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DES DONS PATRIOTIQUES AUX CONTRIBUTIONS.

Si l'Ancien Régime fut en état permanent de banqueroute dans ses dernières années, les impôts ne rentraient plus guère depuis les grands évènements du printemps et de l'été 1789. Avant même la nationalisation des Biens de l'Eglise (2 novembre 1789), puis leur mise en vente comme Biens Nationaux qui permit la création des assignats (19 décembre 1789), on prit une mesure originale qui devait interpeler les Français : Les Dons patriotiques et volontaires. Pour le district de LANNION, le citoyen LE BRICQUIR Jeune fut nommé à cette fin par délibération du Conseil permanent de la commune de LANNION (16 OCTOBRE). Il s'agissait de recevoir en dons des objets en or ou argent provenant des généraux de paroisse, de communautés religieuses ou de particuliers.

Par exemple :
- Monsieur GEFFROY, négociant à LANNION - 20 pièces d'or ancienne monnaie, pesant 4 onces 2 1/2 gros [Note : livre = 2 marcs = 489,5 g / 1 marc = 8 onces = 244,75 g ; 1 once = 8 gros = 30 g environ. En 1789 le marc d'or valait 390 livres et le marc d'argent entre 40 et 54 livres, selon le titre] et évaluées à 4/4 livres.
- Madame veuve RIOLLAY, sa soeur - Plusieurs paires de boucles, tabatières etc... En argent pesant 4 marcs 4 onces, le tout évalué à 243 livres.
- La Communauté des Ursulines de LANNION - 4 grands chandeliers d'argent (29 marcs 7 onces) et une lampe d'argent (12 marcs 1 once), le tout pesant 42 marcs et évalué à 2100 livres ; plus une bague et une croix d'or d'une valeur de 32 livres.
- Les Dames de la Communauté des Hospitalières de LANNION 13 bagues, 2 petites croix et 2 coeurs en argent, évaluées à 328 livres 2 sols 6 deniers.
- Le général de SAINT JEAN du BALY de LANNION - 8 plats d'argent valant 541 livres 20 sols 6 deniers.

Les Généraux de paroisse participèrent tous à cette première manifestation de la solidarité nationale. C'est ainsi que l'humble paroisse de TREGASTEL offrit, le 31 décembre, deux burettes et un plateau d'argent d'un poids total de 1 marc 7 onces et 4 gros et évalué à 96 l 17 s 6 d. Il apparaît d'ailleurs que ces objets faisaient partie du trésor de l'église puisqu'ils figurent dans l'inventaire qu'on y fit ce même jour, à savoir : 2 burettes d'argent, un plat d'argent, une croix d'argent pesant 11 marcs, un encensoir d'argent avec le "navet" et la cuillère (4 marcs), un ciboire d'argent, une boîte à huile avec sa coquille pour les fonts baptismaux (1 marc 7 onces 4 gros), 4 calices et leurs patènes [Note : Les autres objets ne seront livrés à LANNION qu'en 1792]. De plus on a déposé au magasin militaire de LANNION, 2 croix de procession, 2 lampes, 2 cloches dégarnies de leur montant [Note : Probablement lire "moutons", pièces de bois dans lesquelles sont engagées les anses des cloches. La nation avait besoin de cuivre et de bronze pour l'armement, non de bois], l'ensemble pesant 450 livres.

La collecte des dons patriotiques et volontaires, commencée le 16 octobre était achevée le 4 février suivant. Le tout fut remis à la Messagerie et envoyé à l'Assemblée Nationale. Noter au passage la complexité du système des poids et monnaies qu'il importait donc de simplifier et d'uniformiser. Le 16 novembre 1791, à l'issue de la grand-messe, la municipalité se réunissait pour nommer un receveur pour percevoir les impôts de la commune.

Le nouveau système fiscal comprenait :
- la contribution foncière
- la cote personnelle
- la cote mobilière
- les centimes additionnels,
qui, pour TREGASTEL, s'élévaient respectivement à 2586£ 4s 2d, 179£ 10s 8d, 359£ 1s 4d et 134£ 13s pour l'année 1797.
Il faut attendre 1799 pour compter en francs, centimes et décimes.

(Emmanuel Mazé).

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