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SAINT YVES, RECTEUR DE TREDREZ

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Trédrez est un joli bourg situé sur un monticule qui domine toute la baie de Saint-Michel-en-Grève. Du clocher de l'église on découvre les côtes de Saint-Efflam, l'isthme du Léon, avec les riches découpures de ses falaises. A gauche sont les plaines de Saint-Milliau, la petite chaîne assez élevée de Plounérin ; droite, la vaste mer ! Il y a peu de sites plus pittoresques, plus propres à élever l'âme vers le ciel et à nourrir les grandes pensées. Le peuple, primitivement évangélisé par saint Quémau et les saints Evêques de Coz-Guendet, y est généralement bon ; sa foi est vive comme l'air pur qu'il respire !

saint Yves, patron des Avocats et de la Bretagne

Yves de Kermartin était titulaire de cette paroisse depuis son ordination. Il y résidait peu de temps cependant, étant retenu presque toujours à Tréguier, par ses hautes fonctions et les devoirs de l'officialité qu'il tenait à acquitter avec une scrupuleuse exactitude. Il se peut, qu'après sa prêtrise, il ait demeuré quelque temps à Trédrez, et maintenant que les habitants le voyaient plus rarement, ils se laissaient aller à des murmures qui touchèrent profondément le cœur de leur recteur. Sans doute Geffroy Riou ou Jupiter, son vicaire, remplissait le ministère à sa place, mais cela ne leur suffisait pas. Aussi s'opposèrent-ils un jour à son départ pour Tréguier, et Yves dut s'esquiver de son presbytère par une porte secrète qu'on y montre encore. Ce fut sans doute ce qui détermina le saint prêtre à se démettre de son officialité, pour rester avec ses paroissiens, dont l'Eglise, après tout, lui avait confié la garde.

Les habitants de Trédrez ne s'étant pas présentés à l'enquête de la Canonisation, à part Geffroy, l'ancien vicaire de cette paroisse, alors recteur de Tréduder, il nous est bien difficile d'avoir quelque chose de positif sur le passage de saint Yves au milieu de cette population. Il n'est pas besoin cependant de dire qu'il apporta pour l'instruire et la sauver, le zèle, la science et les mortifications, dont il donnait depuis longtemps l'édifiant exemple, et l'on montre encore, dans un carrefour, non loin du bourg, une pierre sur laquelle il se tenait de longues heures à genoux, pour réciter son office et lire les Saintes Ecritures. A l'entrée du cimetière se voit une autre pierre assez étroite, qui lui servait, dit-on, d'oreiller, pendant les quelques heures qu'il se livrait au repos. Le presbytère actuel remonte à cette époque, et sauf quelques restaurations devenues nécessaires, saint Yves l'a habité tel que nous le voyons aujourd'hui !

Pendant son séjour à Trédrez, Yves fit la connaissance d'une famille qui lui resta très attachée dans la suite. Typhaine de Pestivien avait épousé le seigneur de Keranrais, le père de l'un des héros du Combat des Trente, qui habitait alors le château de Coatrédrez, dans la paroisse de Saint-Michel. Elle avait trouvé dans le saint recteur une direction bien précieuse pour son âme, et comme elle était elle-même très généreuse pour les pauvres, elle se plaisait à joindre ses aumônes à celles du saint prêtre, pour le soulagement des malheureux. La pieuse famille engagea le recteur de Trédrez à visiter avec elle le tombeau de saint Ronan, qui attirait, chaque année, une foule de pèlerins le jour de sa fête. Peut-être était-ce à l'occasion de la Tourménie, et pour gagner l'indulgence qui y était attachée, La Tourménie est une procession célèbre qui a lieu encore tous les sept ans, autour de la montagne de Ménéhom, en suivant le chemin par où avait passé le corps de saint Ronan, quand il fut transporté par ses disciples, de Hillion, près de Saint-Brieuc, où il mourut, jusqu'au lieu de sa sépulture.

Le long de la route, Yves ne perdait aucune occasion de prêcher la parole de Dieu. Madame de Keranrais étant donc fatiguée, s'arrêta. pour se délasser sur la pierre d'un carrefour, par où passaient les pèlerins. Yves commença à expliquer l'Evangile du jour. Le seigneur de Coatpont qui, par hasard, suivait la même voie, voulut se moquer du prédicateur et de ceux qui l'écoutaient : « Voyez-vous, leur dit le Bienheureux, cet homme qui passe fièrement, dédaignant d'écouter la parole de Dieu ! S'il y avait eu ici à ma place, cinq ou six filles à danser avec le tambour du diable, il se fut arrêter pour danser avec elles ». Le chevalier s'arrêta aussi, mais par la force d'en haut, frappé subitement d'une paralysie qui lui ôta l'usage de ses membres. Sur l'avis de ceux qui l'accompagnaient, il eut recours au saint, avoua sa faute, et pria le saint prêtre de lui obtenir sa guérison. Ce fut pour lui comme le moment de la grâce, car complètement remis de son infirmité, il vécut désormais en bon et fervent chrétien.

En revenant de Saint-Ronan, Yves passa quelques jours à Quimper et fut invité à prêcher dans la cathédrale. Il avait un talent extraordinaire pour le ministère de la parole, et prêchait tantôt en breton, tantôt en latin et même en français, quoique cette langue fût peu connue en Bretagne à cette époque. A Quimper on ne parlait que le breton, et c'est dans leur propre langue que les habitants eurent le bonheur de l'entendre. Longtemps après la mort du saint, on s'entretenait encore de ses sermons et des heureux résultats qu'ils avaient produits dans cette ville.

Après avoir vénéré les restes bénis de saint Corentin, Yves visita les Cordeliers, pour lesquels son affection durait toujours. Il alla ensuite demander la bénédiction du pieux évêque, Alain Morel, qui occupait alors le siège de Quimper, et quitta cette ville pour continuer son voyage avec la famille de Pestivien. Yves se rendit avec elle au château du seigneur Maurice Dumont, non loin du bourg de Landeleau. Le désir de prier sur la tombe de ce saint, dont il avait particulièrement étudié la vie, lui rendait cette visite bien plus chère encore. Il dit la messe dans la chapelle du château, et confessa la mère de Typhaine de Pestivien et ses filles, qu'il détermina par ses pieuses exhortations à se consacrer entièrement à Dieu.

Au château de Landeleau, comme plus tard à Pestivien et à Glomel, qu'il visita encore, avant de rentrer à Trédrez, Yves ne diminua en rien sa vie mortifiée, et chaque nuit il couchait sur le plancher de sa chambre, ne mangeant dans la journée que quelques rares morceaux, pour ne pas paraître jeûner, et ne buvant que de l'eau, où l'on parvenait avec peine à verser quelques gouttes de vin. Maurice et lui couchaient dans la même chambre, à cause du grand nombre de personnes dont se composait la famille de Pestivien. Or, une nuit, pendant que ce seigneur dormait profondément, croyant que le prêtre en faisait autant, une voix du ciel le réveilla en sursaut. « Vous dormez dans un bon lit, tandis que le serviteur de Dieu est couché sur la pierre dure, au froid de la nuit ». Maurice tout effrayé de ces paroles, appelle son compagnon de chambre qui avait disparu. Ne sachant que penser de cette voix qu'il avait entendue très distinctement, le chevalier chercha partout le saint prêtre. Il se rappela qu'Yves avait parlé la veille de faire une visite au tombeau de saint Eleau ; il s'y transporta en toute hâte et le trouva profondément endormi sur la pierre qui passait pour le lit du saint ermite. C'est un dolmen situé au village de Min-glaz, à une demi-lieue de l'église : on l'appelle toujours la maison de saint Eleau, ty san Eleau.

Du château du seigneur Maurice Dumont, Yves se rendit avec ses compagnons de pèlerinage à Guézec, où les Pestivien avaient une très belle terre, et une superbe habitation. Typhaine, fille de Jean de Pestivien, se trouvait absente lors de la visite du recteur de Trédrez. A son retour elle éprouva bien du chagrin et des regrets très vifs d'avoir manqué cette occasion qui lui aurait procuré le bonheur de s'entretenir avec le saint prêtre. Tout ce que ses sœurs lui racontèrent ne servit qu'à augmenter son regret, et son désir de le voir le plus tôt possible. Ce désir ne se réalisa cependant que plusieurs années après. Yves avait quitté Trédrez, et ce n'est qu'à Louannec, huit ans avant sa mort, qu'elle eut l'occasion de le rencontrer pour la première fois. Le pieux recteur, après avoir pris congé de ses hôtes, poussa, croit-on, son excursion jusqu'à Nantes, pour vénérer le tombeau de saint Clair, puis regagna son pays par Vannes, Guingamp et Louargat, où il célébra la messe, dans la chapelle du Cleuziou, selon une ancienne tradition, conservée dans les archives de la famille de ce nom, à Lannion.

Yves était encore recteur de Trédrez, lorsqu'un témoin de sa vie nous rapporte qu'il se préparait de longues heures à la célébration de la sainte messe. On l'a vu plusieurs fois verser des larmes abondantes au moment solennel de la consécration, et le reste de sa journée se passait en actions de grâces. Il portait suspendue à son cou une petite custode en argent doré, où étaient renférmées quelques hosties consacrées, afin de pouvoir à tout moment distribuer le saint viatique aux malades. Il marchait toujours ainsi, en la présence de son Dieu, profondément recueilli, la tête enveloppée dans son capuchon, et les yeux modestement baissés. Cette tenue modeste et recueillie édifiait au plus haut point ses bons paroissiens, auxquels il parlait cependant volontiers, quand il les rencontrait dans les champs ou sur les chemins de Trédrez ; mais c'était toujours pour les entretenir de Dieu et du salut de leurs âmes, et tous l'écoutaient avec bonheur.

Dur quelquefois et même très sévère pour les riches, quand ils torturaient le peuple, ou le pervertissaient Par leurs mauvais exemples, Yves était d'une tendresse extrême pour les pauvres et les malheureux. Son revenu de Kermartin, qui valait bien cinquante écus, plus de cinq mille francs de notre monnaie vers 1890, semblait leur appartenir en toute propriété, et son bénéfice de Trédrez y passait encore tout entier. Si les pauvres n'avaient pas de bois pour se chauffer, ils pouvaient en prendre dans ses champs. Les légumes qu'il y semait, les malheureux les recueillaient avant leur maturité, dans les moments de disette et de famine, et le grain de ses récoltes passait à peine dans ses coffres. On voit encore un échantillon de ces coffres au presbytère du pieux recteur de Minihy-Tréguier, M. l'abbé Rémond, qui, par sa grande charité et ses vertus sacerdotales, marche si bien sur les traces de son glorieux patron. Les pèlerins se sont chargés, en quelque sorte, de continuer les miracles du Ciel dans la multiplication du blé dans les coffres de saint Yves, pour le soulagement des pauvres : pas un ne se présente à la fête du 19 mai, sans apporter, dans le coin de sa poche, un peu de blé qu'il verse dans le coffre traditionnel, qui ne sert que ce jour là et tout le mois de mai.

Ce n'est pas seulement de son blé et de son revenu, que le saint recteur de Trédrez soulageait les malheureux, il se dépouillait même, comme nous l'avons dit, de ses vêtements pour les habiller, et Dieu s'est plu quelquefois à les lui rendre, non pas à sa prière, mais a la voix des pauvres qui le bénissaient en le remerciant avec effusion. Ils ont toujours conservé chez nous cette touchante habitude de répondre à l'aumône qu'on leur donne, par ces simples paroles qui sont l'indice d'une foi profonde : Que Dieu vous le rende ! Doue d'ho péo. Un jour donc qu'Yves se rendait de Trédrez à Kermartin, il rencontra sur sa route trois pieuses femmes qui faisaient le pèlerinage des sept Saints de Bretagne. Ce pèlerinage, assez en usage à cette époque, consistait à visiter chacune des églises des premiers fondateurs de la religion dans notre pays, c'est-à-dire les cathédrales de nos sept Evêchés. Voyant venir le saint prêtre, qu'elles connurent à sa démarche, sans l'avuir jamais vu, elles se réjouirent et se promirent bien d'obtenir de lui quelques paroles d'édification. Le Bienheureux ne se fit pas prier et il leur parla avec tant d'onction qu'elles en restèrent tout émerveillées. Au même moment, un pauvre se présente, et le bon prêtre n'ayant rien à lui donner, se dépouilla de son épitoge et la lui mit sur les épaules. Le malheureux s'en alla après s'être confondu en actions de grâces et en bénédictions. Yves continua sa route, et les pèlerines s'étant détournées pour le voir encore une dernière fois, n'aperçurent plus le pauvre, mais le Saint revêtu de son pardessus dont il venait de se dépouiller et que Dieu lui avait rendu.

(France).

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