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Le Corps politique et les Marguilliers de Trémaouézan.

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A côté du patron, il y avait dans chaque paroisse une assemblée délibérante qu'on appelait le général ou le corps politique. Les généraux de paroisse, au début du XVIIème siècle, comprenaient essentiellement dix-sept membres : le sénéchal et le procureur du roi ou le procureur fiscal de la Seigneurie dont relevait la paroisse, le recteur ou le curé, douze membres choisis parmi les anciens trésoriers dont les comptes avaient été rendus et soldés, et deux trésoriers en exercice. Les trois premiers étaient membres de droit, les douze membres nommés « délibérants » étaient élus, chaque année par la généralité des paroissiens, ainsi que les deux derniers appelés trésoriers en charge, trésoriers de la fabrique ou marguilliers (La Borderie, Histoire de Bretagne, T. V, p. 576 et seq.).

Les deux trésoriers de la fabrique avaient la gestion des deniers de l'église et rendaient, à la fin de leur mandat, leurs comptes, tant en charge qu'en décharge, c'est-à-dire, en recettes et en dépenses.

A Trémaouézan, du moins d'après nos plus anciens cahiers, ils étaient élus pour deux ans. Leurs comptes étaient l'objet d'un minutieux contrôle. Ils étaient « lus publiquement au prôsne de la grande messe, devant tous les habitants de la dicte trefve », examinés par le curé, les autres prêtres, et une commission nommée par les tréviens, commission qui comprenait, dans les cas contestés, les seigneurs de l'endroit. Ces comptes étaient ensuite présentés au recteur, qui les examinaient à son tour, après quoi ils étaient soumis à l'approbation des commissaires de la visite épiscopale, pour enfin revenir à la trève, revêtus de la signature d'un de ces commissaires, habituellement un grand vicaire, ou de celle de l'évêque.

L'approbation de Monseigneur n'allait pas toujours sans observation. Un jour — à l'une de ces époques où la trêve n'avait pas son contingent réglementaire de prêtres, — un nouveau vicaire, M. Pouliquen, arrive. Dans la joie qu'on en a, on organise en son honneur une petite réjouissance où neuf livres furent dépensées. On avait compté sans l'évêque. Quand à son tour il arriva et parcourut le cahier des trésoriers à la colonne des dépenses, la mention de la fête et son coût ne lui échappa pas. Il approuva néanmoins le compte, mais sous la réserve expresse que « les comptables justifieront que la dépense de neuf livres dans la décharge, sous le titre d'introduction du sieur Pouliquen, est une dépense utile ou nécessaire à l'église. » (Compte de 1745).

Le chapitre des recettes n'était pas toujours aussi rempli que l'auraient voulu ces braves trésoriers. Aussi l'un d'entre eux, à la fin d'un cahier où il est resté beaucoup de pages blanches, note-t-il mélancoliquement :

Hic nil, mi crede, deest,

Sed locus amplius adest !

Ici, croyez-le bien, rien n'a été omis ; que de place pourtant il reste encore !

 

Extraits de Comptes.

1644. Alain Cap, célèbre peintre-verrier, de Lesneven, est chargé de la décoration funèbre de l'église de Trémaouézan, à l'occasion du service solennel célébré pour le roi Louis XIII. « Donné à Monsieur Alain Cap, peintre, pour esthoffer la lisière du roy à lantour de lesglise, la somme de dix sept livres  ».

1647. « Payé à un marchant dît Point du jour, pour trois pièces de bougrains et une autre pièce de bougrains prise chez le dit Point du jour, à Landerneau, six livres ».

1666. « Le seizième jour d'avril délivré vingt soulz à Jean Le Roux de Landerneau pour harder les deux petits pott (garçons) qui sont à servir la messe ».

1676. « Payé trente six livres à honorable et discret messire dom Jean Martin pbre pour parpayer la Pensée et ses compagnons pour tout le travail qu'ils ont fait en l'église de Tremaouezan ».

La Pensée était le sobriquet du maître-maçon Claude Texier, de Landerneau, qui construisit la sacristie actuelle de Trémaouézan, en 1676.

1698. « Comme on avait proposé de faire un locus, c'est-à-dire un létrin ou pulpitre avec des bancs et des chaises à lantour et qu'on avait mandé plusieurs menuisiers pour scavoir qui eust fait à meilleur marché, les d. rendants comptes leur ont payé la collation ... 4 livres ».

1704. « Reçu de Renée Bourhis, de Landerneau, trois nappes d'autel et un corporal, dont une nappe est de lin et garnie de dentelles et le corporal garni aussi de dentelles, et de Françoise Le Berre, de Landerneau, une image de la Vierge faite de papier collé bien peint, et une médaille brodée d'argent dans laquelle il y a plusieurs reliques des saints que le sieur Ollivier, fils de lad. Le Berre a envoyé de Rome ».

1717. « Pour des fleurs façonnées à mettre sur le grand autel, payé 1 l. 10 s. ».

Ces fleurs, sculptées en plein coeur de chêne et revêtues de couleurs appropriées existent toujours. Il y en a dix.

 

Actes prônaux concernant les Marguilliers et le Corps Politique.

Tenir leurs comptes, en règle et les soumettre à l'approbation de l'évêque ou de son délégué n'était pas toute la besogne des marguilliers. Ce sont encore eux, généralement, qui représentent la fabrique dans ses procès, et Dieu sait combien de fois, pour une seule affaire ces pauvres gens sont cités à comparaître soit devant la Cour de Landerneau, soit devant celle de Lesneven. C'est eux encore que l'on trouve à côté des notaires, quant ceux-ci descendent dans la trève pour dresser les testaments où il y a des legs en faveur de l'église, eux qui accompagnent les prêtres qui vont sur certaines routes offrir les reliques à la vénération des pèlerins du Folgoët ou de Lochrist, eux enfin qui font, deux fois par an, le voyage de Saint-Pol pour payer les décimes de l'église, et qui parcourent le diocèse pour chercher des prêtres, quand la trève en manque.

Etre marguillier à Trémaouézan n'était donc pas, comme on le voit, une sinécure, et il ne faut pas s'étonner si, à certaines époques ou les circonstances leur ont causé un surcroît de dérangement, nos braves campagnards ont trouvé leur charge un peu lourde.

Voici un procès-verbal d'installation marguillier, où perce un peu de mécontement : « Ce dimanche second jour de Janvier 1684 avant midy, au prosne de la grande messe, dite et célébrée en l'église tréviale de Trémaouezan par Mre Yves Gourmelon, prêtre, ou assistaient Yves Berthou ... et plusieurs autres faisant la plus saine et maire (majeure) voix et représentant le corps, politique de la dite trève de Trémaouézan ; de la part de Yves Troniou, fabrique esté l'an dernier de la d. église de Trémaouézan, jointement avec Joseph Le Faou, aussi fabrique, a été rémonstré que ce jour en quinze l'on aurait nommé pour nouveaux fabriques en leur lieu et place Hervé Guillou et Yves Le Men aussi habitants de lad., trève pour gérer lad. charge... C'est pourquoi, ils somment les dits nouveaux nommés d'accepter lad. charge et le général de lad. trève de consentir à leur nomination, offrant de leur délivrer présentement les clefs et ornements de lad. église et de tenir compte de leur gestion.

En l'endroit, les dits Guillou et Men présents, après que led. Gourmelon prêtre célébrant les a fait s'agenouiller devant le grand autel où repose le saint sacrement et leur a présenté le livre de l'évangile, ils l'ont touché, juré et promis s'acquitter au deub de leur charge, du consentement desd. tréviens, présents, de quoi a été requis acte par lesd. Troniou et Faou, au soubsignant notaire de la cour royalle de Lesneven, à cette fin condescendu exprès aud. prosne, qui leur a été rapporté et délivré, valoir et servir comme il appartiendra, sous les seignes (signatures) des sousbsignants et dud. sieur Edern pour le parsus desd. tréviens en général, pour obvier à la multiplicité des signes o (avec) le soubsignant.

Et en l'endroit se sont présentés Jean l'Héliez et Alain Le Roux, cy devant esté fabriques de lad. église, lesquels ont déclaré ne vouloir de leur cheff particulier consentir à la nomination dud. Guillou, attendu qu'il a esté une autre fois en lad. charge de fabricque, pour obvier qu'ils ne soient aussy, par cy après, nommés pour une seconde fois dans la même charge et a led. Roux signé. ».

En 1740, ce ne sont plus seulement les trésoriers de la fabrique, c'est le corps politique tout entier qui manifeste son peu de goût pour les affaires :

« Les soussignants étant assemblés ce jour huitième Décembre mil sept cent quarante, jour de la Conception de Notre Dame après la grande messe en la sacristie de l'église de Notre-Dame de Trémaouézan, en la paroisse de Ploudaniel, ont déclaré qu'étant dans corps politique depuis beaucoup plus de temps que les arrêts de règlement n'exigent, se désister à l'avenir des affaires concernant lad. trève, n'étant pas juste qu'un seul soutienne toujours le poids des affaires pendant que plusieurs autres particuliers non moins propres qu'eux se plaisent dans l'inaction et l'indolence, quoy que non moins obligés que les remontrants qui par cette raison se voyent dans l'obligation de les nommer... et prient Monsieur le Curé de les publier et nommer au prosne de la grande messe pour qu'ils ne puissent prendre aucune cause d'ignorance, en les avertissant de venir dimanche prochain pour acquiescer à la précédente nomination que l'on fait de leurs personnes pour entrer dans le nombre du corps politique, ou en tout cas y déduire leurs légitimes motifs d'excuse, faute de quoy lesd. remontrants répètent d'abondance leur déclaration d'abandonner le tout au risque, péril et fortune, ou de se pourvoir autrement pour les obliger, s'ils persistent dans leur refus... ».

Les malheureux généraux oubliés en charge en furent pour leurs frais de remontrance et n'obtinrent leur libération que lorsque la cour de Landerneau, informée de la situation, eut mis les récalcitrants en demeure, sous peine de sanction immédiate, d'accepter, à teur tour, la charge de délibérants.

De nos jours, que de braves municipaux seraient ravis d'être oubliés en charge ! (J. Mével).

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