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LES CARMES DE SAINTE-ANNE-D'AURAY

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CHAPELLE

Le 25 juillet 1624, un bon laboureur, nommé Yves Nicolazic, du village de Keranna en Pluneret, entendit une voix lui demander s'il n'avait pas ouï dire qu'il y avait eu autrefois une chapelle dans son champ du Bocenno. Et aussitôt, sans qu’il eut eu le temps de répondre, il vit, au milieu d'une clarté céleste, une dame vénérable, qui lui dit en breton :

« Yves Nicolazic, ne crains point ; je suis Anne, mère de Marie. Dis à ton recteur que dans cette pièce de terre que vous appelez le Bocenno, il y a eu autrefois, même avant qu'il y eût ici aucun village, une chapelle dédiée en mon nom : c'était la première de tout le pays. Il y a 924 ans et 6 mois qu'elle a été ruinée ; je désire qu'elle soit rebâtie au plus tôt et que tu prennes ce soin, parce que Dieu veut que j'y sois honorée ».

D'après ce renseignement précis, la chapelle primitive de Sainte-Anne aurait été ruinée le 25 janvier 700. — Par qui et comment aurait-elle été ruinée ? Impossible de le savoir, l'histoire locale ne nous ayant conservé aucune donnée à cet égard. Quant à la date de sa construction, on l'ignore absolument ; mais « les briques et les carreaux fort épais » trouvés dans ses fondations, indiquent une construction gallo-romaine, et permettent de remonter à l'an 500, et peut-être même 400 de notre ère. C'était d'ailleurs « la première chapelle de tout le pays » élevée à sainte Anne.

Depuis l'an 700, les décombres de l'édifice formaient une petite butte, qui avait fait donner le nom de Bocenno au champ qui les renfermait. Le tertre s'aplatissait graduellement, et le père d'Yves Nicolazic avait employé quelques ruines des dernières pierres dans la construction de sa grange. Mais le souvenir traditionnel de la chapelle était conservé dans la mémoire des habitants de l'endroit, et leur village portait depuis de longs siècles le nom de Ker-Anna.

Ce que tout le monde ignorait, c'était l'existence d'une statue en bois de sainte Anne, restée enfouie sous les décombres. Le vendredi 7 mars 1625, la Sainte apparut à Nicolazic et lui dit : « Appelle tes voisins, mène-les avec toi où ce flambeau te conduira, tu y trouveras mon image, qui te mettra à couvert des risées du monde et qui fera connaître la vérité de mes promesses ».

Docile à cet avertissement, Nicolazic prit aussitôt cinq hommes du voisinage, et fit percer la terre à l'endroit marqué par le flambeau céleste. C'était un peu avant minuit. Après quelques coups de tranche, apparut une vieille statue en bois, longue de trois pieds et représentant sainte Anne. On la déposa provisoirement contre le talus du champ.

Sainte-Anne-d'Auray (Bretagne) : découverte de la statue.

Il serait trop long de raconter ici les rebuts que subit Nicolazic de la part du recteur et du vicaire de Pluneret, et les examens minutieux auxquels il fut soumis par les Capucins d'Auray et par l'évêque de Vannes, avant d'obtenir la permission de bâtir sa chapelle.

Cependant les pèlerins venaient de tous les côtés visiter l'antique statue trouvée à Keranna, et y déposaient leurs offrandes. Le 3 mai, jour de l'invention de la sainte Croix, on dressa une loge en genêts, soutenue par des traverses de bois, pour mettre la statue et les pèlerins à l'abri, de la pluie. Deux mois après, en vue de la fête de sainte Anne, qui approchait, l'évêque ordonna de remplacer l'oratoire en genêts par une chapelle provisoire en planches, afin de pouvoir y célébrer la messe. En même temps, les Capucins, voyant que l'image de sainte Anne était endommagée par la pourriture, la firent retailler par un sculpteur de la ville d'Auray, nommé Souisse. Par suite de ce travail, la statue, qui mesurait auparavant trois pieds, n'en eut plus que deux ; la nouvelle image, comme l'ancienne, représentait sainte Anne seule, sans la Vierge sa fille. La matière était en bois Antique et très dur.

Le 26 juillet 1625, Mgr Sébastien de Rosmadec ne put venir célébrer lui-même la première messe dans l'oratoire de Sainte-Anne, et il fit attendre longtemps la permission de le remplacer. Enfin l'autorisation arriva, et M. Rodoué, recteur de Pluneret, qui était revenu complètement de ses préventions, y célébra le saint sacrifice en présence d'environ trente mille pèlerins.

Yves Nicolazic était au comble de ses voeux : il avait reçu de l'évêque l'autorisation de bâtir la chapelle définitive, et M. Vincent Cadio de Kerloguen, propriétaire du Bocenno, avait donné le terrain nécessaire, et même assuré une rente annuelle de quinze livres pour fonder une messe par semaine. Les matériaux commençaient à venir, et la première pierre avait été posée, dès le 26 juillet, par M. Gentil, official de l'évêque, au nom du prélat, et la seconde par M. Philippe Cadio de Kerganquis, sénéchal d'Auray, fils du donateur.

Le plan de l'édifice, tracé par l'architecte, était celui d'une croix latine avec deux bras arrondis (voir le plan); les deux chapelles suivantes, de forme carrée, n'ont été ajoutées que longtemps après. Nicolazic, le promoteur et le trésorier de l'œuvre, fit augmenter la largeur de la nef de trois pieds et sa longueur de douze ; il l'eût voulue grande comme une cathédrale, mais le sénéchal d'Auray s'y opposa formellement. Il faisait tirer la pierre de taille à trois quarts de lieue de là, et trouvait partout des charretiers volontaires pour l'amener à Keranna. Il chercha du bois de charpente de divers côtés, et en trouva suffisamment ; les bons laboureurs s'offraient à l'envi pour le transporter et venaient au jour assigné : aucun ne voulait de salaire, ils travaillaient gratuitement pour sainte Anne et n'attendaient de récompense qu'au ciel.

Les pèlerins continuant à visiter Sainte-Anne pendant les travaux de la chapelle, et les Capucins ne pouvant y demeurer continuellement, l'évêque de Vannes chargea Dom Yves Richard et Dom Bertrand Kerdavid d'administrer les sacrements aux voyageurs, de fournir des ornements aux prêtres, de recevoir les messes et de les faire acquitter.

Ces chapelains séculiers n'étaient là qu'à titre provisoire. L'évêque songeait à une congrégation religieuse, pour lui confier le service du pèlerinage, et il jeta les yeux sur les Capucins, qui avaient eu une large part dans l'examen de Nicolazic et dans les soins spirituels prodigués aux pèlerins. Mais ces religieux déclinèrent sa proposition, parce que la rigueur de leur pauvreté leur interdisait de posséder des biens-fonds et de manier les oftrandes.

Obligé de chercher ailleurs, Mgr de Rosmadec s'adressa aux Carmes réformés de la province de Touraine, dont un des membres, le P. Séraphin de Jésus, prêchait la station du carême de 1627 à Vannes, à la satisfaction générale. Ce religieux, d'une piété sincère et d'un caractère aimable, se chargea d'aplanir toutes les difficultés. Il gagna facilement M. Cadio de Kerloguen, mais il eut plus de peine à convertir son fils, le sénéchal d'Auray, qui tenait à avoir des prêtres séculiers à Sainte-Anne ; néanmoins il finit par en triompher. Quant à son supérieur provincial, le R. P. Philippe Thibaut, qui refusait de donner des religieux pour un endroit dépourvu de logement régulier, il fit remarquer que le couvent pouvait se construire rapidement, grâce aux ressources du pèlerinage, et qu'en attendant Mme du Rohello offrait des appartements dans son manoir de Quenhuen, tout près de Sainte-Anne.

L'évêque, les fondateurs et le provincial étant enfin tombés d'accord sur toutes les conditions à remplir, on en dressa, le 21 décembre 1627, un acte notarié, dont il est utile de reproduire ici le texte.

Basilique de Sainte-Anne d'Auray (Bretagne).

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CONTRAT

« Par devant nous, nottaires royaux et garde-nottes héréditaires, jurez et receuz en la cour et sénéchaussée de Vennes... ont comparuz en leurs personnes R. P. en Dieu Messire Sébastien de Rosmadec, évesque de Vennes, conseiller du roy en ses conseils d'estat et privé, demeurant en son manoir épiscopal de la Motte du d. Vennes, et noble homme Me Philippe Cadio, sieur de Kerganquis, conseiller du roy et son sénéchal en la cour et jurisdiction d'Auray, faisant et stipulant pour noble homme Vincent Cadio, sieur Kerloguen, son père, résidant en la ville d'Auray, d'une part ; — et Fr. Philippe Thibaut, provincial des PP. Carmes de la province de Touraine, Fr. Mathieu Pinaut, vicaire et père de province, Fr. Denis de la Résurrection., prieur des Carmes du Bondon-lez-Vennes, Fr. Séraphin de Jésus, religieux prédicateur du d. ordre, et vénérable et discret Missire Silvestre Rodoué, recteur de Pluneret, d'autre part ;

Entre toutes lesquelles parties s'est faict et ensuy le présent acte de fondation, par forme que le d. R. Evesque a donné et donne, et le d. Rodoué, recteur du d. Pluneret, pour son cheff, ont consenti et consentent que la chapelle de Sainte-Anne, qui se construit en la d. paroisse, demeure propre aus d. Pères Carmes et à leurs successeurs du d. ordre avecques tout le revenU, les offrandes et oblations desja tumbées et qui pourroient par cy-aprè estre offertes en la d. chapelle, moyennant les conditions cy-dessoubz apposées :

1° De tenir désormais à tout le moins quatre religieux du d. ordre dans la d. chapelle, lesquelz seront obligés de dire et célébrer le service et heures canoniales, ainsi que aux autres convents et maisons de leur d. ordre, moyennant que l'on fonde la somme de 400 livres tournois, pour la nourriture et entretien des d. quatre religieux, actuellement servant en la d. chapelle ; seront aussi tenuz les. d. Pères d'augmenter le nombre des d. religieux à mesure que la fondation s'augmentera, moyennant qu'il y ait la somme de 100 livres de rente pour chacun ; ce qu'estant soy sont obligés par leur foy et conscience les d. religieux, à quelque nombre qu'ilz puissent monter, ne mendier en la d. paroisse de Pluneret ny ailleurs dans l'évesché de Vennes, quelque convention qu'ilz pourroient faire avec les religieux de leur ordre et autres, et en cas de contravention, pourra le d. sgr Evesque, sans autre forme de procès, ny monition précédente, saisir et arrester tant le fondz de la somme principale que les arréaiges d'icelle, à telle somme qu'elle se monte.

2° Et pour nourrir la paix et concorde entre le recteur de Pluneret et prestres habitués de la d. parroisse, et les d. Pères, que ceux-ci ne pourront faire aucuns services pour aucuns des habitans de la d. parroisse, soubz quelque prétexte et occasion que ce soit, sans la permission et licence du d. recteur, excepté pour les fondateurs (de l'établissement) ; et en cas de contravention et qu'ils soient appellés par devant le d. R. Evesque ou son official, ilz ne pouront décliner sa jurisdiction pour le d. fait, sauf pour les corps inhumés en la d. chapelle ou convent.

3° Et d'autant que les d. Pères advouent que le d. Rodoué recteur a procuré selon son possible leur establissement en la d. chapelle, ilz seront obligés de faire désarmais, une fois l'an, un service pour ses amis trespassés, et le continuer pour la délivrance de son âme, après son deceds à perpétuité ; et en recognoissance de quoy le d. recteur a déclaré qu'il ne demande et ne prétend aucune somme de deniers, bleds et autres oblations qui sont tombées en la d. chapelle de Sainte-Anne jusques à ce jour, et qui tomberont jusques à l'entière confection de la d. chapelle, se réservant de toucher le tiers des oblations qui tomberont seulement aux jours de Saint-Jacques et de Sainte-Anne prochainement venants et continuer à perpétuité ; moyennant quoy il consent et permet que les d. Pères reçoivent les aumosnes de toutte l'année et les deux tiers des d. jours de Saint-Jacques et Sainte-Anne, qu'ilz les tournent à leur usage et en facent leur profit, ainsi qu'ilz voiront bon estre.

4° Seront obligés les d. religieux, oultre le service canonial, célébrer tout les jours une messe à basse voix, à 7 heures en hyver et à 6 heures en esté, avecq trois sons de cloche, ainsi qu'ilz ont accoustumé à leurs grandes messes, et ce à l'intention du d. sgr évesque et fondateurs, et de plus à la fin de leur grande messe descendre de leur jubé, ou sortir du cœur, et accompagner le prestre qui l'aura célébrée ayant une chappe, et dire un De profundis en station, avecq l'oraison propre aux évesques deffunctz : Deus qui inter apostolicos... Il aura un enfeu prohibitif du costé de l'évangile, ou autre lieu qu'il lui plaira de la d. chapelle, sur lequel seront mises et apposées les armes de sa maison, avecq droit de se y faire inhumer, et pouvoir de faire mettre ceinture en lisière dans tout le d. costé dehors et dedans, sans que aucun autre en puisse mettre au dessus, excepté Sa Majesté très chrétienne ; lequel droit aura le d. sieur de Kerloguen de l'autre costé pour luy, les siens ou ayantz cause.

5° Et d'autant que le d. R. Evesque désire et entend que le contenu cy-dessus s'observe de point en point et à perpétuité, veut et entend et sont obligés les d. Pères ou d. nom de faire désormais trouver à la visite (épiscopale) deux des religieux demeurantz en la d. maison, ou autres de leur part, en la d. parroisse de Pluneret, ou en autre église, si la d. visite y est assignée, et donneront, en signe de recongnoissance de la fondation faicte par le d. sgr évesque, au d. sieur évesque ou son grand vicaire six solz, au promoteur quatre solz, afin qu'il s'enquière si la d. fondation est observée, et au greffier deux solz.

6° Et jusques à ce que la famille soit remplie de douze religieux du d. ordre, ou qu'il y ait revenu compétent pour les nourrir, a scavoir la somme de 1200 livres de rente annuelle, les d. Pères seront tenus d'avoir deux cleffz à la manière accoustumée dans leur tronc, l'une des quelles demeurera entre les mains du d. sieur de Kerloguen, en la présence du quel se lèveront les deniers des offrandes de la d. chapelle, des quelz il tiendra compte et mémoire, qui sera présenté au d. sgr. évesque ou à son grand vicaire au temps des visites de Pluneret ; les religieux seront tenuz y apporter et produire aussy l'estat de la d. recepte qu'ilz auront par devers eux : le tout pour tascher d'augmenter le nombre des d. religieux.

7° Et d'autant que le d. R. Evesque, et le d. sieur de Kerloguen ont un notable intérêt que leurs volontés et intentions soient gardées et observées de bonne foy à perpétuité, les d. Pères se sont obligés de faire ratiffier et confirmer les articles et conditions sus-mentionnés à tous leurs Pères en leur prochain chapitre provincial...

Et s'il arrivait que les d. Pères vinssent à ne vouloir accomplir les d. conditions,... ou qu'ils voulussent détourner le revenu affecté aux religieux de la d. chapelle et le transporter en quelque autre maison, pour frauder l'intention tant du d. sgr évesque que du fondateur, est accordé que le R. évesque poura (ordonner) que tant le principal que les arréaiges demeurent propres et affectés à l'hospital et pour les pauvres nécessiteux de la ville d'Auray...

Faict, gréé, rapporté et consenti au chasteau episcopal de la Motte ... ce jour de mardy, feste de saint Thomas, 21e du mois de décembre 1627, au matin.

Signé : Sébastien de Rosmadec, E. de Vernes. — Philippe Cadio. — Philippe Thibaut, provincial. — Sil. Rodoué. — F. Mathieu Pinaut. — F. Denis de la Résurrection. — F. Séraphin de Jésus. — Botherel. — Marchand. — Buisson. — Basselinne, not. roy. — Le Ret, not. roy. » (Carmes Sainte-Anne. H.).

Le jeudi 23 décembre 1627, Mgr de Rosmadec signa une ordonnance en langue latine, pour donner une valeur canonique aux conditions convenues, en les énumérant en détail.

Le 31 du même mois, le P. Séraphin de Jésus prit possession de la chapelle de Sainte-Anne, au nom des Carmes.

Enfin, le chapitre provincial, tenu à Loudun, ratifia le traité, le 15 mai 1629, parce qu'il fut convenu que la reddition des comptes cesserait aussitôt que la dotation serait complète.

Fontaine de Sainte-Anne d'Auray (Bretagne).

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TERRAIN

Le terrain nécessaire pour bâtir le couvent et ses dépendances, fut donné le 28 janvier 1628, comme le constate l’acte suivant, conservé aux Archives départementales.

« Devant nous nottaires royaux et garde-nottes jurez et receuz en la court et séneschaussée d'Auray, ont personnellement comparu nobles hommes Vincent Cadio, sieur de Kerloguen, et Maître Philippe Cadio, sieur de Kerganquis, son filz, conseiller du roy et son séneschal, premier juge et magistrat en la d. court et séneschaussée d'Auray, demeurantz au d. Auray, les quelz considérantz que les religieux de la B. Vierge Marie du Mont-Carmel, ausquelz Messire Sébastien de Rosmadec, évesque de Vennes, et le d. sieur de Kerloguen ont, par contrast passé le 21e de décembre 1627, donné la chapelle de Sainte-Anne et ses appartenances, bastye et édiffiée en la terre du d. sieur de Kerloguen, en la paroisse de Pluneret, en ceste jurisdiction, ne sauroient y demeurer religieusement et y faire le service divin auquel ils sont obligés par leur institut et suivant le d. contract, s'ilz n'avoient lieu de bastir et faire logement proche d'icelle ; désirantz de plus en plus obliger les d. religieux, aux prières desquelz ilz désirent estre continués à tousjours, à la gloire de Dieu et de sa B. Mère, et pour le bien et le repos de leurs ames et de leurs parans vivantz et trespassés, et aussy pour donner moyen aus d. religieux de prier Dieu en paix et tranquillité, suivant leur ordre et profession :

Ont donné et aumosné, et par ces présentes donnent et aumosnent irrévocablement à tousjours, par donation entre viffz, aus d. religieux des Carmes de la province de Touraine, Fr. Philippe Thibault, provincial du d. ordre en la d. province, et Fr. Séraphin de Jésus, procureur et supérieur du nouveau convent de Sainte-Anne, présantz et acceptantz pour eux, le fondz de terre suffisant pour bastir et édiffier un convent proche de la d. chapelle (avec) sacristie, oratoire, cloistre, salle, dortoir, infirmerie et touz offices requis et nécessaires à un convent, et pour y faire les jardins vergers, courtz et transportz nécessaires, et avenues convenables pour arriver à la d. chapelle ; avecq réservation de tous les droitz et privilèges de fondateurs, concédés aux fondateurs des conventz du d. ordre, sans que aucun aultre y puisse prétandre, comme donnantz tout le fondz de terre suffisant pour le bastiment du d. convent, scavoir : la moityé de la pièce de terre soubz labeur, qui est prochaine de la d. chapelle et à l'orient d'icelle, qui s'extend jusques au grand chemin de ceste ville au bourg de Plumergat, de laquelle pièce les d. sieurs donateurs se réservent l'autre moityé ; item plus touttes les aultres terres adjassantes à la d. chapelle, vers septentrion, occident et midy, leur appartenant des dépendances de tenues qu'ilz ont au village de Keranna, les quelles terres s'extendent vers occident jusques aux landes et fontaines, au d. don comprins la pièce où le tenancier a commencé bastir un logement, au midy de la d. chapelle : le tout faisant environ 10 journaulx.

Du quel fondz de terre présentement donné le d. sieur de Kerloguen s'est dès à présent dessaizi et desvaistu pour et au profilt des d. relligieux donataires, pour y construire le d. convent, consentant qu'ilz en soient saizis et mis en possession et saizine, à la charge et condition que les d. relligieux demeureront obligés, et de faict le d. Thibaut provincial et le P. Séraphin, pour le corps des d. religieux, ont promis et promettent aus d. sieurs de Kerloguen et de Kerganquis, en faveur et contemplation de la d. donation et fondation, de faire à perpétuité les prières ordinaires pour les fondateurs des conventz de leur ordre, à leurs chapitres provinciaux et généraux, tant généralles que particullières ; et à tous les samedis de l'an aussy à perpétuité, après vespres ou complies, selon les saizons et ordres de l'Église, chanteront à nottes un Salue regina ou Regina cœli en la d. chapelle ; et après matines diront tous les jours ou nuictz pour le repos des fondateurs trépassés un De profundis à chant avec les oraisons Absolve et Fidelium :

Et suivant le d. contract, les armes des d. sieurs seront posées en la d. chapelle, au lieu plus éminent du costé de l'épistre, pour marque et recongnoissance perpétuelle qu'ilz ont donné entièrement le fondz de terre pour y bastir le d. convent et ses appartenances ; et davantage demeureront et demeurent les d. relligieux obligés de mettre et entretenir leurs d. armes aux lieux les plus éminents du d. convent, à la discretion des d. sieurs, sans que aucuns en puissent mettre au dessus, excepté les seigneurs souverains, n'entendant toutesfoys empescher ceux qui pouroient se présanter pour faire bastir le d. convent ou partie d'icelluy, ou pour y fonder des rentes et revenus pour l'entretien du d. convent, d'y poser et faire aussy mettre leurs armes, mais seullement qu'il leur soit réservé les marques requises et nécessaires pour estre recongneuz les premiers et principaux fondateurs du dit convent ;

Et de plus (demeurent) les d. relligieux, et promettent pour eux les d. Thibaut provincial et P. Séraphin de chanter et célébrer un service solemnel et complet le jour du déceix du d. sieur de Kerloguen, pour le repos de son âme, parens et amis trespassés, et continuer le d. service par chacun an, à pareil jour que le d. sieur fondateur décédera ; et oultre seront les d. relligieux tenus d'assister à l'enterrement du d. sieur, lorsqu'il plaira à Dieu le retirer de ce monde, et pareillement à ses hoirs, héritiers principaux, sieurs de Kerloguen, pourveu qu'ilz ne soient éloignés de Sainte-Anne de plus de trois lieues ;

Et de plus demeurent les d. relligieux obligés de donner acte de déclaration et recongnoissance de premier et principal fondateur du d. convent, à chaque mutation de seigneur de Kerloguen, successeur du d. fondateur, lorsque les d. relligieux en seront requis, sans toutefois préjudicier en rien aux droitz réservés au seigneur évesque de Vennes dans la chapelle de Sainte-Anne, lorsque luy et le d. sieur en ont concédé la jouissance aus d. Pères Carmes par le contract du 21 décembre dernier ; promettant les d. Père provincial et Père Séraphin faire ratiftier et homologuer le présent contract en pleine assemblée de leur prochain chapitre, et en fournir au d. sieur Kerloguen acte en forme probante.

Faict et passé au d. Auray, au logeix et demeurance des d. sieurs de Kerloguen et de Kerganquis, ce 28e jour de janvier après midy 1628.

Signé : V Cadio. — Ph. Cadio. — F. Philippe Thibaut. — F. Séraphin de Jésus. — Jan Rio, not. roy. — J. Henry, not. roy. » (Expéd. parch.).

L'établissement des Carmes à Sainte-Anne ne pouvait se faire légalement sans le consentement du roi. Son autorisation fut donc demandée, et Louis XIII la donna au mois de juillet 1628, pendant qu'il était au camp devant la Rochelle.

«... Désirans, dit-il, estre participans des prières et oraisons et suffrages qui se feront au d. monastère..., nous approuvons, agréons et confirmons le don que le sieur évesque de Vennes, le sieur de Kerloguen et le curé de Pluneret ont faict aux supplians de la chapelle de Sainte-Anne, par le contract du 21e décembre 1627 ; comme aussi les héritages que le d… sieur de Kerloguen leur a donnés (le 28 janvier 1628), pour y construire le d. monastère : lesquelz Nous leur avons amortis et amortissons ».

Le chapitre de la cathédrale forma d'abord opposition à l'enregistrement de ces lettres, mais sur les explications fournies par le P. Séraphin de Jésus il se désista, et la chambre des comptes les vérifia comme l'avait fait le parlement.

Vincent Cadio de Kerloguen, le fondateur de l'établissement de Sainte-Anne, mourut en 1628, et fut enterré dans la chapelle qu'il s'était réservée du côté de l'épître. Ses armes étaient : « Echiqueté d'argent et de gueules, à la bande de sable, chargée de 3 quinte feuilles d'argent. » — Ces armes ont dû disparaître à la Révolution, mais il serait juste de les rétablir quelque part, pour rappeler le souvenir de celui que donné le terrain de Sainte-Anne.

En 1740, M. Claude de Marbeuf, héritier des droits des Cadio, se fit recevoir solennellement comme fondateur par les Carmes de Sainte-Anne.

Basilique de Sainte-Anne d'Auray (Bretagne).

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TRAVAUX

Le R. P. Hugues de Saint-François, premier prieur des Carmes de Sainte-Anne (1629-1632), a pris la peine de décrire lui-même les travaux exécutés sous ses yeux. Son ouvrage intitulé Les Grandeurs de Sainte Anne, et réimprimé à Paris en 1657, est aujourd'hui presque introuvable ; il est donc à propos d'en donner quelques extraits.

« Le décret d'établissement des Carmes ne fut pas plutost conclu que le R. P. Provincial y mit une famille de religieux. Le bon Nicolazic fut ravy d'aise de les voir. Ils le chérirent aussi de leur part et le prièrent de continuer ses soins pour le bastiment de la chapelle. L'endroit seul du grand autel estoit couvert, avec les deux chapelles au dessous, celle du costé de l'évangile pour Mgr l'évêque de Vennes, et l'autre pour M. de Kerloguen, fondateur du lieu. La muraille du reste de l'église estoit quasi arrazée, fors le pignon, qui estoit seulement à 6 ou 7 pieds de haut.

Les religieux dressérent incontinent un autel dans le trèfle supérieur, et y placèrent à costé l'image miraculeuse sur une crédence, avec un tronc pour recevoir les offrandes des pèlerins. Dans la chapelle du costé de l'évangile on fit la sacristie, et au dessus le chœur des religieux. Dans l'autre chapelle on dressa un second autel pour dire la messe. L'église fut bénite par M. Gentil, grand vicaire et official de Vannes, suivant le décret de Mgr l'évesque en date du 4 juillet 1628. On diligenta ensuite, pendant le reste de l'année, pour la charpente et couverture du reste de l'église.

Le défaut de logement pour les religieux les incommodoit beaucoup, à cause de l'éloignement de la maison de Quenhuen, où ils se retiraient. C'est pourquoy ils élevèrent près de la chapelle une loge (provisoire) couverte de genest, et peu après un petit appartement d'environ 25 pieds de long, et 12 de large, pour servir de cuisine et de réfectoir en bas, et au dessus, en forme de grenier, ils mirent des paillasses pour coucher les religieux... La multitude des pèlerins croissant le plus en plus, il fut aussi nécessaire d'augmenter le nombre des religieux. Pour cet effet on accommoda au plûtost le logis de Nicolazic au haut du village, et on en fit un hospice clos et fermé, où tous les lieux réguliers, quoique petits, estoient bien disposez et préparez pour y loger 25 religieux dès l'année 1629.

En cette mesme année, on paracheva le pignon de l'église et on fist le lambris... Le grand autel fut basty (en 1630), par un excellent, et vertueux architecte, nommé Maître Bertrand Jardel, qu'on fist venir de Poictou, assisté d'ouvriers également rares et modestes, qui l'achevèrent en peu de temps... Les figures de l'autel sont l'ouvrage de MM. de la Barre, père et fils, de la ville du Mans. Dans le fond paroist la glorieuse sainte Anne, avec la Vierge et l'enfant Jésus. Les deux saints Joachim et Joseph sont aux deux costés, puis saint Jean-Baptiste et saint Jean l'évangéliste, et enfin les prophètes Élie et Élysée. Ou fit aussi sur la fin de la mesme année l'autel où est placée l'image miraculeuse, avec la grille de fer au devant, qui d'ordinaire paroist tout en feu par les chandelles qu'allument les pélerins.

On jetta aussi les fondemens de la tour : la première pière fut béniste et mise par Mgr de Vennes et par M. le séneschal d'Auray. On trouva, en creusant les murailles de l'ancienne chapelle de Sainte-Anne, des briques et carreaux fort épais, avec du verre des vitres et autres matériaux, que le bon Nicolazic ramassa. On éleva en peu de temps la tour pour y faire la sacristie dans le bas, et le chœur des regieux au dessus..., les dévots pèlerins fournissans à l'envy aux frais et se réjouissans de voir leurs offrandes utilement employées.

... L'an 1630, après qu'on eut parachevé l'autel (du midy), où l’image miraculeuse se devoit placer, qui est à peu près l'endroit où elle fut trouvée, nous avisames, l'ayant de rechef fait peindre et accommoder comme elle est à présent, de la porter sur un branquart autour de l'enclos où devait estre le convent. Trois motifs nous y convièrent, le premier pour rendre grâces à Dieu et à la glorieuse sainte d'avoir préservé miraculeusement les religieux et les pèlerins de la peste, qui cette année là estoit quasi générale dans tous les lieux circonvoisins ; le second fut pour luy faire prendre possession solennelle, et bénir le lieu où devoient habiter ses serviteurs ; et le troisième pour satisfaire à la dévotion des pèlerins.

Le P. Benjamin de Saint-Pierre travailla au dessin du convent, après en avoir pris le plan sur les lieux... Ce dessin fut examiné, approuvé et signé au convent du Bondon par les RR. PP. Bernard de Sainte-Magdeleine, provincial..., Hugues de Saint-François, prieur de Sainte-Anne, et Séraphin de Jésus, prieur du Bondon. Le dessin arresté, avec le modèle en bois, fait par le mesme P. Benjamin, on traça tost après les lignes, on fit les fondemens, et on les remplit en l'année 1631.

L'année mesme on bastit le pavillon proche la tour, pour y loger les confesseurs près de l'église, l'hospice étant un peu éloigné. Les murailles du couvent furent élevées de terre de cinq à six pieds, et le corps de logis vers le septentrion fut basty pour servir d'infirmerie.

En 1632, le R. P. Isidore de Sainte-Anne fut éleu prieur. On bastit pendant son temps le grand pavillon vers le verger, le réfectoir et le dortoir, le P. Benjamin ayant la conduite de tout l'ouvrage. Les religieux quittèrent l'hospice (de Nicolazic), et vinrent habiter le nouveau couvent vers la Saint-Michel 1633 ; chacun admirant comme en si peu de temps on avait peu avancer un si grand ouvrage, et fournir aux fraiz d'un bastiment si accomply. Il est vray qu'on emprunta pour cet effet la somme de sept mille livres, mais c'estoit peu au respect de ce qu'il avoir cousté.

L'an 1635, le R. P. Yves de Saint-Calixte fut éleu prieur. Il acheva l'ameublement des chambres des religieux, du réfectoir et de la sacristie ; il bastit les appentis le long de la muraille du verger, accommoda la fontaine de Sainte-Anne, fist planter le bocage de la lande et semer du gland où est le taillis. Il obtint du roy les lettres patentes nécessaires pour acquérir, et il acquit le domaine de Bojust.

L'an 1638, le R. P. Benjamin de Saint-Pierre fut estably prieur. Il bastit pendant son triennat le corps de logis et le pavillon qui est sur le portal du costé du midy. Il éleva les cloistres, d'une très belle structure, dont Mgr de Vennes mist la première pierre avec le séneschal d'Auray, fist le cloistre des pèlerins, et tout le côté de rue où sont les boutiques des merciers vers le septentrion, avec un corps de logis au bout près de la fontaine, pour loger les pèlerins.

L'an 1641, le R. P. Estienne de Saint-Joseph fut nommé prieur. Il paracheva ce qu'avait commencé son prédécesseur, bastit l'autre costé de rue vers le midy, où sont les boutiques des merciers, et fist plusieurs autres augmentations.

L'an 1644, le R. P. Yves de Saint-Calixte fut pour la seconde fois prieur. (Il perdit le bon Nicolazic, le 13 mai 1645, et le fit inhumer devant l'image miraculeuse de sainte Anne.). Il acquitta partie des debtes contractées, tant pour les bastimens précédens que pour les acquests de la maison.

L'an 1647, le R. P. Henry de Sainte-Émerence lui succéda et n'y vescut que six mois.

En 1648, le R. P. Justin de l'Épiphanie fut éleu après luy, et bastit le second étage de la tour.

En 1651, le R. P. Elie de la Mère de Dieu fut confirmé prieur ; il ménagea l'acquit du reste des dettes.

En 1655, le R. P. Benjamin de Saint-Pierre fut de rechef prieur ; il fit faire le costé du cloistre des pèlerins vers le midy, le portail (de la rue des merciers) avec l'échelle sainte (scala sancta) et les figures, et tout le grand enclos de murailles, avec les canaux au bas de la prée » (Grandeurs, p. 282, 419, etc.).

Plan du couvent des Carmes à Sainte-Anne-d'Auray (Bretagne).

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FONDATIONS

A la fondation de Mgr Sébastien de Rosmadec et à celle de M. Vincent Cadio de Kerloguen, relatées ci-dessus, vinrent s'ajouter bientôt de nombreuses libéralités à charge de services religieux.

Ainsi, dès le 15 septembre 1628, Mme Marguerite Coué, veuve de Messire Antoine de Nouzillac, assigna une rente de quatre perrées et demie de seigle, mesure d'Auray, sur une tenue située à Coetatoux en Carnac, à la condition d'avoir une messe basse tous les mardis à Sainte-Anne.

Le 20 juillet 1629, M. Philippe Cadio, sénéchal d'Auray, donna le fonds d'un logis, d'un appentis et d'une aire, situés à Keranna, dont les édifices appartenaient déjà aux religieux, et leur imposa pour charge une messe basse tous les lundis dans la chapelle de Kerloguen.

Le 27 février 1631, Messire Michel Gazet, conseiller au parlement de Bretagne, et Dame Marie Huby, sa compagne, donnèrent la métairie noble de Kerraoul, voisine de Keranna, à la charge de dire une messe basse tous les mardis au maître-autel, et de payer 64 sols tournois tous les ans aux religieux de Bernon pour un service au 8 décembre.

Une importante fondation fut celle de Messire Nicolas de Talhoet, chevalier de l'ordre du roi, seigneur de Kerservant, le Dréors, Crémence, Pontsal, Propriendo, etc... Par acte du 14 août 1631, il donna le fonds d'une tenue, située à Keranna au nord de la fontaine, et de plus une rente annuelle de dix perrées de seigle, à prendre par moitié sur une tenue à Kerguéhennec en Plougoumelen, et sur une autre à Kervallay en Plumergat, à la condition d'avoir une messe tous les jeudis, un anniversaire solennel et perpétuel au jour de son décès, et une chapelle prohibitive, avec enfeu et banc seigneurial, à la suite de la chapelle de Mgr de Rosmadec ou de Saint-Sébastien. Ce bienfaiteur mourut au loin, sans postérité, et son cœur seul fut rapporté à Sainte-Anne, pour y recevoir la sépulture.

Le 5 décembre 1631, M. Jean Ruffault, sieur de Kervengu, avocat au parlement, et Françoise Boullé, sa femme, donnèrent une parcelle de terre, située près de la chapelle de Sainte-Anne, et y ajoutèrent, le 21 mai 1633, le reste de leur tenue du dit lieu, à condition d'avoir une messe basse tous les mardis, un anniversaire chanté au jour de leur décès, et un De Profundis le second dimanche de chaque mois.

Le 18 mars 1632, les Demoiselles Marie et Françoise du Rohello, de Quenbuen, donnèrent aux Carmes le fonds d'une tenue, située au bourg de Pluneret, et celui d'une autre tenue, située à Caher en Plougoumelen, à la charge d'une messe basse tous les mardis, une messe chantée au 29 juin et au 15 août, et un anniversaire complet au jour du décès de chacune d'elles, le tout à perpétuité.

Le 1er octobre 1632, M. Guillaume du Douillé, chevalier de l'ordre du roi, seigneur des Portes, de la Bégassière, de Trébry, etc... et Dame Marguerite de Rosmadec, son épouse, donnèrent une somme de 300 livres, à placer en rentes, pour avoir une grand'messe au jour de Saint-Joseph, et un salut aux fêtes de la sainte Vierge ; le tout remplacé par un service anniversaire après leur décès.

Le 30 juillet 1634, Messire Jean Peschart, baron de Beaumanoir, donna par son testament une somme de 300 livres, que son fils amortit ensuite, pour avoir une messe basse tous les mardis à Sainte-Anne.

Le 3 mai 1636, Messire Pierre Le Gouvello, seigneur de Keriolet, de Kerlois, etc., conseiller au parlement et depuis prêtre, donna aux Carmes le fonds de deux tenues, situées, l'une à Keranna, entre le jardin des Pères et le ruisseau, et enclavée depuis en majeure partie dans l'enclos, l'autre à Lainonnez, trêve de Mériadec en Plumergat, à la condition d'avoir une messe basse tous les mercredis, pour lui et ses parents, et un service anniversaire au jour de son décès.

Le 29 juin 1639, Mme Renée Rousseau, veuve de M. Alain du Cambout, donna et somme de 150 livres à placer, pour avoir une messe basse et un De Profundis pour son mari, le premier mercredi de chaque mois.

Le 1er février 1640, Melle Michelle Guido, voulant avoit une messe par semaine, donna aux Carmes quelques immeubles d'Auray, remplacés ensuite par d'autres biens ; situés en Plougoumelen, Erdeven, Landévant et Belz.

Le 3 juin 1643, M. Maurice de Keredeniant et N. du Boisgelin, sieur et dame de Kerauter, donnèrent 80 livres à mettre en fonds, pour avoir un service le jour de Saint-Maurice ; qui arrive le 22 septembre.

Le 19 janvier 1645, Jean de Bodoyec, sieur de Kerhéré, et Jeanne Le Falhun, sa femme, donnèrent un journal de lande, près de Sainte-Anne, pour avoir une messe par an dans l'octave de Saint-Jean-Baptiste.

Le 26 septembre 1646, Christophe Le Trépezec, sieur de Kerloury, et Jeanne Le Métayer, sa femme, donnèrent aux Carmes un petit courtil près de Boterf, uniquement pour participer à leurs prières.

Le 23 septembre 1647, Julien Bullion et sa femme donnèrent aux religieux un tiers d'une maison au Guern en Pluneret, pour avoir deux messes par mois pour eux et pour Jacques Bullion.

Le 9 octobre 1656, M. Julien Robert, sieur de Folleville, donna une rente de 18 livres, qui lui était due par V. Tenjournel, de Plouvara, afin de participer aux prières de la communauté.

L'an 1657, Messire Charles de la Bélinaye et Dame Catherine de Launay, sa femme, du diocèse de Rennes, fondèrent la grand'messe du jour de la Visitation de Notre-Dame, du 2 juillet, à perpétuité.

Au mois de mars 1659, le roi Louis XIV donna les lettres patentes qui suivent aux Carmes de Sainte-Anne : «… Désirant gratifier les religieux, contribuer en partie à leur subsistance en ce lieu, et les obliger, conformément au désir de nostre très honorée dame et mère, de célébrer à perpétuité, suivant ses intentions et les nostres, pour les nécessitez de nos estatz et de nos peuples, une grande messe solemnelle de Sainte-Anne, au jour de son octave qui eschet le 2e d'aoust, Nous avons donné et octroié, par ces présentes signées de nostre main, donnons et octroions, du consentement de nostre très honorée dame et mère, la quantité de trente cordes de bois aux Pères Carmes de la maison et communauté de Sainte-Anne, par chacun an, pour la nécessité du chauffage de leur monastère à prendre à perpétuité dans nostre forest de Lanvaux, sans que la susdite quantité puisse entre diminuée pour quelque occasion que ce soit... ».

Suivant une note mise au dos de ces lettres, les religieux ne jouirent qu'une fois de ces trente cordes de bois... !.

Le 30 octobre 1660, Dame Françoise Cadio, fille du fondateur et douairière de la Voltais, donna une tenue de Locmaria-er-Fang, en Plumergat, pour avoir trois grand'messes par an à jours convenus.

Le 28 mars 1663, M. François Prudhomme, de Saint-Renan, donna des terres situées en Milisac (Léon), afin d'avoir 30 messes basses par an, à jours marqués.

Le 22 mars 1666, François Gapaillard et Jacquette Jégat, sa femme, donnèrent une rente de 25 livres sur deux pièces de terre à Locminé, pour.avoir une messe tous les mercredis.

Le 28 mars, même année, Yves Nicolazic, de Kervengu, en Pluneret, donna une rente annuelle d'un quart de seigle sur sa tenue, pour participer aux prières des religieux.

Le 13 août 1683, Élisabeth Cadier, veuve de la Touche de Trévinec, donna une rente de 100 livres sur la Mirlange en Hirel, pour avoir trois messes par semaine et un service par an. (Carmes Sainte-Anne, H).

La suite des fondations est inconnue.

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ACQUISITIONS

Le revenu des messes fondées était peu considérable, et insuffisant pour entretenir une communauté nombreuse. D'un autre côté, les quêtes étaient interdites par l'acte même de la fondation. Il ne restait que les oblations spontanées des fidèles. Or, pendant les premières années, ces oblations avaient été absorbées en majeure partie par la construction de la chapelle et du couvent. Quand les travaux se ralentirent, il fallut songer à immobiliser une partie des fonds en achetant des terres, et à créer ainsi un revenu fixe. Pour exécuter ce projet il fallait l'autorisation du roi.

Les religieux lui adressèrent une supplique, firent valoir les raisons qui précèdent, et représentèrent qu'ils étaient au nombre de 25 au moins, et quelquefois de 50, au moment des grands pèlerinages. Louis XIII, par lettres patentes données à Saint-Germain-en-Laye, au mois de novembre 1635, accueillit favorablement leur demande.

« … Désirans, dit-il, favorablement, traitter les d.-religieux et leurs successeurs, et leur donner moyen de se maintenir et entretenir au d. monastère et y continuer le service divin, suivant leur fondation, institut et règle, avons de notre grace spécialle, pleine puissance et authorité royalle, permis et permettons, par ces présentes signées de nostre main, ausd religieux de Sainte-Anne d'acquérir, pour l'entretien du d. couvent et nourriture des d. religieux, des rentes perpétuelles en fiefz, fonds, terres et héritages jusque à quinze cens livres de revenu annuel ; lesquels fiefz, fondz, rentes et héritages qui seront par eux acquis Nous les avons admortys et admortissons, pourvu que iceux fiefz et héritages soyent mouvans de nous, et à la charge par les d. relligieux de dire en la d. chapelle une messe tous les mardys de chacune semaine de l'année en nostre intention et des roys noz successeurs, et de satisfaire aux dévotions des pellerins, et autres clauses et conditions de leurs contractz de fondation ... ».

En vertu de cette autorisation, les Carmes achetèrent, le 5 septembre 1636, de M. Alain de Kerméno, seigneur du Garo, de Kerguéhénec, etc... et de M. René de Kerméno, seigneur de Lanouan, etc... le domaine de Bojust, situé en la paroisse de Plumergat et en celle de Pluvigner, sous la juridiction royale d'Auray. Cette propriété comprenait :  1° le manoir, couvert d'ardoises, avec jardins, verger, étang, bois de décoration et garennes ; —  2° la grande métairie de Bojust, la petite métairie de Bojust, la métairie de Kerpédron et la métairie du Boisguy ; — 3° les tenues à domaine congéable du Faouet, de Meslin, de Bihouarn, du Restocozo, du bourg, de Lann-er-Marh, de Kerdrouet, du Coetdigo, de Tresselen, de Beaufort, du Déduy, du Resto-Malville, du Mentec, de Saint-Tréfer, de Saint-Colombier et de Kergoaranton ; — 4° le moulin à eau sur la rivière de Brech, avec droit de suite, les deux bois taillis de Menéglas et du Boisguy, les panages et communs de Kerfraval, et enfin les rentes féodales de la seigneurie.

Le prix d'achat était de 23.000 livres tournois, plus 150 livres pour épingles à la dame du Garo, Louise de Rosmadec, 60 livres pour les agents et domestiques, et 3 livres 4 sols pour la chapelle de N. D. des Rochers à Kerguéhénec : — Le roi remit gracieusement les droits de mutation qui lui étaient dus.

Le revenu de ce domaine, payable en grain et en argent, était alors évalué à 1.013 livres 9 sols. On était encore loin des 1.500 livres de rente annuelle autorisée par le roi ; c'est pourquoi les Carmes continuèrent leurs acquisitions.

Dès le 21, avril 1636, Pierre Rio, sieur de Boterf, et sa femme vendirent aux religieux, pour 1650 livres, une maison à deux étages dite la Croix-Blanche et son jardin à Keranna.

Le 12 avril 1638, Yvos Nicolazic et Guillemette Le Roux, sa femme, cédèrent la moitié des édifices de leur tenue du bourg de Pluneret, puis une perrée de seigle, pour 406 livres 13 sols.

Le 15 octobre 1639, Claude de Bodoyec, sieur de Kervilio, et Jeanne Poluche, sa femme, vendirent aux Carmes le fonds de la tenue des Bléavec à Keranna, un pâture et une lande, 500 livres.

Le 14 juillet 1640, Guyonne Le Verger, veuve de Pierre Le Mézec, vendit deux pièces de lande closes, situées près de Lanier en Pluneret, pour 500 livres.

Le 19 juillet 1640, René du Plessix, sieur de la Haye, et Renée Cartin, sa femme, vendirent le fonds d'une tenue, situé à Laimer en Plumergat, pour le prix de 1.200 livres.

Le 2 août 1640. René de Quéhéon et sa femme cédèrent aux Carmes les deux métairies de Manégourio et du Coédic en Pluneret, pour la somme de 7.650 livres.

Le 29 décembre 1640, Maurice Kerguiris vendit aux mêmes religieux une petite métairie, située à Kerospic en Pluneret, pour la somme de 900 livres.

Le 30 mai 1642, acquisition judiciaire du moulin Danet en Pluvigner, avec un jardin et une lande, et aussi quelques droits féodaux à Kermec ou Kermenec, pour 1.700 livres.

Le 6 novembre 1642, François Lustin et sa femme vendirent les métairies de Kergo et de Kervito, et les tenues de Ménério et Treuber, en Brech et Pluvigner, pour 6.000 livres.

Le 22 janvier 1648, acquisition judiciaire des deux tiers d'une tenue située au Guern en Pluneret, en faveur de la somme de 1.232 livres 10 sols.

Le 24 juin 1656, Jeanne Cadio de Kerloguen et Claude de Marbeuf, son mari, vendirent aux Carmes le fonds d'une tenue située à Keranna, pour 6.500 livres.

Le 27 août 1656 les enfants de Pierre Nicolazic vendirent les édifices de la même tenue pour 2.580 livres, celui permit aux religieux d'achever le mur d'enclos.

Le 10 décembre 1656, M. Roland Fruneau et ses sœurs cédèrent aux Carmes le fonds de trois tenues, situées à Larmor, à Kercadoret et à Kermaut (?), en Locmariaquer, pour 3.600 livres.

Le 13 octobre 1658, Anne Le Crossec, veuve Leflô de Trémelo, vendit la terre noble de Tréoret en Plumergat, avec ses dépendances, pour la somme de 13.650 livres.

Le 21 novembre 1658, Yves Martin et consorts cédèrent aux religieux le fonds d'une petite tenue à Locmaria-er-Fang, en Plumergat, pour la somme de 800 livres.

Le 13 octobre 1665, Jean Le Trépezec, sieur de Moustoir-Lesvern, et sa femme vendirent le fonds d'une petite tenue à Marqués en Pluneret pour le prix de 1.000 livres.

Le 12 juillet 1668, acquisition judiciaire du manoir et métairie de Kervily et des tenues de Saint-Tréver et du Cosquer-Benalo, en Pluvigner, pour la somme de 7.400 livres.

Le 22 décembre 1671, acquisition judiciaire de la tenue de Kermezec en Pluvigner, pour le prix de 1.130 livres.

Le 7 décembre 1694, Jean B. Touzé, sieur de Léran, vendit le fonds de quatre tenues, situées à Coetguéhenec, Coetnoc, Trédazo, et Kermousseau, en Plumergat, pour 3.280 livres.

Le 14 janvier 1713, Constance Le Mézec, dame du Boterf, vendit les deux métairies de Château-Gaillard et du Petit-Marqués, en Pluneret, pour la somme de 2.000 livres.

Le 19 août 1728, les héritiers Authueil vendirent aux Carmes la terre de Saintin (Centaine) en Plumergat, avec tous ses droits et ses charges, pour 6.600 livres.

Le 19 septembre et 11 octobre 1738, les religieux, acquirent les trois douzièmes ou le quart de la terre noble de Quenhuen, en Pluneret, moyennant le prix de 13.200 livres.

Là s'arrêtèrent les acquisitions.

Suivant une déclaration détaillée fournie par les Carmes, en 1729, au Bureau du diocèse de Vannes, puis à l'Assemblée Générale du clergé de France, leur revenu total montait alors à 12.429 livres 5 sols, 9 deniers ; leurs charges montaient à 8.793 livres. Il ne restait donc que 3.636 livres pour nourrir et habiller la communauté. (Arch. dép. — Carmes. H).

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RÉVOLUTION

Il y avait plus de 160 ans que les Carmes prodiguaient aux pèlerins les secours de leur ministère, et aux pauvres de la contrée les aumônes de leur charité, quand commencèrent les troubles de la Révolution.

La communauté, quoique réduite par le malheur des temps, comprenait encore quatorze religieux en 1790, savoir :

Mathurin-Olivier Jouhanic, prieur, âgé de 35 ans ;
Yves de Raymond, profès de 1740, âgé de 70 ans ;
Guillaume Frollo-Kerlivian, procureur, âgé de 54 ans ;
Jacques Tellant, profès de 1758, âgé de 64 ans ;
Jean-François Morice, profès de 1779, âgé de 34 ans ;
Amable François Diboisne, profès de 1779, âgé de 34 ans ;
Joseph-Marie Soreau, profès de 1780, âgé de 31 ans ;
Jean Thomas, profès de, 1784, âgé de 35 ans ;
Louis Ollier, profès de 1785, âgé de 28 ans ;
Julien. Le Bourhis, profès de 1789, àgé de 23 ans ;
Jean Bouczo, frère, profès de 1755, âgé de 69 ans ;
Charles Madrel, frère, profès de 1768, âgé de 55 ans ;
Guillaume Mérer, frère, profès de 1769, âgé de 58 ans ;
Julien Montfort, frère, profès de 1770, âgé de 48 ans ;

Tous ces religieux, interrogés le 1er novembre 1790, sur leurs intentions ultérieures, déclarent vouloir continuer la vie commune, sauf le frère Madrel qui sortit volontairement. (L. 780).

Cinq mois après, c'est-à-dire le 1er avril 1791, plusieurs couvents de Carmes furent fermés, et la maison de Sainte-Anne, provisoirement conservée, vit arriver chez elle 13 religieux expulsés, à savoir :

Bernardin Le Maigre, de Ploërmel, âgé de 75 ans ;
François-René Blouet, d'Hennebont, âgé de 60 ans ;
René-François Charpentier, d'Hennebont, âgé de 59 ans ;
Pierre Sauvé, du Bondon près de Vannes, âgé de 56 ans ;
Félix-François Blouet, d'Hennebont, âgé de 53 ans ;
Jacques Le Gal, d'Hennebont, âgé de 55 ans ;
Corentin Lazbleis, d'Angers, âgé de 53 ans ;
Jean-Pierre Coquerel, d'Hennebont, âgé de 46 ans ;
Maurice Rousseau, de Ploërmel, âgé de 46 ans ;
Joseph Kerdonen, déchaussé de Vannes, 44 ans ;
Cyrille Le Mailloux, de Nantes âgé de 41 ans ;
Jean Mathurin Lorent, d'Hennebont, 39 ans ;
Florentin Grimont, frère, âgé de 53 ans.

Les religieux de Sainte-Anne et ceux qui étaient venus du dehors formaient une communauté de 25 membres, et ils devaient, en vertu d'une loi civile, choisir entre eux un supérieur et un économe. Pour ne rien changer à leur organisation, ils élurent, le 3 mai 1791, le prieur Jouhanic comme supérieur, et le procureur Frollo-Kerlivian comme économe. Ils purent ainsi prolonger leur agonie pendant seize mois.

Le maire de Pluneret, assisté d'un adjoint et d'un secrétaire, avait fait, dès le 10 mai 1790, un inventaire du mobilier de la chapelle et de la maison. Le 22 août 1792, à la veille de l'expulsion, M. Bosquet, membre du directoire du Morbihan, et M. Guillon, du district d'Auray, firent un second inventaire en présence du supérieur et de l'économe. Ils trouvèrent :

A la sacristie : un très beau soleil, 4 calices, 2 ciboires fort vieux, une croix de procession et deux grands chandeliers, deux encensoirs avec leurs navettes, deux instruments de paix, un bénitier et son goupillon, deux plateaux et leurs burettes et deux petits crucifix, le tout d'argent ;

A la chapelle : un grand crucifix et 18 chandeliers d'autel argentés, six chandeliers d'autel en cuivre, deux châsses à reliques argentées, sans compter les linges d'autel, etc.. ;

A la dépense : 24 couverts d'argent, 10 grandes cuillères de même, 12 cuillères à café, un huilier et 5 chandeliers d'argent ;

A la cuisine : 45 pièces en cuivre ou en fer, 36 pièces en étain, et de nombreux plats et assiettes en faïence ;

A la lingerie : 126 paires de draps, tant bons que mauvais, 52 douzaines de serviettes, et 50 nappes ;

Dans les chambres : 50 lits, tant bons que mauvais, quelques tables, chaises et armoires ; six fauteuils pour le provincial ;

A la bibliothèque : 2.412 volumes, proprement reliés, sans compter les rebuts jetés dans une chambre voisine. (Arch. Dép. L.780-783).

Au mois de septembre 1792, les carmes de Sainte-Anne furent définitivement expulsés. Bientôt l'argenterie fut confisquée pour être envoyée à la monnaie, et le reste du mobilier fut vendu.

Déjà la vente des immeubles était commencée. Voici le sort des principales propriétés.

Le 21 avril 1791, la terre de Quenhuen fut adjugée à M. Rousse pour 45.000 livres, et un hôtel à Sainte-Anne, au sieur jardin, pour 33.300 livres. — Le 12 juillet suivant, les métairies de Kerloguen et de Manégourio furent vendues à M. Le Comte, de Lorient, pour 20.300 livres.

En Plumergat, la métairie de Saintin fut vendue au sieur Cordonne, le 21 avril 1791, pour 13.000 livres ; celle de Tréoret, le même jour, à M. Rousse, de Lorient, pour 16.100 livres ; les deux métairies de Bojust, le 12 juillet suivant, à M. Le Corgne, pour 36.500 livres, et le moulin du même lieu, au sieur Sauvage, pour 8.735 livres.

En Pluvigner, la métairie de Kervily et celle de Kergo furent adjugées, le 25 octobre 1791, à M. Le Comte Pour 22.400 livres.

Quant à la chapelle de Sainte-Anne, au couvent et à l'enclos, ils ne furent vendus que le 11 mars 1798, à M. de Brion, pour la somme fabuleuse de 300.309 livres, dont une partie en assignats dépréciés.

Déjà la statue miraculeuse de sainte Anne avait été enlevée de son sanctuaire, et avait été cachée pendant quelque temps à Auray, puis déposée parmi le mobilier des églises. Découverte par les révolutionnaires, elle fut brisée et livrée aux flammes vers 1797. Toutefois un habitant de Vannes put sauver une portion de la tête : c'est celle que l'on voit aujourd'hui dans le socle de la statue nouvelle.

Après le Concordat, Mgr de Pancemont obtint la jouissance de la chapelle de Sainte-Anne, y nomma deux chapelains et favorisa de tout son pouvoir le rétablissement du pèlerinage. Son successeur, Mgr de Bausset, racheta, le 18 janvier 1810, le couvent et l'enclos, pour 25.000 francs, grâce au généreux concours de M. Barré d'Auray. Il y établit en 1815 un petit séminaire, qu'il confia aux PP. Jésuites, et qui passa dès 1828 aux prêtres diocésains.

Bientôt les pèlerinages se multiplièrent ; la duchesse d'Angoulême en 1823, l'empereur Napoléon III en 1858 visitèrent le sanctuaire de Sainte-Anne. La chapelle de Nicolazic devenant insuffisante, l'évêque de Vannes provoqua la construction d'une vaste église, pour recevoir les nombreux pèlerins que la foi y attirait de tous les points de la Bretagne. Les travaux commencés en 1866 se prolongèrent jusqu'en 1872. Cette église, construite sur les plans de M. l'architecte Deperthes, est dans le style de la Renaissance, est toute en pierres de taille, et constitue aux yeux de tous les connaisseurs un véritable chef-d'œuvre. Les verrières, le mobilier, le trésor mériteraient une description détaillée. Ce monument, érigé en basilique mineure le 12 mai 1874, a été selonnellement consacré le 8 août 1877.

La statue de sainte Anne, qui forme le centre du pèlerinage, est, comme par le passé, dans une chapelle latérale, du côté du midi. Elle a été sculptée et dorée après le Concordat et elle représente, non plus sainte Anne seule, mais sainte Anne et la sainte Vierge. Le souverain pontife Pie IX lui a accordé les honneurs du couronnement, et la cérémonie s'est faite le 30 septembre 1868, au milieu d'un immense concours d'évêques, de prêtres et de fidèles.

Jh.-M. Le Mené.

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