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COMTÉS D'ETAMPES ET DE VERTUS

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Le duc François II hérita le comté d'Etampes de son père Richard de Bretagne mort en juin 1438, et le comté de Vertus de sa mère Marguerite d'Orléans morte le 24 avril 1466 [Note : Voir son béguin (deuil), Lobineau. Pr. 1373]. — C'est pourquoi nous avons réuni ces deux seigneuries dans le même chapitre.

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I - COMTÉ D'ETAMPES.

Richard né en 1395 s'était engagé très jeune au service du Dauphin alors régent de France, depuis Charles VII. En 1418, il rendit au Dauphin un signalé service. Il enleva de Paris occupé par les Bourguignons la Dauphine qui pouvait y courir péril de la vie.

En reconnaissance et par acte du 8 mai 1421, le Dauphin gratifia Richard du comté d'Etampes « pour lui et ses hoirs mâles, à titre d'apanage ». Un peu après, il lui donna le comté de Mantes [Note : Lobineau, Hist., p. 557. Acte de donation signé à Sablé. Pr. 978. Mantes était en ce moment aux mains des Anglais et ne fut repris que par Richemont en 1449]. Devenu Roi Charles VII confirma ce don à Richard et à ses fils (E. 31) [Note : Les renvois E... se réfèrent aux Archives de la Loire-Inférieure].

Mais ni le don ni la confirmation ne devaient assurer la possession d'Etampes à Richard. En effet Jean sans Peur s'était emparé du comté en 1418. A sa mort en 1419, il le laissa à son fils Philippe le Bon. Celui-ci, sans se mettre en peine de la volonté du Roi, garda Etampes ; et, douze ans plus tard, il en faisait don à son cousin Charles de Bourgogne, duc de Nevers, qui n'hésita pas à en prendre possession, et qui le possédait encore à la mort de Richard [Note : Lobineau dit à propos de la mort de Richard que Marguerite d'Orléans lui avait donné six enfants. Dans la généalogie, il en nomme huit. Six filles étaient nées avant François, né en 1435, trois ans avant la mort de son père et qui fut suivi d'un frère mort peu après].

François, fils unique de Richard, ne recueillait pas, paraît-il, une succession opulente. « Il était beau et de grande apparence (dit un chroniqueur écrivant en 1449) mais pauvre et disetteux » ; et, quand la succession de Bretagne s'ouvrit pour lui, neuf ans plus tard, elle arriva fort à propos (26 décembre 1458) [Note : On a quelque peine à admettre cette affirmation, quand on lit la longue énumération des seigneuries appartenant à Richard, le douaire laissé par lui à sa veuve, la dot promise à sa fille Catherine, épousant le prince d'Orange, 20.000 écus d'or, une place forte de mille livres de rente. Mais ce n'est pas le lieu d'insister sur ce point. Le patrimoine de Marguerite d'Orléans n'était pas moindre, sans parler de prétentions aussi vastes que vaines sur le duché de Luxembourg, le comté d'Asti et le duché de Milan. E. 30].

Devenu héritier, François ne manqua pas de redemander Etampes au Roi Charles VII, et celui-ci donna mandement au premier huissier du parlement [Note : J'ai parlé du premier huissier dans Sergents féodés, etc. (Revue générale du droit, 1889)] de faire sommation au duc de Bourgogne, pour qu'il eût à restituer le comté aux héritiers de Richard (E. 31).

Si la sommation fut faite, elle demeura sans réponse ou sans résultat ; et François II entama devant le parlement de Paris un procès qui, vingt-cinq ans plus tard, attendait encore sa décision.

En 1462, Louis XI montait sur le trône. Un de ses premiers actes fut de révoquer nombre des dons « de parties du domaine » faits par son père ; mais, espérant peut-être s'attacher le duc de Bretagne pour l'opposer au duc de Bourgogne, il excepta expressément le comté d'Etampes de cette révocation, et accorda au duc la liberté de faire valoir ses droits sur Etampes, c'est-à-dire de reprendre et de suivre le procès pendant devant le parlement. Le procureur général prétendit s'oppose à cette grâce ; mais le Roi lui « imposa silence » et le duc envoya ses pièces [Note : Lobineau. Hist., p. 728. E. 179 « Inventaire des titres produits en parlement par le duc (François II) contre le duc Philippe le Bon »].

La situation de François II semblait bonne ; car, s'il avait pour adversaire le puissant duc de Bourgogne, il avait le Roi pour second. — Mais un jour va venir où Louis XI changera d'avis.

La part prise par François II à la guerre du Bien public et ses intrigues avec la Bourgogne et l'Angleterre expliquent le changement de dispositions du Roi. Il aurait pu prononcer la confiscation d'Etampes ; mais il s'y prit autrement : il ordonna au parlement de finir le procès commencé en 1462. Le parlement comprit à mi-mot, et adjugea le comté au Roi. Le duc s'empressa de lui envoyer une ambassade dont le chef était le chancelier Chauvin. Il rappelait à Louis XI que lui même avait confirmé le don d'Etampes, (en 1462 quand il avait imposé silence au procureur général) ; et il faisait remarquer que le comté était de peu d'importance, puisqu'il était d'un revenu net de 300 livres à peine. Le duc suppliait le Roi, malgré l'arrêt rigoureux de la cour, de lui en impartir lettres nouvelles ; et demandant une grâce il osait ajouter : « Le duc n'entend avoir fait ni faire chose envers le Roi qui puisse l'avoir privé du comté (1476) » [Note : Morice. — Pr. III. 24. — Les instructions aux ambassadeurs placées par D. Morice entre deux actes des mois de juin et septembre 1462, (Col. 20 à 25), sont certainement postérieures. Elles comprennent une réclamation contre la duchesse d'Orléans, garde de ses enfants. Or, celle-ci n'est devenue veuve qu'en 1465. D'Argentré (Livre XIII, chap. XVIII, p. 883. Ed. de 1618), place l'ambassade en 1476. De même Bouchard (f° 223 r° Ed. des bibl. Bretons) la met après la naissance d'Anne de Bretagne, 25 janvier 1477 (n. s.) De même Lobineau. Hist., p. 727, et D. Tallandier aussi II, 133. Il ne renvoie pas aux Instructions consignées aux Preuves].

François II avait cru pouvoir lutter de finesse avec Louis XI ; mais il avait trouvé un adversaire plus habile que lui. Le Roi entretenait des espions en Bretagne, dont un au moins résidant à Saint-Malo, semble bien être un gentilhomme breton [Note : Morice Pr. III, 239 — donne une lettre de cet espion entre deux actes de mars et avril 1472 (v. s.). L'espion vante ses services et demande en récompense la vicomté de Vire. — C'est un gentilhomme seul qui peut avoir une telle prétention. — Or, Pierre de Rohan, dit depuis le maréchal de Giac, et si avancé dans la faveur et la confiance de Louis XI, obtint la vicomté de Vire, en 1476. N'est-ce pas lui qui écrit la lettre publiée par D. Morice ?] ; et il avait à ses gages des intermédiaires possédant la confiance du duc, ... bien plus, un habile faussaire.

Les ambassadeurs du duc rencontrèrent Louis XI en Artois ; le Roi, au lieu de les entendre, les fit emprisonner séparément ; après onze jours, il fit venir le chancelier et lui remit un paquet de vingt-deux lettres, douze du duc de Bretagne, et dix du Roi d'Angleterre, établissant leur commune entente contre la France. Depuis deux ans, les lettres des correspondants étaient interceptées, et chacun d'eux ne recevait que des copies fabriquées par le faussaire aux gages du Roi ! — Chauvin rapporta le paquet au duc de Bretagne [Lobineau, Hist. 727-728].

Le Roi donna Etampes à Jean de Foix vicomte de Narbonne, frère de Marguerite de Foix, duchesse de Bretagne. Un historien dit que le duc se plaignit par ambassadeurs du don fait à son beau-frère, et que le chancelier lui répondit : « Il fallait en faire la demande le premier, vous l'auriez eu » [Lobineau, Hist., 729]. Le moment de demander une grâce aurait été bien mal choisi ; et la réponse du chancelier, si elle a été faite, semblerait une plaisanterie.

N'obtenant rien du Roi, le duc ne renonçait pas à Etampes, et, quelques années plus tard, il essayait de l'obtenir d'un autre. En 1481, il signait un traité d'alliance offensive et défensive avec le Roi d'Angleterre ; et, il stipulait que, si le Roi entrant en France devenait maître de quelques terres appartenant au duc il lui en assurerait la jouissance, notamment de Montfort, Etampes et Vertus, et même du comté de Blois, qui lui était engagé pour 200.000 écus d'or [Note : Lobineau. Pr. 1397. Morice, Pr. III, 394. Une autre clause du traité c'est que Anne, ou à son défaut Isabelle de Bretagne, épousera le prince de Galles ; et que le second des fils à naître du mariage sera duc de Bretagne !].

Après la mort de Louis XI (30 août 1483), le duc François II envoya une ambassade à Charles VIII pour redemander Etampes et Mantes. Le Roi ne fit aucune réponse pour Mantes, il promit seulement de rendre Etampes, « sauf à récompenser M. de Narbonne » [Lobineau. Hist., p. 739]. Mais la parole du Roi ne fut pas tenue : le vicomte de Narbonne transmit Etampes à son fils le fameux Gaston de Foix, depuis duc de Nemours [Note : En 1507, Gaston de Foix échangea la vicomté de Narbonne contre le duché de Nemours]. Sa mort glorieuse à Ravenne fit rentrer le comté dans le domaine de la couronne (11 avril 1512). Louis XII s'empressa d'en faire don à la Reine et à ses enfants [Note : Morice. Pr. III 1415. Mémoire pour Renée de France, duchesse de Ferrare (1405-1418)].

François II n'avait pas cessé jusqu'à sa mort en 1488, de prendre le titre de comte d'Etampes. Sa fille suivit son exemple, et nous la voyons se qualifier comtesse d'Etampes dans des actes avant et pendant son premier mariage, son veuvage et même sa seconde union [Note : En 1497-1498-1501. Morice. Pr. III. 791-796, 811, 843]. Il semble qu'elle n'avait aucun droit à ce titre. En effet, son père eût-il eu la possession du comté, il n'eût pas transmis ses droits à sa fille, puisque le comté donné en apanage devait faire retour à la couronne à défaut d'héritier mâle.

On a pu voir par ce qui précède que le comté d'Etampes donné par le Dauphin à Richard de Bretagne, en 1421, n'a pas pu être possédé par celui-ci ; qu'à sa mort, en 1438, il ne transmit à son fils que le titre du comté : que le procès entamé par François II contre le duc de Bourgogne fut perdu (1477) : qu'enfin le comté donné par le Roi Louis XI à un autre ne rentra aux mains du Roi que vingt-cinq ans après la mort de François II, et dans celles de la Reine Anne par un nouveau don du Roi en 1513. De sorte que le don fait en 1421 en faveur de Richard de Bretagne et son fils n'a jamais reçu qu'une exécution illusoire en ce qui les concerne.

Devenu Roi, François Ier donna le comté d'Etampes à la Reine Claude « pour le gouverner à son gré et même nommer aux bénéfices » (E. 19) [Note : Le comté étant à la Reine ne pouvait lui être donné : la libéralité contenue dans cet acte consistait dans le gouvernement et la nomination aux bénéfices].

Nous avons vu que, par acte du 22 avril 1515, la Reine Claude avait donné à François Ier l'usufruit du duché de Bretagne, des comtés de Blois, d'Etampes, de Montfort, etc. [Note : Par un acte postérieur de deux mois seulement (23 juin 1515) la reine changea ce don viager en don perpétuel. Seulement Etampes n'est pas compris dans cette seconde disposition. Ne serait-ce pas une omission du typographe ?]. A cet acte assistait comme témoin Arthur Gouffier, seigneur de Boissy, autrefois précepteur du Roi, et alors grand maître de France.

François Ier s'empressa de disposer en sa faveur du comté d'Etampes, mais Gouffier ne garda pas la jouissance longtemps : il mourut en 1519 [Note : Moréri ne croit pas que la jouissance d'Etampes ait été donnée à Arthur Gouffier. Le comté a passé de Claude, morte en 1526, à Jean de la Barre pourvu la même année sans qu'il y ait lieu d'intercaler entre eux Arthur Gouffier].

En 1526, année de la mort de Claude, le comté fut donné en viager à Jean de la Barre, premier gentilhomme de la chambre du Roi.

Dix ans plus tard, Etampes allait être érigé au titre de duché. En 1465, le duc François II avait confisqué le comté de Penthièvre sur Jean de Brosse, mari de Nicole de Blois, et, après soixante-dix ans, la saisie n'avait pas été levée [Note : Le Roi Francois Ier avait donné l'usufruit du comté de Penthièvre avec Moncontour, la vicomté de Loyaux, près de Nantes, les ports et hâvres d'entre Coësnon et Arguenon à Antoine Gouffier, sgr de Bonnivet, l'amiral tué à Pavie (le 24 février 1425. (n. s.). A la mort de l'amiral, Louise de Savoie, régente pendant la captivité de son fils, donna l'usufruit de Penthièvre, etc., à Louis de Lorraine, comte de Vaudemont. (Morice. Pr. III, 964-965). Lyon, 25 mars 1525]. En 1536, Jean de Brosse, arrière-petit-fils de Nicole, pour recouvrer le comté de Penthièvre, consentit à épouser Anne de Pisseleu, favorite du Roi. Le Roi payant le prix convenu rendit le Penthièvre, et, pour que Mme d'Etampes fit meilleure figure à la cour, il érigea le comté en duché. En 1542 [Note : 23 février 1543 (n. s.). Morice. Pr. III, 1065], le duc d'Etampes fut nommé gouverneur de Bretagne et partit seul pour son lointain gouvernement [Note : En 1545 : Chevreuse fut érigé en duché en faveur de Jean de Brosse et de sa femme].

En 1553, Henri II enleva le duché d'Etampes à Jean de Brosse, pour le donner à Diane de Poitiers : en 1562, Charles IX le lui rendit, et Jean de Brosse mourut avec son titre en 1566 [Note : D'Hozier (Chevaliers de Saint-Michel) dit inexactement le 27 janvier 1564. Le testament de Jean de Brosse, publié par D. Morice (Pr. III, 1343-1345) est daté à Lamballe, le 25 janvier 1565, (lire 1566, n. s.). Dans ce testament, Jean de Brosse se plaint d'Anne de Pisseleu qui « n'a pas voulu servir ni tenir lieu de femme » (Col. 1344) — Qui le plaindrait ? Il savait bien qu'il épousait la favorite du Roi ! On a dit souvent que la liaison de François Ier commença à, son retour de captivité. Elle était antérieure à la campagne de Pavie : témoin la longue lettre en vers que le Roi écrivit de Madrid à son amye].

Il n'était pas né d'enfant de ce honteux mariage. Jean de Brosse institua héritier son neveu fils de sa soeur, Sébastien de Luxembourg, pour lequel il avait obtenu, dès 1562, les provisions de gouverneur de Bretagne [Morice. Pr. III. 1331-1334]. Sébastien allait périr à la guerre en 1569, laissant une fille unique, Marie, qui, dix ans plus tard, devait épouser Philippe de Lorraine, duc de Mercoeur.

Note : UN BAN DE GUERRE EN 1568. — Voici en quelles circonstances fut lancée cette espèce de proclamation. Sébastien de Luxembourg, vicomte de Martigues et gouverneur de Bretagne, depuis la mort de son oncle le duc d'Etampes, en 1565, se disposait à marcher contre d'Andelot, chef des Calvinistes ou Huguenots en Bretagne, et à rejoindre le duc de Montpensier du côté de Saumur. Le parti calviniste venait de reprendre les armes, et le prince de Condé sorti de La Rochelle, marchait avec ses troupes vers le Poitou. Sébastien de Luxembourg allait partir pour Nantes, afin de poursuivre d'Andelot qui cherchait à passer la Loire pour opérer sa jonction avec l'armée huguenote sous les ordres du prince de Condé. En passant à Rennes, le vicomte de Martigues y fit publier la pièce que l'on va lire : « L'on faict scavoir à tous gentils hommes de valleur tant de compagnies gendarmes que aultres bons et fidelles serviteurs du Roy et tous aultres de touttes qualités aiantz bonne volonté de deffendre leur pais qu'ils ayent promptement et en toute diligence à ce trouver devers l[eur] seigneur en armes en si bon équipage que leur sera possible pour faire le ser[vice] du Roy et deffence de cestuy leur pais promectans le dit seigneur que le service qu'ils feront sera si bien remarqué recongneu et par luy certifié au Roi que oultre ce qu'ils en feront à Dieu pour son Eglise ils en seront recogneuz par sa majeste. Outre est fait commandement à tous habitons du pays tant de frontières que aultres de s'équiper et mettre en armes à empescher les courses et violences des ennemys du Roy, rompre leurs trouppes, garder les passages, empescher les allées, retours par le pays, communications et messagiers des ennemys les ungs aux aultres par armes et tels moyens quy leur seront possibles. Plus commandons à tous hommes estans à la suicte du dit seigneur et à tous aultres portans [les] armes par le pays de porter en leurs vestemens es endroictz de leurs accoustremens les plus apparens une grande croix blanche et permis ausdits habitans s'il s'en trouve aulcun en armes sans adveu de ceux qui peuvent commander non ayant la dite croix blanche de leur courir sus et les rompre et mettre en pièces. Plus est commandé à tous les fabriqueurs et parroissiens du pays d'apporter touttes leurs reliques joyaulz et aultres argenteries dans les villes et icelles déposer sur peine d'en respondre sur leurs biens en leur propre et privé nom. Et de la mesme auctorité du Roy signifie et notifie que tous procès de gentilz hommes et aultres quelconques soient civilz ou criminelz de leurs biens aultres poursuictes de ceulx qui sont à la suitte du d. seigneur ou aultres employez pour le servise du Roy en lieu que ce soit dont ilz feront apparoir par deu certificat du dit sieur sont sourciis en l'estat qu'ils sont et prohibé et deffendu à toutes partyes de les suivre sur peine de cassassion et nullité desdites procédures. Tous hommes participans de conseil, argent, armes, secrètes entreprises avecq les ennemis du Roy usans de mocqueries, invectives, semans nouvelles à la défaveur du service du Roy seront pris pour ennemis et comme tels chastiez. Ceulx de la nouvelle religion qui ne contreviendront à aucuns des poinctz de ce que dessur vivront en seureté en leurs maisons. Faict à Rennes le cinquiesme jour de septembre mil cinq cens soixante huict ; ainsi signé Bastien de Luxainbourg et au-dessous Morin. L'ordonnance cy-devant a esté par le commandement du dit seigneur de Martigues leue et proclamée par tous les carroilz et lieux accoustumez de cette ville de Rennes, et ordonné par Monseigr. le sénéchal du dit Rennes aultant d'icelle estre envoyé aux jurisdictions inférieures de ce ressort pour a pareil y estre publié et banny le VIème jour de septembre 1568. Ainsi signé Robinault ». (Edouard Quesnet).

Anne de Pisseleu survécut à son mari jusqu'à 1576. C'est peut-être cette circonstance qui empêcha Sébastien de Luxembourg de prendre le titre de duc d'Etampes. Sa fille paraît l'avoir repris ; mais elle n'eut pas la possession du duché.

En effet, en 1576, Henri III le donna à Jean Casimir, fils de Frédéric, électeur palatin. Celui-ci y renonçant l'année suivante, Etampes fut engagé à la duchesse de Montpensier (1578), puis donné à Marguerite de Valois (1582) ; enfin, en 1598, le duché était à Gabrielle d'Estrées. Cette année même, celle-ci obtint pour son fils César de Vendôme la main de la fille unique de Mercoeur, comtesse de Penthièvre ; et le duché passant à leur descendance se retrouva ainsi à la descendance des de Brosse.

César le transmit à Louis, son fils, et celui-ci à son fils Louis-Joseph, l'un après l'autre duc de Vendôme. Lorsque Louis-Joseph mourut sans enfants (1712), le duché d'Etampes fit retour à la couronne.

 

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II - COMTÉ DE VERTUS.

Vertus est une petite ville de l'ancienne Champagne aujourd'hui chef-lieu de canton de l'arrondissement de Châlons-sur-Marne. En avril 1360, le Roi Jean unit à Vertus « les seigneuries de Rosnay, au diocèse de Troyes et de la Ferté-sur-Aube, au diocèse de Langres » [Note : Nantes E. 33. « Prisage des terres de Vertus, Rosnay et la Ferté-sur-Aube ». Aujourd'hui Rosnay-l'Hôpital, commune du canton de Brienne-le-Château, arrondissement de Bar-sur-Aube (Aube), la Ferté-sur-Aube, commune du canton de Châteauvillain, arrondissement de Chaumont (Haute-Marne)], érigea le tout en comté-pairie sous le nom de Vertus, et donna le comté en dot à sa troisième fille, Isabelle, qu'il mariait à Jean Galéas Visconti, plus tard duc de Milan.

Vingt-neuf ans après (1389), leur fille Valentine de Milan, apporta Vertus en dot à Louis, frère de Charles VI, duc d'Orléans. Enfin, vers 1433, le comté de Vertus entra dans la dot de leur fille Marguerite, donnée en mariage au quatrième et plus jeune fils du duc Jean IV, Richard de Bretagne, comte d'Etampes.

Marguerite eut la possession ou du moins le titre du comté de Vertus jusqu'à sa mort, survenue le 24 août 1466, chez les clarisses de la Guiche, en Blaisois [Note : Marguerite avait recueilli dans la succession de sa mère, morte en 1408, de prétendus droits sur le duché de Luxembourg, le comté d'Asti, le duché de Milan. Elle en fit don à son fils quand il devint duc. Nantes E. 30. Marguerite était soeur de Charles d'Orléans, qui fut père du Roi Louis XII. Fait prisonnier à Azincourt (1415), il n'obtint sa liberté qu'en 1440, moyennant une rançon de 120.000 écus. (Quittance du Roi d'Angleterre. E. 27)].

Il est probable que le comté de Vertus une fois aux mains du duc François II eut le sort de Montfort, et fut tour à tour confisqué et rendu. Il semble bien qu'il était saisi vers 1481, puisqu'il est nommé parmi les seigneuries dont le duc stipula la remise et la libre possession, comme condition et prix de son alliance avec le Roi d'Angleterre [Note : Lobineau. Hist., p. 736. — Morice, Pr. III, 394].

Le 24 septembre 1480 [Note : Morice. Pr. III. 368. Le Goëllo était situé entre le Gouet et le Trieux], le duc avait donné le comté de Goëllo, sous le titre de baronnie d'Avaugour, à son fils naturel, François de Bretagne, déjà seigneur de Clisson : cinq ans plus tard (29 septembre 1485) il le gratifiait du comté de Vertus [Note : Les Actes de Bretagne ne contiennent pas le don de Vertus].

Mais, après ce don, le duc François II et après lui sa fille retinrent le titre de Vertus, sans doute parce que le don du comté avait été fait, comme celui de la baronnie d'Avaugour, « avec réserve des droits de souveraineté, hommage lige et justice ».

Il est permis de supposer que si François II avait encouru la confiscation du comté, son fils le baron d'Avaugour en obtint du Roi la libre possession. François de Bretagne fut en effet le premier à monter à cheval, en 1487, avec le vicomte de Rohan et le sire de Rieux, pour se joindre à l'armée française qu'ils avaient appelée sur la Bretagne !

François de Bretagne vivait encore en 1532. Le 13 août de cette année, lorsque François, dauphin de France, fit son entrée à Rennes comme duc de Bretagne, son grand oncle naturel porta l'épée ducale au préjudice de Thomas de Québriac, seigneur de Brécé, et, à ce titre, grand écuyer héréditaire de Bretagne [Note : Brécé, seigneurie, sergenterie féodée ducale, aujourd'hui commune de Noyal-sur-Seiche, (canton sud-est de Rennes) — Je me permets de renvoyer à mon étude sur Les grands dangers héréditaires de Bretagne, 1891. Revue de l'Ouest].

Après lui, le comté de Vertus, tantôt seul, tantôt réuni à la baronnie d'Avaugour, passa à ses descendants légitimes et de mâle en mâle jusqu'à la sixième génération.

En 1746, la mort sans hoirs de Henri-François de Bretagne ouvrit la succession d'Avaugour et de Vertus au profit de Hercule Mériadec de Rohan, prince de Soubise, son neveu à la mode de Bretagne. Celui-ci vieillissait, il avait vu mourir son fils ; et, de son consentement, la succession fut déférée à son petit-fils, Charles de Rohan, depuis prince de Soubise et maréchal de France.

Le prince, était cousin au septième degré du décédé : il était le descendant au quatrième degré de Marie de Bretagne, tante paternelle de Henri-François [Note : Voici en abrégé les généalogies données par D. Morice. T I, p. XXX, XV et XXVI, sous les lettres X, N et P). Claude de Bretagne (auteur commun), décédé en 1637. 1° Claude, comte de Goëllo, décédé en 1699 -  Marie de Bretagne épouse Hercule de Rohan, décédé en 1654. 2°  Henri-François, décédé en 1746. - François, prince de Soubise, décédé en 1712. 3° Hercule Mériadec, décédé en 1749. 4° Jules-François, décédé en 1724. 5° Charles, décédé en 1787. Henri-François avait eu un frère aîné mort sans alliance et quatre soeurs : trois mortes sans alliances et la quatrième sans enfants]. Le prince de Soubise allait garder les deux comtés pendant plus de quarante ans jusqu'en 1787.

Il avait deux filles qui furent mariées : l'aînée au duc de Bourbon, prince de Condé ; la seconde à Henri Louis, depuis prince de Guémené [Note : Levot dit (Biog. Bretonne. V° Rohan II, p. 754) que le prince de Soubise ne laissa qu'une fille, la princesse de Guémené. — Oui ; mais il fallait mentionner les enfants de l'autre fille morte avant son père]. La princesse de Condé était morte jeune, dès 1760, laissant deux enfants : Louis-Henri depuis duc de Bourbon, qui allait survivre à son fils le duc d'Enghien fusillé à Vincennes en 1804, et en qui allait s'éteindre la race héroïque des Condé (1830) ; et sa soeur Louise-Adélaïde qui embrassa la vie religieuse. Rentrée en France, elle fonda au Temple l'Adoration Perpétuelle et mourut dans cette maison, en 1824.

La succession du prince de Soubise était encore indivise entre la princesse de Guémené et les héritiers de sa soeur, quand tous sortirent de France en 1792. Tous les biens faisant partie de la succession furent saisis par la Nation et notamment ceux compris dans les comtés de Goëllo et de Vertus [Note : Il semble que la princesse de Guémené était rentrée en France dès 1797. — Une note du receveur des domaines à Vertus, en date du 10 prairial an V (29 mai 1797), porte que « la citoyenne Rohan-Soubise, femme Guémené, a réclamé contre la vente des biens de la succession Soubise ». Qu'advint-il de cette réclamation ? C'est ce que nous n'avons pu savoir] (J. Trévédy).

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