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DELIBERATIONS DE SAINT-POL-DE-LEON

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DES DÉLIBÉRATIONS DE LA MAISON DE VILLE de SAINT-PAUL DE LÉON

à partir du 1er Octobre 1628.

Les assemblées, tenues d’abord dans l’église de Notre-Dame de Creisquer, jusqu’au 23 Mars 1645, ont lieu à partir de cette date en l’auditoire de la Cour des Reguaires. Y assistent en principe des délégués du Clergé, de la Noblesse et du Tiers-Etat.

Indépendamment de ces membres délibérants, représentants réguliers des Trois Ordres, vient qui veut des habitants, ce qui est souvent cause de désordres.

Au début, les ecclésiastiques s’y rendent fréquemment, un peu sans doute à cause du lieu choisi pour les réunions. Les Evêques eux-mêmes honorent assez souvent les assemblées de leur présence, et même absents ils président encore en quelque sorte les délibérations, car d’une manière générale rien ne se décide qui ne puisse recevoir l’agrément du Seigneur spirituel et temporel de la ville.

Chaque relevé de délibérations s’ouvre par une formule dont les termes se répètent à peu de chose près de page en page. En voici une à titre de spécimen. Elle est du lundi 4 Avril 1667, où on annonce la prochaine arrivée de Mgr. François Visdelou de Bienassis.

« Congrégation et Assemblée générale de MM. les Nobles, Bourgeois, manants et habitants de la ville et communauté de la ville de Saint Paul de Léon, en l’auditoire de la Cour, lieu destiné à tenir les dites assemblées et délibérations communes, après le son de campanne, en la manière accoutumée, à la diligence de noble homme, Jean Le Dinéric, sieur de Poulprat, à présent Syndic et miseur de la dite Communauté, ce jour de lundi, quatrième d’Avril 1667. M. le Sénéchal de la Cour (Hamon Le Jacobin), Président. M. le Procureur fiscal (Guy Le Dall), présent. Le syndic a remontré » etc.

Voici maintenant, par ordre chronologique, quelques délibérations.

1er Octobre 1628. — « Sur les derniers avis reçus, nombre de villes de la province sont affligées de la contagion, et les habitants appréhendant de recevoir semblable affliction, ont avisé et résolu que des deniers qu’il a plu au Roy leur concéder pour la construction de leurs bâtiments publics, par espécial pour la construction d’une maison de santé et la chapelle de Monsieur Saint Roch, il sera pris sur le quartier fini le jour d’hier la somme de 300 livres pour commencer promptement la construction de la dite chapelle, laquelle somme sera mise promptement entre les mains de Messieurs Le Chantre, de Guillerandré, chanoine de Léon, noble homme Guillaume Le Gac, sieur de La Norgar, et Guillaume Labbé ».

30 Novembre 1628. — « Le Syndic remontre que, à la députation chargée de prier Messieurs les Ecclésiastiques de faire les prières publiques prescrites par Sa Majesté pour la réduction en son obéissance de la ville de La Rochelle, ces Messieurs ont déclaré avoir déjà fait faire les prières dès dimanche dernier, avant la réception des ordres du Roy et des lettres de Monseigneur le duc de Brissac, lieutenant de Sa Majesté en cette province ».

30 Novembre 1628. — « Le Syndic remontre aussi avoir avisé les Sieurs de Kerenac'h, de Kersaliou, de Kermabihan et autres capitaines des paroisses du Minihy pour faire aux habitants se trouver sous les armes, à l’occasion du feu de joye en ce jeudi 30 Novembre, fête de Monseigneur Saint André, pour rendre l’action plus célèbre » [Note : Nous ne transcrivons pas la délibération du 14 Janvier 1629 concernant la chute de la foudre sur le Creisker, non plus que celle du début de la séance du 2 Septembre de la même année. Elles se trouvent, en effet, déjà reproduites par ailleurs].

14 Avril 1629. — « Pour l’heureux succès des armes de Sa Majesté en Italie, les habitants unanimement ont avisé de remercier Dieu et de se rendre processionnellement lundi prochain en l’église cathédrale, pour de là aller faire le feu de joye en la place publique ».

16 Avril 1629. — « On donne au Révérend Père Bauny, de la Compagnie de Jésus, qui a prêché les Avent et Carême dernier, la somme de cent livres pour ses frais et de son compagnon pour se rendre en son collège de Paris ».

Les délibérations que nous rapportons ensuite nous font assister aux pourparlers assez laborieux qui marquent l’établissement d’un collège à Saint-Pol de Léon, et dont nous nous contentons parfois d’indiquer la physionomie telle qu’elle se dégage pour nous de l’ensemble. La lecture, en effet de cette partie du registre, est particulièrement pénible.

Sur la question du collège, les habitants ne se tiennent pas pour battus, car « de l’assemblée a été dit en réplique que les causes du consentement qu’ils ont donné antérieurement pour l’établissement des Pères Jésuites ont cessé ; et leurs offres proposées et vérifiées en la Cour, avec leur préjudice ; et au regard de la présente Congrégation elle est dûment et selon les formes anciennes observées en cette ville, faite par le son de la cloche, par l’espace de 2 à 3 heures, appelant un chacun, et même le Syndic dit avoir prié Mgr. le Lieutenant, seul juge demeurant en cette ville de s’y trouver, lequel n’aurait voulu y venir pour aviser avec le sieur Procureur fiscal ; et les habitants persistent en leur précédente déclaration et opposition ».

A la réflexion, ils sentent néanmoins le besoin d’expliquer leur conduite ; voici, en effet, le résumé de la délibération qui eut lieu dans la séance du 23 Novembre 1629.

23 Novembre 1629. — Sur la remontrance faite par le sieur Dagorne, procureur syndic, comme Mgr. de Léon se trouve mécontent, obstant acte d’assemblée fait en ce lieu portant révocation du consentement cy devant accordé par les habitants pour l’établissement d’un collège des Pères Jésuites en cette ville, et qu’il serait expédient de lui en représenter les justes motifs que les habitants ont eu pour faire le dit acte sans lui en avoir auparavant donné avis, les habitants décident de nommer et députer quelques personnes pour aller avec le sieur Chantre (messire René du Louet, seigneur de Kerguiliau, chanoine de Léon) trouver Mgr. de Léon et le supplier d’avoir agréables les motifs qui les ont portés à ce dit acte de révocation sans lui avoir auparavant conféré et donné avis.

Puis on nous rend compte de cette démarche à la délibération de l’assemblée suivante, « tenue à la manière accoutumée, après que la cloche a été sonnante par le temps de plus d’une heure ».

« Le sieur Dagorne, procureur syndic, remontre ‘u’il est allé le jour d’hier, assisté des autres députés, trouver Monseigneur, où il aurait représenté comme le général de la dite ville était regrettant d’avoir encouru sa mauvaise grâce, en ce que inopinément, ils avaient révoqué leur précédent consentement de l’établissement des Pères Jésuites, égard que Monseigneur s’était en vertu de leur promesse à la dite fin consentie, pourvu, ce touchant, tant envers Sa Sainteté qu’envers Sa Majesté, et avoir prié le dit Seigneur de leur remettre telles faultes qu’ils auraient pu, ce touchant, commettre en son endroit. 

Ce que le dit Seigneur aurait en effet facilement et sans contredit eu pour agréable, représentant aux dits députés qu’il n’aurait jamais désiré les dits établissements qu’a la prière et requête des habitants, mais que, puisqu’il s’était engagé en cette occasion, ils n’auraient point dû faire la dite révocation sans au préalable lui en donner avis, représentant qu’il y allait de son préjudice, vu les obligations auxquelles il s’était obligé pour parvenir au dit établissement, pour le désir qu’il avait de faire réussir la volonté des habitants à effet, et que en cela, qui que ce fût, voulant bien considérer l’événement des dits établissements, il ne s’en trouverait que cela pourrait attrister, et qui ne juge la chose pour le bien, utilité et augmentation de la dite ville ».

Après cette communication, les habitants « ont été d’une commune voix d’avis que députation soit faite d’un nombre suffisant des habitants des plus capables pour aller trouver Monseigneur, pour avec icelui, traiter et regarder les moyens les plus expédients et moins nuisibles pour les dits établissements » [Note : C’est peut-être alors qu’on avisa de se servir pour le collège des revenus de la Confrérie des Trépassés, ainsi que le dit M. Le Grand, Histoire d’un Collège breton].

14 Février 1630. — « Le Procureur Syndic dit avoir reçu une lettre de Mgr. de Rieux, Evêque, adressant en superscription à MM. le Syndic, bourgeois et habitants de ma ville de Saint-Paul, par laquelle le dit Seigneur, pour le bien et l’utilité publique de cette ville, dit qu’il est résolu de donner le Carême et le Jubilé qu’if a plu à Notre Saint Père le Pape d’octroyer à la chrétienté, et en considération du bien que cela apportera tant aux particuliers qu’au public, et pour que les aumônes faites par les gens de bien à cette occasion puissent être employées aux réparations des églises de cette ville en partie grandement caduques, et spécialement de la chapelle et tour de N.-D. de Creisquer, comme plus belle et notable des édifices de la dite ville, et en particulier [voulant] faire gagner le Jubilé par le peuple du diocèse en cette ville, il requiert que les habitants aient à députer des gens de bien en nombre suffisant pour recueillir les aumônes. En outre, Monseigneur recommande aux habitants le Père Jésuite prêchant maintenant en cette ville comme homme digne de respect et d’estime. [Sur quoi] les habitants nomment une députation pour recueillir les aumônes, et pour le regard du Révérend Père, ils sont d’avis qu’on se comporte en son endroit, comme dans le passé à l’endroit des autres prédicateurs ».

2 Septembre 1629. — « Aussi a été remontré par le Syndic que certains Religieux et Religieuses prétendent contre le gré des habitants s’établir et bâtir couvent en cette ville à leur grand préjudice ; les habitants ont unanimement dit n’avoir agréables ces établissements comme étant à leur grand préjudice et charge, pour les raisons qu’ils  offrent de dire en temps et lieu, et d’autant que si auparavant, pour quelques considérations qui ont depuis cessé, ils auraient prêté quelque consentement pour l’établissement des Pères Jésuites en cette ville, dont les dits Pères voudraient peut-être tirer quelque conséquence contre l’intention de la communauté, ils déclarent, en tant que besoin, révoquer ce qu’ils auraient ce touchant consenti, et donnent charge à leur Syndic de présenter requête en la Cour, afin d’empêcher ces nouveautés, sans quoi les habitants sont ruinés, et qu’il soit autrement ordonné par Sa Majesté et par la dite Cour.

De la part du sieur procureur fiscal, pour le Seigneur Evêque a été protesté en nullité de la présente assemblée, attendu qu’elle n’est autorisée par lui, [ni] par aucun de Messieurs les Juges de la dite Cour, et contre les règlements du Parlement ; et quant à la prétendue révocation, elle ne peut avoir lieu à cause du consentement passé pour l’établissement des Pères Jésuites, et la procuration octroyée à Mgr. l'Evêque de Léon pour obtenir les lettres nécessaires de Sa Majesté et du Général et du Provincial des dits Pères Jésuites, ce que Mgr. Evêque, Seigneur temporel et spirituel, aurait obtenu à grands frais à la prière et requête des habitants ».

En réponse à cette protestation du Procureur fiscal, « les habitants remontrent humblement à Monseigneur qu’ils feront de leurs moyens l’établissement du collège, avec promesse de le rembourser des frais qu’il a pu faire ce touchant, lui ayant remontré qu’il n’y aurait aucun autre moyen d’enrichir et augmenter la ville que par les dits établissements ; tellement qu’aujourd’hui toutes les lettres obtenues ne sont recevables en leur révocation ».

Pour le regard des Révérendes Mères Ursulines, [le Procureur fiscal] dit que leur établissement étant autorisé par Mgr. l'Evêque, Seigneur de la ville, temporel et spirituel, il ne peut être opposé par la dite ville, puisqu’elles n’entendent faire quête et ne vivent que pour la gloire de Dieu et pour le service de toute la ville et du pays et pour enseigner les filles gratuitement.

F° 19. 29 Avril 1630. — « Le Procureur fiscal remontre que les habitants de Morlaix représentent qu’il est expédient pour tout le pays de régler la laise des toiles qui se fabriquent en Léon, Tréguier et Cornouaille, pour le maintien du commerce et trafic et éviter les abus ci-devant trouvés [Note : Un arrêté de 27 Août 1676, approuve à ce sujet un règlement de 9 articles (Voir Reg. des délibération de Saint-Paul, an 1677, et Tanguy, La Paroisse de Plougoulm, pages 93 et 94), où on trouve entre antres prescriptions : « Après la visite des toiles, les pièces seront marquées d’une marque noire qui sera empreinte aux deux bouts de chaque pièce ». Les cachets de visite de la ville de Saint-Paul, détruits chaque année, portaient alternativement trois genres de motifs, modifiés et variant annuellement : Le sanglier ; le lion héraldique avec cartouche ; le même crossé (Communication de M. l’abbé Favé)]. Les habitants sont d’avis que la laise des toiles marchandes soit réglée à une demi-aune et un sixième d’aune du pays, comme étant de plus grand cours aux royaumes d'Espaigne, d'Angleterre et ailleurs, et d’autant que, par abus, l’on a ci-devant fait des toiles de moindre laise, ce qui a grandement diminué le trafic au préjudice de tout le pays [Note : L’industrie la plus importante de la région de Morlaix était celle de la toile, qui procurait au pays un bénéfice de 5 à 6 millions de livres (Bourde de la Rogerie, Les Papeteries de Morlaix, p. 5)]. Il serait nécessaire que Messieurs les Juges aient le soin de faire exécuter le règlement, sans que le dit règlement empêche de faire toiles à plus grande laise ».

F° 20 et 21. 21 Juillet 1630. — Les habitants nomment pour faire travailler sur la maison de santé pour le temps de trois mois seulement [Note : On commence ici à saisir ce que dit le scolastique Picart : « Jamais la ville de Léon n’agit avec précipitation, dés qu’il est question de faire des ouvrages, comme pour Saint-Roch, par exemple » (Projet d’une Histoire du Collège de Léon)], parce qu’ils désirent qu’on n’y travaille pas l’hiver, une députation pour Août, une pour Septembre, une dernière pour Octobre.

Mgr. l'Evêque écrit pour demander qu’on fasse un procès-verbal de la carence [Note : Le P. Cyrille Le Pennec semble attribuer l’état de délabrement du Creisker (déjà signalé le 14 Février 1630, pour la première fois, mais pas la dernière !) à ce que la chapelle fut « ostée d’entre les mains des bourgeois pour estre érigée en titre de gouvernement. Elle est grandement négligée et desehue de son ancien lustre, estant carante de réparations, ce qui a entièrement refroidy la dévotion fervente que tout le peuple de Léon avait pour ce saint lieu ». A quand remonte exactement ce changement d’administration ? Nous ne pouvons fixer de date. M. le chanoine Peyron parle de Missire Guiscanou, sieur de Kérincuff, gouverneur du Creisker, en 1616] des réparations de la couverture de l’église de N.-D. du Creisquer, ruinée par la chute du clocher.

« Les habitants offrent la somme de 360 livres tournois qu’ils ont en mains, provenant des offrandes faites en ladite église pendant le dernier jubilé, sauf à répéter cette somme vers le Gouverneur actuel de ladite chapelle et vers les héritiers de sou prédécesseur, et donnent charge à leur syndic de se pourvoir par arrêt sur les biens délaissés par le dernier gouverneur, entre les mains du fermier actuel du temporel dudit gouvernement ».

Vient ensuite une délibération de forme assez curieuse :

F° 22. 29 Juillet 1630. « Les habitants ont unanimement nommé pour aller aux Etats de la Province, en la ville d'Ancenis, au 5 Août prochain, Messire Guillaume Labbé, notaire et procureur postulant en la Cour de Saint-Paul ; lequel a dit ne vouloir ni ne pouvoir accepter, tant par l’incommodité de sa personne et incapacité, que parce qu’il est chargé d’affaires qu’il ne peut abandonner, et qu’il n’a jamais été en pareille députation, et ainsi n’avoir la connaissance des affaires d'Etat, et qu’il y a, en la présente assemblée, nombre de personnes capables qui ont été autrefois en pareille députation, entre autres le Syndic, qui est député né (!). Quelques-uns des assistants persistent à le nommer, comme le reconnaissant capable et n’avoir jamais rendu un service à la ville (sic), et offrant de le dédommager. D’autres reportent leurs voix surie Sr. de Kéromnes [Note : Yves Dagorne, sieur de Kéromnès, - déjà antérieurement nommé syndic, avait été remplacé par Claude du Tertre, sieur de la Villeneuve. Il fut de nouveau élu pour deux ans, le 31 Décembre 1628], syndic, qui refuse aussi parce qu’il a été l’an dernier aux Etats de la Province, et qu’il n’est obligé pendant sa charge que d’y aller une fois, et attendu que nulle part ailleurs, pour aucune autre ville de la Province, le syndic ne demeure deux ans en charge, comme en cette ville de Saint-Paul de Léon, et qu’il est d’ailleurs chargé de deux bâtiments publics, la maison de santé et la chapelle de N.-D. de Creisker ».

Finalement, il est décidé que les habitants conféreront ensemble et nommeront une députation pour venir en ce lieu donner leur suffrage ; mais rien dans les délibérations suivantes ne nous fait connaître qui fut député aux Etats d'Ancenis.

On nomme Guillaume Labbé syndic, à la place de Yves Dagorne, sieur de Kéromnès.

F° 25. 5 Janvier 1631. — Puis, « ont les habitants baillé au Père Cyrille [Note : Sans doute le P. Cyrille Le Pennec, expressément nommé plus loin, 10 Février 1632] du couvent des Carmes de cette ville, qui a prêché l'Avent dernier en l’église cathédrale, la somme de 100 livres, et ce par forme d’aumône, et sans tirer conséquence à l’avenir ».

F° 25, v°. 19 Janvier 1631. — « Les habitants sont d’avis de faire continuer la construction de la maison de santé de Saint-Roch, en y faisant travailler à la journée par des ouvriers capables, et de faire réparer le pavé au dedans des vieilles portes, et comme elles se trouvent trop basses pour le passage des charrettes chargées, les habitants sont d’avis que le syndic les fasse hausser et qu’on y pose les écussons de la ville » [Note : D’après l'Itinéraire de Bretagne, rédigé en 1636 par Dubuisson-Aubenay, les Bas-Bretons étaient « grands armoyeurs », item soigneux d’apposer en leurs bastiments leurs ormes et devises].

F° 26. — On décide qu’à l’avenir les assemblées ne se tiendront pas à jour de dimanche, mais au premier lundi de chaque mois ordinairement.

Le syndic « remontre que les habitants et marchands de Morlaix et autres villes circonvoisines viennent en cette ville acheter [librement] des toiles et autres marchandises, quoiqu’il ne soit pas permis aux habitants de cette ville d’acheter, aux villes de Morlaix et autres, aucune marchandise que par les mains des marchands des dites villes » [Note : Le règlement de 1676 arrête « que les toiles portées à Morlaix pour y être vandues ne pourront estre debitées ailleurs que dans l'Hostel de ville »].

Les habitants décident que le syndic se pourvoira en la Cour pour obtenir tel jugement qu’il jugera raisonnable.

F° 28. 3 Février 1631. — « Les habitants sont d’avis que le Syndic supplie Messieurs du Chapitre de mettre, en chaque église de la ville, une personne qui assistera aux offices qui s’y célèbrent journellement, afin d’empêcher que les pauvres nécessiteux ne vaquent par les églises et n’empêchent les personnes de faire leurs prières et dévotions » [Note : Telle est l’origine des « chasse-gueux » qu’on peut encore voir en fonctions, chaque dimanche, à la cathédrale de Saint-Pol, et d’aspect si archaïque avec leur costume, ou tout rouge, ou mi-parti violet, mi-parti rouge].

F° 29. 12 Février 1631. — Le Syndic remontre que la disette de blé est grande, et cause grande nécessité au peuple et requiert qu’on ait à y pourvoir.

F° 30. 7 Avril 1631. « Attendu que la fête de Pâques est proche, et que la maladie contagieuse est aux centres circonvoisins, par exemple Morlaix et Taulé, sont les habitants d’avis qu’on fasse nettoyer les rues et places publiques et transporter les immondices promptement et dans deux fois vingt-quatre heures ; huit sous d’amende par bête à ceux qui laisseront vaquer leurs chiens et pourceaux, et seront lesdits chiens tués par personne attitrée à ladite fin, auquel on baillera les huit sous pour chacun ».

F° 40. Jeudi 10 Février 1632. — On donne 100 livres tournois au Père Cyrille Le Pennec  natif de cette ville, qui a prêché (en breton) pendant l'Avent dernier [Note : Le Père Cyrille Le Pennec, né à Saint-Paul, fit profession au couvent des Carmes de cette ville, le 15 Avril 1611 ; fut nommé prieur du couvent d'Hennebont en 1618, revint vers 1630 au couvent de Léon et y composa ses ouvrages : Le dévot Pèlerinage du Folgoet, Morlaix 1634, dont un précis a été publié à Rennes en 1825 ; puis un Calendrier des fêtes de la Sainte Vierge, suivi d’une liste des églises et chapelles de Notre-Dame, basties en l'Evêché de Léon, in-32 de 224 pages, publié à Morlaix, en 1647, chez Nicolas du Brayet et Roberte Drillet sa compagne, imprimeurs, et dédié « à Madame Moricette-Renée de Ploeuc, marquise de Kerman. comtesse de Maillé », etc. (Voir Levot, Biographies bretonnes, tome II, page 305, et Guennec, Chapelle de Lambader, page 28). Le P. Le Pennec mourut à Saint-Pol, le 1er Mai 1649. Le couvent des Carmes fut, dit M. le chanoine Peyron (La Cathédrale de Saint-Pol, page 167), fondé par le duc Jean IV et sa (première) femme Marie d'Angleterre, en 1348. M. Peyron a également trouvé sur ce sujet une note aux Archives du Vatican (Innocent VI, tome V, f° 382) : Permission aux Pères Carmes de s’établir dans la ville ou dans le diocèse de Léon, et d’y bâtir une chapelle, un campanile avec une cloche, un séminaire et des bâtiments claustraux pour douze frères dudit ordre, 23 Mars 1353. De Courcy, De Rennes à Brest, donne comme date 1368 et indique comme fondateurs Jean IV et sa seconde femme Marie de Hollande. Ces dates successives représentent sans doute les diverses étapes de la réalisation du projet de Jean IV. On sait que c’est aussi du temps de Jean IV que datent les fondations du Creisker et du Folgoet. Le couvent des Carmes fut restauré en 1618, ainsi que l’indique une pierre commémorative gravée au mois d'Avril de cette même année et superbement conservée jusqu’à nos jours. Elle se voit chez M. Servet, négociant, rue du Pont-Neuf, à Saint-Pol. (L’inscription est reproduite par l’abbé Tanguy, Paroisse de Plougoulm, page 63). « Anne de Bretagne, au dernier de ses fréquents pèlerinages au Folgoet, ordonna que, tous les ans, le Père Supérieur des Carmes de Saint-Paul, ou tout autre par lui commis, avec ses religieux, chanterait solennellement la grand'messe, au grand autel du Folgoet, le 15 Août, à l’intention de tous les Rois, Reines, Ducs, Duchesses, Princes, Princesses, Seigneurs et Dames, ses parents décédés, et pour la prospérité et santé du très chrétien Roi de France régnant, privilège très beau et exactement gardé jusqu’à présent par les dévots religieux dudit couvent » (Cyrille Le Pennec)].

Monseigneur de Léon étant absent, Monsieur le chantre (Messire René du Louet) (D’or à 3 têtes de loup de sable arrachées de gueules), premier dignitaire, sera prié de jeter la première pierre aux fondements de la chapelle de Monseigneur Saint-Roch, en la maison de santé.

Ensuite, noble homme Jean du Dresnay (D’argent à la croix ancrée de sable, accolée de 3 coquilles de gueules. Devise « Crux anchora salutis » et « En bon espoir »), sieur de Kérenac'h, capitaine de la ville, remontre qu’il a reçu du Seigneur Comte de Boiséon, gouverneur des ville et château de Morlaix, une missive de Monseigneur le Cardinal de Richelieu, par commandement de Sa Majesté, qui mande de faire garder aux côtes dès les premiers jours.

« D’un commun avis, les habitants décident que lundi prochain, à une heure de l’après-midi, il sera fait montre où chacun se trouvera sous les armes, pour ensuite la garde être faite et posée en chaque endroit de la ville, et aussi sont d’avis de mettre en telle amende que le sieur de Kérenac'h avisera, tous ceux qui feraient défaut tant à ladite montre qu’à la garde ».

Lundi 15 Mars 1632. — Le sieur de Kerenac'h a remontré que, « suivant le commandement du seigneur de Coetinisan, en l’appel du ban et arrière-ban et garde-côtes de cet évêché, il aurait fait faire montre de tous les habitants des trois paroisses de cette ville, et qu’il serait à propos d’assurer ledit seigneur du nombre qu’on pourra fournir pour le service de Sa Majesté, tant de cette ville que des autres paroisses du Minihy ».

A cette fin, on députe pour l’assister à aller trouver le seigneur de Coetinisan, les sieurs de Kermabihan et de Goazillou.

« De même, pour aller trouver le sieur de Pontchâteau, gouverneur des ville et château de Brest, les habitants députent le sieur de Kérenac'h, leur capitaine, et de Kermabihan, son lieutenant, etc., pour assurer le sieur de Pontchâteau de leur fidélité, le supplier de les protéger, et l’assurer du nombre qu’on peut lui fournir pour le service de Sa Majesté ».

F° 44. Mercredi 28 Avril 1632. — « Comme Missire Yves Kerdélan [Note : Sacriste du Creisker, d’après une délibération du 20 Avril 1638, et recteur, de Trégondern (Délibération du 26 Novembre 1628, F° 3)], prêtre, ci-devant saisi des actes et garants de la chapelle de N.-D. de Creisker, est si indispos qu’il peut arriver quelque événement au changement de personne qui en pourrait être saisie, ont les habitants délibéré que les actes seront déposés en un bon coffre à deux clés et charnières et divers ressorts, en la maison de ville, suivant l’inventaire des dits actes, l’une des clés étant au sieur Gouverneur du Creisker, l’autre aux mains du Syndic ».

F° 45. 15 Mai 1632. — Le Révérend Père Gabriel Morin, correcteur du couvent des Pères Minimes de cette ville, et le Révérend Père Julien de Sainte-Anne, font savoir qu’étant à construire le pignon et portail de leur église, et reconnaissant la grande obligation qu’ils ont aux habitants, en général et en particulier, ils offrent de mettre audit portail les armes de la Communauté [Note : Les Minimes devaient leur établissement à Prigent Le Ny, sieur de Coatelez, chanoine trésorier de Léon et recteur de Plougoulm, et aux habitants de Saint-Pol qui, en 1620, leur donnèrent 6.000 livres pour construire la communauté et la chapelle qui fut dédiée à saint François de Paule et à sainte Geneviève. Prigent Le Ny leur offrit sa maison canoniale, où ils s’installèrent en 1622 (Chanoine Peyrou et de Courcy)].

Les habitants remercient les Révérends Pères et nomment une députation pour aller arrêter l’endroit où seront placées les armes de la Communauté.

F° 46. Lundi 5 Juillet 1632. — Assistants en l’assemblée : Vénérable Missire François Floc'h, promoteur et chanoine de Léon, Guillaume Tréguier, chanoine de Léon, députés du Chapitre, etc.

« Ont les habitants unanimement donné charge à leur Syndic de faire mettre au pignon de la chapelle de Monseigneur Saint-Roch, en cette ville, un écusson des armoiries de Sa Majesté, en lieu dominant, et de Mgr. de Léon au-dessous, et de la Communauté plus bas, et à côté celles de Noble et Vénérable Messire Rolland de Poulpiquet, sieur de Feunteunsper, chanoine de Léon, en considération de ce qu’il a baillé les fonds pour bâtir ladite chapelle ».

F° 47. Lundi 5 Juillet 1632. — « Sur ce qu’il a été remontré que de tout temps immémorial, il a été observé que l’abbé de la Confrérie des Trépassés doit être changé de 3 ans en 3 ans, et doit être assisté de 6 conseillers, deux du Clergé, deux de la Noblesse, et deux de la Communauté, sans l’avis desquels il ne pourra rien faire, et doit ledit abbé rendre ses comptes de 3 ans en 3 ans, comme Missire Guillaume Léost, à présent abbé depuis 23 ans, n’a rendu aucun compte, néglige de faire les services suivant l’intention des défunts fondateurs, fait tout sans aucun avis, on requiert qu’il soit remédié à ces abus et procédé à la nomination et élection d’un abbé et de 6 conseillers, et que le dit Léost rende compte de l’emploi des fondations et présente les titres dont il est saisi ».

F° 49. 5 Août 1632. — Il est question de la contagion à Roscoff et des mesures préventives à prendre à Saint-Pol.

Puis on prie le syndic de poursuivre Missire Guillaume Léost, abbé de la Confrérie des Trépassés, pour la reddition de ses comptes.

Les habitants décident aussi de faire présenter par le sieur Claude Bervas, prêtre, à la place du gouverneur du Creisker, le cuivre dernièrement ruiné par le tonnerre [Note : La délibération du 14 Janvier 1629, reproduite par M. le chanoine Peyron, page 156, nous apprend que le Creisker avait été foudroyé le 23 Novembre 1628. Il l’a été de nouveau en 1680, 1770, 1816 (Ct. Ogée, Dictionnaire historique, tome II, page 868)] et le grand chandelier (d’airain) au-dessus du grand autel, pour iceluy être payé en présence du Syndic et le dit cuivre être déposé entre les mains du sieur Guillaume Calvez.

F° 51. 29 Septembre 1632. — « Pour qu’il en soit fait état devant Nosseigneurs de la Chambre des Comptes, les habitants déclarent qu’ils sont connaissants de l’emploi que les Pères Minimes du Couvent de l’ordre de Saint-François de Paule, en cette ville, ont fait des mille livres qu’on leur avait payées pour la construction de leur couvent. Les habitants disent aussi être certains du paiement par le sieur de Kéromnès, ci-devant syndic, de la somme de cent livres tournois au Rév. Père Jean-François, Jésuite. Messire de Kéramprat et Vénérable Messire Allain Le Borgne, prêtre, recteur de la paroisse de Saint Jean, de cette ville, présents en l’assemblée, ont affirmé avoir assisté au paiement de cette somme par le sieur de Kéromnès au bourg de Pempoul, en présence de plusieurs autres habitants de cette ville ».

29 Septembre 1632. — Les habitants délibèrent de quelle forme seront les armes à poser au principal pignon de la chapelle de Saint-Roch, en la maison de santé. Ils disent « être d’avis que le syndic fasse poser les armes de la ville audit pignon [Note : Quelles étaient au juste ces armes ? Nous ne savons. D’après Ogée, la ville porte pour armes : « d’or au lion de sable cantonné de trois molettes de même ». Sur le Registre des délibérations de la Communauté, 1697-1703, ad calcem, on lit : « La ville de Sainct Paul porte pour armes : d’argent au sanglier de sable accolé d’une couronne d’or, le sanglier dressé en pied soutenant une tour de gueules, au canton dextre, l’écu semé d’hermines de sable, et peur devise : Non offendo sed deffendo ». Les armes du Comté de Léon sont : « d’or au lion marné de Sable » (de Courcy, Nobiliaire et Armorial du Léon, p. 173). Dans le sceau des Evêques de Léon, le lion tient une crosse et porte une mitre] conformes à celles étant au premier feuillet d’un vieux bréviaire imprimé à Paris, l’an 1406, et chargent le Syndic de prier MM. Du Chapitre de lui laisser ce bréviaire pour montre de l’antiquité des dites armoiries, et que si on a déjà posé autre écusson au dit pignon, sont d’avis que le Syndic les fasse refaire et aussi au couvent des Pères Minimes » [Note : Quoi qu’il en soit de la nature des armes posées au pignon de la chapelle  de Saint-Roch, la rédaction que nous présente ci-dessus le greffier de la Communauté nous parait intéressante. Il est probable qu’il est fait ici allusion au bréviaire dont la rédaction est due à Gui Le Clerc, qui occupa le siège de Saint-Pol de 1514 à 1521, bréviaire édité à Paris, en 1516, chez Désiré Maheu, rue Saint-Jacob, à l'enseigne de « Saint-Nicolas », aux frais de Désiré Maheu, Yves Quillévéré et Alain Prigent (ce dernier marchand libraire à Landerneau), associés pour ce travail (Léopold Delisle, Les Heures bretonnes, p. 15 et 16, Paris, 1895)].

Dimanche 2 Janvier 1633. — On nomme Tanguy du Tertre, sieur de Pratlédan, syndic, et Guillaume Calvez, contrôleur.

14 Janvier 1633. — Certains particuliers se disant donataires des fruits du temporel de l'Evêché, veulent percevoir lesdits fruits. Comme le manoir épiscopal et autres bâtiments dépendant de l'Evêché sont grandement carants de réparations et menacent une entière ruine, s’ils ne sont promptement réparés, les habitants s’opposent à la délivrance et attouchement des dits revenus, attendu qu’ils sont employés à la réparation du manoir épiscopal et autres bâtiments.

4 Juillet 1633. — On remontre que la chapelle de N.-D. de Creisker est très carante de réparations et menace ruine.

« En l’endroit s’est trouvé vénérable et discrète personne Missire Claude Bervas, prêtre, demeurant en la maison du sieur Gouverneur et fermier temporel d’iceluy, lequel sommé à la requête du Syndic de déclarer le prix de la ferme qu’il tient du temporel dudit gouvernement, dit et déclare avoir la ferme sous le sieur Du Parc Corniliau, pour lui en payer par an 415 livres tournois [Note : De Lorme, L'Art breton, Saint-Pol de Léon, page 52, dit : « Le Gouvernement du Creisker était un bénéfice qui pouvait valoir 800 livres de rente ». Il s’agit sans doute alors de l’état de ce gouvernement postérieurement à 1633], qui est le prix de ladite ferme pour l’année courante, qui échoira au terme de la Saint-Michel prochaine, fors 82 livres tournois qu’il dit avoir employées en réparations tant sur la chapelle que sur les maisons en dépendantes et a signé ».

21 Juillet 1633. — « Le Syndic remontre que, suivant la délibération du 4 Juillet dernier, il aurait fait assigner en la Cour Royale de Lesneven, Missire Claude Bervas, prêtre, fermier du temporel du gouvernement du Creisker, au rapport du prix de sa ferme, et pour qu’il soit fait bonnes et dues réparations à la dite église et maisons en dépendantes ; le sieur du Parc, gouverneur de ladite église, ayant pris fait et cause pour le sieur Bervas, aurait été dit comparoir le 18 de ce présent mois, sur la convocation de Mr. le Procureur du Roi, de la dite Cour de Lesneven, et que état et procès-verbal être fait de la carance des réparations de l’église. Le syndic requiert que les habitants aient à délibérer au sujet de cette ordonnance et à députer d’entre eux pour assister sur ledit procès-verbal qui se fera ».

5 Septembre 1633. — « Sur ce que les habitants ont dit la confrérie du Rosaire [Note : Depuis Juin 1628, il était question d’introduire cette oeuvre à Saint-Pol, mais l’érection de la confrérie allait donner lieu à d’assez longs litiges. A Plougoulm, la confrérie s’établit en 1669 (l’abbé Tanguy)] être une belle oeuvre exercée par toute la chrétienté et désireux de l’avoir aussi en cette ville, ont les dits habitants nommé une députation pour aller trouver M. le Grand-Vicaire de Léon, en l’absence de Mgr. l'Evêque [Note : Les Rieux Sourdéac s’étaient montrés très attachés à Marie de Médicis. Nous lisons dans la Vie de Marie de Médicis, par Mme d'Arconville, tome III, page 342, que quand la Reine-Mère songea à s’enfuir du Royaume et à se rendre à La Cappelle, « le marquis de Sourdéac, pour faciliter l’évasion, fit préparer un carosse où on pouvait enfermer un grand nombre de coffres sans qu’on les aperçut ». A la suite de quoi, Louis XIII fit (15 Octobre 1631) décréter la confiscation de ses biens qui furent donnés au sieur de la Grise, lieutenant des Gardes du corps. (P. Griffet, Histoire du règne de Louis XIII, tome II, page 191). Son frère cadet, René de Rieux, évêque de Saint-Pol, conseiller d'Etat et grand-maître de l'Oratoire de la Reine-Mère, fut aussi accusé d’avoir favorisé la sortie de Marie de Médicis. Il s’était rendu à La Cappelle pour engager le jeune marquis de Vardes à livrer la place à la Reine-Mère ; mais il en fut chassé par le gouverneur M. de Vardes, père (Juillet 1631). En outre, pour avoir séjourné eu Flandre, sans la permission de Sa Majesté, il fut traduit devant les évêques, commissaires du pape, et privé de l'Administration de son diocèse, le 31 Mai 1634. Il devait être absent de son diocèse depuis 1633, et peut-être même depuis 1631. (Cf. Ogée ; abbé Tresvaux, Eglises de Bretagne, p. 206, et Albert Le Grand, p. 249 et Griffet, tome II, p. 396)] pour le prier de leur concéder ladite confrérie pour être desservie en l’église du couvent des Pères Minimes, et pour prier les dits Pères Minimes d’avoir leur intention pour agréable.

11 Septembre 1633. — On nomme une députation pour aller saluer Mgr. l'Archevêque de Bordeaux qui s’est rendu à Brest pour le service de Sa Majesté [Note : Ce voyage de l'Archevêque se rapporte sans doute à l’exécution du plan qu’avait formé Richelieu d’organiser puissamment la marine française, et de créer à Brest, que le Cardinal appelle « son Brest », un port de guerre. « En souvenir des grands travaux qu’il y fit, et des escadres qu’il lança sur l'Océan, il faudrait que le vaisseau amiral de notre escadre de l'Atlantique s’appelât toujours le Richelieu, pour acquitter la dette de la marine et de la France » (Lacour-Gayet, La Marine militaire de France, tome Ier, page 53). Dès 1629, pour avoir, comme il disait, l’état au vrai de la puissance maritime de la France, Richelieu avait fait faire une enquête, sur la Manche et l'Atlantique, par d'Infreville, qui remit un Rapport au Roi, le 23 Mars 1631. Pour ce qui concerne Saint-Pol de Léon, nous y lisons qu’ « Un bâtiment de 200 tonneaux est en construction dans la rivière de la Penzé, au pays de Saint-Pol de Léon, et se bâtit souvent en ladite rivière, ayant grande profondeur d’eau et des bois proches, la rivière toujours calme, étant à l’abri de ses côtes ». En 1631, 10 vaisseaux et 6 frégates furent mis en construction. (No 336, F. B. de la bibliothèque communale de Brest, page 146). L’archevêque de Bordeaux dont parle la délibération ci-dessus est Henri Escoubleau de Sourdis, né en 1593, troisième frère du cardinal de même nom, à la mort duquel il devint archevêque de Bordeaux, le 16 Juillet 1629 ; fut nommé le 12 Avril 1636 « chef des conseils du Roi en l’armée navale », fit, comme amiral, plusieurs campagnes remarquables contre les Espagnols. Disgracié néanmoins en 1641 ; il mourut en 1645 (Eugène Sue, Correspondance d'Escoubleau de Sourdis)].

Lundi 2 Janvier 1634. — On fait connaître aux habitants que, par sentence de la Cour Royale de Lesneven du 12 Novembre dernier, ils sont autorisés à prendre le tiers des revenus du temporel du gouvernement du Creisker pour les réparations de la chapelle et maisons en dépendantes et que le chandelier de cuivre rompu et brisé qui se trouve en ladite église, sera vendu et le prix déposé entre les mains de cette ville, à la nomination du Procureur du Roy, pour être employé aux dites réparations, et que Missire Claude Bervas, prêtre, devra vider ses mains du dit tiers.

Ensuite, « en considération des mérites du R. P. Eusèbe, correcteur du couvent des Pères Minimes de cette ville, qui a prêché le dernier Avent, et de la grande nécessité des dits Pères pour la construction de leur couvent, ont les habitants chargé leur Syndic de bailler aux dits religieux, et ont nommé les sieurs de Kermabihan, de Kéromnès, etc..., pour faire la quête pour le dit prédicateur, parmi les gens de noblesse et autres personnes de qualité qui ont assisté à la dite prédication ».

Jeudi 25 Mai 1634. — « Décès étant arrivé à noble homme, Jean du Dresnay, sieur de Kérenac'h (?) capitaine de cette ville, les habitants sont d’avis de faire faire un service solennel pour le repos de l’âme du défunt, en l’église cathédrale, où est enterré son corps, et de prier MM. du Chapitre d’avoir agréable ledit service être fait et célébré, les suppliant d’y assister. En considération que les Pères Minimes de cette ville bâtissent leur couvent, et eu égard au mérite personnel du Père Eusèbe du dit couvent, qui a dignement prêché le carême dernier en l’église cathédrale, on lui donne la somme de deux cents livres ».

21 Juin 1634. « Les habitants accordent à noble homme Guillaume Le Gac, sieur de la Norgar, le marché pour faire le pavé, depuis la mer, au bas bout du pignon. de la maison de M. Claude du Tertre, jusqu’à la croix de Gourvo, à faire le dit pavé de 18 pieds de largeur, dont 15 pieds de largeur au milieu, et de chaque côté un pied et demi pour borner les deux ruisseaux, et sera fait le dit pavé à droit fil depuis la croix jusqu’à la rive, pour la commodité du public ; et les habitants promettent de désintéresser les particuliers qui y auraient droit en raison de leurs douves à lin ou pour autre cause ».

Puis les habitants nomment une députation pour « remercier le Rév. Père Nicquet, jésuite, qui a prêché l’octave du Saint Sacrement en l’église cathédrale et pour lui offrir les frais nécessaires pour se rendre en son collège de Quimper [Note : Le Vénérable Père Maunoir avait quitté le Collège de Quimper au milieu du mois d'Août, l’année précédente (Séjourné. Histoire du Vénérable P. Maunoir)], et à l’unanimité, on députe Jacques Le Grand, sieur de Candom, écuyer, avocat en la Cour, et sénéchal en la juridiction de Kérouz... (?) et Trogoff, pour aller conduire le R. P. Nicquet ; et le sieur Syndic sera chargé de pourvoir 3 chevaux à cette fin, et de mettre deniers entre les mains du sieur de Candom pour fournir aux frais et pour la dépense d’un valet de pied et pour les chevaux ».

8 Septembre 1634. — « Sur ce qu’il a été remontré de la part du sieur de Kermabihan, capitaine de la ville, avoir reçu lettre du seigneur comte de Boiséon, capitaine du ban et arrière ban et garde côtes [Note : Depuis Morlaix, le sieur de Boiséon est capitaine garde-côtes de tout l’évêché de Léon, jusqu’à Landerneau et à 15 lieues de côtes : La garde se fait par montres que font faire les capitaines des paroisses (Procès-verbal de d'Infreville)] de l’évêché de Léon, avec copie de la lettre de Sa Majesté, par lesquelles il fait commandement au sieur de Kermabihan de faire aux habitants tenir leurs armes prêtes [Note : Précaution doublement motivée, les environs de Saint-Pol offrant quelques plages propices à une tentative de débarquement. Peut-être se souvenait-on dans le pays de la descente qu’entreprirent les Anglais, le 24 Juin 1403 ; durement repoussés par Guillaume du Chastel, ils avaient laissé 400 hommes sur le rivage (De la Roncière, Histoire de la Marine française, tome II, page 167). On voit encore à Saint-Pol, près du rocher de Sainte-Anne, le corps de garde qui servait d’abri aux veilleurs et garde-côtes] et d’autant qu’on aura affaire du canon étant en l’église cathédrale, ont les habitants avisé que ledit canon sera nettoyé, monté et mis en état, et que le Procureur de ville fera les frais et pourvoira des balles et provisions requises » [Note : Deux ans plus tard la chose n’est pas encore faite. On jugera, par ce détail, avec quelle lenteur on passait en général, à Saint-Pol de Léon, de la délibération à l’exécution (Voir plus bas, à la date du 25 Août 1636). D’autres villes, d’ailleurs, procédaient avec non moins de circonspection].

5 Novembre 1634. — Le Syndic devra se pourvoir de chevaux pour conduire au château de Brest, deux personnes, André Goussin, se disant prêtre de l’évêché du Mans, et Jean Masure, se disant marinier de Calais, soupçonnés de crime de lèse-majesté.

1er Janvier 1635. — « Du Procureur fiscal a été remontré que le Seigneur Evêque est sur le point [Note : En réalité, Mgr. de Rieux, allait, comme on l’a dit plus haut, être privé (31 Mai 1634) de l’administration de son diocèse] d’arriver en la ville, et requiert qu’il soit déféré de nommer un Syndic jusqu’à son arrivée, attendu qu’en son absence il a été institué des syndics par brigue, sans aucune considération du bien public et a signé : HAMON LE JACOBIN ».

« Du Syndic a été protesté en calomnie et qu’il n’y a aucun en l’assemblée qui se plaigne de lui Syndic, que le Procureur fiscal, et que par arrêt de la Chambre, il a été ordonné qu’à ce jour les habitants aient à procéder à nouvelle élection d’un Procureur Syndic, requérant avoir acte de sa déclaration, et que si le Procureur fiscal insiste qu’on ne procédât pas à la dite création, proteste de laisser le tout à ses périls et fortune, déclarant dès à présent ne plus vouloir gérer ladite charge et a signé : Du TERTRE ».

Sur quoi les habitants sont d’avis de procéder à l’élection d’un Syndic. Même présent, Mgr. de Léon les laissant libres de nommer l’un ou l’autre d’entre eux.

Dimanche 7 Janvier 1635. — « Par la maire voix de l’assemblée a été institué pour le temps de 2 ans à commencer du 1er Janvier, pour procureur syndic et miseur, missire Yves Lazennec, notaire, et pour contrôleur, Nicolas Le Millour, sieur de Penarstang ».

5 Mars 1635. — On décide de réparer la fontaine et lavoir publics proches du couvent des Pères Carmes [Note : Une pièce de la Série H, n° 224 des Archives départementales, nous apprend qu’à cette époque (1634), le couvent des Carmes comptait 34 religieux. Ils avaient pour prieur Pierre Maillet, en religion H. P. Nicomède de la Sainte-Croix. Parmi eux se trouvait aussi : Pierre Maillard, docteur en théologie, qui, à une autre date, fut prieur de ce couvent de N.-D. à Saint-Pol de Léon, et provincial de la province de Tours], comme aussi le puits public étant au-devant du Couvent des Pères Minimes [Note : A la même date (1634), le couvent des P. Minimes abritait 11 religieux, et avait pour correcteur le R. P. Claude du Bouc (Archives départementales, H. 312)].

30 Avril 1635.— Messire de Cambout, seigneur de Pont-château, gouverneur de Brest et lieutenant du Roy en ce pays, fait savoir qu’il passera par cette ville et qu’il veut voir les habitants sous les armes.

8 Juin 1635. — Le pavé commencé entre cette ville et Pempoul, et fait jusqu’aux douves à rouir lin au milieu du grand chemin, ne peut, pour ce, être continué. Les habitants sont d’avis qu’aucun particulier n’a droit de faire les dites douves dans le grand chemin et qu’elles doivent être comblées.

22 Juin 1635. — Il sera fait « un feu de joie dimanche prochain, à l’issue de la procession ordonnée par MM. Du Chapitre, pour remercier de l’heureux succès qu’il a plu à Dieu donner au Roy contre ses ennemis ».

10 Septembre 1635. — Les habitants, revenant sur une délibération précédente (f° 84, 9 Juillet 1635), reprennent leur première décision (f° 81, 8 Juin 1635) et « sont d’avis de demander la permission de continuer la levée du sou par pot, pour les deniers être ainsi employés : 800 livres aux Pères Carmes pour la réparation de leur couvent ; 800 livres aux Pères Minimes pour la continuation de leur couvent, et le surplus être employé aux ouvrages publics commencés, et se réservant, en cas d’affaires pressantes comme la contagion ou la guerre, la disposition de la dite somme de 1.600 livres, sans que les dits religieux puissent prétendre aucune répétition de cette somme, et à la charge aussi que les Pères Carmes laisseront aux habitants, suivant la requête par eux présentée, la disposition de leur vieille salle une fois réparée, pour faire leurs assemblées pour la dispute [Note : Ce mot se comprend si on connaît le caractère des anciennes distributions de prix à Saint-Pol. Il n’y était pas question de pièces latines ou autres, jouées par les élèves, comme dans les collèges des Jésuites (Fierville, Histoire du Collège de Quimper, page 80) ; mais, dans un prélude bien en harmonie avec la mentalité des populations d’alors, si chicanières, si promptes à entamer querelles et procès de toutes natures, la cérémonie débutait par une « dispute » où des élèves, pour la circonstance promus avocats, défendaient respectivement une thèse. A un autre revenait de se prononcer, en qualité de juge, sur leur éloquence. Avocats, juges et harangues ont disparu depuis longtemps. N’empêche que de nos jours encore, pour désigner la représentation théâtrale, sorte de répétition générale à laquelle assiste librement la population de la ville, la veille du jour des prix, on emploie parfois le tenue, énigmatique désormais, de « Plaidoyer ». Sur une feuille imprimée en 1809. nous lisons : « La distribution des Prix se fera le 11 Août, à 4 heures après midi, à la suite d’un plaidoyer qui commencera à 2 heures ». Puis, pour une autre année (peut-être 1824), nous avons le sujet même du plaidoyer : « On suppose que Polycrate, en mourant, a laissé 4 tableaux de grands maîtres, mais de prix différents, A 4 de ses amis qui disputent sur la préférence à donner à l’un de ces 4 biens : les Talents, la Richesse. la Santé, un Ami … Ariste parle pour les Talents, Chrysogénis pour les Richesses, Eugiène pour la Santé, et Philandre pour l'Amitié ». Plaideront : Ariste, pour les Talents : Jean Pouliquen, de Carantec ; Chrysogénis, pour les Richesses : Sébastien-Marie Le Jannic, de Lesneven ; Eugiène, pour la Santé : Jean-Marie Floc'h, de Lannilis ; Philandre, pour l'Amitié : Adrien-Constant-Marie Le Moal, de Carhaix ; Juge : Jean-Paul Thomas, de Ploudaniel] et harangue du Collège, et pour y faire les assemblées de la communauté [Note : Ce projet ne fut pas mis à exécution, car après le Creisker ce fut l’auditoire de la Cour des Reguaires qui servit aux assemblées de la Communauté, en 1645], et que, pour cette fin, il se fera une porte qui s’ouvrira au dehors dudit couvent, dont le Procureur Syndic aura la clé. Et les dits Religieux feront homologuer dans leur chapitre particulier, et au premier chapitre provincial qui se tiendra de leur ordre, à peine d’être privés de la gratification qui leur est faite ; et les premiers deniers que les Pères Carmes recevront de la présente gratification seront employés à la réparation de la dite salle, sans pouvoir être détournés à autre réparation que la dite salle ne soit entièrement réparée ».

1er Octobre 1635. — Le Syndic devra acheter 500 livres de poudre à canon, et 1.000 livres de balles de plomb, et un millier de mèches, et établir un magasin pour la ville ; et parce que le Syndic a remontré n’être garni de deniers et fonds pour faire les dits achats, on est d’avis qu’il achète dans six semaines la moitié, sauf à augmenter le dit magasin, en cas de nécessité et si les habitants ont plus de fonds.

13 Novembre 1635. — On fera accommoder le pavé de la rue Cadiou à Pen-ar-Pont.

21 Mai 1636. — Dans l’assistance : Nobles et Vénérables messires Christophe Lesguen, grand archidiacre et chanoine de Léon, Yves du Poulpry, seigneur de Trébodennic, archidiacre de Quimilidili, et chanoine de Léon, députés du Chapitre de Léon...

« Lesquels ont donné à entendre que les sieurs du Chapitre ont avisé de prier le P. Pierre Joseph, religieux Récollet, de prêcher l’octave du Sacre, et prient les habitants de délibérer quels remerciements ils entendent lui faire pour avoir prêché les Avent et Carême derniers ».

En considération des grands mérites du P. Joseph et de ce que le couvent des Pères Récollets à Cuburien manque de réparations, on lui donne « pour ces réparations 120 livres sans pour cela obliger les habitants à l’avenir à payer le salaire des prédicateurs pour l'Avent et le Carême, comme n’y étant tenus ».

Lundi 28 Juillet 1636. La levée du sou par pot de vin vendu en détail en cette ville et autres lieux ayant été autorisée pour 9 ans par lettres de Sa Majesté, les habitants font mettre cette ferme en adjudication, s’il y a adjudicataire pour 4.500 livres par an, pour 3 ans, et non à moins comme il s’en est présenté offrant 4.380 livres ; sinon le Syndic fera les recettes.

25 Août 1636. — Le Syndic est chargé de faire monter le canon qui est en l’église cathédrale, de le faire désenclouer, dérouiller et de se pourvoir de poudre, balles et munitions.

24 Septembre 1636. — On accorde 400 livres au sieur de Kermabiban, pour les dépenses qu’il a faites depuis quelque temps comme capitaine de la ville, et sans tirer à conséquence pour l’avenir, attendu la pauvreté de la communauté. Et on demandera à Mgr. le comte de Boiséon, capitaine du ban, arrière-ban et garde-côtes de Léon, de pourvoir la ville d’un capitaine, gentilhomme du pays, qui les pourra décharger de toutes les dépenses, et que pour éviter des désordres dans le service du Roi, faute d’intelligence entre les capitaines qui commandent aux 7 paroisses du Minihy, il lui plaise établir un commandant en la ville qui ait commandement sur tous les autres capitaines des paroisses.

24 Septembre 1636. — Le Syndic remontre qu’on a en ville manque et nécessité d’un armurier pour accommoder et nettoyer les armes. Ayant eu avis qu’un nommé Hervé Pezron, armurier et trempeur, un des experts et bons ouvriers de son art, à présent en la paroisse de Guimiliau, est sur le point de se retirer en quelque ville, le Syndic lui aurait fait porter parole de venir demeurer en cette ville.

Les habitants sont d’avis qu’on le fasse venir, et qu’on lui fournisse un logis, aux meilleures conditions, sous 40 livres par an.

Dimanche 5 Octobre 1636. — Parmi les assistants : écuyer Yves Le Grand, sieur de Kérandraon, capitaine de la paroisse de Trégondern...

Le Syndic remontre qu’il est allé le mardi, dernier jour de Septembre, voir Mgr. le baron de Pontchâteau, de passage à Morlaix, pour lui communiquer le mémoire présenté par le sieur de Kermabihan qui se serait ingéré, après la mort du sieur de Kerenac'h, capitaine de la ville, à faire les fonctions de capitaine en icelle, sans avoir jamais montré ni enregistré aucune nomination ni mandat, dans lequel mémoire, il prétend lui être dû grandes sommes par lui avancées ; le Syndic aurait aussi supplié Mgr. de Pontchâteau de les pourvoir d’un chef et capitaine pour cette ville et de tout le Minihy, pour empêcher au préjudice que pourrait recevoir le service du Roy et du peuple, aux occasions qui se pourraient rencontrer, par le peu de créance que l’on a au dit sieur de Kermabihan, non originaire du royaume, et la mauvaise intelligence qu’il y a entre lui et les capitaines des autres paroisses du Minihy. Les habitants supplient ensuite Mgr. de Pontchâteau d’avoir pour agréable la nomination qu’ils font du seigneur de Kérangouez qui a ci-devant fait la même charge avec grande fidélité et affection au service du Roy, et au grand contentement et applaudissement de tout le peuple des sept paroisses du Minihy.

22 Octobre 1636. — Mais à cette date, on annonce la mort de messire Claude de Kergorlay, seigneur de Kérangouez, ci-devant capitaine et colonel de cette ville et Minihy, décédé depuis huit jours.

En raison des grandes obligations que lui a la communauté, et pour témoigner le ressentiment que l’on a des dites obligations, les habitants, unanimement, décident qu’on fera célébrer un anniversaire et service solennel en l’église cathédrale, et que l’on paye quelque personne pour faire l’oraison funèbre ; et pour aller trouver le seigneur du Cleuzou, héritier principal et noble du dit défunt, et le prier d’honorer la communauté d’assister au dit service, et prendre jour et commodité des sieurs du Chapitre, les habitants nomment une députation.

30 Octobre 1636. — On charge le Syndic de prier Mgr. le baron de Poutchâteau de leur donner le seigneur du Cleuzou pour capitaine colonel de la ville et Minihy, comme le fut le seigneur de Kérangouez, son oncle.

28 Décembre 1636. —  Les Pères Carmes ont fait assigner le Syndic pour le 29, en la Cour royale de Lesneven, pour leur payer 600 livres, représentant les trois quarts des 800 livres qu’ils disent leur être accordées par les habitants pour le bâtiment et la réfection de leur couvent, à prendre sur les recettes du sou par pot.

Le Syndic déclare que les Pères Carmes, n’ayant pas rempli les conditions et obligations qui leur étaient imposées par l’acte du 10 Septembre 1635, il n’a cru pouvoir ni devoir leur délivrer aucun denier, attendu en plus que les affaires pressantes survenues à la communauté ont obligé à de grandes dépenses.

Les habitants approuvent leur Syndic, et déclarant persister en leur bonne volonté et charité, ils décident que, sur le premier quartier de l'année-prochaine, ils payeront les 800 livres dues, plus le quartier qui alors échoira, à la charge que ces sommes seront employées à la réparation et réfection de la dite salle (Voir délibération du 10 Septembre 1635) et bâtiment au-dessus, suivant les dispositions prises par ceux que les habitants députeront à cet effet, sauf aux religieux à députer deux d’entre eux pour assister et contrôler les marchés des matériaux, et à la condition qu’on n’emploiera que des ouvriers demeurant en cette ville.

4 Janvier 1637.— On nomme comme procureur syndic et miseur, messire Jean. Sparfel, sieur du Val, avocat, et pour contrôleur, messire Vincent Le Bras.

2 Mars 1637. — Lés habitants ordonnent au sieur Yves Lazennec de payer les gages pour le temps de sa miserie, au sieur de Goazillou, avocat de la communauté, à raison de 32 livres par an.

On nomme Richard Daniel, sieur de Goulétanénez, et Jean Le Didier, administrateurs de l’hôpital, pour le temps de trois ans, qui commencera au 1er Avril prochain, à la place des administrateurs précédents [Note : Noble homme Bernard Dagorne, sieur de Kerguennec et Gabriel Guérec, nommés en Octobre 1628] qui sont depuis dix ans en charge.

Aussi a été remontré par le Syndic, qu’il y a près de trente ans que messire Guillaume Léost, prêtre, est abbé de la confrérie des Trépassés desservie ès églises de cette ville, laquelle est grandement plainte par le peuple, par le mauvais ordre et manquement apporté au fait de desservir la dite confrérie, et de faire célébrer les services et messes qui se doivent dire et célébrer tous les jours en la dite confrérie, quoiqu’il fasse la recette et perception de tous les héritages et rentes légués en la confrérie pour la dotation des services ; joint aussi qu’avant l’institution du dit Léost en la dite charge, on avait accoutumé de changer souvent d’abbé de la confrérie.

Les habitants nomment pour abbé, missire François Tréguier, prêtre et chanoine de Léon, pour trois ans, et pour conseillers les sieurs Christophe de Lesguen, grand vicaire, archidiacre de Léon, et Yves du Poulpry, sieur de Trébodennic, archidiacre de Quimilidy, et messire Rolland Poulpiquet, seigneur de Feunteunsper, prêtre et chanoine de Léon, et écuyer Crispien Coetanlem, sieur de Goazillou, et messire Gabriel Guérec ; et en considération du grand âge et cours fait par le dit Léost, à la dite confrérie, il demeurera entre les suppôts d’icelle. et aura double distribution, parce qu’il rendra fidèlement les garants et authentiques, qu’il peut avoir touchant la dite confrérie.

13 Mars 1637. — On fera travailler au pavé du chemin qui mène à Pempoul, ledit pavé devant être d’une largeur de 18 pieds, et d’autant qu’on aura besoin de prendre quelques parties des terres des sieur et dame du Plessis Coetjunval, les habitants députent le sieur Sénéchal et leur Syndic pour traiter avec le sieur du Plessis.

18 Mars 1637. — On reçoit avis que le sieur Charles du Cambout, baron de Pontchâteau, a, par lettre du 15 de ce mois, donné commission à messire René de Kergorlay, sieur du Cleuzou, de prendre le commandement de la ville et des 7 paroisses du Minihy.

On charge le Syndic d’acheter au sieur de Malabry, qui a des mousquets à vendre et de la poudre, 30 mousquets avec leurs bandoulières et mèches et plomb nécessaires, avec 100 livres de poudre fine.

6 Avril 1637. — Le cahier portant rapport des fondations et autres garants de la confrérie des Trépassés, étant entre les mains de noble et vénérable personne messire Jean de Kerlech, prêtre, trésorier et chanoine de Léon, les habitants ayant aussi nommé le dit sieur trésorier pour l’un des conseillers d’église de la dite confrérie, décident que, du cahier où sont rapportées les fondations de la confrérie, on fera deux copies, ainsi que de l’original de la fondation de la dite confrérie, qui est en la possession de vénérable personne missire François Floch, et sera une des copies déposée aux archives du Chapitre, et l’autre aux archives de la maison commune.

25 Mai 1637. —  Sur la remontrance faite par le sieur du Cleuzou, les habitants décident l’achat de 400 livres de poudre, 500 livres de plomb, 800 mèches, 30 corselets et 30 autres piques, des premiers deniers que le Syndic aura en mains, sans considération de ce que l’on a promis aux Pères Carmes et Minimes, attendu l’urgente nécessité, et qu’il est question du service du Roy ; et du lieu où sera placé le magasin, il sera fait deux clés de diverses serrures, l’une pour demeurer au sieur du Cleuzou, ou au seigneur de Coatmeret, son lieutenant en ce Minihy, l’autre au Syndic.

Le seigneur du Cleuzou demande aussi, de la part de Mgr. le baron de Pontchâteau, combien il y a d’hommes portant armes dans les sept paroisses du Minihy, et combien de mousquetaires à cheval.

Pour s’assurer de ce nombre, on supplie très humblement le seigneur du Cleuzou de consulter les capitaines et caporaux de la ville et des paroisses.

Le Syndic représente que la Chambre des Comptes a validé la quittance que les Pères Carmes ont donnée pour la somme de 800 livres qu’ils se sont fait payer par Guil­laume Calvez, fermier de l’impôt du sou par pot.

19 Juin 1637. — On charge le Syndic d’aller à Landerneau s’entendre avec le sieur de Coetjunval, pour quelque partie de terrain nécessaire pour la continuation du pavé, dans le chemin menant de Saint-Paul à Pempoul en l’endroit donnant sur la terre dépendante du lieu et manoir de Kersaouté, appartenant à Mme du Plessis, sa compagne, afin que le pavé qu’on y prétend faire continuer soit de telle largeur que deux charrettes puissent y passer ensemble.

La dite dame lui aurait fait répondre qu’elle n’entendait pas, pour quelque prix que ce soit, donner aucune partie de la terre, ni couper ses arbres, à cause du grand préjudice qu’elle recevait, qu’elle eût plutôt mieux aimé perdre le fonds du dit lieu de Kersaouté.

Sur ce, les habitants décident de faire le pavé dans l’ancien chemin et de la largeur d’icelui.

27 Juin 1637. — On fait observer qu’il est nécessaire de travailler promptement à ce chemin, qui, l’hiver survenant, serait incontinent inaccessible. Résolution est prise d’y travailler rapidement, depuis la croix proche de la fontaine, jusqu’au coin commençant la terre du dit sieur du Plessis, le dit pavé devant être de la largeur de 15 pieds, et en sorte que le ruisseau soit au milieu, et que les pentes du pavé soient le moins inclinées que l’on pourra pour la commodité des charrettes.

On nomme ensuite une députation pour contrôler l’emploi des 1.600 livres octroyées aux Pères Carmes et Minimes suivant l’arrêt de la Chambre des Comptes de ce pays.

1er Août 1637. — Mgr. de Houssaye, pour le seigneur de Pontchâteau, avise les habitants qu’ils auront à fournir pour la subsistance de 10 Espagnols prisonniers de guerre, à Brest, et un serviteur, à raison de 8 sous par jour pour chacun des Espagnols et 4 sous pour leur serviteur, pour le temps de trois mois. (Ces Espagnols faisaient partie de l’équipage d’un navire dunkerquois pris l’hiver précédent en la côte de Léon, et qui furent d’abord gardés à Saint-Renan).

4 Août 1637. — Les habitants chargent leur Syndic d’aller trouver le sieur de Cambout, commandant maintenant la ville et château de Brest, pour son oncle le baron de Pontchâteau, absent, afin de le prier de les décharger de la subsistance des Espagnols, ou du moins d’abréger le temps dès trois mois fixés, et de faire commander aux habitants du bourg de Roscoff de contribuer pour une moitié ou tiers comme faisant partie de la dite Communauté.

8 Août 1637.— Le sieur de Cambout a répondu au Syndic qu’il serait le 16 ou le 17 de ce mois au manoir de Kérom, et que là, en présence du procureur de Roscoff, il aviserait comment arranger l’affaire.

9 Septembre 1637. — On aura à fournir à la subsistance des Espagnols, comme les autres communautés de cet évêché, pour deux mois, à raison des deux tiers pour Saint Paul, et d’un tiers pour Roscoff, et le Syndic fera payer les sommes nécessaires de huit jours en huit jours.

4 Janvier 1638. — Le Syndic remontre avoir appris que, le dimanche 27 Décembre dernier, messire François Crodon, général, aurait banni aux endroits publics de cette ville, à instance de la dame marquise de Neufbourg, propriétaire à présent des seigneuries de Penzé et Daoudour, les marchés à faire au dit Penzé, à chaque jour de jeudi, à commencer jeudi prochain, et les foires, la première le mardi de Pâques, la deuxième le jour de Messieurs Saint Pierre et Saint Paul, la troisième le jour des Innocents, conformément à l’arrêt qu’elle aurait obtenu ce touchant du Conseil privé de Sa Majesté, et suivant la permission émanée en conséquence de MM. les juges royaux de Lesneven ; lesquels établissements sont préjudiciables aux marchés et foires de cette ville.

Les habitants unanimement donnent charge à leur Syndic de s’y opposer tant en la Cour du Parlement, qu’en la juridiction royale de Lesneven, et partout ailleurs au besoin.

26 Février 1638. — Le Syndic remontre que la contagion a fait mourir quantité d’habitants à Morlaix [Note : C’est pendant cette épidémie de 1638 que le P. Bernard se fit remarquer par son dévouement, à Quimper (Fierville, Histoire du Collège de Quimper, p. 22).

On charge le Syndic d’aller à Morlaix s’assurer si la ville est infectée. En attendant, on fera sortir les vagabonds de la ville, enfermer les pourceaux et chiens qui vaquent par la ville, tenir nette et faire accommoder la fontaine de Prat-Cuic et l’abreuvoir.

28 Février 1638. — Le Syndic de retour de Morlaix, où il s’est rendu hier, rapporte qu’il y a sept à huit maisons pestiférées et suspectes, et que les députés de la communauté de Morlaix ont pris les mesures nécessaires pour l’entretien et l’aliment des personnes suspectes et malades.

Les habitants décident d’interdire les communications entre Morlaix et Saint-Paul et chargent leur Syndic de mettre des personnes aux avenues de la ville, pour empêcher les habitants de Morlaix, et défense est faite aux hôteliers, taverniers et autres habitants de Saint-Paul de recevoir les habitants de Morlaix, à peine de 60 livres d’amende par contravention, et contre chacun des habitants de cette ville qui irait à Morlaix, le tout pendant trois semaines.

17 Avril 1638. — 11 est enjoint au Syndic de faire faire promptement une presse et armoire en bois de chêne en assemblage et de bonnes charnières, avec garnitures de fer pour servir d’archives et conserver les garants et titres de la Communauté, étant à présent dispersés en diverses mains.

Puis, la contagion étant aux villes voisines, on enjoint au Syndic de faire nettoyer la maison de santé, et de faire perquisition de bois de lits, couchettes et paillasses qui y étaient, et de faire faire des portes sur la barrière et escalier, avec de bonnes charnières, comme aussi de continuer le pavé conduisant à la maison de santé.

Après quoi, on prend vis-à-vis de Landerneau, les mêmes mesures de précautions que ci-dessus (28 Février) pour Morlaix, et l’entrée sera interdite pour quinze jours aux habitants de cette ville qui seraient allés à Morlaix ou à Landerneau, et le Syndic fera placer cinq ou six personnes sur les avenues.

De la part de noble homme Richard Daniel, sieur de Goulétanénez, et honorable homme Jean Le Didier, procureurs et administrateurs de l’hôpital, est remontré avoir par contrat du 8 de ce mois, sous le bon plaisir de MM. du Chapitre, et des habitants, accordé échange avec noble homme Crispien Coetanlem, et sa compagne, Perrine Le Jeune, sieur et dame de Goazillou, d’une maisonnette appartenant à l’hôpital sur la rue de Croix-au-Lin, avec jardin et appartenances, moyennant 30 livres.

20 Avril 1638. — Le Syndic remontre que le sieur gouverneur de la chapelle de Notre-Dame de Creisquer aurait fait signifier à Messire Yves Kerdélan, prêtre, ci-devant sacriste de la dite chapelle, à rendre quelques actes concernant les biens de la dite chapelle, desquels le dit sieur Kerdélan est saisi depuis le temps qu’il estait en charge ; lequel Kerdélan répondant ce jour ce touchant, aurait déclaré ne vouloir délivrer les dits actes au dit sieur gouverneur, sans le consentement des habitants.

Les habitants nomment le sieur Procureur fiscal pour assister à la délivrance des dits actes, en cas qu’ils s’en trouvent avoir quelque intérêt d’iceux, les faire déposer entre les mains d’un notaire pour en faire donner registration, en faire délivrer copie au dit gouverneur et au Syndic et le surplus être délivré au Sieur Gouverneur.

29 Mai 1638. — Le Syndic remontre avoir été averti le jour d’hier, par Vénérable Messire Guillaume Bocou [Note : Guillaume Bocou fut recteur de Pleyber-Christ de 1639 a 1644, fit bâtir une chapelle de Saint-Donat et élever le calvaire de Kervern], prêtre, chanoine de Léon, et procureur de MM. du Chapitre que les Sieurs du Chapitre ayant eu avis que quelques autres Sieurs du Chapitre de quelques villes de cette province, auraient chanté le Te Deum et fait feu de joie, pour l'asservance de la grossesse de la Reine, les dits Sieurs du Chapitre auraient délibéré de faire aussi chanter le Te Deum processionnellement dimanche prochain, et qu’ils avertissent les habitants de l’ordre qu’il faut apporter pour le dit feu de joie.

Messire Louis de Kersauson, seigneur de Coetmeret, lieutenant du seigneur du Cleuzou, commandant des sept paroisses de ce Minihy, déclare n’avoir reçu aucune assurance qu’il se serait fait aucun feu de joie, en aucune ville de cette province, et n’avoir aucun ordre ce touchant ; néanmoins, il commande aux habitants de tenir leurs armes prêtes afin de pouvoir assister au feu de joie processionnellement, au cas qu’on en reçoive l’ordre.

9 Août 1638.— Le Syndic remontre que malgré toutes les défenses de recevoir en cette ville des habitants des villes contaminées de Morlaix et de Landerneau, nombre d’habitants de ces lieux sont maintenant réfugiés ici.

Les habitants avisent que en l’absence des Sieurs du Cleuzou et de Coetmeret, les caporaux de la ville avec deux de chaque escouade, assisteront le Syndic pour tenir la main forte pour l’observation des défenses, faire sortir de la ville ceux qui y sont entrés malgré les défenses, ainsi que les gueux et vagabonds, et donnent charge au Syndic de poursuivre les habitants qui auraient reçu des personnes de Morlaix et de Landerneau.

29 Août 1638. — Les gens de métier, servantes et autres personnes de peu de condition, étant accoutumés d’aller au pardon de Monsieur Saint Fiacre, à Morlaix, où règne maintenant la contagion, seront avertis que s’ils y vont, ils seront repoussés de rentrer pour tel temps qu’on avisera.

17 Septembre 1638. — Pour remercier Dieu de la naissance du Dauphin et manifester leur allégresse, les habitants chargent leur Syndic de faire faire pour dimanche prochain, à 2 heures de l’après-midi, au grand cloître de cette ville, une pyramide de barriques et autres bois, avec une pièce d’artifice, et autres magnificences possibles, pour être le feu de joie y mis.

10 Novembre 1638. — On députe aux Etats de la Province à Nantes, écuyer Claude de Kéret, sieur de Kérault, procureur fiscal de cette Cour de Saint Paul, et écuyer Nicolas Kérozuen, sieur de (?), auxquels on accorde 8 livres par jour pour leurs frais de voyage.

Dimanche 2 Janvier 1639. — Il y a en ce jour plus grande assistance que de coutume, semble-t-il, et pour ce qui est du clergé, nous relevons la présence de noble et vénérable personne Christophe de Lesguen, grand archidiacre et chanoine de Léon, Messires Mathurin Chouin, chanoine de Léon, Mathieu Simon, vicaire de Toussaint, Yves Corbé, vicaire de N.-D., Mathurin Pichart, vicaire du Crucifix des Champs. Le contenu de la délibération nous indique la raison de cette affluence : Il va être question d’un nouveau mode d’élection du syndic et du contrôleur [Note : Cette élection du Syndic donnera désormais lieu à bien des tâtonnements et à des modifications incessantes. Ce n’est pas à dire qu’il n’y eût en cette occasion que de l’arbitraire, et bien absolu, inexact même, nous paraît le jugement porté par M. Césaire Le Grand (discours à la distribution, des prix du Collège de Saint-Pol de Léon, 29 Juillet 1889) : « Jusqu’en Mai 1782, il n’y eut aucun règlement concernant l’administration municipale de Saint-Pol : les assemblées étaient composées d’un chiffre indéterminé de délibérants ». Nous verrons le contraire dès le 5 Juin 1648. Nous ignorons aussi pourquoi M. Le Grand prétend qu’à Saint-Pol la Communauté administrait les paroisses (ibid.). L’innovation dans le mode d’élection du Syndic et du Contrôleur semble avoir été très peu du goût des habitants, car la délibération n’est signée que du sénéchal et du greffier (Archives départementales d'Ile et Vilaine, Série C. 1)].

L’innovation consiste à présenter au choix de l’assemblée, trois candidats entre lesquels les habitants auront à élire leur futur Syndic.

Des trois candidats présentés aux suffrages, Allain Le Milbeau, Guillaume Calvez et Jean Le Didier, la faveur des habitants se porte par la maire voix sur le dit Didier.

De même, entre Guillaume Caroff, Yves Guérec et François Hérault, on choisit Guillaume Caroff comme contrôleur, pour le temps de deux ans.

26 Mai 1639. —  Le Syndic remontre être appelé au procès à présent pendant en la Cour de Saint-Paul, entre messire de Lamothe, demandeur, se disant fermier, sous la seigneurie de Kerman, en ce minihy de Saint-Paul, des poids et balances, et droit de mesurage du sel et charbon qui se déchargent en ce ressort, d’une part, et honorable marchand sieur Guillaume Paradis, défendeur, à instance du dit Paradis, pour opposer les nouvelles impositions et exactions que le dit de Lamothe lève et prétend lever sur les sujets du Roi et du Seigneur de cette Cour, par espécial d’un nouveau dû d’un sou par portion de sel qui se débite dans l’étendue de cette jurisdiction.

Les habitants déclarent s’opposer à la perception de ce nouvel impôt.

On charge ensuite le Syndic de faire rebâtir l’encoignure du puits étant à Toulderien et à la rue Batz, et de faire un ornement décent et honnête pour la célébration des messes et services qui se font en la chapelle de Mr. Saint Roch.

14 Août 1639. —  Le Syndic remontre avoir eu avis que certaines compagnies se disant Bohémiens et en grand nombre, sont proches de cette ville, et avoir dessein d’y venir et que partout où ils ont passé, ils ont fait et commis plusieurs larcins et voleries.

Les habitants demandent qu’on supplie le Sr. du Cleuzou d'interposer son autorité pour empêcher les Bohémiens de passer par la ville et par les ports de Roscoff et Pempoul.

19 Décembre 1639. —  Les habitants décident, à l’unanimité, pour témoigner en quelque chose leur ressentiment de l’honneur que leur a fait Monseigneur du Cleuzou de prendre le commandement de cette ville et du Minihy, et du soin qu’il lui plaît de prendre journellement de leur conservation, que leur Syndic fasse faire de la vaisselle d’argent, jusqu’à la somme de 1.000 livres, pour lui en faire présent.

8 Mars 1640. — A la place de Jean Didier, sieur de Feunteunmeur, syndic, et de noble homme Richard Daniel, on nomme pour trois ans, procureurs et gouverneurs de l’hôpital, écuyer Olivier de Fontenay, sieur de Kerbrat, et sieur Alain Le Milbeau.

Vénérable et discret messire François Tréguier, abbé de la confrérie des Trépassés, remontre que le temps de sa charge expire au mois d'Avril prochain ; mais comme la plupart des rentes de la dite confrérie ne se touchent qu’au terme de la Saint-Michel, il remontre qu’ayant fait le service jusqu’à présent, et qu’ayant fait le paiement des prêtres, il serait raisonnable pour son remboursement d’être continué jusqu’à la Saint-Michel, disant faire le service jusque là. — Ce qui est accordé.

5 Avril 1640. — Le sieur Olivier de Fontenay s’excusant de ne point accepter la charge d’administrateur de l’hôpital, les habitants, pour ne pas entrer en procès et égard à la nécessité qu’ont les pauvres d’être soignés, nomment en sa place, honorable homme Jacques Le Mesmeur, avec le sieur Alain Le Milbeau.

27 Avril 1640. — Le Syndic annonce qu’il a eu avis de l’entrée prochaine de Monseigneur de Léon en sa ville épiscopale [Note : Il s’agit de Mgr. Cupif, sacré le 25 Mars précédent, par Victor de Bouthilier, un des prélats qui avaient prononcé la sentence privant Mgr. de Rieux de son siège. Le sacre eut lieu à Paris, dans l’église de l’abbaye de Saint-Germain des Prés. (Tresvaux, Eglise de Bretagne, p. 208). — La prise de possession de l’église de Saint-Pol eut lieu le 23 Avril. Mgr. Cupif fut ensuite nommé à Dol par brevet du 24 Novembre 1648.

Sur le caractère de ce prélat, on lira bien des particularités intéressantes, dans l'Histoire civile et politique de Dol, par M. l’abbé Duine, aumônier du lycée de Rennes. — Acharné plaideur, sujet aux vapeurs, d’une violence peu ordinaire dans les paroles et les procédés (n’alla-t-il pas jusqu’à menacer d’excommunication des enfants de chœur de sept ans coupables de s’être gaussés d’un de ses amis §), Mgr Cupif, d’ailleurs prélat pieux et zélé, se trouva tant en guerre avec son Chapitre de Dol, que sa mort subite, le 21 Septembre 1659, fut accueillie par les chanoines comme un soulagement. Néanmoins, « Par un pur et sincère mouvement de charité, le Chapitre célébra un service solennel pour le repos de l’âme tumultueuse de Robert Cupif »].

7 Mai 1640. — L’on remontre que la maladie contagieuse a pris en la maison de la défunte demoiselle du Rody, qui en serait morte, et un sien fils ; et sa fille encore malade ; durant laquelle maladie nombre de personnes l’auraient visitée, et qu’il y a en la dite maison de dix à onze personnes.

Le Syndic est chargé de faire cadenasser la maison, avec défense aux personnes qui y sont d’en sortir, et de subvenir à leur nourriture et entretien pour un certain temps, et de faire promptement travailler à la maison de santé, etc..., sauf à répéter les dépenses pour la nourriture, au cas que les dites personnes suspectes auraient du bien. Et pour l’ordre de fournir à la dite nourriture, les habitants ont prié les sieurs du Val, pour la première semaine, Le Dinéric pour la deuxième, du Closroux pour la troisième, du Four pour la quatrième, à commencer le sieur du Val à lundi prochain.

7 Juin 1640. — A l’unanimité, les habitants sont d’avis qu’on fasse un feu de joie, dimanche prochain, jour où le Te Deum sera chanté par MM. du Chapitre, pour l’heureux succès de notre armée devant la ville de Casal.

11 Juin 1640. — Le Syndic remontre que la maladie contagieuse a pris en la demeure du seigneur de Kersauzon, comme aussi en la demeure de la dame douairière du Vieux-Châtel (Guillemette de Kersauzon) ; il dit avoir fait procéder à la visite par médecins, apothicaires et chirurgiens ; et les nommés Allain et Noël, serviteurs du seigneur de Kersauzon, étant dans la maison où a demeuré le sieur de (?) malade de peste, et la servante de la dite dame du Vieux-Châtel, avoir eu de grands intersignes.

Les habitants sont d’avis que les dits Allain et Noël soient envoyés à la maison de santé, et les maisons des sieurs de Kersauzon et dame du Vieux-Châtel, cadenassées jusqu’à ce que autrement soit avisé pour les autres serviteurs, et supplient le seigneur de Kersauzon de fournir à leur nourriture et entretien, ce qu’il refuse de faire.

29 Juillet 1640. — La maladie contagieuse augmente de jour à autre, et continuant aussi à Morlaix [Note : Voici ce que, dans son Histoire de Morlaix, page 405, écrit Daumesnil, peu suspect de tendresse pour les ordres religieux : « La peste s’étant renouvelée en 1640, et dans les années suivantes, les Récollets se signalèrent encore (comme en 1626) dans le soin des malades. On se souvient surtout du zèle intrépide du P. Boniface Boubennec, qui resta constamment au milieu des pestiférés de la Ville Neuve, tant que dura la maladie ». On jugera, du reste, du dévouement des religieux par ce fait que « la ville dépensa environ 1.500 livres pour le traitement de ceux d’entre eux qui furent, par suite de leur zèle, atteints eux-mêmes de la contagion ». Citons encore, à cette occasion, le nom de Fr. Louis Polart, le saint religieux capucin, mort en 1631, en soignant les pestiférés qu’il visitait en compagnie du P. Joseph. — (Un Capucin breton au XVIIème siècle, le P. Joseph de Morlaix, page 25)], les habitants décident que les caporaux des trois paroisses, avec trois ou quatre qu’ils choisiront, feront la visite des maisons ; et chargent le Syndic de mettre des personnes sur les avenues, pour empêcher les habitants de Morlaix de venir en cette ville pour la foire de la Madeleine qui commence demain, et de prier vénérable personne, missire Vincent Mahé, de vouloir bien se rendre à la maison de santé, pour assister les malades, et de s’accorder avec lui pour ses gages par l’avis du sieur du Closroux, et Jacques Le Mesmeur, et aussi pour s’accorder avec 0llivier Stéphan, qui a le soin de porter à vivre aux malades.

Et sur ce que le Syndic remontre que les habitants de la paroisse de Saint-Martin de la ville de Morlaix, exempts de maladie, ont fait voeu de venir en procession à l’église et couvent de Monsieur Saint François de Paule, moyennant le consentement des habitants, les habitants ont unanimement consenti que les dits paroissiens exécutent leur bon dessein, et y viennent en procession, pourvu qu’ils ne permettent à aucune personne suspecte de venir en leur compagnie.

Puis on nomme messire François Héraud, apothicaire, pour fournir les potions, médicaments et emplâtres nécessaires pour le soulagement des malades et personnes suspectes, à qui on paiera les dépenses, à charge pour lui d’indiquer au Contrôleur, la quantité de potions, médicaments, et emplâtres délivrés, et les noms de ceux auxquels il les aura fournis.

4 Septembre 1640. — Sur ce que le Syndic a remontré que de tout temps immémorial [Note : De temps immémorial, c’est beaucoup dire ; vu que nous rencontrons la première délibération officielle des habitants pour l’établissement d’un collège au 24 Avril 1622 ; tout au plus faut-il remonter jusqu’au 25 Septembre 1580 pour retrouver la création d’une prébende scolastique. Cette chapelle de Prat Cuiq était, dit le scolastique Picart (Projet d’une histoire du Collège de Léon, 1763), revendiquée par des particuliers qui n’entendaient pas qu’elle servit désormais de classe. L’école continua cependant de s’y faire jusqu’au 6 Mai 1681. A cette date de 1640, nous trouvons comme scolastique de Léon, missire L'Amynot, confesseur de Marie-Amice Picart. (Vie de cette dernière, par le Vénérable Père Julien Maunoir)], les habitants de cette ville sont en possession de tenir la classe et collège pour instruction de la jeunesse, en la chapelle de N.-D. de Prat Cuiq, et avoir été averti par le sieur scolastique que, depuis les huit jours ou environ, certains particuliers auraient de leur autorité propre, rompu, cassé et brisé (sic), et emporté les bancs servant aux écoliers en la dite chapelle, et icelle fermée à clef et cloutée, et par ce moyen empêcher les études des écoliers, n’ayant autre lieu pour tenir classe.

Les habitants chargent leur Syndic de conférer avec le sieur Guillaume Bocou, chanoine de Léon, et procureur de MM. du Chapitre, pour informer des dites nouveautés et voies de fait, par avis du Conseil, pour être maintenus en la possession de leur droit et empêcher les dites nouveautés.

18 Octobre 1640. — Le seigneur de Kerguilliau (messire René du Louët), chantre et vicaire général de Léon [Note : Bientôt nommé évêque de Quimper. Fut choisi par Mgr. Cupif comme vicaire général de Léon, à la place de messire Jean Guillerm, recteur de Guimiliau, le jour même du Jeudi-Saint, où ce dernier refusait la communion à Marie-Amice Picart, à l’occasion de la Pâque], a reçu une lettre de la part de Mgr. l'Evêque de Léon, et signée : « Votre très humble et très obéissant Cupif, évêque de Léon », par laquelle il mande qu’il se rendra en cette ville, vendredi ou samedi prochain.

Les habitants sont d’avis qu’on fasse dimanche prochain, après le Te Deum, et à l’issue des vêpres, le feu de joie accoutumé d’être fait à la naissance des enfants de France, et qu’on en donne promptement avis au sieur du Cleuzou, pour en recevoir les ordres et commandements pour que les habitants soient sous les armes pour assister à cette action.

13 Janvier 1641. — Assiste à la séance, Mgr. l'Illustrissime et Révérendissime Evêque de Léon, entouré de personnalités de son clergé.

Hervé Le Milbeau est nommé abbé de la confrérie des Trépassés, en remplacement de François Tréguier, chanoine de Léon, avec pour conseillers ecclésiastiques, messire Rolland de Poulpiquet, sieur de Feunteunsper, archidiacre d'Acre, et chanoine de Léon, et vénérable messire Guillaume Bocou, chanoine (procureur du Chapitre).

Après que le Syndic a nommé trois des habitants, pour l’un avoir la charge de procureur-syndic, pour le temps de deux ans, et trois autres pour la charge de contrôleur, les habitants élisent noble homme Claude Le Jeune, sieur de Kéruzec, pour syndic, et Jean Prigent pour contrôleur [Note : Il semble que le syndic sortant, en faisant ainsi choix à lui seul des trois candidats susceptibles de le remplacer, ait contrevenu aux anciens usages (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, série C)].

3 Février 1641. — Le sieur Le Jeune présente ses moyens d’excuse pour ne pas accepter la charge de syndic : il l’a déjà exercée, et maintenant il approche de 66 ans. — Ses excuses sont acceptées.

6 Février 1641. — A la majorité des voix, noble homme Richard Daniel, sieur de Gouélétanénez, est élu syndic.

11 Mars 1641. — Les deux Pères Pierre-Joseph et Pierre-Alain Le Du, religieux récollets du couvent de Cuburien, qui ont prêché les Avent et Carême derniers, n’ayant pas encore reçu la somme de six vingt livres qu’on leur avait accordée, supplient les habitants de commander à leur Syndic de leur payer promptement la dite somme, eu égard à leur grande pauvreté et nécessité.

19 Avril 1641. — Le R. P. Prieur du couvent des Carmes [Note : Le R. P. Hyacinthe de Saint-Laurent. — Le couvent devait alors compter près de 45 Religieux. Leur nombre s’était notablement augmenté depuis qu’en 1635 les Supérieurs avaient établi à Saint-Paul les études de philosophie et de théologie (sans doute pour toute leur province de Touraine) (Archives Départementales, H. 224)] « a représenté le ressentiment qu’il a, avec tous ses religieux, des bienfaits et libéralités des habitants, non seulement pour avoir réparé leur couvent, mais comme l’avoir rebâti tout de neuf, et rendu le bâtiment plus parfait qu’il n’avait jamais été, ce qui les a obligés d’envoyer tous les jours leurs prières à Dieu, pour la prospérité générale et particulière des habitants, et que, pour rendre un témoignage public et manifeste de leur ressentiment, il a présenté les thèses que les Religieux de son Ordre de la Province de Touraine ont dédiées au corps et Communauté de la dite et qui seront soutenues et disputées en l’assemblée de leur Chapitre provincial, en leur couvent de cette ville, le 1er jour de Mai prochain » [Note : On ne peut, en lisant la communication ci-dessus, réprimer un sourire, lorsqu’on sait par ailleurs combien difficiles étaient le plus souvent les rapports des Religieux avec la Communauté de ville. En voici un aperçu. Nous lisons (Archives Départementales, H. 223 et suivants) qu’en 1617, les habitants « reconnaissant que les Religieux emploient très bien le peu d’aumônes et charités qui leur sont faites », accèdent à une requête du R. P. Prieur, Pierre Maillard, et décident qu’il sera levé 6 deniers par pot de vin, pendant 9 ans, pour la réfection de « ce tant spacieux et tant magnifique couvent, un des plus antiques de la province, enrichi d’un des plus beaux temples qui soient en cette province, et de très amples cloîtres tant industrieusement élabourés, etc., et qu’on juge avoir été ainsi bâti pour l’ornement et embellissement de cette ville et cité ». Mais dès 1620, la Communauté essaie de reprendre ce qu’elle avait accordé. Grevée de dettes, particulièrement depuis un grand service pour le défunt Henri Le Grand, auquel assistèrent de Sourdéac, lieutenant de Sa Majesté en ce pays, et, par son ordre, les princes gentilshommes des trois Evêchés, la Ville avait en outre à subvenir, aux frais d’un procès contre les habitants de Roscoff qui, bien que Mgr. de Neuville eût déjà désavoué leurs prétentions, entendaient établir chez eux des foires et marchés ; il fallait encore prélever sur les revenus publics, 400 livres par an, pour l’établissement projeté d’un collège de Jésuites. Pour comble de malheur, vers cette époque, les taverniers ne lèvent plus que 3 deniers, au lieu de 6 par pot, parce que, d’après l’usance et la coutume, on ne lève qu’un demi-devoir sur les vins de la province. Or, c’est désormais du vin nantais qui se débite, les Rochelois occupant la rivière de Bordeaux. Aux prises avec toutes ces difficultés, la Ville décide de garder 400 livres du produit des impôts. Les Carmes n’osent d’abord se plaindre, ne se jugeant pas en état de revendiquer les libéralités promises. Mais dès Avril 1625, ils font assigner le syndic Guy Le Borgne en paiement des deniers à eux dus. Même sommation au syndic Claude du Tertre, en 1626, à moins pourtant ce à quoi ils consentent — qu’on n’emploie une partie du montant de leur créance à secourir les pauvres malades de la contagion. Semblables plaintes et réclamations en 1628. En 1635, les Religieux s’adressent de rechef aux habitants pour obtenir d’autres ressources, en vue de réparer « le corps de logis où se trouve la vieille salle en laquelle la juridiction royale de Lesneven a autrefois tenu », et qu’ils offrent aux habitants pour leurs assemblées et aussi pour les disputes et harangues et déclamations publiques des écoliers du collège, lorsqu’ils viendront aux deux fêtes de saint Paul, patron du diocèse, avec le Scolastique et ses (six dit le brouillon d’une pièce) régents et professeurs. A cet effet, les habitants accordent 800 livres par an, lesquelles furent bien irrégulièrement payées aux Carmes, puisque ceux-ci, au 29 Décembre 1636, introduisent une nouvelle action contre le syndic, Yves Lazennet. De même, le 1er Janvier 1641, contre un précédent miseur, Jean Le Déduyer. Dès lors, ce n’est plus que procès à jet continu, et chicane à l’état chronique, où, tantôt victorieux, tantôt condamnés, Carmes et habitants, armés de leurs droits et titres, exhalent leurs plaintes et produisent leurs griefs ; les Carmes disant qu’ils prient tous les jours pour les habitants, qu’ils n’épargnent rien pour assister le public, les malades et la maladie et la mort de toutes sortes, et les pauvres qui mendient tous les jours, prêchant souvent en la cathédrale et dans leur église, tenant toujours des Religieux en état de faire entendre la messe jusqu’à midi ; — les habitants répondant, qu’au début, le devis des réparations n’était que de 19.000 livres, moyennant quoi ils en ont déjà, en 1637,donné, au moins, 36.000 ; qu’ils sont plus nécessiteux que les Carmes, que la ruine du couvent incombe aux Religieux eux-mêmes, à cause de leur propre incurie et négligence. (Ce qui paraîtrait justifier un peu ce réquisitoire, c’est qu’en 1644, les Carmes offrent encore aux habitants, comme en 1635 et presque dans les mêmes termes, leur vieille salle, lorsque, disent-ils, elle sera rebâtie ! ). A qui entendre dans ces conditions ?. Bien difficile, à distance, de le savoir !. Il ne paraît même pas que la chose ait été aisée pour les juges de l’époque ! Quoi qu’il en soit, en Avril 1641, tout est à l’harmonie].

Le P. Prieur s’étant retiré, on nomme une députation pour aller remercier les dits Pères Carmes de l’honneur qu’ils font à la Communauté, et on remet à la première assemblée d’aviser d’un plus particulier témoignage.

26 Avril 1641. — On donne aux RR. PP. Carmes 200 livres pour les aider dans les dépenses qu’ils devront faire lors de leur Chapitre provincial [Note : Ce Chapitre, qui primitivement devait se tenir en 1638, le 4ème dimanche d’après Pâques, fut, nous ne savons pour quels motifs, retardé jusqu’en 1641 (Archives Départementales, H. 224)].

28 Août 1641. — Mgr. l’illustrissime et Révérendissime Evêque Comte de Léon, et MM. du Chapitre ont assigné à dimanche prochain, à l’issue de la grand'messe, l’office et obit solennel de l’âme de haut et puissant seigneur, messire du Cambout, marquis de Coislin, en son vivant colonel général des Suisses, gouverneur de Brest et lieutenant du Roi en Basse-Bretagne, décédé au camp, devant Ayre, et que pour témoigner le ressentiment qu’ils ont de celle mort, il est nécessaire que les habitants concourent à cette pompe funèbre.

Les habitants déclarent être unanimement d’avis qu’on assiste à ce grand service, et qu’on fasse le nombre d’écus­sons nécessaires.

26 Janvier 1642. — On fait observer que, malgré les décisions de 1633, les réparations ne sont point faites au Creisker, si bien que l’église menace une proche ruine, même qu’on ne peut y assister aux services et messes qu’avec grandes incommodités et dangers pour la vie, dont il arrivera enfin que la dite église, un des plus beaux édifices du royaume, ne sera plus qu’une masure.

Les habitants décident de faire réclamer au gouverneur et à son fermier, pour le passé et pour l’avenir, le tiers du revenu du dit gouvernement, pour les réparations au Creisker et maisons en dépendantes.

Puis « les Révérendes Mères Ursulines supplient très humblement les habitants de leur distribuer une partie de leurs aumônes pour la construction de leur église et couvent [Note : Pour cet objet déjà, par un contrat du 2 Mai 1639, le grand archidiacre, Christophe de Lesguen, méritant par là le titre de fondateur du couvent, avait donné 6.000 livres aux Religieuses (Archives Départementales, H. 413)], ce qui les obligera d’autant plus à prier Dieu pour la prospérité de la Communauté, et à employer leur travail pour l’instruction et enseignement des filles de la dite ville et voisines, et pour cet effet promettent d’ouvrir leurs classes deux fois par jour ».

Les habitants décident que les 1.600 livres jusqu’ici consenties aux Pères Carmes et Minimes seront ainsi partagées :

400 aux Pères Carmes,

400 aux Pères Minimes [Note : Heureusement pour les Minimes, les habitants n’avaient pas tenu à la mesure arrêtée par eux dans leur séance du 22 Avril 1622, au Creisker, et par laquelle, tout en approuvant l’établissement des Minimes à Saint-Paul, ils le faisaient, « sans que toutefois ils fussent obligés ni puissent être aucunement recherchés pour la [la construction] des bâtiments, l’entretien et la nourriture des Religieux ». Notons aussi que les Etats de Bretagne avaient donné 60 livres aux Pères Carmes en 1640, et de même, au cours de leur session à Rennes en Janvier 1641, ils accordèrent 109 livres aux PP. Minimes de Saint-Paul (Archives Départementales, H. 312 et 225)],

800 aux Mères Ursulines, comme plus nécessiteuses.

26 Février 1642. — Mgr. de Léon se fait assister d’un certain nombre de députés, pour aller à Brest visiter Mgr. le marquis de Brézé, général de l’armée navale du Roi.

14 Mars 1642. — Sur ce qu’il a été remontré qu’une ordonnance déclare déchus tous ceux qui se prétendent exempts des impôts du billot pour tous les vins qui se vendent en détail, et qui n’auraient pas fourni leurs titres et exemptions, les habitants qui en sont exempts de temps immémorial chargent leur Syndic de soutenir leur droit devant MM. les Juges royaux de Lesneven, et de s’entendre pour ce même but, avec les Procureurs Syndics de Saint-Malo et de Lantréguer et autres villes exemptes du même dû, et de conférer aussi avec les habitants de Roscoff, qui ont pareil intérêt pour conserver leur exemption.

7 Avril 1642. — Les habitants sont d’avis de faire bannir à son de tambour, que tous les boulangers et hôteliers aient à se munir de blé pour subvenir à la nourriture des soldats que Sa Majesté ordonne de recevoir en cette ville, et qu’ils ne diminuent pas le pain, mais qu’ils le fassent de grandeur raisonnable, et qu’ils n’y mettent d’autre blé que du froment, sans quoi les habitants protestent de les faire punir ainsi que la Cour le requérera.

10 Avril 1642. — « Pour obvier aux désordres que les soldats déjà arrivés en cette ville, et ceux qui y doivent encore venir, pourraient commettre, défense est faite aux hôtes et hôtesses de tenir maison ouverte passé 8 heures du soir, et de recevoir aucun soldat que ceux qui y auront leur département, à peine de 10 livres d’amende, et ordre aux soldats de s’y loger sous la dite heure, à peine de punition corporelle, et afin que pas un ne prétende cause d’ignorance, et afin que tous les soldats puissent connaître l’heure prescrite, on fera 20 coups de cloche dans la plus grande cloche de la chapelle du Creisker, et pour avoir connaissance aux contraventions ci-dessus, les habitants ont délibéré que tous aient leurs armes en état, pour se trouver au son de ladite cloche dans le portique de Monsieur Saint Paul, à savoir une escouade de chaque paroisse par chaque nuit, pour là être délibéré à courir la patrouille, ainsi qu’il y sera avisé par les chefs qui seront en la dite garde, et de tout ce que dessus sera délivré un extrait à un sergent, ce que le Syndic est chargé de faire faire, faisant battre le tambour par les carrefours de cette ville ».

12 Avril 1642. — Le Syndic a reçu une lettre du sieur de la Buffardière, commissaire pour le Roi, mandant de fournir à la subsistance de 276 hommes, à raison de 7 sous par jour, faisant pour chaque jour 96 livres 12 sous, du 10 de ce mois jusqu’à leur embarquement.

Les habitants ont déclaré ne point jurer d’exécuter cet ordre, attendu la pauvreté notoire de la Communauté chargée de grandes dettes, et joint qu’ils n’ont reçu aucun commandement de Sa Majesté, et que d’ailleurs il y a des vaisseaux préparés pour l’embarquement, et le temps et le vent favorables pour leur conduite. Cependant, les habitants sont d’avis que le Syndic écrive ou aille trouver le Sénéchal de Morlaix, pour lui donner avis de la pré­sente délibération.

13 Avril 1642. — Le sieur de la Buffardière, commissaire nommé par le Roi pour recevoir les soldats levés en cet Evêché de Léon, a consenti, pour le soulagement des habitants, à les faire embarquer le jour d’hier. Mais le fond de leur subsistance étant entre les mains de monsieur le Sénéchal de Morlaix pour le temps de 12 jours, il est nécessaire que le Syndic aille le prendre pour le distribuer pour la subsistance des soldats.

30 Juin 1642. — Ecuyer Ramon Coetanlem, sieur de Launay, remontre qu’il est adjudicataire pour la construction du pavé, depuis le manoir de Kersaoulté jusqu’à la croix de la chapelle de Sainte-Catherine, et que, par le procès-verbal des bans, on n’aurait porté que 110 toises, alors qu’il y en a 120.

5 Juillet 1642. — Les députés nommés pour visiter le travail dont il est question, estiment qu’il faudrait en faire encore 75 toises.

On décide que l’on fera bannir demain au prône de la messe communale, et mardi, jour de marché, à qui pour moins voudra entreprendre le dit pavé.

7 Août 1642. — Lés députés déclarent que le pavé est bien construit, mais l’ayant mesuré n’ont trouvé iceluy que de 114 toises et demi.

On décide de payer pour les 4 toises et demi. Puis le sieur de Launay offre de continuer les 75 toises de pavé pour 300 livres. On enjoint au Syndic de faire bannir à qui voudra entreprendre pour moindre somme.

13 Août 1642. — Le Syndic dit qu’ayant en Mai dernier écrit aux Syndics de Saint-Brieuc, Saint-Malo et Lantreguer, au sujet de la nouvelle imposition du billot, et ne recevant aucune réponse, il a de rechef écrit par un exprès qui arriva lundi au soir avec les réponses.

Le Syndic de Tréguier apprend que Mgr. de Léon a pris de Mgr. de Tréguier quelques instructions sur cette affaire. En conséquence, les habitants chargent leur Syndic d’écrire à Mgr. de Léon pour le remercier et le supplier, continuant son affection à ses sujets, de prendre la peine de s’occuper de cette affaire à Paris.

23 Août 1642. — Noble et vénérable personne, messire Nicolas Le Maître, sieur de Beaulieu, chanoine de Léon, procureur de MM. du Chapitre, remontre que, par suite de l’indisposition du sieur Page, scolastique de Léon, il ne peut tenir l’école et instruire les enfants escoliers, et que nombre des principaux écoliers ont fait plainte aux dits sieurs du Chapitre, lesquels, en l’absence de Mgr. de Léon, sont d’avis de proposer au sieur Page de prendre sur le revenu de sa prébende 300 livres pour l’entretien de 2 ou 3 maîtres d’école qui tiendront l’école et rendront service au public [Note : Voici comment s’exprime à ce propos le scolastique Picart, auteur, vers 1763, d’une Histoire du Collège de Léon : « On avait alors [en 1642], capté l’occasion de l’infirmité ou maladie du sieur Page pour le prier de consentir qu’on prît, sur la vente de sa prébende, la somme de 300 livres, pour être employée à l’entretien de deux ou trois maîtres qui suppléeraient à son défaut. Ce qu’il accorda volontiers, sans s’obliger pour la suite ». Les termes employés : « on capta l’occasion », montrent qu’il s’agissait de réaliser un projet que le nombre croissant des élèves avait dû faire naître depuis quelque temps déjà. De nouveaux maîtres furent donc créés. « Telle fut, dit M. Césaire Le Grand, Histoire d’un Collège breton, p. 3, l’institution des régents ». — Sous cette forme absolue ce n’est peut-être pas exact. Bien des indices donnent au contraire à penser que les régents existaient déjà en fait, et probablement même avec ce titre. Mais ce qui fut établi en 1642, le scolastique Picart, nous l’indique en tête du paragraphe où il en parle, lorsqu’il écrit « Institution des régents d'humanités ». Ce qui porte à croire que les régents existaient antérieurement à 1642, c’est que, dès le 27 Avril 1586, on adjoint un aide au scolastique Olivier Donart (Y. Picart, Le Collège de Léon, p. 14). De plus, dans des pièces antérieures à 1642, il est question des scolastique et régents du Collège (Archives départementales, Carmes, II. 225)].

15 Décembre 1642. — Par lettre datée de Paris, le 5 de ce mois, Mgr. de Léon a écrit à M. le Grand Vicaire et à MM. du Chapitre, pour leur donner avis du décès arrivé le 4 de ce mois, à Son Eminence cardinal duc de Richelieu et de Fronsac, gouverneur de cette province. Le Grand Vicaire et les Sieurs du Chapitre ont arrêté le service solennel être célébré dimanche prochain.

Les habitants déclarent qu’ils ne manqueront pas d’y assister et donnent charge à leur Syndic [Note : Pour une semblable cérémonie, quelques mois plus tôt, il est dit que le Syndic fera tendre avec bandes de velours le grand portail, et l’entrée de la cathédrale, l’entrée du choeur et la chaire du prédicateur, avec les écussons] de faire préparer les écussons et toutes choses nécessaires.

4 Janvier 1643. — Dans les assistants : Messires Nicolas Lemaître, sieur de Beaulieu, Alain Le Borgne, recteur de Saint-Jean, Yves Corbé, recteur de Notre-Dame... On nomme pour Syndic Guillaume Calvez.

9 Janvier 1643. Pour assister aux Etats à Vannes, on nomme écuyer François Le Roux, sieur du Menec, bailli, et écuyer Crispien Coetanlem, sieur de Goazillou, avocat.

Puis les habitants donnent charge à leur Syndic de faire comme précédemment dire la messe tous les dimanches à la chapelle de Saint-Roch, et d’employer à cet effet, missire Hervé Grall, prêtre.

A l’expiration des 3 ans de leur charge, et décès étant d’ailleurs arrivé à l’un des administrateurs et gouverneurs de l'Hôpital et Maison-Dieu, on nomme pour pareil temps de 3 ans, Jacques Le Mesureur, administrateur sortant, et en la place de défunt Alain Le Milbeau, on choisit honorable homme, François Hérault, maître apothicaire, lequel accepte seul de signer.

Mais les habitants persistent néanmoins à nommer le dit sieur Mesmeur.

6 Juin 1643. — Les habitants, pour témoigner selon leur petit pouvoir leur ressentiment des grandes obligations qu’ils ont au défunt Roy, déclarent qu’ils se trouveront aux prières publiques au jour assigné par Mgr. de Léon, et chargent leur Syndic de tendre l’église cathédrale avec les lisières de velours noir armoriées, et luminaires, ainsi qu’il s’observe en semblables prières.

11 Septembre 1643. — Semblables prières publiques et actions de grâces pour la victoire de Rocroy [Note : En cette délibération se rencontre, pour la première fois (sauf erreur), le mot « maire » : « A mes chers et bien aimés, Le Maire, Echevins et habitants.... ». Telle est la superscription de la lettre du Roy].

13 Septembre 1643. — Le sieur Germain Joly, de Morlaix, avec lequel on s’était accordé pour les tentures du grand service pour le repos de l’âme de sa défunte Majesté, menace de faire poursuivre le Syndic, s’il ne reçoit pas ce qui lui est dû. Sur quoi le Syndic déclare n’avoir aucuns deniers en mains, et avoir, au contraire, déjà avancé beaucoup de son bien.

1er Octobre 1643. — Les habitants remercient Monseigneur d’avoir agréé la supplication qu’ils lui ont faite d’établir la confrérie du Saint Rosaire en cette ville, laquelle sera desservie en l’église cathédrale [Note : Il en était question depuis 1628. A la date du 29 Juin de cette année, le Frère Nouel Deslandes, docteur en théologie, et vicaire général des Frères Prêcheurs en la congrégation de France, autrement dite gallicane, avait, du couvent de Saint-Dominique de Morlaix, accordé aux Minimes de Saint-Paul la permission d’ériger une confrérie du Rosaire, et à leur Rév. Père Correcteur, la puissance de bénir les rosaires et chapelets, roses, fleurs et autres choses qui se bénissent en faveur de la dite confrérie. Le 5 Août 1628, l’érection de cette confrérie était autorisée par messire Jean Guillerm, vicaire général de Léon. Autorisation bien éphémère, car dès le 13 Août, messire Jean Guillerm, de sa maison presbytérale de Guimiliau, suspendait la publication de la confrérie du Rosaire, en l’église des Pères Minimes. C’est que, dans l’intervalle, étaient intervenus les Pères Carmes, qui faisaient valoir les inconvénients résultant de la fixation projetée au premier dimanche du mois, des cérémonies du Rosaire, puisqu’eux-mêmes étaient en possession, de temps immémorial, de faire ce même jour la solennité de la confrérie de N.-D. du Mont-Carmel, avec prédication et procession, dans l’après-midi du dit jour, la matinée étant employée aux offices de l’église cathédrale et à la procession, en icelle, de la confrérie du Saint-Sacrement. (Archives Départementales, H. 312)].

Les habitants, en présence de Monseigneur de Léon, acceptent l’offre de messire André Cornilleau, prêtre, gouverneur du Creisker, qui consent à bailler 150 livres par an pour les réparations à faire au Creisker.

11 Février 1644. — Monseigneur de Léon assiste à la séance.

Il est représenté que, vu la grande dépense faite pour la députation envoyée aux derniers Etats, et les dettes considérables qui incombent à la ville, il lui sera impossible de se libérer et de faire les ouvrages publics et nécessaires, « si les habitants continuent à faire le divertissement des deniers à autre sujet ; outre que les Pères Carmes ont fait faire un procès-verbal des réparations qu’ils disent être nécessaires à leur couvent, et semblerait qu’ayant fait le dit procès en présence du Syndic, ils voudraient tirer quelques conséquences pour obliger les habitants aux réparations, bien qu’ils n’y soient en aucune façon obligés, néanmoins par leur charité, et voyant que par la négligence et désordre des religieux du dit couvent iceluy être tombé en ruines, dont ils auraient fait faire le procès-verbal, qui ne montait, qu’environ à 8 ou 10.000 livres, et néanmoins les dits religieux auraient touché depuis 25 ans, des deniers de la communauté, plus de 48.000 francs, nonobstant leurs grandes affaires et nécessités », on requiert que les habitants aient sur ce à donner leur avis.

Les habitants désavouent la comparution de leur Syndic lors du dit procès-verbal, et déclarent que si les Pères Carmes ne savent à présent gré de la dernière libéralité de 400 livres leur octroyées le 1er Octobre dernier, les habitants entendent la révoquer, attendu leurs grandes dettes et qu’ils sont plus nécessiteux que les Pères Carmes [Note : Les incessants litiges entre Carmes et habitants entrent ici dans une phase des plus agitées et des plus confuses. Il ne saurait être question d’en faire l’exposé. Disons seulement que, le 9 Avril de cette même année 1644, le Prieur des Carmes, Frère Hyacinthe de Saint-Laurent, après avoir consulté ses religieux, accepte les nouvelles conditions qui leur sont faites, « Encore que la somme de 400 livres soit modique, toutefois, nous avons tant connu de bonté et de bonne volonté de Messieurs de la Ville pour nous, jusqu’à présent, que nous leur avons entière obligation de la dite somme de 400 livres » (Archives Départementales, H. 225). Toute cette humeur accommodante n’allait pas empêcher les procès d’être menés bon train !. On trouve trace par ailleurs, pour cette année 1644, de quelques ressources dont bénéficiaient les Religieux Carmes. Ainsi le 14 Juin 1644, Rolland de Poulpiquet, chantre et vicaire géné­ral de Mgr. Cupif, fait publier le décret d’Urbain VIII qui permet aux Religieux de recevoir les aumônes que font les confrères des confréries du Mont-Carmel, le jour de leur entrée dans la confrérie, et ensuite tous les ans, pour l’entretien du service divin et prières que font journellement les dits religieux à l’intention des confrères tant vivants que décédés (Archives Départementales, H. 223). On lit aussi qu’en May 1644, le Roy et la Reine Mère renouvellent aux Carmes de Saint-Paul, le privilège de 1626, les exemptant, eux et leurs successeurs (à perpétuité d’après une pièce de 1627). de payer aucuns subsides ni devoirs, pour 13 tonneaux de vin qu’ils peuvent faire venir, tant par terre que par mer, d'Anjou ou de Gascogne. Ce privilège sera vivement attaqué plus tard par la Compagnie fermière des droits sur les vins de Bordeaux, au cours d’un procès où les arguments présentés ne seront pas toujours d’ordre juridique … Terminons en nous demandant s’il serait excessif d’inférer de la présence de Mgr. Cupif à cette séance du 11 Février qu’il ait eu pour les Carmes une sympathie plutôt modérée ? La chose au surplus semblerait s’expliquer par l’opposition qui se manifestera entre Mgr. Cupif et Mgr. de Rieux, l'Evêque dépossédé de Léon, qui avait si fortement soutenu et les Carmélites de Morlaix et par suite les Pères Carmes qui les dirigeaient].

3 Avril 1644. — On nomme comme Abbé de la Confrérie des Trépassés, et cela pour 6 ans, missire Claude Bervas, prêtre et gouverneur du gouvernement de l’église de Saint-Pierre, eu égard à l’engagement qu’il prend de faire les réparations nécessaires à l’église de Notre-Dame de Creisker, où se célèbrent la plus grande partie des fondations de la Confrérie des Trépassés, de même les réparations nécessaires au grand clocher et pyramide de la dite église.

2 Mai 1644. — On supplie Nosseigneurs de la Chambre des Comptes de rétablir la somme de 120 livres — qu’ils avaient rayée dans les comptes du précédent Syndic — et de l’adjuger de nouveau au prédicateur, attendu qu’il est payé pour bonne cause, pour l'Avent de 1640 et le Carême de 1641.

Autre somme rayée : 20 livres pour la recherche des actes et mémoires concernant le Creisker.

23 Mai 1644. — Les habitants décident qu’un service solennel sera célébré le lendemain, à la cathédrale, pour le repos de l’âme de Dame Marie Foucquet, mère de Mgr. L’Illust. et Révér. Evêque et Comte de Léon, Messire Robert Cupif [Note : Mgr. Cupif établit plusieurs fois la « cédule » de ses parentés avec les membres du Parlement de Rennes, afin de protester de nullité et cassation tout ce qui interviendrait au procès. L'Evêque de Léon était trop souvent entré dans « le maquis de la procédure », pour ignorer aucun des « trucs » du plaideur. Ce dernier mot est de M. Duine (Histoire civile et politique de Dol), qui verrait volontiers une « maladie toute diplomatique » dans l’indisposition mise en avant, en Août 1658, par Mgr. Cupif, lequel savait encore, au besoin, jouer des déclinatoires pour incompétence, manœuvre courante, en toute époque, de la chicane. C’est ainsi que, le 8 Février 1645, dans une affaire avec Jean Guillerm, du bourg de Roscoff, Monseigneur rappela qu’il était cousin de messire Christien Foucquet, seigneur de Chalain, président à mortier du Parlement, commandeur de Quimper et du château de Concarneau, à cause de Dame Lézinne Cupif, grand-mère dudit seigneur de Chalain et soeur propre du grand-père dudit Seigneur Evêque (Duine, ouvrage cité). De fait, une délibération postérieure (12 Décembre 1669) parle de Mme la Présidente de Chalain, comme héritière de feu Mgr. Cupif].

1er Janvier 1645. — L’année s’ouvre mal pour la communauté de Saint-Paul. Le Syndic remontre, en effet, qu’il n’a deniers en mains pour subvenir aux frais des députés aux Etats [Note : « Déjà, en 1614, l’excédent des dépenses sur les recettes était tel que, depuis 26 ans, la Ville n’avait pu payer l’indemnité de voyage due à ses députés aux Etats » (Césaire Le Grand, Discours de Distribution de prix à Saint-Pol, le 29 Juillet 1889, p. 10)]. Le sieur de Kéromnès, fermier de l’impôt du sou par pot de vin, se refusant à payer quoique ce soit, en raison de l’arrêt qui lui a été signifié de la part de la Chambre des Comptes et de la Cour Royale de Lesneven, à instance de Jean Le Didier, sieur de Feunteunmeur, précédemment Syndic, et qui n’étant qu’un marchand, souffre grand dommage de n’avoir pas encore été remboursé des avances qu’il a faites pour les nécessités de la communauté.

Les habitants avisent alors que, passant outre aux arrêts qui lui ont été intimés, le sieur de Keromnès paie 300 livres aux députés des Etats [Note : Cette motion subversive dut provoquer une protestation de la part de M. le Sénéchal présent à l’assemblée ; car une note en marge indique qu’il se relire à ce moment].

6 Janvier 1645. — L’assemblée se réunit en l’absence du Syndic qui est aux Etats ; mais on a prié de s’y trouver quatre ou cinq des anciens Syndics, lesquels proposent trois noms, pour qu’on choisisse un Procureur Syndic, et trois autres pour l’élection d’un contrôleur.

Les habitants ayant reconnu plus à propos de procéder à l’élection par scrutin et billets, élisent écuyer Hamon Coetanlem, sieur de Launay, pour syndic, et pour contrôleur, maître Hamon Daniou [Note : Il est à remarquer que ceci représentant un nouveau mode de désignation du Syndic, l’élection de ce personnage est décidément, en tant que procédé, chose bien instable à Saint-Paul].

20 Mars 1645. — Mgr. le maréchal de la Meilleraye, lieutenant général du Roy en cette province, avise les habitants recevront 19 ou 20 Espagnols prisonniers de guerre : les habitants de Roscoff devant contribuer pour un tiers à la garde et subsistance des dits prisonniers.

Les habitants décident de demander à Mgr. l'Evêque ses ordres et le lieu le plus commode pour y mettre et con­server les prisonniers en sûreté.

23 Mars 1645 [Note : Pour la première fois, l’assemblée cessant et définitivement, de tenir ses séances dans la chapelle du Creisker, s’est transportée à l’auditoire de la Cour des Reguaires]. — Ecuyer Baptiste Fanoy, sieur de Roslan, syndic de Tréguier, avec quelques autres personnages de cette ville, est venu conduire les 19 Espagnols prisonniers de guerre, qui ont été entretenus trois mois à Tréguier, à raison de 4 sous par jour par soldat, et 6 sous pour le sergent ; lesquels devront être tenus sous bonne et sûre garde, sans leur donner liberté de sortir ni d’écrire.

19 Mai 1645. — Sa Majesté ayant gratifié la communauté de la continuation du devoir du sou par pot de vin, pour le temps de 5 ans, le Syndic a fait bannir la ferme de cet impôt, tant à Roscoff qu’à Morlaix.

Mais après que l’adjudication a été bannie deux fois, personne n’a voulu enchérir sur la somme de 3.950 livres, bien inférieure pourtant à la précédente ferme qui était de 4.770 livres.

En l’endroit, honorable homme, Pierre Franquet, sieur de Kérongar, marchand à Morlaix, offre 4.000 livres par an [Note : L’entreprise pouvait, à bon droit, paraître hasardeuse ; car le précédent procureur-syndic, Guillaume Calvez, qui était aussi receveur et miseur des deniers d’octroi, avait été déclaré en faillite ; mais, quoiqu’on ait fait vente de ses héritages, les Carmes déclarent qu’ils n’ont pu « en rien toucher, ni même venir en rang, à cause de la multitude d’autres créanciers précédents, tant le dit Calvez était notoirement insolvable » (Archives Départementales, H. 225)].

Sans date (vers Juillet 1645). — Il est question d’un procès entre la Communauté et un sieur Thomas Le Gao, touchant la qualité prise par ledit sieur Le Gac, de syndic du bourg de Roscoff [Note : Ceci n’est qu’une manifestation de l’esprit séparatiste qu’on sent percer chez les habitants de Roscoff. Déjà, au temps de Mgr. Rolland de Neuville, l'évêque de Léon avait dû s’opposer à une tentative d’établissement de foires et marchés au bourg de Roscoff (Délibération du 29 Juillet 1648)].

19 Novembre 1645. — La Ville, en la personne de son Syndic, Hamon Coetanlem, sieur de Launay, se voit attaquée devant les tribunaux, à la fois par les Minimes, par les Ursulines, réclamant de part et d’autre 800 livres, puis par Richard Denys, ci-devant procureur-syndic, qui fait valoir les créances qu’il a depuis sa syndicature, et enfin par les Carmes, qui demandent 800 livres à eux dues pendant la miserie de Guillaume Calvez, plus 200 livres pour l’année 1645 [Note : C’est à la Ville et à son Syndic que les Carmes s’en prennent comme responsables en place du précédent syndic insolvable, Guillaume Calvez, contre lequel ils avaient obtenu un arrêt de la Chambre des Comptes, en Mai 1645. Arrêt obtenu « par surprise et attentat à l’autorité des juges », réplique Coetanlem. « Du tout, » ripostent les Carmes, qui font comprendre que leur empressement dans leurs revendications n’est pas sans motifs, car « ils ont eu avis que le sieur de Coetanlem est grandement obéré, et qu’il se sert, ainsi que faisait Guillaume Calvez, son prédécesseur, des deniers de la ville pour payer ses dettes » (Archives Départementales, H. 225)], plus 400 livres que la communauté avait promises à noble homme Jean-Baptiste de Kermabihan, et qu’il leur aurait léguées [Note : Par un article de son testament, en date du 18 Décembre 1637, le sieur de Kermabihan avait légué aux Carmes les 400 livres que les habitants lui avaient accordées, à charge de chanter une messe à l’autel privilégié, tous les premiers lundis du mois, à perpétuité, pour prier Dieu pour son âme. M. de Feunteunsper, chanoine et archidiacre de Léon, était l’exécuteur testamentaire de ce legs. Si on se reporte à la délibération de Septembre 1636, on aura l’impression que les habitants avaient alors, en votant 400 livres au sieur de Kermabihan, obéi, une fois de plus, à leur premier mouvement, toujours traduit par une générosité. Mais si de prime abord le cœur chez eux ne calculait pas, sans tarder l’esprit était contraint de le faire et les poussait à des révocations ou à des non exécutions odieuses de leurs libéralités. Nous assistons ainsi à leur volte-face, en ce qui concerne le sieur de Kermabihan, dès le 5 Octobre 1636. Depuis, il n’avait plus été question de lui donner quoi que ce soit. — A peu près vers le même temps, Michel Le Nobletz va laisser à ses héritiers « un beau rien dans un coffre vide ». En fait, le legs du sieur de Kermabihan aux Carmes n’a pas une moindre saveur d’ironie. Aussi, dans la liste des messes et services de fondations au couvent des Carmes, n’y a-t-il rien de particulier, aux premiers lundis du mois, pour le sieur Jean-Baptiste de Kermabihan, et il serait peu probable que cette absence totale fût attribuable seulement à la mesure de révision. autorisée par l'Evêque de Léon (pièce du 27 Juin 1736) et qui réduit les charges des fondations antérieures. Toutefois, nous devons ajouter que le dimanche après la fête de Sainte-Anne, il y avait à la chapelle de Sainte-Anne en Grève, messe privée pour les sieurs du Louet de Coatjunval qui avaient donné aux Carmes le lieu de la dite chapelle, puis grand'messe et office récités solennellement pour messires Jean-Baptiste de Kermabihan et les seigneurs Le Gac de Kersanton (Archives Départementales, Carmes, H. 224 et 225)].

Les habitants déclarent n’avoir rien dû au sieur de Kermabihan, et quant aux autres prétentions des Religieux, ils disent que Nosseigneurs de la Chambre des Comptes ont retenu cette affaire, avec défense aux Juges de Lesneven de s’en occuper.

16 Janvier 1646. — Le Syndic remontre avoir eu, ce matin, avis que quelques vaisseaux anglais parlementaires étant à l’ancre au chenal de Pempoul, des vaisseaux Dunkerquois leur auraient donné la chasse dans la rivière, et les ayant pris, les dits Dunkerquois auraient aussi posé l’ancre dans le dit chenal, et qu’il est à craindre que sous prétexte de faire la guerre aux Anglais, ils ne veulent entreprendre sur le pays, comme ayant quantité de monde sur leurs vaisseaux.

Les habitants chargent le Syndic d’avertir Mgr. du Cleuzou par homme exprès, et en attendant que les caporaux avertissent leurs escouades de tenir les armes en état, et crainte aussi que les Espagnols prisonniers n’aient quelque intelligence avec les dits Dunkerquois, est le Syndic chargé de les ressaisir et de ne les laisser sortir.

7 Avril 1646. — Le Syndic remontre que Sébastien de la Pierre, habitant de cette ville, a, au mois de Mai dernier, abattu le joyau et papegault [Note : Les franchises déjà accordées en 1482, nu roi de l’arbalète ou de l’arquebuse, ayant encore été augmentées en 1534, cette extension porta des chanoines, des prêtres et même des religieux à s’enrôler parmi les tireurs. Il fallut que Henri, dauphin de France et duc de Bretagne, le leur interdît en 1543. C’est le 1er Mai qu’on tirait au papegault. Jusqu’en 1708, l’oiseau était placé au haut du clocher de Saint-Pierre. La Communauté décida, à cette époque, que cet exercice aurait lieu à Saint-Roch, et ce fut aussi dans la chapelle de la maison de santé de Saint-Roch qu’eut lieu désormais le service annuel pour le repos des archers trépassés, service qui revenait à 3 livres au roi de l’arquebuse, lequel devait aussi payer 6 livres pour la liberté de planter le joyau sur la tour de Saint-Pierre. (De Courcy, Notice sur Saint-Paul)], et est troublé et empêché par le receveur de l’impôt sur l’attouchement du droit consenti par Sa Majesté sur ce fait, et dont il y a action pendante pour ce sujet en la juridiction royale de Lesneven.

Les habitants chargent leur Syndic de se joindre au sieur de la Pierre, pour faire condamner le fermier des impôts au paiement du dû accordé par Sa Majesté à celui qui abat le joyau.

10 Décembre 1646. — On fera parachever le lambris commencé à la chapelle de Saint-Roch.

Puis on nomme des habitants pour assister sur la police du vin, pain et denrées vendues au détail.

Le Syndic achètera du carise blanc et violet, pour faire deux casaques aux deux hérauts de la ville, et en icelles apposer les armes de la ville et les parsemer de fleurs de lys et d’hermines.

6 Janvier 1647. — Le Syndic a remontré que le R. Père Joseph de Saint-Claude, religieux Carme, ayant prêché en l’église cathédrale l’octave du Sacre et Avent dernier, MM. les magistrats et grand nombre des habitants seraient allés le remercier en corps, et auraient chargé leur Syndic de faire présent au dit Religieux de 12 pistoles, et en considération qu’il est enfant originaire de cette ville [Note : A la même époque, Frère Bernard du Saint-Esprit, Carme et poète breton, né à Lesneven, publie son Doctrinal or c'hristenien brezonec ha buez sant Pool, Escop euz ha Leon, à Quimper, chez R. Malassis, in-8°, avec approbation de Jean Guillerm, Claude de Penc'hoadic et Cyrille Pennec. (DE KERDANET). Nous retrouvons encore le nom de Fr. Bernard du Saint-Esprit, sur une liste du personnel du couvent de Saint-Paul de Léon, en 1653]. Puis, à la majorité des voix, Jacques de Coetanlem, sieur du Plessis, est élu syndic, entre les trois candidats présentés, et maître Hamon Sparfel, contrôleur.

Après quoi, le sieur de Launay, précédemment Syndic, remontre qu’il aurait été chargé, en la dernière visite, par Mgr. de Léon de faire instituer deux fabriciens pour la messe communale, pour les sept paroisses du Minihy desservie en l’église cathédrale. A la place de missires Hamon Danio et Allain Couic, précédents fabriciens, sont alors, à la majorité des voix, nommés en la dite charge Pierre Pichard et Edouard de la Rogerie, pour le temps de deux ans.

27 Février 1647. — Assisteront aux Etats à Nantes, le 6 Mars prochain, Crispien Coetanlem, sieur de Goazillou, lieutenant de cette juridiction de Saint-Paul, et Hamon Coetanlem, sieur de Launay, précédemment Syndic.

29 Mars 1647. — Pour gouverneurs de l’hôpital, on nomme Tanguy du Tertre, sieur de Prat Lédan, et Allain Couic, pour le temps de 3 ans.

11 Mai 1647. — Les habitants sont d’avis que le Syndic paie 30 sous par toise de pavé, et pour 90 toises environ, pour la réparation du pavé étant au haut de la rue Corre, au coin d’un bois de haute futaie appartenant à la dame douairière de Kerenac'h, dépendant de son manoir de Penanru, et conduisant de cette ville aux chapelles du mont de Saint-Michel et Bonne-Nouvelle, sur le refus de la dame de Kerenac'h de payer, le dit pavé étant public et servant à la foire de Crechmiquel et aux processions qui se font continuellement aux chapelles de Bonne-Nouvelle et de Crechmiquel.

Le Syndic remontre que les deniers octroyés par le Roy à celui qui abat le joyau n’est que 22 sous 6 deniers par barrique et pour 25 tonneaux (donc, pour 100 barriques), « ce qui est cause que la plupart des habitants et artisans négligent de venir tirer au dit joyau, égard aux grands frais qu’il convient faire à celui qui l’abat, excédant de beaucoup le devoir octroyé, et ainsi ne se munissent d’armes et ne s’aguerrissent, qui causerait que l’ennemi se présentant, ne seraient en état de le repousser et de se défendre ».

Les habitants, délibérant quelle somme donner à celui qui abat le papegaut, décident unanimement de donner 300 livres au vainqueur sur les deniers communs en attendant que le Syndic se pourvoie Près du Roy pour l’augmentation et demande, sur ce, le consentement de MM. des Etats.

Puis les habitants, en considération du mérite particulier du R. P. Joseph, du Couvent des Carmes de cette ville, qui a prêché le Carême dernier, lui allouent 150 livres [Note : Il s’agit, sans doute, du P. Joseph de Saint-Claude, dont il est question au 6 Janvier 1647].

31 Mai 1647. — Le sieur Franquet, fermier du sou par pot, a été condamné au paiement de 38 livres, à la poursuite des Pères Carmes et Minimes, et des Religieuses Ursulines.

19 Octobre 1647. — Les sieurs Sénéchal et Bailli, s’étant retirés sans avoir pris l’avis des habitants, sur la remontrance du Syndic d’avoir reçu des plaintes à cause de la carence des réparations du grand pavé des Carmes, l’une des principales entrées et fréquentée de la ville, les habitants chargent le Syndic de le faire réparer au plus tôt.

19 Novembre 1647. — Pour contribuer à l’équipement des armées, le Roy demande qu’on fournisse 30 uniformes complets, pourpoints, hauts et bas de chausses, avec des bonnets et autant de paires de souliers, et que le tout soit rendu à Rennes, pour le 15 du mois prochain.

28 Décembre 1647. — On a remis les habits commandés au sieur de Cussec, conseiller à la Cour d'Etat, premier président du Parlement de Bretagne. Mais il a renvoyé les bonnets, pour être dressés en forme de carabousse.

10 Février 1648. — Les habitants décident que ces bonnets renvoyés seront distribués aux pauvres, et qu’on fournira à Rennes 30 autres de la forme voulue.

13 Mars 1648. — Pour le repos de Mgr. le baron de Pont-château, de son vivant lieutenant du Roy, en ce pays, on chantera le Placebo dimanche prochain, après vêpres ; et la messe et un service solennel seront célébrés lundi matin, à la cathédrale, et le Syndic est chargé de fournir les luminaires et écussons nécessaires.

5 Juin 1648. — Les habitants chargent le Syndic de poursuivre l’opposition, en la Cour de Lesneven, à l’établissement par le seigneur de Guernissac, d’un jour de marché à chaque jeudi, et de trois foires par an, au bourg de Penzé, appartenant au dit sieur de Guernissac.

Puis le Syndic remontre que, bien souvent, il a fait sonner la campanne pour l’assemblée des habitants, et qu’il ne se trouve cependant nombre suffisant pour délibérer [Note : Il est assez piquant d’entendre le sieur de Coetanlem parler avec ce ton de reproche, puisque, dit-il, il a fait sonner la campanne, alors que justement, quelques jours plus tard, le 21 Juillet, il réunira « une assemblée à la sourdine, pour ainsi dire clandestine, n’ayant fait sonner que 10 coups de cloche » (Min. H. 312). Nous sommes loin de l’ancienne coutume qui voulait qu’on sonnât pendant une heure ou plus (Voir Novembre 1629)].

C’est pourquoi il a dû y pourvoir. Un arrêt rendu à Rennes, le 12 Mai dernier, ordonne que, au commencement de chaque année, il sera fait élection de 20 notables, lesquels devront assister aux assemblées, à peine de 10 livres d’amende (sans interdire aux autres d’y entrer), et seront d’année en année rééligibles.

En exécution de l’arrêt, les habitants décident que l’assemblée de la Maison de ville se tiendra chaque premier lundi du mois, à une heure de relevée, et autres jours s’il y a lieu, et nomment 20 d’entre eux.

Suit l’arrêt de la Cour, où il est dit, entre autres choses : « Bien que la ville de Saint Paul et communauté soit royale et l’une des considérables de la Province, où il se rencontre journellement qu’il y ait à délibérer sur les affaires du Roy et autres pour le bien public, les plus notables des habitants ne s’y trouvent pas d’ordinaire, mais une multitude d’artisans qui n’apportent que de la confusion et du désordre » [Note : Ogée, Dictionnaire de Bretagne, t. II, p. 886, parle de cette délibération et du trouble des séances. Il écrit ensuite : « A partir de 1648, on voit une Communauté de ville qui se met en rapport avec l’autorité royale et reproduit dans sa localité, l’impulsion qu’elle reçoit du chef-lieu de la province bretonne ». Cela ne va pas sans quelque exagération, comme l’auront montré certaines délibérations antérieures. Saint-Paul n’avait pas, d’ailleurs, le monopole du tumulte en ses assemblées. Ainsi, nous lisons pour Landerneau (ouvrage 336, Fonds Breton de la Bibliothèque communale, Brest) : « Les séances de la Communauté étaient fréquemment troublées par le désordre et la mutinerie des jurats et habitants. Le Parlement dut porter 30 livres d’amende contre les perturbateurs »].

29 Juillet 1648. — Les habitants chargent leur Syndic de continuer à s’opposer à l’établissement des marchés et foires de Penzé, et d’écrire à Mgr. l'Illustrissime et Révérendissime Evêque et Comte de Léon pour le supplier d’intervenir au dit procès, pour la conservation de ses droits et maintien de la Communauté, comme Seigneur spirituel et temporel, ainsi que Défunt d’heureuse mémoire, Rolland de Neuville, avait fait sur pareil projet d’établissement de foires et marchés au bourg de Roscoff, et aussi de prier MM. du noble et vénérable Chapitre de Léon, d’intervenir pareillement, comme ils l’avaient fait vers les habitants de Roscoff [Note : Ce procès, qui devra se poursuivre pendant des années encore, révèle bien (comme en Juillet 1645, la prétention d’avoir un Syndic spécial) le désir qu’avaient les Roscovites d’obtenir peu à peu leur complète indépendance. Entreprise où ils rencontraient des appuis. Ainsi, en 1578, le seigneur Louis de Kermavan s’engageait à faire son possible pour obtenir aux habitants de Roscoff quelques foires et marchés, dans l’unique intention, disait-il, d’être agréable à ceux qu’il regardait comme ses vassaux. Il se peut aussi qu’en cela, il ait eu envie de faire pièce à Mgr. de Neuville, avec lequel il était en procès, pour une question de supériorité et de droits au temporel, dans le Minihy de Saint-Paul. (Archives Départementales, H. 226). Mgr. de Neuville lui-même, qu’on voit ici opposé aux Roscovites, en ce qui concerne les foires et marchés, avait dû par ailleurs leur faire concession de terre bénite et de fonts baptismaux (DE COURCY : Notice sur Saint-Pol).

De même, le 30 Avril 1624, on voit Mgr. de Rieux permettre aux habitants de Santec, comme il l’avait fait pour Roscoff, de ne plus faire leurs Pâques à la cathédrale (Chanoine Peyron). Au point de vue financier, Roscoff jouissait déjà de son autonomie. (Cf. les délibérations d'Août et Septembre 1637). D’autre part, dans l’ouvrage d'Eugène Sue, sur Escoubleau de Sourdis, on lit, page 193 « A Roscoff (vers 1633), les habitants travaillent au rétablissement de leur port, et la jetée qu’ils font est entretenue de l’octroi du sou par pot ». Quant à ce qui concerne le rôle du Chapitre de Léon, en ces affaires de foires et marchés, voici ce qui se lit dans une délibération des habitants de Saint-Paul, à la date du 31 Mai 1620 : « Claude Le Jeune, procureur syndic, remontre qu’il aurait été actionné en la Cour de Saint-Paul, par noble et vénérable personne, Messire Louis Le Jacobin, sieur de Mesarc'hant, archidiacre de Quimilidily, doyen et chanoine de Léon, en demande de paiement pour ses peines, frais, salaires et vacations, à la suite du procès évoqué par les habitants de Roscoff, requérant, au préjudice de Saint Paul, l’entérinement et vérification des lettres d'octroy des foires et marchés à eux concédés par Sa Majesté ». Le dit sieur de Mesarc'hant ayant finalement accordé pour la somme de 369 livres, les habitants décident que la somme sera prise sur le produit des 6 deniers par pot, à valoir 400 livres destinées par an à subvenir aux nécessités de la ville. On lit dans l'Inventaire des Archives Départementales, t. III, p. CCVIII : « En 1649, 6 foires furent créées à Roscoff, malgré l’opposition des habitants de Saint-Pol ». L’affaire n’en était pas pour cela terminée].

Les habitants consentent à continuer de payer 800 livres aux Ursulines pour la construction de leur couvent, à charge de tenir leurs classes ouvertes pour l’instruction et apprentissage des filles de la ville, mais se réservent l’emploi des dits deniers en cas de peste, guerre ou famine [Note : Les Chroniques de l'Ordre des Ursulines s’expriment ainsi pour cette année 1648 : « A la fin de l’année, Mgr. de Rieux fut rétabli sur son siège épiscopal de Léon, et recommença à donner aux Ursulines toutes les marques de tendresse d’un bon père, ce qu’il continua jusqu’à sa mort, en Mars 1651 » ; tout ainsi que, d’après ces mêmes Chroniques, Mgr. Cupif leur avait prodigué les preuves de sa bienveillance et de sa libéralité. Une pièce des Archives Départementales (Min. H. 312) du 13 Août 1649, parle du Sgr. Cupif et du Sgr. Evêque de Cornouailles, comme « portés d’affection aux Ursulines, et contraires aux Carmes et aux. Minimes » (Voir Délibération du 11 Février 1644)].

21 Septembre 1648. — Les Pères Minimes, prétendant qu’on leur doit 800 livres, font faire arrêt sur les deniers de la Communauté. Les Syndics, tant actuel que précédent, soutiennent qu’on ne leur doit rien.

7 Décembre 1648. — Une sentence de Nosseigneurs de la Cour des Requêtes condamne le sieur de Launay, précédent Syndic, à payer aux Minimes 100 livres pour le 1er quartier de 1645, et le Syndic actuel à payer 400 livres par quartier pour les années 1647 et 1648.

10 Décembre 1648. — Répondant à une députation des habitants qui demandent un accommodement, eu égard à leur grande nécessité, le Père. Vicaire des Minimes consent à terminer le différend à l’amiable, et à écrire le même jour à leur Procureur à ce sujet, pour qu’il leur rende leur sac et actes, et faire surseoir à toutes poursuites [Note : Cette transaction eut lieu le 6 Mars 1649. On en trouve une autre au 20 Juillet 1650, et les procès, néanmoins, de marcher toujours !].

Puis le Syndic remontre que Mgr. de Léon [Note : Il s’agit de Mgr. de Rieux] est sur le point de venir en son Evêché.

23 Décembre 1648. — Le Syndic a eu avis que Mgr. de Léon arrive ce soir en son abbaye du Relecq, et de là se rendra demain en cette ville, et que les députés du Chapitre partent ce soir pour l’aller recevoir.

Les habitants sont d’avis que leurs députés partent aussi ce soir, ou demain, le plus matin qu’ils pourront, et chargent le Syndic de presser les peintres à faire les écussons, et de les mettre où il faut.

3 Janvier 1649. — Sans qu’il y ait eu trois candidats proposés, comme dans les élections précédentes, on nomme Pierre Pichart, sieur de Crechanleo (?) pour Syndic, et Hamon Labbé pour contrôleur.

Le sieur du Plessis, précédemment Syndic, n’ayant point été aux Etats pendant le temps de sa charge, on le délègue à la prochaine tenue des Etats.

21 Janvier 1649. — Vu le peu de personnes capables qu’il y a dans la Communauté, on nomme pour assister aux tenues de la Maison de ville, les mêmes notables que précédemment, sauf trois.

Puis on choisit des contrôleurs pour l’emploi des deniers publics chez les Carmes, les Minimes et les Ursulines.

2 Mars 1649. — On gage un tambour de ville, à raison de 36 livres par an, qui résidera en ville, et fera les fonctions tant en temps de guerre qu’en temps de paix.

15 Mars 1649. — Mgr. de Rieux préside la séance. Assisteront aux Etats, à Nantes, écuyer Jacques Coetanlem, sieur du Plessis, et Tanguy Le Borgne, sieur du Valfontaine.

En la place de Messire Guillaume Le Page, scolastique, décédé depuis 10 jours, on nomme Guillaume Monfort, prêtre, bachelier en théologie, natif de cette ville, et on prie Mgr. de Léon, présent en l’assemblée, d’avoir cette nomination pour agréable et d’instituer le dit Monfort en la dite charge et de lui bailler sa collation ce touchant nécessaire, égard qu’il a employé le peu de biens qu’il avait pour se rendre capable.

14 Mai 1649. — On trouve — raturée — la délibération suivante, indice, évidemment, des difficultés qui mettaient aux prises Mgr. de Rieux et Mgr. Cupif, ainsi que leurs partisans [Note : Le Vénérable Père Maunoir (Vie d'Amice Picard) raconte que, en 1646, alors que le conflit entre les deux autorités épiscopales avait déjà commencé à agiter les esprits, le Père N., ennemi d'Amice, lui recommanda de prier pour Mgr. de Rieux et Mgr. de Léon. Amice vit le piège : « Je prie Dieu, dit-elle, qu’il lui plaise disposer de tout pour sa gloire ». Un peu plus loin, le Père Maunoir écrit : « On avait dit à Mgr. de Rieux que, en son absence, lorsqu’il était aux Etats (en 1649 ou 1650), on avait fait harangue à Mgr. Cupif (alors évêque de Dol), qu’on lui avait présenté le pain et le vin du Chapitre, qu'Amice avait prophétisé sa mort (Michel Le Nobletz l’avait de fait annoncée par deux fois) et qu’on avait bu à la santé de son épitaphe dans la maison de M. de Trébodennic (archidiacre) »] :

« Le Syndic a remontré que quelques malveillants auraient porté quelques paroles au Seigneur Evêque, Comte de Léon, l’offensant au préjudice de la Communauté, ce qui peut lui bailler quelque refroidissement vers les habitants de sa ville.

Sur quoi, les habitants ont unanimement déclaré n’avoir jamais eu dessein d’offenser le Seigneur Evêque, et qu’ils le reconnaissent pour leur vrai et légitime Pasteur, Seigneur spirituel et temporel, et pour aller, de leur part, le trouver, l’assurer de leur obéissance, s’enquérir de sa santé, et le supplier de vouloir bien retourner en sa ville, députent quelques-uns d’entre eux avec leur Syndic » (Le reste manque).

26 Mai 1649. — « Iront aux prochains Etats, à Rennes, écuyer Jacques Coetanlem, sieur du Plessis, et Pierre Pichart, syndic ».

19 Juin 1649. — Présents : Mgr. de Rieux, assisté de messire Jean-Claude Le Jacobin de Kéramprat, conseiller du Roy et son garde-sceau en sa Cour et Parlement de ce pays, et noble homme Louis Kerguz, seigneur de Troufagan (La délibération manque).

25 Septembre 1649. — Les habitants nomment pour servir en la messe communale, noble homme Jacques Guivarc'h et Hamon Lucas, en la place du Syndic et d'Edouard de la Rogerie, pour le temps de deux ans, et leur seront baillés les ornements et autres choses appartenant à la Confrérie, par inventaire.

Puis, il est remontré que les PP. Carmes ont obtenu contre les habitants une sentence, par surprise et en alléguant de faux faits.

16 Mars 1650. — Assistants : Messires Rolland Poulpiquet, premier dignitaire, chantre et chanoine de Léon ; Jean de Kerloc'h, trésorier ; François de Kergorlay, sieur de Boisbriant, grand vicaire de Léon ; Guillaume Monfort, scolastique de Léon. Les habitants décident de s’opposer à l’entérinement des lettres que les Roscovites ont obtenues pour l’établissement de leurs foires et marchés, et on supplie MM. du Chapitre de joindre leurs efforts à ceux de la Communauté.

Puis, le Procureur fiscal déclare avoir charge de Mgr. de Léon, de s’opposer à l’élection, en son absence, d’un nou­vel abbé de la confrérie des Trépassés.

Néanmoins, à la place de Messire Claude Bervas, qui fut six ans abbé ecclésiastique, on nomme Messire François Kersaintgily, sieur du Ménec, prêtre, que l’on charge de desservir ponctuellement les fondations, et de commencer les messes à 5 heures de Pâques à la Toussaint, et à 6 heures de la Toussaint à Pâques.

Pour conseillers ecclésiastiques de la dite confrérie, on supplie les sieurs Trésorier et Scolastique de Léon de vouloir accepter cette charge, et à l’avenir, aucun prêtre ne sera reçu pour suppôt que par l’avis des abbé et conseillers.

8 Avril 1650. — Sont nommés administrateurs de l’hôpital, Guillaume Le Mercier, sieur de la Villeneuve, et Prigent Rolland, habitants de cette ville.

Le sieur de Coatdou remontre qu’il a abattu le papegaut en Mai 1649 et, dans l’espoir des 300 livres promises pour ce, il a fait de grands frais, et devra en faire encore au mois de Mai prochain pour replanter et faire tirer au dit joyau. Il supplie les habitants de charger leur Syndic de lui payer les 300 livres [Note : Non seulement, l’allocation pour l’abat du papegaut n’est pas payée pour 1649, mais un de Coetanlem, sieur. de Launay, en était encore à l’obtenir pour 1647].

(Fin des extraits du premier cahier des Délibérations de la Communauté de Saint-Paul de Léon).

 

ADDENDA :

Délibérations de la Communauté.

Mars 1637. — Une nuit du printemps, le tocsin sonné de clocher en clocher, et des émissaires envoyés partout, répandirent la nouvelle, inexacte, que les Espagnols avaient débarqué près de Roscoff. Le lendemain, une véritable armée marchait vers le lieu du prétendu débarquement. Barbier de Kerno, capitaine de la région de Lesneven, n’avait pas moins de 3.000 hommes sous ses ordres [Note : Archives Départementales, Inventaire, t. III, p. XXXI. Dix ans plus tôt, semblable alerte avait encore eu lieu. « Louis XIII avait écrit à la communauté de Morlaix que ses côtes étaient menacées. On racontait que Soubise, cet ennemi de Richelieu et qui traitait avec le roi d’égal à égal, croisait dans la Manche, cherchant à pénétrer dans le Léon, pour opérer une diversion favorable aux Huguenots de la Rochelle. Une nuit, un homme vint à Morlaix, crier que les Anglais et Soubise, descendus à Callot, s’avançaient avec une formidable armée... La milice, ses capitaines en tête, se mit en marche vers Saint-Pol. Mais la nouvelle était fausse » (Notice historique sur Morlaix, par Francis GOUIN, Annuaire de Brest, 1838). Le sieur de Malabry, auquel la communauté de Saint-Pol achète des armes en 1637, doit être Olivier Guillou, sieur de Malabry, qui est dit, dans une pièce de 1640 (Archives Départementales, 8 G. 20), posséder un parc au terroir de Mesarchant. « La ville (de Saint-Pol) et ses faubourgs, dit M. de Courcy, étaient divisés en deux compagnies de milices, ayant chacune un capitaine, un lieutenant, et un enseigne. La milice portait les armes de la ville sur ses boutons et drapeaux. Les trois paroisses de la ville, Saint-Jean, Notre-Dame, et le Crucifix devant le Trésor, étaient exemptes du service de garde-côtes, mais sujettes à la patrouille. Le contraire avait lieu pour les quatre autres » (Notice sur Saint-Pol, Annuaire de Brest, 1841). Ajoutons que le nombre de ceux qui portaient les armes dans le Minihy et l'île de Batz, au XVIIème siècle, était d’environ 1.400 hommes (ce qui représentait à peu près 4.000 communiants dans la paroisse). Un rôle de 1675, nous dit que la milice était commandée par Louis de Kerguz, seigneur de Trofagan, Belair, etc., capitaine gouverneur ; écuyer Vincent de Jarnage, sieur de Laplanche, lieutenant ; le sieur de Kermenou, enseigne de la paroisse de Saint-Jean, qui avait l’avant-garde ; le sieur de Crechuelen, caporal de la première escadre de cette paroisse ; le sieur de Kerider Marrec, lancepassade (soldats d’élite à raison de 12 par compagnie de 300 hommes d’infanterie. Portaient une lance écourtée. Appartenaient tous à la noblesse) ; le sieur de Kervengant Danjou, sergent ; avec 24 mousquetaires et 13 picquiers. Dans la deuxième escadre, le sieur de Crechuel Le Dot, caporal ; le sieur de Menhir Labbé, lancepassade ; le sieur Alain Le Jeune, sergent ; avec 19 mousquetaires (Archives Départementales, E. 1.622)].

1638. — En Mars, le roi ordonne que les 1.450 feux de fouage, qui restaient à affranchir des 2.643 portés par l’édit de 1577, fussent affranchis de tous fouages, tailles, crues, solde de gendarmerie et autres impositions, à charge, pour les possesseurs des maisons et terres des dits feux, de payer 200 livres (Archives Départementales, E. 1.522).

1643. — Un rapprochement doit sans doute être relevé entre l’établissement du Rosaire à Saint-Pol, et la présence en cette ville de Mgr. du Louet, ancien chantre du Léon, devenu évêque de Cornouaille et grand propagateur de cette dévotion.

 

Minimes.

1627. — Bernard Dagorne, sieur de Kerguennec, fait un legs aux Minimes (correcteur : Frère Alexandre de Saint-Lazare), pour les aider à construire la troisième chapelle de leur église, côté de l'Evangile, à condition qu’elle appartienne audit sieur Dagorne et à ses héritiers.

1645. — Charles Penfentenyo, seigneur de Kermoruz, Kergoet, etc., donne aux Minimes (correcteur : Fr. de Saint-Laurent), 5 sous monnaie de rente foncière.

La même année, les Religieux achètent pour 500 livres, de Mlle. de Trogarz, les bois nécessaires à leur église. Ils paient aux mariniers, pour les rendre à Pempoul, 27 livres 10 sols, et autant aux charretiers qui les amènent au couvent.

1646.— Aménagement. du réfectoire, de la boulangerie, d’un petit oratoire, des chambres d’hôtes ; installation d’une horloge qui sonne les demi-heures.

1649. — Après la mort du sieur du Plessis Coatjunval, qui avait retenu la première chapelle de l’église, avec promesse de la parachever, fonder et orner, les héritiers se refusant à l’exécution de ces volontés, les Religieux reprennent la disposition de leur chapelle contre paiement de 285 livres à la dame de Coatjunval (Archives Départementales, H. 314 et 1.522).

 

Ursulines.

19 Décembre 1639. — De la part du sieur Grand Archidiacre de Léon, fondateur des Rév. Mères Ursulines, et aussi de la part des Religieuses, est remontré aux habitants que, pour construire leur maison et couvent dans le fond qui leur est déjà destiné par le dit sieur Archidiacre, rue Pontnévez, il leur est nécessaire d’avoir un pré appartenant à l’hôpital et joignant le dit fond.

Les habitants nomment une députation pour estimer ledit pré et examiner l’échange et récompense que désirent donner en place le sieur Archidiacre et les Mères Ursulines (Délibération de la Communauté de Saint-Pol).

Au sujet de messire Rolland Poulpiquet, supérieur des dites Ursulines et chantre de Léon, disons qu’il eut deux soeurs religieuses, dont l’une prieure des Carmélines du couvent de Nazareth, près de Vannes (Archives Départementales, Confrérie des Trépassés. — Rentier).

 

Carmes.

Achat, par les Religieux, de la maison dite de la Pompe, le 22 Juillet 1407.

Contrat, le 12 Avril 1578, avec Mgr. de Neuville, qui obtient que l’eau qui coule de la ville par le couvent soit, un jour ou deux par semaine, menée par le grand chemin qui va à Lesneven, dans le pré de l'Evêché, lequel pré en sera grandement amélioré (Archives Départementales, H. 226).

Dans ses Antiquités de la Bretagne, Fréminville dit qu’on lui a assuré l’existence, dans l’église des Carmes, de plusieurs bas-reliefs très curieux par les bizarres allégories représentées ; par exemple, l’image d’une truie qui file, etc...

 

Confréries.

Au sujet de la station des processions au portique méridional de la cathédrale (confrérie des Trépassés), lire : « Portail de l'officiaulté ».

Ibid., sur la fête de saint Michel au mont Gargan. D’une enquête du début du XVème siècle, il résulte que cette fête était : 1° Chômée et d’obligation dans le diocèse de Léon ; 2° Solennisée au 29 Septembre ; 3° Qu’on ne devait point, par conséquent, la confondre avec la Saint-Michel au mont Tombe, en Octobre, laquelle au surplus, n’était connue que des prêtres et des marchands fréquentant la foire de Tréguier ; 4° Quant à la fête de saint Michel au mont Gargan, fixée au 8 Mai, l’enquête en question semble l’ignorer (Archives Départementales).

L’abbé Tanguy, Aperçu historique sur la paroisse de Plougoulm (Morlaix, 1896), écrit qu’une bulle d'Urbain VIII concède de nombreuses indulgences à une confrérie établie dans l’église de Saint-Roch, hors les murs de la ville de Léon.

 

Prédicateurs.

(en plus de ceux qui ont déjà été cités) :

1617. R. P. Jean Baptiste, capucin.

1619. R. P. Perrin, carme, théologal de Poitiers.

1626 (?) R. P. Séverin, capucin.

1627. R. P. Paschal, récollet.

1651. R. P. de la Messinière, théologal de Guérande.

1653. R. P. Dominique.

1654. RR. PP. Gilles Espivent et Philippe de Crechquérault, récollets de Cuburien.

1657. RR. PP. Théophile et Bernard, carmes.

1663. R. P. Gautier, cordelier, docteur en théologie.

1666. RR. PP. Elle et Elisée, carmes, etc...

(G. Pondaven).

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