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NOTRE-DAME DE LA GRAND'PORTE

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MIRACLES ATTRIBUES PAR LA TRADITION A NOTRE-DAME DE LA GRAND'PORTE

D’après la tradition populaire, en 1378, au cours d’un siège en règle de la cité malouine, fait par les Anglais, un jeune enfant, en sortant de l’école, remarqua que la Vierge de la Grand'Porte avait baissé la main, et qu’elle semblait indiquer du doigt avec insistance quelque chose à ses pieds. A la vue de ce miracle, nos pieux ancêtres pressentant un danger, fouillèrent le sol dans l’endroit montré par la Vierge ; et ils trouvèrent bientôt une galerie souterraine creusée par les mineurs du duc de Lancastre qui se disposaient à faire sauter la ville. Grâce à cette intervention miraculeuse de Notre-Dame de Bon-Secours, on put arrêter les mineurs anglais et sauver la cité.

Une tradition absolument semblable attribue le même miracle à la Vierge de Saint-Sauveur de Rennes, Notre-Dame des Miracles, lors du siège de cette ville par les Anglais ; elle fixe la miraculeuse intervention de Marie au 3 octobre 1356, ou au 8 février 1357 ; c’est-à-dire quelques années avant qu’elle ne sauve Saint-Malo.

La date de 1378 correspond parfaitement à une attaque de la ville de Saint-Malo par les Anglais et à un siège assez long de la ville ; il est historique que le duc de Lancastre fit creuser une mine pour faire sauter nos remparts et s’introduire par surprise dans la place mais le chef anglais échoua dans son entreprise, car son projet fut découvert ; et la mine devint le tombeau de ceux qui l’avaient préparée.

Il me semble utile de citer textuellement ici une page de l'Abbé Prampain faisant récit du siège de Saint-Malo d’après nos vieux historiens.

« Depuis que Jean de Chatillon [Note : Jean de Chatillon, plus connu sous le nom de Jean de la Grille, est l’illustre évêque malouin qui transporta le siège épiscopal de la Cité d'Aleth dans l’église des Bénédictins de Saint-Malo] en fit une ville forte, Saint-Malo a été assiégé et bombardé ou menacé six fois, quatre fois dans sa première enceinte, deux fois dans l’enceinte dite de Vauban. Cinq de ces attaques vinrent de l'Angleterre et une de la France. Siège de 1378. — Montfort avait triomphé de Blois, Jean IV qui devait le trône ducal aux Anglais, leur bailla tant de charges à sa cour, tant de villes en ses domaines, que les seigneurs bretons, indignés, se soulevèrent et le bannirent. Londres accueillit l’exilé. Mais les fêtes de Vindsor ne l’empêchaient point de songer au retour. Après cinq ans de rudes chevauchées et de vaines tentatives, Jean se morfondait en Angleterre, lorsque son beau-frère Jean de Gand, duc de Lancastre, promit d’aller lui quérir les clefs de Saint-Malo. Lancastre vint donc assiéger la ville avec une flatte considérable : 4.000 hommes d’armes, 8.000 archers, et selon. Froissart, qui sans doute exagère, 400 canons. Il campa sur les mielles, établit ses bombardes devant l’ancienne porte Saint-Thomas, en la dune appelée Gros-Sillon, battit à grand feu le rempart et y fit brèche. Plusieurs assauts se suivirent, meurtriers, opiniâtres, l’un d’eux dura tout un jour. Heureusement le vicomte de la Berlière, le sire de Malestroit et le seigneur de Combourg avaient amené 200 hommes. Ce renfort, joint aux compagnies bourgeoises, permit au capitaine de Saint-Malo, le brave Jean Morfouace, de jeter chaque fois, les assaillants à bas des murailles. Et puis, Du Guesclin, le bon connétable, accourut de Cherbourg. Son armée occupait Saint-Servan, séparée seulement de l’ennemi par le port, les marais du Talard et le chenal du Routhouan. Si les Anglais s’avançaient à mer basse sur le Sillon et les grèves, Du Guesclin paraissait, menaçant, sur le bord opposé ; s’ils se disposaient à traverser les marais, Du Guesclin refusait le combat. Ainsi, assauts et bataille devenaient impossibles. Lancastre feignit alors de changer le siège en blocus : mais secrètement il faisait creuser une mine au Gros Sillon pour renverser un pan des remparts et " ouvrir la ville ". Le vigilant Morfouace, bien renseigné par ses espions, savait tout et laissait faire, guettant l’occasion favorable. Elle arriva. Une nuit que Richard d’Arondel gardait mal, les travaux, Morfouace descendit des remparts, " rompit la mine ", égorgea les sapeurs, surprit le camp anglais et mit le feu aux tentes. Lancastre découragé " rentra en sa navie " et fit voile vers l'Angleterre » (Saint-Malo Historique, par le Père PRAMPAIN, p. 125 et 126).

Un autre miracle est également attribué à Notre-Dame de Bon-Secours de la Grand'Porte : En 1661, lors du fatal incendie qui détruisit le plus grand nombre des maisons en bois du vieux Saint-Malo : au moment le plus fort de la brûlerie, alors que toute la ville semblait condamnée à devenir la proie des flammes, on aurait vu la Vierge se dresser au milieu du brasier et d’un geste arrêter l’incendie.

Ce fut le 27 octobre 1661, vers les cinq heures du soir, par un temps très calme, qu’éclata l’incendie. Une femme nommée Marie de Bordeaux, veuve de Sébastien Charnasse, surnommée : Ville-David, avait fait chauffer de l’essence de térébenthine dans la petite cour sur laquelle donnait son arrière-boutique. La matière s’étant enflammée, l’imprudente, avec un grand sang-froid, couvrit le liquide en feu d’une couverture mouillée. Le feu allait être éteint, quand, pris d’un zèle intempestif, un voisin nommé Pierre Chenu, leva la couverture qui étouffait les flammes, et d’un coup de pied renversa le vase rempli de liquide enflammé. Aussitôt le feu se communiqua aux maisons, d’autant plus facilement qu’elles étaient presque toutes en bois ; et bientôt, tout le quartier de la Grand'Rue n’était plus qu’un immense brasier. Dans les maisons des corsaires malouins se trouvaient de nombreux barils de poudre ; ceux-ci, en éclatant, envoyaient des tisons enflammés de tous les côtés, propageant encore l’incendie. Le feu prit deux fois au clocher de la cathédrale, et le corps de garde qui se trouvait au-dessus de la Grand'Porte fut entièrement brûlé. Nous lisons, en effet, dans un tableau chronologique des principaux événements qui se sont passés dans la ville de Saint-Malo (Archives de la ville de Saint-Malo), que le 18 avril 1662, le corps de garde « de dessus la Grand'Porte » qui avait été consumé dans l’incendie du 27 octobre 1661 est rebâti, et que, le 18 juillet de la même année, on voit restaurer l’horloge du clocher qui dominait les tours de la Grand'Porte.

Nous n’oserions affirmer que l’on peut conclure de ces faits à la réalité d’un miracle ; mais nous constatons que si, selon la tradition, la Vierge était déjà placée au-dessus de la Grand'Porte, elle fut par moment environnée de flammes ; nous constatons également que les maisons qui se trouvaient à gauche de la statue furent préservées, puisque, à l’angle de la rue des Cordiers et de la rue de Chartres, on peut voir encore une de ces antiques maisons de bois qui furent témoins de la grande brûlerie de Saint-Malo ! Nous verrons, d’autre part, pourquoi nous croyons que la Vierge a subi les atteintes du feu, et comment, dès lors, nous concevons parfaitement son geste de protection.

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OBJECTIONS FAITES AUX « LEGENDES MIRACULEUSES » DE NOTRE-DAME DE LA GRAND'PORTE


Ce fut en 1663, lors d’une retraite qu’il prêchait à Saint-Malo, que le Père Jésuite Vincent Huby fit placer ou replacer la Vierge de Bon-Secours à l’endroit qu’elle occupe encore actuellement, au-dessus de la Grand'Porte. Ce Père Jésuite, dont le nom est resté très populaire dans notre pays, fut le premier directeur de la Maison de Retraites de Vannes et, d’après l'Abbé Manet, il mourut en odeur de sainteté le 20 mars 1693.

Le bon Abbé Manet ne croit pas aux légendes ni aux récits traditionnels concernant la Vierge de la Grand'Porte, il se contente de donner son opinion sans appuyer ses doutes sur aucune raison. Le Père Prampain, lui, pense les démolir en citant la date de la bénédiction de la Vierge par le Père Vincent Huby : « Une simple date précisée, dit-il, la date de l’érection, 1663, a tué ces légendes ; mais si elle n’est point miraculeuse, la Vierge de la Grand'Porte n’en est pas moins depuis deux siècles et demi la, protectrice de notre cité et la mère de grâces précieuses pour tous ceux qui l’invoquent » (Saint-Malo Historique, par le Père PRAMPAIN, page 65, note 3).

Quand, pour la première fois, je parlai de faire cette petite étude sur la statue de Notre-Dame de la Grand'Porte, un certain nombre de personnes, aussi compétentes que bien intentionnées, me firent cette recommandation : « Surtout, ne parlez pas des légendes, cela produit le plus mauvais effet et, du reste, le Père Prampain les a démolies de main de maître en établissant la date de l’érection de la statue ! ».

Avant de répondre à ces arguments, je vais, si vous le voulez bien, ouvrir une parenthèse et vous citer ce fait : En 1922, j’ai été assez heureux de replacer dans la petite chapelle de Notre-Dame de l'Espérance du Mont-Dol, une statue de saint Michel. Ce saint Archange avait été invoqué en ce lieu depuis le XIème siècle jusqu’à la révolution : l’église qui lui avait été consacrée fut détruite en 1793 par une bande d’énergumènes, et saint Michel fut chassé de son fief. Il m’eût été pénible de voir dans cette chapelle une de ces horribles statues de plâtre n’ayant aucun caractère original ni artistique, et dont la laideur et l’insignifiance sont les principales caracté­ristiques, une de ces statues style série ou bazar ! Avec patience j’ai attendu une occasion favorable ; elle s’est présentée en 1922 à la vente d’un vieux collectionneur : j’ai eu la bonne fortune d’y rencontrer une belle statue de bois, parfaitement conservée, provenant, m’a-t-on dit, d’une église de Dol démolie depuis la Révolution. Cette statue, sauvée par des mains pieuses, fut placée longtemps dans l’ancienne école libre des filles de. Dol ; elle en disparut lors du vol légal de nos écoles.

D’après les connaisseurs, cette statue est de la fin du XVIIème siècle ou, au plus tard, du début du XVIIIème.

Si, dans quelques années d’ici, un chercheur parlant de cette statue écrivait : « On dît bien que ce saint Michel date du XVIIème siècle ; on prétend qu’avant la Révolution il fut honoré dans l'Eglise N.-D. de Dol, aujourd’hui disparue, qu’il fut vénéré ensuite dans une école de Religieuses ; mais, une date certaine que nous venons d’établir, celle de l’inauguration de cette statue dans la chapelle de N.-D. de l'Espérance et sa bénédiction par M. le Curé-Archiprêtre de Dol : la date de septembre 1922 tue toutes ces légendes fantaisistes : La statue de saint Michel n’est, ni du XVIIème, ni même du XVIIIème siècle, elle date très modestement de la première partie du XXème siècle, de 1922 ! ». Si, dans quelques siècles, un historien écrivait ces lignes, que faudrait-il penser du sérieux et de la justesse de ses arguments ?

Ainsi qu’il ressort de cette « parabole », on n’a pas le droit de conclure, parce que la Vierge a été bénite en 1663, qu’elle a été sculptée à cette époque, et faite pour la circonstance ! Rien ne prouve, en effet, que, comme l’enseigne la tradition locale, les pieux Malouins ne l’invoquaient pas longtemps auparavant !

La Vierge de la Grand'Porte fut solennellement rebénite après la Révolution ; elle reçut une bénédiction en 1843, lors de la réfection dé la niche ; et nous nous souvenons avoir assisté en 1887, dans notre petite en­fance, à une dernière bénédiction de cette Vierge vénérée, faite par un Prélat missionnaire, Mgr. Leray, Archevêque de la Nouvelle-Orléans. Ce n’est donc pas très osé de notre part, de nous demander si la bénédiction de 1663 était bien la première ; si elle n’était pas plutôt une bénédiction signalant la restauration de la Vierge après l’incendie du vieux Saint-Malo, et sas réexposition au-dessus de la Grand'Porte, à la vénération des fidèles ?

Les autres objections faites aux légendes de Notre-Dame de la Grand'Porte ne sont pas plus sérieuses que cette dernière : Au miracle de la main, on oppose le lys que tient la Vierge ; ayant la main fermée, elle ne pouvait, dit-on, montrer du doigt l’emplacement de la mine Répondons simplement, que la main droite de la Vierge fut brisée en 1794 par les révolutionnaires, choqués de voir entre les mains de la Vierge la fleur qui est l’emblème de la royauté. Cette main a été refaite dans la suite d’une façon discutable ; mais, comme près de huit ans se sont écoulés entre la mutilation de la Vierge et la restauration de sa main, il est permis de supposer qu’elle a été refaite de façon plus ou moins fantaisiste ; et, dès lors, il est impossible de tirer aucun argument de sa position actuelle !

Acceptons donc, non comme Histoire, mais comme légendes infiniment respectables toutes ces jolies et poétiques traditions ; et, puisque rien de sérieux ne les démolit, retraçons, sans aucune crainte des critiques, cette belle page qui fait partie de l’histoire de la Vierge de la Grand'Porte, et qui permet d’affirmer sans l’ombre d’un doute, que l’origine de notre antique statue se perd dans la légende, ce, qui, à nos yeux, la rend plus vénérable encore ! (abbé J. Descottes).

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