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Julien-François SAQUET, prêtre guillotiné à Rennes
en exécution de la loi des 29-30 vendémiaire an II.

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99. — Né en Toussaints de Rennes, le 22 août 1730, de Jean Saquet et de Françoise Cadet, Julien-François Saquet fut tenu le lendemain sur les fonts baptismaux de cette paroisse par Julien Daguenel et Anne Saquet.

L’abbé Saquet fut tonsuré à Rennes le 27 septembre 1751 et reçut les mineurs dans la même ville le 23 septembre 1752. Il fut fait sous-diacre le 22 septembre de l’année suivante, puis il attendit le diaconat jusqu’au 21 septembre 1754. Enfin, il reçut le sacerdoce le 15 mars 1755, des mains de Mgr Dondel, évêque de Dol (Arch. d'I.-et-V., G, 47). Il fut plus tard nommé aumônier des Bénédictines du Calvaire occupant le monastère de Saint-Cyr près de Rennes. Il ne tarda pas, écrit l’abbé Carron, à y jouir « d’une réputation méritée par ses vertus, par son zèle et par ses onctueuses prédications, soutenues avec le même succès dans toutes les chaires de cette ville. Directeur d’une communauté de vierges vouées à une austère pénitence, M. Saquet ne se délassait de cette direction laborieuse que par ses courses apostoliques : son mérite fixa le regard de ses supérieurs, et il fut placé à la tête d’une paroisse de sa ville natale, celle de Saint-Martin ».

C’est en 1781 que l’abbé Saquet devint recteur de cette vieille paroisse de Saint-Martin, dont il ne reste, plus que le souvenir. M. Saquet continua dans sa nouvelle position de faire le bien partout autour de lui. Ses paroissiens « goûtèrent la piété, le zèle, et les leçons attendrissantes de leur nouveau pasteur, et son empressement continuel pour la décoration du sanctuaire. Il les conduisait en père rempli d’amour envers leurs personnes, et d’une miséricordieuse inquiétude à leur salut. Ce soin, tout important qu’il fût, n’ôtait rien à sa tendre compassion pour leur misère corporelle, et la diminuer était l’objet de ses anxiétés perpétuelles, comme la faire entièrement disparoître eut été pour son cœur une jouissance délicieuse », nous a conservé l’abbé Carron.

Cet auteur, du reste, alors vicaire à Saint-Germain de Rennes, avait occasion de voir souvent le recteur de Saint-Martin, c’est pourquoi on aime à reproduire ici son témoignage. « Sa sensibilité naturelle, dit-il, la douceur parfaite de ses mœurs, la tournure insinuante de son caractère lui présentaient l’avenir sous un aspect sinistre. Il tremblait et manifestait la timidité de l’agneau, alors qu’il eût fallu, sans doute, faire montre de l’intrépidité des lions ».

100. — Néanmoins, la grâce divine remporta sur la nature craintive de l’abbé Saquet une remarquable victoire. Après avoir signé l’adresse du clergé du diocèse de Rennes à son évêque, dès le 12 novembre 1790, ce prêtre déclarait à deux municipaux de Rennes, envoyés vers lui pour scruter ses sentiments, « qu’il n’avait pas donné lecture du décret sur l’organisation civile du Clergé, parce qu’il pensait que le décret du 2 novembre précédent l’en dispensait, puisqu’il en prescrivait simplement l’affîchage ». Il ajouta, chose beaucoup plus grave pour sa tranquillité, « qu’il ne prêterait pas présentement de nouveaux serments, spécialement celui du 24 juillet 1790, prescrit pour pouvoir recevoir son traitement ».

Lorsque parut le décret du 26 décembre 1790, donnant le choix entre la prestation du serment à la Constitution civile ou l’abandon de ses fonctions, l’abbé Saquet n’éleva pas de protestation solennelle, mais se résigna courageusement à abandonner sa cure.

Du reste, l’administration départementale d’Ille-et-Vilaine classa la paroisse de Saint-Martin parmi celles qui devaient être supprimées ; en conséquence, l’église de l’abbé Saquet fut fermée le 11 mai 1791 et celui-ci devint chapelain des Ursulines, poste qui convenait admirablement à son tempérament.

101. — Il ne demandait qu’à vivre caché, quand le décret du 14 décembre 1791 vint troubler sa retraite. Il sollicita aussitôt la faveur de n’être pas compris dans son application. Le digne abbé Saquet était réputé personnage si pacifique, que les révolutionnaires rennais ne crurent pas devoir lui refuser la grâce de continuer ses fonctions près des Ursulines. Il habitait alors le vieux presbytère Saint-Martin, dont l'acquéreur l’avait laissé jouir momentanément et croyait pouvoir y rester, quand un nouvel arrêté vint le jeter dans de nouvelles transes. Le 14 avril 1792, en effet, le Conseil général d'Ille-et-Vilaine s’avisa de prescrire à tous les prêtres insermentés rennais d’aller habiter Fougères avec défense d’en sortir.

Immédiatement M. Saquet se mit en campagne, produisit des certificats médicaux et, s’il ne consentit pas à prêter un serment que lui interdisait sa conscience, il s’engagea « à ne rien entreprendre contre la Constitution, la paix et la tranquillité publiques », choses, du reste, auxquelles il n’avait aucun mérite à ne pas se livrer, étant l’homme le moins combattif de la terre. Cette fois encore, l’ex-recteur de Saint-Martin obtint qu’il ne serait pas inquiété et qu’on le laisserait habiter en paix son vieux presbytère. Il y demeura jusqu’au 14 août 1792. A cette époque, le Directoire d’Ille-et-Vilaine prescrivit d’incarcérer à l’ex-abbaye Saint-Melaine tous les prêtres insermentés présents dans la ville de Rennes. L’abbé Saquet, voulant éviter ce sort et jugeant désormais inopérantes toutes les requêtes qu’il pourrait adresser aux révolutionnaires rennais, crut qu’il ne lui restait plus qu’un parti à prendre : se cacher et disparaître le plus complètement possible.

102. — M. Saquet trouva asile chez un bon laboureur nommé Jean Le Mée, qui habitait le village de la Petite-Cloustière, à une demi-lieue de Rennes, un peu à l’écart du grand chemin de Saint-Malo. Cet excellent chrétien, quoique chargé d’un jeune pupille et de cinq enfants en bas âge, consentit cependant à recueillir chez lui le recteur de Saint-Martin qui y vécut deux ans durant, ignoré de tous. Au bout de ce temps, la retraite de l’abbé Saquet fut, cependant, découverte. Un soir, raconte Mgr Bruté de Rémur, la nouvelle suivante vint nous affliger : « M. Saquet a été dénoncé, et on fouille partout le faubourg à sa recherche ». — Au matin, la première nouvelle fut : « Il est pris ».

C’est le 27 thermidor, an II (14 août 1794), que le dernier recteur de Saint-Martin de Rennes fut saisi. Le même jour, il fut jugé, condamné et exécuté. Le Tribunal criminel d’Ille-et-Vilaine devant lequel il comparut l’interrogea à peine. M. Saquet affirma devant ses juges sa qualité de prêtre et de prêtre insermenté. Ces deux titres réunis étaient suffisants à cette heureuse époque pour porter la tête sur l’échafaud. Le fait de s’être plus ou moins abstenu de faire du ministère ne changeait rien à la chose. M. Saquet fut donc condamné à la peine de mort comme « prêtre réfractaire convaincu d’avoir été sujet à la réclusion étant sexagénaire, et d’être resté caché sur le territoire de la République au mépris des lois ». L’arrêté porte en outre que « les hochets du fanatisme saisis sur l’abbé Saquet » seront brûlés au pied de l'échafaud lors de son exécution. Rien dans les pièces officielles du procès ne nous permet de connaître en quoi consistaient ces objets de piété. Mais on tient à signaler ce détail de la condamnation de M. Saquet, car il met nettement en relief le caractère antireligieux que revêtait aux yeux des révolutionnaires l’exécution de ce prêtre inoffensif.

M. Saquet ne fut jamais un individu « séditieux », quelle que soit la compréhension que l’on veuille donner à ce terme. C'était tout simplement un prêtre demeuré fidèle à la Foi catholique et c’en fut assez pour lui pour le juger digne de mort.

103. — Après la condamnation de l’abbé Saquet, on se disposa si promptement à conduire cette innocente victime à l’échafaud dressé sur la place du Palais, que le bourreau ne fut pas prévenu à temps. « L’on fut obligé de l’attendre pendant une demi-heure ; et quand enfin il arriva, il se mit, avec une grande brutalité, à dépouiller le vénérable confesseur et à le préparer pour l’échafaud. Il lui coupa les cheveux en toute hâte, échancra le collet de sa chemise afin de bien dégager le cou pour la guillotine, puis, lui ayant attaché les mains derrière le dos, il lui jeta son habit sur les épaules. Je vis passer l’abbé Saquet le long des corridors du Palais de Justice, — raconte Mgr Bruté, alors tout jeune homme ; — il marchait à la guillotine qui n’était qu’à deux cents pas de distance, et je remarquai sa haute taille et son apparence de vigueur et de santé. Le cruel bourreau, en lui faisant si précipitamment la fatale toilette, l’avait blessé au cou, et le sang coulait sur sa poitrine; mais il n’en marchait pas moins avec autant de dignité que lorsqu’il présidait aux processions solennelles de sa paroisse ».

D’après des témoignages contemporains, l’abbé Carron ajoute que M. Saquet, en se rendant au supplice, récitait le Miserere ; il le continua en posant sa tête sur le billot et il reçut le coup mortel en proférant ce verset : Benigne fac, Domine, in bona voluntate tua, Sion, ut ædificentur muri Jérusalem.

L’acte de décès de l’abbé Saquet qui ne fut enregistré qu’environ un mois après, figure sur l’Etat civil de la ville de Rennes. Ses capteurs reçurent cent livres pour récompense.

BIBLIOGRAPHIE. — Abbé Carron, Les Confesseurs de la Foi de l'Eglise gallicane, op. cit., t. III, p. 202-207. — Guillon, Les Martyrs de la Foi, op. cit., t. IV, p. 580. — Tresvaux du Fraval, Histoire de la Persécution révolutionnaire, etc., op. cit., t. II, p. 108. — Guillotin de Corson, Les Confesseurs de la Foi, etc., op. cit., p. 61-63. — Abbé Lemasson, Les Actes des prêtres insermentés de l'archidiocèse de Rennes, guillotinés en 1794, op. cit., p. 154-163, contiennent les pièces officielles de son procès. L’auteur a commis une erreur d’un mois en traduisant en calendrier grégorien les dates du procès et du décès de M. Saquet.

(Dossier n° 269 des actes du tribunal criminel d’Ille-et-Vilaine, série B, Parlement, aux archives d’Ille-et-Vilaine).

(Articles du Procès de l'Ordinaire des Martyrs Bretons).

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