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Histoire du culte de la Sainte-Vierge dans l'arrondissement de Saint-Brieuc.

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La tradition, confirmée par un ancien manuscrit des archives de la cathédrale, raconte que, vers l'an 465, saint Brieuc étant débarqué au Port-Aurèle, qui s'appelle aujourd'hui le Légué, s'établit avec ses compagnons près d'une source d'eau vive, alors également nommée Aurèle ; qu'il y bâtit le petit caveau voûté qu'on voit encore aujourd'hui, au-dessus de la fontaine et au-dessous du principal autel de la chapelle ; qu'il consacra ce caveau à la Mère de Dieu ; que c'était là qu'il offrait le saint sacrifice et faisait toutes ses prières (Voir le Rentier de Guillaume Alain de Beaulieu) ; là aussi qu'après sa mort, arrivée vers l'an 502, il fut mis en terre, selon la croyance la plus générale, combattue par quelques auteurs qui placent le lieu de sa sépulture dans l'église de son monastère, là où aujourd'hui s'élève la cathédrale. Cet oratoire devint bientôt l'objet de la vénération universelle sous le vocable du saint évêque ; mais, pour dédommager en quelque sorte la sainte Vierge du titre qu'elle avait perdu, on éleva en son honneur une chapelle plus vaste dans laquelle il se trouve comme enfermé, et qu'on appela Notre-Dame de la Fontaine, à raison de la source d'eau vive qui en était voisine, ainsi que nous l'avons dit, et qui s'appela elle-même la Fontaine de Notre-Dame. Des faveurs signalées obtenues par ceux qui y venaient prier y attirèrent des pèlerins aussi nombreux que distingués, des princes mêmes et autres personnages éminents. On voit, au quatorzième siècle, le connétable Olivier de Clisson porter plainte contre le duc de Bretagne, qui avait mal agi envers aucuns qui allaient en pèlerinage de Notre-Dame de la Fontaine. Peu après, par une de ces contradictions si fréquentes dans la vie politique, lui-même tenta d'enlever la duchesse de Bretagne quand elle faisait ce pieux voyage ; et sans l'évêque de Saint-Brieuc il l'eût réellement enlevée (Anciens évêchés de Bretagne, par MM. de Geslin et Barthélémy, t. II, p. 28).

Au commencement du quinzième siècle, Marguerite de Clisson, duchesse de Penthièvre, fit reconstruire cette chapelle, probablement parce qu'elle menaçait ruine, et y déploya une magnificence princière. Les restes du monument qui couronne la fontaine sont d'une finesse et d'une élégance remarquables : on y voit se détacher en plein relief, dans le granit le plus dur, des renards tapis le long des murs, des grenouilles aux abords de la fontaine, des vignes aux feuilles et aux grappes légères ; et un ancien procès-verbal (Ibid., t. II, p. 286 et suiv.) nous décrit le vitrail du fond du chœur, où resplendissaient : « un écusson plein de Bretagne, placé dans un rond en forme de rose ; aux quatre soufflets en dessous, la lettre M couronnée d'or et mi-partie en écriture romaine ; aux deux soufflets du bas, deux écussons de gueules à lion d'argent rampant ; et, aux deux derniers soufflets, trois écussons mi-partis des mêmes lions et  macles ; tous les panneaux de ladite vitre portant la même lettre M couronnée partie d'icelle, avec leur devise : " Pour ce qui me plaît ". La vitre du côté de l'épître de ladite chapelle était composée de nombre de panneaux de vitres, parsemés d'hermine et cernés de pareilles lettres M à la romaine, avec diverses figures d'hommes et de femmes à genoux, couverts d'habits et de mantes parsemés des armes de Clisson et d'hermine ».

La duchesse, après avoir ainsi rebâti la chapelle, la donna aux Chanoines qui déjà en étaient possesseurs, et y ajouta le tertre ou plateau qui l'avoisinait, planté en partie d'ormeaux. Cette donation était à la condition que le chapitre viendrait en procession à la chapelle aux quatre fêtes de la Conception, de la Nativité, de l'Annonciation, de la Purification, et y célébrerait une grand'messe pour la donatrice. A l'imitation de la duchesse, en 1665, Françoise le Clerc, dame douairière du Mintier, fit une fondation, en vertu de laquelle on devait, aux mêmes quatre fêtes de la Vierge, dire une messe basse et tenir pendant toute leur octave une lampe constamment allumée devant l'autel de Marie. Ces hauts exemples furent suivis : plusieurs y firent des fondations, les uns pour y avoir des prières, les autres pour obtenir la faveur d'y être inhumés.

Les marchands et artisans de Saint-Brieuc firent mieux encore : avec l'agrément de l'évêque et du chapitre, ils s'y établirent, l'an 1710, en congrégation sous le titre de l'immaculée–Conception de la sainte Vierge ; et leurs statuts furent approuvés le 17 août de la même année. Bientôt ils se trouvèrent au nombre de cent ; puis un nombre plus grand, de sorte que, l'église ne pouvant plus les contenir, il fallut y ajouter une nouvelle chapelle. En 1717, cette chapelle, quoique agrandie, étant encore insuffisante, ils obtinrent de tenir leurs assemblées dans l'église Saint-Pierre.

Cependant la dévotion à Notre-Dame de la Fontaine grandissait toujours ; le chapitre, obligé de quitter la cathédrale qui menaçait ruine, la choisit pour y faire ses offices, et les fidèles s'y pressaient à genoux devant sa grande statue de pierre blanche, haute de sept pieds, qu'on avait fait venir d'Angleterre. En 1730, un chanoine, Bonaventure le Bigot, lui légua le tiers de son mobilier, à condition d'y être enterré ; et pour recevoir les pèlerins qui, à raison de leur grande multitude, ne trouvaient pas où se loger, on fonda près de la chapelle un hospice qui devint plus tard un hôpital, puis une maladrerie. Ce fut là comme un signal pour les congrégations religieuses, de venir se grouper tout autour de la sainte chapelle ; et l'on vit s'y fixer les Cordeliers, les Ursulines, les Bénédictins, les Filles de la croix, et, dans ces derniers temps, les Frères des écoles chrétiennes, les Dames du refuge, et un orphelinat. On estimait un grand bonheur de s'abriter à l'ombre de Marie.

Ce béni sanctuaire se soutint toujours prospère jusqu'en 1793 : alors la chapelle fut profanée, la statue brisée ; et le malheureux qui lui avait passé la corde au cou périt peu après d'un affreux mal de gorge. Les morceaux en furent enfouis sous des monceaux de pierre et de sable dont on combla tout le fond de la chapelle ; et l'on fit de ce lieu saint d'abord une étable de bœufs et de chevaux, puis un réceptacle de galériens. En 1799, Casa-Bianca, général de la République, voulant prévenir l'invasion de l'armée royaliste qui s'y était introduite précédemment, résolut de la démolir pour en employer les pierres à fortifier la ville. En conséquence il ordonna à un charpentier d'en enlever la toiture. « Plutôt mourir, répondit cet ouvrier chrétien, que de faire ce que vous demandez ». On le jeta en prison ; et pour le remplacer, on en fit venir d'autres qui enlevèrent, après la toiture, les pierres des murs et des rosaces et brisèrent ce qu'ils ne purent démolir ; de sorte que de tout l'édifice il ne resta que le piédestal où reposait la statue, et deux mètres de hauteur du mur derrière l'autel, avec deux niches, l'une à droite, l'autre à gauche, qui résistèrent à tous les efforts des démolisseurs. On laissa debout également les statues de la Vierge et de saint Brieuc, qui étaient dans les niches au-dessus de la fontaine ; et les fidèles purent encore venir prier devant ces tristes débris, qui rappelaient les plus chers comme les saints souvenirs.

Les choses étaient en cet état lorsque, le 9 septembre 1823, de petites orphelines qu'on y avait conduites en promenade, touchées de ce qu'elles voyaient et de ce qu'on leur avait raconté des gloires anciennes de ce sanctuaire, s'écrièrent d'une voix unanime : « Il faut rebâtir l'ancienne église, et nous la rebâtirons ». Cette résolution d'enfants frappa beaucoup d'âmes pieuses : on recueillit des secours, on négocia pendant plusieurs années, et enfin le 31 juillet 1838, la supérieure des orphelines signa le contrat d'achat de la maison. Aussitôt on déblaya le terrain ; on retrouva l'ancien autel avec la partie supérieure du corps de l'antique Vierge et les débris du reste (moins la tête), qui furent rajustés dans une statue de bois. Les orphelines dressèrent un reposoir où l'on plaça la statue de la Vierge, devant laquelle la procession des rogations vint chanter une antienne ; et cette prise de possession, par Notre-Dame, de son ancien domaine, toucha vivement les cœurs. Le samedi, premier jour de juillet, on commença la reconstruction de l'édifice ; et il fut achevé, sur le même plan et le même style que l'ancien, dans les premiers jours de septembre 1845. On vint en procession depuis la cathédrale, avec la congrégation de la Vierge et deux enfants miraculeusement guéris, pour le bénir ; et la maison des orphelines qui s'établit dans son voisinage se chargea d'orner des fleurs de ses jardins l'autel et la statue de la Mère de Dieu.

Culte de la Vierge à la chapelle Notre-Dame de la Fontaine en Saint-Brieuc (Bretagne).

Notre-Dame de la Fontaine n'est pas le seul sanctuaire célèbre de Marie que possède la ville de Saint-Brieuc : elle a encore Notre-Dame d'Espérance, dans la chapelle dite alors de Saint-Pierre, où nous avons vu se transporter la congrégation des marchands et artisans. Fondée vers le milieu du quatorzième siècle par Louis Dallon, seigneur du château de la côte de Saint-Julien, agrandie ensuite, vers 1375, par le sieur du Gouray, son allié et son héritier, en reconnaissance de ce qu'ils avaient été l'un et l'autre guéris de la fièvre, elle fut enfin rebâtie, en 1717, par la congrégation des marchands et artisans, qui ne l'avait obtenue qu'à cette condition, et qui, pendant les dix-neuf mois que durèrent les travaux de construction, tint ses séances à Notre-Dame de la Fontaine. Le 17 février 1719, quand le nouvel édifice fut terminé, il fut bénit sous le triple vocable de l'Immaculée-Conception, de Saint-Pierre et de Saint-Paul, et reçut, au mois de novembre suivant, deux cents membres de la congrégation pour leur retraite annuelle. En 1764, on y plaça, dans une niche gracieuse, une petite statue de saint Pierre avec une autre de saint Paul. Difficilement trouverait-on un sanctuaire qui ait subi autant de vicissitudes, tour à tour retiré et rendu au culte, converti du sacré au profane et du profane au sacré, et, dans une de ces alternatives, servant de chapelle d'ordination, où Mgr. de Quélen, depuis archevêque de Paris, reçut le sous-diaconat. En 1817, bénit de nouveau, il fut rendu à la congrégation des marchands et artisans, qui y prospéra. Après 1848, dans ces jours d'incertitude et de terreur, où la société chancelait comme un homme ivre et où le sol tremblait sous le pied, on y établit une association religieuse avec le titre de Notre-Dame d'Espérance, dans le but d'obtenir, par l'intercession de la Mère de Dieu, le salut de la France, la conversion des pécheurs, la persévérance des justes, enfin la grâce d'une bonne mort pour tous les associés. Une œuvre aussi pleine d'actualité fut goûtée par tous, autorisée par l'évêque, érigée par le saint-siége en archiconfrérie, enrichie d'indulgences [Note : Il y a indulgence plénière le jour de l'entrée dans l'archiconfrérie, à toutes les fêtes de la sainte Vierge, le jour de la Toussaint, aux fêtes de saint Joseph, saint Jean-Baptiste, saint Michel, sainte Anne, saint Louis, sainte Geneviève, les Anges gardiens, deux dimanches par mois, une autre fois par mois pourvu qu'on ait assisté dans le mois à trois exercices de l'archiconfrérie, enfin une fois par an pour la visite du sanctuaire vénéré ; sans compter les indulgences partielles, également nombreuses ; et pour gagner ces indulgences il suffit d'être inscrit au registre de l'archiconfrérie, et de réciter chaque jour le Salve regina le matin, le Sub tuum le soir, ou, si l'on ne sait pas ces prières, le Pater le matin, l'Ave Maria le soir] ; et le sanctuaire, centre de la pieuse association, devint un lieu de pèlerinage. Les neuvaines de messes et de prières s'y succédèrent, et les communions s'y firent de plus en plus nombreuses. Les progrès de l'archiconfrérie nouvelle furent si rapides que, dès le mois d'avril 1847, plus de trente diocèses lui avaient fourni des associés ; bientôt on en compta dans tous les diocèses de France et jusque dans les colonies ; de telle sorte que leur chiffre s'éleva de trente mille à plus de cent mille. La plupart des évêques de France eux-mêmes s'y associèrent ; et de nombreux ex-voto, des cœurs d'or et d'argent, des tableaux et tablettes de marbre couvertes d'inscriptions vinrent attester et les bienfaits de Notre-Dame d'Espérance et la reconnaissance des fidèles. Touché d'une extension si merveilleuse, le directeur de l'archiconfrérie, avec l'agrément de l'évêque, institua une messe chaque jour dans la sainte chapelle pour les associés vivants et morts ; et au mois de juillet 1853, une belle statue de Notre-Dame d'Espérance, apportée en procession de la cathédrale, fut placée au sommet de la flèche du sanctuaire vénéré, à la grande joie de toute la ville.

Culte de la Vierge à la chapelle Notre-Dame d'Espérance en Saint-Brieuc (Bretagne).

 

Culte de la Vierge à la chapelle Notre-Dame d'Espérance en Saint-Brieuc (Bretagne).

La plupart des cantons qui forment l'arrondissement de Saint-Brieuc nous présentent le même spectacle de dévouement à Marie. Le canton d'Etables a, sur la paroisse de Saint-Quay-du-Port (Saint-Quay-Portrieux), Notre-Dame de la Garde, où au milieu d'un peuple toujours nombreux se font les exercices du mois de Marie, où l'église paroissiale va en procession  à la Fête-Dieu, aux Rogations, à l'Assomption, et où les enfants, le jour de leur première communion, viennent se consacrer à la Mère de Dieu.

Culte de la Vierge à la chapelle Notre-Dame de la Garde en Saint-Quay-Portrieux (Bretagne).

Sur la même paroisse se trouve Notre-Dame de la Rouse (ou Ronce), lieu de pèlerinage très fréquenté jusqu'en 1793, où les marins ne manquaient jamais d'aller, avant leur départ et à leur retour, chanter les litanies de la Vierge. Là était une confrérie à laquelle Clément X avait accordé des indulgences ; aujourd'hui ce n'est plus qu'une chapelle privée, où cependant il se dit encore une messe par semaine pour les marins qui sont en mer, et où l'on voit plusieurs ex-voto qu'ils y ont laissés.

La paroisse de Lantic, dans le même canton, a Notre-Dame de la Cour, ainsi appelée probablement de ce qu'au temps de la féodalité la justice seigneuriale tenait sa cour près de la chapelle. Ce sanctuaire, qui remonte au commencement du quinzième siècle, a toutes les richesses du style flamboyant, et porte les armoiries des évêques, des abbés et des seigneurs ; ce qui indique assez qu'ils prirent tous part à cette construction. En 1585, Guillaume de Rosmadec, après avoir acheté les terres et seigneurie de Lantic, fit ériger Notre-Dame en église collégiale, composée de sept membres, ajouta à la nef un bas-côté dans le style du seizième siècle, et plaça au-dessus du grand autel, une rosace du style flamboyant, ornée de vitraux parsemés d'écussons, où domine l'écu burelé des Rosmadec. Le chœur est entouré d'une boiserie de chêne ; et, au dehors de la balustrade, est le tombeau du chevalier de Rosmadec, à longue barbe et à chevelure bouclée, avec un lion couché à ses pieds.

La Révolution de 1793 a brisé les vitraux de cette belle chapelle, sauf la rosace du chœur, comme elle en a aussi détruit toutes les rentes et fondations, sauf une modique rente de froment ; mais elle n'a pu même affaiblir la dévotion des peuples pour ce sanctuaire. Les populations voisines y viennent en pèlerinage ; les marins surtout la visitent avant leur départ et au retour, et y font souvent célébrer une messe chantée à laquelle ils assistent religieusement. Quelquefois, dans les périls extrêmes au milieu des mers, ils font vœu de s'y rendre aussitôt qu'ils seront débarqués, et avant de parler à personne. Arrivés au port, ils se rangent en deux files ; et sans dire mot aux femmes et aux enfants accourus au-devant d'eux, ils s'acheminent, parfois pieds et tête nus, vers Notre-Dame de la Cour en chantant les litanies de la sainte Vierge. De là proviennent tous ces petits navires suspendus en ex-voto aux voûtes du sanctuaire, et ce tableau de Marie descendant du ciel pour relever le navire la Perle près de sombrer. Les gens de terre ont la même confiance que ceux de mer en Notre-Dame de la Cour. Dans les calamités publiques ils viennent de tous côtés en procession et y font des neuvaines. Le premier dimanche de janvier, la paroisse de Lantic vient y renouveler sa consécration à Marie ; tout le mois de mai, on y fait les exercices du mois de Marie, on y vient en station le mercredi des Rogations, en procession le jour du Saint-Sacrement. Le jour de l'Assomption et les trois jours suivants, on y célèbre les offices publics ; et le jour de la première communion, les enfants y viennent processionnellement après vêpres se placer sous la protection de la Mère du Dieu qu'ils ont reçu le matin pour la première fois.

Culte de la Vierge à la chapelle Notre-Dame de la Cour en Lantic (Bretagne).

Le canton de Châtelaudren compte jusqu'à trois sanctuaires de la sainte Vierge. Le premier est Notre-Dame du Tertre, à Châtelaudren même. On y voit venir en foule les pieux fidèles tous les jours du mois de mai, surtout le jour de la clôture des exercices et le jour de la Pentecôte. L'office public s'y célèbre quatre fois l'an, à l'Assomption, à la fête du Rosaire, à la Toussaint, à la Pentecôte ; et les populations voisines s'y adjoignent avec bonheur. La construction primitive de cette chapelle paraît être du quatorzième siècle. Il n'en reste qu'une fenêtre de style rayonnant, richement travaillée, qui occupe le chevet de l'église, un porche de style simple qui forme la façade occidentale, et une fenêtre qui porte quelques débris de vitraux peints, surmontés de la devise du duc de Bretagne, François Ier : A ma vie. Au quinzième siècle, on ajouta à la construction primitive un bas-côté avec un transept, contenant deux chapelles juxtaposées ; au seizième, on éleva, en avant de la porte méridionale, un porche pour abriter les pèlerins ; au dix-septième, on éleva la tour avec sa flèche surmontée d'une statue de la Vierge, qui a sous ses pieds le croissant et sur sa tête une croix pommelée.

Culte de la Vierge à la chapelle Notre-Dame du Tertre à Châtelaudren (Bretagne).

Cette église contenait les tombeaux de plusieurs familles notables du pays, plusieurs chapelles de la Vierge, sept autels de la renaissance, dix colonnes torses, enveloppées de vignes où des oiseaux becquètent le raisin, et surtout cent deux tableaux sur bois à la voûte de la grande nef et d'une des deux chapelles latérales de droite, embrassant l'histoire sainte depuis la création du monde jusqu'à la naissance de l'Eglise le jour de la Pentecôte. Ces tableaux, curieux spécimens de l'art au quinzième siècle, furent réparés en 1849, au prix de six mille cent francs, que paya le gouvernement pour les préserver d'une ruine complète, suite de la vétusté.

Après Notre-Dame du Tertre, le pèlerinage le plus fréquenté aux environs de Saint-Brieuc était Notre-Dame du Vandic (aujourd'hui Vaudic), sur la paroisse de Pordic, église fort ancienne, placée au milieu d'une enceinte murée, qui autrefois servait de cimetière. Elle se compose d'une nef sans chevet et d'un transept aussi large et plus long que la nef. Réparée à diverses époques sans aucun égard au style de son origine, elle n'a guère de sa première construction que la fenêtre du chœur, dont la rosace en style ogival rayonnant, selon le genre du quatorzième siècle, porte les écussons de deux nobles familles du pays.

Culte de la Vierge à la chapelle Notre-Dame du Vaudic en Pordic (Bretagne).

On raconte plusieurs guérisons miraculeuses obtenues dans cette chapelle, et entre autres, celle d'un pauvre orphelin complètement idiot, qui, conduit à Notre-Dame du Vaudic par madame de Lalande-Calan, recouvra subitement pendant la messe, au moment de la consécration, l'usage de sa raison. Aussi la paroisse de Pordic a-t-elle une vénération singulière pour cette chapelle. Tous les dimanches, il s'y dit une messe de grand matin ; on y va en procession le mercredi des Rogations, et on y célèbre les offices solennels le 8 septembre ou le dimanche suivant.

Enfin, il est encore une autre chapelle de la Vierge dans la paroisse de Pordic, c'est Notre-Dame de la Garde, bâtie en 1849, sur le bord de la mer, par les habitants, aidés d'une pieuse personne, nommée Allenou. On y chante la messe un jour des Rogations, on y dit fréquemment des messes basses ; et les marins, avant de partir pour la pêche de Terre-Neuve ou à leur retour, y font souvent célébrer une grand'messe.

Culte de la Vierge à la chapelle Notre-Dame de la Garde en Pordic (Bretagne).

Le canton de Plouëc compte à son tour deux sanctuaires de Marie : l'un est Notre-Dame de Perros-Hamon, à Ploubazlanec, autrefois desservie par des religieux prémontrés de l'abbaye de Beauport, aujourd'hui annexée à Ploubazlanec. De temps immémorial, cette chapelle est un lieu de pèlerinage, surtout pour les marins, qui y viennent quelquefois pieds nus accomplir leurs vœux. Ils y vont si nombreux le mardi de Pâques, que l'assemblée s'appelle le pardon des marins. Ce jour-là est leur fête spéciale. Soixante ou quatre-vingts d'entre eux vêtus de blanc prennent part à la procession d'après les vêpres ; les uns y portent les croix et bannières, les autres de petits navires pavoisés ; plusieurs se relayent pour porter le brancard sur lequel est promenée la statue de la Vierge ; d'autres la suivent, tenant un flambeau à la main ; et environ trois mille personnes des paroisses voisines viennent contempler ce touchant spectacle. La chapelle a la forme de croix latine sans bas-côtés ; le maître-autel, d'une sculpture remarquable, est probablement l'œuvre de quelque moine de l'abbaye de Beauport, célèbre par ses bons artistes.

Culte de la Vierge à la chapelle Notre-Dame de Perros-Hamon en Ploubazlanec (Bretagne).

Le second sanctuaire du canton de Plouëc est Notre-Dame du Berceau (ou du Gavel), ainsi appelée parce qu'on croyait y posséder autrefois le berceau de la sainte Vierge. Tombée en ruine, elle n'en reçut pas moins, pendant longtemps, les offrandes de fruits, lin, fil et autres produits du terroir que les habitants de la paroisse de Plouëzec, où elle était située, venaient déposer sur un de ses autels, resté debout parmi les décombres. Un jour, en 1634, le seigneur de Lostang et son épouse, se promenant dans le bois où gisaient ces ruines, firent vœu, si une affaire fort grave réussissait, de rebâtir la chapelle. L'affaire s'étant terminée à leur grés, ils y relevèrent, aidés de leurs amis, l'antique sanctuaire, et y érigèrent trois autels, le principal dédié à Marie, les deux autres à saint Joachim et à sainte Anne. La chapelle ainsi restaurée, M. de Lostang en nomma sacristain un de ses propres enfants, estimant grande et honorable une fonction qui avait pour objet le culte de la Reine du ciel. Les fidèles, touchés de ce procédé, apportèrent d'abondantes offrandes qui furent religieusement employées à décorer l'intérieur de l'édifice. Plusieurs messes s'y dirent chaque jour, des neuvaines s'y célébrèrent ; et tous les ans les paroisses voisines y vinrent en procession le 8 septembre, fête patronale de la chapelle, à laquelle le saint-siége avait attaché une indulgence plénière. Quoiqu'on sollicitât et qu'on obtînt toute espèce de grâces dans ce pieux sanctuaire, il était une grâce spéciale que la foi des peuples y attachait : c'était la fécondité pour les épouses stériles, et la santé ou la sagesse des enfants pour celles qui étaient mères.

La révolution de 1793 vendit cette chapelle ; on la fit ou on la laissa tomber, et le terrain où elle était bâtie fut rendu à la culture ; mais la dévotion de Notre-Dame du Berceau passa à l'église paroissiale de Plouëzec, où la statue vénérée fut transportée processionnellement au milieu de l'affluence et des larmes de la population. C'est un spectacle touchant que le nombre et la piété des pèlerins devant la sainte image. Les marins surtout s'y pressent avec amour et confiance. Pas de semaine où ils ne fassent dire des messes en son honneur ; et ces messes seraient bien plus nombreuses si le clergé pouvait y suffire. Aux marins se joignent les mères qui viennent continuellement y acquitter des vœux pour leurs enfants, et qui les apportent même à la procession solennelle du 15 août ou du deuxième dimanche de septembre. Les habitants de Plouëzec en particulier aiment et ont toujours aimé Notre-Dame du Berceau : des archives de la paroisse, qui datent de trois siècles, mentionnent la quête en nature qui se faisait, et n'a jamais cessé de se faire pour le culte de la sainte Vierge ; elle produit, chaque année, de cent cinquante à deux cents kilogrammes de froment. On a depuis peu rebâti l'église ; le maître-autel et les deux du transept sont sous l'invocation de Marie ; et le saint-siége a renouvelé l'indulgence plénière dont jouissait autrefois l'autel de Notre-Dame du Berceau.

Notre-Dame de Lamballe, au canton du même nom, chapelle du château des ducs de Penthièvre, n'était pas moins vénérée dès le treizième siècle. Un bréviaire manuscrit nous la présente consacrée l'an 1200 par Geoffroy, évêque de Saint-Brieuc ; depuis cette époque, les fidèles ne cessèrent de venir l'invoquer, et en si grand nombre, que Charles de Blois, dans la guerre qu'il soutint contre le comte de Montfort, lorsqu'il fut obligé d'en interdire l'entrée aux pèlerins, à cause des fortifications qu'il y avait établies, accorda une indemnité de cinquante florins par an à chacun des prêtres de ce sanctuaire. Ce religieux prince était un des plus zélés pour la chapelle de Notre-Dame de Lamballe : il donna quatre-vingt-dix florins pour son entretien, et en 1360, il lui fit présent d'une parcelle de la vraie croix et d'une croix de vermeil enrichie de pierres précieuses. Son fils, héritier de sa piété, continua son œuvre et institua quatre nouveaux chapelains, chargés de célébrer, tous les jours, quatre messes dans la chapelle et d'y dire l'office des morts. Le duc de Bretagne Jean V, après avoir confisqué les biens du duché de Penthièvre, se fit un devoir de respecter ces pieuses libéralités ; et lorsqu'en 1435, le traité d'Arras eut rétabli la paix entre la France et l'Angleterre, il fonda lui-même, le 9 décembre de cette même année, en actions de grâces de ces heureux événements, une collégiale de six chanoines. L'acte de fondation mérite d'être rapporté ici : « Jehan, par la grâce de Dieu duc de Bretagne, comte de Montfort et de Richemont, à tous ceux qui ces présentes verront, salut : Savoir faisons que nous, considérant que le plus agréable sacrifice qu'en ce monde on puisse faire au Seigneur est d'offrir le Fils au Père, pour apaiser icelui envers les pécheurs et obtenir que les âmes du purgatoire soient délivrées et glorieusement mises en paradis, et voyant d'autre par la situation de Notre-Dame de Lamballe et les édifices d'icelle être lieu très-dévot, et de très-notable et ancienne édification, et en laquelle nous avons nous-même très-singulière affection ; et désirant de tout notre cœur le service divin y être fait et perpétué à l'honneur et grande exaltation du Sauveur et de la Vierge Marie, sa Mère, elle a qui ladite église a été principalement et anciennement dédiée ; avons aujourd'hui, pour les causes ci-dessus dites, et afin de prier Dieu et la Vierge Marie, sa Mère, pour nous, nos progéniteurs et successeurs, fondé et fondons par ces présentes, en ladite église de Notre-Dame, pour durer à perpétuité, un collége de six chapelains, qui seront chantres idoines et suffisants, et desquels nous retenons pour nous et nos successeurs, les ducs de Bretagne, au temps à venir, la nomination, la présentation et tout droit de patronage, toutes les fois que le cas écherra ; et vouloir que le révérend père en Dieu et notre bien-aimé et féal conseiller Hervé, évêque de Saint-Brieuc, et ses successeurs, aient la collation, provision et institution, et toute dispensation à prélat appartenant. Et dès à présent nommons et présentons audit évêque nos chapelains pour le service de ladite fondation, messire Gilles Gonélou, Olivier le Bel, André Guillard, Eon le Lamballais, Raoul le Fournie et Pierre Brunel ; lesquels six chapelains et les autres, qui dans la suite seront institués pour faire ledit service divin, diront chaque jour, à perpétuité, toutes les heures canoniales, matines, prime, tierce ; puis deux messes à notes, l'une d'icelle du jour, l'autre de Requiem ; et, avant celle de Requiem, diront vigiles des morts à trois leçons, et subséquemment deux messes basses. Après quoi, chanteront sexte, none, vêpres et complies, ainsi qu'il a coutume d'être fait au collége de l'église cathédrale de Saint-Brieuc. Et, de plus feront chaque jour, à la fin desdits offices, une recommandation particulière à Dieu pour nous et nos successeurs…. En témoignage perpétuel des choses susdites, nous avons fait sceller ces présentes de notre grand scel en lacs de soie et cire verte, le 9 du mois de décembre, l'an de grâce 1435 ».

Culte de la Vierge à l'église Notre-Dame de Lamballe (Bretagne).

Douze ans plus tard, en 1447, le tonnerre tomba sur l'église de Lamballe, le jour de l'Assomption, au moment où elle était pleine de monde ; on se prosterna, on pria Jésus et Marie ; et la foudre, quoique parcourant tout l'intérieur de l'édifice, ne blessa personne. En 1455, le tonnerre tomba de nouveau sur la flèche de la tour couverte en plomb, qu'il consuma ; et une nouvelle flèche, élevée à la place de l'ancienne, fut renversée quelques années après par une violente tempête.

Cette église contre laquelle les éléments semblaient conjurés, probablement parce qu'elle était placée sur une éminence qui domine Lamballe, offrait un point de vue des plus pittoresques, et présentait, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur, divers styles d'architecture, depuis le roman jusqu'à l'ogival flamboyant. Le portail septentrional, en architecture romane, était formé de deux cintres unis, avec colonnettes saillantes et chapiteaux romans, ornés de boutons entremêlés de mascarons. A chaque côté du portail, sont deux fenêtres ogivales ; celles de droite sont à un seul meneau, et celles de gauche sont en style flamboyant. A l'est, sont trois fenêtres, dans le style du quatorzième siècle ; au sud, une fenêtre de la même époque ; à l'ouest, le portail offre une forme romane avec étoiles et boutons à fleurs. A l'intérieur, même variété de styles : la principale nef est composée de deux rangs de colonnes, dont les chapiteaux diffèrent les uns des autres ; enfin le côté sud du chœur a été refait dans le style du quatorzième siècle.

Il y avait dans cette église des usages singuliers comme son architecture. A Noël, pour rappeler la pauvreté de l'étable, l'église avait son pavé couvert de paille et n'était éclairée que par des torches de résine. A la Pentecôte, on jetait, de la voûte, des étoupes enflammées pour figurer les langues de feu tombant sur les apôtres. A la Fête-Dieu, l'église avait son pavé couvert de branches de bouleau, pour représenter l'entrée de Jésus-Christ à Jérusalem, et ses murs étaient revêtus des tapisseries du château.

En 1730, le service de Notre-Dame fut confié à l'église paroissiale ; mais elle ne cessa pas pour cela d'être un lieu spécial de dévotion. On y célèbre l'office à toutes les fêtes de la sainte Vierge ; on y fait la première communion des enfants ; et le peuple y accourt quand il est atteint ou menacé de quelque épidémie ou de quelque autre calamité. A l'époque du choléra, on y alla en procession, et le fléau épargna la ville. Aussi y a-t-on exécuté tout récemment des travaux importants de restauration.

Le canton de Lamballe a une seconde chapelle de la Vierge, Notre-Dame de la Rivière, ainsi nommée du cours d'eau qui coule à ses pieds. Elle est située sur la paroisse de Pommeret. On y vient prier pour la guérison de la fièvre ou des autres maladies corporelles. Autrefois la messe s'y disait tous les dimanches et quelquefois pendant la semaine ; aujourd'hui l'office public ne s'y célèbre plus que le 15 août et le jour de la Nativité, qui en est la fête patronale.

Culte de la Vierge à la chapelle Notre-Dame de la Rivière à Pommeret (Bretagne).

Le canton de Moncontour a Notre-Dame de Haut à Trédaniel. Elle tire probablement son nom de sa position sur une colline, d'où l'œil découvre la vallée terminée par la ville de Moncontour et le bois du château des Granges. Elle paraît dater du quinzième siècle, et avait pour fondateur un Breton du pays de Léon, lequel, ayant été volé, puis pendu à un arbre de la forêt et laissé là comme mort par des bandits, fit vœu à la sainte Vierge de lui bâtir en ce lieu une chapelle si elle lui sauvait la vie. Son vœu prononcé, la corde se rompit ; et, fidèle à sa promesse, il éleva à Marie cette modeste chapelle avec ses propres fonds et ceux qu'il recueillit en racontant sa délivrance miraculeuse. Il plaça ensuite dans le mur latéral la statue de sa libératrice, et, dans le mur en face, sa propre statue qui le représentait à genoux, les mains jointes et le cou ceint des restes de la corde rompue. Dès lors commença envers Notre-Dame de Haut une dévotion que quatre cents ans n'ont pu ralentir. Pendant la Révolution de 1793, les républicains se proposaient de piller la sainte chapelle, comme ils en avaient pillé tant d'autres. Mais un jeune homme nommé Marc Veillet, aidé de deux soldats bien pensants, alla, la veille au soir, enlever les statues avec tout ce qui s'y trouvait de précieux, et les cacha dans le grenier de son père, où elles demeurèrent jusqu'à la réouverture des églises.

Culte de la Vierge à la chapelle Notre-Dame du Haut en Trédaniel (Bretagne).

On a recours à Notre-Dame de Haut dans les situations difficiles de la vie. On y vient de loin en pèlerinage, surtout la semaine d'avant et d'après l'Assomption, qui en est la fête patronale. Pendant toute l'octave, les pèlerins y arrivent dès quatre heures du matin par tous les sentiers, les uns marchant en silence, les autres récitant le chapelet ; ils entendent la messe, communient et rentrent chez eux à temps pour commencer les travaux de la journée.

Au canton de Plouha se trouve Notre-Dame de Kermaria, un des plus célèbres pèlerinages du pays. La chapelle est un beau vaisseau avec porche historié, nef et deux bas-côtés, transept et riche abside. Malgré le délabrement où elle est tombée, elle conserve des restes de son ancienne magnificence, qui annoncent en général le quatorzième siècle. Les fragments de rosaces qui restent portent des armoiries précieuses pour l'histoire de la contrée. Ce sont les armoiries des Aubrays, de Lizandretz, des Boisgeslin, des Taillard et des Lannion, tous bienfaiteurs de la chapelle. Le transept a un retable d'autel d'albâtre, représentant l'annonciation, l'adoration des mages, l'assomption, le couronnement de la Vierge, et, dans le tableau de l'Assomption, on voit le donateur à genoux recevant la ceinture de Marie, qui, au lieu de la couronne terrestre, porte le nimbe, ornement des hôtes du ciel. Dans le couronnement, le nimbe fait place à la tiare, réservée aux personnes divines.

Culte de la Vierge à la chapelle Notre-Dame de Kermaria en Plouha (Bretagne).

En 1722, on bâtit la riche abside dont nous avons parlé, avec un luxe bien rare à cette époque ; elle comprend un vaste chœur, derrière lequel est une belle sacristie.

Tel est le beau sanctuaire qu'on voulut démolir dans ces derniers temps pour en employer les matériaux à la reconstruction de l'église paroissiale. Heureusement les réclamations des archéologues arrêtèrent ce projet vandale, et les habitants des environs, empressés de conjurer le retour d'une pareille idée, concertèrent entre eux une souscription pour restaurer ce beau monument.

Enfin le canton de Quintin a Notre-Dame de Quintin, fondée en 1405, par le seigneur du lieu, pour être la chapelle du château, et aujourd'hui église paroissiale. La gloire de cette chapelle est de posséder un morceau de la ceinture de la sainte Vierge, sorte de réseau de fil blanc à mailles inégales, qu'on dit avoir été apporté de Jérusalem par les anciens comtes de Laval, qui étaient aussi seigneurs de Quintin (Historial de la bienheureuse Vierge Marie, Dictionnaire géographique et historique de la province de Bretagne). On la portait souvent en procession, on permettait aux femmes enceintes de s'en ceindre avec respect ; et l'Historial de la bienheureuse Vierge Marie atteste que cette ceinture « faisait journellement des miracles, rendant la santé aux malades et surtout aux femmes en couche, lesquelles en étaient grandement soulagées ».

Culte de la Vierge à l'église Notre-Dame de Quintin (Bretagne).

En 1600, dans la nuit du 8 janvier, une imprudence du sacristain mit le feu à son lit et de la à toute la sacristie, où il couchait. Vases sacrés, calices, croix et reliquaires d'or et d'argent, tout fut fondu par la flamme ; le coffret même de bois garni de fer où étaient renfermées la ceinture et les trois riches étoffes qui l'enveloppaient fut brûlé : la ceinture seule demeura intacte ; le contact du feu ne fit qu'en rendre les bords un peu jaunâtres (Procès-verbal d'enquête du 7 décembre 1615), et, pour remercier Dieu de cette conservation miraculeuse, il y eut une procession solennelle qu'on termina par le Te Deum.

Comme les procès-verbaux qui attestaient l'authenticité de la relique avaient disparu dans l'incendie, l'évêque de Saint-Brieuc ordonna une enquête où furent entendus de nombreux témoins, sous la foi du serment, et dont la conclusion fut la constatation officielle de la précieuse relique. En 1620, un autre évêque de Saint-Brieuc dressa un nouveau procès-verbal d'authenticité ; et en 1641, l'évêque, informé que le sacristain avait tiré de la relique quelques fils ou parcelles pour les donner aux fidèles, fit intervenir l'autorité royale pour surveiller la conservation d'un objet si précieux. Nous avons encore l'ordonnance qui fut portée à cet effet.

 DE PAR LE ROI. « A nostre amé et féal conseiller, le séneschal de Goello. Nostre amé et féal, nous avons appris que le seigneur évesque de Saint-Brieuc, faisant sa visite en la ville de Quintin, auroit trouvé que la ceinture de la sainte Vierge, qui y est gardée en l'église de Notre-Dame du lieu, est beaucoup diminuée par la faute de celui qui en avoit la garde, lequel, sans aveu ny permission des supérieurs, l'auroit transportée en divers lieux ; sur quoy ledit sieur évesque, pour empescher la continuation de ces abus, auroit rendu sentence par laquelle il auroit ordonné que ladite ceinture seroit mise en un coffre bien fermé à trois clefs, dont l'une demeureroit au doyen du chapitre, et, en son absence, au plus ancien de l'ordre, l'autre au juge des lieux et la troisième au syndic de la ville. Laquelle sentence estimons fort juridique et raisonnable ; et d'autant qu'il est de nostre debvoir d'employer nostre authorite à la conservation d'une si précieuse relique et de mettre ordre à ce qu'elle soit gardée avec le respect et l'honneur qui lui sont dus, nous avons voulu vous escrire celle-cy, pour vous ordonner, comme nous le faisons très-expressément, que vous ayez à vous transporter en ladite ville de Quintin, pour tenir la main en nostre nom, à ce que ladite sentence soit exécutée, et pour ce nous en répondre. Que si vous y trouviez de l'empeschement, vous nous en advertiriez et du nom de ceux qui en seroient les autheurs, afin que nous y puissions incontinent pourvoir. A quoy vous ne ferez faute : car tel est nostre bon-plaisir. Donné à Saint-Germain en Laye, ce jour XII janvier 1641. Signé : LOUIS. Et plus bas : BOUTHILLIER. ».

Aujourd'hui la relique est renfermée dans un reliquaire d'or, scellé du sceau de l'évêque de Saint-Brieuc, qui en a garanti encore l'authenticité par un nouveau procès-verbal ; et on peut l’apercevoir à travers un cristal qui couvre la façade du reliquaire. (Hamon André Jean-Marie).

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