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LA TERRE NOBLE DE COATHELORET A TOURCH

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En 1400, on écrivait Coat-Helgoret ou Coat-Halgoret, ce qui peut signifier bois chauffé, bois incendié. En 1670, on écrit Coat-Loré, qui veut dire bois contenant du laurier. Quelques-uns y voient un nom propre qui aurait une forme plus ancienne, par exemple Haëlunoret, qui se trouve signalée par Loth (Chrestomathie bretonne, page 135).

C'était une seigneurie fort ancienne et très importante, « ne dépendant que de la place forte de Conqueau [Note : Concarneau] et du Roy ». Elle avait « droit de juridiction, haute, basse et moyenne justice et patibulaire à quatre piliers ». On exécutait à l'endroit nommé Menez-Justic [Note : D'après une tradition locale, le vieil arbre desséché que l'on voit, vers 1934, en cet endroit, servait à la pendaison]. Le seigneur de Coathéloret était « supérieur et prééminencier de l'église paroissiale... de la chapelle de Locunduff, en Tourc'h, et de Saint-Adrien, en Elliant » [Note : Bulletin arch., année 1893].

Le siège de la seigneurie se trouvait 3 kilomètres au Sud du bourg, à l'endroit nommé Gorre-ar-C'hoat, section B, n° 330. Toute cette parcelle, de forme étrange, est encore sous bois. Il reste peu de trace d'habitation seigneuriale. Mais, sur la partie culminante, dominant la vallée de l'Aven et permettant de voir à plusieurs lieues à la ronde, est située une motte féodale, bien conservée... Elevée d'environ 3 mètres au-dessus de l'ambiance immédiate, la butte affecte une forme légèrement ovale et mesure 17 x 15.

Elle est percée, en son milieu, d'un grand trou ayant 2 mètres de profondeur et entourée d'une douve circulaire de 2 mètres à 2 m. 50 de creux. Par ci par là, on voit d'autres trous plus ou moins profonds, plus ou moins larges. Force est de conclure que l'on a fouillé. Et pourquoi ces fouilles ? Sans doute pour extraire la pierre. Et que faisaient là ces pierres ? L'aspect de toute la parcelle 330 laisse croire à des constructions importantes. Les pierres taillées des bâtiments de Goël-ar-C'hoat n'ont-elles pas été enlevées à la motte de l'ancienne seigneurie ?

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En 1426, ce manoir semble avoir appartenu à un certain Jehan Martin, cité en tête des nobles de Tourc'h, à la réformation de cette année, et qui avait deux métayers exempts de fouages.

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A la réformation de 1444, est exempté de fouages le métayer au sire de Poulmic, à son manoir de Coët-Helgoret.

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A la réformation de 1536, la maison de Coat-Halgoret appartenait au baron du Pont. La chose s'explique par la fusion de la famille de Poulmic dans celle des barons du Pont-Labbé.

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Cette seigneurie passa ensuite, sans doute par voie d'acquêt, à la famille Canaber de Kerlouët, originaire du pays de Carhaix et de Rostrenen. Vers 1590, elle appartenait à Catherine Canaber, mariée à Tristan Jégou, seigneur de Kersaliou et Kerlouët, capitaine de 200 arquebusiers pour la ligue. Le duc de Mercœur lui enjoignit, par mandement du 20 juin 1595, d'aller tenir garnison à Douarnenez. Il se rallia à Henri IV et obtint, en 1598, de Sourdéac, un sauf-conduit l'autorisant à se retirer à Carhaix ou dans ses dépendances de Kerenlouët et de Coathéloret pour la guérison de ses blessures et la négociation de ses affaires.

De son mariage avec Catherine Canaber, héritière de Kerlouët, il laissa Alain Jégou, mort sans alliance, dont l'héritage, par suite d'arrangements successoraux, revint aux Canaber [Note : Généalogie de la maison Jégou, du Laz].

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En 1639, Coathéloret était à Bernard de Canaber et, en 1670, à René de Canaber, gouverneur de Carhaix.

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Haute et puissante dame Anne Gourmil [Note : C'était la seconde femme de René de Canaber, gouverneur de Carhaix, seigneur de Kerlouët, veuf de Marguerite Le Borgne de Lesquiffiou, Elle aissista en 1683, en Plévin, le P. Maunoir à ses derniers moments. Ce sont peut-être ses armes qu'on trouve à Sainte-Candide en alliance avec celles de Canaber. La famille Gourmil figure dans le Nobiliaire de Bretagne, mais ses armes n'y sont point indiquées], dame comtesse de Kerlouët, baronne de Coathéloret, du Ruysi, gouvernante de la ville de Kerahès, dame du Val et Portsal, Kérangal, Kérautret et autres lieux, signe le 16 mai 1672, au mariage de Guillaume Le Guénel et de Moricette Flastret.

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Au baptême de 1674, les parrains étaient noble homme Changeon et dame Gourvil, comtesse de... et baronne de Coathéloret.

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En 1728, Coathéloret était passé aux Tréouret de Kerstrat. Deux aveux portant les dates de 1732 et 1759 mentionnent Joseph-Louis de Tréouret, seigneur de Kerstrat... comme seigneur de Coathéloret.

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Ensuite, cette terre appartint à François-Hyacinthe de Tinténiac, marquis de Quimerch, époux de Anne-Antoinette-Françoise de Kersulguen, qui fut, en 1781, parrain de la grande cloche de Tourc'h. Il avait recueilli Coathéloret de la succession de sa mère. Par lettres patentes du 4 mai 1767, il fit annexer la haute justice de Coathéloret, qui s'exerçait au bourg de Tourc'h, à celle de son ancienne baronnie de Quimerch « pour être exercée par les mêmes juges et officiers au bourg de Bannalec ».

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N. B. — a) Le moulin de Coathéloret est devenu le moulin du Coat.

b) Le musée départemental possède le sceau de la juridiction de Coathéloret. Il porte les armoiries des Canaber et la légende : SCEAU : DE : COATLORE.

c) Tout à côté, dans les terres de Kerloyou, on a trouvé, en 1902, un lingot d'or estimé 900 fr. (Bulletin arch. de 1903).

d) Vers 1932, dans les mêmes parages, à Kéraden, un autre lingot d'or, exhumé par une charrue, a été vendu 8.500 francs.

En 1911, dans le champ même de Parc-Menes-Justic, on a a trouvé 126 becs en fer, ressemblant à des becs d'anciennes lances romaines.

Voici ce que nous copions dans le bulletin de la Société Archéologique du Finistère des années 1896 et 1897 :

« La découverte des haches a été faite par un nommé Lamandé, maçon de son état, et carrier par occasion dans la parcelle dite Mene bihan, pprtant le n° 237, section C du cadastre, parcelle très anciennement exploitée comme carrière, sans que l'on sache à quelle époque l'exploitation a été abandonnée. C'est en piochant dans un talus à 50 mètres de l'arbre des pendus que Lamandé a trouvé les haches. Elles étaient enterrées à un mètre environ de profondeur, soigneusement rangées par quatre, mais, il ne rencontra aucune trace de ce qui aurait pu servir à les protéger, pierres, bois et poterie.

J'ai eu la possibilité d'examiner la totalité de ces haches, et j'ai reconnu que, si elles étaient fondues dans plusieurs moules différents, elles appartiennent toutes à la même catégorie des haches préhistoriques, en bronze, avec douille rectangulaire, bords droits et anneau sur le côté. Ce type, qui se rencontre à la fin de l'âge de bronze est partout très commun, mais surtout en France et particulièrement en Armorique où elles ont été trouvées par milliers.

L'ornementation, nulle pour un petit nombre de haches, se réduit pour les autres à la présence de barres en relief parallèlles au bourrelet du col et parfois d'une sorte de bouton très saillant.

A part cinq haches beaucoup plus lourdes qui, sans doute, ne proviennent pas de la même fabrication, toutes les autres sont munies de deux barres, en relief, plus ou moins bien marquées, parallèlles entre elles à la distance d'environ quatre millimètres. Un peu plus de la moitié, bien que provenant de moules différents, présente la particularité de posséder entre les deux barres, quelquefois sur la barre la plus éloignée, un bouton toujours placé sur la même face de la hache par rapport à l'anneau. Sur une seule hache il se trouve sur la face opposé. Deux haches présentent des points placés symétriquement.

Ce point évidemment intentionnel, ne serait-il pas une marque de fabrique du fondeur ?

La longueur des haches varie de 11,5 à 13 centimètres et la largeur du tranchant de 2,9 à 3,4 centimètres.

Leur poids présente des différences considérables. Il varie en effet de 164 à 345 grammes. Huit d'entre elles n'atteignent pas le poids de 200 grammes (164 - 170 - 172 - 182 - 188 - 189 - 193 et 199 grammes) neuf dépassent 250 grammes (250 - 255 - 256 - 260 - 262 - 268 - 278 - 289 et 343 grammes. Une seule de ces haches, celle qui pèse 278 grammes contient encore à l'intérieur du plomb que l'on peut voir par une fente latérale, car la hache est très bizarrement éclatée sur un seul côté, bien que le tranchant soit demeuré intact. L'accident s'est-il produit au moment de la coulée du plomb liquide ou bien quand le plomb solidifié, renfermant des graviers, aurait été refroidi trop énergiquement ? Il est difficile de se faire une opinion, en tout cas, le propriétaire de la hâche l'avait conservée, vraisemblablement pour en tirer parti dans une refonte ultérieure.

Ces haches, à part un petit nombre, n'ont jamais servi ; la plupart n'ont même pas été terminées et présentent des bavures de fonte faciles à enlever, mais qui auraient empêché leur emploi immédiat si le propriétaire n'avait pas été en même temps un de ces fondeurs ambulants dont les cachettes ont été découvertes en grand nombre dans le Finistère. En Tourc'h même, à Kerbromen ou Kerbrunen, distant de Menes Justis d'environ quatre kilomètres, j'ai signalé en 1896 une cachette de fondeur contenant uniquement des lingots dont l'un analysé à l'Ecole des Mines, a été déclaré « cuir pur, légèrement oxydé à la surface, pas d'étain ».

Plusieurs analyses du métal des haches de Menes Justis auraient été certainement très utiles, s'il était possible d'en tirer une conclusion ferme, mais les analyses donnent trop souvent des résultats inattendus. M. du Chatellier écrivait à ce sujet à notre ancien collègue, le docteur Corre : le mélange des métaux ayant servi à la fabrication des haches est souvent si imparfait que, dans deux haches prises dans la même cachette de fondeur, on en trouve une donnant du cuivre avec étain et plomb, l'autre ne contenant que du cuivre. Mieux encore : dans un de ces lingots qui accompagnent toutes les cachettes, j'ai vu trouver dans une petite partie du lingot, l'amalgame du cuivre étain et plomb et, dans une autre partie, du cuivre seulement. A cette époque les amalgames étaient très mal faits.

Malgré l'incertitude que pourrait laisser une analyse isolée faite sur une seule des 126 haches de la trouvaille, je me suis décidé à en envoyer une au Conservatoire des Arts et Métiers.

Voici le résultat de l'analyse :
Cuivre : 70,20
Etain : 10,50
Plomb, avec traces de fer : 19,30
Total : 100,00

Or, si certaines analyses de bronze dont j'ai eu connaissance donnent des chiffres très différents, j'ai trouvé pour des haches provenant de la trouvaille de Vénat, classées par M. Decheleke comme appartenant à la dernière période de l'âge du bronze, la composition suivante très analogue à celle de la cachette du Menes Justis :
Cuivre : 67,68
Etain : 10,25
Plomb : 21,00
Fer : 0,66
Zinc : 0,20

Il y a donc lieu d'admettre que les haches de Menes Justis appartiennent à la dernière période de l'âge de bronze ».

(F.-M. Calvez).

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