Richemont.

Aussitôt il s'empressa de donner à son frère Jean le comté de Richemont, et à son fils Jean, l'aîné du premier mariage, la vicomté de Limoges (Lobineau, Hist. p. 291).

Quelques années auparavant, le duc n'aurait pas eu à disposer de la vicomté. Avant l'érection de la Bretagne en pairie, le fils aîné de Marie de Limoges aurait naturellement succédé à la seigneurie de sa mère. Telle était la coutume bretonne ; mais, d'après le droit féodal de France, les fiefs des reines entraient dans le domaine royal : cette règle était appliquée aux fiefs du royaume : la Bretagne devenue duché pairie y était soumise ; et nous en voyons ici une première application. — Ce fut un trait de lumière pour Yolande.

Oubliant le désintéressement de la reine douairière d'Ecosse, la duchesse de Bretagne en devenant mère était devenue ambitieuse, on pourrait dire cupide, au moins pour ses enfants. Bien qu'il n'eût pas atteint la cinquantaine, le duc allait s'affaiblissant : la duchesse put craindre que sa mort ne la mît en lutte avec les fils de Marie de Limoges : et elle prit ses précautions.

D'abord il faut empêcher que ses terres n'entrent dans le domaine ducal. Yolande fait représenter au roi que son mariage étant de date antérieure à l'érection de la Bretagne en pairie, « la prérogative accordée à la Bretagne » ne doit pas porter préjudice aux droits que lui garantissaient les coutumes bretonnes [Note : J'ai lu quelque part « la coutume de Bretagne ». Il ne faut pas entendre par là la coutume écrite : la première rédaction (Très ancienne coutume) est de 1330 ou 1340. Hévin donne les deux dates]. Le roi Philippe Le Bel, par lettres données en conseil, le 24 septembre 1309, accueille ses conclusions (Lobineau, Hist. 295. Pr. 459).

Les lettres du Roi ne disent pas quels droits il garantit à la duchesse : nul doute qu'un de ces droits ne soit la transmission des biens maternels à ses enfants.

Quand elle eut cette assurance, la duchesse se repentit du traité signé autrefois avec son frère. La succession de sa mère semblait près de s'ouvrir : son frère paraissait approcher du terme de sa vie. Yolande lui demanda la renonciation au traité ; et Jean de Dreux, en présence du Roi, consentit à l'annuler (1310). Jean mourut peu après ; sa mère le suivit, et Yolande hérita le comté de Montfort (Lobineau, Hist. 295, 301).

La succession de ses enfants aux biens maternels assurée, il s'agit de tailler leur part dans la succession paternelle.

C'est l'objet que la duchesse va poursuivre : elle fit si bien qu'Arthur assura à ses enfants du second mariage 8.000 livres de rentes à prendre sur les biens du duc ; et, en même temps Jean, vicomte de Limoges qui allait être Jean III, fit assiette de 3.300 livres de rentes au nom de son frère et de ses sœurs consanguines sur les biens ducaux situés dans le Perche, le Maine et la Normandie. Enfin le duc ajouta au profit de Jean du second mariage 500 livres de rente sur ses terres dans le Perche, plus la seigneurie de Guérande, sous la condition toutefois qu'elle pourrait être rachetée pour douze mille livres [Lobineau Hist. 290, 464, 465. Nous n'avons pas le testament d'Arthur ; mais la mention de ces legs se trouve dans le traité d'entre Jean et Yolande ratifié par le Roi en avril 1312. Morice, I, col. 1238, et suivante (1313 nouveau style)], mais le rachat ne se fit pas.

Ces dispositions prises, tranquille sur l'avenir de ses enfants, dont plusieurs étaient sous la tutelle de leur mère, le duc Arthur mourut, le 27 août 1312, au château de l'Ile (à l'entrée de la Vilaine, sur la rive droite à une lieue au-dessous de la Roche-Bernard), laissant le duché à son fils aîné du premier mariage, Jean, vicomte de Limoges.

A peine monté sur le trône, Jean III s'empressa de donner à son frère Guy la vicomté de Limoges, et le chargea de payer à la duchesse Yolande 2000 livres de rente sur son douaire. Cette condition semblait l'indice de sa résolution d'exécuter les volontés de son père.

Mais, à la réflexion, le duc trouva-t-il qu'elles étaient trop onéreuses pour lui ? La duchesse réclama-t-elle ses droits et ceux de ses enfants avec trop d'insistance? Les exécuteurs testamentaires lui montrèrent-ils un zèle excessif, comme ils firent un peu plus tard ? (Note : Lobineau, p. 297. Le duc se plaignit au pape de leurs « exactions violentes et rigoureuses ». LXIV).

Toujours est-il que la colère égara le duc, et il ne craignit pas de représenter à Rome que son père et Yolande, parents au quatrième degré s'étant mariés sans dispense, le mariage était nul et les enfants illégitimes (Lobineau, Pr. 466-467). Le mariage fut déclaré valable ; et le duc ramené à plus de réserve parut se mettre d'accord avec la duchesse (avril 1313).

Mais la lutte recommença bientôt. Le duc se plaignait des exactions commises dans le duché par les exécuteurs testamentaires trop dévoués à la duchesse. Celle-ci saisissait le parlement de Paris qui rendait deux arrêts contre le duc sans qu'il eût le temps de présenter ses défenses (1315). Enfin, bientôt survint un incident qui dérangea les conventions de 1313.

Lorsqu'il avait donné Limoges à son frère Guy, le duc Jean avait apparemment oublié qu'il l'avait déjà donné comme présent de noces à sa seconde femme Isabelle de Castille (1310). La duchesse fit prendre possession de la vicomté [Note : Inv. somm. Pau. E. 617. Elle ordonne à ses vassaux du Limousin de tenir son parti contre Guy de Bretagne] ; mais Guy s'empara de vive force de la ville et exerça les droits qui résultaient de l'acte de donation, sans qu'il apparaisse d'aucune opposition du duc. Sur la plainte d'Isabelle, le roi d'Espagne et Philippe le Long intervinrent ; et le duc de Bretagne, pour réparer sa maladresse, reconstitua le comté de Penthièvre qu'il donna à son frère [Note : Jean donna à Guy l'ancien comté de Penthièvre (moins les seigneuries et forteresses de Jugon et Cesson qu'il garda) et l'ancien comté de Tréguier (moins le Goello possédé, sauf Quintin détaché en 1225, par l'ancienne maison de Penthièvre, dite alors d'Avaugour). Mais Guy épousa en 1318, Jeanne d'Avaugour héritière du Goello, en sorte que (sauf les démembrements de Quintin, Jugon et Cesson) l'apanage primitif de Penthièvre se trouva reconstitué dans son unité. M. de la Borderie. Géographie féodale de la Bretagne, p. 60]. Il le chargea de payer à Yolande les 2.000 livres de rentes auparavant assignées sur Limoges (1317).

Enfin un acte dressé à Vannes, le 11 juin 1321, établit une paix tardive entre le duc et sa belle-mère. — Yolande mourut l'année suivante (Juin 1321. Morice. Pr. I. 302).

Un historien remarque que le sceau ducal apposé au pied de l'acte de 1321 ne portait que les hermines de Bretagne. Dès 1318 en effet, Jean III avait renoncé aux armes de Dreux, que Pierre Mauclerc, et après lui Jean Le Roux, Jean II et Arthur II avaient portées brisées d'un franc quartier d'hermines. L'historien se demande si cet abandon des armes de Dreux en présence de la duchesse, qui était de Dreux, n'est pas un signe de l'aversion de Jean III pour sa belle-mère et ses enfants (Lobineau. Hist. 302).

Quoi qu'il en soit, la paix ne fut plus troublée. Lorsque, en 1339, un fils naquit du mariage de Jean de Montfort avec Jeanne de Flandre, le duc fut le parrain de cet enfant, qui après plus de vingt ans de guerre allait être le duc Jean IV [Note : Lobineau (Hist. 306) place le mariage au commencement de 1329. Morice (I, p. 240) donne la date du 21 mars 1329. (1330 n. st. Pâques étant le 23 avril). — Jean IV est né en 1339, sa naissance n'est donc pas venue, comme le dit Lobineau, bientôt après le mariage].

Mais la froideur du duc sinon l'aversion persista : il ôta à son frère de Montfort tout moyen d'influence ; et toutes ses faveurs furent pour Guy, comte de Penthièvre, qui devait être son successeur. Pour le malheur de la Bretagne, Guy mourut le 16 mars 1331.

Six ans plus tard, Jeanne, héritière de Guy de Penthièvre, était donnée en mariage à Charles de Châtillon, dit de Blois, neveu du roi Philippe de Valois ; et le duc croyait ainsi assurer à sa nièce chérie sa succession au duché.

Isabelle de Castille était morte le 24 juillet 1328 ; Limoges avait fait retour au duché [Note : Lobineau. Hist. p. 305. « Isabelle fut inhumée dans le choeur de l'abbaye de Prières, au-dessous de Jean Le Roux, fondateur de l'abbaye... Leurs tombeaux ont été démolis depuis pour la commodité des religieux »] ; l'année suivante, le duc avait pris en troisième mariage Jeanne de Savoie, et lui avait donné Limoges en douaire. Il ne doutait pas que le jour où le douaire de sa veuve cesserait, Jeanne de Penthièvre, duchesse de Bretagne, ne joignît à ce titre celui de vicomtesse de Limoges.

Cet espoir fut déçu... Charles de Blois fut, il est vrai, admis à l'hommage comme duc de Bretagne ; mais la guerre soutenue par le Roi d'Angleterre allait enlever le duché à Jeanne de Penthièvre et à sa descendance, pour le remettre au fils du comte de Montfort (1365) [Note : « Charles de Blois a été duc de Bretagne » (Liévin. Questions féodales. p. 62, n° 7). En se prononçant ainsi, le feudiste décide en droit et en fait. — En droit, je tiens avec Hévin pour Jeanne de Penthièvre. En fait, comment soutenir que Charles de Blois admis à l'hommage n'a pas été duc ; et comment attribuer ce titre au comte de Montfort ? Deux de nos historiens ont écrit encouragés par Anne de Bretagne, qui était de Montfort, et on peut dire sous ses yeux : or ni eux ni leurs successeurs n'ont donné à Jean de Montfort, frère de Jean le nom de Jean IV. C'est seulement de nos jours que des dictionnaires, refaisant l'histoire sur ce point comme sur tant d'autres, ont compté Jean IV ; — Jean V (le vainqueur d'Auray) ; — Jean VI, son fils que nous nommons Jean V.

Un de ces dictionnaires donne ainsi les dates : Jean IV (1341-1345), — Jean V (1365-1399)... Ainsi Jean IV mort en 1345 n'aurait pas transmis le duché à son fils !... Ce qui est vrai].

Ici arrêtons-nous... Nous allons maintenant non pas conter l'histoire de la vicomté de Limoges et du comté de Montfort ; mais dire en quelques mots ce qu'étaient ces seigneuries et indiquer par quelles vicissitudes elles ont passé, pendant que des princes de la maison de Bretagne en ont pris les titres.

 

Nota : REVENUS DE LIMOGES, MONTFORT ET RICHEMONT.

Dans les pages qui suivent on trouvera plusieurs indications de sommes d'argent dont je n'ai pas donné — comme j'aurais dit le faire — la valeur approximative en monnaie actuelle. Le lecteur pourra réparer ces omissions en appliquant le calcul que voici : multiplier les sommes par les chiffres indiquant le rapport de la livre aux différentes époques avec le franc de nos jours (en 1897). Voici ces rapports :

XIIIème siècle 2ème moitié x 113,79.

XIVème siècle 1ère moitié x 82,50.

XIVème siècle 2ème moitié x 55.

XVème siècle 1ère moitié x 40,25.

XVème siècle 2ème moitié x 35 ou même 40.

[Note : Ces évaluations sont celles de Leber. Toutefois il donne pour le XVème siècle (2ème moitié) 30. M. de la Borderie élève à 35 ou 40].

Toutefois je dois corriger les évaluations que j'ai données dans la suite des revenus de Limoges, Montfort et Richemont. Toutes sont erronées.

1° Limoges :

Nous n'avons pas d'évaluation directe du revenu de Limoges ; mais le comté de Penthièvre fut donné par Jean III à son frère Guy en échange de Limoges pour un revenu de 8.000 livres. Cette évaluation doit être à peu près applicable au revenu de Limoges. En 1317, 8.000 livres x 82,50 représentaient 660.000 francs en 1897.

De même si la valeur en capital est, comme je l'ai cru, de 168.400 livres, cette somme x 82,50 représenterait en 1897 13 millions 903 mille francs.

2° Montfort-l'Amaury :

A la même époque, en 1315, le revenu annuel du comté était évalué pour le paiement du droit de rachat 6.000 livres. Multipliant par 82,50, on obtient pour la valeur  en 1897. 495.000 francs.

3° Richemont :

Nous avons le revenu de Richemont à deux époques : au commencement et vers la fin du XIVème siècle.

1° En 1310, Henri III évalue le revenu de Richemont 1.200 livres sterling ou 1.800 marcs. Le marc vaut 3 livres de France : 1.800 marcs valent 5.400 livres ; en multipliant par 82,50 on obtient pour la valeur en 1897 445.500 francs.

2° En 1382, Richard II donne en remplacement du revenu de Richemont 1.000 livres sterling ou 1.500 marcs plus 700 marcs, en tout 2.200 marcs ou 6.600 livres de France soit, en multipliant par 55, une valeur en 1897 de 363.000 francs seulement.

En 1384, le même Roi évalue le revenu à la somme de 1.786 livres sterling, 3 deniers 1 quadrant. Cette indication minutieuse est sans doute empruntée au registre des recettes et doit sembler plus rigoureusement exacte que les chiffres précédents. — 1.786 livres sterling  = 2.670 marcs ou 8.010 livres de France, qui au taux de 55 donnent pour valeur actuelle en 1987 440.550 francs.

C'est, comme on le voit, à peu près la valeur résultant du chiffre indiqué par Henri III, en 1310.

Il y a un autre calcul possible ; c'est le compte et l'évaluation du marc, que recommande M. de la Borderie :

« En 1310, me dit-il, les 1.200 liv. st. revenu de Richemont représentaient 1.800 marcs. Le marc vaut 8 onces, un peu moins de 250 grammes. Prenons ce dernier chiffre, pour la facilité du calcul. Le poids légal de notre franc, en 1897, est de 5 grammes ; donc le marc monnayé est 50 francs : donc les 1.800 marcs du XIVème siècle vaudraient, valeur intrinsèque, 1.800 fois 50 francs en 1897 ou 90.000 francs.

Mais le pouvoir de l'argent était alors 6 fois plus fort qu'en 1897 ; donc pour avoir la valeur de cette somme au pouvoir actuel (1897) de l'argent, il faut multiplier par 6. 90.000 x 6 = 540.000 francs ».

Chiffre notablement supérieur aux chiffres que nous avons obtenus en calculant sur les livres.

M. de la Borderie recommande ce calcul « plus sûr que tout autre parce qu'on n'a pas à se préoccuper des variations monétaires très fréquentes qui souvent modifient profondément la valeur du marc d'argent ».

Pour rendre ce calcul possible je mets ici quelques indications essentielles, que je dois à M. de la Borderie.

Epoques Pouvoir de l'argent au dessus du pouvoir actuel (en 1897) Prix du marc d'argent monnayé
       
XIIIème siècle, 2ème moitié  6  3 livres
XIVème siècle, 1ère moitié  6  4 livres
XIVème siècle, 2ème moitié  6  6 livres
XVème siècle, 1ère moitié  6  8 livres
XVème siècle, 2ème moitié  6  11 livres

 

Voir VICOMTÉ DE LIMOGES.

Voir COMTÉ DE MONTFORT L'AMAURY et ses Annexes.

Voir COMTÉS D'ETAMPES ET DE VERTUS.

Voir COMTÉ DE RICHEMONT.

(extrait de l'ouvrage de J. Trévédy - 1897) 

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