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LE PLESSIX-DE-RESSAC-LÈS-REDON

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LE PLESSIX-DE-RESSAC-LÈS-REDON
SÉJOUR FAVORI DU DUC JEAN V DE BRETAGNE.

Jean V de Bretagne, également connu sous le nom de Jean le Sage, est né le 24 décembre 1389 au château de l'Hermine à Vannes. Il est le premier fils et le troisième enfant du duc Jean IV et de sa troisième épouse Jeanne de Navarre. A la mort de son père, le 9 novembre 1399, il devient duc de Bretagne. Il meurt le 29 août 1442, au manoir de la Touche, près de Nantes, une propriété de l'évêque Jean de Malestroit.

Sceau de Jean V de Bretagne.

Les terres portant le non de Plessix sont très nombreuses aux environs de Redon ; aussi prit-on de bonne heure l'habitude de les distinguer les unes des autres par le gentilice des familles qui les avaient fondées ou tout au moins longtemps possédées. C'est ainsi que le Plessix en Pipriac devint le Plessix-Fabron, le Plessix en Allaire, le Plessix-Rivaud, etc. Mais parmi tous ces Plessix on chercherait maintenant en vain mention du Plessix-de-Ressac-lès-Redon qui pourtant fut le seul à marquer dans l'histoire de Bretagne.

On sait que le duc Jean V fut un des princes les plus voyageurs de son temps. L'un de ses plus grands plaisirs était de parcourir son duché d'un bout à l'autre et de s'assurer par lui-même de l'exécution de ses ordres souverains ; mais alors, s'il acceptait l'hospitalité somptueuse de ses bonnes villes et de ses abbayes qu'il lui était impossible de refuser, il allait se reposer volontiers de temps en temps dans les manoirs des officiers qui composaient sa maison. Là il était plus libre, pouvait converser plus facilement avec ses sujets et s'attachait du même coup plus complètement encore les seigneurs qui avaient eu l'honneur de le recevoir. P.armi ces manoirs le Plessis-de-Ressac fut l'un de ceux qu'il visita le plus souvent ; en trois ans il y séjourna au moins huit fois et vint y signer plusieurs des mandements les plus importants de son régne.

Où était situé le Plessix-de-Ressac ? Pourquoi le Duc semble-t-il avoir préféré son séjour à ceux des autres châteaux du pays ?

C'est ce que nous allons essayer d'éclaircir [Note : Dans son Histoire militaire de Redon, M. Trévédy a consacré tout un chapitre à la recherche du Plessix-de-Ressac. Suivant lui, il faut placer ce manoir, comme l'a fait M. Blanchard dans son Itinéraire du duc Jean V, en la paroisse de Saint-Perreuc, ancienne trêve de Saint-Vincent-sur-Oust, qui portait il y a encore peu d'années le nom de Ressac. Pour moi M. Trévédy a été induit en erreur d'abord par ce nom de Ressac, ensuite par un des articles de l'aveu rendu en 1580 au Roi par l'Abbé de Redon, Paul-Hector Scotti, pour son abbaye et ses dépendances. Cet aveu énumérant les villages de Ressac (nunc Saint-Perreuc) cite celui de la Moulneraye où est le herbrégement et tenue des Barons, à présent caduc et inhabité. — « L'aveu de 1580, déclare alors M. Trévédy, ne laisse aucun doute sur le site du Plessix-de-Ressac. Le duc, nous dit l'aveu, y avait un hébergement..... C'était sans doute un rendez-vous de chasse ». — J'avoue que tout cela m'a rendu rêveur. Faut-il voir dans ce mot Barons les anciens ducs de Bretagne ? Doit-on accepter cette tenue absolument roturière de la Moulneraye pour les derniers vestiges d'un château ducal, encore tout florissant 140 ans avant l'aveu de 1580 ? Mon avis est qu'il faut considérer le mot Barons comme celui d'un simple nom propre, celui d'une famille de paysans ayant possédé à la Moulneraye une maison qui était En ruines à la fin du XVIème siècle, et du même coup tenir compte de la tradition des habitants de la Moulneraye dont j'ai pris soin d'interroger moi-même les plus âgés et les plus éclairés qui tous m'ont déclaré n'avoir jamais entendu dire par leurs parents qu'il y ait eu jadis un château dans leur village. — Quant à placer le Plessis-de-Ressac au Plessix-Rivaut comme y a pensé M. Trévédy, il n'y faut pas songer. Le Plessix-Rivaut appartenait dès le XIVème siècle à la famille Rivaut qui lui donna son nom, nom qu'il a toujours porté et porte encore de nos jours].

Aujourd'hui simple ferme de la commune de Saint-Jean-la-Poterie (jadis trêve de Rieux), au canton d'Allaire, désignée sous le nom de Plessix-Limur, le Plessix-de-Ressac [Note : On voit dans le dictionnaire topographique du Morbihan, par Rosenzweig, à la page 205 : « Le Plessix, hameau, commune de Rieux. Seigneurie connue sous le nom du Plessix-Renac ». C'est Plessix-Ressac qu'il faut lire] possède encore quelques vestiges rappelant son ancienne importance. Les titres du couvent des Trinitaires de Rieux (Archives départementales du Morbihan. Fonds des Trinitaires de Rieux) nous apprennent qu'il dut être fondé dans la première moitié du XlVème siècle par la famille de Ressac, qui s'éteignit avec le XVIème, après avoir occupé une haute position dans la noblesse de Redon.

Roland de Ressac, chevalier, seigneur du Plessix-de-Ressac en Rieux, vivait en 1345 ; il avait épousé Demoiselle Marguerite Couessin, de la maison de Brécéan en Béganne, qui paraît lui avoir apporté des biens considérables. Marguerite mourut vers 1380 laissant par testament au couvent de Rieux, qu'elle désignait pour lieu de sépulture, la somme de 3 livres de rente, à charge d'y célébrer une messe par semaine en la chapelle de la Trinité pour elle, son mari et ses parents.

Olivier de Ressac, chevalier, seigneur du Plessix-de-Ressac, Lezallair, etc. fils des précédents, devenu aîné par la mort de son frère Roland, passa le 12 août 1384 un acte avec le même couvent auquel il fonda plus tard, le 4 mars 1407, conjointement avec sa femme Catherine de Baulon, deux messes par semaine pour y être célébrées sur l'autel de Sainte-Marguerite au-devant duquel ils voulaient être enterrés. Olivier comparut aux montres des 1er janvier et 1er février 1375 en la compagnie d'Olivier de Clisson (Dom Maurice. Preuves II, p. 102 et 104) avec ses voisins Guillaume Rivaut, Jehan de Launay, Roland de Saint-Martin, Grousican de Limur, et ce fameux Perrot de Comenan dont les terres touchaient les siennes et qui combattit au combat des Trente sous la bannière d'Angleterre.

Agathe de Ressac, évidemment fille et héritière d'Olivier et de Catherine de Baulon, épousa messire Charles de la Villeaudren et lui apporta le Plessix-de-Ressac. Ce fait résulte clairement des termes du double testament d'Agathe et de son mari, daté du 28 avril 1440, dans lequel ils demandaient tous deux à être inhumés sous les tombes de feu messire Olivier de Ressac et Catherine de Baulon en la chapelle Sainte-Marguerite du couvent de Rieux, et déclaraient fonder une messe par semaine en l'église dudit couvent et deux meses en l'église Saint-Melaine de Rieux. Charles de la Villeaudren fut un des personnages les plus en vue de son temps. Né probablement au manoir de la Villeaudren, alias Keraudren, en Cadelan, il embrassa de bonne heure la carrière des armes dans laquelle il devait se signaler avant de venir occuper une haute position à la cour ducale. Marié vers 1405 à Agathe de Ressac, héritière du Plessix-de-Ressac, il n'habita guère les manoirs que ses parents lui avaient laissés et ceux qu'un brillant mariage venait de lui donner. C'est ainsi qu'on le trouve à presque toutes les actions militaires du début du XVème siècle, et même que le 21 juin 1418 il comparut à la tête d'une compagnie de gens d'armes dont il était le capitaine à une montre reçue à Croces-les-Bourges, montre dont le procès-verbal fut scellé de son sceau, « sept macles, un petit croissant en haut entre la 2ème et la 3ème macle ». La mort de son beau-père Olivier, survenue vers 1420, dut lui, faire sacrifir ses goûts aventureux à la nécesité de s’occuper tranquillement de ses biens. On le vit alors accepter la charge d’écuyer de la mansion du Duc (Dom Morice. Preuves II. p. 1067), signer le 18 avril 1423 le traité d’alliance entre le duc de Bourgogne et les Etats de Bretagne (Dom Morice. Preuves II. p. 1127), et ratifier le 9 septembre 1427 le traité de Troyes (Dom Morice. Preuves II. p. 1201). Puis il figura à la réformation de 1428. [Note : Réformation des paroisses du diocèse de Nantes au XVème ssiècle. Archives du château de Bahurel] en la paroisse d'Asserac comme seigneur du Guerno, terre qui lui venait de sa femme et devait être un ancien apanage des Couessin, Enfin en 1437 ses nombreux services furent récompensés et le Duc le nomma son premier écuyer d'écurie (Dom Morice. Preuves II. p. 1299). Comblé d'honneurs il dut alors se retirer au Plessix-de-Ressac où il eut l’insigne honneur de recevoir plusiurs visites de son maître.

Les différents voyages de Jean V au Plessix-de-Ressac-lès-Redon sont parfaitement connus grâce aux savantes recherches de M. Blanchard [Note : Itinéraire du duc Jean V publié par la Société des Bibliophiles Bretons. En tête de l'ouvrage, comme fac-simile d'un mandement du Duc, l’auteur a choisi précisément la reproduction d'une pièce signée  au Plessix-de-Ressac]. En voici les dates : 21 avril 1439, 3 septembre 1440, jour où fut signée au Plessix même la donation à François de Bretagne des terres confisquées sur Gilles de Retz, 8 novembre 1440, 12 août 1441, 20 novembre 1441, 15 décembre 1441, 27 janvier 1442 enfin le 21 février 1442 où le duc s’arrêta chez son premier écuyer en allant de Redon à Kerbonnaire en Rieux.

Charles de la Villeaudren mourut vers 1445 et nous ne croyons pas qu’il ait laissé d’héritiers directs. La famille de la Villeaudren se fondit à cette époque en celle de Kerguezengor qui posséda peut-être le Plessix. Quoi qu’il en soit nous trouvons à la fin du XVème siècle le vieux manoir, séjour favori de Jean V, aux mains de l’antique maison de Limun.

Les de Limur, originaires de Limur en Peillac, semblent avoir habité Rieux dès 1350 et eu des rapports fréquents avec les de Ressac [Note : Un titre du XVIIème siècle nous apprend qu'il y avait deux maisons au Plessix : l'une d'elles portait le nom de Métairie de Haut. Peut-être une des deux appartint-elle dès 1350, sous le nom de Limur, à la famille de Limur qui acheta ou eut par héritage l'autre, appelée Plessix-de-Ressac, à la mort de Charles de la Villeaudren. On aurait ainsi l’explication de ce fait que les fondations des Limur et des Ressac étaient placées au fonds des Trinitaires sous ce titre commun : donations des seigneurs de Limur. D'ailleurs, Charles de Limur, seigneur de Limur en Rieux, paraît en 1481 (L. Galles, aux archives départementales du Morbihan), et la réformation de 1536 cite textuellement à l’article Rieux : Limur, au seigneur de Limur, sans faire mention du Plessix-de-Ressac, alors que dans les actes de cette époque Jean de Limur est qualifié seigneur de Limur et du Plessix-de-Ressac]. Comme ces derniers ils doivent être cités parmi les premiers bienfaiteurs du couvent des Trinitaires Jouhan de Limur (1356), sr de Limur, fils de Jarnier de Limur, Gérard de Limur (1354-1379), Perrine de Limur, fille de Jouhan, Quillaume de Limur (1384-1386), fils de Gérard et héritier de Jehan de Limur dit Lanbein, paraissent successivement en cette qualité dans les chartes de la ministrerie au XIVème siècle. Charles de Limur était en 1481 sr de Limur en Rieux (L. Galles, aux archives départementales du Morbihan) ; Jehan de Limur, probablement son fils, fut ensuite sr de Limur, du Plessix-de-Ressac et de Lezallair.

De sa femme, dlle. Françoise le Coutelier, Jehan de Limur eut plusieurs enfants qui furent baptisés à Rieux entre 1536 et 1551.

Jacques de Limur, fils aîné de Jehan, devint sgr des mêmes lieux à la mort de son père. Il épousa dlle. Catherine de l'Hospital de la Rouardaye qui lui donna une fille, Julienne.

Julienne de Limur vit s'éteindre en elle la maison de Limur : mariée vers 1575 à noble écuyer Jehan de la Villegué, elle lui apporta les terres de Limur, la Gerrie, le Plessix-de-Ressac, Lezallair, etc. Jehan de la Villegué vint se fixer au Plessix-de-Ressac, et c'est dans l'église Saint-Melaine de Rieux que furent baptisés, ses enfants, les garçons sous le nom de Limur, les filles sous celui de la Villegué.

Renée de la Villegué, fille et héritière principale et noble des précédents, épousa vers 1577 Ysaac du Maz, écuyer, sr du Verger-Brossay, issu des sgrs du Brossay–Saint-Gravé. On commenca alors à donner au Plessix-de–Ressac le nom de Plessix-Limur pour perpétuer à jamais en Rieux le nom de la famille de Limur désormais éteinte.

Nous arrêterons là le catalogue monotone des seigneurs du Plessix-de-Ressac. Poursuivre dans cette voie serait donner la généalogie à peu près complète d'une branche de la famille du Maz, et ce n'est pas là le but que nous nous sommes proposé d'atteindre.

En résumé, le Plessix-de-Ressac est une fort ancienne maison noble de la paroisse de Rieux. Pour n'avoir pas été un rendez-vous de chasse ducal, comme l’a supposé M. Trévédy dans son Histoire militaire de Redon, il n'en a pas moins l'honneur d'avoir été la demeure de trois des plus vieilles familles des environs de Redon, toutes trois éteintes. Le duc Jean V eut une affection toute particulière pour l'un de ses seigneurs, Charles de la Villeaudren, son premier écuyer d'écurie, dont il préférait de beaucoup le manoir à tous ceux qu'il habita successivement autour de Redon. S'arrêtant tantôt à Beaumont, tantôt à Lanruas, tantôt ailleurs, c'était toujaurs au Plessix-de-Ressac qu'il revenait avec le plus de plaisir. Il y a peut-être là une raison suffisante de nous faire pardonner d'avoir occupé le lecteur aussi longtemps d'une simple gentilhommière bretonne.

(M. le Cte R. DE LAIGUE).

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