Web Internet de Voyage Vacances Rencontre Patrimoine Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Bienvenue !

La paroisse de Tréfumel durant la Révolution.

  Retour page d'accueil       Retour Ville de Tréfumel   

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Renseignements ecclésiastiques. — Tréfumel, cure de l'ancien évêché de Saint-Malo, dépendait autrefois de l'archidiaconé de Dinan et du doyenné de Bécherel.

Sainte Agnès, alors comme maintenant, a toujours été la titulaire de l'église. D'après un intéressant registre de paroisse rédigé en 1823 par M. Isidore Lucas, qui fut plus de 40 ans recteur de Tréfumel, il existe dans le marais de cette localité une fontaine dédiée à Sainte Agnès près de laquelle se trouvait autrefois une croix, ainsi qu'un petit oratoire aujourd'hui tombés de vétusté. Une des meilleures vies de cette sainte a été éditée à Paris, chez Lethielleux, par, le P. Jubarru.

Avant la Révolution, le droit de présentateur à la cure de Tréfumel appartenait à l'abbé de Saint-Jacques de Montfort. La seigneurie de la paroisse, après avoir été détenue durant longtemps par les marquis de Coëtquen, à cause de leur vicomté de Rougé, avait passé à leur héritier par alliance, le duc de Duras. Le 25 décembre 1760, celui-ci vendit la vicomté de Rougé à Pierre de Saint-Pern du Lattay et à Yves Reslou de la Tisonnaye. Ce dernier devait avoir le droit de faire construire à ses frais dans le cimetière, au flanc méridional de l'église de Tréfumel, une chapelle pour y placer un banc et un enfeu prohibitifs, le seigneur du Lattay gardant pour lui le droit de supériorité dans l'église et celui d'y faire apposer une lisière avec les écussons de ses armes. (Archives des Côtes-d'Armor, E 2931).

Les religieux bénédictins de Léhon, puis, après eux, ceux de Marmoutiers, étaient à Tréfumel décimateurs pour un tiers  ; un, laïc, M. Tyrel-Mingar, et le recteur, se partageaient, à l'époque de la Révolution, le reste par moitié. Le recteur déclarait en conséquence, le 26 décembre 1790, posséder le tiers des grosses et menues dîmes anciennes, ainsi que le droit exclusif des dîmes novales et de la dîme des chanvres, mais non celle des lins. Sa portion lui valait, à cause des novales et des chanvres, environ 1.000 livres par an, mais les dîmes anciennes grosses et menues ne rentraient seulement dans ce chiffre que pour une somme de 600 livres.

En 1783, la recette des trésoriers la fabrique de Tréfumel se montait à 73 livres 19 sols et les dépenses à 63 livres 3 sols. Cette année, M. de la Rivière-Bintinaye avait offert une horloge à l'église. Dans les recettes des trésoriers, les dons en nature des paroissiens entraient toujours du reste pour une bonne part. Ainsi, en 1723, les comptables enregistraient 8 l. 6 sols comme montant de la valeur des cochons, moutons et volailles offerts à l'église ; 25 l. 6 s. pour les lins et chanvres ; 16 l. 12 s. pour le beurre et 2 l. 2 s. seulement pour le produit de la vente des pommes du cimetière.

En 1781, d'après des registres du général de la paroisse conservés au presbytère de Tréfumel, l'on payait 135 l. par an au prêtre Allaire pour assurer le dimanche une messe matinale à l'église. A cette même date, la fabrique de cette localité possédait 60 livres de rentes assurées par un constitut de 1.200 livres sur les Etats de Bretagne, mais en 1760, selon le Pouillé de Mgr. de la Bastie, la fabrique de Tréfumel n'avait alors que 6 livres de revenu fixe, plus un constitut de 280 livres de principal.

Par ailleurs, toujours d'après le Pouillé précité, les fondations pieuses n'étaient presque rien à Tréfumel. Vers 1760, il n'en existait qu'une de 15 livres, réduite à la célébration de deux messes par mois et deux services à perpétuité, hypothèques sur le champ dit Le Closet du Moulin, par le prêtre F. Brindejonc, doyen de Saint-Jouan des Guérets, en 1678.

La confrérie du T. S. Rosaire et celle des Agonisants sont mentionnées par Mgr. de la Bastie comme n'ayant elles aussi aucun revenu fixe. Le 4 octobre 1715, le recteur Jean Chevillard avait obtenu de Mgr. des Marests l'autorisation de consacrer tout le mois de janvier à l'adoration perpétuelle du Saint Sacrement, à Tréfumel. Nous ne savons si cette pieuse pratique existait encore lors de la Révolution.

Le manuscrit de la Bastie mentionne aussi le presbytère en mauvais état, mais peu éloigné de l'église. Il fut reconstruit en 1768.

Malgré G. du Mottay, qui, dans son Répertoire archéologique des Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor), signale l'église de Tréfumel comme l'une des plus intéressantes de la région dinannaise, l'inspecteur J. Rigaud a cru, bien tort à notre avis, pouvoir prétendre le contraire dans sa Géographie Historique des Côtes-du-Nord. On remarque dans cet édifice les statues de bois de Sainte Agnès, de Saint Blaise et de la Sainte Vierge, de Saint Etienne, de Saint Sébastien, de Sainte Anne, de Sainte Eugénie, de Sainte Marguerite et enfin celle de Saint Roch en costume du XVIème siècle, la plus remarquable de toutes, quoique celle du diacre Saint Etienne soit elle aussi fort curieuse.

Du reste, le Pouillé de Mgr. de la Bastie jugeait vers 1760 l'église de. Tréfumel « petite, mais assez bien pour le lieu », et le 15 mai 1769, l'évêque de Saint-Malo, au cours de sa visite, la déclarait « absolument en règle et n'avoir rien à y ordonner ».

Un inventaire de 1669, conservé ai archives du presbytère, nous apprend qu'il existait alors à la sacristie de Tréfumel : un calice d'argent doré et sa patène, un calice d'étain, un ciboire d'argent avec une boîte aussi d'argent pour porter le Saint Sacrement aux malades, une grande croix d'argent avec ses deux écharpes, deux bannières (une vieille et une plus neuve) ; quatre chandeliers de cuivre, un falot et deux clochettes, quatre livres pour célébrer la messe, une chasuble, deux dalmatiques et une chape de velours rouge, autant pour la couleur noire, deux « touailles » garnies de dentelles et 26 autres tant bonnes que mauvaises, 20 serviettes de toile, etc., etc...

Les hommes de la Révolution se chargèrent de dissiper promptement ce modeste trésor accumulé au cours des siècles. Dès le 7 mai 1793, la municipalité de Tréfumel, bien à contre-coeur, avait dû livrer au district de Dinan : une croix, un encensoir et sa navette, le tout d'argent, pesant 14 marcs, 3 onces, 3 gros. Et ce n'était là que le commencement des spoliations, qui continuèrent au cours de l'année suivante, tant et si bien que le 24 août 1794, on inventoriait à Dinan avant de l'expédier à la Monnaie : un pied de ciboire et son couvercle, ainsi qu'un ostensoir, l'ensemble pesant 6 marcs, 6 onces, 3 gros d'argent blanc ; un calice et sa patène, une coupe de ciboire et un croissant pesant 2 marcs, 2 onces, 3 gros d'argent doré. Quant aux ornements et mobilier de cette église, il est vraisemblable que les paroissiens surent en dissimuler la plus grande partie, car leur vente ne produisit que 62 livres le 5 juin 1794, et dans l'inventaire de l’argenterie, des églises du district de Dinan, dont nous donnons souvent dans cette étude, de larges extraits, aucune pesée, de galons d'or ou d'argent ne figure an titre de l'église de Tréfumel. Du reste, le Répertoire archéologique des Côtes-du-Nord, de Gaultier du Mottay, signale comme existant encore à Tréfumel, vers 1880, une bannière en velours brodé portant la date de 1778, ainsi qu'un petit calice en vermeil à pied octogonal. D'autre part, le registre paroissial de Tréfumel rapporte que l’on put sauver aussi du pillage en 1794, un ornement violet fort beau.

Dans le projet de réorganisation des paroisses en 1792, Tréfumel devait être supprimé comme centre religieux, sa partie orientale réunie au Quiou et sa partie occidentale à Trévron.

Le 16 floréal an III (5 mai 1795), Joseph Delaunay et Mathurin Crespel écrivaient aux membres du district de Dinan « qu'après en avoir conféré avec la majeure partie des individus de la commune de Tréfumel, ils désiraient jouir de leur église pour y exercer leur culte », ce qui leur fut accordé le lendemain par les administrateurs de cet arrondissement, en vertu de l'arrêté pris à Rennes par les représentants le 12 avril précédent. (Archives des Côtes-d'Armor, Lm 5, 97).

Tréfumel ne possédait pas de biens nationaux de première origine. Le marais, dit de Tréfumel, terrain vague, mesurant environ 5 hectares, fut vendu pour 2.900 francs le 28 octobre 1806 au sieur J. B. Bellebon.

Disons pour finir que sous l'ancien régime, la paroisse de Tréfumel était groupée pour les prédications avec Plouasne et Saint-Pern, et que ses jours d'adorations avaient été fixés par Mgr. des Laurents aux 29 et 30 avril de chaque année.

 

CLERGÉ.DENIS-YVES DE KERAUFFRAY (ou K.), recteur, était né à Vannes le 21 février 1742, de M. Yves, procureur au présidial de cette ville, et de Catherine-Joseph Pichon.

A la démission de M. Guillaume Berges, transféré au rectorat de Guitté le 24 octobre 1779, M. de Kerauffray, quoique appartenant au clergé vannetais, fut pourvu par le Pape, en mai 1780, du rectorat de Tréfumel, alors vacant en Cour de Rome.

A l'époque des prestations de serment à la Constitution Civile, M. de Kerauffray fit dans la chaire de Tréfumel, le dimanche 13 février 1791, une déclaration dont voici quelques extraits : « Voilà donc le décret qui répugne à notre conscience et à notre honneur. Ou le prêter, ou abandonner les fonctions publiques que nous exerçons au nom de Dieu et de la Religion. Dans cette dure alternative, ne soyez pas surpris de me voir préférer d'abandonner ma place et de cesser d'être votre pasteur. Dieu m'est témoin que je désirerais vivre et mourir au milieu de vous. Il en coûtera à mon coeur de vous quitter. Je vous aimais et vous m'aimiez. Pourquoy une loy cruelle vient-elle nous séparer ?

Qu'importe ? Quelle que dure que nous paraisse la loi, c'est à nous de nous y soumettre et de la respecter. Gardez-vous donc bien, mes Frères, de faire aucune injure à l'Assemblée Nationale... Le plus grand malheur pour vous serait de méconnaître l'autorité régnante ou de la mépriser... Loin de nous, M. T. C. F., de tels malheurs. Jurez donc en votre âme et conscience d'être fidèles à la Nation, à la Loy et au Roy et de maintenir de tout votre pouvoir la Constitution décrétée par l'Assemblée Nationale et acceptée par le Roy. Je le jure Pour ce qui concerne le civil, qui seul est de la compétence de cette auguste assemblée.

Que ne puis-je vous donner l'exemple et faire aujourd'hui le serment qu'on exige des ecclésiastiques en fonctions ? Mais comment faire ce que la majorité des évêques et des pasteurs regardent comme un scandale, pour ne pas dire une apostasie !.. Ce n'est que par délicatesse de conscience et principe de religion que je me refuse au serment qui m'est ordonné. Je me soumets sans murmure à la peine de ma résistance, qui est de me démettre de ma charge. J'y consens... Si on me le permet, je resterai parmi vous jusqu'à ce qu'un autre vienne me remplacer » (Archives des Côtes-d'Armor, Lm 5, 9).

Après avoir, par cette déclaration, libéré sa conscience, M. de Kerauffray demeura parmi ses ouailles, ainsi du reste que l'exigeait la loi, laquelle obligeait un pasteur insermenté à ne pas quitter son troupeau jusqu'à ce qu'un curé constitutionnel ne fût dûment désigné pour occuper son poste. La chose aurait pu en effet se passer de la sorte à Tréfumel, si le recteur de cette paroisse n'eût eu dans la personne de l'ecclésiastique Alix un ennemi acharné à sa perte.

Celui-ci, qui, ainsi que nous le verrons plus loin, vivait prêtre habitué à Tréfumel, et ne brillait pas plus par son savoir théologique que par son intelligence, s'avisa un jour, sans y être obligé, de s'en aller prêter le serment constitutionnel devant les administrateurs du district de Dinan, puis s'en revint répéter la même cérémonie devant la municipalité de Tréfumel, dont il était l'un des principaux ornements.

Aussitôt, M. de Kerauffray déclara publiquement ne plus avoir aucune communication en matière spirituelle avec cet assermenté, auquel il défendit, en outre, tant d'assister aux offices publics que de confesser ou de communier qui que ce, fût, si bien qu'une femme que le prêtre Alix venait de confesser, s'étant présentée à la Sainte Table, le recteur lui refusa la communion le 31 juillet 1791.

Du reste, M. de Kerauffray ne manquait pas de sujets de plainte contre le sieur Alix. Celui-ci ne s'était-il pas permis en effet de « représenter à ce recteur, que l'abbé Jean-Marie Picouays (dont nous avons parlé à l'article Saint-Juvat), bien qu'invité par M. de Kerauffray à prêcher dans sa paroisse, n'avait pas le droit de le faire, parce qu'il n'avait pas prêté le serment constitutionnel ».

Tous ces agissements d'Alix n'avaient évidemment d'autre but que d'obliger l'abbé de Kerauffray à déguerpir, puis de se faire désigner pour le remplacer, opération qui semblait déjà près de réussir le 4 août 1791, époque à laquelle le Directoire du District de Dinan demandait aux administrateurs des Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor) de déclarer M. de Kerauffray déchu de sa charge et d'accorder au prêtre Alix des letres de vicaire provisoire à son lieu et place.

A la suite de cette démarche, en effet, le Directoire départemental de Saint-Brieuc dut prononcer la déchéance au recteur de Tréfumel, si bien que les administrateurs du district de Dinan écrivaient le 21 septembre de cette année au maire de Tréfumel : « M. de Kerauffray doit déguerpir sous peu de jours. S'il ne peut enlever ses meubles, il les laissera dans le presbytère sous la garde de sa domestique jusqu'à ce qu'il puisse s'en défaire ».

Cette décision, qui aurait dû combler les voeux de l'assermenté Alix, ne suffisait cependant pas à son bonheur, car l'on avait négligé, paraît-il, de lui donner des lettres de curé d'office. Aussi, pour mettre davantage encore en relief son zèle pour le nouvel ordre de choses, formula-t-il une seconde dénonciation contre son recteur, dénonciation qu'il prit soin de faire signer, cette fois, du maire Chouannière et d'Antoine Picouays, officier municipal, deux braves imbéciles, qui déclarèrent le 23 septembre avoir signé ce factum, tout en ignorant son contenu. (Archives des Côtes-d'Armor, Lm 5, 20).

Dans cette pièce, le prêtre Alix accusait M. de Kerauffray d'avoir prêché, le 14 août et le 18 septembre, contre le clergé constitutionnel et spécialement contre lui, Alix, et d'avoir défendu aux paroissiens de Tréfumel d'assister à sa messe, à tel point que le dimanche 21 août, alors qu'Alix célébrait sa messe, « les servantes du recteur sont venues, en coiffes de nuit, toutes échevelées, prendre des enfants par la main, les gronder et les reconduire chez leurs parents, les faisant ainsi se passer de messe... » (Archives des Côtes-d'Armor, Lm 5, 20).

A ces imputations, transmises le 21 au district de Dinan, le recteur de Tréfumel se hâta de répondre le 25 septembre 1791, tout en protestant contre sa déchéance : « Faire le procès aux gens sans les entendre me semble une chose surprenante sous le règne de la Justice et de la Liberté ; voilà cependant où j'en suis.

Une fausse accusation portée contre moi par le sieur Alix et étayée de quelques signatures extorquées, a fait prononcer contre moi la destitution et l'exil. Cette peine trop légère au gré de mon adversaire, lui a fait inventer contre moi une nouvelle accusation, et, sans suspendre ma première peine, on demande une information contre moi, sans doute pour m'arracher du sein de ma famille, me faire traverser la province, peut-être en criminel, et me jeter dans les prisons... [Note : Le District de Dinan avait en effet demandé à la municipalité de Tréfumel de lui adresser la liste des témoins qui avaient entendu le prône « incendiaire » de Kerauffray, afin que le procureur syndic puisse dénoncer le prédicateur à l'accusateur public].

En bien, Messieurs, je ne suis pas coupable... Alix m'a une première fois dénoncé pour lui avoir retiré les pouvoirs dans mon église parce qu'il avait juré ! Or, il a lui-même hautement déclaré en jurant qu'il ne jurait que parce que je lui avais ôté ses pouvoirs.

Mais si je lui avais retiré ses pouvoirs, M. le Curé de Plouasne l'avait fait auparavant, et cela parce qu'il ne travaillait que de notre consentement. Or, sa science, sa conduite et ses moeurs le rendaient indigne de ma confiance et de celle du peuple : je le prouverai quand on le voudra... » (Archives des Côtes-d'Armor, Lm 5, 20).

Toutes ces belles raisons demeurèrent sans effet, et malgré une lettre du maire Chouannière et de son acolyte Picouays qui, affirmant le blanc comme le noir avec une superbe inconscience, déclarèrent « que Kerauffray leur a toujours prêché et enseigné l'obéissance à la Nation et à la Loi », le Directoire des Côtes-du-Nord (Côtes-d'Armor) arrêta qu'il n'y avait lieu à délibérer, le recteur de Tréfumel devant être payé jusqu'au 28 septembre, évacuer le presbytère et enlever ses meubles. (Archives des Côtes-d'Armor, Lm 5, 20).

Devant l'hostilité des pouvoirs publics à son égard, et vraisemblablement l'indifférence de ses ouailles, séduites par l'assermenté Alix, M. de Kerauffray n'essaya pas de continuer une lutte qu'il jugea inutile. Déférant donc aux ordres reçus, il se retira dans son département d'origine, d'où il s'exila en Espagne lors de l'application de la loi du 26 août 1792. Il y passa le reste de la Révolution. C'est de ce territoire qu'il écrivait le 7 août 180x au Ministre de l'Intérieur pour solliciter l'autorisation de rentrer en France. Le recteur de Tréfumel se qualifie dans cette missive de Français par naissance et de républicain par goût. Il y reconnaît le devoir des citoyens d'être soumis aux lois et, comme tel, déclare avoir prêté le serment purement civique, mais, distingue-t-il, les lois relatives à une classe spéciale de citoyens ne peuvent concerner ceux qui ont renoncé aux fonctions qui constituent cette classe, et ils ne sont plus obligés de remplir les obligations qu'on voulait leur imposer comme tels. Il rentre selon lui dans ce cas et ne se regarde pas comme réfractaire, parce que, mis dans l'obligation de prêter le serment constitutionnel ou d'abandonner ses fonctions, il a opté peur ce dernier parti. (Archives Nationales, F 7, 7772, n° 8623).

Le préfet Boullé, dans son enquête vers 1802, signale le prêtre de Kerauffray comme rentré depuis dix mois à Tréfumel en qualité de desservant et l'indique comme « pouvant être laissé dans sa famille ». Cependant, après avoir songé à le laisser recteur sur place, chose difficile à cause de la présence du prêtre Alix, Mgr. Cafarelli le nomma le 16 janvier 1804 au rectorat de Dolo, qu'il fit de grandes difficultés avant de se résigner à l'accepter.

Transféré en mai 1805 à la cure de Saint-Jouan de l'Isle, M. de Kerauffray y mourut en fonctions le 3 mars 1813.

Au rétablissement de la hiérarchie catholique, M. JEAN-MARIE SEVESTRE, dont nous avons vu la biographie à l'article Saint-Juvat, dont il était originaire, devint recteur de Tréfumel le 16 janvier 1804. Lorsque sa mauvaise santé l'abligca à se retirer du ministère, le 9 mars 1808, il fut remplacé dans ses fonctions par M. l'abbé JEAN JANVIER, le 4 août suivant. Nous étudions ce prêtre plus en détail à l'article Guenroc, où il était vicaire lors de sa nomination. Il quitta Tréfumel pour s'en aller à Broons comme curé le 15 juin 1814.

Etaient originaires de Tréfumel, lors de la Révolution : les frères GILLES-BLAISE et ANTOINE-GUY TRUMEL, dont nous avons fait la biographie du premier à l'article Saint-André et dont nous écrirons celle du second à l'article Trémeur, où il était recteur ; JEAN BOHIER, dont on a pu voir la notice à l'article Trévron, où il était vicaire ; MATHURIN ALIX, dont nous venons de parler en assez mauvaise part, et qui, au contraire des trois autres prêtres précédents, était assermenté.

Mathurin Alix naquit à Tréfumel le 15 décembre 1754. Après avoir fait ses études au collège de Dinan, où il finissait sa sixième en 1774, ses père et mère Pierre Alix et Jeanne Regnault, alors résidant au Marvat, lui constituèrent son titre clérical.

Nous avons déjà dit que les études de l'abbé Alix laissèrent fort à désirer. Nous en donnerons pour preuves les notes suivantes, que nous empruntons aux registres d'examens des séminaristes du diocèse de Saint-Malo conservés aux Archives d'Ille-et-Vilaine : « Diacre de mars 1785, étudie à Dinan, pas fort à son dernier examen, très faible à celui de son quartier de prêtrise. Différé pour cet ordre en mai 1786, très faible encore à son examen d'août de cette même année ».

Après sa prêtrise, Alix demeura comme matinalier dans sa paroisse natale. Nous venons de voir comment la Constitution Civile lui sembla un sûr moyen d'évincer les pasteurs légitimes et de se substituer à leur lieu et place. Aussi, quand M. de Kerauffray eut du quitter Tréfumel à la suite de ses manoeuvres, nous le voyons signer comme vicaire provisoire dans sa paroisse natale du 8 octobre 1791 jusqu'au 22 décembre suivant, et le 25 novembre de cette même année, les municipaux, ses compatriotes, réclamaient pour lui près du Directoire de Dinan un traitement en rapport avec ses fonctions.

Nous ignorons pourquoi Alix ne conserva pas ce poste. Toujours est-il qu'en 1792 nous le retrouvons comme vicaire constitutionnel de Plesder. C'est là que les électeurs du district de Montfort vinrent le désigner comme curé de Trévérien.

C'est en cette qualité qu'il déposa ses lettres de prêtrise suivant les injonctions du pouvoir, un peu avant le 25 avril 1794, ce qui ne l'empêcha pas d'être incarcéré au Mont-Saint-Michel, d'où il ne sortit que le 16 août suivant sur production d'une carte de civisme bien et dûment estampillée.

Alix, à sa libération, revint à Tréfumel, où il paraît désormais n'avoir rempli aucun ministère. Le 16 thermidor an VI (3 août 1798), ayant réclamé le trimestre échu de sa pension, l'Administration des Côtes-du-Nord (Côtes-d'Armor) répondit en ces termes à la municipalité de Tréfumel : « Nous vous réitérons qu'il faut que le sieur Alix produise de suite l'expédition du procès-verbal signé de lui de sa prestation de serment de Liberté-Egalité fait dans les délais prescrits par la loi du 14 août 1792, et une déclaration signée de lui qu'il n'a point rétracté ce serment, et enfin une expédition de sa prestation de serment de haine à la Royauté et à l'Anarchie, en conformité de la loi du 19 fructidor an V » (5 septembre 1797).

Alix, auquel les événements n'avaient point ouvert les yeux, et qui était demeuré obstinément attaché au culte constitutionnel, put aisément fournir toutes les pièces demandées et continuer à percevoir sa pension de 800 livres comme ecclésiastique abdicataire.

Lors des enquêtes de l’an X (1802), Boullé, préfet des Côtes-du-Nord (Côtes-d'Armor), donna les notes suivantes au prêtre Alix : « Réside à Tréfumel depuis six ou sept ans, sans aucun titre ecclésiastique, peu capable, bon à placer vicaire sous un curé exact ». Mgr. Cafarelli crut préférable de laisser l'incapable et malfaisant Alix sans situation à Tréfumel. Il y mourut prêtre habitué, âgé de 70 ans, le 30 septembre 1824.

Tréfumel fut officiellement uni le 7 août 1792 à Le Quiou pour le culte constitutionnel, mais, dès le 3 mai précédent, l'ex-capucin Chrétien faisait un baptême dans cette localité, où nous retrouvons sa signature le 16 septembre de cette année, suivie de ses titres de curé constitutionnel du Quiou, et de curé d'office de Tréfumel. Disons pour finir avec les assermentés dans cette localité, que Chrétien y retourna encore au moins une fois, le 20 octobre 1792, et une autre fois en 1793, pour y accomplir des, cérérnonies cultuelles.

Fit spécialement du ministère à Tréfumel, au cours de la Révolution, le prêtre insermenté PIERRE-LAURENT FRIN, né à Miniac-sous-Bécherel du mariage de Charles et de Jeanne André, le 10 août 1754.

Après avoir étudié au Collège de Dinan, où nous le trouvons élève en 1769, puis ensuite à Clayes, M. Frin reçut le sacerdoce le 20 septembre 1781.  On le note au Séminaire : « peu de voix et de chant, examens passables ».

Successivement vicaire à Saint-Grégoire et à Saulnières, dans le diocèse de Rennes, nous a appris M Leray, M. Frin rentra dans son diocèse d'origine vers l’époque de la Révolution et signa l'Exposition des Principes sur la Constitution Civile, avec le clergé fidèle du diocèse de Saint-Malo.

L'abbé Frin, qui ne s'était ni assermenté, ni exilé, demeura caché dans le pays toute la Révolution, ce qui n'empêcha pas ses biens d'être placés sous séquestre au cours de l'année 1794, comme propriétés d'un prêtre réfractaire. Du reste, Mathurin Alix, qui s'entendait à la chose, l'avait déjà dénoncé comme tel à l'assemblée électorale du district de Dinan, le 29 novembre 1792.

M. Frin vint se fixer ouvertement à Tréfumel vers le milieu de l'année 1795, et il y ouvrit un précieux registre de catholicité encore conservé au presbytère de cette paroisse. Le 12 septembre, ce prêtre y baptisait le même jour 35 enfants nés les années précédentes. Il baptisait encore le 18 septembre de l'année suivante, où il suppléa dix cérémonies de baptême. Nous le retrouvons le 25 novembre, les 14 et 21 décembre de cette même année, puis le 3 janvier, les 15, 18 février, 2 et 13 mars 1797, faisant du ministère dans cette paroisse ainsi que les 30 mai, 25 juin et 27 août suivants. (Cf. Archives Nationales, F 7, 5155).

En 1796, M. Frin bénit même quatre mariages, et deux autres en 1797. Du reste, d'après un document compulsé aux Archives d'Ille-et-Vilaine par M. l'abbé Leray, M. Frin aurait séjourné à Tréfumel et Plouasne depuis 1792 à 1797, et nous avons relevé dans cette dernière paroisse des baptêmes qu'il fit les 18 avril 1794, 28 octobre 1795 et 25 juillet 1796.

Le dévouement de ce bon prêtre à la cause religieuse devait lui coûter la vie. Voici la seule relation officielle que nous possédions de sa mort. Elle nous a été aimablement communiquée par notre ami l'abbé Pommeret, qui l'a recueillie aux F. 7 aux Archives Nationales. Son texte est du chef de bataillon Mattat, commandant provisoire de la place de Dinan, et porte la date du premier mai 1798 : « Le prêtre Frin, écrit ce dernier, fut arrêté à la Ville-Davy par des espions déguisés en chouans, qui cherchèrent à l'entraîner à Plouasne. Il voulut fuir ; ils le poursuivirent et le tuèrent ».

Les Conférences Religieuses du diocèse de Saint-Brieuc de 1892, t. 1er, p. 303, reproduisent une version plus détaillée de cette mort. Ils l’ont prise sur le registre paroissial de Tréfumel, rédigé par le recteur Lucas, qui écrivait une vingtaine d'années après la Révolution, alors qu'une partie des, témoins des événements qu'il rapporte, vivaient encore :

« M. Frin fut tué à la métairie de la Ville-Davy par quatre malheureux dinannais. Ces quatre forcenés, sous un déguisement, se rendirent à cette demeurance. C'était un lieu retiré, et ils savaient que c'était là qu'il se trouvait le plus ordinairement, et que tous les dimanches il y disait la messe.

Arrivés à la ferme, ils se firent passer pour des émigrés rentrant d'Angleterre, usurpant même le nom de certains nobles de la connaissance de M. Frin. " C'est de la part de ses confrères (qu'ils nommaient), que nous venons le trouver, ajoutaient-ils, et nous avons des choses très importantes à lui communiqner, et à lui tout seul. D'ailleurs, M. Guillotin, recteur de Saint-Maden, que nous venons de quitter à l'instant, nous a assuré que nous le trouverions ici ".

L'abbé Frin se trouvait alors absent. La fermière de la Ville-Davy sortit sans dire où elle allait et s'en vint trouver M. Frin au bourg de Tréfumel, là où elle savait devoir le rencontrer : " On vous demande, lui dit-elle, mais je crois que ces gens-là veulent vous tromper ; je vous conseille donc de vous cacher ". Alors la personne qui donnait asile au prêtre réfractaire se rendit elle-même à la Ville-Davy pour examiner de visu les prétendus messagers, et recommanda à l'abbé de ne point sortir avant son retour.

Cependant, l'attente parut trop longue à M. Frin ; aussi, jugeant n'avoir rien à redouter de ces soi-disant gentilshommes qu'il croyait connaître, il se rendit à la Ville-Davy. Au moment où il pénétrait dans la cour, la fermière l'aperçut et lui fit signe de se sauver, mais déjà il était trop tard. L'un des espions, qui se trouvait hors de la maison, l'avait aperçu de son côté et le contraignit d'entrer dans l'intérieur de la demeurance. Dans cette extrémité, le malheureux prêtre essaya de faire voir à ces hommes l'ignominie de leur conduite et les pria de l'épargner. Il réussit, dit-on, à en gagner un, mais les trois autres le poussèrent hors de la maison. Il voulut fuir alors. Deux coups de fusil tirés dans la cour, partirent sans l'atteindre. On croyait l'abbé Frin sauvé, lorsque l'un des faux chouans, se mettant à sa poursuite, réussit à le rejoindre et lui déchargea son arme à bout portant. Le prêtre tomba foudroyé.

La justice descendit sur les lieux, et permit d'enlever le corps. Le lendemain, l'inhumation du martyre se faisait au cimetière de Tréfumel ».

Malheureusement, ainsi que pour le Père Tournois à Quévert, le lieu de la sépulture du vaillant confesseur de la Foi, par une négligence inexcusable, demeure aujourd'hui complètement inconnu ; de même, malgré nos recherches au greffe d'Evran, ainsi qu'aux Archives des Côtes-d'Armor, il nous a été impossible jusqu'ici de retrouver le procès-verbal du lief de son cadavre. Bien plus, l'acte de décès de M. Frin n'a pas été enregistré sur les registres, d'état-civil de Tréfumel, cas du reste qui n'est pas sans exemple dans la région quand il s'agit de l'assassinat d'un prêtre insermenté par les soldats ou les argousins de la Première République.

A la mort de M. Frin, le, ministère fut exercé à Tréfumel par l'abbé SAUDRAIS (voir à l'article Plouasne), jusqu'à la fin de l'année 1799. Il fut parfois aidé par son compatriote l'abbé LEVREL, ainsi que par M. GUILLOTIN, de Saint-Maden.

A son retour d'exil, M. YVES Le MOINNE, dont nous avons raconté la vie à l'article Pleslin, y remplit presque trois ans les fonctions de curé d'office, jusqu'à la nomination de M. JEAN-MARIE SEVESTRE comme recteur, le 16 janvier 1804, ainsi que nous venons de le voir précédemment.

 

SUPPLÉMENT. Administration. — Au point de vue civil, toutes les paroisses du doyenné actuel d'Evran relevaient de la sénéchaussée royale de Dinan. Cependant, Plouasne et Saint-Judoce déléguèrent à Rennes leurs députés pour l'élection des députés aux Etats Généraux de 1789.

Evran dépendait aussi de la subdélégation d'intendance établie à Dinan ; de même Saint-André des Eaux, mais toutes les autres localités dont nous venons de nous occuper relevaient de la subdélégation d'intendance de Montauban.

En 1790, Evran, Le Quiou, Plouasne, Saint-André, Saint-Judoce, Saint-Juvat et Tréfumel furent compris dans le district de Dinan, et Evran devint le chef lieu d'un canton dont relevèrent Calorguen, Le Quiou, Saint-André, Saint-Judoce et Saint-Solen. Quant à Tréfumel, il devint lui aussi chef-lieu d'un autre canton qui embrassa Plouasne, Saint-Juvat, Saint-Maden, Guenroc, Guitté et Trévron.

Lors de l'application de la Constitution de l'an III (1795), Evran conserva sa situation et devint le siège d'une municipalité cantonale qui comprit Calorguen, Le Quiou, Saint-André et Saint-Judoce. Tréfumel perdit à cette époque son titre de canton, qui fut transféré à Guenroc, dont relevèrent alors Plouasne et Saint-Juvat. Mais, le 21 floréal an VI (10 mai 1798), Tréfumel avait récupéré ses attributions.

La nouvelle organisation administrative décrétée par le gouvernement consulaire vint les lui ravir et, depuis cette époque, les paroisses de Tréfumel, Saint-Juvat, Saint-Judoce, Saint-André, Le Quiou et Plouasne font partie du canton d'Evran, lequel forme lui-même un des cantons de l'arrondissement de Dinan. (A. Lemasson).

© Copyright - Tous droits réservés.