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LES ORIGINES DE TEMPLE-DE-BRETAGNE.

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A cinq lieues de Nantes, sur le grand chemin de Vannes, après avoir traversé, à mi-distance environ, la bourgade de Sautron, le voyageur en rencontrait une autre, où la poste faisait son premier relai, à l'hôtel du Lion ; de toute nécessité, il fallait y faire halte. Cette petite localité était une ancienne Templerie, où les chevaliers de Terre-Sainte s'étaient établis pour protéger les passants contre les malfaiteurs embusqués dans les broussailles de la lande ou le fourré des bois. Aussi nos pères avaient-ils appelé cet endroit Le Temple-Maupertuis (mauvais passage), tant à cause de son origine que de sa situation. Au siècle dernier et même de longtemps, il n'en était plus ainsi : la route rectifiée, la forêt abattue, les landes défrichées, tout était changé ; aujourd'hui l'aspect de ces lieux est encore plus différent. Pour effacer le souvenir du mauvais passage, la municipalité a obtenu de l'Etat qu'on désigne désormais la petite commune sous le nom du Temple-de-Bretagne. Les lieux habités en France, rappelant les Templiers qui se postaient partout où il existait péril pour les voyageurs, forment une liste assez longue ; on en compte au moins une vingtaine : il fallait donc une dénomination spéciale pour chaque localité afin d'éviter toute confusion.

Chez nous, les seigneurs du Comté Nantais, revenus des Croisades, en souvenir des chevaliers du Temple, s'étaient plu à fonder plusieurs postes qu'aujourd'hui rien ne rappelle que le nom des lieux. A Nantes, c'était l'hôpital Sainte-Catherine, auquel était annexé Maupertuis, puis les établissements de Saint-Herblon et d'Assérac ; ressortissaient d'ailleurs ceux de la Madeleine à Clisson et des Biais à Saint-Père-en-Retz. Des biens, les chevaliers du Temple en possédaient en beaucoup de paroisses : Doulon, Saint-Herblon, Rezé, Bouguenais, Pont-Saint-Martin, Vallet, La Chevrolière, Machecoul, Touvois, Fresnay, Saint-Cyr, Les Moutiers, Sainte-Marie, Le Clion, Arthon, etc.

L'ordre des Templiers, on le sait, fut supprimé en 1307 et Jacques Molay, le grand-maître, subit le supplice du feu ; le concile de Vienne, 1312, prononça la dissolution des chevaliers et donna tous leurs biens à ceux de Saint-Jean-de-Jérusalem [Note : Il y eut en France quelques exceptions : le roi en confisqua une grande partie pour les frais du procès]. Les religieux de Saint-Jean, dont l'institution était plus ancienne, remontaient au XIème siècle. Dans le principe, ce ne fut qu'une humble congrégation de frères servants ou oblats, qui s'étaient volontairement donné pour tâche de porter secours aux malades et aux pèlerins, recueillis dans l'hôpital Saint-Jean : de là leur nom Ils ne devinrent militaires que plus tard et pour défendre leur maison contre les Turcs. En 1113, les statuts furent régularisés par une bulle de Pascal II. Chassés, dans la suite, de la Terre-Sainte, ils occupèrent successivement plusieurs postes dans la Méditerranée, principalement à Rhodes et à Malte ; c'est dans cette dernière île que fut établi le siège de l'ordre, 1530. La congrégation se composait de trois éléments distincts : les chevaliers, d'extraction noble avec quatre lignées ; les chapelains et les servants, d'origine honorable, sans que toutefois les parents de ces deux derniers membres eussent exercé un métier. La France était divisée en cinq grands prieurés ; la Bretagne relevait de celui d'Aquitaine, dont le chef-lieu était à Poitiers. Le grand-maître avait sous ses ordres les prieurs et châtelains d'emposte ; ceux-ci visitaient les bailliages ou commanderies, tous les cinq ans ; ils nommaient les chapelains pour desservir paroisses et hôpitaux. Tous les religieux, en entrant dans l'ordre, après une année de noviciat, prêtaient, sur le canon du missel, serment à Dieu, à la Bienheureuse Vierge Marie et à saint Jean-Baptiste ; au jour de leur profession ils devaient ceindre l'épée bénite et porter l'habit long. Cet habit était de couleur noire ; l'insigne de l'ordre formait une croix blanche à quatre branches égales et fleurdelisées, telle que tout le monde la connaît encore ; les prêtres la portaient sur la poitrine à droite ; dans l'exercice des armes, les chevaliers revêtaient un manteau rouge. Il y avait obligation, pour ceux-ci et les frères servants, de communier au moins à Noël, Pâques et Pentecôte, selon l'ancienne tradition de l'Eglise. Le culte de la Bienheureuse Vierge était en honneur dans leur religion et ils devaient célébrer en grandes pompes les fêtes de la Nativité, de la Purification et de l'Assomption, ainsi que la fête patronale de saint Jean-Baptiste.

Les statuts, régularisés et approuvés en 1113, et publiés bien plus tard pour les défendre devant l'assemblée des évêques de France, contenaient des articles qui nous paraissent exorbitants, par exemple, celui-ci : les prieurs nomment aux cures de l'ordre sans que le visa de l'Ordinaire soit exigé. Ainsi l'on voit messire Astruc, pourvu de la rectorie du Temple-Maupertuis en 1702, à qui il fut fait défense expresse de prendre ses pouvoirs de l'évêque de Nantes. Cependant à partir de 1606 un décret royal avait permis aux chefs des diocèses de visiter les églises de l'ordre en personne, mais sans salaire ni taxe pour le prêtre desservant et encore ne devait-il être rédigé aucun procès-verbal de visite, Nullum habet episcopum praeter Pontificem Romanum [Note : L’ordre ne reconnaît aucun évêque si ce n'est le Pontife romain], telle était la formule de la règle. Nous constatons pourtant, d'après les Insinuations ecclésiastiques du diocèse de Nantes, du moins dans les derniers temps, que les recteurs du Temple demandaient à l'évêque la confirmation de leurs pouvoirs curiaux.

L’article 23 impose aux commandeurs l'obligation de taire tenir en bon et honorable état les églises et chapelles de l'ordre, de fournir tous les objets du culte, de députer pour les desservir des frères chapelains de bonne vie et mœurs, au défaut desquels ils pourront y nommer d'autres prêtres séculiers ou réguliers en attendant qu'il y en ait dans l'ordre. Ce qui se faisait au Temple-Maupertuis depuis longtemps, sauf une seule exception, comme on le verra plus loin. En cas d'insuffisance, dans les églises curiales (art. 24), l'ordre est tenu d'assurer aux curés la portion congrue [Note : C'était un traitement minime que les abbés et prieurs commendataires donnaient aux desservants des paroisses : 500 à 700 livres]. Deux religieux prud'hommes (art. 28) doivent visiter les églises et les cures pour s'assurer que tout se passe bien. Les prieurs, dans leurs chambres priorales (art. 59), et les commandeurs dans leurs commanderies, pourvoient ou présentent à tous les bénéfices simples et à charge d'âmes.

Nous avons donné ces extraits pour prouver que la paroisse du Temple, dont nous allons nous occuper au cours de cette étude, vivait sous un régime à part, et ne ressemblait point aux autres, si ce n'est à celle de la Madeleine de Clisson, dépendante, elle aussi, de l'ordre de Malte mais d'un autre bailliage.

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Nous devons maintenant nous poser cette question : à quelle époque commença l'établissement de Maupertuis ? « Les Templiers s'établirent de bonne heure à Maupertuis et acquirent en ce lieu assez d'autorité pour y obtenir de l'évêque l'érection d'une paroisse.». Tel est le sentiment de M. le chanoine Guillotin de Corson. Quelque vraisemblable qu'elle paraisse, cette assertion est toute gratuite, ne s'appuyant sur aucun document historique. Il faut arriver à 1182 pour trouver un texte qui fasse mention de cet établissement et encore ne peut-on en conclure qu'il y ait eu, en ce temps-là, rectorie et recteur. La chartre (charte) dont il s'agit, attribuée au duc Conan IV qui mourut en 1161, doit être regardée comme apocryphe ; cependant elle garde toute sa valeur historique pour la date qu'elle porte. On y relate toutes les possessions des Templiers, lesquelles devaient échoir plus tard aux religieux de Saint-Jean de Malte. Entre autres est celle-ci : Molendina de Maupertuis. Il y avait donc là, appartenant aux Templiers dès cette époque reculée, des moulins. De là on ne peut déduire qu'il y ait eu église et chevalier desservant.

Mais une autre pièce d'archives est plus explicite. Le 28 août 1219, un croisé du pays Nantais, Philippe de Vigneux, se trouvant en Palestine, au camp de l'armée assiégeant Damiette, « fait don à Dieu, à la Bienheureuse Vierge Marie et aux Frères de la Milice du Temple de Salomon, pour le salut de son âme, de tous les droits de pacage et coutumes lui appartenant au village des dits Frères de Maupertuis, " omnia pascagia et consuetudines in villa praedictorum Fratrum de Maupertus " ». Il fit cette donation en présence de plusieurs compagnons d'armes, en particulier de Chautard de Roulé et Rosselin de Sion (Archives de la Vienne, H. 778). Ce document est si authentique que les habitants du Temple jouirent de ces droits jusqu’à la Révolution.

Dans le chartrier du Temple et de Malte plus de mention de Maupertuis jusqu’à la date de 1580. De cette époque est un aveu du commandeur de Nantes, affirmant avoir une haute justice qu'il exerce au bourg du Temple‑Maupertuis et y jouir des droits de moulins et de coutumes et lui appartenir aussi : « de pourvoir de prestre la cure et paroisse de Saint-Léonard du Temple-Maupertuis, la dite église et son presbytère se trouvant en son fief et fondés par luy » (Archives de la Vienne, H. 778). Voilà un acte qui nous prouve que la rectorie du Temple existait avant cette date. La possession était de minime importance, car le rôle entier de la juridiction ne s'élevait qu'à 20 # [Note : Le signe typographique # veut dire livre, monnaie ancienne] par denier, plus 5 chapons et 2 poules, payables à la Toussaint et à Pâques. Mais le fief du commandeur s'étendait dans les paroisses voisines : Malville, Quilly, Guenrouët, Campbon et Prinquiau. Il avait aussi le droit de lever des dîmes dans toute la paroisse du Temple et « un droit de neume sur les biens meubles des gens portables demeurant et mouvant en ses fiefs ».

Le domaine de la commanderie se compose ainsi : au bourg, un bois de haute futaie de quatre journaux ; ailleurs, neuf journaux de terres labourables, 400 journaux de landes et communs, « où les gens du commandeur font pasturer leur bestail ». — Aveu de 1550 [Note : C'est cette forêt qui rendait le passage dangereux].

Après tout cela, nous croyons que la paroisse du Temple est une fondation de Malte et non des Templiers. Mais l'église paroissiale de Saint-Léonard aurait-elle été le premier centre religieux de Maupertuis ? Nous serions portés à croire que ce fut la petite chapelle, dite de Notre-Dame-de-Toutes-Vertus, antérieure à l'église. Le culte de la très Sainte Vierge, avons-nous dit, était dans les traditions de l'ordre de Malte et il ne serait pas improbable que les chevaliers eussent d'abord élevé ce modeste sanctuaire en l'honneur de leur céleste patronne, et avant de construire une église sous le vocable de saint Léonard, le patron des prisonniers. Une vieille chronique rapporte qu'à la suite d'une expédition sur les côtes barbaresques, on ramena au pays beaucoup de prisonniers Maures et Bedouins qu'on employa au défrichement des landes et qui se mêlèrent plus tard à la population indigène, par des mariages. Anciennement le recteur du Temple prétendait avoir le privilège de dispenses pour les unions entre catholiques et païens et de tout autre empêchement.

Cette chapelle de Toutes-Vertus qu'entourait autrefois un petit cimetière et auprès de laquelle il y avait une fontaine vénérée (celle-ci se voit encore mais semble négligée), porte le cachet du XVIème siècle avec des remaniements qui la défigurent en partie ; elle est située à 500 mètres du bourg. A côté d'elle, on remarque de vieilles masures et en particulier une très ancienne construction qui porte le nom d'Ermitage. Cette maison n'aurait-elle pas été primitivement la demeure du desservant ou du gardien de la chapelle ? Quoique nous n'ayons point de preuves, nous demeurons partisan de cette opinion.

Ce vocable de Toutes-Vertus peut s'entendre de deux manières. Si l’on adopte le sens obvie, la très Sainte Vierge le mériterait bien, puisque l’ange de l'Annonciation l'appelle « pleine de grâces et bénie entre toutes les femmes » et par conséquent ornée de toutes les vertus. Ainsi l'on pourrait graver sur le frontispice de l'antique chapelle ce vers caméléon qu'on donne aux écoliers à tourner par la mutation successive de tous les mots qui le composent : Tot tibi sunt dotes, Virgo, quot sidera cœlo (Autant d‘astres au ciel, ô Mère de Jésus – Autant vous possédez de dons et de vertus).

Mais est-ce là l'idée qui a suggéré aux fondateurs l'érection de ce modeste sanctuaire ? La Mère du Fils de Dieu incarné a toutes les puissances, — virtutes aut dotes — ; elle est l’omnipotentia supplex des Docteurs, la toute puissance suppliante. Quoi qu'il en soit, cette chapelle est restée en grande vénération dans tout le pays.

L'église Saint-Léonard, pauvre et petite, telle qu'on l'a vue jusqu'en 1830, formait une simple nef, entourée d'un petit cimetière. Outre le maître-autel, on y remarquait ceux de Notre-Dame et de Saint-Jean-Baptiste, comme cela convenait à la religion de Malte. On voit au pied du mur de l'abside un puits qui sert encore à la population du bourg : il doit dater de la construction primitive, selon l'usage qui existait autrefois.

Eglise de Temple-de-Bretagne.

Le commandeur était tenu de pourvoir à l'entretien de cette église et à la subsistance d'un recteur ou vicaire-perpétuel, en y faisant célébrer une grand'messe tous les dimanches et fêtes, plus deux messes basses par semaine ; il devait en outre, pendant le carême, faire dire une autre messe basse chaque semaine et donner trois absoutes pour les défunts (Aveux de 1580 à 1679).

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Il serait intéressant, pour satisfaire aux désirs du lecteur, de pouvoir reconstituer l'ancienne bourgade du Temple-Maupertuis, telle qu'on devait la connaître aux siècles précédents. Tout a tant changé de nos jours que ce qui se voit maintenant n'en peut donner une idée !

Le Temple-Maupertuis, annexe de la commanderie de Sainte-Catherine et Saint-Jean de Nantes, fut, dans le principe, une seigneurie relevant de l'ordre de Malte ; mais dès le XVIIème siècle la seigneurie n'existait plus.

Les chevaliers avaient droit de haute justice, de fuye, de four banal, de moulins et autres privilèges féodaux. On nomme encore dans le pays un pré de la Justice, situé à gauche en entrant dans la bourgade du côté de Nantes, entre la route actuelle et le vieux chemin ; la potence devait s'y élever et les condamnés qu'on exécutait après jugement avaient là leur sépulture. Une très vieille croix, qu'on appelle encore la croix du Commandeur, bordant le chemin et le pré que nous venons de mentionner, se dresse toujours aux yeux des passants ; elle a perdu un bras qu'un véhicule, dit-on, aurait brisé [Note : Au pied de cette croix on aurait trouvé des ossements humains]. Le cadastre indique la place du four banal et de la fuye, qui se trouvaient entre le presbytère actuel et l'église, du côté droit de la route.

On remarque au bout du bourg sur le même côté une vieille habitation qui semblerait remonter au temps de l'établissement des Templiers ou du moins des chevaliers de Malte : on l'appelle la Cour. Il est tout vraisemblable qu'elle fut le manoir de l'ordre ; dans la suite elle devint une maison noble ; aujourd'hui, défigurée un peu, mais existante dans sa totalité, elle sert d'habitation au maire, Bousseau (en 1917).

Vieille maison de Temple-de-Bretagne.

De très vieilles maisons, on n'en voit peu au Temple, en dehors de celle-là. Cependant on peut y ajouter celle qu'on désignait autrefois sous cette dénomination, hôtel du Pigeon-Blanc ; elle n'est plus qu'une ruine à présent. Primitivement elle était sans doute le seul relai pour les chevaux de poste ; elle borde l'ancien chemin. Ce chemin dépavé, mal entretenu, qui formait en grande partie la limite de la paroisse, partait de la croix du Commandeur, contournait l'agglomération des maisons du bourg, passait à la Pionnerie, bordant le bois et rasant la Fontaine-Moret ; du chemin de Cordemais il allait rejoindre la route actuelle au-dessus du village de la Mariaudais : c'était tout cela le Maupertuis, ou le mauvais passage. Au commencement du XVIIème siècle, on l'abandonna et l'on traça en ligne droite une large voie dans la traverse du bourg, qui effleurait l'église et le cimetière de la paroisse ; l'hôtel du Pigeon-Blanc se trouvait par là même délaissé. Aussi construisit-on à gauche dès l'entrée du village, en venant de Nantes, l'hôtel du Lion, qui s'appela plus tard, du Lion d'Or ; cette maison, désaffectée depuis longtemps, porte la date de 1602 ; elle a grand air et se trouve en retrait de la route laissant au-devant d'elle un vaste espace pour les voyageurs et les diligences [Note : On a bâti au XIXème siècle une autre maison qui la masque totalement]. A côté et dans le même alignement il en est une autre qui paraît plus ancienne ; y pendait, dit-on, l'enseigne du Pélican.

Vieille maison de Temple-de-Bretagne.

Il serait difficile de fixer l'emplacement de l'ancien presbytère. Cependant, selon la coutume et dans une aussi petite localité, il devait être proche de l'église. En 1727, on rapporte au cours d'un acte de décès que le recteur mourut « dans son manoir ordinaire ». Ce manoir ne serait-il pas la maison bordant le cimetière et touchant le presbytère de 1778 ? D'après les contestations qui s'élevèrent entre le recteur et les paroissiens à cette époque, on peut assurer que le commandeur ne logeait plus le desservant de l'église et que les habitants furent obligés de s'imposer extraordinairement pour construire une demeure à leur curé. En 1547, un aveu nous montre pourtant que le prêtre du Temple jouissait d'une maison et d'un pourpris de 10 journaux en jardin, pré, bois et tailli : tout cela lui avait donc été soustrait. Pour faire revivre l'ancienne bourgade, telle qu'elle pouvait être en ces siècles passés, il faudrait rencontrer une relation écrite par un voyageur de ce temps-là, Dubuisson-Aubenay, ce touriste du XVIIème siècle qui visita la province en malle poste et à cheval, passa certainement au Temple. D’après son Itinéraire en Bretagne (1636) en venant de Vannes il fit halte à Pontchâteau et à Coislin en Campbon, et il nous dit que, traversant la chaussée de l’étang de Malville, il reprit au Temple le grand chemin de Nantes, mais il n'ajoute rien, malgré qu’il se plaise à décrire les endroits par où il passe. Jouvain, dans son Voyage en Bretagne (1672), parle du chemin de Nantes à Brest par Vannes : il admire les maisons de campagne qui entourent la ville et il poursuit : « Il faut passer une grande plaine qui ne produit rien jusqu'à Sotteron (Sautron), paroisse à deux lieues et quelque peu de bois avec des landes où est le Temple ; ensuite nous traversâmes une campagne de cinq lieues de long qui finissent à Pontchâteau ». Voilà tout ce que les voyageurs d'autrefois nous font connaître.

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Un point d'histoire qu'il nous aurait été agréable d'éclaircir, c'est de savoir à quelle date les chevaliers de Malte ont abandonné leur poste de Maupertuis. Sans doute les Templiers y ont pris leur établissement et certainement leurs héritiers durent continuer le service de sauvegarde à ce passage dangereux. Comme nous l'avons insinué déjà, ils occupèrent le manoir de la Cour qui d'ailleurs ne fut appelé de ce nom que par suite de leur séjour au Temple. Si, au début du XVIIème siècle, cette demeure ne servait plus que de résidence à des particuliers, c'est que le poste de police n'existait plus et que les chevaliers avaient fait abandon d'une partie de leurs droits seigneuriaux, ne gardant que les revenus et redevances. En 1656, Daniel de Mailly, chevalier de Malte, signe au bas d'un acte de baptême sur les registres de Vigneux : il ne faut pas en conclure qu'il habitait le Temple, mais plutôt qu'il était en tournée de visite, selon les prescriptions de la règle de Malte.

Le prêtre, lui-même, nommé par le prieur d'Aquitaine, ne rappelait qu'imparfaitement le souvenir du religieux. C'est une pure légende que cette prétendue tradition qu'on voyait le recteur à l'autel éperonné et armé : le chapelain n'était pas chevalier et d'ailleurs depuis longtemps il n'était qu'un simple prêtre séculier, tenant la place du religieux introuvable. Ce sera une chose unique que nous mentionnerons par ailleurs, à savoir que, quelques années avant la Révolution, un prêtre profès de l'ordre, ait occupé la rectorie du Temple. Dans cette succession de prêtres desservant cette petite paroisse, il y eut même des vacances comblées par les passants que la population abandonnée arrêtait sur le chemin. La Templerie de Maupertuis n'était plus qu'un lointain souvenir, effacé dans les mémoires, quand la Révolution vint tout changer et tout détruire. (P. Grégoire).

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