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L'église de Trémaouézan : les autels, retables et statues.

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Les autels de Trémaouézan — il y en a cinq — présentent une disposition assez particulière. Ils sont tous sur le même plan, rangés en ligne droite le long du mur oriental. Ce sont, de gauche à droite, l'autel de Sainte Anne, le Maître-Autel, et les autels de Notre-Dame, des Trépassés et de Saint Sébastien.

Le Maître-Autel.

Le Maître-Autel a été, il y a quelques années (1906), l'objet d'une importante restauration exécutée par M. Guyader, sculpteur à Landerneau, sur les indications de M. le Chanoine Abgrall. L'ancien coffre de l'autel, dont le seul ornement était une effigie de la Sainte Vierge tenant un sceptre, a été remplace par une façade garnie de jolis médaillon représentant Notre-Dame et les saints Apôtres Pierre et Paul.

Le principal ornement du retable consiste en de délicieuses colonnettes torses appliquées aux angles et sur les ailes du tabernacle. Ces. colonnettes encadrent des niches renfermant les statuettes de Notre-Seigneur, de Saint Pierre et des quatre évangélistes. Au-dessus du tabernacle est une niche d'exposition reposant sur des couronnes torses et couronnée par la statuette du Christ posant le pied sur la boule du monde et portant la croix de résurrection.

Si cet autel n'a pas trop longtemps attendu son tabernacle, il doit être de 1643, où les comptes portent : « Payé à Yves Rolland pour avoir fait le tabernacle sur le grand autel, 111 l., et pour les frais de le faire rendre à rémaouézan, 3 l. ». Trois ans plus tard, Jacques Le Roux recevait 85 l. 10 s. pour l'étoffer (peindre et dorer).

L'Autel de Sainte Anne.

L'autel de Sainte Anne, dans le bas-côté Nord, n'a d'intéressant que son retable. Deux colonnes torses et deux colonnes à découpures et à rubans le circonscrivent, encadrant une niche qui abrite le groupe de Sainte Anne et Notre-Dame avec l'Enfant-Jésus. La Sainte Vierge, drapée dans de riches vêtements, tient sur ses genoux sont petit Enfant. Sainte Anne, plus simplement vêtue, a la main droite posée sur un livre ouvert, tandis que de la gauche elle esquisse un geste de douloureux étonnement. Elle vient, sans doute, de lire un passage des Ecritures ayant trait au futur drame du Calvaire et, ne pouvant se résigner à y croire, elle semble avoir sur les lèvres les paroles de protestation que Saint Pierre adressera un jour à son maître : Absit a te, Domine : non erit tibi hoc. A Dieu ne plaise, Seigneur ; cela ne vous arrivera point ! (St Matth. XVI, 22). Mais l'Enfant la détrompe, car il se dresse devant elle, debout, les bras en croix, une expression de grande énergie sur le visage.

Au-dessus du groupe dont il vient d'être question, une autre niche, pratiquée dans le fronton du retable, donne asile à Saint-Paul-Aurélien et à son dragon. Habituellement, on représente ce saint tenant le monstre en laisse à l'aide de son étole. Le sculpteur de Trémaouézan n'a pas cru vraisemblable que saint Paul ait fait à pied le long trajet du Faou à l'Ile-de-Batz, quand il avait à sa disposition une monture d'une vigueur exceptionnelle, et il a, en conséquence, campé le thaumaturge debout sur le dos de la bête apocalyptique [Note : A Plouédern, même représentation de saint Paul]. Logique jusqu'au bout, notre artiste a fait de l'étole une bride, et de la crosse un fouet que le saint Evêque brandit pour activer l'allure du monstre. Ce dernier détail n'est d'ailleurs que peu exagéré — si toutefois il l'est — car il est dit, à propos du premier dragon que fit périr le grand apôtre du Léon, que le seigneur de Kergournadec'h le menait « comme un chien en lesse, Saint Paul le frappant de son baston ».

A côté de l'autel Sainte-Anne, un saint-Evêque dont le nom avait depuis longtemps disparu sous une épaisse couche de peinture, et qu'on prenait, tantôt pour saint Eloi, tantôt pour saint Goulven, vient enfin, de révéler sa véritable identité. On lit sur le bord de son rochet, en caractères gothiques dorés :

S. GERMEN

Y. LETI : 1560.

Saint Germain en chape et mitre, tient de la main gauche une crosse dont la volute a disparu, et bénit de la main droite gantée de violet et ornée de deux anneaux, l'un à l'index, l'autre au médius. Cette statue manque un peu de mouvement.

Autels de Notre-Dame, des Trépassés et de Saint Sébastien.

Trois autels, ceux de N.-D., des Trépassés et de Saint Sébastien ornent la chapelle de Saint Jean-Baptiste. Leurs retables, soudés les uns aux autres, ne font pour ainsi dire qu'un seul panneau qui recouvre l'entière surface de la muraille à laquelle ils sont adossés. Le sculpteur n'y a guère laissé d'espace nu : tout y est occupé par les motifs de décoration les plus variés : colonnes lisses ou torses, têtes de chérubins, feuillages, fleurs, etc., et le peintre y a jeté toute la gamme de ses couleurs. Toutefois, dans cet assortiment, l'or domine, ce qui donne à l'ensemble un aspect riche et majestueux.

De l'autel des Trépassés nous n'avons rien à dire, sinon qu'il doit occuper la place de deux autres autels, l'un dédié à Saint Goulven et l'autre à Saint Jean, d'après ce que nous apprend un contrat de 1660, conclu entre Yvon Joseph et Yves Traouez, fabriques de l'église de Trémaouézan, et François Madec et Hervé Masson, maîtres sculpteurs, demeurant; scavoir le dit Madec au moulin de Mésarnou, paroisse de Plounéventer, et le dit Masson au village de Kersalomon, au treff de Trémaouézan, ces derniers s'engageant moyennant la somme de 156 livres « à faire une closture ou table à communiants en la dite église, les balustres de bois d'if et la table de bois de chêne, conforme à la closture de l'autel de Notre-Dame ou Saint-Sébastien, laquelle closture ira en droite ligne depuis la porte de la sacristie jusqu'au bout de l'autel de Saint Jan vers la chapelle de Mézarnou [Note : Les seigneurs de Mésarnou, héritiers des droits des Carman, avaient un ban dans la chapelle neuve] pour cerner deux autels sçavoir celle dédié à Saint Goulven et Saint Jan... ».

Quelques fragments de cette clôture, remplacée depuis 1859 par une balustrade en fer, ferment aujourd'hui, au bas de l'église, la cage où descendent les poids de l'horloge.

Quant aux autels de Notre-Dame et de Saint Sébastien, ainsi que celui de Sainte Anne, que nous venons de quitter, une pièce conservée aux archives de la fabrique, donne à leur sujet les renseignements suivants :

16 juillet 1652. « Marché entre Noël et Alain Le Guen, fabriques de l'église tréviale de Trémaouézan, assistés de Mre Yves Kermarrec, curé d'icelle, et Jacques et Hervé Le Roux, maitres sculpteurs et peintres demeurant, savoir le dit Hervé Le Roux à Lesneven et Jacques à Landerneau, entre lesquelles parties a été fait marché par lequel les dits Hervé et Jacques Le Roux ont promis de faire bien et dument le retable avec la balustrade et marchepied requis, à l'entour de l'image de Mr Saint Yves au dit Trémaouézan, en même forme que le retable étant à l'entour de Mr Saint Yves à Saint-Houardon ; plus promettent de faire un autre retable avec la balustrade et marchepied requis pour servir à l'image de Notre Dame de Trémaouézan, en même hauteur et largeur que le retable de Mr Saint Nicolas, à Saint-Houardon ; et outre promettent iceux Roux faire l'image de Madame Sainte Anne avec l'image de Notre Dame et de son petit enfant et leur chassis aussi de même forme que ceux de l'église des Sept Saints à Brest, [les]quels retables et images, et autres images étant à présent sur l'autel de Saint Yves au dit Trémaouézan, iceux Roux promettent bien et dument étoffer tant en or que autres couleurs, tout aussi que le dit dessein dont il sera fait. Item, seront les boisages de bois de chêne que les dits Roux fourniront et prendront sur les lieux et iceux poser en leur place dans le 8e jour de Décembre, prochain. Le dit marché fait et accordé entre parties pour la somme de 345 livres... Fait au bourg de la Martyre, chez Madeleine Nicolas... Conditionné entre parties que l'image de Saint Yves sera posée plus haut que les autres images étant sur le même autel ».

C'est Hervé Le Roux, le sculpteur de Lesneven qui a fourni les autels de Notre-Dame et de Sainte Anne, comme le font voir les comptes : « Payé 40 sols pour charroyer le retable de Notre-Dame, de Lesneven. — Item, délivré à Hervé Le Roux pour le premier terme de l'acte qui est entre le dit Roux et fabrique, nonante livres, sur les deux autels et l'image de Sainte Anne ».

On a pu remarquer que, dans le contrat ci-dessus rapporté, il est question de faire un retable pour encadrer une image de Saint Yves déjà existante. Le Curé, M. Yves Kermarec, voulait même donner à son saint patron une place éminente parmi les autres saints qui étaient sur l'autel. Ce projet n'a pas été exécuté, du moins pour ce qui est de l'autel de Saint Yves qui s'est mué en un autel de Saint Sébastien, ainsi qu'on le constate par un contrat du 21 Novembre 1652, le contrat de donation de Maudetz Paige, frère et héritier de Mre Alain Paige, prêtre de l'église de Trémaouézan. Paige lègue à la fabrique un champ à Crélin, en Ploudaniel, « moyennant service et pierre tombale en la dite église de Trémaouézan, auprès de l'autel de Saint Sébastien ». Quant à la statue de Saint Yves, elle a, croyons-nous, trôné longtemps dans les hauteurs du retable du dit autel, à la place occupée aujourd'hui par un saint à grande tonsure, vêtu d'une robe blanche et d'un manteau vert. Mais elle a dû être comprise dans la proscription qui a atteint, voilà un certain nombre d'années, quantités de vieilles statues en bois que l'on jugeait trop délabrées pour demeurer plus longtemps à l'église et qui, en conséquence, ont subi le supplice du feu.

Signalons parmi les statues qui ont échappé à cette triste fin :

Un Saint-Jean-Baptiste avec sa croix et son agneau. Il est vêtu d'une malheureuse robe en peau ou en poil de chameau à laquelle on aurait pu ajouter avec avantage le complément dont parle l'Evangile. (St Matth. III, 4 ; St Marc, I, 6). Il a l'attitude de quelqu'un qui porte la parole, et, d'après l'air de sévérité répandu sur son visage, il doit apostropher les pharisiens. Quant à l'agneau, il ne paraît nullement intimidé par les éclats de voix du prédicateur, car il se dresse avec une belle confiance contre les genoux de son maître.

Un Ecce-Homo de 0m95, au torse développé et aux membres inférieurs grêles, vêtu d'une loque rouge et les mains liées par une grosse corde.

Un Saint-Joseph de 0m90, portant l'Enfant-Jésus qui tient une pomme dans la main gauche et tend la droite vers le ciel.

Un Saint-Herbot, vieillard au visage placide, en robe et en manteau à capuchon, un chapelet pendu à la ceinture, tenant de la main gauche un livre et de la main droite un bâton à potence.

Un Saint-Sébastien de 0m75. Cette statue, de médiocre exécution, a remplacé une autre en Kersanton dont les jambes sont cassées et qui doit être du XVème siècle. Sur le tronc de l'arbre auquel le martyr est attaché, on lit en lettres gothiques : H. URGOAS F.

Il est bien fâcheux que cette statue ne puisse plus figurer à l'église, car elle est d'une grande beauté.

Statue de Notre-Dame de Trémaouézan.

Le retable de l'autel qui touche à la porte de la Sacristie a été construit, on l'a vu, « pour servir à l'image de Notre-Dame de Trémaouézan, qui, auparavant, se trouvait au bout du grand autel ».

Eglise de Trémaouézan (Bretagne) : statue de Notre-Dame.

Cette belle image, de grandeur naturelle, en Kersanton polychrome, représente Notre-Dame assise sur un trône, ceinte d'une couronne de marquis et tenant un sceptre de la main droite, pendant que de la gauche elle soutient son divin Enfant sur ses genoux [Note : Cette Vierge-Mère a été classée parmi les monuments historiques le 4 décembre 1914, et, avec elle, les Apôtres du porche et le Catafalque. L'église et l'ossuaire ont été classés quelque temps après].

Quel âge assigner à cette statue ? Elle n'est certainement pas postérieure au XVème siècle. L'ovale du visage, la forme des plis de la robe et du manteau, les chaussures à bouts pointus, la bordure en quatre-feuilles du socle, et les dessins des fenêtres qui ornent les deux côtés du trône, ne permettent aucun doute à cet égard.

En plus de cette image et d'une statuette en bois, de 1736, que l'on porte en procession le premier dimanche de chaque mois, Notre-Dame de Trémaouézan est encore représentée par cinq autres statues, celle du choeur dont nous avons parlé, deux au porche, une au-dessus de la porte de la tour, et une autre qui est adossée au Christ, sur la croix du cimetière. Chose curieuse, dans toutes ces représentations de Notre-Dame, sauf dans celle du portail Ouest, qui n'est d'aillleurs là que depuis la réfection du clocher, il y a une pomme qui est tenue tantôt par la Vierge, tantôt par Notre-Seigneur, et même, au fronton du porche, la Mère et l'Enfant tiennent chacun un fruit.

Ce fruit, point n'est besoin de le dire, rappelle la faute de nos premiers parents. Mais nous croyons que dans le cas qui nous occupe, ce n'est pas là sa seule signification. La Madone de Trémaouèzan est appelée dans les plus vieux papiers de la fabrique « Notre-Dame de la Mercy » et, si haut que nous avons pu remonter, nous avons trouvé une confrérie de ce nom établie dans la trève. Nous sommes même persuadé que l'église actuelle a été fondée sous ce vocable.

L'ordre de la Merci ayant été institué pour la délivrance des chrétiens tombés au pouvoir des Maures, la pomme aux mains de N.-D. ou de son divin Fils peut avoir cette double signification : à la porte du porche, c'est la Sainte Vierge qui tient le fruit fatal ; elle l'offre à Notre-Seigneur, comme pour solliciter de lui le patronage de l'oeuvre de la Merci. A l'intérieur, le fruit est passé aux mains de Jésus, et N.-D. tient un sceptre, comme pour laisser entendre que la grâce demandée a été accordée [Note : Noter que la Vierge du porche et celle de l'intérieur de l'église sont de la même époque, et que, par conséquent, ce ne doit pas être sans raison qu'on leur a donné une attitude différente].

Autres pièces du mobilier.

Le P. Cyrille note que l'église de Trémaouézan avait « la sacristie bien meublée de riches ornements et argenterie ». De ce qu'il a vu il ne subsiste rien, et, des objets de quelque valeur qui furent acquis après son passage jusqu'à la Révolution, il n'est resté qu'un calice en vermeil, un élégant coffret en argent qui sert à renfermer les Saintes-Huiles, — l'un et l'autre de 1778 — et deux petites custodes en argent servant à porter la communion aux malades, dont l'une porte la date de 1782.

La croix d'argent doré pour « bâtir », laquelle on paya à Mr l'orfèvre de Landerneau 458 l. en 1648 et 334 l. 10 sols en 1650 ; les quatre calices qu'on fit « accommoder chez M. P., de Landerneau », moyennant la somme de 115 livres, tous ces trésors, ainsi que la châsse d'argent des saintes reliques, ont disparu. Les révolutionnaires les ont trouvés à leur goût et en ont fait leur proie.

Les mauvais jours passés, on reconstituera peu à peu le mobilier de l'église et de la sacristie, mais il sera loin d'avoir la richesse de l'ancien. Notons, pour mémoire, l'achat, en 1808, d'une croix payée 300 l. à M. Rahier, commis-voyageur ; en 1837, au même, un ostensoir 360 fr. ; en 1840 un calice 250 fr. ; en 1848, un ciboire 200 fr. et une lampe 200 fr., et en 1855, un dais de procession 800 fr. Le confessionnal assez remarquable qui se trouve dans la chapelle Saint-Jean, est de 1847; celui du bas de l'église, de 1882. (J. Mével).

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