Web Internet de Voyage Vacances Rencontre Patrimoine Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Bienvenue !

LES AVENTURES DE GUILLAUME, SIEUR DU PLESSIS-JOSSO A THEIX

  Retour page d'accueil       Retour Ville de Theix 

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Grand émoi à Vannes le dimanche des Rameaux 1553 — 18 mars.

Entre quatre et cinq heures du soir, Guillaume du Plessix, sieur du Plessix-Josso en Theix, à la tête de plusieurs cavaliers armés et masqués, paraissait à l'improviste devant une des portes de la ville et tentait d'enlever la prison royale de Saint-Pater [Note : Située au-dessus de la porte appelée actuellement Porte-Prison et anciennement Porte-Saint-Patern et par corruption, Saint-Pater]. Quelle résistance pouvaient opposer Vincent Chesnay, le geôlier, sa femme et Yvon Le Lohé, leur serviteur ? — Toute la population était à vêpres ! Le coup de main réussit. Par les ouvertures fracturées ou à l'aide de cordes apposées le long d'une des tours, bientôt les prisonniers s'enfuirent et disparurent à la suite de Guillaume du Plessix et de sa bande.

Château de Plessis-Josso à Theix (Bretagne).

Guillaume du Plessix était depuis longtemps condamné à mort par contumace pour plusieurs crimes. Et, tout récemment, il venait encore de commettre un meurtre en pleine ville de Vannes sur la personne de François Le Chevalier, de complicité avec un certain Jacques Le Borgne, dit Costière.

Or ce Jacques Le Borgne était précisément un des prisonniers dont Guillaume du Plessis venait de procurer l'évasion.

Les gens du Roy pouvaient-ils laisser plus longtemps impuni ce nouvel et si audacieux attentat ? Il fallait enfin agir.

Par les soins de Jean de la Houlle, sénéchal de Vannes ; et de Jean de Muzillac, juge criminel au siège présidial, le tocsin sonne, les fidèles assemblés à la cathédrale sont prévenus, et par les rues, commandement est fait à ban et à cri aux habitants de la ville et faubourgs d'avoir, dans une demi-heure à se rassembler aux Lices. C'était la mobilisation.

Il s'agissait, en effet, du recrutement immédiat et de la formation d'un corps vannetais destiné à marcher contre Guillaume du Plessix et, à l'occasion, mettre le siège devant son château.

Et nos bons aïeux partirent pour ne rentrer dans leurs foyers que ... le lendemain matin. Encore il n'apparait pas qu'ils aient montré beaucoup de courage ni de discipline.

Mais n'insistons pas. Le procès-verbal qu'on va lire, signé des gens du Roy — il se trouve aux archives départementales du Morbihan, liasses non classées — donne par le menu le récit de l'événement et des moindres incidents de l'expédition.

« Jehan de la Houlle Séneschal de Vennes et Jehan de Musuillac juge criminel au siège présidial dudict Vennes, à tous ceulx qui ces présentes verront, salut [Note : Ponctuation et orthographe en partie rétablies].

Scavoir faisons que ce dimanche de Pasques fleury, dixouictiesme jour de mars an mil cinq centz cinquante et trois, durant que l'on chantait vespres, entre les quatre et cinq heures puis midi, avons ouy bruict comun et notoire que Guillaume du Plesseix sieur du Plesseix Josso — par cy devant bany par coutumaxe et condempné en son absence à estre décapité et souffrir mort, pour plusieurs homicides, et cas de maléfices par luy commis — et aultres en sa compaignie, estaient à rompre les prisons roiaulx de Sainct-Pater dud : Vennes et à enlever et mectre hors lesd : prisons, les prisoniers y estant.

Incontinent avons pris chemin pour, en toute dilligence, aller vétir et en notre povoir empescher telle entreprise, et passant par l'église cathédralle de Sainct Pierre dud. Vennes durant lesd. vespres, avons ordonné promptement le tocquesain estre sonné, ce qui a esté faict ; avons faict commandement aux subgectz du Roy par nous rancontrés en lad. église et par les rues, de en dilligence prandre lesd. délinquants au corps, et eulx mectre en tout leurs efforts de empescher ladicte entreprise.

Estant arrivés au devant desd. prisons, avons trouvé le procureur du Roy et quelques aultres qui nous ont dict avoir entendu que trois des prisoniers desdictes prisons estoient eschappéz durant lesd. vespres, scavoir : Jacques Le Borgne dict Costière, Thébaud Hillary aultrement appelé Khorle et un appelé Vincent Kmen texier, les trois accusés de cas de homicide, avons vu et trouvé par évidance quil y avoit une corde toute neuffve attachée contre la fenestre de l'une des tours desd. prisons de Sainct Pater, au moien de laquelle corde avons entendu que lesd. trois prisoniers surnommés avoint descendu desd. prisons jusques sur le pont dud. Sahict Pater et que, à ce moien et de plussieurs personnaiges à cheval portant harquebuttes et les aucuns d'iceulx voilés de taffuetas et armés, avaient esté lesd. prisonniers enlevéz durant que les habitans estoint à vespres ; et nous a esté dict par Vincent Chesnay et sa femme geolliers et gardes desd. prisons et aussi par Yvon Le Lohé leur serviteur que lesd. trois prisonniers estoint échappés durant qu'ilz avaient esté à advertir la justice et la populaice qui estoict esd. vespres.

Surquoy, ouy et requérant ledict procureur du Roy, avons ordonné qu'il sera promptement informé de la rompture desd. prinsons et aussi de lad. évasion et enlèvement desd. prisons, du moien, et qui en ont esté cause et participans, et parce que avons ouy notoirement en lad. ville que led. du Plesseix estait l'un de ceulx qui avaient aidé et asisté à enlever lesd. prisoniers, après nous estre infformé que ledict Le Borgne dict Costière l'un desd. prisoniers eschappés ced. jour estoict serviteur, aiant demeuré long temps avecques ledit du Plesseix, comme il conste au procès dud. Le Borgne — les deux accuses davoir occys François Le Chevallier en ceste ville de Vennes — mesmes que de long temps, y a plusieurs décretz de prise de corps donnés allencontre dudict du Plesseix, condampné comme dict est, par plussieurs jugementz et sentenczes et pour divers et réitérés délictz souffrir mort, lesquelles n'ont pu estre exécutéés, obstant la force et puissancze dud. du Plesseix, avons, requérant lesd. gens du Roy, ordonné que tout présentement, il sera faict a-ban et cri publicq commandement aux manans et habitans de ceste ville et faubourgs quilz aient à comparoir promptement, un de chacune maison, dedans demie heure après lad. bannye, aux Liczes dudict Venues, pour, en notre companie aller en tel nombre qu'il sera advisé, au pourchatz, et suilte desd. prinsonniers.

Depuis, et led. jour, après que quelqun nombre desdicts habitans furent assamblés les uns à pied et aultres à cheval aux-dictes Liczes, avons advisé et délibéré avecques les dicts gens du Roy de descendre et aller en la maison dud. du Plesseix, distant de ceste ville de deux lieues ou plus, pour faire perquisition desd. prisonniers, aussi pour les prandre et saisir au corps et les amener aux prisons royaulx dudict Vennes, et mesmes pour mectre réaulment entre les mains du Recepveur du Roy les biens meubles dud. du Plesseix confisqués au Roy ; et, pour ce que avons esté informés qu'il porte ordinairement hacquebuttes, pistolletz et aultres armes prohibées tant en sa maison que aux champs, aussi quil est ordinairement accompaigné de plusieurs maulvais garsons et aultres banys, ad ce que lesd. descretz ne demeurent inexécutés, et attandant advertir le Roy ou monseigneur le gouverneur de tout ce faict pour y pourveoir, avons, requérant lesdicts gens du Roy, ordonné que en leur présence et des greffier et receveur dudict Vennes ou son commis nous descenderons en ladicte meson du Plesseix promptement, pour l’effect que dessus et que, pour bailler aide et secours à la justice, ung nombre desdicts habitans viendrait avecq nous et nous accompaignerait jusques audict lieu. Et d'aultant que par infformation, avons trouvé ladicte meson du Plesseix estre forte, ledict du Plessix y avoir grand nombre de hacquebouzes et armes de jet le plus souvent en icelle meson, et que mal aisément se pourroit, en cas de reffus, rompre les portes de ladicte meson pour l'exécution des ordonnances la justice, avons avisé et ordonné avecques lesdicts gens du Roy que il serait mené et descendu jusques audevant de ladicte meson une ou deux verses, seulement pour rendre timide ledict du Plessix et, à ce moien, le contraindre à oupvrir les portes et conséquement obéir à justice, par ce que néanlmoins a esté arresté et délibéré que en cas de résistance et rebellion, on ne tireroit desdictes verses.

Ce faict, les dicts jour et an et environ les six heures puis midy, avons nousd. Senneschal et juge criminel pris chemin pour aller aud. lieu du Plesseix, à requeste et en la présence desdits gens du Roy et avecq nous le greffier criminel souscript, Jehan Mauperthuis, commis du recepveur ordinaire dud. Vennes et plusieurs des habitans de lad. ville et faubourgs de Vennes. Et, pour ce que avons esté advertiz que led. du Plesseix est coustumier de hanter le bourg de Theix, aurions avisé et délibéré de passer par led. bourg, chemin faisant. Et après avoir sorty hors ladicte ville et forsbourgs, entre ladicte ville et le lieu de Lestrenic en la lande, à distance de un quart de lieu dudict Vennes, pour ce avons vu plusieurs habitans desdicts ville et forsbourgs après les aultres, en si mauvaisie équipaige quilz eussent plus tort, à les veoir, diminué la force et secrect de la justice que de la croistre, avons remonstré et faict entendre à aucuns des dicts habitans qu’ils seroit expédiant que lesdicts gens de pied s'en rétourneroint en la ville et forbourgs, et quil suffiroit de trante ou quarante personnes montés a cheval pour acompaigner la justicze et aider à exécuter ses ordonnanczes, touchant le faict que dessus. A quoy ont plussieurs desd. habitans respondu que si les ungs retournaient que les tous retourneraient et quil estoit question de marscher ou du tout retourner. Voiant quoy, avons advisé et délibéré de passer oultre.

Et estans arrivéz au bourg de Theix, avons esté informé que led. du Plesseix ne faisait que partir dud. bourg et qué, tout présentement, il avoit bleczé et désarmé un desdicts habitans de Vennes qui estoit allé audict bourg pour boire, sans actendre notre compaignie. Et incontinent en la compaignie des surnommés et de plussieurs desd. habitans avons continué le chemin et allé jusq. à la maison dudict Plesseix-Josso.

Arrivés auquel lieu, après plusieurs sommations et commandementz faictz de par le Roy et sa justicze à habite voix, de ouvrir les portes de ladicte meson, lesquelles avons trouvées fermées et deffault faict de ouvrir (néanlmoins que il apparaissait y avoir gens et chandelle en ladite meson, mesmes, pour ce que la nuict estoit fort élevée et sereine et que plusieurs de ceulx de notre compaignie s'estantz retirés, les aultres se voullaient retirer et ne voullaient attandre) avons, requérans lesdicts gens du Roy, ordonné quil seroit faict oupverture réelle de la porte et entrée de ladicte meson, veu lesdicts reffus et default, et que la justice et ministres d’icelle estantz de notre compaignie, y entreraient pour prandre au corps ledict du Plesseix ou il se y trouveroit et aussi lesdicts prisonniers cedict jour éschappés, daultant que ils y seraient trouvés, et pour les aultres effects sur touschés suivant laquelle ordonnancze, a esté faict oupverture de la première porte de la court d'icelle maison sans fraction de ladite porte, mais seulement des courrouez et fermetures de fer estant par le dedans de lad. porte qui ont esté forcés sur led. reffus et defFault de ouvrir. Et lad. porte oupverte, avons trouvé en ladite meson, la femme dudict du Plesseix, ses femmes et damoiselles et aussi un, appelé Virel, et mesmes plusieurs serviteurs qui se sont dictz et avoués entre audict du Plesseix, fors ledict Virel qui a dict entre parent de ladicte femme du Plesseix, et après avoir faict entendre a ladicte femme du Plesseix notre commission et ce qui nous avoit amené, luy demandant où estait led. du Plesseix son mary, et quelle nous a dict et aussi ledict Virel et serviteurs qu'il ny estait poinct ; après avoir plussieurs fois faict prohibition et deffance aux asistantz de entrer en lad. meson, fors en tel nombre et par ordonnance de justice, aussi leur avoir prohibé de robber prandre aucuns biens estant en lad. meson et appartements, sur peine d'estre pugnis corporellement, avons, requerans lesd. gens du Roy, commandé à notre greffier appelé avec luy cinq ou seix de la compaignie, faire perquisition en lad. meson de la personne dud. du Plesseix et prisonniers, ce jour eschappés des prisons dud. Vennes pour, daultant quilz y seraient, les prandre et saisir au corps et rendre ès mains de la justice. Et auparsus, avons ordonné, requérant lesd. gens du Roy, que en présence de lad. dame du Plesseix, inventaire et certiffication seraient faictz des biens meubles estantz en lad. meson pour, ce faict, ordonner ce quil appartiendrait ; ce que a esté faict et exécuté et led. inventaire desd. meubles, aultres que lettres, faict par nous et notred. greffier, lad. dame du Plesseix et lesd. gens du Roy et commis dud. recepveur présents, comme il apiert par le cayer dud. inventaire séparé de cestes, signé de nous et de notre greffier.

Et, pour ce que en lad. meson ont esté trouvés deux coffres auxquels ont esté trouvés quelques lettres, requérant lesd. gens du Roy, ont esté les clefz d'iceulx coffres, après avoir esté fermés de cleff, baillés et délivrés entre les mains de notred. greffier, attandant faire inventaire desd. lettres, néanlmoins et sans préjudicze de l'opposition de lad. dame du Plesseix qui a dict avoir intéretz esd. lettres. Et sur la requeste faicte par lesd. gens du Roy, que premier que partir dud. lieu, eussions à faire mectre et délivrer lesdits biens meubles et lettres entre les mains dud. receveur du Roy et quilz soient charoiés et menés à Vennes en la meson et garde dud. recepveur, attendu les gemminés sentences de confiscation de meubles donnés allencontre dud. du Plesseix, pour plussieurs cas de crimes par luy commis, remontrant lesd. gens du Roy que lesd. meubles appartiennent au Roy et que sans lesd. lettres et documentz led. recepveur du domaine du Roy ne scaurait faire la jouissancze et levées des héritaiges du Plesseix lequel, néanlmoins lesd. sentences de forban et aultres contre lui, donnés par voie de faict et force, en faict les fruictz, et levées, au préjudicze du Roy et qui pir est, au moien de lad. jouissance desd. meubles et levées de ses terres, demeure incorrigible et continue en ses délictz, se tient fort et accompaigné contre l'autorité du Roy et de sa justicze ; remonstrans oultre, que lad. femme ne peult impescher la saezie desd. lettres quant ors elle y auroict lettres qui concernassent son patrimoine, daultant que au moien desd. sentence, le Roy seroit fondé a jouir et faire les fruictz des terres de lad. femme durant le vivant de sond. mary forbany ; ont lesd. gens du Roy remonstré devantaige que pour l'absence dud. du Plesseix de sa meson a présent, aussi que pour la raison, led. Virel et les serviteurs dud. du Plesseix trouvés en lad. meson doibvent estre menez prisonniers à Vennes comme asistant, acompaignant et prestant faveur et aide aud. du Plesseix forbany, au moien de quoy lesd. biens meubles siquantement lesd. lettres pourroint estre esgarées ou robbées au préjudicze du Roy et aultres quy y pourroint avoir intérestz.

Persistants lesd. gens du Roy a leurd. requestre, actandu mesme que led. du Plesseix a commis meffaict sur meffaict et a esté, comme dict est, condampné par trois fois pour crimes capitaulx, et quil est chose toute notoire que lad. du Plesseix se vante davoir faict plussieurs alliénations en fraude du Roy et de ses droictz, les contre lectres desquelles espoir se pourront trouver aud. coffres ; après avoir faict faire perquisition de charrettes pour debvoir porter lesd. meubles aud. Vennes et que navons sceu pour le présent, recouvrer que une charrette garnie de bœufz ; aussi, que lesd. habitans et gens venus en notre compaignie se voulloint retirer et ne voulloint plus tarder aud. lieu sans lesqueulx, neussions pu, a seur accès, tarder aud. lieu pour faire inventaire desd. lettres estant aud. deux coffres, avons ouy et requérans lesd. gens du Roy ; et actendu les sentences données contre led. du Plesseix, ordonné que sans préjudicze de loppositioin de lad. dame du Plesseix, lesd. deux coffres et lectres y estant, seront présentement mis et baillés en garde, de par le Roy, es mains dud. recepveur du roy en la personne dud. Mauperthuis son commis présent qui en a esté enchargé, actandant en estre faict bon et loial inventaire dicelles lectres et que aultrement soict ordonné et, à ce que il ne soit rien perdu ou esgaré desd. lectres, avons, iceulx gens du Roy ce requérant, ordonné que les seaulx de lad. court de Vennes seront mis et apposés sur les claveures desd. coffres qui ont esté trouvés et lessés fermés à cleff et claveure ; et davantaige que oultre ce, y dessus les claveures desd. deux coffres il sera mis sur chacun desd. coffres une cleff et claveure de neuff, desquelles les cleffz demeureront entre les mains du greffe criminel, et lesd. coffres et lectres ainsi scellés et fermés a cleff entre les mains dud. recepveur du Roy actandant parfaire led. inventaire desd. lettres et aultrernent ordonnés ce qu'il appartiendra. Et au regart des aultres biens meubles trouvés et inventoriés par nous en lad. meson et aultres que celles rapportés par icelle avoir esté délivrés aud. recepveur ou son commis, actendant trouver charrettes et moien plus à propos de les faire mener et conduire aud. Vennes, ont, esté lessés en la garde de lad. dame du Plesseix quelle a dict quelle respondrait diceulx et aussi desd. lettres si on les y voulloit lesser, et au reste, requirans lesd. gens du Roy, avons, nous juge criminel ordonné, actandu mesmes les informations estant aux amembrances de la court, que led. Virel et François Rouault, Jehan Le Bras, Jehan du Lesne dict Mauguet, Jehan Lucas trouvés en lad. meson, seront menez et conduictz aux prinsons roiaulx dud. Vennes pour, iceulx interrogés ordonner ce quil appartiendra et que les aultres serviteurs trouvés en lad. meson demouront aud. lieu pour tenir compainie à lad. dame du Plesseix et à ses damoesselles ; et, pour la longue distance du chemin et temps à esplecter ce que dessus, aulcuns ded. habitans dud. Vennes estant avec nous, entre aultres ceulx de pied, se plaignèrent de faim et soiff quilz souffraient, leur avons faict tirer et, donner à boire jusques à environ une demi pièce de vin des parties de Gascogne, du nombre de vin contenu aux inventaires de meubles en présence de lad. dame, de ses despanciers et aultres serviteurs.

Ce faict, au lendemain matin dixneufviesme jour de mars aud. an, suismes retournés aud. Vennes et en notre compaignie lesd. gens du Roy et plussieurs habitans dud. Vennes, après avoir, au partir dud. lieu, dict et repété les prohibitions cidevant ; et estant aud. Vennes sans avoir perdu de veue lesd. coffres ou estoint lesd. lettres, les avons baillés et délessés ès mains dud. recepveur soellés du seau de lad. court et fermés, chacun desd. coffres à double cleff et claveures, attendant en faire faire inventaire et jusques à ce que aultrement soit ordonné, lequel recepveur en a prins et accepté la garde et promis en répondre lors et quant mestier et requis sera. Faict et esplecté comme dessus les dixouict. et dixneufviesme jours de mars aud. an, mil cinq centz cinquante et trois ». JAN de la HOULLE - de MUSUILLAC - KINO - DELOENAN - DECAMBOUT, Procureur du roy.

On dut, longtemps après, parler encore à Vannes de cet assez extraordinaire événement. Même un chanoine, Claude de La Landelle, ne put pas s'empêcher de le mentionner dans son « Livre de Comptes » pour l'an 1553, entre une « recepte pour avoir beaux artichaux », et une petite pièce de vers sur la défense « aux chiens d'entrer dans l'église de céans, le jour des innocens ». Au nombre des individus incarcérés à la suite du coup de main, il en cite plusieurs dont les noms ne figurent pas au procès-verbal des gens du Roy dressé le 19 mars. Ces individus durent être arrêtés plus tard. Ils faisaient probablement partie de la bande de Guillaume du Plessix, lors de son agression contre la prison royale de Vannes.

« Nota, écrit le chanoine, que Cottiere fust soubztraict des prisons Sct Pierre [Note : Lire : Sct Pater] le jour et dymanche de Pasques Flories. Michault le mareschal, Gilles cottelier et fourbisseur qui avait esté lacquestz de feu Keraudrein et l'avait mips à mestier de coutellier, Vincent le chartremier Sct Pater furent mips tous trois prisonniers ; Virel de Riantec et deux serviteurs prisonniers ».
Léon LALLEMENT.

 © Copyright - Tous droits réservés.