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LES ABBES ET PREVOTS DU MONASTERE SAINT-MARTIN DU VERTOU

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Ici nous évoquerons le souvenir de tous ceux qui furent appelés à conduire au cours des âges, le monastère SAINT MARTIN du VERTOU.

On s'étonne volontiers qu'on n'ait pas cherché à établir une liste complète des Abbés, qui se sont succédés dans cette maison. Dans son livre " Les Origines du Culte Chrétien " Monseigneur Duchesne nous en donne la raison : " Dans les premiers siècles de l'histoire de l'Eglise, écrit-il, on faisait souvent des omissions semblables et plus souvent encore des suppressions arbitraires ".

Mais les écrivains auraient dû réparer cette déficience fâcheuse. Des Silences existent de leur part, c'est vrai. Mais ils n'expliquent pas pour autant une négation. Rien ne vient démentir chez eux d'une manière rigoureuse ce que rapporte par ailleurs la Tradition. N'oublions pas que bien des écrits ont dû disparaître au cours des siècles, dont la présence serait pour nous d'une grande utilité.

Saint Martin devait mourir en 601. On trouve en 843 comme Abbé du monastère de Vertou, d'après un manuscrit de la Bibliothèque Nationale de Paris un certain RAIMBOLDUS. Ce religieux, sage et éclairé devait organiser l'exode des moines vers Saint Jouin de Marnes et présider par la suite à la rénovation de ce monastère (Bibliothèque Nationale, Fonds Latin n° 12 677 fol. 79).

Par contre on ignore les noms de tous les Religieux qui dirigèrent l'abbaye de Vertou entre la mort du Saint Fondateur et cet exil volontaire.

De 843 à 985, l'abbaye dévastée et incendiée n'abritait plus de moines. Elle fut reconstruite ainsi que l'église au début du XIème siècle. Le premier Abbé de Vertou, qui est signalé vers 1055 est un moine du nom d'ARMERICUS. C'est par lui que va commencer toute l'histoire de ce monastère.

ARMERICUS - 1055. Dans son dictionnaire de Bretagne, Oger nous dit qu'en l'année 1066, ARMERICUS, abbé de Vertou obtint du Duc de Bretagne Conan II et cela quelques mois avant sa mort, que toutes les terres de la Châtellenie du Pellet, qui étaient plantées de vigne, payassent des dîmes à son monastère comme elles les versaient précédemment pour le blé.

Cet ancien document nous fait connaître deux choses importantes qu'il convient au passage de relever. Tout d'abord les bénéfices que possèdait déjà sur les paroisses voisines le monastère da Vertou ; la culture de la vigne, qui venait, grâce aux moines de remplacer sur les coteaux de la Sèvre, celle du blé qu'on faisait autrefois.

SIMON - 1070. Pour succèder à Armericus l'histoire cite un nommé Simon comme abbé de Saint Jouin de Marnes et de Vertou. Il avait quelques liens de parenté avec Heslys, recteur de Saint Jouin de Prigny, sur le territoire actuel des Moutiers. Dans une charte parue en 1075, Quiriac, évêque de Nantes, notifie à Simon la liste des Paroisses et des Maisons Religieuses de son diocèse qui relèvent des monastères de Saint Jouin de Marnes et de Vertou - une vingtaine - Prigny en faisait partie (Chanoine Russon).

BRICE - 1080. Comme son prédécesseur, Brice porte le titre d'Abbé de Saint Jouin de Marnes et de Vertou. On vante son influence heureuse, sur les moines des bords des bords de la Sèvre. Il proteste avec énergie près de l'Evêque de Nantes au sujet de l'implantation prochaine de chanoines réguliers sur la paroisse Saint Médard de Doulon (Chanoine Russon. Notre-Dame de Toutes Aides - Prieuré Doulon - Archives Abbaye de Landevennec).

Au Xème siècle, sous Alain Barbe Torte, Jean de Landevennec, réfugié avec ses moines à Montreuil en Artois, accepte de faire revivre en 952 la maison de Saint Médard de Doulon, fondée jadis au VIIIème siècle par les Bénédictins de Soissons.

Un manuscrit do l'Abbaye de Marmoutiers nous fait connaître qu'en l'année 1106, Benoît de Cornouailles, évêque de Nantes décide de remplacer ces religieux par les chanoines réguliers de Saint Augustin. D'où la protestation motivée de l'Abbé de Vertou pour défendre sus frères en religion.

GEOFFROI MAILLARD - 1106. BRIDE aura été lu dernier Abbé du Monastère de Vertou. A sa mort les Religieux de Saint Jouin de Marnes arrêtent de n'attribuer désormais que le titre de PREVOT, au moine qui présidera aux destinées de cette maison, fondée voilà plus de cinq siècles déjà par saint Martin. Déchéance, diront certains. Cela est vrai. Mais dans un cadre moins important les Moines de Vertou continueront d'y mener une vie de silence, de charité, de pénitance et de prière, et d'exercer ainsi une influence heureuse sur la vie religieuse des bords de la Sèvre (Archives de Saint-Jouin de Marnes).

Dans une Chartre de LOUIS le GROS, Roi de France, promulgée en 1123, le monastère de Vertou est signalé, comme bien d'église le plus important du Diocèse de Nantes au sud de la Loire. Il comprend en effet, un vaste domaine, qui s'étend entre la forêt ducale de Touffou et la Châtellenie de Goulaine.

Trois monastères sont signalés. Celui de VERTOU, le plus ancien fondé en 575 per Saint Martin. Celui d'Indre sur les bords de la Loire, ouvert par Saint Hermeland, au VIIème siècle, sous les auspices de Saint Pasquier évêque de Nantes. Enfin celui de DEAS ou de Saint Philbert, construit par les Moines de Noirmoutier pour y loger les restes de leur Saint Protecteur, au IXème siècle (Biens de l'Eglise de Nantes).

Chacun de ces monastères possède des revenus importants. On serait en droit de se demander comment ils avaient obtenu pareilles richesses.

Celles-ci viennent surtout de donations qui leur ont été faites par des particuliers pour assurer des fondations de messes et des prières, ou encore pour venir en aide aux pauvres. Les Moines étaient tenus de les nourrir et de les admettre à leurs tables, comme les voyageurs ou les pélerins qui étaient de passage et venaient solliciter l'hospitalité. (F. Mourret - Histoire générale de l'Eglise, T. 3, p. 343).

C'est dans cet esprit que les Religieux de Vertou devaient créer à cette époque, à gauche de l'entrée actuelle du presbytère, une maison qui portait sur sa façade cette enseigne " Maison de la Charité ". Tous ces champs, toutes ces vignes qui leur furent données serviront par ailleurs à stimuler autour d'eux la culture de la terre. Ils enseigneront aux autres par la suite l'organisation du travail et favoriseront les transactions commerciales. C'est ainsi que nous verrons Geoffroi Maillard lancer à Vertou les deux premières foires de la région aux fêtes de Saint Jean Baptiste et de Saint Mathurin.

Par vocation maison de pénitence et de prière, l'abbaye de Vertou va devenir aussi une institution charitable pour le bonheur des Vertaviens.

JEHAN POLLIOT - 1132. Dans une charte signée en 1138, MARCIS, Seigneur de Goulaine, avec le consentement de Brice, évêque de Nantes, rend aux Moines de Vertou toutes les dîmes et oblats des Eglises Sainte Radegonde de Haute Goulaine et Sainte Eutrope de la Chapelle Heulin, avant d'offrir deux de ses fils pour devenir moines bénédictins de Vertou (Dictionnaire de Bretagne de Marteville - Château de Goulaine).

Une partie du Château de Goulaine fut construite en 944 sur les ruines d'un castel plus ancien. Les Seigneurs de Goulaine, dès cette époque exerçaient déjà une mission providentielle sur toute la contrée. Les paysans de Vertou et des communes voisines étaient continuellement menacés dans leur liberté et dans leurs biens. La royauté n'avait à l'époque des Normands ni armée, ni forteresses pour défendre les opprimés. Les espoirs de ces gens se portaient vers le seigneur de l'endroit. On était sûr de le trouver au moment du danger. Il était bien armé et pouvait assurer leur sécurité.

GUILLAUME de la ROCHE - 1150. Dans l'ancien Pouillé de Saint Jouin de Marnes dont dépendait la Prévôté de Vertou, on trouve une Bulle de 1179, émanant du Pape Alexandre III, par laquelle il confirme le liste des paroisses du Diocèse de Nantes, sur lesquelles. l'Abbé de Saint Jouin de Marnes exercent une juridiction. Les voici : Saint Martin de Vertou, Saint Jacques de Pirmil, Trinité de Clisson, Saint Jacques de Clisson, Saint Hilaire du Bois, Saint Hilaire du Coin (S. Fiacre), Ste Radégonde Haute Goulaine, Ste Radégonde de Monnières, Saint Nicolas de Prigny, Notre Dame de Bouin, Saint Pierre de Gesté, Le Bignon, Pont Saint Martin, Gétigné, Loroux Bottereau, Mouzillon, Chapelle Heulin, Vue, Rezé (Pouillé de Saint Jouin de Marnes). Des redevances étaient versées chaque année par ces paroisses à l'Abbaye de Saint Jouin et l'Abbé de ce monastère exerçait un droit de présentation lors de la nomination des Recteurs.

PIERRE RAYNAUD - 1180.

REGINALDE BERNARD - 1186. A peine venait-il d'être appelé à diriger la Prévoté de Vertou, qu'il dut signer le 5 Mai 1189 avec le puissant seigneur Guillaume de Goulaine, un aveu pour une transaction de terres situées au Mortiers. Elles furent attribuées par lui au Prieuré Saint Pierre sur Sèvre et le resteront jusqu'à la Révolution (Gallia Christiana, province de Tours - Vertou).

En 1204 un certain Vivien comparaissait devant les Juges pour avoir causé de graves préjudices aux Moines de Vertou. L'affaire fit du bruit et Vivien fut condamné. Et comme on ne badinait pas en ce genre de discipline, il dut se rendre pieds nus et la corde au cou jusqu'à la porte du monastère, où ses juges lui affligèrent la bastonnade. Mais les Moines charitables intervinrent pour que ce supplice soit écourté.

GOEFFROI MARTIN - 1209.

NICOLAS - 1245. Pour favoriser la navigation de la Sèvre, les Religieux de Vertou, dès leur retour de Saint Jouin de Marnes en fin du Xème siècle, avaient décidé d'en régulariser le cours. Pour cela ils avaient construit une chaussée qui leur permettait de retenir en amont un volume d'eau suffisant pour la remontée des barques vers Monnières et Clisson. Cette réalisation devait amener bien des litiges. C'est ainsi qu'en 1245 l'Abbé de Vertou est opposé à Hugues Le Roux, le puissant seigneur du Pallet. Celui-ci prétend être exempt du péage et veut faire passer à la chaussée des moines ses marchandises en franchise. Après des plaidoyers interminables, l'affaire se termine par un compromis.

ANDRE - 1302.

JEHAN RAVARD - 1337.

GEOFFROI D'ESPINAIS - 1369.

PIERRE GATET - 1394. Il serait intéressant de connaître quelles étaient les Hautes Justices qui dépendaient à cette époque de la Prévôté de Vertou. Après le règne de Charlemagne chaque seigneur devint juge en son fief des différends survenus entre ses vassaux. Le seigneur ne rendait pas personnellement la justice mais il devait lui-même désigner les juges qui la rendraient en son nom.

Les justices seigneuriales étaient de trois sortes : - LES BASSES JUSTICES : les juges ne pouvaient pas prononcer d'autres jugements que pour des petits délits et ne donner que des peines légères. - LES MOYENNES JUSTICES : les juges pouvaient affliger des amendes importantes aux délinquants. - LES HAUTES JUSTICES : ces juges avaient seuls le droit du glaive. Ils jugeaient les affaires les plus importantes du fief soumis à leur autorité, notamment les affaires criminelles. Seuls ils avaient droit au Carcan et aux fourches patibulaires. Les justices étaient ainsi la véritable marque de l'importance de la seigneurie.

A mesure que l'autorité royale se développa les justices seigneuriales devaient disparaître. Elles recevront leur coup de grâce, quand furent établis les parlements provinciaux. Celui de Rennes date du 27 Novembre 1475.

En l'année 1394 cinq juridictions dépendaient de la Prévôté de Vertou.

I - LA MAILLARDIERE. La terre de la Maillardière doit son nom à l'une des plus anciennes et des plus illustres familles du Comté Nantais, les Maillard. L'un de ses membres devait doter la Ville de Nantes de ses premiers quais sur les bords de la Loire et la cité reconnaissante allait attribuer son nom à l'un deux, le quai du Port Maillard. Son domaine étendait sa juridiction sur un grand nombre de fiefs et de terres et possèdait per ailleurs des droits de haute, moyenne et basse justice. Ses fourches patibulaires à trois piliers se trouvaient sur la route qui conduit de Nantes à La Rochelle, en avant de Ragon.

II - LA BRETESCHE et la SALLE. Deuxième juridiction de la Prévôté. En l'année 1300 la Seigneurie de la Salle en Château Thébaud fut réunie à celle de la Bretesche située sur la paroisse actuelle de Maisdon. Le gibet seigneurial se trouvait placé au moulin de la Justice sur la route qui conduit à Clisson. Mais ce qui est plus certain, c'est que proche de l'aire de la Salle, selon Charles Marionneau se trouvait le "Pilori" un poteau où on attachait les condamnés que l'on voulait exposer aux regards du public.

III - TOUFFOU. Le Domaine seigneurial de Touffou se trouvait sur la paroisse du Bignon. Mais les bois et les terres qui formaient cette seigneurie s'étendaient sur une partie notable de Vertou. Ce domaine appartenait aux Ducs de Bretagne. Ils s'en servirent comme forteresse et prison d'Etat. C'est dans ce château que furent enfermés par ordre de Pierre Mauclerc Amaury de Craon et Jean de Montoir faits prisonniers par lui à la bataille de Châteaubriant.

IV - JUSTICE PREVOTALE de VERTOU. L'abbé du monastère ne l'exerçait pas par lui-même mais par l'intermédiaire des officiers de Justice nommés par lui.

V - SEIGNEURIE du GOULAINE. Mais la justice la plus importante était celle de la grande seigneurie de Goulaine. Elle comprenait cinq châtellenies et avait droit aux fourches patibulaires à Quatre Piliers. N'ayant pas de prison pour détenir les malfaiteurs, les Seigneurs de Goulaine pouvaient les transférer à celle de Nantes. Mais les exécutions capitales ne pouvaient avoir lieu que sur les dépendances de la Seigneurie. En 1397 le nommé Simon de Lisle de la paroisse de Haute Goulaine avait maltraité si brutalement sa mère qu'elle en mourut. Le Criminel fut transféré à la prison de Nantes. Le Duc Jehan IV songea à le punir lui-même en raison de l'énormité de se faute. Mais le seigneur de Goulaine demanda que ses droits soient reconnus. Ce que fit le Duc en se justifiant par une lettre où il reconnaissait le droit de haute justice de la Seigneurie. Cette reconnaissance à l'égard d'une simple châtellenie est un fait intéressant, quand on pense combien les rois eux-mêmes étaient jaloux de leurs droits de justicier.

PIERRE RACCAPE - 1429 (Archives Déprtementales, Loire Inférieure, B.855).

JEAN AMUSSET - 1463. Nous n'avons que très peu de détails sur la vie monastique des Bénédictins de Vertou. Elle se partageait comme dans la plupart des autres monastères entre le travail et la prière. Mais les Moines apprennent aussi aux paysans à labourer la terre, à cultiver la vigne, à défricher la forêt qui s'étend très loin à cette époque vers le lac de Grand Lieu. Leur vie est faite de jeûne, de silence et de pière. Ils assurent de jour et de nuit "l'office divin". Quand les Moines de Vertou sont en nombre suffisant, dit une charte de 1464, ils doivent dire une messe conventuelle, qui est toujours une messe chantée.

Ils sont tenus par ailleurs à faire chaque dimanche, mardi et Jeudi une distribution gratuite d'aliments aux pauvres. Tous les jours ils doivent veiller à l'accueil des gens de passage. C'est une coutume immémoriale qui remonte à la fondation du monastère.

Mais peu à peu cette vie monastique s'éffrite. Déjà des monastères sont tombés sous la tutelle de familles puissantes, qui leur baillent les fonds nécessaires pour aussurer leur subsistance et leur sécurité. Favorisées par ce surcroît de richesses, ces maisons religieuses n'appartiennent plus comme autrefois à des congrégations régulières. Chaque maison devient de plus en plus autonome. Il va sans dire que cet éparpillement de monastères livrés à eux-mêmes n'est pas fait pour entretenir leur ferveur. En cette fin du XVème siècle, ils vont devenir l'apanage de Prélats appelés à exercer leur apostolat loin de leur abbaye. Ces PREVOTS ou ABBES COMMANDATAIRES ne reviendront au monastère que pour y toucher leurs prébendes, laissant leurs Religieux sans surveillance, sans réconfort spirituel, trop souvent victimes de la jalousie et de la médiocrité.

ALAIN de COETIVI - 1468. Il sera le premier PREVOT COMMANDATAIRE de Vertou. Originaire du pays de Léon en Bretagne appartenant à une illustre famille, en 1440 il choisit les ordres et fut nommé Evêque d'Avignon. En 1449 il devint Cardinal au titre de Sainte Praxède à Rome. En 1456 il fut légat du Pape lors des fêtes de la Canonisation de Saint Vincent Ferrier à Vannes. En 1468 il devenait Prévôt de Vertou. Il était déjà prieur des Monastères de Béré, de Redon, de Prigny et de Saint Georges de Montaigu. Comme on le voit, il cumulait à plaisir les bénéfices. Il mourut à Rome en 1474 (Chartier de Thouars).

ROBERT GUIBE - 1474. Italien de naissance, nommé Cardinal par le Pape Sixte IV en 1472 ; il devint par nomination du même pontife, deux ans plus tard, le prévôt Commandataire de Vertou. Usant de son pouvoir souverain le Pape avait offert plusieurs abbayes bretonnes à des Prélats italiens. Ces nominations répétées suscitèrent un certain malaise, qui ne fit qu'empirer lors de la promotion de Robert Guibé. Ce choix déplut aux moines de Vertou qui protestèrent près du Duc de Bretagne. Celui-ci transmit leur requête au Souverain Pontif, ajoutant que ces nominations "portaient préjudice à son pouvoir".

En 1484 il recevait de Rome la réponse suivante. On lui annonçait qu'à l'extinction des pouvoirs du Cardinal, pourvu de sept abbayes sur son territoire, dont la prévôté de Vertou, ces bénéfices ne seraient plus attribués qu'à des personnes agréables au Duc. Il en serait de même pour toutes les abbayes et les évêchés de Bretagne (Travers, Histoire Réunion de Bretagne, T 2, p. 415).

En 1507 Robert Guibé fut nommé évêque de Nantes. Il était difficile de pousser plus loin ces abus de commandes. Et pourtant ces biens ne lui profitaient guère. En 1509 on dut lui enlever une partie notable de ses revenus, car il laissait dépérir les monastères de Saint Gildas de Ruiz et de Vertou et les moines y vivaient dans la misère. En 1510 il cèdait son évêché de Nantes à son neveu François Hamon pour se retirer à Rome près de son oncle le Pape Jules II (Archives Départementales, L.I. série G. 96).

C'était l'époque où un conflit sérieux éclata entre le Roi de France Louis XII et le Souverain Pontife. Les armées pontificales firent le siège de Mirandole, qui dut accepter sa soumission. Robert Guibé soutint la cause de son oncle. En retour le Roi de France fit saisir tous les biens qu'il possèdeit encore, dont la Prévôté de Vertou.

FRANCOIS HAMON - 1518. Qu'était celui-ci ? Il avait pour père Guillaume Hamon, capitaine du Loroux Bottereau, qui tenait sa notoriété de son alliance en 1484 avec Guillemette Guibé, soeur du Cardinal. Celle-ci devint mère de nombreux enfants et François qui était l'aîné choisit le sacerdoce. Son oncle Robert Guibé le prit auprès de lui et il put faire ainsi de brillantes études à Rome. La résignation par son oncle de l'évêché de Nantes en sa faveur ne se fit pas sans quelques difficultés, qu'il serait trop long de conter ici (Travers. Opuscule cité Tome 2, p. 286).

En 1518 devenu évêque de Nantes, il recevait divers bénéfices. Il recouvrait ainsi la Prévôté de Vertou perdue par son oncle huit ans plus tôt. Il devait mourir en 1532 dans son manoir de Chassay en Sainte Luce.

En relisant dans les chapitres capitulaires la vie de ce Prélat on y trouve cette anecdote qui intéresse Vertou. Les Moines de la Prévôté étaient tenus à une redevance, celle des "Echaudés" gâteaux faits de farine, de beurre, d'oeufs et de sel, et cuits dans l'eau bouillante.

La veille de Noël le fermier du Monastère se rendait à Nantes pour le son de Prime ; afin de remettre ces "échaudés" aux dignitaires de la ville. Il en donnait quatre à l'Evêque, trois aux Vicaires Généraux et deux aux Chanoines (Archives Départementales, L.I. série G. 96 et G. 242).

GABRIEL de GRAMONT et GUILLAUME de CARNE - 1532. Gabriel de Gramont naquit dans le Béarn en 1480. Rentré dans les ordres il fut évêque de Tarbes en 1524. Conseillé intime de François Ier, il s'employa avec zèle pour obtenir en 1526 sa délivrance lors du siège de Pavie. Archevêque de Bordeaux en 1529, ïl fut nommé Cardinal en 1530.

Guillaume de Carné appartenait quant à lui à une très vieille femille de Bretagne. En 1532 il fut nommé Prévôt de Vertou. Mais Gabriel de Gramont revendiquait par avance cette Prévôté près du Roi Francois Ier. Celui-ci désirait en la lui donnant, récompenser ses loyaux services. Un long procès s'engagea entre les bénéficiaires. La Providence mit fin à ces débats. Gabriel de Gramont devait mourir en 1534, et Guillaume de Carné restait seul détenteur de ce monastère.

VINCENT de BEAUVILLIERS - 1537.

JEAN de MAS - 1543. Doyen du Châpitre de la Cathédrale d'Angers, il obtint la Prévôté de Vertou en 1543. Nantes comptait beaucoup pour nourrir ses habitants sur les richesses naturelles de la région de Sèvre et Maine. En 1553 Jean de Mas signait un accord avec le Sénéchal de Nantes par lequel la franchise était accordée par les Bénédictins de Vertou pour toutes les Denrées alimentaires dont la Ville avait besoin et qui transitaient par la Chaussée.

PHILIPPE du BERGEAU - 1553. Pour lui succéder à la Prévôté de Vertou, Jean du Mas choisit son ami Philippe du Bergeau, doyen de la Cathédrale d'Angers. Les pages qui vont suivre et qui sont tirées des visites pastorales du Diocèse de Nantes nous donneront le climat qui existait dans la paroisse et l'abbaye en 1554.

L'évêque de Nantes nouvellement élu, Antoine de Créquy ne devait pas présider en personne ces visites. Il s'était fait représenté à Vertou par Nicolas Duchastellier (Archives Départementales, L. I. série G. 42, 43).

Que fait ce visiteur ? Il cherche à connaître la conduite des membres du clergé et la bonne gestion des biens paroissiaux. Il constate que le Prévôt Philippe de Bergeau ne réside que rarement dans son monastère étant par ailleurs retenu à Angers. La paroisse de Vertou possède Onze Prêtres et 7 Religieux au monastère Saint Martin. Un certain nombre d'entre-eux n'exercent pas le ministère paroissial. Leur rôle est de célébrer la messe en faveur des défunts et de prendre part aux offices de l'église. Ils n'ont pour toutes ressources que les revenus des chapellenies ou ils résident.

On compte par ailleurs à la Prévôté un prieur claustral et six moines. La maison prévôtale et les bâtiments sont en mauvais état. Il faudrait y faire des réparations importantes. Les Religieux y vivent sous le régime de pécule individuel. Une pension est servie à chacun d'eux et l'un d'eux se plaint près du visiteur diocésain que la sienne est insuffisante. Par ailleurs la vie commune ne les tente guère et le Chroniqueur de conclure " En somme une médiocrité impuissante à entretenir la charité ". Tel est le tableau présenté alors par ce monastère.

Ne croyez pas pour autant que les Religieux de Vertou soient à blâmer plus que les autres. La grande misère des monastères à cette époque c'est leur multiplicité, jointe à une pénurie de sujets. C'est aussi l'éloignement prolongé des Abbés Commanditaires qui laissent leurs religieux sans surveillance, sans secours matériels et spirituels alors que déjà le calvinisme devient une menace pour l'église.

Il serait intéressant de dire un mot de la pratique religieuse en cette année 1554. Pour mieux comprendre les faits essayons d'établir une comparaison entre quelques paroisses du diocèse. Qui manquent la messe ? A Saint Mars de Coutais 5 noms sont mis en vedette. Il s'agit d'ivrognes qui préfèrent l'auberge à l'église le matin du dimanche. A la Trinité de Machecoul c'est le cordonnier. A Saint Sébastien limitrophe de Vertou un seul paroissien est montré du doigt pour être réfracteire. Au Pallet la mention est plus sévère. Mais le cas le plus impressionnant est celui de Vertou. Le Vicaire rapporte que plus de deux cents paroissiens n'assistent à leur messe paroissiale que deux ou trois fois l'an. Voici certes une précision qui n'est pas très édifiante. Heureusement que par la suite les Vertaviens se rattrapèrent pour écrire les belles pages de vie religieuse qu'il faudra conter (Archives Départementales, L. I. série G. 42, 43).

LOUIS PICO de la MIRANDE - 1560. Abbé du puissant monastère de Saint Mesmin près d'Orléans, il prête serment de fidélité au Roi le 15 Septembre 1560 pour la Prévôté de Vertou. C'est l'époque ou l'Evêque de Nantes Antoine de Créqui signale au Cardinal de Lorraine, ministre du Roi l'influence grandissante du Calvinisme dans son diocèse, qui devient une source de division et de discorde et un danger pour l'église. Le prévôt de Vertou ne connaîtra pas cette inquiétude de voir les siens se mener la guerre. Pendant l'été de 1561 il devait décéder.

PHILIPPE du BEC - 1561. Le 27 Septembre 1561 Philippe du Bec prenait possession de la Prévôté de Vertou et paraphait le registre des insinuations diocèsaines d'une belle signature en lettres gothiques qu'on peut encore admirer aujourd'hui. Celui à qui était confiées les destinées matérielles et spirituelles de ce couvent millénaire appartenait à l'une des plus vieilles familles de la Noblesse de France. Un de ses ancêtres avait accompagné Guillaume le Conquérant en 1066 dans la conquête de l'Angleterre. Un autre avait suivi Saint Louis dans la Croisade. Sa soeur devait épouser Jacques de Mornay. Ils eurent pour fils Philippe, qui devait jouer un rôle important lors des guerres de religion, se faisant passer pour le "Pape des Huguenots".

Philippe le Bec fut l'un des Prélats les plus illustres de son temps. Evêque de Vannes en 1559 c'est comme tel qu'il prit une part importante au concile de Trente. En 1565 sur un magnifique parchemin qui porte ses armes, il faisait au Roi de France un rapport détaillé des biens et revenus du monastère de Vertou. En cette fin du XVIème siècle il était détenteur d'au moins un tiers du territoire actuel de la commune. Ses biens s'étendaient surtout sur la rive droite de la Sèvre, ou seules les seigneuries de le Ramée et de la Nicollière gardaient leur indépendance. L'abbaye possèdeit quelques métairies sur la rive gauche de le rivière et de nombreux privilèges sur la forêt de Touffou.

Les vassaux de l'abbaye ne semblent pas trop souffrir de l'autorité du Prévôt. Ils vivent en paix dans une aisance relative. Le Prieuré de la Croix Saint Pierre garde de son origine une certaine indépendance. Les redevances fournies par les fermiers sont multiples (Travers. Histoire Civile et Religieuse de la Ville et du Comté de Nantes, T. 2 p. 396 et suivantes).

Les complanteurs doivent à l'abbaye un quart de la vendange. Les métayers paient leur fermage avec la part convenue de leurs récoltes. Il faut y ajouter des journées de prestations particulièrement à l'époque de la rentrée des foins. Le Seigneur de Goulaine doit cinq boisselées d'avoine et Lucas Bureau cinq autres pour ses terres de la Ville au Blanc. Tout cela permet d'assurer la vie du monastère.

En 1566 devenu Evêque de Nantes il songe à offrir la Prévôté de Vertou à son neveu Philippe de Mornay, qui la refuse. En 1568 les Calvinistes traversent Vertou et saccagent l'église. Ils renversent les autels, brisent les reliquaires et brûlent les parchemins. L'année précédente au cours d'une randonnée, ils avaient au Bignon massacré trois prêtres. C'est à la suite de cette dévastation de l'église du Vertou qu'elle perdit son abside et qu'on dut reconstruire au delà du transept le grand mur de pierres, qui fermait désormais le choeur de l'édifice.

Les Calvinistes devenaient de plus en plus menaçants. Le Roi ordonne de renforcer à Nantes la garde de la Ville. On couvrit d'artillerie les murs et les portes de la vieille cité. On fit des tranchées et des fossés pour se défendre. On dut en 1568 réquisitionner pour le faire les habitants des paroisses voisines. On trouve aux Archives Municipales de Nantes un document qui en témoigne : " Ordre est donné à tous les paysans du Vertou et de Saint Sébastien de venir chaque jour avec chevaux et paniers pour transporter de le terre et des cailloux aux fortifications de la ville. Tout refus sera passible d'une peine de 60 livres et de prison. Ils seront d'ailleurs payés par hommes et cheval 6 sous tournois par jour, et 5 sous seulement ceux qui portent la hotte... ".

Evêque de Nantes, Philippe de Bec chercha à enrayer le mal en éclairant les esprits et en entraînant les coeurs. On comprend aisément que le Prévôt de Vertou fera tout là encore pour préserver ses ouailles contre l'influence grandissante du calvinisme. Pour se consacrer davantage aux affaires de son diocèse Philippe du Bec abandonne en 1577 cette prévôté.

PIERRE MARIAUD - 1577. Chanoine de la Cathédrale de Paris, il prend possession de cette prévôté en Novembre 1577. En 1580 le Pays Nantais, qui a subi l'hiver précédent de graves inondations, connaît au printemps suivant une gronde disette. Il faut venir en aide aux pauvres et des impositions sont faites sur tous ceux qui possèdent quelques bénéfices. L'évêque de Nantes demande à son successeur de Vertou un versement pour les pauvres de la paroisse de deux septiers de blé (environ 300 litres) cheque semaine. Il devra y ajouter une aumône identique pour ceux de Nantes. Ce blé sera moulu, transformé en farine et livré par eux sous forme de pains (Archives Municipales de Nantes, année 1580, Impositions ; Archives Départementales, L.I., Paul Mercier Philippe du Bec, G.242, B.855).

Pierre Mariaud meurt au début de Mars 1586. Il est enterré dans le cimetière du monastère dont il fut toujours le prévôt très aimé.

MICHEL LEBER - 1586. Chanoine de Paris comme son prédécesseur il prend possession de la prévôté le 8 Mai de cette même année. C'est l'époque où existent entre les forces de la Ligue et celles des Huguenots cantonnés à La Rochelle ou à Montaigu de sérieux affrontements. Ce qui provoque dans la région de Vertou et les villages de Sèvre et Maine des conséquences désastreuses. Par deux fois l'église de Vertou et l'abbatiale sont saccagées et en partie brûlées. Les paysans connaissent des razzias de cheptel ou des destructions de récoltes. Le 1er Octobre 1588 une adresse de la Municipalité Nantaise signale " que la misère est grande au sud de la Loire .. , qu'il ne reste à ses habitants que la langue pour se plaindre des oppressions dont ils souffrent : incursions nombreuses, pillages, logement et nourriture des soldats amis ou ennemis... ". C'est l'époque où Henri de Navarre le futur Henri IV tente à la tête des Calvinistes de s'emparer de Clisson. Cette tentative échoue. Il doit réorganiser ses troupes aux abords de Vertou, traverser la Sèvre et s'en aller vers Beauvoir que Duplessis Mornay, neveu de Philippe du Bec enlève à le ligue après 17 jours de siège (Archives Départementales, L.I., G.607 et G.242).

JEAN VALLET - 1603. Aumonier du Roi Henri IV, il devint prévôt de Vertou en 1603 (Archives Départementales, B.183).

PIERRE LEBERT - 1612. Chanoine et archidiacre du Mons, il obtint la prévûté de Vertou en 1612 (Archives Départementales, B.183).

CHARLES de BEAUMANOIR de LAVARDIN - 1632. Il naquit dans le Maine. Son père était gouverneur de cette province et ami du bon roi Henri IV. Il se trouvait dans le carosse du monarque quand il fut assassiné en 1610. Jeune encore, Charles de Beaumanoir, qui venait d'entrer dans les ordres, fut envoyé à Rome pour y remplir des missions difficiles. Il eut de graves difficultés avec ses Religieux de Vertou qui lui reprochaient son âpreté dans le recouvrement des bénéfices et surtout la misère dans laquelle il les laissait vivre.

CESAR D'ESTREE - 1644. Il est né en Artois, prés de Béthune en 1628. Il était le fils cadet d'Annibal d'Estrée, maréchal de France. Il fût prévôt de Vertou en 1644, à l'âge de seize ans. Evêque de Laon en 1653, il entrait à l'académie Française trois ans plus tard. C'est à cette époque que fut terminé le magnifique portail qui donnait accès désormais au monastère de Vertou. Verra-t-on disparaître cette porte monumentale, qui subsiste encore à l'entrée du presbytère et que les Verteviens souhaiteraient garder comme un souvenir du passé.

Les cloîtres autrefois dépositaires des plus hautes vertus spirituelles et morales avaient perdu cet idéal de vie. Il fallait à tout prix rétablir une certaine discipline dans nombre de couvents mais pour le faire il fallait du courage. Un homme se trouvait capable de mener à bien cette tâche difficile, le Cardinal François de la Rochefoucauld. Par un rescrit du Roi et un bref du Pape il était chargé de faire cette réforme. Tandis que l'Abbé de Rancé s'appliquait à remettre à la Trappe en honneur les pratiques les plus austères, César d'Estrée en 1664 accomplissait cette réforme dans sa maison de Vertou. Cette même année il délégua son Prieur pour y faire pareil changement au monastère cistercien du Bois Groleau, près de Cholet. Dominique Robin y avait résidé comme religieux de 1657 à 1659 avant d'entrer à la Prévôté de Vertou dont il était devenu le prieur très aimé. Il devait séjourner plusieurs années au Bois Groleau qu'il employa à reconstruire église et monastère (Archives Départementales, L.I. G.607 et G.242).

En 1671 César d'Estrée devenait Cardinal. Il devait par la suite jouer un rôle importent dans les querelles qui allaient diviser le Roi de France et le Papauté [Note : Le 11 juin 1634 Guillaume Bouchaud et Jeanne Cottineau, sa femme, obtiennent le droit de reconstruire à neuf le moulin du Chêne en Vertou].

En juillet 1683 eut lieu une visite canonique de l'Archidiacre Binet, vicaire Général de Nantes (Archives Départementales, L.I. Visite climat Clisson, G.52). Elle nous fournira quelques détails intéressants sur la vie de la paroisse en cette fin du XVIIème siècle. La paroisse comptait alors environ 4.000 adultes. Elle était placée sous le patronage de Saint Blaise. Après avoir visité l'église et le sacristie, l'archidiacre écoute dans le choeur l'état de la paroisse, tel que lui présente le Recteur Yves Quiquebault. Il est aidé dans son ministère par trois vicaires, René Huchet, Julien Duteil et Pierre Mesnard. Il faut y ajouter les services d'un diacre, Honoré Brossaud. Le clergé compte per ailleurs dans ses rangs deux anciens curés de Vertou Jean Carreau et Guillaume Leroy. Le conseil paroissial qu'on appelle alors "les témoins synodaux" sont : Charles de Monty de le Maillardière, Guillaume de l'Isle de la Nicollière, Pierre Couporie du Portereau, François Chauveau sénéchal de Vertou, Martin Bruneau, propriétaire fiscal, et Pierre Letourneux des Canteries.

Le Recteur est tenu d'administrer dans sa paroisse les sacrements, d'y faire le prône et le catéchisme. Comme revenus il possède une métairie située à la Ville au Blanc et qui lui rapporte 450 livres. Il a droit par ailleurs à une pipe de vin rouge et une de vin blanc (450 litres) et 32 septiers de blé, le tout récolté dans le pays.

La Prévôté de Vertou est une maison de religieux Bénédictins de fondation ducale. Le Prévôt est en outre appelé Curé primitif de la paroisse. Cette dignité est pourvue par le Pape sur recommandation de l'Abbé de Saint Jouin de Marnes. Le Prévôt possède neuf métairies et d'autres domaines. Il perçoit par ailleurs des droits de pêche dans la rivière, de passage à la Chaussée, des moulins à vent et à eau. La Prévôt doit fournir les revenus nécessaires pour l'entretien de Onze religieux actuellement au monastère. Tous ces détails donnés par ce rapport nous permettent de mieux connaître l'état de la paroisse de Vertou en cette fin du XVIIème siècle (Archives Départementales, L.I. G.242).

Le Cardinal d'Estrée devait se démettre de sa prévôté en 1709. Il aimait cette maison dans laquelle il fit de nombreux séjours.

JEAN D'ESTREE - 1709. Il est né à Paris en 1666 et fut nommé par le Roi Louis XV ambassadeur en Espagne. En 1709 il succédait à son oncle comme prévôt de Vertou.

L'année même de son installation dans cette maison eut lieu dons la paroisse une Mission célèbre prêchée per le Père de Montfort. L'hiver de cette année là était fort rigoureux. Le froid avait commencé de sévir dès la fin d'octobre, puis le temps s'adoucit. Mais à partir de l'Epiphanie le gel devint intense. Les pins, les noyers et les chênes périrent en grand nombre et la plupart des oiseaux trouvèrent la mort ? Il s'en suivit une grande misère. C'est au cours de cette rigoureuse saison que le Père de Montfort, arrivant de Saint Fiacre ou il avait avec quelques difficultés fait un exercice spirituel similaire, vint donner à Vertou une mission. Un soir on put se chauffer tout à l'aise. Monsieur Montfort faisait brûler sur la place du bourg les livres licencieux et les gravures indècentes que lui avaient apportés ses auditeurs. Il fit enlever également les pierres tombales qui se trouvaient dans l'église à le suite de son sermon sur la mort. Sur quoi il y eut grande colère près des moines bénédictins qui n'avaient pas été prévenus de cette initiative. Spirituellement la mission fut excellente. Retenons-en ce récit : " Quand nous fîmes la mission de Vertou, dit de Bastière, l'un des compagnons du Saint Prédicateur, Monsieur Grignon n'y ayant reçu aucune souffrance, me prit un soir par le main pour me conduire dans sa chambre. Il me parut si affligé que je crus un instant qu'il lui était arrivé grand malheur. Il me dit en soupirant... Mon cher Ami ne restons plus ici. Je lui répondis : Ou irions-nous pour être mieux? ". " Mais c'est précisément pour cela répondit le Saint que nous devons fuir. Nous sommes ici trop à notre aise et notre mission ne portera pas de fruits. Elle est sans fondements solides puisqu'elle n'est pas appuyée sur la croix. Voilà ce qui me fait souffrir. Point de croix, quelle croix ! J'ai dessein de finir dès demain cette mission. Etes-vous d'accord avec moi ? ". Je lui répondis : " En vous éloignant de Vertou vous ne ferez pas l'oeuvre du Bon Dieu. Si vous n'avez pas de croix ici, ce n'est pas votre faute ". Il eut la bonté de me croire et nous pûmes terminer cette mission qui dura plus d'un mois et qui fut féconde en grâces (Père Daniel, Saint Louis Marie Grignon de Montfort. Mission de Vertou, p.303).

Deux ans plus tard Jean d'Entrée fut élu à l'Académie française au fauteuil laissé libre par le critique célèbre Boileau Despreaux. Nommé archevêque de Cambrai la mort le surprit avant son sacre.

ARMAND BAZIN de BEZON - 1718. Archevêque de Bordeaux depuis vingt ans il obtenait en 1718 la prévôté de Vertou comme bénéfice. Il devait mourir trois ans plus tard.

LIBERAL de MARENZAC - 1721. A peine a-t-il pris contact avec la Prévôté qu'il doit s'intéresser à différents projets concernant cette maison (Archives Départementales, L.I.). Le 15 Novembre 1723 Dom Libéral qui résida le plus souvent à Paris est attendu pour la bénédiction de la chapelle de la Bareille. Au dernier moment il annonce son départ pour Rome et c'est l'abbé Gaudin recteur de la paroisse qui préside cette fête (Archives Départementales, L.I., H.199 et H.209).

Le 8 Octobre 1727 par son notaire Maître Bizeul conseiller du Roi et qui habite à Nantes place de la Monnaie il consent un bail de sept ans pour tous les biens de la Prévôté en faveur de Joseph 0llivier des Bauches et Mathurin Dureteau négociant à Nantes. Ils verseront en retour la somme de 17.400 livres choque année au prévôt avec charge pour lui de subvenir aux besoins des Religieux et des pauvres de la paroisse.

On peut lire dans un registre d'Etat civil de Basse Goulaine (Archives Basse-Goulaine - Chanoine Bachelier : " Le Jansenisme à Nantes ", p. 143 - 149) la mention d'un synode tenu à Vertou le 24 Avril 1742 chez les Bénédictins de la paroisse. Monseigneur Turpin de Crissé évêque de Nantes préside la réunion. Tous les recteurs du climat de Clisson y assistent et Dom Libéral est revenu spécialement de Paris pour les saluer. L'évêque désire mettre un terme à la querelle du Jansénisme dans ce point chaud de son diocèse qu'est le pays de Clisson. Plusieurs recteurs opposent de la résistance aux décisions de Rome et aux objurgations de l'évêque. Sans doute le monastère de Vertou ne figure pas dans la longue liste des maisons bénédictines appelantes. Mais les religieux restent divisés entre l'obéissance et la révolte. Leur prieur n'a-t-il pas signé déjà une lettre d'adhésion à l'église d'Utrecht ? Mais Dom Marcheix a dû quitter la maison et le Prévôt peut assurer l'évêque de la fidélité de tous ses fils. Mais certains curés de la région de Clisson demeuraiant entêtés et pétulants. C'est sans doute pour les éclairer une fois de plus que l'évêque les rassemblait en ce monastère.

En 1744 meurt l'Abbé Gaudin qui était le recteur très aimé de la paroisse de Vertou depuis 21 ans. Il venait de procurer à ses paroissiens le bienfait d'une mission prêchée par les Missionnaires de Saint Clément. Il fut remplacé per l'abbé Roland du Bois.

Nous serions tentés de nous demander si les Religieux (Archives Départementales, L.I., H. 202) de le Prévôté rendaient quelques services à la paroisse dans l'administration des sacrements.

Une lettre de l'Abbé de Poly vicaire général de Nantes envoyée au Prieur de Vertou va nous donner la réponse. Il insiste pour que les Religieux entendent les confessions et assurent les messes. " C'est une vraie charité écrit-il et un service à rendre à la paroisse de Vertou qui est immense et qui manque de prêtres, que d'aider à assurer le ministère auprès des âmes... ".

En 1765 Georges Heuly fut désigné par le Châpitre Général des Bénédictins de Saint Maur comme Prieur de Vertou. Sa tâche sera d'autant plus difficile qu'il doit assurer les fonctions du Prévôt Dom Libéral de Marenzac retenu à Paris par la vieillesse et la maladie. Il aura l'honneur d'accueillir l'année suivante dans son monastère de Vertou les derniers religieux de la Chaume, abbaye qui s'élevait dans la plaine de Machecoul. Les quatre derniers moines de cette abbaye prirent leurs quartiers au Prieuré de Vertou. Les ornements de la chapelle, la bibliothèque et les archives y furent transportés. Ce fonds si intéressant pour l'histoire du pays de Retz devait être brûlé sur la place de Vertou dans les premiers jours de la Révolution. A la même époque 1766, le prieuré des Bénédictins de Clisson fut pris en charge par le Prieur de Vertou. L'affaire ne se fit pas sans soulever quelques difficultés. Nous en avons pour preuve une lettre qu'écrivit à Dom Heuly le Prieur de Saint Maur : " Permettez-moi de m'entretenir avec vous d'une affaire qui intéresse votre maison et qui me paraît du plus mauvais exemple dans la Province. Il m'est revenu aux oreilles que Dom Declinchamp ancien prieur du monastère de Clisson refuse de quitter ces lieux et jouit comme par le passé de ce bénéfice. Je voudrais savoir si c'est le vérité. Quelles sont les raisons qui le poussent à agir ainsi envers vous. Ne me cachez rien. S'il refuse de vous donner sa procuration exigez-la et s'il s'obstine prévenez-moi. Je vous connais comme galant homme et menant bien votre monastère ", et le Provincial ajoute en post scriptum ceci : " Est-il vrai que votre Prévôt Dom Libéral de Marenzac, résigne sa prévôté en faveur de Jean Coulon de la Besnardais.. ". Cette présomption allait devenir quelques jours plus tard une réalité(Archives Départementales, L.I., H.202, Correspondances 1760, 1790).

JEAN COULON de la BESNARDAIS - 1760. Moine bénédictin de l'abbaye de Saint Germain des Prés à Paris, le 8 Août 1768 il reçoit du Pape Clément XIII sa nomination de Prévôt de Vertou. Il en sera le dernier.

Monseigneur Pierre Mauclerc de la Muzanchère, évêque de Nantes l'autorise à prendre en charge sa prévôté. Nous trouvons un exemplaire de la Bulle de sa nomination, un rescrit du Roi de France aux archives départementales de Nantes. Nous donnerons par ailleurs en entier le procès-verbal de prise de possession qui s'y trouve et qui présente un certain intérêt par les détails qu'il contient (Archives Départementales, Nantes, H.202).

Le monastère de Vertou a pour Prieur Georges Armand Heuly, ancien prieur de Saint Pierre de Bedery. On trouve comme autres moines, Pierre Arondel, René Ange Colliot, Mathurin Portier et Xavier Evin nouvellement muté. Il faut y ajouter Jacques Maurice diacre. Arrivé à 10 H du matin venant de Nantes où il a passé le nuit, Jean Coulon est reçu à la porte du Monastère par le prieur et Dom Arondel qui le conduisent directement dans une pièce de le Prévôté où l'attend le notaire Royal Goizeau. Après avoir apposé sa signature sur le rescrit du Roi il sort et se rend à la sacristie pour y revêtir l'aube, l'étole et la chape.

On le conduit de là dans la partie de l'église qui est réservée aux moines. Il y prend l'eau bénite, s'agenouille devant le Maître-autel et chante le "Veni Creator". Puis il monte à l'autel, ouvre le tabernacle, expose le T.S. Sacrement, pendant que l'on chante "O Salutaris". Il donne ensuite la bénédiction et vient se placer au milieu du choeur ou il reçoit l'obédience de ses moines et les salutations des personnalités présentes. De là, il se rend au pupitre placé dans le choeur, il touche le livre de chants et entonne une antienne en l'honneur de Saint Martin. Il passa ensuite dans la partie réservée aux fidèles y fait une prière devant le Maître-autel, visite les fonts baptismaux, sonne la cloche, monte en chaire, redescend et fait lire par le Prieur la Bulle et les rescrits qui le nomment PREVOT de VERTOU. Il se rend à la sacristie pour quitter ses ornements et visiter les vases sacrés. Il se dirige ensuite vers la maison de la Prévôté, il rentre, ouvre et ferme porte et fenêtre, se met à table, boit et mange. Puis sortant dans le jardin, de la main il arrache un peu d'herbe, donne quelques coups de bêche et taille quelques branches d'arbres.

Il se transporte de sa maison à l'AUDITOIRE de la justice, sise dans le bourg et déclare aux Notabilités présentes qu'il est désormais leur seigneur temporel et spirituel. Il signe les papiers et registres qu'on lui présente et retourne à l'église pour y saluer les fidèles qui l'attendent et y faire une première homélie.

La cérémonie terminée, les moines précédemment cités signent le texte relatant cette arrivée. Nous relevons par ailleurs les noms de Jean Bureau, prêtre originaire de Vertou, François Praud vicaire à Thouaré, Charles Edelin, Yves Dubreuil, Gustave Bureau, Henri Huet, Auguste et Charles Vizonneau (Archives Départementales, L.I., H.201 et H.202).

Le 21 Mars 1769, nom Georges Heuly, prieur du monastère de Vertou convoque ses moines par le son de la cloche à une assemblée générale (Archives Départementales, L.I., H.202). Il leur annonce qu'ils doivent procèder le jour même à l'élection d'un délégué pour se rendre ou Chapitre Général qui va se tenir prochainement à Saint Maur. Il donne per ailleurs lecture d'une lettre du Supérieur Général de le Congrégation, Monseigneur de Saint Florentin datée du 3 Février 1769 et expédiée de Versailles, et qui insiste sur l'importance de cette nomination. Mais voilà que Jean Maurice, un jeune moine de la maison de Vertou s'insurge et déclare ouvertement qu'il ne prendra pas part à cette élection. Le Prieur l'invite à lui préciser les raisons de son refus. Il prétend que le nombre restreint des Religieux ne permet pas de se séparer de l'un d'entre eux, si on veut continuer, comme par le passé à assurer chaque jour l'office divin. Lui d'ailleurs qui dépendait de l'obédience de Saint Gildas, n'est venu ici que pour assurer des messes. Mais en fait il continue d'appartenir à son ancienne communauté. Quant à son frère, religieux à la Chaume, il est malade et ne peut venir jusqu'ici. Il s'en est excusé par lettre. Deux autres moines Dom Colliot et Dom Portier prennent la même position de refus. Dans ces conditions le Prieur décide d'ajourner cette élection.

L'hiver de 1768 avait été particulièrement mauvais. A l'époque des semailles peu de gens avaient labouré le terre. Tout le pays nantais connut au printemps de 1769 une grande disette. On dut faire venir de l'étranger une gronde quantité de blé et de farine pour nourrir la population. Les moines de Vertou firent plusieurs fois par semaine des distributions gratuites de pain. En nourrissant les corps, ils avaient l'espérance de faire du bien aux âmes (Archives de la paroisse de Vertou).

Le 2 Avril 1770 on apprit la mort survenue à Paris de l'ancien Prévôt de Vertou, Dom Libéral de Marenzac. Ce jour là les Vertaviens durent évoquer le souvenir de ses libéralités et prier pour le repos de son âme.

Le 7 Septembre de la même année, Dom Gabriel Chauvelin abbé de Saint Jouin du Marnes décide par acte notarié la cession de son monastère et de cent quarante cinq bénéfices dont la Prévôté de Vertou à la manse du Châpitre d'Amboise.

Pour expliquer cette mutation, il nous faut remonter quelque peu dans l'histoire. En 1481, Pierre d'Amboise, abbé de Saint Jouin de Marnes depuis 14 ans, est nommé évêque de Poitiers. Ne voulant pas toutefois abandonner ses bénéfices, il demande et obtient de les garder, ouvrant ainsi dans son ancien monastère la longue série des Abbés Commandataires. Depuis lors sa famille et le Châpitre d'Amboise n'ont pas perdu l'espoir de retrouver ces biens. En 1770, apprenant que cette abbaye a des difficultés pour équilibrer ses finances, ils obtiennent du Roi que tous ces bien soient désormais gérés par le Châpitre d'Amboise (Angot, Saint-Martin de Vertou, page 36).

Sans doute la vie des Religieux de Vertou continuera comme par le passée mais ce changement de Maîtres ne fera qu'accentuer son déclin. Dans le présent, il va motiver l'éloignement de plusieurs de ses moines. C'est ainsi que Dom Arondel devient le prieur de Combourg tandis que Dom Heuly est nommé procureur de la maison de Quimperlé. Après avoir vécu vingt ans sur les bords de la Sèvre, c'est lui qui écrit à son Prévôt avant de le quitter : " Nous sommes redevables à Dieu de notre travail non de nos succès ". Il avait fait de son mieux comme prieur mais s'était heurté à la mésentente de ses frères. Il laissait cette charge à Xavier Evin, qui allait à son tour l'assumer pendant cinq ans.

Ce jeune Religieux, d'un abord très aimable et d'une grande fermeté de caractère essaya de redonner un peu de vie à son monastère. Il s'intéressa spécialement à la formation spirituelle de ses sujets tout en ne négligeant pas pour autant leur vie matérielle.

C'est ainsi que nous découvrons un papier signé de sa main du 8 Mars 1773 dans lequel le Prieur accepte de verser à Marcel Boutant, maître en chirurgie, demeurant au bourg de Vertou la somme de 100 livres, et cela pour une année entière. Boutant s'oblige en retour sans autres compensations " à suivre tous les malades de l'abbaye bénédictine, maîtres et domestiques. Il leur fera toutes les saignées nécessaires et fournira tous les médicaments pour assurer leur guérison. Il donnera au Prévôt les soins qu'il pourra lui-même réclamer lors de ses passages ". C'est clair.. Santé des Corps .. Santé des Ames. Avec tout cela la maison de Vertou peut espérer retrouver une nouvelle vie.

Les années passent et nous arrivons en 1784 pour y lire ce rescrit du Roi de France Louis XVI, qui intéresse le Prieuré Saint Pierre-sur-Sèvre (Archives Départementales, L.I., H. 198). Le voici : " Louis Roi de France et de Navarre.... à notre Cher et aimé, PIERRE BESSONNEAU notaire à Vertou... salut .. Vous nous avez exposé que le sieur et discret GEOFFROY BOULNOYE, chanoine d'Angers et prieur du Prieuré Saint Pierre-sur-Sèvre à Vertou, avait jugé avantageux pour lui de vous cèder à bail tous les biens dépendants de ce prieuré .. et cela pour le versement d'une rente annuelles et perpétuelle. Ces biens comprennent les logements, jardins, près, terres et vignes qui dépendent du-dit prieuré et qui sont situés tant au prieuré Saint Pierre qu'aux Mortiers. Une sentence présidiale favorable ayant été déjà rendue par le Présidial de Nantes le 6 Septembre 1783, Nous Roi de France et de Navarre, nous acceptons à notre tour cette cession du Prieuré royal de Saint Pierre-sur-Sévre ".

Aussi un accord fut passé chez le notaire Jean Brosseau entre Pierre Bessonneau demandeur et René Le Normand, procureur de Messire Geoffroy Boulnoye, chanoine d'Angers.

Pierre Bessonneau s'engageait à verser chaque année à Messire Geoffroy Boulnoye et à ses successeurs cinq tonneaux de vin et sept septiers de froment. Il était tenu par ailleurs à faire toutes les réparations jugées utiles aux logements situés tant au prieuré qu'à ceux des Mortiers.

Ces derniers comprenaient : un logement de plusieurs chambres, une cour, un jardin et des dépendances. Le tout entouré de murs, situé sur le chemin qui conduit des Mortiers à la ville au Blanc. Un grand portail y donnait accès. Un y trouvait par ailleurs un hangar soutenu par des piliers de maçonnerie, une écurie, un cellier et un pré situé entre les terres de Dame Launay et du sieur Bonneau.

D'autres terres également appartenaient à ce prieuré : à la Garenne un pré, au Grison un jardin, aux Daillorges un lopin de terre planté de vigne, quelques parcelles de terre à la Gombergère, à le Bauche Malo et à la Barbinière. Pierre Bessonneau était tenu enfin de rétablir les murs de l'enclos du Prieuré Saint Pierre actuellement en mauvais état et cela dans un délai de trois ans et de restaurer la chapelle qui se trouvait dans le jardin. Celle-ci était couverte en ardoises, lambrissée à l'intérieur mais d'un mauvais lambris. On y trouvait un autel en pierre surmonté d'une statue de Saint Pierre (Archives Départementales, L.I., H.198). Deux statues en bois étaient placées sur des socles de pierre. Un bénitier en pierre finement sculpté rehaussé d'incrustations d'émail et de cabochons de verre se trouvait à l'entrée. L'intérieur était carrelé de petits carreaux rouges, le tout éclairé par deux fenêtres dont les vitraux étaient en partie brisés. On y accèdait par un perron montant de la cour.

Lecture a été faite de ce document le 25 Septembre et le 12 Octobre 1784 à la porte de l'église de Vertou devant la foule des fidèles qui sortait de la messe de onze heures. Fait à Vertou le 28 Octobre 1784. Suivent les signatures Pierre Bessonneau ... René le Normand et François Brossaud notaire royal.

Le 2 Novembre de cette même année DOM HENRI SOULASTRE prieur des Bénédictins de Vertou depuis le 22 Avril réunissait au son de la cloche ses Religieux. Il devait leur annoncer la transaction faite en leur faveur par leur ancien Prélat Dom Libéral de Marenzac, décédé en 1782. Ils recevaient en héritage par les soins de ses héritiers la somme de 34.000 livres. Cette libéralité allait leur permettre d'amortir toutes leurs dettes et d'employer le surplus aux travaux de réparations qu'ils avaient décidés de faire à l'église de Vertou. Heureux d'un tel héritage, les moines de Vertou bénirent la mémoire de leur généreux donateur. Suivent les signatures .. Dom Soulastre prieur, Etienne Doly sous prieur, Adrien Chateauregnaud.. André Dézé, Jean Secal et Adrien Boutand, les seuls religieux qui résident alors à la Prévôté.

En accord avec le recteur de Vertou, ils restaurent entièrement la tour des moines. L'autel principal de l'église est richement décoré. Le choeur des moines pourvu de stalles nouvelles. Seul le clocher d'ardoises qui surmonte le fronton a dû voir sa réparation ajournée. La dette s'élève à 12.000 livres et sera payée par le monastère (A. Jarnoux).

Note : L’abbé Alfred Jarnoux (1900-1991), ordonné prêtre en 1925, a occupé divers postes de vicaire avant d’être chargé de la paroisse de Vertou en 1950 et de l’aumônerie du collège du Loquidy en 1960. A côté de sa charge pastorale, l’abbé Jarnoux, nommé chanoine honoraire en 1954, s’est toujours intéressé à l’histoire et a mené à terme diverses études qui ont connu l’édition.

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