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La plus ancienne pièce relative à ce prieuré, qui soit venue jusqu'à nous, nous le montre déjà existant et recevant, au milieu du XIIème siècle (1140-1142), les dons des sires de Varade. Sans doute, il devait son origine, à la munificence de ces mêmes seigneurs, qui l'auront fondé sur la fin du XIème siècle, époque de la plupart des établissements formés dans notre province par les moines de Marmoutier. Mais les titres de la fondation ont péri.

Du moins a-t-on conservé, sur la situation de ce prieuré au XIVème siècle, un curieux document. C'est un état général de ses revenus et de ses dépenses, fourni, en 1338, par le prieur à l'abbé de Marmoutier, l'un des commissaires députés par le Saint-Père pour la visite des établissements ecclésiastiques des provinces de Tours et de Rouen. Suivant cet état, le prieuré était, alors habité par deux moines, y compris le prieur. Le revenu annuel, tant en argent qu'en grain et en vin, s'élevait à 39 l. 9 s. ; le setier de blé est estimé à 8 s., le setier d'avoine à 5 s. et la pipe de vin à 30. Au chapitre des charges, cet état indique, entre autres dépenses annuelles, les suivantes, savoir : pour les vêtements et les chaussures des deux moines, 6 l. ; pour l'entretien des bâtiments, 20 s. ; pour les gages des serviteurs, 40 s. ; pour la façon des vignes, 7 l. Le prieuré devait au baron d'Ancenis et à un seigneur nommé Guillaume de Chalonne une redevance en gâteaux, appelés roussolées, qui se payait aux trois fêtes de Paques, de la Toussaints et de Noël, et est estimée valoir annuellement 15 s. A l'évêque de Nantes, il était dû 20.s. pour son droit de visite. Quant aux rentes dont le prieuré était chargé vers l'abbaye-mère, elles consistaient : en 10 s. payés à l'abbé, pro conductu sepiarum, lors de la tenue de chaque chapitre ; 10 s. pour l'entretien de l'église abbatiale ; 2 s. à l'infirmier, 1 s. au bibliothécaire. Les frais du voyage que le prieur devait faire chaque année pour se rendre au chapitre général de l'abbaye, sont appréciés à 20 s. (Titres du prieuré de Varade, ci-dessous, n° 6). Enfin les revenus du prieuré en grain (estimés à 6 l. 10 s.) et aussi ceux en vin (estimés à 13 l. 10 s.) étaient dépensés dans la maison et ne suffisaient pas à la consommation.

TITRES DU PRIEURÉ DE VARADE.

Le fonds du prieuré de Varade comprend un inventaire, coté A, dressé en 1749 par dom Noël Le Goux, garde-chartes de l'abbaye de Marmoutier, et une liasse de pièces dont l'analyse suit :

1.

1140-1142. — Notice, portant que, durant la résidence du moine Robert à Varade, Olivier [Note : Il était seigneur de Varade], fils de Brient, acheta de Païen Grenon, au prix de 8 livres, les droits sacerdotaux (presbiteratum) de l'église de Varade, et les donna à Marmoutier : ce que ses fils Brient, Geoffroi, Auberi et Rolland approuvèrent de leur part « quando pater eorum misit donum super altare S. Petri, in die sancto Pasche post processionem, vidente omni parrechia ». De plus, Païen et Angevine, sa femme, donnèrent à Marmoutier leur part des dîmes des prémices (de primitiarum decimis) portant sur les agneaux, les porcs, la laine et le chanvre. Franciscus, évêque de Nantes [Note : Il fut évêque de 1140 à 1142], étant allé à Tours peu de temps après, confirma ces diverses donations en l'abbaye de Marmoutier et ensuite à Nantes. — Orig. parch. un peu lacéré.

2.

XIIème S., milieu. — Notice relatant qu'Olivier de Varade (Oliverius de Vareda), quand son cellérier Foucher fut reçu moine à sa prière, donna au prieuré de Varade « une ouche de terre attenant au chemin qui monte au château de Varade, pour y planter de la vigne, et un arpent de pré en Anetz (Arnez) : le tout quitte et exempt de toutes charges, de cens et autres coutumes. Laquelle donation fut encore réitérée Par ledit Olivier à l'abbé Odo, lors d'un voyage que celui-ci fit à Liré ». — Orig. parch.

Nota. — Cette notice porte que la donation y relatée fut confirmée par deux fils d'Olivier (Brient et Auberi), au lieu que celle du n° 1er est confirmée par quatre ; mais celle-ci l'est en outre par Olivier Le Borgne (Oliverius Bornus), neveu d'Olivier de Varade. On peut croire que Montrelais fut pour lui détaché de Varade, en juveignerie, puisque, selon D. Morice (Pr. I, 486), l'ancienne famille seigneuriale de Montrelais s'appelait Le Borgne.
Extr. D. Morice, Pr. I, 551.

3.

XIIème S., fin, ou XIIIème, commencement. — Charte de Brient, seigneur de Varade. Il exempte de toutes coutumes toutes les choses à l'usage des moines de Marmoutier qui passeront en Loire devant Varade, venant de Nantes. En cas de doute sur la destination des dites choses (quod si forte dubitatum fuerit utrum res ipse proprie ad usum monachorum fuerint), on s'en rapportera au serment de l'un des serviteurs qui les conduiront. — Orig. parch. était sc.

Nota. — D. Morice, Pr. I, 542, a fort mal placé cette charte vers l'an 1120 ; elle est bien postérieure d'environ 80 ans. D'ailleurs, il en a donné tout le texte, sauf les noms des trois derniers témoins, savoir : « David monachus qui hanc cartam scripsit. Garinus de Giblel tunc famulus ipsius. Raginaldus presbyter de Vareda, et alii multi ».

4.

1227. — Charte de P., écolâtre, et de J., sous-diacre de Saint-Martin de Tours, juges délégués par le pape entre l'abbaye de Marmoutier d'une part, et les exécuteurs testamentaires ou fidéicommissaires du défunt Geoffroi, seigneur d'Ancenis. Les moines de Marmoutier disaient être en droit de prendre la dîme des juments et poulains appartenant au seigneur d'Ancenis en la paroisse de Varade ; dîme dont ils avaient été dépouillés par le défunt : ils demandaient 10 l. pour la valeur de cette dîme, et 10 l. pour les dommages-intérêts. L'accord intervenu entre parties ne donne que 100 s. aux moines de Marmoutier ; mais il porte qu'ils ne pourront être troublés à l'avenir par qui que ce soit dans la jouissance de leur dîme. — Orig. parch. était sc. de 2 sceaux.

5.

1244. — Charte de Brient de Varade (Briencius de Varades), chevalier, portant que, comme les abbé et couvent de Marmoutier avoient baillé à Geoffroi de Pricesi, clerc, leur maison de Varade (domum suam de Varenda), pour en jouir et la rendre en bon état, il promet de ne rien demander ni exiger dudit Geoffroi, soit sur ses meubles, immeubles, acquêts et autres impenses en ladite maison. — Orig. parch. était sc.

6.

1338. — Etat des revenus et des charges du prieuré de Varade, fourni par Robert de Châteaudun, prieur dudit lieu, à l'abbé de Marmoutier, l'un des commissaires délégués par le pape Benoît XI pour faire information du revenu des monastères de moines noirs des provinces ecclésiastiques de Rouen et de Tours. — Orig. parch. était sc.

7.

1455, 23 avril. — Par-devant la cour d'Ancenis : bail à rente perpétuelle faite par fr. Charles de la Garende, prieur de Varade, à Jean Querlis et Guillemette, sa femme, d'une « osche et cloux de terre nommé et vulgalment appelé le cloux de la Forge, » contenant 8 boisselées de terre ou environ, sis en la paroisse de Varade, près le bourg dudit lieu, joignant d'un côté au chemin de Varade à Ancenis, d'un bout à la terre au curé de Varade, etc. Et ce pour 10 s. de cens, rente et devoir annuel, payables moitié au jour Saint-Barthélémi, moitié à la Toussaints. — Orig. parch. était sc.

— A cette pièce est attachée une « commission de Gui, abbé de Marmoutier, au prieur des Sept-Dormants, de s'informer si cette baillée tournera au profit et utilité du prieuré de Varade. ». — Latin. — Orig. parch. était sc., fort détérioré.

8.

1455, 23 avril. — Par la cour d'Ancenis : bail à rente perpétuelle faite par fr. Charles de la Garende, prieur de Varade à Jean Hardi l'aîné, de ladite paroisse, de « deux quartiers de terre en pré ou environ, » en la paroisse de Varade, près la Noe de Ver, joignant d'un côté au commun de « l'Eschacerie, » d'un bout « au pré au curé de Varade, » pour 10 s. de cens, rente et devoir annuel au terme de l'Angevine. — Orig. parch. était sc.

9.

1671, 27 mai. — Aveu du temporel du prieuré de Saint-Martin de Varade, rendu à Mre Armand de Béthune, marquis de Charost, baron d'Ancenis, par dom Claude-Alexis David, religieux profès, procureur général de l'ordre de Cluni, prieur dudit prieuré de Varade. — Copie collationnée et authentique du 1er juin 1683. Papier.

10.

1680, 22 novembre. — Arrêt du grand Conseil du Roi, pour la visite des prieurés dépendants de Marmoutier-lès-Tours, et pour le rétablissement du service divin auxdits prieurés, avec défense aux prieurs d'y faire aucune dégradation. — Imprimé, pap.

(M. A. de la Borderie).

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