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LE PETIT SÉMINAIRE DE SAINTE-ANNE D'AURAY (1815-1828)

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Période de transition entre la suppression de la Compagnie de Jésus et son rétablissement en 1814. — Fondation d'un petit séminaire à Sainte-Anne d'Auray, par Mgr de Bausset, évêque de Vannes. — Coup d'œil historique sur le pèlerinage de Sainte-Anne.

Tandis que les princes catholiques proscrivaient en Europe la Compagnie de Jésus, la Providence permettait que le luthérien roi de Prusse et la schismatique impératrice de Russie lui offrissent un asile dans leurs États.

Frédéric II, esprit très Conservateur et très positif, appréciait l'avantage de posséder chez lui des maîtres si bien faits pour façonner les peuples non seulement à la science, mais aussi à la fidélité et à l'honneur. Aussi, quoi que pussent dire ses amis les philosophes, qu'il méprisait d'ailleurs souverainement, il ne perdit pas un instant pour déclarer qu'on « n'aurait pas de lui un seul Jésuite, vu qu'il était très intéressé à les conserver, » n'ayant « jamais rencontré de meilleurs prêtres à tous égards » [Note : Lettre du 15 mai 1774. Dépêche du 13 septembre 1773 à l'abbé Colombini, son représentant à Rome]. Non seulement il prohiba chez lui la publication du bref Dominus ac Redemptor, mais, en 1775, il adressait une sorte d'appel à tous les Jésuites proscrits, les invitant à se réunir en Prusse et leur assurant un honnête entretien. Ce fut seulement après sa mort, en 1786, que, devant les dispositions hostiles du nouveau roi, les Pères durent quitter leurs collèges et leurs maisons et prirent, pour la plupart, le chemin de la Russie.

Chez l'impératrice Catherine, la sympathie était plus désintéressée. Quand elle s'annexa, en 1712, la partie polonaise de la Russie Blanche, son premier soin fut de couvrir de sa protection les nombreux établissements qu'y possédait la Compagnie. Devant la suppression de l'Institut, elle s'émut et fit si bien qu'à sa demande, un rescrit du pape Clément XIV autorisa les Jésuites de Russie à demeurer in statu quo jusqu'à décision nouvelle. Ainsi, dans un coin reculé de l'Europe, se conserva providentiellement, pendant quarante ans, la phalange fidèle qui devint le noyau de la restauration de ce grand ordre [Note : Pour l'histoire de ces événements, consulter : la Compagnie de Jésus conservée en Russie, par le P. Gagarin].

La papauté, toujours sage, attendait. Pie VI voyait « avec une secrète joie les événements préparer, sans le concours du Saint-Siège, une réhabilitation qui était dans son coeur ».

Au bout d'un quart de siècle, la place jadis occupée dans l'Église par la Compagnie de Jésus était encore vide, et plus d'un coeur généreux se demandait si les circonstances ne permettraient pas à l'Église de la remplir de nouveau en y rappelant ses fils dévoués. Au cours de 1794, quatre prêtres français émigrés se réunirent à Louvain, sous le nom de Société du Sacré-Coeur de Jésus, dans le dessein de travailler à la reconstitution de la Compagnie [Note : Les quatre fondateurs étaient : Éléonore et Xavier de Tournely, Charles de Broglie et Pierre Leblanc].

Trois ans après, à Rome, Nicolas Paccanari formait, dans le même but, un groupe d'hommes dévoués qu'il nommait Société de la Foi de Jésus.

En 1799, les deux sociétés se réunirent en une seule ; et les Pères de la Foi, dont le nombre s'accroissait d'année en année, s'employèrent avec ardeur à évangéliser, à, enseigner, à travers des vicissitudes qu'il serait trop long de décrire, jusqu'à ce que  en 1807, Napoléon, circonvenu par Fouché, les dispersa, en France, par un coup d'autorité brutale [Note : La Vie du P. Varin, etc., par le P. Guidée, de la Compagnie de Jésus, 1854, Paris, Poussielgue, contient toute l'histoire de cette période de transition].

Mais le douloureux sacrifice que l'Église avait dû subir allait prendre fin. Déjà, sur les instances du tzar Paul Ier, Pie VII avait officiellement rétabli la Compagnie de Jésus pour la Russie, et, quelque temps après, pour le royaume des Deux-Siciles [Note : Le rétablissement de l'Institut pour la Russie se fit en 1801 ; pour les Deux-Siciles, en 1804]. Quand les événements de 1814 parurent avoir clos l'ère des révolutions, le pape jugea, l'heure venue ; et, le 7 août 1814, à la joie de toute la catholicité, la bulle Sollicitudo omnium ecclesiarum, en effaçant de l'histoire le bref de Clément XIV, rétablit les fils de saint Ignace à leur poste d'honneur et de péril.

C'est, en effet, à des périls nouveaux que courait, dès les premiers jours, la Compagnie de Jésus renaissante.

Un des premiers actes du roi Louis XVIII avait été d'autoriser les évêques français à ouvrir dans leurs diocèses des petits séminaires, Le Concordat leur en reconnaissait déjà le droit, mais un droit dont l'exercice était absolument paralysé par le monopole universitaire. L'ordonnance du 5 octobre 1814 leur assura la liberté d'organiser, hors du contrôle de l'Université, la direction et l'enseignement de ce qu'on appelait les « écoles secondaires ecclésiastiques », où les élèves pouvaient achever leurs études.

C'était beaucoup. Il est vrai que la défiance administrative se trahissait par un ensemble de prescriptions restrictives, comme la limitation du nombre des petits séminaires, et le port de l'habit ecclésiastique imposé aux élèves dans les villes où existait un établissement officiel.

Forts de cette ordonnance, huit archevêques ou évêques s'adressèrent à la Compagnie de Jésus nouvellement restaurée pour lui confier la direction de leurs séminaires [Note : Les huit petits séminaires confiés aux Jésuites étaient ceux de Bordeaux, Forcalquier, Saint-Acheul, Aix, Montmorillon, Sainte-Anne d'Auray, Dôle et Billom].

De ce nombre était l'évêque de Vannes, Mgr de Bausset-Roquefort [Note : Mgr de Bausset, depuis archevêque d'Aix et Embrun et cardinal, est l'auteur des célèbres Vies de Bossuet et de Fénelon]. L'installation d'un petit séminaire dans le diocèse se présentait sous les conditions les plus favorables. A trois lieues de Vannes, aux portes de l'antique pèlerinage de Sainte-Anne d'Auray, l'évêque possédait un vaste couvent d'où les Carmes avaient été chassés par la révolution. Le choix de ce lieu, cher à toute la Bretagne, était un gage de succès.

Tout le monde connaît la simple et grande histoire du pèlerinage ; l'humble paysan Nicolazic recevant, en 1625, la mission surnaturelle de relever le culte de sainte Anne ; cette mission réunissant à travers mille obstacles ; d'innombrables faveurs obtenues par les multitudes qui, depuis deux siècles et demi, ne cessent de s'agenouiller aux pieds de la grande patronne des Bretons.

En 1628, Sébastien de Rosmadec, évêque de Vannes, appelait à Sainte-Anne les religieux Carmes, auxquels il confiait le soin du pèlerinage. Peu à peu s'élevèrent une église, un couvent et de vastes dépendances. De puissants personnages, les rois eux-mêmes, tinrent à honneur d'enrichir la maison de Sainte-Anne et d'appartenir à sa confrérie. Quand éclata la révolution, le pèlerinage était dans toute sa prospérité. Bien que les Carmes en eussent été chassés dès le début de la Terreur, la foi des populations défendit vaillamment la liberté du culte : malgré bien des vicissitudes, l'église ne demeura jamais déserte. Sauvés de la destruction grâce au zèle d'hommes courageux, la chapelle et le couvent purent être, au retour de la paix, loués par Mgr de Pancemont, puis acquis par MM. Deshays et Barré, d'Auray, au compte de Mgr de Bausset, dont le premier soin, comme nous venons de le dire, fut d'y installer les Pères Jésuites. Le 13 mai 1822, Mgr de Bausset, nommé archevêque d'Aix et d'Embrun, rendait sa générosité définitive en reportant sur le diocèse de Vannes, représenté par Mgr de Bruc, son successeur, l'entière propriété de ce grand établissement (Fernand Butel, 1890).

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