Web Internet de Voyage Vacances Rencontre Patrimoine Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Bienvenue !

LES BOTEREL ou BOTHEREL DE LA VILLEGEFFROY

  Retour page d'accueil      Retour page "Ville de Plélo"      Retour page "Ville de Plouagat"      Retour page "Famille Botherel" 

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Le nom de Boterel ou Botherel est cité maintes fois dans les documents de notre histoire à partir du XIIIème siècle. L'orthographe en est aussi variée que le permet la consonnance qui reste immuable ; on trouve Botrel, Botherel, Bottrel, Boterel, et cette diversité de formes semble avoir été le jeu d'un génie malin, qui se serait efforcé d'égarer le chercheur curieux de débrouiller les fils de la trame, tissée à travers six siècles, par les représentants de ce nom.

Cependant, nous remarquons chez les Boterel, deux groupements bien distincts, celui du territoire de Rennes et domaines limitrophes (les seigneurs de Cicé, d'Apigné, de Montellon), et celui de Goëllo (les seigneurs de la Villegeffroy)[Note : Les archives particulières du château de Tregranteur (Morbihan) ont été, pour ainsi dire, les seules sources de cette étude. Comme on le verra, La Villegeffroy est venue aux Bonin de La Villebouquais, seigneurs de Tregranteur, et ainsi les titres de cette seigneurie sont arrivés jusqu'à nous]. Sont-ce les deux tiges d'une même souche ? Nous ne pouvons l'avancer avec certitude. Les armoiries, comme il arrive souvent dans les familles nombreuses, sont multiples ; nous en avons relevé sept ou huit différentes, et là encore nous ne trouvons aucun indice capable de guider nos recherches.

Nous n'ignorons pas la prétention émise par les Botrel, ceux d'Apigné, comme ceux de la Villegeffroy, d'être du ramage de Quintin, mais l'on doit tenir compte des circonstances qui firent naître cette prétention.

A l'époque où la noblesse fut appelée à fournir ses preuves pour une réformation solennelle, et où les chefs de familles cherchèrent à établir d'une façon définitive le cadre de leur ascendance, combien, parmi ceux-ci, reçurent l'heureuse intuition d'une origine qui put consacrer la fierté de leur race ! Henri, comte de Penthièvre, deuxième du nom, avait eu un frère, né comme lui du mariage d'Alain de Penthièvre avec Péronnelle de Beaumont ; ce fut Geoffroi, surnommé Boterel, sire de Quintin, dont le surnom ou sobriquet, joint au nom de sa terre, fut conservé par ses descendants. Mais cette lignée ne se prolongea pas au-delà du XVème siècle. Geoffroi Boterel, sire de Quintin, cinquième et dernier du nom, mourut sans enfants bien qu'il se fut marié deux fois, et il ne resta pour lui succéder qu'une sœur, femme d'Alain du Perier, seigneur du Perier et du Plessis-Baliczon, maréchal de France. Rien ne sembla plus naturel aux Boterel que d'établir une soudure entre leur famille et celle de Quintin ; aussi se déclarèrent-ils juveigneurs de haute extraction. Quant aux preuves, elles restèrent introuvables, et les juges d'armes parurent peu crédules devant cette assertion, car à propos de la vraie branche Boterel Quintin, dont nous venons de parler, d'Hozier s'exprime ainsi : « On objectera qu'il y a d'autres familles Botherel dans la province, et dont l'ancienneté remonte à plusieurs siècles, mais elles ne peuvent justifier leur jonction aux sires de Quintin » (Armorial général. Livre II, p. 985).

Nous devons aussi à la vérité historique de dire la surprise que produisit sur nous cette arrivée, aussi fortuite qu'inattendue, du nom de Quintin dans la tige des Boterel de La Villegeffroy, dont nous avons dépouillé les actes et déclarations depuis le XIVème siècle. Comment admettre que pendant trois siècles ceux-ci aient négligé de mentionner le titre imposant de juveigneur de Quintin ? Ce sont les enfants de Philippe qui, les premiers, vers la fin du XVIIème siècle, prirent sur eux de faire l'adjonction des noms.

Il paraît vraisemblable que les Boterel [Note : Nous adopterons désormais l'orthographe Boterel, cette forme étant la plus communément employée, et dans certaines pièces se rapportant aux La Villegeffroy nous avons trouvé des corrections faites dans ce sens par une main sans doute autorisée], dont nous allons
nous occuper, à cause de la seigneurie de La Villegeffroy, en Plélo, évêché de Saint-Brieuc, ont tiré leur nom du lieu de Boterel, situé paroisse de Saint-Donon. A en juger par les réformations de la seule paroisse de Plélo, ils comptèrent un grand nombre de cadets ; en l'année 1423, nous en trouvons deux, en 1441 et 1535, trois (B. N. m. fr. 8311-8312). Quelques-uns firent souche, entre autres les seigneurs de Beauvoir et de La Villeaudon. Leur noblesse incontestable est affirmée, non seulement par les montres et reformations, mais par le gouvernement noble dans leurs partages. Ils s'allièrent du reste aux familles les plus distinguées des évêchés de Tréguier et de Saint-Brieuc, les Langourla, les du Halgouet, les Visdelou, les Le Noir, enfin aux Saint-Pern qui recueillirent l'héritage des aînés.

Les La Villegeffroy étaient d'une race terrienne, appartenant à cette classe de « gentilshommes campagnards » très attachée au sol, occupée principalement à faire fructifier son avoir et administrer ses terres.

Le manoir qu'ils habitaient entre Plélo et Châtelaudren n'était point dépourvu de cachet. Une forte tour flanquait la maison principale ; au-devant de celle-ci, une cour, « la grande écurie régnant le long de ladite cour, dans l'un des bouts un pressouer avec cellier à côté, la basse-cour, le colombier, la grange en ladite basse-cour ; le grand jardin auquel est la chapelle et maison du jardinier, le verger joignant ledit jardin » [Note : Inventaire de la seigneurie (sans date)]. C'était, en un mot, le type de la demeure du hobereau breton, avec l'étang, le massif de haute futaie et autres attributs seigneuriaux.

Une porte cochère en plein cintre et une petite porte donnent accès dans la cour ; là s'ébat gaiement la volaille, les canards s'ébrouent dans le « réservoir » près l'écurie, un modeste trou d'eau, et le maître de céans, s'il n'a pas été, déambulant à l'ombre des rabines qui bordent le chemin conduisant à « Chastel-Audren », rendre visite à un sien parent, peut à loisir des fenêtres du manoir voir ses gens vaquer aux services du petit royaume. Du côté opposé à la cour se trouvent les jardins déjà mentionnés, « bien encerclés de leurs murs », pour les défendre contre les maraudeurs, et peut-être aussi contre les rongeurs des « garennes ». Rien ne manque du reste à la Villegeffroy, il y a une « maison à forge » pour les besoins ruraux, et rare précaution, près la chapelle, un bâtiment qu'on appelle « l'infirmerie » [Note : Peut-être est-ce là le local précurseur des dispensaires d'aujourd'hui ; car malgré les attaques de certains historiens contre les gentilshommes campagnards, rien ne s'oppose à penser que l'infimerie était publique comme la chapelle qui la « joignait »].

Les charges civiles et militaires si recherchées de certaines familles nobles parurent sans doute aux habitants de ce manoir, inconciliables avec le désir qu'ils avaient de vivre en paix, côte à côte avec leurs tenanciers. On ne les vit ni au Parlement, ni aux armées, ni même à la cour de leurs suzerains les barons d'Avaugour.

Dans la lignée des seigneurs de La Villegeffroy nos documents nous permettent de remonter à Yvon Boterel, vivant dans la seconde moitié du XIVème siècle, lequel avait épousé Jeanne Martin ; d'autre part une généalogie figurant au Cabinet des Titres (Bibliothèque Nat. Carrés d'Hozier, 55), et que nous avons des raisons de croire exacte, nous donne quatre générations antérieures. C'est ainsi que nous avons pu établir le tableau que nous joignons à la fin de cette étude.

En outre du titre de seigneurs de la Villegeffroy, les aînés s'intitulent à partir du XVIème siècle, seigneurs de Kerprat, de Plouagat, de la Villechevalier, le Pellen au Pebel, Kerouzou. Arrêtons-nous un instant à chacune de ces seigneuries.

En Bretagne, le fief représente le plus souvent un territoire soumis à la justice et à la fiscalité seigneuriales, cependant il peut arriver, par suite de partages ou d'aliénations, qu'il y ait sur un même fief, deux seigneurs, l'un justicier, l'autre féodal. Cette séparation ressort clairement des droits exercés par les seigneurs de la Villegeffroy sur la Villechevalier, le Pellen au Pebel, et Kerouzou. La justice basse et moyenne de ces trois fiefs réunis dans la même main, se rend le lundi de chaque semaine en l'auditoire de Châtelaudren. Les justiciables ne sont tenus à aucun des devoirs habituels qui marquent le droit supérieur du seigneur féodal, ni aux redevances, si ce n'est parfois à des chef-rentes.

Péronnelle Le Cozic, qui apporta le fief de la Villechevallier, situé en Bringolo, à Jacques Boterel son époux, (contrat du 25 décembre 1534), ne possédait qu'une petite partie de l'important bailliage de ce nom. Les Quelen, cadets des seigneurs de Saint-Bihy, sont propriétaires de la terre principale de la Villechevalier en Plouagat, et habitent le manoir, qualifié château en 1764. Peut-être, du reste, les Quelen tenaient-ils la Villechevalier des Boterel, car en l'année 1478 l'aveu d'une rente due à Nicolas Boterel est fournie au manoir de la Villechevalier, et le payement de cette rente doit être fait au même lieu.

Le Pellen, en Bringolo, comptait également différents propriétaires. Le fief dont étaient seigneurs les la Villegeffroy s'étendait, d'après une déclaration de 1760, à trente tenanciers (dont le métayer du lieu noble du Pebel) et deux convenantiers. Certains de ces tenanciers devaient des gants blancs de chef-rente, d'autres des fractions parfois infinitésimales de boisseaux : 1/5, 1/20, 1/36, 1/72. Le 29 août 1644, Yves Jossom, sieur de Quistillic, rendit aveu à Philippe Boterel, pour sa terre noble de Kervisio-Gelin (Bringolo) relevant du Pebel. Acquis, l'année 1573, de noble homme Pierre Gelin, par Jean Jossom et moyennant 1620 livres, Kervisio qui possédait manoir, pigeonnier, bois taillis et futaie, terres, prééminences d'église, suite de cour et moulin, était chargé de quarante boisseaux froment envers la seigneurie de Keryouez-Marec et de sept boisseaux envers la fabrique de Bringolo.

Kerouzou, fief détaché de la terre noble de ce nom, possédée au XVIIème siècle par la famille Le Cheny, était situé en Plouagat. Nous savons peu de chose sur ce fief. Quant à la terre de Kerouzou, Pierre-Marie et Antoinette Lesné, héritiers de Philippe Le Cheny, seigneur de Penanrun, la vendent en 1737, à Jean Le Goff, dont la fille, épouse d'Alexis Dherbelin de Rubercy, la revendit quelques années plus tard à François Delpeuch, sieur de Lanoë, sénéchal de Chemillé.

En réalité, la Villechevalier, le Pellen, et Kerouzou, constituaient un héritage de peu d'importance, car une déclaration de 1760 nous apprend que les greffes des trois juridictions étaient estimés dix livres.

Plouagat, dont s'intitulaient seigneurs les Boterel, n'était qu'un héritage démembré de la belle seigneurie du même nom en Goëllo.

Le 12 janvier 1422, le duc Jean V donne à Pierre Eder, son chambellan, la seigneurie de Plouagat, confisquée sur le comte de Penthièvre. Plouagat, qui relevait alors de la chatellenie de Châtelaudren, fut en même temps exempté de cette dernière juridiction et mis directement sous le ressort de Goëllo, appartenant du duc. Moins de soixante années plus tard, François II fit revivre les titres de la baronnie d'Avaugour en faveur de François de Bretagne, l'aîné de ses bâtards, fils d'Antoinette de Magnelais, dame de Villequier. Celui-ci voulut réunir Plouagat à son apanage, et négocia une vente avec Gilles Eder, petit-fils de Pierre. L'acte fut passé en 1481. Cependant, après le décès de Pierre Eder, son fils Jean, sieur de Haye Eder, avait aliéné différentes portions de Plouagat, entre autres à Françoise d'Amboise [Note : Françoise d'Amboise, duchesse de Bretagne, acheta ces biens pour les donner à l'abbaye de Nazareth qu'elle avait fondée à Vannes par lettres du 24 mars 1467] et à Rolland du Liscouet. François II en prit possession au moyen d'un échange fondé sur l'hypothèque des moulins de Châtelaudren, les remit au nouveau baron d'Avaugour, et pour répondre à la demande faite par celui-ci, de rétablir la justice de Goëllo dans les anciennes coutumes, ordonna que les plaids généraux se tiendraient dans la seule ville de Lanvollon, chaque semaine et à jour fixe.

Les seigueurs d'Avaugour, après avoir cherché à reconstituer l'intégralité du territoire de la seigneurie de Plouagat, en détachèrent sans doute à leur tour différentes terres ; au XVIème siècle, nous relevons effectivement plusieurs titulaires de Plouagat. René de Tournemine, seigneur de la Guerche, avait épousé Françoise Hingant « héritière de Plouagat » ; en 1540 il rentre en possession de cet héritage qui avait été saisi, et quelques années plus tard abandonne ce même bien à Jean de Bretagne, duc d'Etampes et comte de Penthièvre « seigneur de la terre et du fief de Plouagat ».

Quant aux Boterel, nous sommes fixés sur leur possession de Plouagat par deux aveux fournis au roi. Le premier, du 16 novembre 1572, est sommaire comme tous les aveux de cette époque, et n'indique malheureusement pas l'origine. Cependant nous supposons que cet héritage venait aux Boterel des Tournemine. Jeanne Boterel, agissant pour les droits de rachat et au nom de son fils François, déclare que « la seigneurie possède haute, moyenne et basse justice, tous ses hommes sont sujets à cour, et destraignables à porter leur bled moulde au moulin de ladite juridiction, nommé le Moulin-Neuf ; le debvoir de moulte, s'étendant à plusieurs villages de Plouagat ». Le moulin dont il est question est affermé quatre rayes de froment. L'autre aveu, de 1614, nous donne quelques détails complémentaires. Il énonce ce qui suit : « Terres, rentes, chefrentes, mangers, moulins avec distraits, suite de moulte sur les hommes estagers, prééminences et tous droits de supériorité en l'église de Plouagat et autres chapelles de la paroisse, juridiction haute, basse et moyenne, avec sénéchal, lieutenant, procureurs, greffiers ». Les rentes dues, soit en argent, soit en nature, s'élèvent pour les censives à 33 boisseaux froment et 18 sous 18 deniers, et pour les convenantières à 16 boisseaux et 18 deniers. Les chef-rentes montent à 22 boisseaux froment. Il faut ajouter à ce qui précède, la tierce partie de la dîme de Trégonnan en Plélo, soit : trois rayes de froment.

Philippe Boterel, qui rendait cet aveu, céda par contrat d'échange, du 18 août 1658, tous ses droits sur Plouagat à Louis de Bretagne, baron d'Avaugour lequel, en retour, devait lui donner des héritages nobles de valeur égale dans la dîmerie de Botendiec, paroisse de Plouagat [Note : Bien que les prééminences d'église soient abandonnées avec la seigneurie, le baron d'Avaugour accorde que les armes du seigneur de la Villegeffroy, qui se voient en la maîtresse vitre de l'église de Plouagat et en la chapelle Saint-Gilles proche Châtelaudren restent intactes. Philippe Boterel est maintenu en possession des tombes, du banc et escabeau, se trouvant dans la chapelle Sainte-Marguerite de N.-D. du Tertre]. Mais si l'on ajoute foi à une note postérieure, inscrite sur le même acte, Louis de Bretagne n'aurait pas acquitté entièrement ses obligations vis-à-vis du seigneur de la Villegeffroy, et celui-ci aurait conservé le moulin de Kerbarbo et quelques rentes.

Kerprat et La Villegeffroy formaient le principal apanage des Boterel. La première de ces terres, située en Plélo, sous la mouvance de la Roche-Suhart et sans rachat, était une seigneurie avec manoir, chapelle (à St-Quay), métairies, moulins et convenants. Possédée en 1471 par Geffroy Henry et Jeanne de Quelen, elle resta dans la famille Henry jusqu'en 1561, date à laquelle François Toupin, sr du Grand-Pré, la recueillit en héritage. Celui-ci eut une fille Jeanne, qui apporta Kerprat aux Botrel. Nous y reviendrons plus loin [Note : Les rentes annuelles de la seigneurie s'élèvent en 1602 à 394 boisseaux de froment et 2 justes de seigle].

La Villegeffroy apparaît aux mains des Boterel aussi loin que nous pouvons remonter dans leur généalogie, mais la possession en fut maintes fois troublée. L'ouverture de la succession de François Botrel (décédé en 1597) donna lieu à un procès qui dura même après le décès de l'héritier naturel. Deux saisies consécutives de la Villegeffroy furent prononcées à la requête de la famille Damar, qui prétendait à une hypothèque de 10.000 livres. A la suite de la seconde saisie, (19 août 1612), la seigneurie fut mise en adjudication et louée tour à tour par Tanguy de Trenon, sieur de Quistillic, Henry Botrel, sieur de Kerbigodo, Thomas Coullomb, .... de Kermolo, sieur de la Touche ; la location qui varie entre 900 et 1160 livres, donne une idée de l'importance de la terre qui, à cette époque, outre le manoir et sa retenue, comportait deux métairies et un moulin. Françoise du Halgouet, dame douairière de la Villegeffroy, veuve de Toussaint Boterel, qui habitait le manoir, protesta énergiquement contre cette main-mise. Il y eut opposition de sa part ; soutenue par le tuteur de ses enfants et les autres parents, elle obtint le 14 juin 1616 un arrêt du Parlement, annulant les jugements antérieurs.

Pendant plusieurs générations, les Boterel moururent jeunes, laissant des mineurs aux soins de tuteurs, qui ne firent pas toujours preuve de scrupuleuse exactitude dans l'acquit de leurs fonctions. La gestion eut à souffrir de ces changements de direction, et des désordres s'ensuivirent. Toussaint Boterel resté orphelin de bonne heure, eut trois tuteurs ; de même son fils Philippe. La famille de Kerlean fut accusée de prévarications, des titres de propriétés disparurent, il en résulta encore un procès.

Les comptes de tutelle nous fournissent de nombreux renseignements sur la propriété, ils nous serviront à établir un tableau comparatif des valeurs locatives.

En 1668, Marguerite Visdelou, tutrice de sa petite-fille Julienne-Sainte Boterel, bailla la Villegeffroy à Jeanne Boterel pour quatre ans, et moyennant 1.000 livres, à charge d'acquitter les dîmes, prémices, chef-rentes, réparations locatives, et fondations. La métairie de la Porte ou de la Villegeffroy est alors affermée 180 livres, 7 rayes de mouture, 14 rayes d'avoine, 7 rayes de blé noir ; plus la moitié des vaches et des chevaux, le moulin de là Villegeffroy .... 400 livres, la métairie de Mourvel ..... 150 l.

Un inventaire estimatif de 1680 nous donne les chiffres suivants : le manoir et bâtiments annexes, estimés à un revenu de .... 100 livres ; la retenue et la métairie de la Porte (charges déduites et sans le rapport des bois) ....... 627 l. ; la métairie de Mourvel (charges déduites et sans le rapport des bois) ...... 197 l. ; le moulin .......... 315 l. [Note : A cette époque l'on compte comme faisant partie de la Villegeffroy : le lieu noble de la Villegerfault, proche le bourg de Plélo, estimé 349 livres. Les rentes de la seigneurie montent à 2,738 livres (y compris celles du lieu noble du Rosic en Pordic). Ce qui donne pour le tout une évaluation de 4,326 livres de revenus].

Le livre des recettes de Jacques Corbel, fermier de la seigneurie, et différents baux, nous apprennent qu'à la fin du XVIIème siècle et au commencement du XVIIIème, la retenue et la métairie de la Porte sont affermées 750 l. + 150 de commissions ; la métairie de Mourvel ...... 200 l. ; le moulin ...... 375 l. + 30 de commissions.

De 1760, nous possédons un nouvel inventaire qui donne les chiffres suivants : le manoir, l'ancienne retenue et la métairie ....... 1.038 livres ; la métairie de Mourvel ..... 350 l. ; le moulin ....... 400 l.

Il ne semble pas que Hyacinthe de Saint-Pern, mari de Julienne-Sainte Boterel, dernière du nom, ait habité la Villegeffroy ; il possédait lui-même une belle et riche propriété, le Ligouyer en Guitté (évêché de Saint-Malo), où le souvenir de sa race l'appela. Le manoir, s'il faut en croire les déclarations du XVIIIème sièle, était abandonné depuis longtemps, « les chambres ne peuvent servir que pour domestiques » dit l'une d'elles, et à l'occasion d'un partage en 1780, les bâtiments (sans autre mention) sont estimés comme « matériaux » rendus sur les lieux.

A Kerprat, la décadence avait été plus rapide. La maison principale à cette époque est en ruines, et bientôt la demeure seigneuriale ne se distinguera plus que par le portail qui, soutenant l'écusson des anciens maîtres, donnera accès à la seule « métairie noble ».

En même temps que les seigneurs quittaient la demeure, la gestion du domaine de la Villegeffroy et Kerprat, fut confiée à des fermiers généraux. Jacques Corbel, que nous avons déjà cité, avait été institué fermier en 1696, par Hilarion de Forsanz, tuteur des enfants mineurs de Hyacinthe de Saint-Pern. A partir de 1736, se succédèrent dans cette fonction, Maurice Querangal, sieur de La Ville-Hery, Le Normant de Kergrist et Thierry de Kergus [Note : Ce dernier habitait le château de Bocozel, paroisse du Haut-Corlay].

Si nous avons intentionnellement réuni Kerprat à la Villegeffroy, comme faisant partie du même domaine, c'est qu'en effet ces deux terres sont liées dans une administration commune et ne font pour ainsi dire qu'une seigneurie.

Pour bien connaître l'importance de la Villegeffroy et de Kerprat, les charges et les juridictions seigneuriales auxquelles sont soumis les tenanciers et domainiers, nous produisons un aveu se rapportant à ces terres, rendu en 1745 au duc d'Aiguillon (Emmanuel-Armand du Plessis Richelieu), mari et procureur de Félicité de Brehan, dame de Plélo et de Treisseigneaux.

Il est intéressant de se rendre compte en détail des redevances. Les dîmes, souvent partagées entre laïcs et ecclésiastiques, bien qu'elles fussent en principe le tribut payé à l'église, n'étaient point, avec les prémices et les novales, les seules ressources du clergé ; les desservants des paroisses en appelaient à leurs ouailles pour l'entretien du culte. Ces subventions ne figurent pas dans les déclarations, mais elles existent effectivement sous une forme ou sous une autre. Le recteur de Plélo, par exemple, nous le savons par ailleurs, prélevait le droit de cierge pascal, de chandelles et de pain d'autel.

Outre les rentes de toute nature, les corvées, les chefrentes, les banalités [Note :  La banalité du moulin représente une redevance puisque les sujets doivent le seizième du grain moulu], qui constituaient les redevances réelles, les charges seigneuriales comprenaient encore le rachat, les lods et ventes, les aveux et réformations des rôles, les droits de justice. Toutes ces charges, il est vrai, ne se surajoutaient pas les unes aux autres ; ainsi, là où se levaient les prémices, il n'y avait point de dîme, et des exemptions totales, se rencontraient parfois, cependant, dans leur ensemble, elles pesaient lourdement sur la propriété terrienne et les classes rurales.

Dans un convenant de Kerprat (les Fontaines) où les rentes sont fournies en argent et nature (froment, seigle, avoine), certaines terres sont tenues à la 12ème gerbe, d'autres à la 18ème, d'autres encore sont quittes, et ces dîmes sont partagées par trois seigneurs, deux religieux et un laïc ; les chef-rentes vont à six seigneurs différents. Il existe des tenues qui donnent l'idée d'une vaste mosaïque dont les pièces seraient distinguées par la nature des charges dont elles sont grevées. Parmi ces redevances il y a des boisseaux de mouture, des boisseaux de grains, des chapons, des demi-chapons, des poulets, des corvées en hommes ou en chevaux, des chef-rentes ordinaires, des chefs-rentes solidaires, des portions de chef-rentes, des gants de chef-rentes et naturellement toutes les tracasseries qu'entraîne cette perception aussi difficile que compliquée, voire même les procès qui abondent. Pas plus du reste d'unité dans les mesures, qu'il n'y a d'égalité dans les charges. A Plélo, à côté de la mesure locale, se trouve celle de Goëllo et de Saint-Brieuc ; les unes sont racles, les autres foulées, d'autres foulées et comblées.

En lisant l'aveu qui suit, l'on est surpris autant par la multiplicité des divisions territoriales, fiscales et judiciaires, que par la variété des redevances et le grand nombre des seigneurs qui prennent part à la perception des dîmes. Dans cette seule déclaration qui ne comporte des terres que dans une paroisse (sans tenir compte d'une tenue enTresseigneaux), nous trouvons la mention de seize fiefs. Ce n'est pas là un cas particulier, mais un fait général, du moins pour la région du Goëllo que nous avons étudiée. La dispersion des droits, qui amenait une véritable confusion dans l'état de la propriété foncière, justifie cette parole d'un officier civil du voisinage en 1767, le subdélégué de Guingamp : « Plus j'avance dans la carrière, dit-il, plus je pense qu'il serait de la bonté du roy de supprimer cette fourmillière de juridictions de village qui détournent les laboureurs de l'agriculture, et ruinent cette portion de citoyens si précieux à l'État » [Note : Les Justices seigneuriales, par André Giffard, p. 206. Le même auteur cite les doléances (1789), d'un cahier qui pourrait être celui de Plélo, comme de tant d'autres paroisses : « Les terres sont extrêmement divisées, le peuple peu instruit, de sorte que le plus souvent il ne connaît pas les rentes qu'il doit, pourquoi il les doit, sur quel terrain elles sont assises, ni quelle est sa quotité personnelle »].

En avançant vers la fin du XVIIIème siècle, les seigneurs estimèrent qu'il y avait des progrès à réaliser et des simplifications à apporter dans l'administration de leurs domaines. Ils cherchèrent de plus en plus à unifier ces charges, en les transformant en argent ; le nombre des fiefs fut souvent diminué par des unions et la situation s'améliora légèrement, mais les réformes principales ne pouvaient être provoquées que par le changement d'un régime qui faisait obstacle à tous les modifications que cherchait à introduire l'autorité royale. Le Parlement se distingua honorablement par son attachement aux immunités de la Bretagne, mais sa défense fût empreinte d'un caractère trop personnel.

« Aveu du seigneur de la Villegeffroy, pour ses biens qui relèvent du comté de Plélo et de la chatellenie de Tresseigneaux-1745 ».

EN PLÉLO :

Le Château de la Villegeffroy avec ses dépendances et
appartenances, étangs, bois, jardins, prés.
— Le grand pré, chargé de dîme 12ème gerbe, dont 2/3 pour les seigneurs de Plélo et 1/3 pour l'abbaye de Beauport.

La Métairie noble de la Villegeffroy. — Les terres sont chargées de dîme, soit à la 12ème gerbe, soit à la 36ème ; une pièce doit les 2/3 au comte de Plélo, l'autre tiers à Beauport. Quelques-unes sont chargées de chef-rentes au fief de Villerio-Villedaniel, membre de Plélo.

La Métairie noble de Mourvel. — Dîme à la 12ème et sans autres charges.

Le Moulin de La Villegeffroy sur le Lef. — Un grand nombre de sujets, hors même des vassaux immédiats de la Villegeffroy, sont tenus de moudre à ce moulin ; ce sont, semble-t-il, les tenanciers qui ont été détachés de la seigneurie par désignation de partage, à savoir, ceux de la métairie noble de la Villeguerfaut avec les convenants à étages sous la banlieue, acquis avec la métairie par M. le Comte de Quelen, « ladite métairie et convenants dépendant en désignation de partage à la seigneurie de la Villegeffroy pour la suite du moulin » ; ceux des convenants à étages donnés en désignation de partage avec le château de la Villechevalier et qui sont dans sa banlieue ; des convenants à étages donnés en désignation de partage à Anne Boterel, dame du Precrehant, à présent appartenant au président de Cucé ; des convenants à étages donnés en désignation de partage à Claude Boterel, dame de Kerborn, appartenant à présent à Monsieur des Forges ; également ceux échus à feu M. le baron de Beaulieu et autres cadets de ladite désignation, transportés à Pierre le Huré.

Le Convenant Desmry et Costard, qui doit 14 boisseaux froment, mesure Goëllo racle, 2 chapons, corvées, dîme à la 12ème pour trois parcelles, portion de chef-rente solidaire au fief de Villerio-Villedaniel.

Le Convenant Prual. — 8 b. fr., corvées, dîme pour parcelle.

Le Convenant de Plélo. — 41 livres, corvées, dîme pour trois pièces, portion de chef-rente au fief de Villerio-Villedaniel.

Le Convenant des Pruaux. — 18 b. fr., 1 chapon, dîme pour deux pièces.

Le Convenant Légal. — 16 b. fr., corvées, dîme pour trois pièces, chef-rentes à la Villerio.

Le Convenant Paradis. — 23 livres, corvées, chef-rentes à la Villerio.

Le Convenant Mausec. — 10 b. fr., 3 chapons, corvées, chef-rente solidaire à la Villerio.

Le Convenant Corbel. — 6 b. fr.

Autre Convenant Corbel. — 5 b. fr., 5 b. seigle, corvées.

Le Convenant de la Ville-au-Roux (Courtil). — 2 chapons.

Le Convenant de la Ville-Hue. — 6 sous, 2 corvées d'homme dîme pour trois pièces.

Le convenant de la Ville-Even. — 13 b. fr. 1/2, 3 chapons, plus une part de redevances à Louise Botrel dame Duchesne Ferron.

Le convenant de la Ville-Ruellan (maison). — 2 b. fr.

Tous les courtils de ces métairies et convenants sont exempts de dîme, mais chargés de prémices rectoriales et de chef-rentes. Les convenants sont tenus à la suite du moulin de la Villegeffroy, ainsi que cinq maisons du bourg de Plélo appartenant au seigneur de La Villegeffroy, plus quinze maisons du village de la Ville-Edonnet, et une de Plélo appartenant à M. de Quelen. Les convenants et tenues qui suivent doivent rentes à la Villegeffroy.

Convenant à Châtelaudren. — 12 livres, dîme à la 12ème, mesure de Plélo.

Convenant près la Ville-Urvoy. — 48 1. ; dîme, 2/3 à Plélo, 1/3 à Beauport ; chef-rente pour 2 pièces au fief de Béguin, membre de Plélo.

Convenant près le bois Saint-Bihy. — 50 sous, dîme.

Convenant près la Ville-Eudonnet. - 16 livres, 10 s., dîme, chef-rente solidaire au fief de Dalan.

Convenant près la Ville-Héry. — 30 livres, dîme, chefrente solidaire au fief de Breluet.

Convenant près Bachelet. — 10 b. fr., corvée, dîme pour 2 pièces.

Convenant près Verant. — 13 b. fr., 2 poulets, dîme, portion chef-rente au fief du Verant.

Convenant près Lifiac. — 3 b. fr., 2 poulets, dîme.

Convenant des Fontaines-au-Boisbillou. — 8 livres, dîme.

Convenant au Pré-Normant. — 9 livres, dîme.

Convenant à la Ville-Quinio. — 8 livres, 15 s., dîme.

Convenant à la Ville-Quinio. — 5 livres, 2 poulets, dîme.

Convenant près La Croix-Raoul. — 2 b. fr., dîme, chef-rente au fief de la Ville-Aumant.

Tenue à Cens, près la Métairie la Chapelle. — I b. fr.

Tenue près la Villegeffroy. — 31 sous.

Tenue près la Ville-Nord. — 1 b. fr., dîme.

Tenue près Rosmaing. — 4 b. fr., dîme.

Tenue près des Brousses. — 1 b. fr., dîme.

Tenue près Saint-Goveur. — 2 chapons, dîme.

Tenue au Bois-Mainguy (maison). — 6 livres.

Le Manoir noble de Kerprat, en ruines, avec ses dépendances.

La Métairie de Kerprat qui doit la dîme au fief de Trégonnan, soit à la 12ème, soit à la 18ème gerbe [Note : La métairie de la Porte de Kerprat subsista jusqu'à la fin du XVIIIème siècle, mais, comme on peut s'en rendre compte, les métairies dites des Fontaines et des Longarand ont été « acconvenaucées » (Convenants des Fontaines, de Lanigo, et de Saint-Quay)].

Le grand Convenant noble des Fontaines de Kerprat, au village des Fontaines, doit 84 b. seigle, 25 b. froment, 90 b. avoine, mesures de Saint-Brieuc, 84 livres argent, corvées, dîmes soit à la 12ème, soit à la 18ème, dues pour 1/3 au seigneur de Kerprat, 1/3 au religieux de Beauport, 1/3 à l'abbé de la Trinité près de Guingamp (certaines pièces quittes de dîme), chef-rentes à l'un des fiefs suivants, Kerguegan (seigneurie de Plelo), la Ville Cohue (seigneurie de Plelo), Kervinio, de Béguin, la Ville Auman, le Bois Ruault.

Autre Convenant aux Fontaines (divisé en deux). — 28 livres, 28 b. mouture de froment et seigle, 30 b. avoine, corvées, dîme à la 12ème due en partie à la seigneurie de Plélo excepté pour une pièce qui doit par tiers la dîme à Kerprat, Beauport et la Trinité, chef-rentes solidaires au fief de Béguin ou de la Ville-Aumant. 39 livres, 44 boisseaux de mouture froment et seigle, 44 b. avoine, mesure « foulée et recomblée », corvées, dîme au cours de Plelo ou de Tregonnan, chef-rentes solidaires (pour certaines pièces seulement), aux mêmes fiefs.

Autre Convenant aux Fontaines. — 19 livres, 3 b. fr., mesure Goëllo, 2 chapons, 2 corvées d'homme, dîme au cours du bourg de Plélo, une novale, chef-rente solidaire aux mêmes fiefs.

Convenant à la Ville-Ruellan. — 16 b. fr., 2 corvées d'homme, certaines pièces seulement chargées de dîme au cours du bourg de Plélo, chef-rente solidaire au fief de Ville-Aumant.

Convenant aux Fontaines. — 2b. fr., dîme au cours de Plélo, chef-rente solidaire à Querboureu, dépendant de Kerdaniel Rossemar.

Convenant de Lanigot. — 250 livres, corvées, dîme à la 12ème au cours de Tregonnan, chef-rentes à Plélo en les tenues solidaires du Dallan, de la Lande Cor, du Béguin ou de Kerguégan.

Convenant de Saint-Quay. — 88 livres, 4 b. fr., corvées, dîme à la 12ème au cours de Tregonnan, chef-rentes à Plélo en les tenues de Saint-Quay, du Dallan, de la Villegarre, ou la Villeguégan. Une pièce doit la dîme par tiers à Kerprat, Beauport et la Trinité.

La métairie de Kerprat et les convenants ci-dessus (métairies acconvenancées) ont des courtils exempts de dîmes, mais chargés de prémices rectoriales et de chef-rentes. Ils sont tenus à la suite du moulin de Goëllo.

Le Moulin de Goëllo, autrement le moulin du Seigneur, au village de Saint-Quay, ancien moulin de la seigneurie de Plélo, situé sur le Lef. — Il relève du domaine du roi sous Saint-Brieuc et tous les vassaux nobles ou roturiers, « tant detreignables dudit Moulin, que celui ancien de Kerprat, qui s'appelait Querouzen et ceux qui étaient autrefois detraignables de celui de la Villegeffroy » relèvent de la juridiction de Plélo.

Les droits du moulin s'étendent, au dehors du domaine de Kerprat et la Villegeffroy, au manoir noble de Beauchamp et à tout ce qui en dépend (métairies nobles de la Porte, de Querdrehen, de la Villegarre, de la Ville Urvoy), et à la métairie noble de Beaucours, démembrée de Beauchamp ; aux manoir et métairie nobles de la Villecohue ; aux lieu et métairie nobles de la Saudraye, à environ soixante-dix maisons et convenants situés aux villages de Saint-Quay, de la Villegarre, Lanigot, les Fontaines, la Villeruellan. Les convenants suivants dépendant de Kerprat sont encore tenus à la suite.

Convenant près le Moulin. — 15 livres.

Autre convenant près le Moulin. — 10 livres.

Convenant de Kerjoui à la Villegarre. — 7- b. fr., 2 poulets, corvées, plus 3 b. fr. au sgr de Précréhant, dîme à la 12ème, cours de Trégonnan.

Convenant Le Breton, à Saint-Quay. — 24 livres, 6 b. fr., 1/2 chapon, 1 corvée d'homme, dirne cours Tregonnan, chefrente à Plélo en la tenue de Kerinio.

Convenant Cavallan, à Saint-Quay. — 11 b. fr., mesure Goëllo, et sur mesure St-Brieuc, 1/2 chapon, dîme à la 12ème cours Trégonnan.

Convenant près la chapelle de Boutteville. — 2 b. fr., dîme 12ème à la seigneurie de Plélo.

Convenant près la Ville-Urvoy. — 3 livres, même dîme, chef-rente au fief de Kerbouren dépendant de Kerdaniel-Rosemar.

Convenant à la Villegarre. — 4 livres 10 s., 2 poulets, dîme au cours de Trégonnan.

Trois convenants à Saint-Quay. — 13 b. fr., 2 chapons, 6 poulets, corvées, dîme au cours de Trégonnan, chef-rente à Plélo en la tenue de Querviniou.

Une tenue à la Villegarre. — 1 b. fr., dîme.

Les courtes de ces convenants sont soumis aux mêmes charges que les précédents.

La dîme de Tregonnan, qui a cours en la dîmerie du même nom, autrefois dépendant de la seigneurie de Plélo. Elle relève du roi sous Saint-Brieuc, les sujets qui y sont soumis, tant nobles que roturiers, relèvent de Plélo. Elle se perçoit pour 1/3 par les seigneurs de Kerprat, 1/3 par l'abbé de la Trinité près de Guingamp (donation des anciens sgrs de Plélo), 1/3 par l'abbaye de Beauport.

Au village de Saint-Quay se trouve la chapelle de l'ancien manoir de Kerprat, elle, relève en supériorité de la seigneurie de Plélo. Les vitres et la porte principale sont ornées des armes des anciens seigneurs de Kerprat. Deux pièces de terre, au même village, ont été laissées très anciennement par les seigneurs de Kerprat au prêtre de Saint-Serant, pour fondation d'une messe par semaine, dans la chapelle du manoir de Beauvais, paroisse de Plourhan.

EN TRESSEIGNAUX :

Un convenant au village de Kerarzio. — 3 livres et. dîme à la 36ème.

En l'église de Plélo, la chapelle Sainte-Anne appartient aux seigneurs de la Villegeffroy. Entre le balustre du maître autel et ladite chapelle se trouvent le banc à accoudoirs et l'enfeu de la Villegeffroy.

En réalité, bien qu'en territoire de Plélo, Kerprat relevait de la Roche Suhart, et tous les moulins, suivant un principe établi, étaient sous la mouvance du roi.

Voici, maintenant, pour Kerprat et la Villegeffroy, le montant des recettes (inventaire de 1760) :
Redevances en argent ............. 4. 321 l. 15 s.
Redevances en froment, réduit à la mesure de Saint-Brieuc, 349 boisseaux à 2 l. 10 s. ......... 868 l.
Redevances en seigle, 205 boiss. à 1 l. 10s. ...... 307 l. 10 s.
Redevances en avoine, 164 boiss. à 18 s. ....... 147 l. 12 s.
Chapons, 16 .......... 12 l.
Poulets, 21, à 5 sols ............ 5 l. 05 s.
Corvées à bras, payables en argent .......... 3 l. 18 s.
Corvées de harnais, exigibles en argent......... 15 l.
Soit au total ............... 5.678 l. 60 s.

Il conviendrait, pour avoir le chiffre exact des revenus, de défalquer les charges de la seigneurie qui se divisent ainsi :

Au comte de Plélo, pour une partie des métairies de la Villegeffroy et de Kerprat, 5 boisseaux froment, mesure marchande de Goëllo, de chef-rentes solidaires, à 3 l. 13 s. 9 d. obole, soit ....... 18 l. 9 s.

A la Roche Suhart, 20 boisseaux froment, mesure Goëllo « rendibles sous trois lieues » ........... 73 l. 15 s. 10 d.

Au prêtre desservant les fondations de la Villegeffroy, 63 boisseaux froment, à 3 l. 03 s. 2 d. le boisseau, soit .... 199 l. 04 s. 9 d.

Aux dames religieuses de Nazareth (Vannes) 11 b. fr. à 3 l. 03 s. 3 d., soit.. 34 l. 15 s. 9 d.

TOTAL : ....... 326 l. 05 s. 4 d.

Remarquons cependant que les rentes, dues à la seigneurie de Plélo, appelées chef-rentes solidaires, sont payées par les fermiers en dehors du prix des fermages. Donnons à titre de renseignements le chiffre de certaines commissions en 1772.
Pour la métairie de la Villegeffroy ....... 500 livres.
Métairie de Mourvel ........... 300 livres.
Métairie de Kerprat ............ 300 livres.
Moulin de Goëllo .......... 600 livres.
Moulin de la Villegeffroy ......... 600 livres.

Vers la même époque, le vingtième se réglait comme il suit pour la paroisse seule de Plélo. Du reste nous précisons, car d'une, année sur l'autre la progression est sensible :
Année 1780 .......... 370 livres
Année 1781 ........... 380 livres.
Année 1782 ........... 410 livres.
Année 1783 ........... 508 livres.

Les Boterel de la Villegeffroy, du fait de leurs alliances, recueillirent d'autres seigneuries que celles qui précèdent. Jeanne Toupin, dame de Kerprat, que nous avons vue à propos de cette dernière seigneurie, hérita de Keranscouadec, Le Quenquisou, Lanrivault et Kerdrean. A part la dernière dont nous n'avons trouvé trace nulle part, les trois, autres terres étaient situées dans la paroisse de Plounévez-Quintin, comté de ce nom, et possédaient des droits dans plusieurs paroisses avoisinantes.

Keranscouadec ou plus communément Kerscouadec, avait un manoir qui fut habité par Toussaint Boterel, fils de Jeanne Toupin, bois, étang, moulins, dîmes et rentes. Un « dénombrement » de l'année 1602 nous apprend que les dîmes, au nombre de dix, sont aux paroisses de Plounévez-Quintin, Plouguernével, Sainte-Tréfine et Moëlou. Les rentes qui se lèvent en Plounévez-Quintin, Rostrenen, Plouguernével montent à 39 livres 10 sous 7 deniers, 17 poules, 5 corvées, 15 1/2 regnes d'avoine grosse, mesure de Rostrenen, 5 sommes d'avoine et 1 pecelle de seigle [Note : Les manoirs de Quenechquivilly et de Landren avec leurs appartenances, situés en Plounévez-Quintin relevaient de Kerscouadec. Kerscouadec passa comme la Villegeffroy aux Saint-Pern-Ligouyer].

Le Quenquisou comporte aussi manoir et un grand nombre de rentes à Saint-Evenan, Rostrenen, Botoha, Plounévez-Quintin, Plouguernével, Glomel. Ces rentes s'élèvent à 126 livres 27 sous 5 deniers, 44 poules, 5 chapons, 9 regnes d'avoine grosse, mesure de Rostrenen, 121 pecelles d'avoine grosse mesure de Quintin ou Rostrenen, 1 pecelle de seigle, 1 collenen avoine, 1 collenen seigle, 3 sommes d'avoine et 1 somme de seigle [Note : « Le manoir de Presran, paroisse de Plounévez avec ses dépendances et rôlle » fait partie du Quenquisou].

Lanrivault est un « lieu noble » sans importance, qui passa aux filles.

Toussaint Boterel, qui habita Kerscouadec, épousa Françoise du Halgouet, héritière des du Halgouet de Kerbeluen, établis en ce lieu, paroisse de Penvénan, près de Tréguier [Note : Françoise était fille de François du Halgouet et de Françoise Eaoul].

Kerbeluen ou Kerbelven consistait au XVIIème siècle en une maison noble avec logements divers, jardins, colombier, deux métairies, celle de la Porte et celle du Bout de la Rabine, un moulin, un convenant noble, dit le Cosqueriou, et six autres convenants aux fiefs de Coatclazran, Tronguindy, Kergresq et Keronen [Note : En 1622 les convenants de Kerbeluen représentaient un revenu de 187 livres 15 sous]. Cette seigneurie fut affermée avec la Villegeffroy pendant la minorité de Julienne-Sainte Boterel, arrière petite-fille de Françoise du Halgouet ; nous ignorons en quelles mains elle passa dans la suite.

Philippe Boterel, dont nous avons déjà parlé, avait laissé de son mariage avec Marguerite Visdelou, cinq fils, et la lignée des seigneurs de la Villegeffroy ne semblait pas à la veille de s'éteindre. Cependant, l'aîné seul, nommé Claude, eut une postérité ; encore, ce ne fut qu'une fille. Les puînés prirent l'état ecclésiastique ou moururent sans alliance.

La moindre des préoccupations de Marguerite Visdelou qui, devenue veuve, avait assumé la tutelle de ses enfants, ne fut certes pas l'insubordination de René, le cadet. Celui-ci s'étaut fait recevoir du Chapitre de Saint-Brieuc, jeta de bonne heure le froc aux orties. Il résigna le bénéfice de son canonicat, se ménageant toutefois une pension de 500 livres ; mais cette pension ne suffit guère à ses dépenses, comme l'attestent les poursuites des créanciers, auxquels sa mère tient tête avec difficulté, car il faut dire à la décharge de René qu'il était encore mineur.

Devenu intolérable à Saint-Brieuc, on lui donna un homme, un cheval et des provisions pour se rendre au collège de La Flèche. Quelle rencontre fit-il à Vitré ? Toujours est-il, qu'au passage dans cette ville, il vendit tout son équipage, ses bottes, son manteau et qu'il abandonna là ses « habits d'église ».

Après la mort de Hyacinthe de Saint-Pern et de Julienne-Sainte Boterel, la Villegeffroy avec ses dépendances fut recueillie par Pierre-Mathurin-Bertrand, second des fils. Les deux filles de celui-ci, Françoise-Gilette-Emilie, épouse de René-Jean Bonin de La Villebouquais, conseiller au Parlement et Jeanne-Marie, épouse de Jean-Claude du Plessis de Grenédan, conseiller également, conservèrent cette terre indivise depuis le décès de leurs père et mère, jusqu'au 30 août 1780, époque à laquelle elles firent leurs partages. Madame de La Villebouquais eut la Villegeffroy, plus les fiefs de la Villechevalier, Kerouzou ; madame du Plessis de Grenédan reçut Kerprat et le fief du Pelen joints à d'autres terres.

La Villegeffroy échut ensuite à Bonaventure Esprit-Bonin, capitaine au régiment de Penthièvre [Note : 3 décembre 1788. Partage des successions de René Jean Bonin (décédé le 11 févirer 1769) et d'Emilie de Saint-Pern (décédée le 26 mai 1787)] ; mais comme il avait émigré, la République réclama le partage de ses biens avec Bertrand, son aîné. La vieille seigneurie des Boterel fut sauvée pour la famille Bonin ; mais le 31 juillet 1812, survint un nouvel accord relativement aux successions de René-Jean Bonin et d'Emilie de Saint-Pern. Cette fois, la Villegeffroy tomba dans la lotie de mesdames Jocet du Quengo et Bernard de la Gatinais, nées Aimée-Gilette et Scholastique Bonin, toutes deux filles de l'ancien conseiller au Parlement.

Vte H. du Halgouet.

© Copyright - Tous droits réservés.