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Réception des seigneurs de Rohan en qualité de chanoines de Léon

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Il était parfois d’usage de recevoir en qualité de chanoines laïcs, des princes fondateurs ou dotateurs insignes de certaines églises ; c’est ainsi que les souverains français ont toujours revendiqué la qualité de chanoines de Saint-Jean de Lateran.

Un privilège de cette nature fut accordé, en 1444, par le Chapitre de Léon, à Alain de Rohan. Voici l’acte rédigé en cette occasion, pris sur une copie du XVIIIème siècle conservée aux Archives de l'Evêché.

« Nous, humble Chapitre de Léon, comme pour la fondation de certains aniversaires et autres services nagueres ordonnés par hault et puissant et par tres redoutté seigneur Mgr Allain, vicomte de Rohan, comte de Porhoet, le Seigneur de Leon, a estre faits dits et cellebrés en l’église de Saint Paul de Léon, il luy ait pleu donner et transporter pour la dotation d’yceux et pour ce que yceulx se puissent perpétuer et continuer, toutes et chaqunes les dismes qu’il avoit et luy appartenoient en la paroesse de Ploevenan avec certaines rentes à plain desclerez ez lettres de la ditte fondation desquelles la tenneur s’ensuyt :

Allain, vicomte de Rohan comte de Porhoet et seigneur de Léon à tous ceux qui ces presentes lettres verront et erront, Salut. Sçavoir faisons que nous meus de dévotion, désirant l’accroissement du service divin, et estre participant, au temps à venir ez prieres et oraisons qui à tout temps se feront en l’église de Léon, avons donné et donnons par ces présentes au Chapitre de la ditte église, certaines dismes à nous appartenans en la paroisse de Ploëvenan avecques cinq quartiers de fromant o la cognoissance, obéissance et toute aultre redevance que avons et nous appartenoit et peut appartenir sur la disme du Chapitre estant en la ditte parroesse sans rien en excepter ne retenir, fors seullement ce que ensuyt et que par ces présentes sera déclaré. Laquelle disme qui estoit en nostre main pour deffaut des dittes obéissances leur avons mis et par ces presentes metons a delivre et voulons qu’ils en jouissent entièrement au temps à venir et des dites choses avons fait ceix et transports à jamais en perpétuel.

Moyennant ce que le dit Chapitre nous a promis et s’est obligé, et de ce nous a baillé ses lettres, de recevoir en la ditte église nous et nos successeurs chanoines ainsy et en la manière qu’est accoustumé des autres seigneurs temporels qui sont chanoines dans les églises en province de Tours, et venir au devant de nous et de nos successeurs chacun en son temps successivement o croix, bannière et procession solempnelle hors du cimetière de la ditte église, et à la réception de nous et nos successeurs faire sonnerie solempnelle pendant la ditte procession et bailler à nous et à nos dits successeurs successivement chechun en son temps, apprès la ditte réception douze pains de Chapitre et l’envoyer jusques à notre logeix, et quand ils savront le cas du deceix de nous ou de nos dits successeurs feront ou seront tenu faire en la ditte église sonnerie solempne et dedans ouict jours apprès pour chacqun de nous et nos dits successeurs, service solempnel au plus bel et notable lieu de la ditte église qui sera armoyé de seix escuczons des armes de Rohan et de Léon, et aussy des a présent feront enlever en pierre nos armes de Rohan et de Léon en deux lieux par nous désignez. En oultre chaque an en perpetuel, diront ou feront dire deux anniversaires annuelles l’une d’elles à la feste de la Conception Notre-Dame, o vigiles et neuf leçons de mort et sonnerie notable la veille d’icelle feste amprès vépres et le jour de la ditte feste entre prime et la grand messe qui se dient en la ditte église, sera aussy faicte sonnerie notable et sera dicte une messe de requiem a diacre et soubzdiacre, et à l’issue de la ditte messe une belle et notable recommandation comme en tel cas est accoustumé de faire et pareillement l’autre anniversaire o tel service, messe, vigile recommandation et sonnerie que dessus, les veilles et jour S. Yves en May par chachun an, a estre les dites vigiles messes et recommandations dits cellebrés de sept notables chapelains, comme en tel cas est accoustumé de faire en notables anniversaires fondés en la dite église, et se feront en la nef de la dite église en lieu publicq et apparent, et pour mieux éclarcir et publier le dit service, le fera le dit Chapitre assavoir en deux dimanches prochains précédens les dites festes, par chacun an, au prousne de la messe commune d’icelle église ; pour lesquelles choses faire et entretenir, leur avons donné et transporté, donnons et transportons notre dite disme avec cinq quartz de fromant o les seigneuries, oboïssances et redevances sur la disme du Chapitre, scavoir est les dits cinq quartiers de froment pour le dit pain du Chapitre, armes et service faire, et nostre dite disme pour les anniversaires, processions, receptions et sonneries à estre distribués et départys au dit Chapitre, maistres et chapelains de la dite église, comme est accoustumé de faire es autres anniversaires fondés en icelle, sauf ce que nous avons réservé du consentement du dit Chapitre, que nous et nos successeurs en cas de deffaut de faire et accomplir les dites choses ainsy qu’est devisé et déclaré par nous et nos officiers, pourrons nous saizir, de nos authorittés, des dittes choses par nous baillées jusques à réparation et enterrinance du dit deffaut o laquelle reservation, supplions au Duc qu’il lui plaise amortir les dittes choses par nous baillées et consentir notre ditte fondation et sur ce bailler ses lettres en forme dûe, et par ces dittes lettres présentes avons cassé et annullé toutes autres lettres et obligations qu’avons du dit Chapitre pour l’accomplissement et enterrinance des dittes choses et voulons qu’elles soient de nul effect et valeur sauf à nous aider cestes présentes du contenu en icelles.

Si donnons en mandement à nos senechalx baillifs, procureurs, recepveurs et officiers de Léon, leurs lieutenants et à tous autres à qui de ce appartiendra que des dittes choses par nous baillées comme dessus qu’ils fassent et laissent à toujours à jamais au temps a venir, jouir et uzer les gens du dit Chapitre, sans empeschement quelconque sur celuy mettre ni souffrir qu’il soit fait, mis ou donné en aulchune maniere ainsy que dessus.

En tesmoin de ce et pour memoire perpétuelle, nous avons fait mettre et apposer à cestes présentes, nostre propre sceal et icelles signer des signes manuels de nostre tres cher et tres amé fils le seigneur de Léon et de Jehan de Keradreux, nostre conseiller, le 7ème jour de septembre 1444.

Scavoir faisons que Nous, aians la dite fondation agréable, avons assemblement au lieu de Chapitre, et Nous, le dit Chapitre faisans ez lieu et heure dues et la campamne sonnée comme en tel cas est accoustumé, promis, et promettons et nous obligeons par cestes présentes pour nous et nos successeurs à toujours mais au temps à venir, faire et cellebrer en la ditte église les dits anniversaires et services dessus dits et selon la forme et teneur des dites lettres et o les rezervations et moyens y contenu et declerez sans jammais ne venir à l’encontre et a ce, avons ypothequé et ypothéquons et obligeons par ces mesmes présentes, les choses et chachune à nous baillées par mon dit Seigneur.

En temoin de ce nous avons à ces presentes fait mettre et apposer le sceal dont avons coustume d’uzer et icelles fait signer du signe manuel de venerable et discret Maitre Jehan Le Normant, archidiacres d'Acre, cy mis à nostre requeste le quinzième jour de Septembre l’an 1444 ».

Cette fondation fut approuvée par François, duc de Bretagne, comte de Montfort et de Richemond.

Le 6 Octobre 1503, le vicomte de Rohan prit possession du canonicat auquel il avait droit, dans la forme suivante. Nous traduisons l’acte rédigé en latin.

« Sachent tous par ce présent écrit que l’an du Seigneur 1503, le 6 Octobre, le Siège Apostolique étant vacant, en présence de notre notaire public et des témoins soussignants, sur l’annonce que haut et puissant seigneur Jean le vicomte de Rohan et de Léon avait l’intention d’entrer dans la ville et de visiter la Cathédrale ; le Chapitre et le clergé de la dite église voulant lui rendre honneur, firent sonner les cloches à son entrée dans les faubourgs, et à l’heure de vêpres vénérable et circonspect Missire Morice de Kergoavec, vicaire général le siège épiscopal vacant [Note : Par la mort de Jehan de Lespinai (1500-1501)], Hervé Lanpezr, chantre, François Albi (le Guen), trésorier, Guillaume Tredern, Guillaume Fougay, Philippe Tuonelorn, Derien Ynizan et Tanguy du Fou, chanoines, avec les vicaires perpétuels et les employés du choeur, se rendirent processionnellement et en grande pompe, au son de toutes les cloches, jusqu’à la croix située au milieu de la place ou du cloître, entre la Cathédrale et la rue Porzmeur, pour recevoir avec les honneurs qui lui sont dus en qualité de chanoine, puissant et illustre seigneur le Vicomte de Rohan.

Là se présenta, entouré d’une nombreuse et noble suite, le seigneur de Rohan, lequel, après les salutations échangées de part et d’autre, les chanoines reçurent comme collègue et lui présentèrent l’aumusse, dont ils le revêtirent à l’instar des autres chanoines.

Puis le Chapitre et tout le clergé marchant en tête, ils le conduisirent processionnellement au chant du Te Deum, au son des cloches et des orgues, jusqu’au choeur de la Cathédrale, où un priedieu avait été préparé pour lui au côté de l'Épître du maître autel.

Après les vêpres, les chanoines reçurent le seigneur de Rohan en Chapitre, lui firent vénérer ainsi qu’à sa suite, les reliques conservées au trésor de la Cathédrale, après quoi le dit Vicomte de Rohan se retira en son hotel, où les chanoines ne tardèrent pas à venir lui offrir le pain du Chapitre, et comme il était question d’une prochaine élection d’un Évêque pour l’église de Léon, le seigneur de Léon voyant que le Chapitre avait l’intention d’élire Maître Jean de Kermavan [Note : M. Jean de Kermavan fut nommé évêque de Léon le mois suivant, 29 novembre 1503], déclara qu’il joignait sa voix à celle des autres chanoines, pour parvenir à cette élection. De tout quoi le Vicomte de Rohan nous a prié de dresser acte, ce que nous avons fait à Léon, les jour, an et mois que dessus ».

Ces prises de possession d’un canonicat par les ducs et princes de Léon se renouvelèrent plusieurs fois encore dans la suite. Nous donnons ici le procès-verbal dressé à cet effet, le 20 Juin 1696 :

« A tous presens et a venir. Scavoir faisons que ce jour, veille de la feste de Dieu, vingtième du mois de Juin l’an de grace 1696, tres haut et tres puissant seigneur Monseigneur Louis Bretagne Allain de Rohan Chabot, prince de Léon, au moyen de la démission à lui faite par très haut et très puissant seigneur Monseigneur Louis de Rohan Chabot, duc de Rohan, pair de France, prince de Léon, comte de Porhoët, marquis de Blein de Vardes Morel, etc., son père, par contract rapporté par devant les conseillers notaires du Roy au Chatelet de Paris, daté du 27 Septembre 1695.

En conséquence de laquelle démission, mon dit seigneur le prince de Léon s’estant rendu en la ville de Landerneau, siège principal de la dite principauté de Léon, et ayant dessein et volonté de prendre possession reelle et personnelle dans les droits qu’il a en l’église de St Paul à cause de la dite principauté de Léon, entrautres dans le canonicat, qui appartient de fondation ancienne aux seigneurs ses prédécesseurs.

A cette fin, mon dit seigneur le prince de Léon étant parti de sa dite ville de Landerneau accompagné de Messire Thomas de Robien chevalier seigneur comte de Kerambourg et des seigneurs de la Violay la Palue, le Borgne de Confranc, gouverneur de Pontivy, et de la Rocheliere Gouverneur de mon dit seigneur prince de Léon, et de Messire Guillaume de Kerguvellen, seigneur de Penhoat, son senechal et premier magistrat de la dite principauté, et autres gentilshommes, il a esté devancé aux approches de la ville de St Paul par MM. de la noblesse du dit lieu qui l’ont aussy accompagné jusqu’en la dite ville, où il a été reçu par les sieurs bourgeois et habitans sous les armes, et à son arrivée on a fait sonner toutes les cloches de l’église Cathédrale jusques à ce qu’il auroit mis le pied à terre et descendu au Palais épiscopal du dit Léon, où Illustrissime et Révérendissime Père en Dieu Messire Pierre de Nebout, seigneur Évêque et comte de Léon, abbé commendataire de Landevennec, conseiller du Roy en ses conseils, l’aiant reçu et fait entrer dans le principal appartement du dit palais, il y a esté complimenté par MM. les juges, maire et echevins et par les communautés régulières de la ville, apres quoy mon dit seigneur prince de Léon auroit déclaré qu’il entendoit prendre la possession du dit canonicat le jour de demain, et a pris son logement au dit palais épiscopal, et de tout ce que dessus, nous Claude Geslard, seigneur de Menoignon, et Louis Caroff, sieur de Quermenguy, notaires royaux et apostoliques gardenote héréditaire de la dite Cour et sénéchaussée de Léon au dit siège de Lesneven, demeurant scavoir le dit Geslard à Lesneven, et le dit Caroff, en la ville de St Paul, avons rapporté notre présent acte, les dits jour et an, à 8 heures de l’après-midy, et ont esté les réceptions logemens et honneurs cy devant mentionnés faits par honneteté.

Ainsi signé : Louis B. A. DE ROHAN CRABOT, prince de Léon ; DE ROBIEN DE KERAMBOURG ; Pierre Raoul DESCOURANGE ; DE LA VIOLAYE ; LA BACHELIÈRE ; G. DE KERGUVELEN ; Jean LE BORGNE DE LA PALUE, CAROFF et GELLART ».

« Et advenu le lendemain, feste de Dieu 21 Juin 1696, environ les 9 heures du matin, mon dit Seigneur le prince de Léon, assisté des seigneurs gentilshommes nommés cy de l’autre part et autres gentilshommes, s’étant rendu auprès de la croix située sur le cloître et martrais donnant sur la rue le Portzmeur, l’y sont venus prendre et devancer MM. du Chapitre, avec la croix processionellement, composé de nobles et circumspects messires Rolland François de Kercoent de Coetanfao, chantre, premier dignitaire et chanoine de Léon, Jean de Nebout de la Brosse, grand archidiacre, chanoine de Léon, François-Marie le Jacobin de Keramprat, archidiacre de Quiminidilly, Pierre Salmon de la Retaudière, trésorier et chanoine de Léon, Christophe de Lesguen, sieur de la ville Goësmont, Louis Bossart, sieur du Clos, François Aulnett, sieur de la Grenelaye, Guillaume Collet, Fulgence de la Tour, théologal, René Raffias et 0llivier Hervé, pénitencier, tous prêtres chanoines de Léon, et les autres prêtres suppots et choristes. Duquel lieu mon dit sieur le chantre, après avoir complimenté mon dit seigneur le prince de Léon et luy avoir présenté l’eau bénite, lui a aussy présenté et mis le surplis et l’aumusse sur le bras gauche et ensuite a été entonné le Te Deum ; en chantant le quel psaulme, les cloches et les orgues sonnantes, a esté mon dit seigneur le prince de Léon conduit au choeur et mis dans la place d’honneur, sçavoir dans le stal cantoral, lequel était orné et couvert d’un tapis de velours rouge avec le carreau de mesme situé à la main gauche en entrant dans le dit choeur, et de l’autre costé était mon dit seigneur l'Évêque et comte de Léon avec pareils tapis et carreau sans aucun day, auquel stal mon dit seigneur le prince de Léon a assisté à la grand messe qui a esté dite par le dit sieur Colet, chanoine, à l’issue de laquelle il a esté conduit par mon dit sieur le chantre jusqu’au maître autel, qu’il a baisé, et ouvert le missel, de là reconduit processionnellernent hors la porte de la dite église, durant la célébration de laquelle grand messe mon dit seigneur le prince de Léon a eu l’encensement à l'Évangile et la paix à baiser, et luy ont été rendus en son logement de la part de nos dits seigneurs du Chapitre les douze pains lui deubz. Toutes lesquelles cérémonies cy dessus on estées faites en présence de Messires les gentilshommes accompagnants. Monseigneur le prince de Léon cy dessus nommés, et de Messire Hamon le Jacobin, seigneur de Dourdu, sénéchal et premier magistrat des reguaires de Léon, Messire Hamon de Kerguz, seigneur de Troffagan, gouverneur de la dite ville du Minihy du dit Saint-Paul, et autres gentilshommes. De tout quoy nous avons rapporté notre présent acte. CAROFF et GESLLARD ».

« Et ce jour de vendredy, vingt-deuxième de Juin 1696, nous dits notaires, le requérant le seigneur de Penhaat, sénéchal de la dite principauté de Léon, nous estant transportés dans le cimetière et portique de l’église de S. Paul, nous lui avons donné pour adveré que dans le plus haut lieu du dit portique qui est dans la principale entrée de la dite église, il y a deux écussons en bosse, l’un desquels du côté droit porte les armes de Rohan et l’autre du costé gauche celles de la maison de Léon. De quoy avons pareillement rapporté acte. CAROFF, GELLART ».

« Ce jour, vingt-troisième de Juin 1696, Monseigneur de Rohan estant en son hôtel de la ville de Landerneau, ayant pris lecture des actes cydessus, a protesté qu’ils ne pourront préjudicier aux droits et prééminences attachés à la dite principauté, entrautres à ce qu’on a donné le day requis à Monseigneur le prince de Léon ainsi que Monseigneur le duc l’a eu lorsqu’il fit sa prise de possession au même canonicat l’an 1667, et de plus a protesté que par les dits actes on a donné à Monseigneur l'Évêque la qualité de Comte de Léon, de quoy il a requis acte à nous notaires royaux. Les quelles protestations mon dit seigneur le duc de Rohan a déclaré faire comme père garde et bienveillant de mon dit seigneur le prince de Léon attendu sa minorité et non encore instruit de ses droits ».

Cette protestation fut signifiée à l'Evêque de Léon en son palais épiscopal, le 26 Août 1696.

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