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APERCU HISTORIQUE SUR VITRE

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Il me semble que pour vous donner un aperçu historique sur la ville de Vitré, le mieux est de :
1° présenter la description du château et de la ville ;
2° Vous parler un peu de son histoire ;
3° Vous décrire sa vie économique au cours des siècles ;
4° Vous citer ses hommes célèbres.

1° LE CHATEAU ET LA VILLE.

La ville ancienne est un plateau, ayant presque la forme d'un navire dont l’avant regarde l'Ouest, la direction de Rennes. Ce plateau est situé entre deux vallées, une au Nord, la vallée de la Vilaine, l'autre au Sud, où se trouvent la gare et la ligne du chemin de fer, vallée sillonnée par un petit ruisseau recouvert actuellement, appelé d'un assez vilain nom, le Vernouzet. C'est sur l'avant de ce plateau, à l'ouest, sur un éperon constitué par un roc, que s'élève le château, dominant de très haut le point de jonction de ce ruisseau avec la Vilaine.

Le château a fière allure, vous en conviendrez. Il a été, il est vrai, toujours entretenu et des réparations de bon goût ont achevé à la veille de la guerre de 1914 de lui donner la belle silhouette que vous lui connaissez. Le château a la forme d'un triangle dont le sommet tourné vers l'Ouest, donc vers Rennes, est la tour si élevée de Montatilant et dont la base est constituée à chaque extrémité par deux tours importantes, une au Nord, la tour de la Madeleine, avoisinant la collégiale de la Madeleine où reposaient les Seigneurs de Vitré (elle n'existe plus), une au Sud, la tour Saint-Laurent, plus grosse que les autres et que l'on suppose avoir été le donjon.

Tel est donc le château, triangle cerné de trois tours importantes, situé sur un éperon.

A l'arrière de cet éperon, vers l'Est, s'étend la ville close, entourée de remparts et cela jusqu'à la place de la République, appelée autrefois place au Bled, place neuve, place où se trouve actuellement l'hôtel de la Poste.

De cette place on peut encore contempler une vieille tour noircie, au-dessus d'une pharmacie, la tour de la Bridole, que l'on peut voir en venant de la direction de Paris, au sud et au bas de la place, et qui était une tour d'angle. A droite au haut de la place se voient d'autres tours, dont celle des prisonniers, qui descendent vers la promenade du val. Entre la tour de la Bridole et la tour des prisonniers se trouvait jadis la porte Haut.

Au Sud, des remparts dont une partie existe encore, mais cachée derrière les maisons, de la rue de la Borderie actuelle, rue qui descend de la poste vers la gare, jalonnés par la Tour d'angle de la Bridole dont j'ai parlé, par la Tour des Leclavier qui n'existe plus, rappelant le nom d'une très ancienne famille de Vitré dont quatorze frères avaient combattu au XVème siècle pour le Duc de Bretagne contre les troupes du Roi de France, et dont un seul avail survécu ; la Tour de Sévigné, détruite aussi ; la Tour de Gâtesel disparue, protégeant la porte d'entrée dite de Gâtesel, appelée ainsi, parce qu'elle faisait face à la route venant de Nantes par où s'acheminait le sel de cette region, porte de Gâtesel située en face la gare ; enfin, toujours au Sud, se prolongent des remparts qui existent encore où se trouve située la Banque de France et les deux Tours d'Embas, place St-Yves, dont une seule existe, et qui protégeaient la porte d’Embas. Devant ces remparts faisant la limite Sud de la ville, étaient des fossés, qu'alimentaient à partir de la place de la Gare les eaux du ruisseau du Vernouzet.

Au Nord, surplombant la vallée de la Vilaine, des remparts avec une série de tours qui dominent les promenades du val, remparts percés d'une poterne appelée Poterne St-Pierre, conduisant à la chapelle St-Pierre, située près de Notre-Dame, appelée aussi Poterne aux chevaux perce que lors du siège de 1589 par les Ligueurs, les Vitréens firent sortir par cette parte leurs chevaux qu'ils ne pouvaient plus nourrir et les abattirent sur place au nez des assiégeants.

Comme la ville offrait une resistance moindre du côté de l’Est, c'est-à-dire dans la direction de Paris, et effectivement en 1589 la ville faillit être prise par les ligueurs justement de ce côté, on construisit un éperon, sorte de petite citadelle. avancée. La rue de l'Eperon en marque le souvenir, au nord de la poste actuelle.

Telle était la ville ancienne de Vitré avec ses remparts qui l'encerclaient jadis, qui la rendaient imprenable. Et je m’expliquerai plus plus loin sur ce qualificatif d'imprenable.

Au milieu l’Eglise Notre-Dame, si belle à voir, et qui a gardé son visage d'antan, ses vieilles rues si pittoresques à contempler, avec ses maisons pignons ou à porches, ses beaux hôtels.

Et autour de cette ville encerclée de murs, seulement percée de 3 portes et d'une poterne, 3 faubourgs : à l'Est, le faubourg St-Martin, au pied de l’Eglise St-Martin dont il reste la tour et le clocher dominont le cimetière ; à l'Ouest au pied du château, la cité des tanneurs, l'hôpital St-Yves et St-Nicolas, sa belle chapelle, le Rachapt où monte la route conduisant à la baronnie de Fougères ; au Sud le bourg aux moines au pied de l'Eglise Ste-Croix.

Ville de Vitré (Bretagne)

 

2° L'HISTOIRE DE VITRÉ.

Laissons de côté ces légendes qui ont voulu donner à Vitré une origine gallo-romaine, voire même troyenne, et qui ne sont que de pures inventions de l'esprit.

Ce que nous savons d’une façon certaine, c'est que le premier seigneur de Vitré s'appelait Riwallon, surnommé le vicaire ou le vicomte, un des chevaliers du duc Geoffroy Ier — Riwallon vivait à la fin du Xème et au début du XIeme siècle. Il construisit un château, mais non pas à l’endroit où se trouve celui que vous pouvez admirer aujourd'hui, mais sur le coteau situé plus au Sud, de l’autre côté de ce fameux ruisseau le Vernouzet, c'est-à-dire là où est l'église Ste-Croix. Ce château dut consister simplement en une motte féodale, entourée d'un fossé et couronnée d'un château de bois car lors du percement de la voie ferrée Paris-Brest, il y a plus d’un siècle, on ne retrouva aucune trace de fondation.

Vers 1066 le petit fils de Riwallon, Robert Ier construisit un nouveau château, mais celui-là en pierres, en face, à l'endroit même où est situé le château actuel. Il semble que ce château ne fut qu'un donjon et ce n'est qu'au début du 13ème siècle qu'anparaît une forteresse plus étendue, affectant déjà une forme triangulaire, dont il reste des traces visibles, la Tour au Veil, dont la base se trouve entre l’entrée du château et la Tour St-Laurent, et Line porte romane située à droite à l’intérienr du château, facile à remarquer après avoir franchi le pont-levis.

La ville fut ceinte de remparts vers 1220-1240.

Aux XIVème et XVème siècles, remparts de la ville et château furent l'objet d'aménagements, les remparts de la ville en 1448 et surtout 1477.

Les Vitré.
Les Barons de Vitré, car Vitré était une baronnie, qui s'appelèrent tous André ou Robert et qui naturellement prirent le nom de cette terre, étaient de rudes guerriers, batailleurs, mais néanmoins fort charitables, allant aux croisades, fondant des monastères et des hôpitaux. Tels ce Robert Ier, constructeur du château actuel, qui avait aidé Guillaume le Conquérant à s'emparer de l'Angleterre, donnait aux moines de Noirmoutiers son ancien château et ses alentours, pour en faire prés de l'Église de Ste-Croix le bourg aux moines ; tels Robert II qui finit ses jours à Noirmoutiers sous la robe d'un moine; tels André III qui périt en 1250 à la bataille de la Mansourah pendant la 7ème croisade où il avait acompagné le roi saint Louis, Le testament d'André III de Vitré, avant de partir pour cette croisade, nous conte M. Edouard Frain de la Gaulayerie dans « Vitré, ses origines, ses seigneurs », atteste que notre Sire de Vitré, en disposant de ses biens pour des fondations pieuses, et en nous dévoilant les secrets de son âme, avait de hautes aspirations, qu'il était le meilleur de sa race, et qu'avec son père André. II, il avait monté de degré en degré vers l'apogée de ce moyen-âge, qui avait donné comme Fleur à la Frente le Roi Saint Louis et à notre baronnie de Vitré André II et André III.

Les Laval.
Cette race finissait en beauté et presque en sainteté. Mais hélas aussi en quenouille. Philippe de Vitré, fille aînée d'André III, allait apporter le beau fief de Vitré à Guy VII de Laval-Montmorency, qu'elle avait épousé en 1239. Et depuis lors la Seigneurie de Laval et la Baronnie de Vitré se trouvèrent appartenir à la même famille [Note : Les armoiries des Vitré étaient De gueules au lion contourné et couroné d’argent. Les Laval portaient de gueules au léopard d’or].

En 1412, ce furent les Laval-Montfort.

En 1547, la famille de Rieux.

En 1567, la famille de Coligny.

En 1605 la famille de la Tremoille qu'illustre d’une façon héroïque, Antoine-Philippe de la Tremoille, prince de Talmont, général de la cavalerie à l'armée Catholique et Royale de la Vendée, condamné à Vitré, le 26 janvier 1794, par la commission révolutionnaire et guillotiné le lendemain à Laval devant le château de ses pères.

Vitré n’eut guère d'histoire, car cette ville bien protégée par ses remparts et dominant de très haut les vallées qui l'entourent, peuplée de bourgeois industrieux, mais courageux, était ville quasi imprenable et ne subit donc pas de malheurs. Et je m'explique. Si Conan III duc de Bretagne s'en empara sans coup férir au 12ème siècle, c'est qu'il avait fait courir le bruit qu'en forêt de Rennes il construisait de formidables engins pour l'assiéger et attiré ainsi au dehors Robert II de Vitré et ses hommes d'armes, et que quatre bourgeois de la ville lui avaient livré la ville, ville que notre Robert ne tarda pas à reprendre en battant le Duc à Visseiche. Mais aucun siège ne réussit et les ligueurs avec le Duc de Mercœur eurent beau essayer du 23 mars 1589 au 15 août 1589 de la prendre, deux mille coup de canon furent tirés, deux ou 3 tours furent, du côté du val, fort endommagés, il leur fallut lever le siège de Vitré devant la résistance des Vitréens, restés fidèles au Roi légitime.

Si Vitré n'eut pas d'histoire, ou si peu parce que cette ville ne fut jamais prise, elle s’honore cependant d'un des plus beaux faits d'armes, au temps de la guerre de Cent ans. Et c'est ce haut fait d'armes que je vais vous conter. Le Roi Charles VII vient de monter sur le trône de France. Il y a grande misère au royaume de France. On appelle le roi par dérision le roi de Bourges. En 1423 virent, au château de Vitré, Jeanne de Laval, qui a été jadis après Tiphaine Raguenel, la 2ème femme de Bertrand du Guesclin, et qui a été, après la mort du connétable, l'épouse de son cousin Gui XII de Laval, Anne de Laval sa fille, veuve de Jean de Montfort qui avait pris le nom de Guy XIII et enfin Guy XIV et son frère André ses petits-fils. On imagine facilement Jeanne de Laval contant les soirs d'hiver, sous l'auvent d'une grande cheminée, devant un feu de bois qui pétille, à ses petits fils les gestes de son premier mari le Connétable Bertrand du Guesclin, boutant sous Charles V, l'Anglais hors de France et se lamentant sur les malheurs de ce temps où presque toute la France est au pouvoir des Anglais. Mais, voici qu'un courrier arrive au château de Vitré à bride abattue. Ce courrier arrivait le samedi 23 septembre 1423 et venait de la part de Jean d'Harcourt, comte d'Aumale, demander Anne de Laval de lui envoyer les chevaliers et hommes d'armes et ses fils, pour attaquer les Anglais qui remontaient de Segré vers la Normandie, au nombre de 2800, avec un butin énorme, un troupeau de 1200 bœufs ou vaches et même aussi des otages. D'Aumale les attendait sur les confins de la Bretagne et du Maine, dans les landes du Maine entre Vitré et le Bourgneof. Ce fut, je le suppose, un joli branlebas au château de Vitré, et Jeanne de Laval remit au plus jeune de ses petits fils André, Agé de 12 à 13 ans, l'épée de Du Guesclin et en l'embrassant elle lui dit « Dieu le rende aussi vaillant que celui qui la porta ». Avec un pareil talisman, l'épée de son grand-oncle, le jeune André de Vitré, que l'on appelait André de Lohéac, se battit comme un lion aux côtés de Ambroise de Loré, capitaine célèbre des environs de Laval. Les Anglais furent écrasés — ce di- manche 26 septembre 1423 —, ils périrent aux nombre de 1400. Et André de Lohéac fut armé chevalier. En souvenir de cette victoire d'heureuse augure pour le règne de Charles VII et la première de son règne, les landes du Maine s'appelèrent dès lors « La Brossiniérere » en souvenir de cette brossée que les anglais y avaient reçue, Et voilà maintenant Guy XIV et son Frère André de Lohéac habitués au métier des armes, ils se trouvent à Chinon eu 1429, ils ont vu « Jeanne la bonne Lorraine » et c'est alors qu'ils écrivent à leur grand-mère :

« Semble chose tout divine de son faict
et de la voir et de l'ouyr. »
.

Guy et André suivirent Jeanne D'Arc et se trouvaient à ses côtés à Reims au sacre de Charles VII.

Notre André de Lohéac devenu maréchal de France, épousa Marie de Retz, la fille de Gilles de Retz, veuve de l'amiral de Coëtivy. Cette dernière repose à Notre-Dame de Vitré. Quant à lui, après avoir durement combattu les Anglais il mourut à Laval en 1485 et fut inhumé. l'Eglise Ste Tugal de cette ville.

Un notaire de Laval, Guillaume le Doyen, qui conte en vers les évênements de son temps a écrit ce que je vous lis sur André de Lohéac, le bon maréchal :

Le vingt neuvième jour
de décembre, sans nul séjour
mourut Sire André de Laval
de France, le bon maréchal
qui tant fut moult vaillant et preux
à la guerre et chevallereux
Tant aimé du Roy et des princes
mais moult craint par toutes provinces
Saige était et bon conducteur
de tous gens d'armes, sans faveur
avoir ne porter. Au Royaulme
jamais ne tournera son heaulme
contre la couronne de France.

Cette histoire que je viens de vous conter est la plus belle que je connaisse sur Vitré.

Le 1er septembre 1487, avant la bataille de Saint-Aubin du Cormier, où l'indépendance de la Bretagne allait être brisée, Guy XV donna entrée au château de Vitré au Roi Charles VIII.

Vinrent ensuite les guerres de Religion, le siège de Vitré par les ligueurs dont nous avons déjà parlé, Ils ne purent s'emparer de Vitré en 1589. En 1558 Guyonne de Laval avait épousé Guy XVIII. C'était une ardente huguenote qui introduisit le protestantisme à Vitré. Il y eut un prêche protestant jusqu'à la ville de la Révocation de l'Edit de Nantes. Celui qui avait accordé cet Edit à ses anciens coréligionaires, le Roi Henri IV, fit son entrée à Vitré le 16 mai 1598. Si l'on en croit la chronique, il fut séduit par l'aspect de la ville et sans doute aussi par le courage de ses habitants qui avaient si vaillamment repoussé les Ligueurs.

La Révolution.

Pour juger l'esprit de la ville à cette époque, je vous citerai la lettre que Jean-Marie Rubin, vitréen de naissance, agent national, autrement dit sous-préfet de l'époque, écrivait au commissaire du Directoir Exécutif, le 19-2-1796 : « Je ne vois jamais les Vitréens qu’à l'administration où nous sommes assez rarement d'accord et où ils ne témoignent guère leurs sentiments. On sait seulement qu'is ne sont pas républicains et cependant ils blâment fortementt les abus de l'ancien régime ». La grande masse de nos bourgeois sont gens modérés, qui subissent la révolution, sans rien dire. Bien sûr il en est quelques uns qui voudraient faire du zèle révolutionnaire, mais ils en sont empêchés par une majorité qui les arrête. La meilleure preuve est qu'il n'y eut que 19 guillotinés à Vitré. C'est déjà trop, mais peu cependant par rapport au nombre des exécutés dans les villes voisines. Ernée plus de 40, Rennes 379. Le malheur voulut qu'un certain général Beaufort crut voir des chouans partout et fit emprisonner, malgré les protestations du Comité Révolutionnaire ou de Surveillance, douze cents cultivateurs, dont un bon nombre, 146, mourut de maladie en prison. Il fallut qu'une commission philantropique en fin de 1794 fit ouvrir les prisons pour mettre fin à ce triste état de choses. D'ailleurs nombre de jeunes gens, les fils de ceux qui occupaient des fonctions dans les administrations, passèrent aux chouans, une lettre de la municipalité du 3 octobre 1799 en fait preuve. Si Vitré donna le jour à Pierre Beaugeard, Sr de la Morinais, ancien avocat et conventionnel qui vota la mort du roi, Vitré a l'honneur d'avoir donné le jour à Mathurin Hardy de la Largère, ancien maire de Vitré, député aux Etats généraux et à l'assemblée constituante, qui refusa de voter la constitution civile du clergé et resta fidèle par ses votes à la religion et à son Roi.

 

3° LA VIE ECONOMIQUE DE VITRÉ.

Jusqu'à ces dernières années, des historiens se sont penchés sur l'histoire de Vitré, ils nous ont fait connaître les noms de nos seigneurs et leurs bienfaits, les noms de nos familles marquantes et leur histoire, ils méritent des compliments, mais il manquait à mon sens la description de la vie économique de notre ville à travers les âges. Autrement, l'histoire de gens plus humbles peut-être, mais non moins méritants, de ces commercants, de ces petits industriels, de ces petits artisans qui firent la richesse de notre cité, à laquelle nous devons tout de même ces riches demeures ou ces demeures plus simples mais non exemptes de charme et qui font la décoration de nos vieilles rues que les touristes admirent. Ne vous citerai-je que la rue Beaudrairie qui conduit au château, dont les maisons si curieuses furent l’œuvre de ceux qui travaillaient le cuir. Heureusement M. Jean Choleau, conservateur de notre bibliothèque et de notre musée, a conté dans « La vie active d'une ville bretonne du 12ème siècle à la Révolution » ce que fut avant 1789 la vie économique de notre cité. Ouvrage qui a été couronné par l'Institut, ouvrage qui cite les noms de nos commerçants et de nos artisans et m’a inspiré les notes qui suivent.

La toile se fabriquait à Vitré dès le 13ème siècle. Le principal article était une toile appelée « Canevas », grosse toile de chanvre qui demeurait écrue, elle était expédiée sur les Flandres par St-Malo, où nos bourgeois de Vitré armaient de nombreux navires sur l'Espagne par Nantes. Elle était portée aussi en Angleterre. On s'en servait pour faire des voiles de bateaux. Des mains de nos tisserands sortaient encore de gros draps de lin ou laine et des flanelles qui servaient l'habillement, la serge ; cette industrie atteint son apogée vers 1575. Au XVIIIème siècle, on comptait 30 fabricants avec 80 métiers, occupant enviren 500 ouvriers. 3.500 pièces valant 400 000 livres étaient produites anuellement.

Aux XVIème, XVIIème et XVIIIème siècles, Vitré fut un centre très important de la fabrication des bas de fil de lin, dont on avait fait longtemps usage. Le tricotage se faisait à la main et à domicile. Quatre mille femmes ou filles tricotaient bas, chaussettes, chaussons et gants de fil. Il en était produit à la fin du XVIIème siècle pour 50 000 livres environ. Le fil venait principalement de Bécherel, Mauron, Quintin et de la Basse Bretagne. L'ouvrière gagnait 5 sols par jour.

Il y avait aussi au pied du château, près de l'hôpital actuel, appelé hôpital St-Yves et hôpital St-Nicolas, autour d'une île que faisait en cet endroit la Vilaine, c'est-à-dire dans la rue Pasteur actuelle, de nombreuses tanneries. On en cite vingt-trois en 1694 et vingt-sept en 1789 occupant quatre-vingt-seize compagnons. On comptait aussi quatre mégissiers occupant cinq compagnons. On traitait principalement des peaux de veaux qui étaient expédiées en Espagne, ou au Levant ou utilisées sur place pour faire souliers, bottes ou gants ou baudriers dans la rue Baudrairie.

Au-dessus de ces fabricants, artisans et des maruhands, il y avait le haut commerce qui se chargeait de l'expédition à l'étranger, commerce si florissant qu'en 1472 avait dû se constituer « La confrairie des Marchands d'Outremer ».

Il est certain qu'à la fin du XVIème siècle Vitré était une ville florisante, fort industrielle pour l'époque, entourée d'une campagne qui produisait blé, orge, seigle, avoine, lin, chanvre, vaches, veaux, porcs, beurre et même des chevaux. Ne serait-ce pas cette richese qui aurait inspiré au bon Roi Henri IV venant de Rennes, le 16 mai 1598, s'arrêtant en sa bonne ville de Vitré pour y dîner et y saluer son vieux compagnon d’armes, pour lors gouverneur de la ville, Jean du Matz., seigneur de Montmartin et de Ferchant et regagner ensuite Laval pour y coucher, ces paroles célèbres : « Si je n'étais Roy de France, je voudrais être Bourgeois de Vitré ».

Bien sûr les guerres avec l'Angleterre à la fin du 18ème siècle, offrant une sécurité moins grande aux voyages sur mer, les taxes de douane mises par l'Angleterre sur nos toiles, les impôts frappant par trop nos produits fabriqués, toiles, tricots et surtout les cuirs, ralentirent de beaucoup nos industries vitréennes à la veille de la Révolution, et les gens peu à l'aise y seraient devenus nombreux, si j'en crois ce qu'ont écrit deux prêtres de Vitré, Jacques de Gennes, curé alternatif de Notre-Dame de Vitré et de St-Martin qui était allé quêter Louis XV et la Cour en 1762 et avait ramené 5000 livres pour les pauvres, et M. Levesque de la Mesrie qui écrit à l'intendant que dans sa paroisse de Ste-Crox sur 250 familles, 50 seulement peuvent subsister sans secours et que les ouvriers, lorsqu'ils étaient employés, ne gagnaient que 12 à 14 sous par jour. Mais je demeure quant à moi, assez sceptique sur la véracité du jugement de ces deux bons recteurs. Tout n'était pas merveilleux mais se plaindre était bien le style de l'époque, quelques années plus tard les cahiers de doléances ne prétendront-ils pas aussi, ne serait-ce que dans la commune de St-Urien-des-Ports, où j'habite, que les terres étaient si mauvaises que rien à peu près n'y poussait. Or tout y pousse maintenant.

Notez qu'en plus de l'industrie qui se faisait à Vitré, cette ville était le siège d'une baronnie importante, s'étendant sur 80 paroisses dont trois déjà en ville, Notre-Dame, Saint-Martin et Sainte-Croix, exigeait pour son administration un nombre considérable d'officiers de justices seigneuriales qui pour la plupart habitaient la ville ; en plus un Gouverneur du château, un Sénéchal, des juges, trois ou quatre avocats, six notaires qui étaient aussi avoués ou procureurs comme l’on disait alors, des greffiers, des huissiers. Il y avait un hôpital dans le Rachapt dit Hôpital. Saint-Yves et Saint-Nicolas, un Hospice général, rue de Paris, pour les vieillards, tenu par les Dames Saint-Thomas de Villeneuve, deux médecins en 1742, quatre chirurgiens, trois apothicaires, plusieurs Couvents : les Ursulines, les Bénédictines, les Augustins, les Dominicaines, les Bénédictins, les Récollets, enfin, dès 1787, les Religieuses de Saint-Vincent de Paul qu'avait attirées une insigne bienfaitrice de notre ville, Jeanne du Velaër.

Telle était la ville de Vitré au point de vue économique, ayant en 1787 : 15.530 habitants ; en l'an V (1797) : 12.016 habitants ; en 1841 : 8,610 : en 1956 : 9,600.

Et si vous le voulez, je terminerai par la quatrième partie de mon exposé.

 

4° LES PERSONNAGES CÉLÉBRES DE VITRÉ.

Pierre Landais, Argentier et Ministre du Duc de Bretagne Francois II, né à Vitré en 1430, exécuté à Nantes en 1485. De bonne bourgeoisie, marchand de draps et fils de marchands de draps à Vitré, il fut l'homme de la résistance bretonne contre les entreprises de Louis XI. Champion de l'indépendance bretonne, il a contribué par son action à ce que la Bretagne qui se donna à la France, par le mariage de Anne de Bretagne avec Charles VIII et ensuite Louis XII, conservât ses privilèges. C'est certainement à son influence que l'on doit de connaître encore une Bretagne qui a conservé ses anciennes coutumes. Il contribua pour beaucoup à l'essor industriel de Vitré, sa ville natale.

Pierre Le Baud, né à Vitré, trésorier de la Madeleine de Vitré, doyen de St-Tugal de Laval, aumônier de Anne de Bretagne, Reine de France, a écrit « Les Chroniques de Vitré » et l'Histoire de Bretagne. Il mourut à Laval en 1505. Il était le grad'oncle de l'historien Bertrand d'Argentré.

Bertrand d’Argentré (1519-1590), Sénéchal de Rennes, né à Vitré, jurisconsulte célèbre, a écrit l'Histoire de Bretagne, a rédigé aussi la très ancienne coutume de Bretagne.

Paul Hay du Châtetel, né à Balazé en 1592. Avocat général au Parlement de Bretagne, Premier Secrétaire de l'Académie Française.

René Croissant de Garengeot (1688-1759), chirurgien maître ès arts, né à Vitré, fils, petit-fils et arrière-petit-fils de chirurgien, démonstrateur à l'Ecole Royale de Chirurgie, a écrit de nombreux ouvrages sur la chirurgie, fort appréciés de son temps, et a perfectionné la clé pour extraire les dents dite « clé de Garengeot ».

La Marquise de Sévigné n'est pas née à Vitré, mais habita les Rochers. Auteur de lettres célèbres (1626-1690).

Jean-Baptiste Pouppé des Portes (1704-1748). Né à Vitré, médecin du Roi à Saint-Domingue, a décrit les maladies de Saint-Domingue. Correspondant de l'Académie des Sciences.

Claude Savary, orientaliste distingué, né à Vitré (1749-1788).

Jean-Julien Savary, né à Vitré en 1753, officier supérieur des Armées de la République, a écrit « La Guerre des Vendéens et des Chouans contre la République ».

Arthur Le Moyne de le Borderie, issu d'une vieille famille de Vitré (1829-1904). Auteur de l’ « Histoire de Bretagne ».

Edouard Frain de le Gaulayerie, d'une anciénne famille de Vitré, y est né, a écrit de nombreux ouvrages sur l'histoire de Vitré et de ses familles, mort vers 1920.

L'Abbé Paul Paris Jallobert, né à Janzé, vicaire pendant de longues années à Notre-Dame de Vitré, a écrit « Le Journal historique de Vitré » où est contenue foule de documents sur son histoire et sur ses familles. Ouvrage remarquable de précision paru en 1880.

Louis Dubois, sons-préfet de Vitré en 1831, a écrit une Histoire sur Vitré.

Tancrède Abraham, petit-fils de Louis Dubois, né à Vitré, mort à Château Gontier, peintre, graveur, aquarelliste (1836-1395).

Telle est, Mesdames, Messieurs, la ville de Vitré, avec son château et ses remparts, son histoire et ses hommes célèbres. Et si vous me le permettez, je termine en vous citant ce qu'en dit Henry Bordeaux :

« Vitré est une des plus jolies villes de France, je veux dire une des plus intactes. Dressée au-dessus de la Vilaine, elle se serre contre son vieux château, qui est flanqué de grosses tours à machicoulis et ses rues en pente avec leurs étages renflés, leurs piliers, leurs pignons, leurs façades ouvragées sont les plus pittoreques et les plus amusantes du monde ».

(Louis Jarnouen de Villartay).

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