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LA SEIGNEURIE DE QUINTIN

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Cette seigneurie de Quintin fut démembrée du comté de Goello au commencement du XIIIème siècle en faveur de Geoffroi, fils puiné d'Alain Ier, comte de Goello et de Guingamp (D. Morice, Histoire de Bretagne, t. I, p. XVIII). Le P. du Paz a donné (p. 177 à 182) la suite des sires de Quintin depuis cette époque jusqu'à la fin du XVème siècle, où cette maison se fondit dans celle de Laval.

Le vieux château de Quintin (Bretagne).

Quintin était une seigneurie considérable, qui a eu, au moins dans l'usage, depuis le XVIème siècle, le titre de comté. Suivant l'aveu rendu au roi en 1555, qui se trouve aux archives de la Chambre des Comptes de Nantes, la juridiction du comté de Quintin s'étendait sur les paroisses et trèves ci-après, que j'énumère en allant du N.-E. au S.-O., savoir : Saint-Donan, — Plainehaute, — Plaintel et sa trêve, Saint-Bedan (aujourd'hui Saint-Brandan), — Allineuc et sa trêve, l'Hermitage, — Saint-Thuriau de Quintin (comprenant la ville de ce nom) et sa trève, le Fœil, — Lanfains, — le Bodéo et sa trêve, La Hermoet ou Lanhermoet (aujourd'hui la Harmoie), — Haut-Corlay et sa trêve, Saint-Bihi. — le bourg de Quintin (aujourdhui le Vieux-Bourg) et ses trèves, Saint-Gildas et le Leslai, — Saint-Giller Pligeau et ses trêves, Saint-Conan et Kerper, Peumerit-Quintin, — Bothoa et ses trèves, Querrien, Lanrivain, Canihuel et Sainte-Triphine, — Plounevez-Quintin et sa trève, Trémargat [Note : Un aveu de la baronnie d'Avaugour et comté de Goello, rendu au XVIIème siècle, renferme une déclaration sommaire du comté de Quintin, comme juveignerie de Goello-Avaugour. Cette déclaration ajoute aux paroisses ci-dessus désignées, celle de Saint-Julien de la Côte].

On distinguait dans la seigneurie de Quintin trois membres ou juridictions, savoir : le Plain de Quintin, Bothoa et la forêt de Quintin (aujourd'hui forêt de l'Hermitage) : il y avait eu dans le principe trois sénéchaux différents pour ces trois juridictions ; mais au XVIème siècle le sénéchal de Quintin exerçait à lui seul ce triple office.

Le sire de Quintin avait quelques droits qu'il est bon de noter. Ainsi le propriétaire d'une certaine maison « estant en la ville close dudit Quintin, au bout d'en haut de la cohue, joignant d'une part au marché aux toilles, » devait fournir tous les ans au seigneur, au jour de la mi-août, une paire de verges de menue bruyère et une douzaine d'aiguillettes de ruban de soie, ferrées de laiton. Le même jour de la mi-août, un autre tenancier était tenu de fournir un gant à jouer à la paume et quatre éteufs.

Mais les devoirs les plus intéressants décrits dans l'aveu de Quintin sont ceux du sergent féodé de cette seigneurie. La sergenterie féodée de Quintin était attachée à la terre des Forges, qui se trouve, je crois, en l'Hermitage. Le possesseur de cette terre, en 1555, s'appelait François Moro. La première obligation de ce sergent féodé consistait à faire la cueillette de la moitié des taux ou amendes adjugées par la cour de Quintin, tant en la juridiction du Plain de Quintin qu'en celle de Bothoa ; pour sa peine il prenait le huitième de ces taux. S'il ne voulait pas remplir cette charge par lui-même, il était tenu de présenter un sergent pour le remplacer ; et s'il manquait à faire son service par soi ou par autre, le seigneur avait droit de saisir son héritage. Quand il y avait des criminels condamnés à mort ou à autre peine afflictive par la cour de Quintin, le sieur des Forges devait fournir de bourreau pour les exécuter, et payer « une moitié du salaire et de la perquisition et voiage dudit exécuteur ». Cette dernière obligation n'incombait point d'habitude aux sergents féodés, mais plutôt aux voyers ou aux prévôts.

Le sergent de Quintin avait des devoirs d'une autre sorte. La veille de la mi-août, à la fin des vêpres, il devait se présenter à l'entrée du choeur de l'église de Notre-Dame de Quintin, au-devant du comte de Quintin, « tenant ledit sergent en sa main un grand cierge en manière de torteix allumé ». Précédé de cette torche ardente, le seigneur se rendait à son château ou en tout autre lieu de la ville où il faisait sa résidence ; le sergent l'y suivait ou plutôt l'y précédait encore avec son cierge, et là, soit que le comte s'installât « en salle ou en chambre, » le sergent, nous dit l'aveu, « doit avoir une grande poignée de chandelles de cire et icelles allumer et attacher tout à l'environ de ladite salle ou chambre où est ledit sieur comte. Lequel voulant boire, Moro (c'était le sergent) doit avoir et tenir en son autre main un cierge de cire allumé, en manière de torteix, et tenir lesdits deux cierges en ses mains allumez pendant que le comte boit ; et (le comte) ayant bu, peut ledit Moro boire, si bon lui semble. — Et oultre, doit celui Moro bailler aux varietz de chambre du comte une autre poignée de chandelles de cire de demi-pied de long. Cela faict, celui Moro s'en peut aller, et porter avec lui le demeurant desdits deux cierges et chandelles allumées ce qu'il on pourra recouvrer, si faire le veut. — Et à tout ce faire sont obligées les terres, héritages et rentes dudit Moro en sadite pièce et seigneurie des Forges ».

On serait au premier abord tenté de ne voir qu'un bizarre caprice dans ces singulières fonctions d'allumeur de chandelles dévolues au sergent féodé de Quintin. On se tromperait beaucoup, car c'est ici au contraire l'un des traits essentiels de la primitive féodalité, encore très-reconnaissable au XVIème siècle, malgré les altérations produites par le temps.

Au premier âge de la féodalité, en effet, les services domestiques rendus à la personne du seigneur, quelque humbles qu'ils nous paraissent aujourd'hui, loin de déshonorer, honoraient. Les comtes d'Anjou, si puissants et si riches, tenaient à honneur d'être les sénéchaux féodés des rois de France ; fonction qui, dans son institution primitive, les obligeait à déposer les plats et couper les viandes sur la table du roi. De même dans nos offices féodés de Bretagne, on remarque très-souvent l'obligation de certains services domestiques, à côté de services publics. Ainsi le voyer féodé de l'évêque de Saint-Brieuc conduisait par la bride la haquenée du prélat, lors de la première entrée de celui-ci, à qui le sergent féodé donnait à laver. On doit voir dans la charge imposée au sergent de Quintin les vestiges d'une obligation de même nature. (A. L. B.).

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