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LE PRE CALLA A VANNES.

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Le pré Calla. — Vivant toute la semaine dans les rues étroites et sombres de la ville close, les habitants quittaient avec empressement, les dimanches et jouis de fêtes (et aussi par les longs soirs d'été), les seuils obscurs de leurs chétives demeures ; et avides d'air et de lumière, ils se répandaient dans la campagne environnante. Mais, au XVIIème siècle, les espaces libres autour des murs furent presque tous occupés par les nombreux couvents fondés à cette époque, lesquels, avec leurs dépendances, formaient, en dehors des remparts, une enceinte concentrique presque ininterrompue. Au delà il y avait, encore toute une ceinture de fermes et de petits manoirs dont les champs et les prés, généralement enclos, n'étaient pas accessibles au public. Il ne restait guère, comme terrains ouverts à la disposition de la population urbaine, que le rivage de la mer et les immenses landes d'ajoncs et de bruyères qui s'étendaient au loin et couvraient alors presque toute la contrée.

Vue du port de Vannes (Bretagne).

Il existait cependant le long de la rive droite du port — lequel n'était encore qu'une vasière — une prairie qui semble avoir été très fréquentée par les citadins en quête de plein air et d'un lieu de repos ou de récréation. C'était le pré Calla que l'on trouvait immédiatement après la vieille maison où devait s'installer un peu plus tard la communauté du Père-Éternel. On y mena en 1645 ce bizarre et curieux voyageur, nommé M. de Monconys, et voici la curieuse note qu'il consigna, à propos de cette dans le journal de ses voyages publié à Lyon par son fils en 1665 : « Le 19 (mai 1645) je séjournay à Vannes attendant le temps propre à partir, et fus voir un pré où l'on dit que les sorciers tiennent leur sabat. Il y a dedans plusieurs ronds où l'herbe n'est pas seulement foulée, mais il semble qu'on l'ait bruslée. Il est vray qu'alentour on voit comme un rond d'une herbe bien plus belle et plus verte. Ce pré est relevé comme sur une chaussée au bord de la rivière, où vient le reflux, et le chemin des passans est au bord du pré ; mais l'herbe où l'on passe, quoyque foulée et rongée, n'est pas bruslée comme celle des ronds qui sont tout proches du chemin et mesme le plus grand est tenant audit chemin, qui fait qu'il n'est pas parfaitement rond de ce costé. Aux deux autres il y a deux places d'herbe foulée, comme si quelque animal s'y couchait, et je vis un trou de la grosseur de 4 pouces qui entroit profond en terre au commencement de ce grand rond, que me fit penser que ce pourroit estre quelque gros serpent, qui, après s'estre baigné dans la mer, se venoit sécher sur la prairie, et puis se mettait en terre par ce trou ... ».

Ces ronds, qui surprirent si singulièrement M. de Monconys, se rencontraient fréquemment dans nos prairies. On en montrait encore dans les environs de Vannes il y a quelques années, et nos Bretons superstitieux les attribuaient aux Korrigans.

Le pré Calla, toujours ouvert au public, était encore fréquenté au XVIIIème siècle, et il servait de terrain d'exercices aux régiments cantonnés à Vannes. En 1748, les Dames du Père- Éternel, qui en avaient fait l'acquisition, demandèrent à l'enclore. Sur l'avis de l'Amirauté, la construction du mur qu'elles voulaient édifier fut autorisée aux conditions suivantes :Il devait commencer à deux pieds en dedans du pignon de leur maison, « et il serait fait en dehors du mur un talus à pierres sèches pour former une levée à douze pieds de largeur qui sera remplie de curage battu à la demoiselle, de sorte qu'elle se trouvera à deux pieds au-dessus des plus hautes marées, et en observant le niveau de M. de la Sentière ». Cette dernière clause nous apprend que la mer venait à cette époque battre le talus du chemin de Conleau qui longe actuellement l'enclos du Père-Éternel, et dont cette levée a été l'origine. Quant au mur, qui existe toujours, et le long duquel il y a eu longtemps une corderie, il s'étendait, comme il le fait encore aujourd'hui, jusqu'au terrain sur lequel a été batie l’école normale des filles.

(Étienne MARTIN).

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