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YVIGNAC ET LA REVOLUTION.

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Etat de la Châtellenie d'Yvignac à la veille de la Révolution.

Un minu rendu le 25 décembre 1777, par M. de Boishue, au nom de la comtesse son épouse, énumère quelques-unes de leurs propriétés en Yvignac. C'était la terre, chatellenie et seigneurie de ce nom relevant du grand bailliage d'Yvignac. Ce dernier avait été acquis le 15 novembre 1770, par le comte et la comtesse de Bruc. D'après l'acte qui nous occupe, la terre d'Yvignac est dite relever prochement et noblement du domaine du Roi. Au point de vue judiciaire, elle dépendait de la Sénéchaussée de Rennes, sous la surveillance de laquelle elle exerçait de toute ancienneté le droit de haute justice.

Le domaine direct de la Seigneurie comprenait : Le château, jardins, cour, avant-cour, fossés, colombier, avenues et bois de décoration, taillis, prairies, étangs et retenue d'eau, terres arables et non arables, landes et gallois. D'Yvignac relevaient aussi le moulin à eau de Treslé, des dîmes en Yvignac et en Caulnes et les métairies nobles de Launay, de la Garennes et du Manoir.

Enfin plusieurs fiefs et bailliages [Note : On appelait bailliage, les diverses circonscriptions en lesquelles on partageait les tenues d'une seigneurie pour la perception des impôts], en dépendaient encore, c'étaient :
Le bailliage au froment.
Le bailliage du Bois-Robert.
Le bailliage à l'argent.
Le bailliage du Bois-de-la-Rivière
Le bailliage de la Bouëre.
Le bailliage du Bourg.
Le bailliage de Carvaguen.
Le bailliage de la Cheize.
Le bailliage de la Faverie.
Le bailliage de Gueland.
Le bailliage d'Inverville, en Langadias.
Le bailliage d'Inverville, en Trédias.
Les rentes d'aportage.

La terre et seigneurie de Caver faisait partie à cette époque des propriétés des Seigneurs d'Yvignac, elle comprenait alors la métairie et bailliage de ce nom et le bailliage de la Hunelaye. (Archives de la Cour des Comptes, B. 2.183).

Les Seigneurs d'Yvignac et la Révolution.

Avant la Révolution, les propriétés de M. de Boishue s'étendaient bien ailleurs qu'à Yvignac. La nuit du 4 août 1789 dépouilla la famille de Bois-Hue de beaucoup de rentes, mais dit l'abbé Lesage, les révolutionnaires avancés trouvèrent qu'elle possédait encore trop de fortune. Aussi, malgré tout le bien qu'elle faisait à Yvignac et dans les environs [Note : Dans le premier bureau de l'Hôtel des Demoiselles fondé à Rennes, en 1780 par l'abbé de Kergu, en faveur des jeunes filles nobles sans fortune, nous retrouvons le nom de la chatelaine d'Yvignac, Madame de Boishue (Guillotin de Corson)], les fauteurs de désordres et les pécheurs en eau trouble, ameutèrent contre elle toutes les campagnes, de Dinan jusqu'à Broons. M. de Bois-Hue ayant eu connaissance de ce qui se tramait contre lui, demanda de la troupe au district de Lamballe pour garder son château.

Voici la relation officielle de cette affaire, telle qu'elle est rapportée dans l'ouvrage de M. de Geslin : « La Révolution en Bretagne », qui l'a copiée sur une pièce déposée aux Archives des Côtes du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor).

L'an 1791, ce jour, 24 janvier, nous François Davigneau, capitaine-commandant l'escadron de Conti, actuellement en garnison à Lamballe, rapportons que sur le réquisitoire par écrit, à nous fait à minuit de ce jour, par le district de Lamballe de faire partir sans aucun retard, 40 de nos hommes, avec nombre d'officiers suffisants pour se rendre en la ville de Broons, où ils recevraient de MM. les Administrateurs de ce district, des instructions ultérieures, nous en avons aussitôt donné l'ordre, en conséquence duquel, nous, commandant, avons monté à cheval à la tête de nos 40 dragons, d'un maréchal des logis et de trois brigadiers y compris. Nous avons fait route vers Broons ; y étant arrivés, nous avons fait halte pour rafraîchir notre troupe et nos chevaux. Pendant ce temps, nous commandant, sommes allés prendre les pouvoirs de la municipalité à laquelle s'était réuni le directoire du district ; ils nous ont donné un réquisitoire par écrit, de nous transporter avec nos quarante dragons, au château d'Yvignac et aux environs, à l'effet de disperser les attroupements qui s'y formaient et de rétablir la paix et la tranquillité. Munis de ces pouvoirs, nous sommes arrivés au château d'Yvignac vers les 9 heures et demie du matin. Rendu à l'entrée du château, nous commandant, nous étant fait connaître, les ponts-levis ont été abaissés. Lors, ayant fait entrer notre troupe dans la cour, nous l'avons rangée en bataille, à droite du château. Aussitôt, nous nous étant présenté à M. de Bois-Hue, propriétaire de ce lieu, pour qu'il nous en fit connaître l'état de force et de défense ; après avoir reçu de lui toutes les instructions nécessaires, nous avons fait mettre pied à terre à 25 de nos dragons. Ensuite nous commandant, nous avons marché à la tête de 15 de nos hommes restant à cheval et nous nous sommes portés vers le bourg d'Yvignac, lieu d'où l'on entendait depuis longtemps le tocsin et la générale.

A l'entrée du bourg, nous avons aperçu différents pelotons, en partie armés, tant dans ce lieu que dans les plaines voisines. Pour les dissiper, nous commandant, nous avons divisé nos hommes par quatre, avec ordre de courir vers eux, ce qu'ils ont fait..... Ne voulant user de rigueur qu'à la dernière extrémité, ce n'est qu'après avoir essuyé deux décharges que nous avons commandé le feu. Il est tombé trois hommes sur place, plusieurs ont été blessés et on a fait six prisonniers armés de fusils avec baïonnettes. Au nombre de ces gens, il s'est trouvé un tambour avec sa caisse. Parmi cette troupe composée de six cents hommes, nous en avons remarqué plusieurs en habit national, auxquels les autres paraissaient obéir. Notre décharge les a pour le moment mis en fuite. Lors, nous nous sommes ralliés au nombre de six, pour aller investir l'église, qui paraissait être le lieu de leur retraite. Après avoir escaladé le cimetière et essayé de couper les cordes des cloches qui continuaient de sonner, nous avons dispersé à coups de plats de sabre, une trentaine de ces hommes qui s'y étaient réfugiés. Pendant ce temps, les autres dragons gardaient les prisonniers dans une plaine voisine. Les dragons auxquels nous avions donné des postes dans la cour du château, inquiets des coups de fusils qu'ils entendaient, ont voulu par zèle, nous porter secours. Mais ne connaissant pas les détours, ils ont pris un chemin opposé, et rencontrant divers pelotons qui s'étaient encore ralliés, ils ont couru sur eux avec leurs chevaux et ne voulant point tirer, ils ont ramené au château deux prisonniers. Le maréchal des logis, qui les commandait rentrait avec plusieurs de ses dragons, mais quelques autres étaient restés en arrière par diverses chutes. Nous, commandant, pour le ralliement général, avons sonné la trompette. L'appel fait, nous avons fait lever le pont levis, et, nous nous sommes disposés à une défense d'autant plus nécessaire, que l'armée de ces forcenés, ralliée de son côté, s'est présentée aux portes du château, au nombre de sept ou huit cents, presque en même temps que nous. Le chef de ces gens, décoré, d'une médaille attachée d'un ruban national, s'est présenté et a demandé à parler au commandant : nous avons paru aussitôt et lui ayant demandé ce qu'il voulait, il a déclaré avoir un ordre du district de Dinan, pour exiger la remise des papiers et des titres [Note : Les paysans attachaient alors une haute importance à la remise des titres seigneuriaux. Nombreux les auto-da-fés de parchemins qui furent accomplis à cette époque par le peuple des campagnes] de M. de Bois-Hue. Nous lui avons demandé la représentation de cet ordre prétendu, et il a dit qu'il allait nous le faire remettre par l'un de ses capitaines. Nous commandant, restant toujours sur le parapet en face de cette armée, nous avons attendu pendant une demi heure que cet homme revint nous donner sa réponse. Nous l'avons vu parcourir la ligne de sa troupe qui était rangée en bataille, Enfin pour toute réponse, il est venu nous dire que ce n'était plus la volonté du district, mais bien la volonté générale de la populace de la nation. Tels ont ont été les termes dont il s'est servi. Nous commandant, après lui avoir répondu à lui et à sa troupe pendant plus de deux heures, que les excès auxquels ils se livraient, étaient absolument contraires aux décrets de l'Assemblée nationale, sanctionnés par le Roi ; ils nous ont répondu qu'ils s'en moquaient et qu'ils périraient plutôt que de ne pas avoir ce qu'ils demandaient. Tel a été le cri général. L'un de ceux qui avaient revêtu l'uniforme national a fait, en son nom et en celui de sa troupe, la demande du relâchement des prisonniers. Nous commandant, nous nous sommes refusé à sa demande ; aussitôt nous est venue une décharge générale dont l'un de nos dragons a eu le casque percé et a été blessé à la tête. Plusieurs d'entre eux se sont jetés en même temps dans la douve comme des enragés pour forcer l'entrée. Nous commandant, nous nous sommes vu obligé d'ordonner une décharge générale qui a mis cinq hommes sur la place et blessé plusieurs. Cette décharge qui s'est faite vers trois heures, a heureusement réussi à faire prendre la fuite aux autres. Alors voyant le château entièrement dégagé, voulant néanmoins mettre en sûreté les titres de M. de Bois-Hue, nous avons cru que le meilleur moyen pour réussir, était de les emporter avec nous. Nous les lui avons en conséquence, demandés et il nous les a remis. D'après cela, voyant que la nuit approchait et voulant mettre notre troupe en sûreté, également que les prisonniers, nous commandant, nous avons prévenu M. de Bois-Hue que nous allions former notre retraite vers Broons, auquel lieu nous sommes arrivés sur les cinq heures et demie. Nous avons aussitôt consigné nos prisonniers (au nombre de six seulement, avec trois fusils et une caisse, parce que trois autres prisonniers nous ont échappé) au corps de garde national de cet endroit, avec prière à l'officier d'en faire bonne garde. Nous avons prévenu les corps de la municipalité et du district de nos opérations, et M. le Maire ayant fait loger notre troupe, nous commandant, nous nous sommes aussitôt retiré à notre logement pour rapporter notre procès-verbal, que nous signons les dits jours, mois et an que devant. Ainsi signé : DAVIGNEAU.

Dès le lendemain de cette journée de jacquerie, dont les échos furent portés jusqu'à l'Assemblée Constituante, M. de Boishue quitta son château et passa à l'étranger quelque temps après. Tous ses biens furent vendus nationalement comme biens d'émigré.

Yvignac (Bretagne) sous la Révolution : vente des biens nationaux.

Yvignac (Bretagne) sous la Révolution : vente des biens nationaux.

Quant à M. de Boishue, après avoir passé à Jersey les mauvais jours de la Terreur, il rentra en France et mourut en 1802, au çhâteau de Boishue. (Note de M. de Bellevue). La comtesse sa femme lui survécut jusqu'en 1821. Elle avait obtenu en 1807 de Napoléon Ier, la restitution de la forêt de la Hunaudaye, que son mari avait acquise en 1787, par retrait féodal, comme descendant des Tournemine par les femmes, et que la Révolution avait confisquée avec le reste de leurs biens.

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Avant d'entreprendre le tableau sommaire de l'apport d'Yvignac aux contributions du royaume à la fin du XVIIIème siècle, nous allons reproduire ici les renseignements malheureusement fort brefs que nous fournit sur cette paroisse M. Ogée, ingénieur géographe, qui publiait son ouvrage sur la Bretagne, vers 1780.

« Yvignac, nous dit-il, fait partie de la subdélégation de Montauban et ressortit au point de vue judiciaire du siège royal de Dinan. C'est un pays plat, où l'on voit des terres fertiles en toutes sortes de grains, avec un grand nombre de landes encore incultes ». D'ailleurs Yvignac est une paroisse fort étendue ; les continuateurs d'Ogée lui attribuent une superficie de 3.559 hectares.

Quant à la population d'Yvignac, elle était, d'après M. Tempier, de 1700 habitants, en 1793 (d'après le Dictionnaire d'Ogée).

Les impôts à Yvignac à la fin de l'ancien régime.

Avant 1789, des individus appelés collecteurs et choisis par l'assemblée du Général de chaque paroisse étaient chargés de recueillir les impôts directs, dits de capitation, de vingtième et de fouage. Etablis par Louis XIV, à la fin de son règne, la capitation et le vingtième devaient atteindre en principe, tous les citoyens nobles et roturiers. (Larcher, Le Droit Français). Pour la capitation, les contribuables étaient répartis en plusieurs catégories, dont chacune payait une somme plus ou moins élevée ; le minimum était une livre. On comptait jusqu'à vingt-deux catégories de contribuables.

D'après les chiffres relevés par M. Lesort, archiviste d'Ille-et-Vilaine, au dossier C. 3981, le chiffre total de la capitation pour Yvignac, s'élevait en 1770, à 1.279 livres, dix sous, se décomposant comme suit : capitation proprement dite : 843 livres. — 21 deniers pour livre de capitation, 73 livres. 15 sous 3 deniers. — Pour l'habillement et l'entretien de la milice, 112 l. 10 s. 10 d.. — Pour le casernement des troupes. 206 l. 3 s. 11 d.. — Frais de milice et de tirage au sort, 44 livres.

L'impôt dit de vingtième consistait dans le prélèvement au profit du Trésor public, du vingtième de tous les revenus, quelle qu'en fut la nature.

En 1787, Yvignac payait de ce chef, 5.694 livres 8 sous.

Au contraire des contributions de la capitation et du vingtième, un impôt connu sous le nom de fouage, parce qu'on le levait en principe par ménage ou par feu, n'atteignait que les terres roturières. Sa répartition s'opérait dans chaque paroisse au moyen de personnes appelées égailleurs, nommés par l'assemblée du général de la paroisse.

On comptait à Yvignac, 41 feux 1/5 1/34, imposés à raison de 10 livres, 18 sous par feu ; mais chaque feu comprenait plusieurs ménages. En plus, les fouages extraordinaires rapportaient au Trésor, 789 livres, 10 sous, 2 deniers.

Après l'impôt en argent, l'impôt du sang. Durant la période 1781-1786, Yvignac a fourni 6 miliciens. Un dans chacune des années 1781, 82, 83 et 86, 2 en 1785. En 1781, sur 82 jeunes gens appelés au tirage au sort, 57 furent exemptés et ajournés. En 1786, sur 131 jeunes gens, 105 furent exemptés. (Archives d'Ille-et-Vilaine C. 4704).

Nous ne savons si le Général de la paroisse d'Yvignac possédait des biens avant 1789 ; mais pour être complet nous devons faire mention d'un fief avec juridiction, aux mains des paroissiens d'Yvignac, en 1506 et pour lequel ils faisaient aveu à cette date, à la Chambre des Comptes de Nantes. (Série B. 757).

Rédaction du « cahier de doléances » de la paroisse d'Yvignac avant les Etats généraux de 1789.

Le 5 avril 1789, les paroissiens d'Yvignac se réunirent suivant la teneur des ordonnances royales, pour formuler les revendications que deux députés choisis par l'assemblée, devaient aller porter à Rennes, siège de la sénéchaussée, dont dépendait Yvignac. Les deux premières pages du procès-verbal de leurs délibérations ont malheureusement disparus. Voici les noms d'une partie de comparants, d'après les signatures, que M. Lesort a relevées sur ce qui est demeuré de cette pièce. Président Picquet. — [Note : M. Picquet, fut le premier maire d'Yvignac durant la Révolution. Lui succédèrent : MM. Fairier, Rabajoyes et Leroy. (Gaultier du Mottay, Géographie de Côtes-du-Nord)]. Comparants : Olivier Picquet ; Olivier Boullier ; Olivier Renaut ; Gabriel Auffray ; Jacques Leroy ; François Leroy ; Jean Leroi ; François Rollan ; Lebranchu : Maurice Lebranchu ; Jean Lebranchu ; Yves Martel ; Jean Fairier ; Gilles Fairier ; Yves Fairier ; Mathurin Donne ; Mathurin Lebret ; François Lehou ; Jean Hannier ; Marc Rabajoyes ; Augustin Derouillac ; Julien Picau ; Guillaume Cahen ; Bathelemy Perrin. Olivier Picquet du Pont-Renais et Olivier Boullier, de la Basse Boissière, furent choisis comme députés.

Nous n'entreprendrons pas de reproduire ici le long cahier que rédigèrent les paroissiens d'Yvignac. La plupart de ces pièces sont en effet issues d'un fond commun [Note : Nous signalerons cependant le voeu formulé par l'assemblée d'Yvignac, concernant un impôt somptuaire assez considérable, qu'elle souhaitait voir établir sur ceux qui faisaient usage, soit de vaisselle d'or ou d'argent et de voitures suspendues, soit de certaines étoffes précieuses] et il nous paraît point que celle d'Yvignac fit exception à cette façon de procéder. D'ailleurs, nous avons dû nous imposer des limites en publiant notre article, et ceux qui voudraient voir tout au long le cahier de doléances d'Yvignac, n'auront qu'à consulter l'ouvrage de M. Lesort, qui reproduit cette pièce en entier. (A. Lemasson).

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