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Barthélemy ROBERT, prêtre guillotiné à Rennes
en exécution de la loi des 29-30 vendémiaire an II.

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104. — Barthélemy Robert naquit à Trédias, diocèse de Saint-Malo (aujourd’hui de Saint-Brieuc), le 29 décembre 1760, du mariage de Julien Robert et de Louise Lebreton, tous deux cultivateurs en cette localité. Deux ans et demi plus tard, Marc-Mathurin Le Roux vit le jour, le 9 septembre 1763, au bourg d’Yvignac, paroisse limitrophe de Trédias et, comme celle-ci, de l’évêché de Saint-Malo. Son père, Marc Le Roux, et sa mère, Anne Villalon, se livraient au commerce et jouissaient de l’estime générale, à tel point que celui-ci fut choisi par ses compatriotes comme le premier maire d’Yvignac à la création des municipalités.

Les deux jeunes gens furent envoyés étudier à Dinan au collège ecclésiastique restauré par Mgr des Laurents. Leur avancement dans la science sacrée y suivit une progression constante. Notés seulement comme « passables » à leurs examens pour la tonsure et les mineurs, ils obtinrent la mention « bien » à l’examen qui précéda leur sous-diaconat, « bien » encore à leur examen de diaconat et « très bien » à celui de leur prêtrise.

MM. Robert et Le Roux reçurent ensemble la tonsure et les mineurs le 21 septembre 1782, mais non le sous-diaconat, M. Robert ayant été l'ait sous-diacre à Saint-Malo le 5 juin 1784 et M. Le Roux à Saint-Méen le 18 septembre de cette année. Il en fut de même pour le diaconat, que M. Robert reçut à Saint-Malo le 12 mars 1785 et M. Le Roux à Rennes le 27 septembre suivant. La collation de la prêtrise que Mgr Cortois de Pressigny conféra aux deux amis le 23 septembre 1786, dans la chapelle du Séminaire de Saint-Méen, les réunit à nouveau, mais il fallut une dispense d’âge pour l’abbé Le Roux qui n’avait pas alors atteint 23 ans.

105. — Quelque temps après leurs ordinations, Barthélemy Robert fut nommé vicaire à Guipry et Mathurin Le Roux fut envoyé tout auprès, en la même qualité, à Saint-Malo-de-Phily. On a relevé la première signature de M. Robert à Guipry le 21 mai 1788 et celle de son confrère Le Roux à Saint-Malo le 17 février de cette même année.

Tous deux, animés de l’esprit de leur vocation, montrèrent un zèle constant pour la sanctification des âmes. M. Robert, écrit l’abbé Carron, leur contemporain, « doué d’une figure angélique, avait le cœur tellement bon, que, possédant en 1792 une somme de 800 livres, il la partagea avec un de ses confrères persécutés, sans s’inquiéter du besoin qu’il allait avoir lui-même de ses ressources. ». Quant à l’abbé Le Roux, au dire même du même auteur, c’était « un ecclésiastique distingué par ses mérites et son instruction ».

Il est clair que deux prêtres aussi zélés et aussi éclairés que l’étaient MM. Robert et Le Roux, quoique favorables aux réformes destinées à améliorer le sort du petit peuple (M. Robert signa sur le cahier de doléances de la paroisse de Guipry, lors des Etats généraux de 1789), ne consentirent ni l’un ni l’autre à prêter serment à la Constitution civile du clergé. Tous les deux cependant demeurèrent le plus longtemps possible dans leurs paroisses respectives. On a relevé la signature du vicaire de Guipry jusqu’au 2 septembre 1792 sur les registres de catholicité de cette paroisse et celle de Le Roux, son confrère et ami, figure jusqu’au 19 juillet 1792 sur ceux de Saint-Malo-de-Phily. Par conséquent, ni l’un ni l’autre n’obtempérèrent à l’arrêté draconien du 15 avril de cette année, par lequel le directoire d’Ille-et-Vilaine leur ordonnait d’aller résider à Rennes.

106. — Lorsque survint la loi du 26 août 1792, qui condamnait à l’exil tous les prêtres insermentés ayant charge d’âmes, MM. Robert et Le Roux ne purent se résoudre à abandonner leurs ouailles et, malgré les pénalités très fortes qu’ils encouraient, ils se décidèrent à demeurer cachés dans le pays : « M. Le Roux n’a pas obéi à la loi de déportation, écrivait, au mois de décembre de cette même année, le district de Bain. Il parcourt sans cesse la paroisse avec son recteur, pour y exciter le désordre (lisez pour remplir les offices du ministère près des âmes) ». On propose pour les en punir de placer leurs mobiliers sous scellés.

« Barthélemy Robert, affirme M. Carron précité, était si généralement aimé et estimé dans la paroisse de Guipry, qu’à chacun des révolutionnaires qui le connoissoient, il échappait de dire : Pour moi, si je trouvais Robert, je ne pourrais pas l’arrêter. Quand je me disposerais à mettre la main sur lui, les bras me tomberaient, c’est un trop honnête homme ».

107. — Malheureusement pour eux, la chasse aux prêtres fidèles devint de mois en mois plus active, et les maisons que l’on soupçonnait les receler furent l’objet d’une étroite surveillance. Si bien qu’un jour qu’ils se trouvaient ensemble au village de la Bimais en Guipry, avec un autre prêtre nommé Jean Gortais, leur présence y fut dénoncée. Voilà pourquoi, le 1er vendémiaire an III (22 septembre 1794), André Valleray, l’homme de ces expéditions, se rendit sur les lieux avec sa troupe d’argousins, bien décidé à découvrir et à arrêter les proscrits. Mathurin Le Roux parvint à s’échapper, mais MM. Robert et Gortais demeurèrent entre les mains des soldats, ainsi que la veuve Maubec et l’une de ses filles, appelée Marguerite, qui leur donnaient asile. On les conduisit de là au bourg de Guipry, où la troupe ne manqua pas de pénétrer dans l’église paroissiale et de piller les vases sacrés qui s’y trouvaient encore. Puis, après avoir prodigué à leurs prisonniers des outrages de toutes espèces, ils les laissèrent passer la nuit sur le pavé au pont de Guipry.

Le lendemain, les captifs, enchaînés comme des criminels, y étaient encore. Quelques habitants, touchés du déplorable état dans lequel ils voyaient des prêtres qu’ils vénéraient, essayèrent de leur venir en aide, mais ils furent repoussés par leurs féroces gardiens. L’abbé Carron, qui a recueilli des traditions de la bouche de témoins oculaires, raconte même qu’ils furent poursuivis par ces furieux « qui, leur offrant d’une main sacrilège les hosties qu’ils avaient prises la veille, leur disaient : « Viens manger ton bon Dieu, viens ; je vais te le donner ». Finalement, ils jetèrent par terre les Saintes Espèces et les foulèrent aux pieds, durant qu'ils vomissaient toutes sortes de blasphèmes ».

Le même jour, une partie du détachement, après avoir lié et garotté les bras de leurs victimes, avec tant de violence que les cordes leur entrèrent dans les chairs, les conduisit à Bain, en continuant sur la route de les accabler de toutes sortes de mauvais traitements.

Pendant que cette portion de la colonne se rendait à Bain avec ses prisonniers, l’autre fouillait la paroisse de Pipriac à la recherche de l’abbé Le Roux, qui leur avait échappé une première fois. Elle finit par retrouver le fugitif près du manoir du Plessis-Fabron. Elle put s’en saisir et l’amener à Bain où se trouvaient encore les autres prisonniers. Quand l’abbé Robert aperçut entre les mains des révolutionnaires son ami, qu’il croyait sauvé, il demeura tellement saisi et tellement affligé qu’il ne put lui adresser une seule parole : « Eh bien, mon ami, lui dit l’autre, es-tu fâché de me voir ? N’es-tu pas plutôt content que je partage ton heureux sort ? Regrettes-tu que je participe à ton martyre ? Nous avons été toujours unis. La Providence nous avait placés voisins. Dieu permet que nous nous accompagnions jusqu’à la fin et que nous nous suivions dans la gloire ! ».

108. — Après une nuit passée à Bain, les soldats prirent enfin la route de Rennes avec leurs prisonniers attachés deux à deux. « Le départ de Bain, écrit l’abbé Carron, d’après des témoins oculaires, fut une scène digne d’émouvoir les hommes les plus insensibles... Les corps des captifs furent criblés de coups de plat de sabre et de crosses de fusils. Chacun souffrit tout avec la patience d’un ange et la douceur d’un agneau ».

Arrivés à Rennes, les trois ecclésiastiques et leurs compagnons d’infortune furent incarcérés dans la prison de la Porte Saint-Michel, alors dénommée Porte Marat, sous l’accusation d'être prêtres et les autres de les avoir recelés comme tels.

Leur ordre d’écrou est du 3 vendémiaire (24 septembre 1794). Le 5 octobre suivant, l’ex-comédien Boursault, devenu représentant du peuple, écrivait à l’accusateur public une lettre cominatoire pour les faire mettre en jugement, conformément à la loi des 29 et 30 vendémiaire an II, c’est-à-dire comme ecclésiastiques réfractaires demeurés en France en contravention avec la loi qui les chassait de leur patrie. Le même jour, les trois victimes et leurs receleuses comparaissaient devant le juge du tribunal criminel d’Ille-et-Vilaine, chargé d’instruire leur affaire.

Les réponses des uns comme des autres furent très prudentes et véritablement animées du désir de n’entraîner personne avec eux dans leur perte. Au reste, leurs interrogatoires qui ont été publiés ailleurs, furent très brefs et l’on peut dire qu’aux termes mêmes de la loi, ils se bornèrent à une simple constatation d’identité.

Le même jour, les juges du tribunal criminel rendirent leur sentence, c’était la mort pour les trois prêtres. Ils tombaient victimes de la loi de persécution des 29 et 30 vendémiaire an II, déjà tant de fois appliquée et toujours aussi sanglante.

Le lendemain du jour où fut prononcée la sentence fatale, Marc-Mathurin Le Roux, Barthélemy Robert et l’abbé Jean Gortais furent conduits au supplice sur la place du Champ-de-Mars à Rennes, scellant de leur sang leur héroïque conduite au cours de la persécution religieuse. Le souvenir de ces prêtres héroïques n’est pas encore éteint à Guipry.

BIBLIOGRAPHIE. — Carron, Les Confesseurs de la Foi, etc., op. cit., t. III, p. 142-149. — Guillon, Les Martyrs de la Foi, etc., op. cit., t. III, p. 216 et 514 ; t. IV, p. 479. — Tresvaux du Fraval, Histoire de la Persécution, etc., op. cit., t. II, p. 112. — Guillotin de Corson, Les Confesseurs de la Foi, etc., op. cit., p. 65-68. — Abbé Lemasson, Les Actes des prêtres insermentés de l'archidiocèse de Rennes, etc., op. cit., p. 164-177, contient les pièces officielles de ce procès.

(Dossier n° 502 des actes du tribunal criminel d'Ille-et-Vilaine, série B, Parlement, aux archives d’Ille-et-Vilaine).

(Articles du Procès de l'Ordinaire des Martyrs Bretons).

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