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L'EGLISE PRIMITIVE DE SAINT-MARTIN DE VERTOU.

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Le plan de cette église ne nous est pas connu, mais il devait s'inscrire dans celui de l'époque, un rectangle terminé par une abside circulaire. La construction n'avait rien de primitif. Les éléments décoratifs issus de cette église et qu'on a pu conserver, attestent le talent certain des maîtres d'oeuvres, qui l'avaient de sculptures, parée. 

Il est vrai, que Saint Martin avait été à bonne école. N'avait-il pas vu quelques années plus tôt s'élever sous ses yeux la magnifique cathédrale, édifiée à Nantes par son Maître, Saint Félix, en l'honneur des Apôtres.

Construite en petits appareils de pierres, alternés de chainages de briques et de galets noyés dans un mortier de sable et de chaux, l'église de Vertou se présentait plutôt comme une église monastique. Elle était éclairée par de petites ouvertures en plein cintre, dont les claveaux s'ornaient d'arabesques, le tout sculpté dans du calcaire. Le toit était fait de lourdes faitières, posées sur un lit de mortier, dont le dessin formait dans le ciel une silhouette ajourée. Les poutres de la Charpente reposaient sur des colonnes, dont les chapitaux restent les seuls témoins de ces sculptures du VIème siècle.

On trouvera dans la planche suivante les fragments d'architecture ou les briques que l'on conserve encore de nos jours au musée Dobrée à Nantes.

Eglise primitive de Vertou (anciennement en Bretagne).

Le premier de ces chapiteaux (Fig 2) est en calcaire du Poitou et d'une ornementation très frustre. Le second (Fig 3) est plus riche. Entre les acanthes corinthiennes de son coussinet, il porte la marque certaine d'un maître chrétien. Une rosace à six feuilles se trouve entourée d'un cercle surmonté des initiales du Christ. On y remarque des cavités circulaires ou devaient être enchassées des pierres de couleur ou des verroteries.

Et voici les briques historiées, qui ornaient les murs intérieurs de l'édifice. Leur découverte en 1850, lors de la réfection de la façade de l'église, où elles étaient incorporées, comme moellons dans le vieux mur roman du Sanctuaire poussa les archéologues à croire que le monastère de Vertou était au VIème siècle une école d'art religieux. Ne découvre-t-on pas des briques semblables dans tous les lieux où Saint Martin fit construire par ses moines monastères ou églises. Le thème décoratif de ces briques est varié. Nous en décrivons quelques-unes.

Ici (Fig 4) c'est un monogramme constantinien : un cercle entourant une croix à six branches. Celle du milieu est surmontée d'un rho (R) tandis que les branches latérales supportent les deux autres lettres, alpha et Oméga symbolisant ainsi la toute puissance de Dieu.

Et voici une brique sigillée (Fig 5) plus importante que les précédentes.

Les plus curieuses assurément sont celles qui évoquent le péché commis par Adam et Eve au Paradis terrestre (Fig 6). Ils sont là l'un et l'autre debout auprès de l'arbre ou s'enroule le Serpent, cueillant simultanément le fruit défendu.

Sept briques semblables furent découvertes en 1850 et voici comment Monsieur Cormerais, curé de Vertou l'atteste.. "Celles-ci ont été trouvées au milieu de la vieille muraille de le façade de l'église. Elles servaient de moellons dans l'intérieur du mur, mais provenaient de constructions plus anciennes".

En 1957, au cours de travaux exécutés par la Municipalité aux abords de l'église, Monsieur le chanoine Jarnoux curé de cette paroisse, devait en découvrir une semblable près de la porte sud de l'église.

Et ce fut grande fête au pays, quand Saint Félix évêque de Nantes vint consacrer cette église nouvellement bâtie par son fidèle ami, saint Martin de Vertou. Ce jour-là, tandis que le choeur des moines chantait les louanges divines, les premiers chrétiens de Vertou franchissaient les portes de cet édifice, qu'ils avaient contribué à élever en l'honneur de Saint Jean Baptiste.

Quelques années plus tard, le joie faisait place au chagrin, Saint Martin voyait disparaître en 563 le Saint Evêque qui l'avait honoré de son amitié et lui avait conféré le sacerdoce. Pour les moines de Vertou avec lui s'en allait un bienfaiteur insigne.

Saint Martin décède le 24 octobre 601, dans sa 75ème année, au monastère Saint-Georges de Montaigu (anciennement Durinum, situé à six lieues au sud de Vertou). Suivant l'usage du temps, les restes du Saint furent déposés dans un cercueil de pierre, encastré dans le pavé de l'église de Vertou, bâtie par lui en l'honneur de Saint Jean Baptiste. Une lourde pierre en était le couvercle. Elle fut après le passage des Normands le seul vestige de ce monument conservé avec soin sur les lieux de sa sépulture. En 1713, Mabillon dans les Annales de l'ordre de Saint Benoît signale la présence et la grande vénération que l'on garde encore à Vertou pour elle.

Devant l'invasion normande [Note les Normands arrivèrent le 24 juin 843 devant Nantes], les moines s'exilèrent avec leurs reliques en 843 à l'abbaye saint Jouin de Marnes (abbaye où avait résidé jadis saint martin de Vertou). Laissé par les Moines et gardé seulement par quelques-uns d'entre-eux le monastère saint Martin de Vertou fut pillé et incendié par les Normands en 847. L'église subit le même sort. Grande fut la terreur des Gens du pays. Nous en avons pour preuve cette épitaphe sur pierre de schiste trouvée en 1886 (Fig. 1) dans les jardins du Prieuré Saint Pierre. Cette plaque d'ardoise mesure vingt centimètres de largeur et seize de hauteur. Mais la partie inférieure sur laquelle se trouvait sens doute gravé le nom du défunt a été malheureusement brisée par les ouvriers au moment de la découverte.

OBSECRO UT NULLA

MANUS VIOLET PIA JU

(ra s)EPULCHRI DONEC PERSO

(net ange) LICA VOX AB ARCHE

(coeli hic) REQUIESCIT BO

(noe memoriae)...

Ainsi restituée, cette inscription pourrait se traduire : "Je supplie que nulle main ne viole les droits sacrés de ce sépulcre jusqu'à ce que la voix de l'Ange ne retentisse du ciel. Ici repose ... ".

Cette supplique paraît avoir été rédigée sous l'impression des dévastations normandes.. A FURORE NORTMANURUM, LIBERA NOS DOMINE ... Seigneur délivrez-nous de la fureur des Normands disait longtemps après le IXème siècle le peuple de Nantes en prière.

Eglise primitive de Vertou (anciennement en Bretagne).

Vers 985 les moines purent enfin revenir en paix dans leur monastère en ruines et jeter les fondations d'une nouvelle église, celle qui à travers bien des vicissitudes devait servir au culte jusqu'en 1875. Ils devaient renoncer à construire le temple magnifique que leurs aînés avaient fait le projet d'élever 150 ans plus tôt. Ils durent se contenter d'une église romane, telle qu'on en bâtissait à cette époque dans les paroisses rurales de la France.

Lors de la démolition de cette église en 1875, on découvrit à la base du clocher une inscription originale mais incomplète. Sur une pièrre calcaire mutilée par le temps, on peut lire cette épigraphe, qui remonte par les caractères du texte, affirme Monsieur Marionneau, au XIème siècle : "Fama Baptistae" c'est-à-dire "à la gloire de Saint Jean Baptiste". Ne serait-ce pas dès lors la pierre dédicatoire, placée là pour commémorer le construction de l'église.

Celle-ci comprenait une longue nef voûtée, terminée par une abside entourée de quelques absidioles, ou se trouvaient des autels. Les murs étaient très épais et ne laissaient passer que peu la lumière par des fenêtres ébrasées vers l'extérieur.

La façade présentait cette particularité d'avoir enchassé dans la maçonnerie, le mur ébauché 150 ans plus tôt avant la seconde invasion des Normands. Cette façade ne manquait pas d'originalité avec son pignon aigu, percé d'un seul oculus et orné d'une croix grecque sculptée en relief à l'angle supérieur (Voir planche, Fig. 9). Des contreforts de pierres taillées portaient du sol pour atteindre la naissance du toit. La porte était inscrite en retrait dans un édicule en saillie et que terminait un larmier, orné d'une délicate imbrication. Au-dessus d'un double cintre se trouvait le tympan finement sculpté. Trois niches en arcades supportées par des colonnes romanes, abritaient les statues de Saint Jean Baptiste, de Saint Martin et de Saint Pierre, apôtre. Cette dernière devait céder sa place au cours des siècles à venir à Saint Blaise. De chaque côté de la façade était percée une baie de même style, accostée d'une niche, ou s'étalait un bas-relief historié.

A le croisée du transept s'élevait la tour carrée ornée d'étroites fenêtres en anses de panier. On y accèdait par un escalier à vis, situé dans une tourelle, dont la porte d'entrée se trouvait dans le jardin de l'abbaye.

L'église devait servir aux offices monastiques et paroissiaux. Moines et fidèles désiraient conserver dans l'exercice du service divin leur autonomie. Aussi au cours des siècles on dut construire un petit clocher d'ardoises, sur le pignon de la façade. La tour gardait les cloches des Moines et le clocher celles de la paroisse. Pour éviter tout conflit entre les sonneurs, un règlement sévère dut être élaboré par le Prieur de l'abbaye.

La nef était nue, sans ornementation particulière, " un abri suffisant, nous dit un chroniqueur, pour le foule qui venait y prier Dieu ". Sur le choeur des Moines se trouvait une voute en moellons qui était soutenue par des arcs en saillie, le tout reposant sur des colonnes engagées dans le mur. Les Moines avaient l'usage du transept et du choeur, la paroisse prenait place dans la nef. Cette double affectation valait à l'église d'avoir son autel principal, non pas élevé face au peuple dans le sanctuaire, mais accosté au mur sud de l'église dans le premier tiers de la nef.

Pour se trouver face à cet autel, les Seigneurs de l'Aulnaye se firent construire une chapelle qui leur était réservée, au nord de l'église. Elle communiquait avec elle par une arcade en plein centre, ornée à la partie supérieure de leurs armes. Leur devise se lisait sous le blason : c'était d'ailleurs une invitation à la prière : la traduction du "Sursum corda" "le coeur toujours ou ciel". Des chapiteaux historiés en calcaire des Charentes supportaient cette arcade. Ils seraient, d'après Monsieur Bougerel architecte, du début du XIIème siècle. Ils ont comme originalité d'emprunter leur décoration aux feuilles des arbres de la contrée. Plusieurs autels se trouvaient dans les absidioles pour le besoin des Religieux. Ces chapelles étaient respectivement dédiées à la Vierge Marie, aux Saints Martin, Sébastien et Michel, à Saint Mathurin et à Sainte Marguerite (Archives Départementales, L. I., Visite archidiacre Binet 1683, G.52).

L'église depuis ses origines était sous le patronage de Saint Jean Baptiste. Saint Martin lui-même, peu de temps après sa mort figura comme patron secondaire de le paroisse. Ce n'est qu'au début du XVIIème siècle que Saint Blaise prit le pas sur les autres. On peut croire que c'est la réception d'une relique du martyr de Sébaste qui donna lieu à ce nouveau patronage.

Pendant longtemps l'autel principal de l'église fut sans doute cette grande dalle de marbre qu'offrirent à leurs frères de Vertou les moines du monastère de Savenay au début du XIIème siècle.

Le tradition rapporte qu'ils tenaient cette pièrre de Saint Martin lui-même. Elle fut brisée et disparut au moment de le Révolution.

Quant au choeur il dut à travers les âges, subir de nombreuses modifications. Au XVème siècle il fut approfondi et élargi pour donner plus d'ampleurs aux cérémonies liturgiques. Mais les incendies dont fut victime le sanctuaire pendant les guerres de religion, obligèrent les moines à le modifier entièrement. Il perdit ainsi une grande partie de sa physionomie médiévale. Le cintre du fond devait disparaître et l'église se terminait par un mur élevé au delà du transept.

Dans ce monastère qu'il avait contribué à fonder Saint Martin gardait le privilège d'y voir conserver ses reliques. A l'approche des Normands son corps fut exhumé et transporté à Saint Jouin de Marnes. Au début du XIème siècle ses ossements furent distribués à différentes églises. Vertou s'en vit attribuer une part importante. En 1568 elles disparurent au moment de l'incendie de l'église par les Huguenots. Mabillon affirme (Petits Bollandistes, T. XII 25 octobre Saint-Martin, p. 593) qu'au milieu du XVIIème siècle on vénérait le chef du Saint, enfermé dans un riche reliquaire à l'abbaye Saint Florent de Saumur. En 1692 les moines de Vertou sollicitèrent de leurs frères de Saumur cette pieuse relique. Le 16 Mars ces derniers accédaient à leur désir. Ce précieux reliquaire fut remis le 19 Avril dans une cérémonie solennelle aux mains du Prieur Claustral de Vertou, Dom Jean Buisson, représentant le Cardinal César d'Estrée, prévot, retenu à Rome par la maladie (Gallia Christiana, T.II Vertou).

Que de souvenirs de l'histoire du pays dut garder cette église. Elle fut pendant près de huit siècles le centre de toute la vie monastique de Vertou. C'est sous ses voûtes que s'est créée l'atmosphère paroissiale. Que de psalmodies elle a dû entendre, que de solennités se sont déroulées en ces lieux. De cette église romane que reste-t-il aujourd'hui ? Quelques pierres, quelques châpiteaux recueillis ici ou là, une statue en bois de Saint Blaise [Note : Cette statue fut donnée en 1875 par M. le Curé de Vertou à la famille Bonnigal] et cette autre statue combien vénérable de Saint Martin sculptée dans la pierre et détenue elle-même par une autre famille [Note : Cette statue fut donnée par le même Curé de Vertou à la famille Doussain Leroy]. La douce sérénité du visage du cénobite, portant dans ses mains l'évangile et sa crosse d'abbé, c'est bien là Saint Martin accueillant nos ancêtres dans ce temple de Dieu élevé par ses fils, comme gage de leur foi et de leur amour (A. Jarnoux).

Eglise primitive de Vertou (anciennement en Bretagne).

Note : L’abbé Alfred Jarnoux (1900-1991), ordonné prêtre en 1925, a occupé divers postes de vicaire avant d’être chargé de la paroisse de Vertou en 1950 et de l’aumônerie du collège du Loquidy en 1960. A côté de sa charge pastorale, l’abbé Jarnoux, nommé chanoine honoraire en 1954, s’est toujours intéressé à l’histoire et a mené à terme diverses études qui ont connu l’édition.

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