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SITUATION GEOGRAPHIQUE DE TOURCH

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I. — NOM.
Que signifie Tourc’h ? Rien de bon si vraiment ce mot est un nom commun breton. Dans une grande partie de la Bretagne, il désigne un homme malin, un homme dont la moralité laisse beaucoup à désirer.

Pareil mot breton serait-il devenu un nom de localité, de commune ? Non assurément.

M. le baron de Villiers du Terrage [Note : Inspecteur général des Ponts et Chaussées, Quimper] écrivait en 1893: « Il est à remarquer que les armes de la famille de Tréouret, seigneur de Kerstrat, de Coatheloret, etc... sont d'argent au sanglier passant de sable et qu'elles ont pu fort bien être sculptées à l'extérieur du clocher (de Tourc'h) au moment de sa reconstruction au 18e siècle. Cela expliquerait la tradition affirmant l'existence d'une pierre sculptée faisant allusion au nom de la paroisse en breton, Torc'h, verrat. Quoiqu'il en soit, la pierre n'existe plus ».

Le nettoyage du clocher, en 1930, a permis de découvrir la pierre en question. Elle porte effectivement les armes du seigneur de Tréouret, et, tous peuvent voir un sanglier au milieu du pignon Ouest de l'église.

Tous également traduisent le mot sanglier par le mot breton Tourc' h. Dans la région, torc' h ou tourc'h signifie verrat, sanglier.

Qu'en conclure ?

Simplement, que le seigneur de Tréouret avait, dans la paroisse, une situation. prépondérante, qu'il avait, sans doute, puissamment contribué à la réédification du clocher et tenu, suivant l'usage de l'époque, à signer ses libéralités.

Mais, si le Torc'h des armes de Tréouret se trouve dans la commune de Torc'h [Note : Prononciation bretonne actuelle du mot Tourc'h], il aurait pu se trouver ailleurs. Cela s'appelle une coïncidence Et ce serait une erreur de conclure que la chose ait contribué le moindrement à la dénomination de la localité. Comme nous le verrons plus loin, celle-ci existait, avec le même nom, plusieurs siècles avant l'arrivée de M. de Tréouret.

Cherchons ailleurs.

Le manoir de Kerdour, en Plomelin, est nommé Kertourc'h dans les anciennes réformations de 1426 et 1443. Ceci paraît nous orienter vers un nom propre. M. le chanoine Pérennès, vice-président de la Société Archéologique du Finistère, écrit : « Il ne répugne pas, à priori, que le mot Tourc'h soit un nom de saint. Or, les vieux textes relatent un saint Tourc'han, forme primitive de saint Thurian. Ne serait-ce pas l'éponyme de la paroisse (de Tourc'h)? AN, syllable assourdie, a pu tomber facilement ».

Cette hypothèse, plausible en soi, ne paraît pas s'imposer.

Il serait difficile d'expliquer que, dans deux paroisses si peu distantes l'une de l'autre, saint Tourc'han fût devenu saint Thurian en Saint-Thurien, et Tourc'h tout court, dans la paroisse de ce nom.

De plus, et ceci est péremptoire, saint Thurien était évêque de Dol [Note : C. F. Albert Le Grand, édition des Chanoines, P. 303] dans la seconde moitié du VIIème siècle : Tourc'h portait son nom avant cette date.

Dans le cartulaire de l'abbaye de Landévennec, (page 153 de l'édition 1888), nous lisons :
« Ego gradlonus, da mea hœreditate, sancto Dei Ratiano, quamdam tribum in Scathr (Scaër) ... in Vicaria quœ vocatur Choroe (Coray) ; et Penn guern in plebe TURCH, in hcereditalem œternam... ego gradlonus rex, veni usque Lanteguennoc ad sanctum... anni Domini CCCC, Indictiones X, concurrentes VII, terminus pascalis... Kal. aprilis ».

Si la lettre U, en latin, se prononçait OU, comme de nos jours, le mot Tourc'h, au Vème siècle, se prononçait exactement comme au XXème siècle.

De plus, nous lisons : in plebe. Ce n'était pas une vicairie, une trève, mais bien un peuple indépendant, une paroisse.

Il n'y aurait pas témérité à conclure que le mot Tourc'h, comme le mot Ratian, fût le nom d'un saint personnage que saint Guénolé de Landévennec aurait député pour l'évangélisation de ce coin de terre.

Les chercheurs à venir nous le diront ; peut-être.

II. — SITUATION.

La paroisse de Tourc'h est située au Sud-Est-Finistère, à 15 kilomètres du Morbihan, à 8 kilomètres de Rosporden, chef-lieu dlu canton, à 27 kilomètres die Quimper, chef-lieu de l'arrondissement.

Elle est bornée au Nord par la commune de Coray, dont elle est séparée par le Jet et par l'Aven ou un affluent de l'Aven [Note : La question est discutée. Ce cours d'eau prend certainement sa source à Coray, à l'endroit nommé Penn-Aven. On en conclut que c'est l'Aven. Après un cours sinueux et pénible, il rejoint un autre cours d'eau. Mais, si vous remontez l'Aven, c'est ce dernier cour d'eau que, normalement, et en ligne droite, vous suivrez jusqu'à Guenguerzet, en Leuhan, et vous conclurez que c'est l'Aven. Sa longueur et son débit, plus considérables, raffermiront votre conclusion] ; au Nord-Est par la commune de Leuhan ; à l'Est, ayant pour limite naturelle, la poissonneuse Aven, elle longe Scaër sur une longueur d'environ dix kilomètres, puis, touche Kernével. Au Midi, un affluent de l'Aven, Ster Pont-ar-Bastard, la sépare de Rosporden.

A l'Ouest, ce même cours d'eau, le chemin des Poissonniers et le Jet la séparent d'Elliant.

III. — SUPERFICIE.

Sa superficie est de 1.903 hectares, qui se répartisent de la façon suivante :
Terres labourables : 1.237 h 50 a
Landes et pâtures : 445 h 16 a
Prés : 152 h 48 a
Jardins, vergers : 38 h 25 a
Bois : 18 h 24 a
Propriétés bâties (sol) : 10 h 58 a
Etangs : 10 h 69 a

La commune, autrefois, était plus grande. Le cartulaire de Landévennec nous apprend que le roi Gradlon donna à saint Ratian « Penn-guern in plebe Turch ». Or, le domaine de Penvern, qui comprenait à l'époque les Cosquer, le Mengleus Leïn oc'h, Menez-Bris et Kerambeleg, fait aujourd'hui partie de la commune d'Elliant.

Mais, ce domaine est éloigné du bourg d’Elliant. Aussi, la population de ce quartier fréquente surtout à Tourc'h.

IV. — GEOLOGIE.

Tourc'h est situé sur une hauteur, dans une région dont la topographie est indécise, où des vallons encaissés séparent des mamelons ayant des altitudes variant de 120 à 218 mètres. La base du clocher est à 176 mètres 80 au-dessus du niveau la mer ; le point culminant, Ty-lann, à 218 mètres.

Tourc'h fait partie de la pénéplaine Sud de la Bretagne, s'étendant entre les reliefs de la Montagne Noire au Nord et la mer au Sud. Elle est draînée à l'Est et au Midi par l'Aven et ses affluents ; à l'Ouest, par le Jet et ses affluents.

La partie Sud de Tourc'h est formée par du granit à deux micas, appartenant à la traînée de Quimper, s'étendant de Locronan à la forêt de Pont-Callek. Cette granulite grossière passe à des roches aplétiques, énormes, blanches ou roses, riches en micas blancs, quartz, orthose avec grenats et tourmaline. Cette variété de roches, qui nous donne de belles pierres de taille aux environs de Quimper, à Scaër, à Trégunc, ne fournit à Tourc'h que des moellons et queques rares pierres de taille de qualité médiocre.

Au Nord de cette bande granulitique, affleurent des schistes micacés et staurotidifères, formés de staurotide, quartz, mica et graphite. Ces schistes forment les cristaux si renommés, de staurotides maclés en croix, que l'on rencontre dans nos champs et surtout aux environs de Coadry, en Scaër.

Cassures et altérations.

L'absence d'affleurements importants à Tourc'h rend difficile l'étude des roches du substratum. Mais l'examen de la carte géologique fait prévoir un régime de cassures N.-O., S.-E., oblique à la direction des bandes de terrains sédimentaires.

Le granite et les schistes sont altérés par suite du relief accidenté du pays, de l'abondance des pluies. Il en résulte un revêtement épais de sables fourni par la décomposition de la roche, sur place, et par le glissement de ces dépôts meubles le long des pentes. Ces arènes sont riches en gros cristaux de staurotide, et sont souvent remarquables par l'abondance du mica blanc.

V. — COURS D'EAU. — MOULINS.

1. — L'Aven prend sa source à Penn-Aven, en Coray, ou à Guenguerzet, en Leuhan, longe Tourc'h sur une longueur d'environ 11 kilomètres, en faisant tourner les moulins de Kergoaler, de la Rivière et du Coat. Elle alimente l'étang de Rosporden, continue par Pont-Aven pour se perdre dans l'Atlantique.

2. — Le Jet prend sa source près de Coat-Spern, aux confins de Coray et de Tourc'h, sépare ces deux paroisses sur une longueur de 2 kilomètres, traverse Elliant, sépare les deux Ergué et se jette dans l'Odet.

3. — L'Aven ou un affluent de l'Aven, au Nord de la paroisse, actionne le moulin de Quillien.

4. — A l'Est, un affluent du Jet faisait mouvoir les moulins disparus de Kerzaniou et Kervidal.

5. — Enfin, au Sud, Ster Pont-ar-Bastard, plus modeste, se contente d'arroser les prairies.

VI. — VOIES DE COMMUNICATION.

1. — La voie ferrée de Rosporden à Plouescat traverse l'Ouest de la paroisse, avec arrêt à Boisjaffray et gare à 1.200 mètres du bourg.

2. — Le chemin de grande communication n° 36, de Rosporden à Châteauneuf, passe à Tourc'h sur une longueur totale de 6.710 mètres, dont 3.850 entre le bourg et Coat-Spern, vers Coray, et 2.860 entre le bourg et Pont-ar-Bastard, vers Rosporden.

3. — Le chemin vicinal ordinaire n° 1 conduit du bourg vers Scaër.

4. — Le chemin V. 0. n° 2 part vers le Nord, de Menez-Groas jusqu'au-delà de Quillien.

5. — Le chemin V. 0. n° 3 traverse l'Ouest, des confins de Coray vers Elliant.

6. — Le chemin V. 0. n° 4, nouvellement refait, conduit du bourg à Boisjaffray et Groazic, vers Elliant.

7. — Du bourg à la gare, et jusqu'au chemin V. 0. n° 3, nous avons le chemin V. 0. n° 5.

8. — Le chemin V. 0. n° 6 continue le V. 0. n° 2 vers le Nord, de Groas-Ruz à Leïn-Zahon, vers Leuhan.

9. — Le chemin V. 0. n° 7, en réfection, se trouve au Sud de la paroisse ; c'est un tronçon de l'ancienne route et de la future route de Scaër à Elliant.

Enfin, on travaille activement à l'amélioration des chemins ruraux.

VII. — POPULATION. — CULTE.

En 1680, le recteur, Henri Pontpaul, assurait le service religieux auprès de ses 800 paroissiens, aidé par Yves Le Bail et Henri Auffret, curés. Ce dernier résidait auprès de la chapelle de Locunduff.

En 1804, il n'y a plus que 700 habitants.

En 1840, les registres accusent 40 baptêmes pour 969 habitants.

Le recensement de 1922 donnait le chiffre de 1.208 et les registres de cette année relataient 44 baptêmes, 15 mariages et seulement 9 décès.

En 1926, il y avait 2 habitants de plus, 35 baptêmes, 9 mariages et 19 décès.

Le dernier recensement ramène le chiffre à 1.185, dont environ 400 dans l'agglomération et 287 au bourg, à strictement parler, dans l'ancien chef-lieu qui a crevé ses vieilles limites. Il y eut 25 baptêmes, 18 mariages et 12 décès.

C'est donc aux environs de 1.200 que paraît se stabiliser en ce moment le chiffre de la population. Beaucoup émigrent, qui reviennent en juillet et août pour les vacances. Le machinisme supplée à la main-d'œuvre. Paris, trompeur, attire nos campagnards par la fallacieuse séduction de ses plaisirs, de ses grosses rénumérations. Et, le jour où nos transfuges ont eu les yeux dessillés par la réalité, un déplorable respect humain empêche leur retour.

La population est entièrement catholique. Tous pratiquent leur religion. Depuis 1915, un seul prêtre assure le service paroissial.

VIII. — INSTRUCTION.

Le 11 mars 1866, on impose une école publique à la commune. Le Conseil municipal se réunit en vue du choix d'un instituteur. On manque de maison pour le loger et le Conseil déclare, à l'unanimité, qu'il veut un instituteur prêtre, afin d'avoir, le dimanche, deux messes dans la paroisse. Il vote 40 francs pour le loyer de la maison d'école et 40 francs pour indemnité de logement au presbytère.

M. l'abbé Pichon fait classe pendant quelques mois.

Il est remplacé par un instituteur laïque, M. Kernéis. Le traitement passe à 700 francs, soit :
Traitement fixe : 200 Fr.
Rétribution scolaire : 300 Fr.
Subvention de l'Etat et du département : 200 Fr.

On propose l'achat d'un terrain pour bâtir une école à deux hectomètres au Nord de l'Eglise. Il est demandé 1.200 francs pour le demi-hectare. Le Conseil accepte à l'unanimité.

Au début, l'école était mixte.

En 1901, deux classes sont construites pour les garçons et deux autres pour les filles.

En 1911, la maison d'habitation est agrandie. La mairie occupera une partie du rez-de-chaussée.

En 1921, le Conseil municipal vote un nouvel agrandisstement. Il n'est exécuté qu'en 1932.

Le groupe scolaire est vaste. Il est entretenu et assuré aux frais de la commune.

Le traitement des instituteurs dépasse 60.000 fr.

Les six classes sont fréquentées par 110 garçons et 105 filles, dont plusieurs de Scaër et d'Elliant.

L'école des garçons est tenue par M. Hullois, directeur, aidé de deux adjoints.

L'école des filles a pour directrice Mme Laurent. Elle a deux adjointes.

En outre, plusieurs enfants de la paroisse (29 en 1933) fréquentent les écoles chrétiennes des environs.

***

UNE HISTOIRE DE BRIGAND
(Archiv. dép. B. 860)

Procédure criminelle contre Jean Cinq, dit « Frappe d'abord », 30 ans, pillaouer demeurant en la paroisse de Tourch, et Christophe Simon, 12 ans, dit Paotr an holl, laboureur de terre, demeurant à Scaër, par la maréchaussée de Quimper (causes prévôtales — 1723).

Jean Cinq : homme de haute stature portant cheveux et barbe noirs et une mauvaise perruque blonde, en veste et culotte de caffé clair, tenant un chapeau à la main, les fers aux pieds. Interrogé, déclare se nommer Jean le Cinq, dit « Frappe d'abord », être pillotier de son métier dans la paroisse de Tourc'h, Scaër et Elliant pour vendre les pillots au moulin à papier de Kergoat en Melgven demeurant ordinairement chez Jean Aouter, tisserand, au bourg de Tourc'h où il se retirait tous les soirs et qu'il est originaire de Lannédern. Dit qu'il a été arrêté au bourg de la Trinité, au mois de mai, par un archer de la maréchaussée et le sieur de Kerousy, sans en savoir la raison. Conteste qu'il ait volé dans les foires, marchés et pardons, et qu'il ait envoyé Christophe Simon, dit Potr an holl, voler à la foire de Coray et que dans la nuit, celui-ci ait volé dans la cuisine d'un cabaret, sa bourse à un paysan du Petit Ergué qui était ivre et endormi auprès du feu, il fut saisi et déclara voler à la sollicitation dudit interrogé, ce qu'ayant appris celui-ci, il chercha partout l'enfant pour le maltraiter et l'ayant rencontré près d'un moulin il l'aurait assassiné si l'autre n'avait pas traversé la rivière. — Contesté).

Interrogé, s'il n'est pas vrai que la mi-carême dernier, il n'a point maltraité dans le grand chemin, un particulier revenant de Tourc'h auquel il donna plusieurs coups de bâton...

Répond : Que loin d'avoir attaqué ledit particulier, c'est lui au contraire qui fut maltraité, et qui reçut un coup de fourche, ce qu'il offre de prouver par personnes dignes de foi.

Interrogé s'il ne fait pas des quêtes dans les paroisses voisines, et s'il ne fait pas contribuer les paroissiens plus de force que de gré — Répond qu'il n'a jamais fait de quêtes que dans la paroisse de Tourch et qu'il n'a jamais contraint personne, n'ayant reçu que ce qu'on lui donnait de bonne volonté.

Christophe Simon : jeune homme cheveux châtains, en chemise, avec un mauvaise culotte de toile, nu-pieds, dit se nommer C. S., dit Pot an hall et âgé de 12 ans, laboureur de terre demeurant avant sa détention au lieu de Prat-Cotten en Scaër, fils de Jean Simon et de Marguerite Le Téo, à présent femme de Pierre Le Breton — Nie tout ce qu'on lui représente et dit n'avoir connu Jean le Cinq que depuis qu'il est en prison, et que le contraire ne peut être prouvé contre lui que par faux témoins.

Interrogé le 25 Juin 1773, Frappe d'abord dit qu'il y a 25 ou 26 mois, étant allé à la foire de Coray, il but une bouteille de vin à l'hôtellerie du nommé le Roy, et qu'en étant sorti, il fut attaqué par le gendre de Landaner et 4 autres, tous ivres, et que le premier le frappa de 3 coups de bâton à la tête, ce qui provenait d'une ancienne querelle entre eux — dit aussi que le mercredi de la mi-carême, jour de foire à Tourch, il fut attaqué par Hiérome le Tallec qui lui donna un coup de fourche en fer dans le ventre, sans cependant que la dite fourche entra dans la capacité, ce qui l'obligea de se mettre en défense et de donner des coups de bâton audit Tallec. Dit qu'en faisant sa tournée par le village pour faire des provisions de guenilles, il distribue quelques épingles aux femmes, et qu'à raison de son honnêteté on lui accorde de faire une quête de grains dans sa paroisse de Tourc'h, sans qu'il demande rien par force.

Information contre eux des 4 et 5 août 1723. Parmi les témoins, Jean Richard, laboureur à Iogaro, en Tourc'h, dit qu'il y a 3 ans entra chez lui le dit Frap, autrement Ian Pennuquenet, lequel ayant été mordu d'un chien qui n'appartenait point au déclarant le menaça de lui faire un procès et, s'en étant plaint au recteur du Tourc'h, celui-ci engagea le déposant à lui donner 30 sols et une bouteille de vin, ce qu'il fit le dimanche suivant en la chapelle de sainte Candide où était le pardon, et ayant bu tout seul cette bouteille de vin il voulut que le déposant lui en donna davantage, et sur son refus il le menaça, étant ivre, de mettre le feu chez lui en présence de plusieurs personnes et que depuis, il le menace chaque fois qu'il le rencontre. Il y a 6 mois étant au bourg de Tourch, il fut averti par 2 charbonniers que le dit Frap devait l'attendre sur le grand chemin pour l'attaquer et l'assommer quand il retournerait chez lui et que le dit Frap aurait dit qu'il aurait sa vie quand il y penserait le moins et qu'il l'a toujours craint et redouté, qu'il a fait plusieurs quêtes à Tourc'h sans cependant avoir jamais été chez le déposant.

Déposition de l'aubergiste de Coray, Joseph Pierre, dit du Val, 28 ans, dit qu'un soir, vers les 8 ou 9 heures il entra chez lui un jeune garçon nommé Potr an holl qui se mit près du feu et comme il y avait foire ce jour-là à Coray, il était resté quelques paysans qui avaient bu et entre autres le nommé Hervé Mahé, d'Ergué-Armel qui était assis auprès du feu, avec Potr an holl près de lui, qui lui demanda la charité pour avoir son souper. Ledit Mahé lui donna quelques deniers, et, quelque temps après, cherchant ses bourses, il s'aperçut qu'il lui en manquait une et s'en étant plaint le déposant chercha dans sa cuisine et ayant fait tirer Potr an Holl de sa place il trouva la bourse sur laquelle celui-ci était assis, laquelle contenait 18 livres ou environ. Il la rendit à Mahé et chassa de chez lui Potr an holl à coup de houssine.

Jullien David, couvreur d'ardoises de Coray dit avoir parlé à Rosporden, le jour de la foire de la Trinité, avec un homme d'Elliant qui, au sujet de la capture qu'on venait de faire dudit Frap, lui dit qu'il avait l'air d'un homme qu'il avait logé chez lui et qui lui avait volé 15 écus de sou coffre, et qu'il a vu ledit Frap vouloir obliger tous ceux qui buvaient dans l'auberge de Coray à lui payer du vin.

Jérôme Le Talec, maréchal, demeurant au Bron, en Tourch, dit qu'environ la mi-carême dernière revenant du bourg de Tourch où on avait tenu l'audience ce jour-là, où il avait affaire et où il avait bu, fut rencontré dans le grand chemin par ledit Frap qui le maltraita et lui donna plusieurs coups de bâton et le renversa par terre. S'étant relevé, il crut avoir perdu l'argent qu'il avoit sur lui, soit 7 à 8 écus, ce qui lui donna occasion de dire que ledit Frap l'avoit volé, mais quelque temps après, il retrouva son argent qui avoit coulé dans ses culottes, et dit que le nommé Henry Flatrès de Kerviniou ou Kervidel lui a dit qu'un jour en son absence, Frap vint faire la quête chez lui et que sa femme lui donna du blé, mais sans pouvoir dire ni l'espèce ni la quantité.

Laurens Coeffes, tisserand à Coray, dit s'être trouvé dans une auberge de Coray où il vit le nommé Frap qui buvoit avec plusieurs personnes, allant sur tous les écots et ne payant rien, et ayant derrière lui un jeune petit garçon qui se tenait debout et avec lequel il avoit de fréquentes conférences, et qui lui donne de l'argent pour avoir du tabac, disant que c'étoit le petit garçon qui étoit son boursier et la foire finie et tout le monde s'étant retiré, il trouva dans une chambre de l'auberge ledit Frap qui s'y était retiré avec le petit garçon et lui ayant dit de s'en aller, puisqu'il ne restait personne avec qui boire, ledit Frap lui répondit qu'il s'en irait quand cela lui conviendrait, et que le déposant l'ayant fait sortir quand même, reçut de lui des coups de bâton.

Joachim Jiquel, confirme ce que dessus, disant que le jeune garçon faisoit de temps à autre des tours dans la foire et revenait ensuite le trouver. Le déposant ayant voulu le faire sortir, Frap s'y opposa disant qu'il était avec lui et qu'il avait sa bourse et son argent. On les expulsa tous deux et Frap leur dit « plusieurs sottises ».

Hervé Madec, d'Ergué-Armel, dépose qu'ayant vendu une génisse 18 l. et 2 bœufs 100 l. à la foire de Coray, il fut ensuite à l'auberge de du Val et y but une chopine de vin à son souper et qu'il alla ensuite se chauffer dans la cuisine, car c'était l'hiver (il raconte comment, s'y étant endormi, il fut volé par le jeune garçon dont il sentit la main dans sa poche).

Interrogation dudit Jean Cinq, sur les faits ci-dessus : conteste tout. Dit qu'il a été arrêté au bourg de la Trinité au moment où il dînait avec Rochennec, meunier du moulin à papier de Kergoat, en Melgven, chez qui il était allé chercher des épingles et quelque argent pour continuer d'acheter des pillots, nie profiter de ce qu'il parcourt les foires, marchés, pardons et assemblées pour voler, nie avoir des complices et associés, entre autres le nommé Jean Simon.

Interrogatoire du jeune homme : nie également tout. Ils furent transférés aux prisons de Quimper le 24 juin 1723.

Le 11 février 1724, ils furent condamnés : Jean Cinq, aux galères à perpétuité et son compagnon, à être battu de verges, marqué sur les épaules, au fer chaud, de l'empreinte d'une fleur de lys et banni à perpétuité du ressort de la Juridiction royale de Quimperlé [Note : On pourrait trouver à glaner aux archives départementales. Il faudrait des mois pour fouiller méthodiquement les registres et liasses dont l'inventaire ne fait aucune analyse].

TOURC'H DEFEND SON EXISTENCE.

En 1804, l'existence de la paroisse était en jeu. Elle avait été annexée à Elliant pendant la période révolutionnaire et n'avait pas encore de prêtre. Rosporden voulait s'arrondir en prenant la paroisse voisine, qui paraissait devoir appartenir au premier occupant.

Parfois, il y a loin de la coupe aux lèvres.

1. — La paroisse prend les moyens d'avoir un prêtre.

Le 20 ventôse, an XII de la République française, la convocation de notre Conseil municipal et des Notables duement faite par la Mairie, le dimanche précédent, se sont assemblés en la sacristie de notre Eglise communale, lieu ordinaire de nos délibérations, les citoyens, membres de notre Municipalité Louis Le Bourhis, maire, Jean-Pierre Le Quéré, adjoint, Jacques Breut, qui signent, Jean Le Bouguennec, Louis Le Rivier, Alain Le Du, et Jean Le Du qui ne signent, lesquels voyant qu'ils ne si sont pas trouvés en nombre suffisant ont remis leur délibération au dimanche suivant. Après donc nouvelle convocation à venir ce dimanche 27 ventôse prédite année ou en vieux style le 18 mars 1804, se sont derechef assemblés en la susdite sacristie les susnommés citoyens auxquels se sont réunis les Membres du Conseil municipal et Notables suivants, savoir : Alain Le Roy et Yves Gourmelen qui signent, Jean Le Reste, Guy Le Bourhis et Jean Yvonou qui ne signent. Lesquels tous réunis comme est cy dessus dit. Considérant :

1°) Que les lois exigent que les Communes logent, commodément les Ministres du Culte et les entretiennent en attendant que le gouvernement leur paye un traitement fixe. 2°) Que les lois leur accordent gratis pour logement les presbytères des communes et leurs dépendances non vendus, et décernent annuellement à chaque desservant la somme de cinq cents livres de pension, ont convenu, stipulé et unanimement arrêté : 1°) de payer par an en numéraires au citoyen Guillaume Guéguen leur ancien Recteur et desservant la somme de 300 livres, à commencer le premier paiement pour l'an douze, au premier vendémiaire et le parachever de même incessamment et continuant ainsi de payer la dite somme de 300 livres d'année en année jusqu'à ce que le gouvernement lui paye la somme de 500 livres susmentionnée, 2°) tant pour se conformer aux lois que pour suppléer à ce qui manque depuis les 300 fr. stipulés jusqu'aux 500 francs qu'ils lui doivent, ils lui laissent le tiers des offrandes et testaments des églises de la commune dont on lui avait arbitrairement suspendu la jouissance légitime et paisible et lui cèdent et délaissent à perpétuité sans ferme ni charge le presbytère, son jardin et dépendances se chargeant eux d'en faire les grosses réparations aussitôt qu'elles manqueront et le chargeant des petites.
Fait et arrêté, etc..., Signé :

2. — Le prêtre obtenu, Tourc'h déclare avoir les mêmes limites qu'avant la révolution : elle a église, presbytère et prêtre. Dès lors, pourquoi s'obstiner à vouloir la rattacher à Rosporden, une ancienne chapelle d'Elliant ?

Voici la défense :

« Ce jour, 24 thermidor an XII, assemblée du Conseil municipal de la commune de Tourc'h convoquée extraordinairement par le Maire en vertu de la circulaire du préfet du département du Finistère du 29 messidor dernier pour délibérer sur l'exécution du décret impérial du 11 prairial précédent relatif à la circonscription et réunion des succursales. Se sont réunis Louis Le Bourhis, maire, Jean-Pierre Le Quéré, adjoint, Alain Le Roy, Yves René Gourmelen, Jacques Breut, Louis Le Rivier, Alain Le Du, Jean Le Reste, Jean Le Du, Jean Le Bouguennec, Guy Le Bourhis et Jean Yvonou, membres du Conseil Municipal, lesquels considérant que la commune de Tourc'h avait en 1789, la même étendue et circonscription qu'elle a en ce moment, qu'elle était paroisse, que son Curé, autrement recteur, était gros-décimateur, ayant habituellement un vicaire à sa chage pour facilité de la desserte.

Considérant que la population de cette commune est de sept cents âmes, qu'elle a deux lieues de longueur sur une lieue de largeur : sa longueur au midi prend depuis les confins de la commune de Rosporden jusqu'aux confins de celle de Coray et de Leuhan, sa largeur est terminée au levant par la commune de Scaër et au couchant par celle d'Elliant.

Considérant que l'église paroissiale ou communale de Tourc'h se trouve située au centre de son territoire, c'est à dire à une lieue des confins de la commune de Rosporden et à une lieue de celles de Coray et de Leuhan dans sa longitude et dans sa largeur à une demi lieue des confins de Scaër et d'Elliant.

Considérant que sa maison presbytérale et son jardin ne sont point vendus, qu'ils sont profités par le desservant actuel qui était le cy devant Recteur dont ils garantissent le zèle apostolique et l'attachement pour l'auguste personne de l'empereur Napoléon qu'il a réussi à la Municipalité de conserver et de bien entretenir le logement ainsi que son église communale.

Considérant que l'église est en bon état, qu'elle convient dans son étendue à la commodité des habitants pour leur réunion à l'office divin que ces mêmes habitants jouissent d'une aisance suffisante et proportionnée aux frais d'entretien de l'église et du presbytère.

Considérant que l'esprit et la lettre de la loi sont de ne pas morceler une commune pour agrandir une autre, que l'ensemble de la commune de Tourc'h ne peut convenir à aucune des communes limitrophes parce que si on la joignait à Rosporden la partie confinant avec Coray et Leuhan serait à plus de de trois lieues du clocher de Rosporden, et la même distance se trouverait si on la réunissait à Coray ou Leuhan.

Considérant que ne s'agissant dans la loi que de la réunion de succursales, la seule commune qui pourrait, prétendre réunir Tourc'h à sa succursale serait celle de Rosporden. Considérant enfin que dans cette supposition, la prétention de Rosporden serait mal fondée et ne pourrait être accueillie sous aucuns rapports.

1° — parce qu'à Rosporden, il n'existe et n'a jamais existé de maison curiale.

2° — parce que l'église de Rosporden manque de grosses et menues réparations au dedans comme au dehors et menace d'une ruine prochaine, que d'ailleurs elle n'a même pas le simple nécessaire pour la célébration de l'office divin.

3° — parce que dans le cas de cette réunion, impossible relativement à sa situation et à celle de Tourc'h, le clocher de Rosporden se trouverait au coin le plus reculé de la nouvelle commune.

4° — parce que des confins de Tourc'h au Levant Couchant et Nord et même du bourg à Rosporden, les chemins sont très mauvais en été et impraticables en hyver et qu'ainsi les habitants de Tourc'h beaucoup plus nombreux que ceux de la commune de Rosporden se trouveraient impossibilités à recourir à Rosporden pour l'office divin, et privés des secours spirituels, il en serait de même de la desserte: ce qui n'est certainement pas dans l'intention du gouvernement qui a rétabli en France la religion de nos pères et pour lequel nous ne cessons d'adresser des vœux au chef suprême des Empires.

5°. — Enfin parce que cette réunion deviendrait une surtaxe pour les habitants de Tourc'h qui ont été assez heureux pour conserver leur église et leur presbytère et qui seraient ainsi obligés de contribuer au marc le franc au rétablissement de l'église de Rosporden dont ils ne se serviraient pas et au paiement de la maison du desservant, mais leur plus grand chagrin serait dans ce cas, d'être nécessairement privés des secours de la religion catholique dans laquelle ils veulent vivre et mourir.

Arrêtent de demander au gouvernement qu'il lui plaise conserver la succursale de Tourc'h dans son intégrité et ses limites actuelles et qu'à cet effet copie de la présente délibération soit envoyée à messieurs l'évêque et préfet du département avec prière d'appuyer leur juste demande et ont signé ....... ».

(F.-M. Calvez).

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