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LE GOUVERNEMENT DU CREISKER (ou KREISKER)

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Le gouvernement du Creisker (ou Kreisker) représentait un bénéfice sans charge d’âmes, et qui eut, pendant très longtemps, une existence bien à part. Il ne sera pas inutile d’indiquer sur ce sujet quelques délimitations :

Saint-Pol-de-Léon : l'église du Creisker

1° Jusqu’à la Révolution, ce gouvernement n’a rien à voir avec l’établissement scolaire nommé plus tard « Collège de Léon » ;

2° Il ne se confond pas non plus avec le gouvernement de Saint-Pierre, ni avec la Confrérie des Trépassés, encore qu’il prête sa chapelle aux Associés de cette Confrérie, pour y acquitter une grande partie de leurs fondations ;

3° En 1677, seulement, il est uni au Séminaire de Léon, auquel il apporte une part des ressources nécessaires à l’entretien des clercs peu fortunés.

Disons de suite, relativement aux pourparlers de cette époque, que le Creisker avait alors pour gouverneur, François de Mailly, sieur de la Houssaye, clerc tonsuré de l’archevêché de Sens en Bourgogne, dont la mère, une demoiselle Marie Mézière, dame douairière de Mailly, était originaire du diocèse de Beauvais. Durant ses séjours à Saint-Paul, François de Mailly résidait dans la maison de son gouvernement, rue Cadiou, en face du portail occi­dental, paroisse du Crucifix devant le Trésor, petite maison qui, d’après un inventaire, aurait été composée de quatre pièces, cuisine et salle dans le bas, deux chambres au-dessus, avec écurie, cour, jardin et verger, entre maison et clos du sieur de Bonneveille, héritier (en 1641) du sieur Archidiacre de Léon, et maison des hoirs de demoiselle Perrine Guillaume, dame douairière de Lignoudrein, et autre parc à la dame douairière de Penanprat [Note : Missire Yves Barbier, chapelain de la chapellenie de Saint-Yves, desservie au Creisker, avait loué cette maison à Prigent Barbier, archidiacre d'Acre, pour 11 garcées de froment mesure rase, par an, par contrat du 28 Novembre 1414 (Archives Départementales, 8. G. 20). Missire François Pencoedic, chanoine de Léon, habitait la maison voisine en 1564 (Archives Départementales, 8. G)].

Le dit François de Mailly ayant résigné son gouvernement en faveur de René Lescop, trésorier de Léon, recteur de Taulé et y demeurant en son manoir de Lézireur, (ou encore à Saint-Paul, rue Pont-Névez, paroisse Notre-Dame), ce dernier l’avait à son tour cédé à son neveu, Charles Parlouer, clerc de ce diocèse de Léon. Seulement, dès le jour même, François de Mailly revenait sur sa résignation, par une révocation qu’il formula de nouveau par la suite.

Après quoi, le 2 Juin 1677, nouvelle résignation, pour unir son bénéfice au Séminaire de Léon. Concurremment avec lui, les sieurs Lescop et Parlouer renoncent aussi à leurs droits à condition que ledit de Mailly leur paye 200 livres pour leur frais (Archives Départementales, G. 306).

Puis de nouvelles combinaisons s’élaborent : Annibal de Revol, fermier des deniers de l'Evêché, nous déclare avoir eu avis que le sieur de Mailly a fait démission du bénéfice entre les mains de Miss. Louis Quéméneur, recteur de Ploudaniel.

Ainsi va disparaître, après trois siècles de personnalité administrative, l’indépendance du Creisker en tant que gouvernement. Notons toutefois que, le 18 Mars 1710, on voit encore « Gabriel de Corran Launay, sieur dudit lieu, demeurant à Landerneau, reconnaître, à titre de gouverneur du Creisker, la rente d’un boisseau de froment, due à MM. du Séminaire » (Archives Départementales, 8. G. 35).

 

LES REVENUS. — Leur chiffre varie beaucoup suivant les époques. Voici, pour diverses dates, une évaluation approximative où il est tenu compte des recettes en froment [Note : Vers 1663, la garcée de froment vaut 4 livres, à Saint-Paul ; on la payait 40 sous monnaie vers 1580] :

En 1615, environ 285 livres ;

En 1640, environ 485 livres ; le tiers du revenu est, par ailleurs, donné à cette date, comme étant de 150 livres ;

En 1663, de 700 à 800 livres ;

Vers 1730, environ 1.100 livres ;

En raison du renchérissement des baux et de l’augmentation du nombre des fondations, nous trouvons par la suite 2.520 livres ;

Enfin, en 1781, les revenus du Creisker et de Sainte-Anne se montent à 2.720 livres [Note : Ces sommes ne représentent, croyons-nous, que le montant des revenus certains, et ne comprennent pas les recettes du casuel].

Ajoutons, comme pouvant indiquer l’importance des revenus, cet autre renseignement : en Février et Octobre 1655, il est payé au sieur des Fontaines Carré, receveur des décimes de l'Evêché de Léon, une somme totale de 36 livres 5 sols.

En 1674, pareil devoir se monte à 34 livres 18 sols 8 deniers.

 

LES GOUVERNEURS. — Appelés dans les débuts, négociateurs, procureurs, fabriques, puis administrateurs, gouverneurs, les bénéficiers du Creisker ne prennent le titre de prieurs que vers le milieu du XVIIème siècle.

Depuis la construction de la chapelle, les habitants avaient toujours été en possession de nommer les marguilliers (Délibérations de la Communauté, 28 Juin 1667).

Nous devons relater ici, encore qu’il n’ait pas abouti, un projet formé en 1620. Le 3 Août de cette année, se réunirent au Creisker, Julien Kéranguen (de la Confrérie des Maîtres ès Arts, de Lesneven), archidiacre de Léon, Prigent Le Ny, trésorier ; Rolland Poulpiquet (de la Confrérie des Maîtres ès Arts, de Lesneven), Jacques Rochuel, Benoît Kerguillio (de la Confrérie des Maîtres ès Arts, de Lesneven), théologal, François Floch, chanoine, François Guicaznou, recteur de Lanildut, Yves Le Hir, recteur de Trégondern et sous-chantre, François Martin, vicaire de Notre-Dame, François Kerhoent, sieur de Kergournadech (de la Confrérie des Maîtres ès Arts, de Lesneven), Louis Gourio, sieur de Lezireuc, etc.

Sous la présidence du sénéchal, Vincent de Kermerchou.

Suivant l’usage, chacun des trois Ordres délibéra à part : le clergé à la sacristie ; la noblesse au choeur ; le tiers dans la nef.

Il s’agissait, entre autres choses, de savoir si l’église du Creisker serait confiée aux Minimes.

Le clergé se prononça contre la proposition. La noblesse pour, du moins dans certaines conditions, et selon les points du mémoire présenté par les Minimes.

Une partie du tiers se rangea à cet avis de la noblesse. Mais le reste, par l’organe du sieur Planchon, syndic, inclina pour que fût réservée la réponse à faire aux Religieux (Archives Départementales, E. 1522).

Finalement, on l’a vu, les Minimes s’établirent deux ans après à Saint-Paul, mais tout à fait en dehors du Creisker.

Un changement pourtant allait se produire dans ce bénéfice, et son administration allait être transférée exclusivement à la puissance ecclésiastique.

« L'Eglise du Creisker, dit Cyrille le Pennec, ayant été ostée d’entre les mains des bourgeois pour être érigée en titre de gouvernement, elle est grandement négligée et deschue de son ancien lustre, ce qui a entièrement refroidi la dévotion fervente que tout le peuple de Léon avait pour ce saint lieu ».

Le changement ne s’était produit qu’à l’aide de moyens peu avouables : comme disent les habitants (Délibération du 28 Juin 1667). Les garants qui justifiaient leurs droits leur avaient été lâchement soustraits. C’est pourquoi ils eurent grand'peine à reconnaître la légitimité des nouveaux gouverneurs, « lesquels ne pouvaient appuyer leur nomination d’aucun titre valable ». Aussi, le 6 Août 1671, entendons-nous encore cette réserve sur les lèvres des habitants « Sans approbation de la qualité de prieur, prise par le sieur de Mailly ».

En 1644, le Syndic avait bien consacré 20 livres à la recherche des actes et mémoires concernant les droits de la Communauté (Voir Délibération de la Communauté), mais en vain, puisque on ne put revenir sur la modification opérée.

A défaut de documents positifs, on serait, par déduction, porté à croire que le transfert d’administration eut lieu vers 1633, avec le successeur de Mathurin Chouin, chanoine de Léon.

Noms des Gouverneurs et dates :

( ?) Hugues de Silvarioci (Boisriou) : 1382 [Note : Cité par M. le Chanoine Peyron, dans les Actes du Saint-Siège, p. 102, comme chapelain perpétuel du Creisker].

Salomon Lalement, prêtre, chanoine : 1404-1407.

Yves Nicolas : 1407-1414.

Jean Cavellat, prêtre : 1417-1439.

Pierre Moal, prêtre : 1445-1466.

Jean Senant, prêtre : 1474-1475.

Yves Le Larer : 1481.

Pierre Le Berre, prêtre : 1491.

Jehan Le Rouxeau : 1495.

Robert Coatdelez, bachelier en théologie : 1509.

Gilles Kersaudy, recteur de Lanrigoaré : 1521.

Guillaume Kercuelen, sr. de Troméal, prêtre : 1545-1564.

François Kerguz, chanoine de Léon : 1577.

Hervé Morice, prêtre : 1581-1584.

Alain Favé : 1584-1592.

Jean Hamon, recteur de Saint-Pierre : 1596-1601.

Alain Le Roux, prêtre : 1603.

Yves Perennès, recteur de Commana, chanoine de Léon : 1612.

Guillaume Combot, prêtre : 1615.

François Guicaznou, sieur de Kerincuff, prêtre : 1616-1618.

François Chouin, chanoine : 1618.

Mathurin Chouin, chanoine : 1629.

Ecuyer Gilles Duparc Cornilleau : 1630.

André Cornilleau, sieur de la Jourdonnière, prieur de Pontorson, recteur de Saint-Christophe et de la Bazouge-du-Désert : 1636-1662.

Jean de Kerlech, grand vicaire de Léon : 1663.

Nicolas de Saint-Jean [Note : Est dit, dans une des pièces, originaire de Gascogne], aumônier ordinaire de la Reine : 1665-1667, qui résigne, le 22 Février 1667, en faveur de

François de Mailly, sieur de la Houssaye, clerc tonsuré : 1667-1677.

Gabriel de Corran Launay : 1710.

 

LES FERMIERS. — LES SACRISTAINS. — LES SUPPÔTS . — Parfois totalement étrangers [Note : C’est ce qui explique le langage tenu en 1672 et rapporté dans une pièce des Archives Départementales, 8 G. 31 : « Cette église a toujours été tellement destituée de gouverneurs, qu’il s’y est fait plusieurs novalités indues, et que, mémorativement, le sieur Claude Bervas, se disant procureur du gouverneur, y a, de son chef, érigé une chapellenie qu’il a dotée au moyen d’une maison dépendant du temporel de ladite église »] au pays et n’y résidant guère, les gouverneurs furent amenés à se faire suppléer par un fermier général de leur temporel, ou sous-gouverneur [Note : Voici, avec les dates où nous les avons trouvés, les noms de quelques fermiers : Missire Claude Bervas, sieur du Cosquer, 1632-1649 ; Tanguy Le Dot, sieur de Crechuel, et sa femme Françoise Le Grand, 1649-1655 ; Olivier Tacquenet et sa femme, Françoise Le Mescam, avec subrogation à Michel Girouart et sa femme Anne Gillet, 1655-1663 ; François de la Fosse, notaire aux Reguaires, 1668-1675 ; Henri de la Motte, à partir du 3 Avril 1675 ; ce dernier, étranger au pays, réside, lorsqu’il se trouve à Saint-Paul, à l’hôtel où pend pour enseigne « Le Lion d'Or », grande maison vis-à-vis du Creisker, au Nord des bâtiments du futur Séminaire, et louée 144 livres en 1664 (Archives Départementales, 8 G. 18, 19, 35)], lequel sous-louait une partie de sa ferme, et en particulier, déléguait un prêtre dit « sacriste »  [Note : Ainsi, missire Yves Kerdélan de 1618 à 1638 (?) ; recteur de Trégondern en 1641, et, à moins d’homonymie, chapelain d’une chapellenie à Brélès, en 1642 ; missire Claude Bervas, de 1649 à ...., missire Hamon Pennec, de 1665 à 1668; missive Yves Abhervé, de 1668 à 1672 ; puis Vincent Cloarec et Jean du Val], chargé du soin des offices religieux.

Ainsi, par acte du 1er Novembre 1649, missire André de Cornilleau, sieur de la Jourdonnière, prêtre, prieur de Pontorson, recteur, en 1640, de Saint-Christophe du Luat (Mayenne) (Archives Départementales, 8. G. 35), et de la Bazouge du Désert (Ille-et­Vilaine), en 1657 (Guillotin DE CORSON, Pouillé), gouverneur du Creisker, résidant au lieu seigneurial de Lesprientz, en Montaudin (Maine), ou, suivant une autre pièce, en sa maison et seigneurie de la Dorengerie (Maine), baille pour 6 ans, à Tanguy Le Dot, sieur de Crechuel, demeurant paroisse du Crucifix devant le Trésor, moyennant 600 livres par an et 2 poids de lin peigné loyal marchand [Note : En 1664, le poids de lin vaut 21 livres], la ferme du temporel du Creisker (Archives Départementales, 8. G. 15).

Quelques jours après, ce nouveau fermier du temporel contractait à son tour avec celui qui l’avait précédé dans la charge, missire Claude Bervas, prêtre, gouverneur de Saint-Pierre. Ce dernier s’était peut-être refusé à subir l’augmentation de fermage qui lui aurait été réclamée. En 1633, en effet, il déclarait tenir la ferme pour 415 livres seulement par an, sous le sieur Du Parc Cornilleau.

Note : Un conflit qui se produit en 1668, et où on voit le gouverneur se débattre entre les habitants d’une part, et l’un de ses sous-fermiers de l’autre, nous paraît devoir être reproduit. 

Le gouverneur, François de Mailly, avait alors comme procureur général, pour ses affaires temporelles, un sieur Jacques de Naninaut, chevalier, conseiller du Roy, maître d’hôtel de la feue Reine, seigneur des châtellenies de Saint-Maurice, de Melleray, et Fontenoel, demeurant en son château et paroisse de Saint-Maurice, archevêché de Sens. 

Vu l’éloignement, ledit sieur de Saint-Maurice avait lui-même élu pour procureur spécial, écuyer François de la Fosse, notaire aux Reguaires de Saint-Paul, qui déjà avait rempli les mêmes fonctions pour missire Nicolas de Saint-Jean, précédent gouverneur, et qui venait encore (20 Avril 1668) d’obtenir une partie du temporel du prieuré pour 160 livres par an. 

Ce dernier, par contrat du 22 Avril, au dit an, avait pris, en remplacement de missire Hamon Pennec, prêtre, précédemment sous-gouverneur et sacriste, missire Yves Abhervé, également prêtre, et l’un des suppôts des Trépassés. 

Le 20 Juin suivant, à la suite de la visite épiscopale au Creisker, où fut constatée une grande indigence de corporaux et autres choses nécessaires au culte divin, le sacriste reçut l’ordre de se pourvoir incontinent d’une douzaine de corporaux et d’autant de purificatoires, de deux missels et d’un graduel. 

(Les comptes de missire Claude Bervas nous apprennent qu’en 1652, il a payé 16 livres 10 s. pour réparation d’ornements achetés à la vente des biens de feu M. le Recteur de Trégondern ; plus 9 sous pour achat, de Yves Prissac, prêtre, de 2 vieilles ceintures de fil blanc ; plus 3 livres pour le missel de missire Jean Jacolot, prêtre ; plus 20 sols à Françoise Le Jeune pour deux ceintures de fil blanc, bénites en le chapelle des Ursulines, par Mgr. de Cornouailles, le 10 Novembre 1652 ; plus 45 liv. 5 s. pour 30 aulnes de toiles de Morlaix et dentelles ; plus 12 livres baillées le 30 Mai 1652, à Alexandre Kermeidic et Jeanne Le Chauquer, sa femme, pour acheter, à la foire de Lantreguer, deux missels et 20 sous de ruban pour faire des réglets aux missels). 

Faits ou non, les achats imposés par Mgr. de Léon à Yves Abhervé constituèrent, avec diverses réparations, les articles d’un relevé de comptes présenté au gouverneur en 1671. 

La note en parut à François de Mailly un peu enflée, car nous le voyons contester immédiatement les données et chiffres du mémoire en question. 

A priori, d’ailleurs, il n’accueille qu’avec un certain scepticisme les  appréciations inquiètes concernant le délabrement du Creisker. Remontrant à l'Evêque, le 27 Juin 1668, le triste état de la chapelle, le syndic des habitants, Jean Le Dinéric, sr. de Poulprat, déclarait qu’il était du devoir de la communauté d’y remédier, « de crainte que le mépris qui redonde sur la Sainte Vierge n’attire, pour marque du courroux de Dieu, une juste punition, et la totale destruction de ce beau temple, par la chute des cloches, qui pourraient en tombant, la charpente n’étant en état, renverser la pyramide (laquelle sert aussi aux nautonniers) sur une bonne partie de la ville »

Le gouverneur y voit de l’exagération. « Le sieur Abhervé aurait tâché d’imprimer dans les esprits des images si étonnantes qu’il eût voulu faire croire que la ville était dans une ruine commune et imminente ». Il aurait décrit l’église tellement carente qu’on l’eût pu croire assolée. Quant à la dire vide d’ornements pour le service divin, c’est une affirmation fausse et absurde. 

La suite rendra encore plus vraisemblable cette dernière remarque de François de Mailly. « Au fond, ajoute-t-il, il y a contre le gouverneur, parce qu’étranger au pays, une animadversion qui, pousse à lui imposer toutes les charges »

Et « ce n’est pas assez, dira-t-il l’année suivante, qu’il ait depuis quatre mois dépensé 2.000 livres pour les réparations nécessaires »

A quoi d’abord il n’était pas tenu, ni en droit, ni en fait. Car s’il est vrai que les habitants ont, le 12 Novembre 1633, obtenu en Cour de Lesneven, que pour les réparations du Creisker on prendrait le tiers du revenu du gouverneur, cela ne doit pas créer pour celui-ci une charge perpétuelle ; d’autant qu’un syndic de la communauté, assistant au procès-verbal de renable en 1654, s’en est contenté. 

En outre, d’après les Canons, ne peut être obligatoirement affecté aux réparations que le quart du revenu, et encore à condition que le Recteur puisse supporter cette charge : « Si ipsi Rectori proventus unde hoc ferre possit, supersint ». En tous cas, on ne pourrait jamais exiger que le tiers du revenu temporel certain (arrêt 6ème de la lettre O, rapporté par Louet). 

Or, le gouverneur, dans les 2.000 livres déjà dépensées, a déjà employé huit années de son revenu, et on voudrait l’imposer encore ! Mais aux réclamations qu’on lui présente, celui de vingt années ne suffirait pas. 

Car les ressources de son gouvernement sont relativement faibles. Il ne possède dans ladite église que la principale, première et plus ancienne chapellenie, celle de Notre-Dame, tandis que missire Abhervé, outre qu’il est suppôt des Trépassés, a eu plus quatre ou cinq chapellenies, comme celles de Saint-Yves, de Saint-Tégarec, etc... 

Puis le gouverneur, continuant à se servir d’arguments personnels, accuse le dit Abhervé, précisément en tant que suppôt des Trépassés, de faire servir, à l’usage de cette dernière Confrérie, les ceintures, livres et autres ornements du Creisker, et d’avoir fait placer la lampe devant l’autel de la dite Confrérie. Missire Abhervé avait, en effet, acheté pour 30 livres à Jean Loué, marchand de Morlaix, une lampe de cuivre, destinée à être exposée devant l’image de la Vierge (laquelle ne se trouvait pas sur l’autel principal). 

Comme il importait, en outre, de vérifier l’emploi des sommes dont le sacristain faisait état dans son mémoire, tant pour achats que pour réparations, des experts, nommés à la demande du Gouverneur, se présentèrent le jeudi 20 Octobre 1671, à la porte du Creisker, pour dresser un procès-verbal touchant les points en litige. 

Entreprise malaisée ! Car « le dit Abhervé, par une malice à laquelle on ne trouve point d’expression assez emphatique, attroupa Jean Cam, serrurier, son cousin et son complice, comme l’ayant voulu favoriser dans ses supercheries, par l’octroi de quittances [fictives], et de plusieurs autres gens de sac et de corde, ainsi que d’un particulier et particulière, ses domestiques, qui à l’aide les uns des autres, tous pris de vin, conformément au complot formé entre eux, commencèrent à fermer toutes les portes de l’église, à les frapper de cailloux, avec un tel bruit que tout le quartier y accourut aux alarmes, à l’aspect desquels et sur les sommations que le gouverneur faisait de faire voir les réparations, ledit Abhervé prit prétexte de se retirer, protestant de nullité de tout ce que l’on faisait et de se pourvoir »

Après coup, ledit Abhervé crut habile de soutenir que, le gouverneur ayant les clefs de l’église et ayant réussi à y pénétrer, on a très bien pu, en son absence à lui sacristain, et pour trouver prétexte à grief contre lui, causer grand dégât aux réparations à expertiser. 

De tels procédés surprennent ; mais le plus curieux est que le gouverneur lui-même, qui n’avait pas « d’expression assez emphatique » pour dépeindre la malice de son sacristain, n’hésitera pas, l’année suivante, à recourir à une manoeuvre à peu près semblable. 

Dans une séance de la communauté, en effet, (le lundi 18 Janvier 1672), « Yves Hérault, sieur de Coadou, syndic, remontra que le jour d’hier, étant jour de dimanche, environ l’heure des vêpres, il aurait été avisé que, contre la forme accoutumée, les portes de l’église de Creisker auraient été fermées par quelques malveillants, en sorte que personne ne pouvait y entrer faire leurs prières à Dieu et oraisons ; on ne savait à quel dessein les portes étaient fermées. De sorte que le peuple murmurait contre cette nouveauté inouïe, faisait un grand vacarme et s’efforçait de faire ouverture réelle des portes ; et ayant obligé le dit Syndic à se transporter jusque là et faire faire ouverture de l’église par les particuliers qui s’y trouvaient, sur des sommations populaires, il y serait entré accompagné d’un grand nombre des habitants et du dit peuple, et ils auraient rencontré noble missire François de Mailly, gouverneur, accompagné de quelques particuliers ses adhérents, qui faisaient effort de démonter, démolir et déplacer le maître-autel, et d’autres démolitions, au grand préjudice du maître-autel et du tableau en relief qui est au-dessus, d’un travail fort exquis et d’un prix inestimable ; et d’ailleurs, cette entreprise étant faite d’autorité privée, le remontrant, sur l’avis des habitants, aurait requis procès-verbal en être fait par les formes de justice, représentées par le commis du greffe de la Cour de Lesneven »

Ainsi, les coups de force étaient assez dans les goûts de l’époque ! Mais pour ce qui est de l’année précédente, le beau rôle appartient plutôt au gouverneur qui peut, d’ailleurs, poursuivre ses récriminations contre le sacristain en établissant les malversations de ce dernier. 

Par exemple, un travail exécuté par Jean Cam, serrurier, cousin du­dit Abhervé, et porté 46 livres n’en valait que 15. 

Un certain Yvon Le Duff, maître charpentier et maître affronteur, aurait reçu d'Abbervé 70 livres, alors que, depuis 50 ans, le travail fait pour les boiseries n’est monté qu’à 10 livres. Des personnes dignes de foi assurent, d’ailleurs, que ledit Le Duff prétend n’avoir touché que cent sous ! 

De même, les experts estiment 9 livres ce qui est marqué 16 au profit d’un sieur Le Jeune. 

Il y a 6 livres portées pour achats à La Roche, maître pintier, de 12 petites burettes d’étain pour servir la messe. Burettes que le sacristain n’a pu faire voir.

On voit évaluée à 12 livres la collation servie chez Françoise Le Baud, hôtesse, à MM. du Chapitre, ainsi qu’aux suppôts de la Cathédrale et du Creisker, lors de la procession annuelle du 15 Août, après leur passage au Creisker ; collation consistant en 2 pots de vin, 2 sols de pain, et 2 plats de fruits, et qui vaut tout juste 40 sous. Laquelle somme, en outre, devrait être payée par la Confrérie des Trépassés, étant donné que ce sont les suppôts du Creisker qui desservent cette Confrérie. 

Autre grief : le sieur Abbervé a fait redorer et étoffer l’image de Notre-Dame, par Jean Baradec, maître peintre, pour 54 livres. Mais il est établi que de pieuses personnes de la ville ont donné à cet effet plus de 25 livres, dont il n’est aucunement fait état dans les comptes du sacristain. 

Si on ajoute après cela « qu’il a publiquement pratiqué la corruption, inter pocula, dans les cabarets de la ville, pour l’obtention de certaines quittances »  majorées ou tout à fait fictives, et « qu’il ne s’est pas mis en peine d’acquitter les services et fondations », nous aurons au complet le réquisitoire dressé par François de Mailly contre son très peu consciencieux sacristain. 

Ce dernier, comme il y a tout intérêt, s’efforce de faire porter l’affaire devant les juges de Lesneven, dans l’espoir de lasser le gouverneur par la difficulté de conduire si loin témoins et experts, et par la crainte des grands frais nécessités par cette procédure. 

Prévisions déjouées : François de Mailly n’entend pas démordre, et finalement, obtient gain de cause. C’est d’abord Jacques Bithorel, maréchal, et Marguerite Bayec, sa femme, qui, après s’être portés caution pour missire Abhervé quand il prit sa ferme, redoutent maintenant d’être entraînés dans sa condamnation, et par crainte d’aller à la ruine, et « de voir leurs enfants au sac », réussissent, le 27 Janvier 1672, moyennant paiement de 200 livres au sieur de Mailly, à se dégager de toute solidarité avec le sacristain.

Puis, bien que le temps de la ferme de missire Abhervé doive durer encore deux ans et demi, François de Mailly parvient à l’écarter, et le 28 Janvier, il cède la ferme de la sacristie, pour 6 ans, à Vincent Cloarec et à Jean du Val, fils de feu François du Val, maître orfèvre, pour 81 livres par an (Archives Départementales, 8. G. 18, 19, 31).

 

LES FERMIERS. — LES SACRISTAINS. — LES SUPPÔTS (suite).

Soit que missire Claude Bervas n’ait pu, soit qu’il n’ait voulu continuer à être fermier du temporel, il accepte du moins d’être sacriste et sous-fermier.

C’est ainsi que, le 19 Novembre suivant, lui sont reconnus par contrat, les profits et émoluments de la sacristie, ce qui comprenait les offrandes, c’est-à-dire le tiers de ce qui se trouve dans les troncs (mais non le produit des quêtes faites pour l’entretien des Confréries et des ornements), les sonneries de cloches, droits d’enfeux et de tombes, et autres dus à raison des offices et services (le revenu des fondations excepté), et une chambre pour trois ans ; tout cela à condition de faire faire les services et fondations et de payer, par an, 75 livres au dit sieur de Crechuel.

En 1672, le prix de cette ferme de la sacristie est porté à 81 livres. Mais le marché reste encore bon pour le sacriste. Car le gouverneur nous informe, en 1671, que « le casuel est de plus grand rapport que le temporel, puisqu’on en recueille plus de 400 livres par an » (Archives Départementales, 8. G. 31).

Pour acquitter les services et fondations, le sacriste faisait appel à d’autres prêtres ou suppôts ; en voici quelques-uns pour 1671 : Jean Daniel, sr. de Gouélétanénez, Olivier Montfort, Yves Le Men, Olivier Bourlès, Hervé Daniel, Claude Le Goff, et autres prêtres ; lesquels sont dits avoir droit, pour trois années, à 1.280 livres 17 sols (Archives Départementales, 8. G. 31).

 

USAGE DE LA CHAPELLE. — Souvent appelée, dans les pièces latines, « Capella Beatae Mariae de Media Villa » [Note : Par exemple dans la pièce du 2 Septembre 1533, gouvernement de Saint-Pierre, rentier et fondations, Archives départementales], elle ne remonterait point, sous sa forme actuelle, au delà de 1375 (Lécureux, Saint-Pol de Léon, pp. 6 et 63).

Jusqu’en 1645, comme fréquemment d’autres chapelles en diverses localités, elle servit aux séances du Corps de Ville.

D’ailleurs, « il n’y avait point d’hostie sainte reposante en ladite église, ni de tabernacle » (Archives Départementales, 8. G. 31).

Brusquement, à cette date de 1645, la communauté va s’assembler exclusivement dans l’auditoire de la Cour des Reguaires [Note : Au bout de la maison et manoir épiscopal, avec les prisons y joignant. Les audiences de la juridiction étaient tenues le mardi et le vendredi (Archives départementales, 6 G. chapellenie de la Trinité). Quant aux assemblées de la maison de ville, elles avaient lieu à des jours indéterminés de la semaine, en dépit de la résolution prise en 1631 de les fixer au lundi. — Le sénéchal, le bailli, le lieutenant et le greffier n’y avaient pas voix délibérative (Archives départementales, E. 1522)].

Le changement n’était pas, sans doute, sans quelque connexion avec le transfert d’administration dont se plaignaient les habitants, et que nous avons relaté.

Dans la chapelle du Creisker se célébraient aussi certains offices et messes demandés par les associés de la Confrérie des Trépassés qui, primitivement, y élisaient leurs abbés et conseillers.

On y desservait encore, comme il sera dit plus loin, certaines chapellenies, par exemple de Saint-Yves de Crechgrizien, du Crucifix de la Tour, de Saint-Sezni, de Sainte-Catherine..., etc..

Enfin, le Creisker était une des stations habituelles des processions. Nous avons parlé de celle du 15 Août. M. le chanoine Peyron (la Cathédrale de Saint-Pol, pp. 40, 45, 151) indique aussi la procession du dimanche de la Trinité, celle du 14 Janvier, fête du saint Nom de Jésus, celles qui se faisaient lors des calamités publiques, comme la peste (Octobre 1652), ou en action de grâces ; par exemple, lors de la prise de La Rochelle, Septembre 1628 (Congrès Marial du Folgoat, p. 353).

Mentionnons aussi les processions relatives ou au service de la Confrérie des Trépassés ou à quelque fondation particulière : ainsi après les complies du Carême, lorsque le maître de la psalette venait avec les douze prêtres suppôts de la cathédrale, chanter le Stabat au Creisker (fondation de François de Guiscaznou, sieur de Kerincuff, gouverneur du Creisker, 1er Mars 1616, Archives Départementales, 8 G. 33).

 

LES RÉPARATIONS. — C’est l’affaire et qui, à elle seule, résumerait presque toute l’histoire du Creisker au XVIIème siècle et même avant. Car dès le 30 Juillet 1576, nous lisons que « Hamon Barbier, docteur en droit, chanoine de Léon, archidiacre de Quiminidilly, et vicaire général de Mgr. de Neuville, accorde 40 jours d’indulgence à tous ceux qui feront quelque aumône pour les réparations et l’entretien du Creisker ». — Signé : Le Gall, secrétaire.

Le 13 Août 1613, missire Yves Pérennes, chanoine de Léon et recteur de Commana, appelle comme d’abus de sentence rendue contre lui comme gouverneur du Creisker, en la Cour de l’officialité, le 7 Août précédent, par missire Louis Jacobin [Note : De la confrérie des maîtres ès arts, Lesneven. — Louis Le Jacobin, archidiacre de Quiminidilly, chanoine, grand vicaire et official de Léon, recteur de Ploudaniel, fut reçu dans la dite Confrérie le 6 Août 1619], Julien Keranguen (de la confrérie des maîtres ès arts), et Christophe Lesguen, à la requête et sur le faux donné à entendre de missire François Messager, promoteur de Léon, et de Frère Jean Le Merdy, procureur des Carmes, avec défense de faire et continuer certaines quêtes qui se font d’an en an, depuis les 80 à 100 ans, pour aider à la réparation de ladite chapelle.

Puis, arrivent les délibérations des habitants qui nous renseignent sur l’état du monument.

23 Novembre 1628. — Chute occasionnée par la foudre, d’une partie du clocher. La pointe de la flèche est abattue « de la hauteur d’une pique » (DE COURCY, Notice sur Saint-Pol). Le toit, surtout au-dessus du choeur, est ruiné.

14 Février 1630. — Mgr. de Rieux affecte aux réparations du Creisker les aumônes du jubilé. Le 21 Juillet suivant, il fait faire un procès-verbal des travaux à exécuter. De leur côté, les habitants offrent à cet effet les 360 livres tournois recueillies en la chapelle pendant le jubilé.

4 Juillet 1633. — Missire Claude Bervas, fermier du gouverneur, a employé 82 livres tournois aux réparations. — Le 12 Novembre, la Cour de Lesneven ordonne d’y consacrer le tiers du revenu du temporel.

26 Janvier 1642. — Chapelle toujours délabrée. On n’y assiste aux offices qu’avec grandes incommodités et même avec danger pour la vie.

3 Avril 1644. — Claude Bervas est nommé abbé des Trépassés, eu égard qu’il remettra en bon état la chapelle du Creisker où se desservent la plus grande partie des fondations de sa Confrérie.

23 Septembre 1650. — Le nouveau fermier, Tanguy Le Dot, requiert que soit fait un procès-verbal des réparations nécessaires.

Puis, en 1652, il est dit que la collation présentée à MM. l'Official et Promoteur de Léon, venus faire état et procès-verbal des réparations, a coûté 50 sous.

13 Juin 1653. — Le Syndic est signifié de comparaître au siège de Rennes, à l’instance du gouverneur, André de Cornilleau.

4 Septembre 1656. — Sont venus trouver Mgr. Henri de Laval, Vincent Hamon, promoteur de Léon, Tanguy Le Borgne, sieur de Valfontaine, syndic, écuyer Pierre de Kermellec, sieur de Kersaudi , Hamon Coetanlem, sieur de Launay, Jacques Coetanlem, sieur du Plessix, Jean Le Déduyer, sieur de Feunteunmeur, etc., disant que, lors de la dernière visite de l'Evêque à la cathédrale, le 1er Septembre 1656, ils ont eu à se plaindre de la carence des réparations au Creisker.

En conséquence, l’Evêque prescrit une descente à la chapelle avec expertise de maîtres architectes, couvreurs, vitriers, forgeurs, charpentiers. Ils trouvent que pour réparer la tour, « espointée par le tonnerre depuis 4 ans » [Note : 1652 est donc à ajouter aux dates indiquées par Ogée, où le Creisker fut frappé par la foudre], il faudrait 1.200 livres. Pour les 4 piliers de la nef : 600 livres. Pour les murs du cimetière : 260 livres. Pour le boisage des cloches, la charpente, le lambris : 2.243 livres. Pour la toiture : 500 livres. Pour réparer la grande cloche fendue depuis 2 ans : 75 livres. Pour les ferrements des cloches, l'Anne et le Grand-Gabriel : 30 livres. Pour les vitres : 485 livres. Soit en tout : environ 5.400 livres.

En 1663, le 18 Avril, nouvelle expertise ; Hamon Le Jacobin, sénéchal, à la requête de Vincent Hamon, chanoine, promoteur de Léon, Guy Le Dall , procureur fiscal des Reguaires, Jean de Kerlech, sieur du Ruscat, chapelain de N.-D. de Creisker, Edouard de la Rogerie, sieur de Launay, et Guillaume Caroff, notaire royal, se rendent de nouveau à la chapelle, où, serment pris de quelques experts, ils procèdent à l’établissement du devis suivant :

Pour bien réparer la pointe de la pyramide : 1.000 livres. Pour les ferrures, le boisage des cloches, et le plancher, lequel est si mauvais qu’on ne les sonne plus depuis 2 ans [Note : Semblable plainte, en 1668. De même le 15 Janvier 1673. « Les cloches sont prêtes d’assoler, ce qui pourrait entraîner l’effondrement de la tour, une des plus remarquables de l'Europe »] : 1.150 livres. Pour la maçonnerie de l’église et pour recouvrir ainsi qu’au passé les murs du cimetière de pierres de taille : 430 livres. Pour la charpente et le lambris : 519 livres. Pour la toiture : 490 livres. Pour les maisons dépendant du gouvernement : 3.703 livres. Soit en tout : près de 7.500 livres.

On comprend que François de Mailly fasse observer, en 1671, que vingt années de ses revenus y passeraient.

Soit mauvais vouloir, soit simple impuissance de sa part, il devra encore entendre des récriminations, car les habitants se plaindront, le 6 Août de cette même année, «  qu’on ne puisse célébrer la messe au Creisker ».

Ainsi, rien que par ces extraits, on s’aperçoit que la réunion désormais imminente de notre gouvernement au Séminaire, si elle doit favoriser ce dernier établissement, ne sera pas moins avantageuse à la célèbre chapelle, dont pourront s’occuper sérieusement, par suite d’une continuelle résidence, les directeurs du Séminaire et prêtres de la Mission.

 

LES FONDATIONS. — On traitera à part ce qui regarde les prééminences, autels et chapellenies. Quant aux autres fondations, nous nous bornerons aux indications suivantes.

La plus ancienne pièce rencontrée aux Archives Départementales, relativement au Creisker, est de 1356, et est antérieure en conséquence à la chapelle actuelle. Elle porte que Olivier Loisenec, et Marie, sa femme, fille de Geoffroi Lepot, vendent à Mgr. Hervé de Kermaon, chevalier, leur maison en Saint-Paul pour 107 écus d’or ducaux au roi de France, et à charge de payer 24 sols et 8 deniers par an, à Mgr. Hervé Le Dévet, et à Mgr. Parcevaux Parleizor (?) prêtres, chapelains de la chapellenie que maître Richart fonda en l’église de Creisker (Archives Départementales, 8 G. 21).

Laquelle maison fut donnée, le 28 Décembre 1414, à Yves Nicolas, procureur et négociateur de la chapelle.

Le 6 Septembre 1536, écuyer Jean de Penfentenio, sieur de Kermoruz, faisant pour son oncle, écuyer Nicolas de Penfentenio, sieur de Lesguern, donne au Creisker, une garcée froment, mesure rase de Saint-Paul, à charge au gouverneur d’une messe à note à chaque fête de la Nativité de Notre-Dame, et en l’issue d’icelle le prêtre, avec ses répondants et assistants, chantera les prières et oraisons accoutumées pour les morts, sur les tombes des dits sieurs de Kermoruz étant devant l’autel de N.-D. de Pitié, en la dite chapelle de Creisker.

Il avait d’ailleurs déjà donné 3 boisseaux de blé au Creisker le 29 Janvier précédent [Note : Archives Départementales, 8 G. 32. Cette dernière pièce porte aussi une donation de 3 boisseaux froment de rente à maître Jean du Châtel, gouverneur de la chapelle de N.-D. de Lambader].

 

AUTELS. — BANCS. — Il y avait près de 30 autels et 100 images, sans y comprendre le mystère de l’autel de Notre-Dame [Archives Départementales, 8 G. 31. Cette richesse en « images » explique que Cambry ait écrit, après la Révolution : « On aurait peine à concevoir la quantité de statues qu’on a brisées au Creisker » (Catalogue des Objets échappés au Vandalisme, p. 113)].

Ces derniers mots désignent, selon toute probabilité, « le tableau en relief placé au-dessus du maître-autel, d’un travail fort exquis, d’un prix inestimable » (Délibération de la Communauté, 18 Janvier 1672), et « représentant la vie de Jésus-Christ » (Ogée, t. II, p. 860).

Dans les comptes du fermier, missire Claude Bervas, on lit : « Payé à Claude Poder, le 10 Juin 1652, 6 sous pour accommoder les serrures de la barre fermant le tableau étant sur le grand autel » (Archives Départementales, 8 G. 18).

C’est ce grand tableau qui se trouva « en danger d’être brisé et rompu », en 1628, par suite des dégâts causés par la foudre au clocher et à la chapelle, et en 1672, par les modifications et démolitions intempestives du gouverneur, François de Mailly.

Entre autres « images », se voyaient au Creisker les représentations de la Sainte Trinité, de N.-D. de Creisker, de N.-D. de Délivrance, de saint Jacques, etc...

A ce qui a déjà été publié sur les autels, tombes et bancs au Creisker (Voir Peyron), nous n’ajouterons que quelques mots :

L’autel Saint-Nicolas est au bas, près la porte, contre un des piliers et colonnes d’icelle (Archives Départementales, 8 G. 31).

L’autel de l'Assomption ou de N.-D. de Délivrance, est dit aussi de Saint-Guévroc. Il n’appartenait à aucun particulier. Derrière, se trouvait un banc à M. de Coetlosquet.

Dans la balustrade de la Trinité, autre banc à M. de Keravel de Kersaintgilly.

Derrière l’autel de Sainte-Catherine, banc à Mme de Kerment (Archives Départementales, 8 G. 15).

 

LES CLOCHES. — Le 26 Novembre 1720, Jean Le Beurier, sieur de la Rivière, maître fondeur pour le Roi, demeurant à Brest, paroisse des Sept-Saints, visite les quatre cloches du Creisker (Archives Départementales).

La grande cloche, dite la Marie, faite en 1636, se trouvait fondue dès 1654 (Archives Départementales, 8 G. 19).

Les autres étaient le Grand-Gabriel, le Petit-Gabriel, et l'Anne.

Il y avait aussi une autre petite cloche, le Jean, dans la petite tour sur le pignon de la principale entrée (Archives Départementales, 8 G. 31).

Les cordages pour ces cloches s’achetaient à la Madeleine et se payaient soit au poids, 3 sous la livre, soit en raison de 1 sou par brassée (Archives Départementales, 8 G. 18 et 19).

(Archives de l'Evêché).

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