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Couronnement de Sainte-Anne

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Le couronnement de Sainte Anne (31 août 1913).

Depuis de longues années déjà, les fidèles trouvaient à Sainte-Anne toutes les faveurs spirituelles qu’un dévot pèlerin peut désirer. Les papes Grégoire XVI et Pie IX avaient enrichi le pèlerinage de quantité d’indulgences ; une confrérie fondée dans la chapelle avait été dotée de précieux avantages, toutes les messes dites à Sainte-Anne pour les défunts jouissaient de la faveur de l’autel privilégié.

Procession de Sainte-Anne-la-Palud

Une chose cependant manquait encore à la gloire de Sainte-Anne la Palud : la couronne qui brillait depuis nombre d’années déjà au front de Sainte-Anne d'Auray.

Les Recteurs qui s’étaient succédé à Plonévez depuis soixante ans n’auraient pas mieux demandé que de voir leur sainte Anne couronnée, mais d’autres soucis plus pressants les tenaient.

L’oeuvre à laquelle ils pensaient, il était donné à M. l'abbé Soubigou, devenu recteur de Plonévez-Porzay, en 1906, de la mener à bonne fin.

Vers la fin de 1911, il rédigea une supplique à l’adresse du Pape, et la remit au curé-archiprê­tre de Châteaulin, dont dépendait Plonévez, en le priant de vouloir la faire tenir à l’évêque de Quimper, Mgr. Duparc, que rien de ce qui touchait la gloire de sainte Anne ne pouvait laisser indifférent.

Partant pour son voyage « ad limina », Mon­seigneur se chargea avec bonheur de la requête de M. Soubigou, et, la faisant sienne, la déposa aux pieds du Saint Père.

Dans les bureaux de la Chancellerie romaine on ne se rendit sans doute pas bien compte de l’importance du pèlerinage de Sainte-Anne, et la lettre sollicitant la faveur du couronnement risquait d’être oubliée, si la paroisse de Plonévez-Porzay n’avait eu l’heureuse chance d’avoir à Rome, en la personne du Révérend Père Le Floc'h, supérieur du Séminaire Français, un excellent agent d’affaires.

Informé du retard que subissaient les démarches, l’éminent religieux fit son enquête. Il sut si bien plaider la cause de Sainte-Anne la Palud, que quelque temps après, Monseigneur l'Evêque de Quimper recevait de Rome la lettre suivante : Vatican, le 7 février 1913. « Le Saint Père a appris avec une particulière satisfaction, par le rapport que Votre Grandeur a déposé entre ses augustes mains, les détails édifiants concernant le sanctuaire de Sainte-Anne la Palud, situé dans Votre Diocèse, son ancienneté, la dévotion toujours croissante des fidèles et des nombreux pèlerins envers la Mère de la Très Sainte Vierge, et les grâces qu’elle s’est plu à accorder à travers les siècles à ses serviteurs. Aussi bien, le Souverain Pontife Pie X, suivant l’exemple de ses prédécesseurs, qui ont enrichi d’indulgences le pèlerinage de Sainte-Anne la Palud, désire-t-il, pour sa part, contribuer à rehausser le culte en l’honneur de la Mère de la Très Sainte Vierge Immaculée, et à augmenter dans les âmes la piété et la dévotion envers Elle. A cet effet, Sa Sainteté a daigné prendre en bienveillante considération votre supplique, interprète des voeux du Recteur du dit sanctuaire et des pieux fidèles, et Vous accorde volontiers l’autorisation de couronner en son Auguste Nom, la statue miraculeuse et séculaire de sainte Anne, vénérée dans le sanctuaire de la Palud ... ».

Quelques jours après la réception de cette lettre, Monseigneur l'Evêque de Quimper vint lui-même, accompagné de ses deux vicaires généraux et de l’un de ses secrétaires, annoncer la bonne nouvelle au Recteur de Plonévez, et s’entendre avec lui au sujet des dispositions à prendre pour les fêtes du couronnement.

Dans une lettre pastorale, datée du 2 avril suivant, Monseigneur faisait part de sa joie à ses diocésains, et, après leur avoir exposé les titres de Sainte Anne la Palud aux honneurs de la couronne, titres qu’il avait fait valoir dans sa requête au Saint Père, il fixait la date de la cérémonie au dimanche 31 août, jour même du grand pardon de Sainte-Anne...

Et nous voici aux inoubliables fêtes du couronnement. Les préparatifs sont terminés. Des guirlandes entrecroisent leurs rubans multicolores sous les voûtes de la chapelle. Les oriflammes, les banderoles et les écussons tapissent les murs.

A l'extérieur, une estrade s’élève, avec un élégant oratoire, au centre.

La fête a été préparée par un triduum, auquel a pris part une grande foule.

Le samedi, dès cinq heures du matin, les premiers pèlerins arrivent.

A la grand'messe, le nombre des assistants est déjà considérable.

Les Vêpres se chantent à l'oratoire extérieur et c’est devant un auditoire de 15.000 personnes, que le prédicateur célèbre la puissance de sainte Anne et ses bienfaits envers la Bretagne...

Puis ce fut la nuit, une nuit animée par les chants des pèlerins qui se pressaient sur toutes les routes menant à la Palud, nuit qui dut rappeler à la Grand'Mère du Sauveur celle où les Anges chantèrent la venue de son Petit-Fils en ce monde.

Procession de Sainte-Anne-la-Palud

Le grand jour était arrivé.

A 9 h. 1/2, un cortège imposant sort de la chapelle et se dirige vers l’estrade. En tête les croix et bannières des trente-trois paroisses venues à la fête avec leurs « processions ». Suivent plus de deux cents prêtres en surplis, et enfin les chanoines et les prélats. Des ecclésiastiques originaires de Plonévez portent les couronnes de vermeil qui orneront tout à l’heure les fronts de sainte Anne et de son auguste Fille. Quinze notables de la paroisse portent sur leurs épaules la lourde masse de la vénérable statue de granit.

Procession de Sainte-Anne-la-Palud

Au choeur, prennent place Mgr. Duparc, Mgr. Pichon, coadjuteur de Port-au-Prince ; dom Brieuc, abbé mitré de Thymadeuc ; M. le chanoine Le Pennec, délégué de l’évêque de Saint-Brieuc ; M. le chanoine 0llivier, délégué de l'évêque de Nantes ; Mgr. Gouraud, évêque de Vannes, qui chantera la messe.

Le diocèse de Quimper est représenté par la plupart de ses archiprêtres et de ses doyens. De nombreuses personnalités du clergé vannetais ont accompagné leur évêque aux pieds de la « soeur » de Sainte-Anne d'Auray. M. le curé de la Madeleine d'Angers, apporte, avec les aumôniers d'Angers et de Trélazé, l'hommage des Bretons émigrés dans les ardoisières de l'Anjou.

Le Parlement est aussi largement représenté par MM.. Daniélou, Hugot-Derville, Soubigou, de l'Estourbeillon et de la Ferronnays, députés ; Villiers, sénateur ; M. le comte de Mun lui-même devait arriver à la fin de la matinée.

Lorsque la lourde statue a pris place sur le trône qui lui est préparé du côté de l'Evangile, l'office commence, et les cérémonies de la messe pontificale ravissent les assistants.

La Schola entonne le « Gaudeamus » de l'Introït et bientôt la foule mêle sa voix à celle du choeur pour le « Kyrie » et le « Gloria in excelsis ».

Après un discours breton, où l’orateur célèbre la gloire de sainte Anne et définit les devoirs de l’épouse chrétienne, éclate le chant du Credo, puis, pendant l'Offertoire un cantique composé spécialement pour le Couronnement et que la foule chante avec entrain...

Bientôt, le moment solennel est arrivé. Mgr. Duparc, revêtu de ses ornements pontificaux, se dirige, entouré des évêques présents, vers le trône où repose l'Aïeule.

Le spectacle est vraiment inoubliable. Aussi loin que le regard peut s’étendre, jusqu’à la crête qui, vers l'Ouest et le Nord, profile sur l’horizon les dernières rangées des assistants, la foule compacte, innombrable, est debout, immobile, silencieuse, dessinant dans la transparence étonnante de l’atmosphère, toutes les ondulations, toutes les saillies du terrain. Des nuages ouatés et vides de menaces descend, jusqu’à la minute du Couronnement, une lumière grise et douce qui laisse aux visages toute leur sérénité.

Procession de Sainte-Anne-la-Palud

Les prières liturgiques commencent par l'hommage national à sainte Anne, l'antienne « O Mater patriae », « O Mère de la patrie, Anne très puissante, sois le salut de tes Bretons, et, par ton intercession, garde leur la foi, préserve leurs moeurs, accorde leur la paix ».

Des versets suivent, puis l’oraison. L'Evêque, alors, passe au cou de la Vierge et de sainte Anne deux superbes croix, toutes ruisselantes de la lumière qui se joue dans les diamants et les pierreries. Il couronne d’abord, suivant les prescriptions rituelles, le front de la Vierge. Quand ses bras s’élèvent, portant la couronne destinée à sainte Anne, l’émotion de la foule est à son comble. Un frisson court à travers le placître où s’agite, dans un remous prolongé, la mer des coiffures et des têtes découvertes, et c’est, comme une puissante rumeur d’océan qui salue la Reine des Bretons quand, le geste épiscopal achevé, se découvre le front de la grande Aïeule resplendissant sous l’or de son diadème.

Des applaudissements éclatent, des vivats s’élèvent et le « Te Deum », entonné par la chorale, unit, dans un même élan de reconnaissance et de joie, les coeurs des fidèles sujets de Sainte Anne.      

Cette émouvante cérémonie s’achève par la bénédiction solennelle, chantée par les évêques réunis, après que Monseigneur a béni la nouvelle et riche bannière de sainte Anne, qui restera comme un souvenir de la grande fête... (Semaine Religieuse de Quimper).

A trois heures et demie, les vêpres sont chantées.

A leur issue, Monseigneur l'Évêque de Quimper prend la parole pour développer ce texte des Proverbes :

Mulierum fortem quis invernit ?

en faire l'application à sainte Anne, et donner un tableau raccourci des relations de Sainte Anne avec la Bretagne.

Les sermons de Mgr. Duparc ne peuvent, sans perdre de leur charme, se résumer.

De ce beau discours, nous donnons la dernière partie.

« .... Comment nous étonner, après ce tableau, si insuffisant qu’il soit, de l’action de Sainte Anne sur son peuple, que ses enfants se soient levés pour chanter, une fois de plus, sa gloire : surrexerunt filii ejus, et beatissimam prœdicaverunt. Ses enfants, c’est Jésus qui lui doit sa mère : et, strictement, c’est lui seul qui la couronne.

C’est Marie, qui lui doit la vie, et qui, couronnée avant elle, tient à partager avec elle la puissance, l’honneur, la bonté.

Mais ses enfants, ce sont aussi, sans exception, tous nos Saints de Bretagne, qui ont bénéficié de ses grâces et participé à son oeuvre au milieu de nous.

Ce sont toutes les générations de fidèles, qui, aujourd’hui, dans le ciel, ont passé à une heure quelconque des siècles écoulés, sous sa main bénissante, pécheurs convertis, parents ou enfants consolés ou guéris, soldats combattant sans blessures, marins sauvés du naufrage, chrétiens de toutes les classes sociales, toute la race, depuis les origines, se rendant mieux compte du bienfait reçu, et saluant la douce patronne du plus aimé des pays, pour lui dire : Tu portes déjà des couronnes : tu en as reçu une, la première, dans ton fief de Keranna, près d'Auray : une autre dans la ville d'Apt, d’où nous viennent les reliques : une autre à Sainte-Anne de Beaupré, au bord du grand fleuve Canadien : sois également couronnée à la Palud : les couronnes les plus humbles ne sont pas les moins éloquentes...

Et à ces voix d’en haut, nous avons joint la nôtre, nous, membres de l’église militante, peuple et clergé, ceux qui souffrent, ceux qui luttent, pères et mères de famille rouvrant enfin leurs écoles catholiques, hommes de coeur dévoués à la défense de l'Eglise, ouvriers et chefs d’industrie, séminaristes sauvegardés à la caserne, prêtres secourus dans l’exercice du saint ministère, donnant à notre voix le ton de la détresse autant que du courage et de l’espoir prochain, nous sommes allés vers la plus divine autorité de ce monde ; nous lui avons raconté ce qui se passe à la Palud de Cornouaille, et comment la mère garde et conduit ses fils, et comment ses fils aiment leur mère. Et l'Auguste Pontife, sur qui nous appelons, en ce moment, la protection de Celle qu’il a reconnu Patronne de la Bretagne, nous a dit : " Mettez-lui la couronne, couronne de la Femme Forte, Forte comme Souveraine, Forte comme Patronne, Forte comme Mère ". Voilà pourquoi ses fils l’ont proclamée Bienheureuse et l’ont couronnée. Surrexerunt filii ejus et beatissimam prœdicaverunt.

Bienheureuse, certes.

Beaucoup de femmes ont été élevées en dignité, élevées aussi en sainteté. Elles ont reçu de grandes grâces. Si elles y ont coopéré, elles ont pu amasser d’immenses richesses spirituelles. Tu les as toutes surpassées, je dis toutes, excepté ta Fille, qui est bénie entre toutes les femmes ; mais le seul fait d’avoir eu une pareille Fille, te met toi-même au-dessus de toutes les autres, puisque, par Elle, tu as contribué à préparer l'Incarnation. Multœ filiœ congregaverunt divitias : tu supergressa es universas.

Ta grandeur surnaturelle n’a pas empêche ton coeur d’être humble et d’avoir la crainte du Seigneur. Grande leçon aux femmes de tous les siècles. Parce qu’elles ne craignent pas assez leur Dieu, elles sont trop facilement vaines. Sous prétexte de grâce et de beauté, délaissant le costume de leur pays, comme elles en abandonnent parfois la langue, elles adoptent, même dans certaines campagnes, des modes que la pudeur condamne, et qui sont un danger pour les âmes partout où elles s’étalent. Fallax gratia, et vana est pulchritudo : mulier timens Deum ipsa laudabitur.

Vous qui vous faites gloire de la vénérer et de l’aimer, pèlerins dont elle sera seule à connaître le nombre pour nous incalculable, vous, Bretons et Bretonnes de Vannes, de Tréguier, du Léon et de notre Cornouaille, elle ne vous a pas ménagé sa vigilance, ses leçons, ses exemples et ses grâces. De ses mains énergiques et aimantes, elle a, depuis quinze ou seize siècles, travaillé à faire notre âme, et par notre âme notre sang. Couronnée par notre reconnaissance, elle continuera, au milieu de nous, son oeuvre bienfaisante pour nous, et glorieuse pour elle. Ne rendons pas ses divins efforts inutiles. Donnons-lui le fruit du travail de ses mains. Pratiquons les vertus qu’elle nous a inculquées. Maintenons pour l'honneur de l'Eglise la réputation chrétienne de notre Province, pour que l’action de sainte Anne sur ses Bretons lui vaille, avec l’affection plus ardente de nos coeurs, l'hommage public des foules assemblées pour prendre part à son triomphe : Date ei de fructu manuum suarum : et laudent eam in portis opera ejus ».

L’heure de la procession est venue.

Procession de Sainte-Anne-la-Palud

A la suite du cortège formé par les croix et bannières des paroisses, vient la statue couronnée, portée sur les épaules de 40 notables de la paroisse, qui, en deux groupes, se relaient le long du parcours. La sainte fait ainsi le tour de son domaine et nulle reine n’eut jamais pour la précéder, la chanter et la bénir une cour et un cortège plus riches et plus aimants.

Couronnement de Sainte-Anne la Palud

(abbés H. Bossus et J. Thomas). 

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