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La Cathédrale de Saint-Brieuc de 1400 à 1800.

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XVème siècle.

Au XVème siècle, après les sièges que la Cathédrale avait subis, le premier souci des évêques de Saint-Brieuc fut évidemment de réparer les dégâts énormes causés par la guerre à l'édifice et à la ville elle-même. Les habitants étaient tellement à bout, qu'en 1406 ne pouvant payer les impôts, ils se soulevèrent et malmenèrent les gens du Duc. Celui-ci envoya contre eux son frère le comte de Richemont qui fit pendre les meneurs, et étouffa ainsi la rébellion. Au milieu de ces difficultés, l'évêque Jean de Châteaugiron (1405-1419) eut beaucoup de peine à réparer suffisamment son église pour qu'elle pût être rendue au culte. Pourtant il reçut des dons importants dont, un de 300 livres d'Olivier de Clisson lui-même « afin, dit le donateur, de réparer le mal causé pendant les dernières guerres ». Imitant son exemple, sa fille, Marguerite de Clisson dont le souvenir resta longtemps populaire à Saint-Brieuc sous le nom de « Reine Margot » [Note : La reine Margot était peu recommandable. Elle fit empoisonner par trahison Jean V et commit d'autres méfaits, mais c'est elle qui bâtit la première chapelle Notre-Dame près de la fontaine Saint-Brieuc, laquelle chapelle fut démolie en 1798 (an V) pour faire des barricades contre les chouans. Elle a été rebâtie depuis par Mlle Bagot et restaurée par Mgr. Fallières], laissa par testament, en 1406, 500 livres « à chacune des fabriques de l'Eglise et du manoir municipal ».

L'évêque, Jean de Châteaugiron, restaura le pignon du transept midi que les machines de guerre avaient en partie renversé, y établit une grande fenêtre, et la décora de ce beau réseau de pierre dont tous les ouvrages d'architecture vantent la richesse et l'harmonieuse composition [Note : C'est sous l'épiscopat de Jean de Châteaugiron que saint Vincent Ferrier passa quelques jours à Saint-Brieuc en 1418 et prêcha dans la Cathédrale. Jean de Châteaugiron fut nommé évêque de Nantes en 1419 et mourut cardinal en 1443].

Alain de la Rue (1419-1424) continua l'oeuvre de restauration commencée par son prédécesseur. Il refit en partie le pignon du nord, probablement aussi malade que l'autre, déboucha la grande fenêtre de ce pignon aveuglé jusque là, et s'il n'y mit pas de meneaux, la décora d'une verrière historiée qui la remplit en entier. On y voyait, disent les chroniqueurs, « les armes de l'évêque, avec son portrait en peinture ». Il fit aussi construire au-dessous de cette fenêtre une labbe où il fut enterré [Note : Cette labbe a été retrouvée quand on a édifié l'autel actuel des défunts, et bouché complètement à ce moment].

Enfin c'est lui qui fit ouvrir une porte dans le mur plein construit pour former le porche de la tour nord du côté de la place, et rendit à son ancien usage de chapelle le rez-de-chaussée de cette tour en la consacrant à saint Jacques ; en effet, ses armes sont sur les murs.

A sa mort, les réparations étaient loin d'être achevées, mais deux de ses successeurs ne firent que passer, et ce n'est que l'évêque Huguet de Bois-Robin (1431-1435), qui songea à reprendre les travaux qu'il n'eut guère le temps non plus d'avancer beaucoup ; néanmoins il avait obtenu du duc de Bretagne, auprès de qui il jouissait d'un grand crédit, et qui l'avait nommé malgré le chapitre, un don de 400 livres. Son successeur, Jean du Tillet, qui n'occupa le siège que deux ans (1436-1438) fit de nouveau appel au duc, et celui-ci signala au pape, en 1436 ; que « de grandes oppressions et dommages avaient été causés à l'Eglise de Saint-Brieuc et aussi à la ville par les hostilités et guerres, et qu'elles fussent devenues en ruine et destruction s'il n'y avait pourvu et souvent élargi de ces aumônes ».

En conséquence, le duc sollicitait l'assistance du pape qui répondit par un don en argent, mais en attachant des indulgences à la visite de la cathédrale aux jours de certaines fêtes, comptant ainsi la faire bénéficier d'aumônes plus abondantes des pèlerins.

C'est probablement sous le successeur d'0llivier du Tillet, Jean l'Epervier dont l'épiscopat fut un peu plus long (1439-1450) que put être achevée la tour midi qui fut garnie de machicoulis, véritables ouvrages de défense, ce qui prouve qu'on redoutait encore à cette époque de nouvelles attaques. Il la surmonta d'une flèche couverte en ardoises [Note : Elle a été frappée de la foudre en 1852 et remplacée par un toit brisé].

Mais celui qui contribua le plus à embellir la cathédrale au XVème siècle fut incontestablement l'évêque Jean Prégent (1450-1471), à qui l'on doit la belle chapelle de l'Annonciation, accolée à l'ouest du transept midi, qu'il édifia à ses frais, et qui est aussi remarquable comme exécution que comme proportions, et peut être citée comme un des bons spécimens de l'architecture religieuse du XVème siècle.

Les bases des colonnes plus saillantes s'élargissent par de puissantes et gracieuses moulures, les chapiteaux disparaissent, et les arcs doubleaux et ogives des voûtes, largement évidés viennent s'amortir directement sur des colonnes élancées, d'où ils se détachent gracieusement en faisceau, comme les branches du tronc de l'arbre qui les porte.

Jean Prégent fit communiquer sa belle chapelle en même temps qu'avec le bas-côté, avec le transept midi de l'église par une large et haute baie, et entre deux colonnes, édifia pour saint Guillaume un nouveau mausolée surmonté d'une statue d'évêque couché [Note : Ce tombeau fut démoli pendant la Révolution et la statue brisée transportée dans la vieille collégiale Saint-Guillaume. Elle a été replacée après avoir été restaurée en 1893 où nous la voyons aujourd'hui].

Il ménagea aussi pour lui-même une labbe dans le pignon midi.

Sur cette chapelle qu'il dédia à saint Guillaume il édifia une vaste salle, jamais achevée, où il se proposait d'établir une bibliothèque, d'où cette salle a pris le nom de librairie sous lequel on la désigne encore aujourd'hui. Pour y accéder il construisit dans une jolie tourelle à pans, dite aussi de Saint-Guillaume, un bel escalier en pierre qui monte jusqu'aux combles, auquel succédait un petit escalier en encorbellement derrière la tourelle, conduisant à un poste de guetteur, ce qui prouve que la préoccupation de se garder contre une attaque possible persistait encore de son temps.

Un toit distinct et séparé par un vaste chéneau en plomb de celui du transept recouvrait cette chapelle et on en voit encore les traces à l'intérieur. Ce n'est qu'au commencement du XVIIIème siècle qu'on a réuni les deux toits en un seul, immense et disgracieux qui est le toit actuel [Note : M. Geslin de Bourgogne parle bien d'un compte de 1680 à 1681, mentionnant des réfections de charpente et de couverture à la chapelle Saint-Guillaume et celle de Sainte-Catherine, mais il n'y est pas question du transept. Ce n'est donc pas à ce moment que la chapelle Sainte-Catherine et Saint-Guillaume furent recouvertes toutes deux par un même toit, mais bien lorsque vers 1720 Mgr. de Boissieu reconstruisit la nef de l'Eglise. Il y a lieu de remarquer du reste que de 1680 à 1683 il n'y eut pas d'évêque, résidant à Saint-Brieuc, Mgr. de la Hoguette étant parti en 1680 et son successeur n'ayant pris possession qu'en 1683 et il est difficilement admissible qu'on ait entrepris, en l'absence de l'évêque, une transformation si importante des combles et toitures de la Cathédrale].

Avec la chapelle Saint-Guillaume, Jean Prégent bâtit celle voisine à l'ouest qu'il dédia à saint Julien, devenue depuis chapelle Sainte-Catherine, où sont aujourd'hui les fonts baptismaux.

Le larmier extérieur en pierre qui surmonte son toit et les vides intérieurs de cette petite chapelle ménagés dans la longère de la grande indiquent bien qu'elles ont été construites en même temps [Note : L'évêque Jean Prégent ne se borna pas à embellir sa Cathédrale, il construisit de ses deniers le bras de croix midi de Notre-Dame de la Cour et il y mit des verrières dont l'une existe encore à la fenêtre Est, et comme elle est de même facture que la belle verrière du chevet de cette chapelle, il est permis de croire que c'est Jean Prégent qui fit don de celle-ci et que M. de Barthélemy a raison de la dater de 1658, enfin ce fut Jehan Prégent qui fonda le premier couvent à Saint-Brieuc, en y appelant en 1451 les Cordeliers, qui s'installèrent d'abord là où est aujourd'hui la communauté de Montbareil, d'où ils se transportèrent en 1503 au manoir de la Haute-Garde, à l'emplacement du lycée actuel].

L'érection de la chapelle Saint-Guillaume eut une conséquence que Jean Prégent n'avait sans doute pas prévue ; la voûte du transept voisin divisée en deux travées seulement était contrebutée extérieurement par un contrefort situé au milieu de la longère, qui renforçait le faisceau de colonnettes que l'on voit encore à l'intérieur et sur lequel reposaient les nervures des voûtes. Pour faire sa chapelle, Jean Prégent avait enlevé ce contrefort, et les voûtes insuffisamment maintenues, menaçant de s'effondrer, pour éviter un malheur, on les démolit et on les refit en les répartissant en trois travées au lieu de deux, ce qui diminuait leur poussée. On en fit autant du transept Nord, mal contrebuté du côté de la sacristie.

Le successeur immédiat de Jehan Prégent, Pierre de Laval, ne fit que passer à Saint-Brieuc (1472-1473) [Note : Il fut nommé en 1473 archevêque de Reims ; non content de posséder les revenus de l'évêché de Saint-Brieuc, il obtint encore du Pape Innocent III ceux de l'évêché de Saint-Malo et de plusieurs abbayes. L'usage abusif des évêchés en commande, introduit en France par les papes pendant leur séjour à Avignon, fut interdit par le concile de Trente (1545-1563)], et si nous en parlons, c'est pour dire qu'il inaugura la série des évêques commandataires, c'est-à-dire conservant les revenus de l'évêché, bien que n'y résidant pas.

Nommé archevêque de Reims, Pierre de Laval continua à jouir des revenus de l'évêché de Saint-Brieuc, même après que Christophe de Penmarc'h (ou Penmarck) eut été appelé à occuper le siège en 1472, et il fallut une bulle de Sixte IV, datée de 1478, pour défendre à l'archevêque de Reims de troubler son successeur dans la jouissance de son évêché sous peine d'excommunication.

Christophe de Penmarc'h (1478-1505) continua la construction de chapelles autour du choeur de la Cathédrale. C'est à lui qu'on doit celles qui portent aujourd'hui l'une le nom de Saint-Yves, l'autre le nom de Sainte-Anne, et Saint-Joachim, la première appelée autrefois Sainte-Philomène et Sainte Appoline ; il y ménagea deux enfeus, l'un pour son frère, l'autre pour lui.

Par l'érection de ces chapelles se terminèrent à la Cathédrale les constructions du XVème siècle dont la fin fut marquée en 1499 par la réunion définitive de la Bretagne à la France. L'évêque Christophe de Penmarc'h assista au contrat de mariage de Louis XII avec Anne de Bretagne qui consacra cette union.

 

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XVIème siècle.

C'est au commencement du XVIème siècle que l'évêque Olivier du Chatel (1506-1525) afin d'être plus libre d'aller prier le soir dans son église, ferma complètement la ruelle qui existait entre la Cathédrale et l'évêché (aujourd'hui rue de la Préfecture) qui prit le nom de ruelle entre deux portes.

La plus à l'ouest de celles-ci s'ouvrait sous une arcade dont l'amorce est encore visible contre la tourelle Saint-Guillaume et dont l'autre naissance s'appuyait sur le bâtiment aujourd'hui disparu servant de prison épiscopale et son existence remonte au XVème siècle. L'arcade de la porte Est s'appuyait d'un côté sur le contrefort midi de la chapelle absidale faisant face à la ruelle (remanié depuis) et de l'autre côté sur un pilastre en saillie par rapport au bâtiment qui bordait alors la ruelle et qui était celui des écuries de l'évêché [Note : L'emplacement de cette porte est décrit dans le terrier de l'évêché, et son pilastre du côté opposé à l'église figure encore sur le plan dressé pour la vente par lots du terrain de l'ancien évêché, aliéné nationalement à la Révolution. Les deux portes furent démolies en 1716 par Mgr. de Belleccize (Bellecisze) au grand contentement de la population] ; c'est par l'établissement de cette seconde porte que l'évêque Duchatel compléta la fermeture de la venelle.

Le XVIème siècle a apporté peu de changements à la Cathédrale, à part quelques enfeus, la rosace du pignon Ouest entre les deux tours, et les deux chapelles qui du côté Nord du choeur font pendant aux deux chapelles de Cristophe de Penmarc'h (ou Penmarck). Elles portaient aux clefs de voûte l'une les armes d'Avaugour, l'autre un blason qu'on a cru reconnaître pour celui de Ducouédic. Elles datent toutes deux des commencements du XVIème siècle, sans qu'on puisse préciser par qui elles ont été édifiées.

Elles complétèrent le nombre des chapelles construites en saillie dans les immeubles de la Cathédrale du XIVème siècle [Note : Outre ces chapelles, la Cathédrale renfermait plusieurs autels désignés aussi sous le nom de chapelles comme étant le siège de chapellenies, fondations dues à des libéralités pieuses qui avaient permis d'y attacher un chapelain chargé de prier aux intentions des donateurs. Il y en avait un peu partout, dans la nef, les transepts et les bas-côtés. D'autres chapellenies avaient pour siège les autels des chapelles en saillie autour de l'église, car le nombre des chapellenies citées par les auteurs des évêchés de Bretagne dépasse la trentaine].

Il n'est pas surprenant que la Cathédrale ait subi peu de changements au cours du XVIème siècle.

En effet, pendant 40 ans, de 1525 à 1565, le siège épiscopal fut occupé par des évêques commandataires qui touchaient les revenus de l'évêché mais ne résidaient pas et se faisaient remplacer par un coadjuteur sans initiative qui la plupart du temps ne résidait pas davantage [Note : L'un de ces évêques, Jean de Rieux, fut nommé évêque à 18 ans, n'entra jamais dans les ordres, garda la place pendant 19 ans (1525-1544) et finit par démissionner pour se marier en 1548. Il ne vint jamais à Saint-Brieuc, et ses coadjuteurs pas beaucoup plus].

Puis les guerres de la Ligue (1576-1598) surgirent presque aussitôt et durèrent jusqu'à la fin du XVIème siècle, n'épargnant ni la ville ni la Cathédrale de Saint-Brieuc.

La Bretagne resta assez tranquille pendant les premières années de ces guerres, car les protestants y étaient peu nombreux et les plus ardents se hâtèrent de passer en Angleterre ; mais après l'assassinat du duc de Guise, chef des ligueurs, par Henri III, qui allait bientôt se jeter dans le parti protestant, le gouverneur de Bretagne, Mercoeur, menacé du même sort que Guise, se souleva en 1590 contre le roi, tandis que l'évêque de Saint-Brieuc, Nicolas Langelier (1565-1595) un des conseillers principaux de Mercoeur, prit lui aussi le parti de la Ligue. Mercoeur occupa Saint-Brieuc, qui dut contribuer aux frais de la guerre, mais quelques mois après, un lieutenant du roi mit en fuite l'évêque et les ligueurs et imposa à la ville une seconde imposition de guerre. Monseigneur Langelier se retira à Dinan, emportant les archives de l'évêché qu'on ne revit plus, et ce fut une grande perte au point de vue historique.

En 1592, Saint-Laurent, lieutenant de Mercœur, vint mettre le siège devant la forteresse royale de Cesson. Le lieutenant du roi Sourdéac accourut de Guingamp au secours du fort et après un combat près de la Corderie, aux portes de Saint-Brieuc, força les ligueurs à fuir et à se réfugier dans la cathédrale.

Mais alors l'artillerie avait fait son apparition, et rendait impossible une résistance sérieuse dans l'église. Les ligueurs durent capituler sans combattre au bout de trois jours d'investissement.

Ils avaient, pendant leur séjour à la Cathédrale, pillé les archives du chapitre qui disparurent ainsi presque en même temps que celles de l'évêché.

La tranquillité ne revint, tant pour l'église que pour la ville de Saint-Brieuc, qu'après la conversion de Henri IV au catholicisme, et la signature de la paix conclue entre Mercœur et le roi en 1598 [Note : La suppression de la forteresse de Cesson, menace permanente pour les évêques et les habitants de Saint-Brieuc, fut ordonnée en 1598, à la suite d'un traité de paix]. L'évêque Langelier était mort en 1595.

Nous ne saurions terminer cette histoire de la Cathédrale au XVIème siècle sans rappeler que c'est pendant que se déroulaient les événements que nous venons de ranimer qu'un art nouveau, rompant avec les traditions des siècles précédents, est venu se substituer en France à l'art gothique.

Celui-ci avait exagéré les conséquences de ses principes, passant d'une lourdeur excessive à une légèreté exagérée, d'une simplicité d'ornementation plutôt pauvre à une exubérance maladive, adoptant des formes tourmentées qui obligeaient à d'illogiques artifices de construction.

En Italie dès le XVème siècle la Renaissance s'inspira de l'antiquité, sans la copier. La France ne la suivit dans cette voie qu'au XVIème siècle, sans que l'influence du gothique cessât de se faire sentir dans les formes et les éléments de la décoration adoptés par la Renaissance.

Au point de vue de l'individualité, l'école Bretonne de la Renaissance figure au premier rang ; une floraison de clochers, de porches, d'ossuaires et de fontaines s'épanouit un peu partout au nord de la ligne allant de Dinan à Guérande, de forme originale et d'aspect captivant.

Nous pouvons d'autant moins passer sous silence cette évolution de l'art qui s'étendit dans tout l'ouest de l'Europe que nous lui devons le magnifique buffet d'orgues de la Cathédrale, qui porte la date de 1540 et nous vient d'Angleterre  [Note : On ne sait qui en fit don à la Cathédrale ; peut-être fut-il un cadeau de Jean de Rieux, titulaire de l'évêché jusqu'en 1546, à l'occasion de son mariage en 1548 avec Béatrix de Jonchères, dont il eut 4 enfants].

 

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XVIIème siècle.

Le XVIIème siècle, qui débuta à Saint-Brieuc par une épidémie de peste en 1601, n'a guère contribué à l'embellissement de la Cathédrale.

Cependant, pendant son épiscopat, Mgr Le Porc de la Porte-Vezin (1620-1632) s'il n'édifia rien dans son église, du moins la décora richement [Note : Dès en arrivant dans le diocèse, Mgr. de la Porte y introduisit le bréviaire romain].

Une tapisserie des Gobelins [Note : Magnifique, disent les contemporains] représentant la vie de Saint Brieuc fut tendue dans le choeur. Elle en faisait le tour, et Saint Brieuc  y était représenté notamment en moine défrichant le sol avec ses frères.

Il fit aussi refaire et exhausser le parquet du haut du choeur et meubla d'un autel, d'un trône, et de longs bancs « en forme de coffre » pour le clergé, surmontés d'un dossier sculpté et d'un baldaquin faisant demi-voûte, supporté par des marmousets, le tout du style gothique. Ces stalles s'étendaient jusqu'à la première arcade de la nef dont le choeur était séparé par une haute grille en bois à barreaux sculptés, dits cancels, surmontée d'un grand jubé traversant toute la nef, ou on accédait des deux côtés par un escalier en colimaçon. En face le transept, le choeur était clos par les dossiers des stalles à l'exception de deux petites portes aussi ornées de cancels, et comme entre leurs barreaux on voyait mal le développement des offices et le clergé lui-même, les prêtres dans le choeur ainsi clos, dit un malin chanoine « comme le héros du Lutrin, ne pouvaient guère être vus que de Dieu » [Note : Ces détails sur l'ancien choeur sont extraits des mémoires manuscrits du chanoine Le Sage, qui en parle de visu].

Cet ensemble ne pouvait manquer d'avoir grand air ; il a disparu, détruit par un successeur de Mgr. Le Porc de la Porte, moins de cent ans plus tard [Note : M. Le Porc de la Porte aimait les arts et les lettres. Il avait réuni dans son palais une galerie de peintures représentant tous les évêques de Saint-Brieuc et un certain nombre de papes ; ce même successeur en fit disparaître la plus grande partie ; il fonda le collège de Saint-Brieuc, et contribua, en 1620, à l'établissement de la première imprimerie de la ville, sous la direction d'Etienne Doublet. Il publia en 1624 des statuts du diocèse d'une telle sagesse, qu'on n'y a rien changé pendant plus d'un siècle. Enfin, il bâtit un monastère pour les Ursulines, et appela à Saint-Brieuc les filles du Calvaire de l'ordre des Bénédictins, dont le couvent a servi de tribunal jusqu'au milieu XIXème siècle].

Nommé évêque en 1618, à 25 ans, Mgr. Le Porc de la Porte ne prit possession de son siège qu'en 1620. Quand il mourut en 1630, il n'avait pas quarante ans. Par ce qu'il a fait à la Cathédrale durant les 10 ans de son épiscopat on peut juger de ce qu'on pouvait attendre de lui s'il n'avait pas été enlevé prématurément.

Il comptait léguer au diocèse sa baronnie de Pordic, quand la mort le surprit.

Ses successeurs, au cours du XVIIème siècle, n'ont guère laissé de traces de leur passage à la Cathédrale.

Sous l'épiscopat de Mgr. Denis de la Barde (1642-1675) l'archidiacre de Penthièvre, Nicolas de Saint-Jouan, refit les voûtes de la chapelle Saint-Jacques sous la tour Nord et y mit partout ses armes ; quant à l'évêque il entreprit la reconstruction de son palais épiscopal, qui ne fut jamais terminé.

 

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XVIIIème siècle.

Si le XVIIème siècle a peu fait pour l'embellissement de la Cathédrale de Saint-Brieuc, le XVIIIème a fait pis, il l'a mutilée, et c'est l'évêque Frétat de Boissieu  (ou de Boissieux) (1705-1720) qui lui a porté les plus rudes coups.

Quand il arriva à Saint-Brieuc, la voûte de la nef menaçait ruines, ainsi que celle des bas-côtés adjacents. Au lieu de se borner à les refaire en conservant à son église sa gracieuse nef du XIIIème siècle, il trouva préférable de jeter par terre nef et voûtes, pour les remplacer par ce que nous voyons aujourd'hui.

Mgr. de Boissieu (ou de Boissieux) était un cadet d'une grande famille d'Auvergne, qui avait débuté dans la marine et était parvenu au grade de lieutenant de vaisseau à 25 ans, quand entraîné par son goût pour la vie religieuse il démissionna pour entrer dans les ordres sacrés.

Très pieux, mais n'ayant aucune notion d'art, il a infligé à sa Cathédrale en s'imposant les plus grandes privations, et y consacrant tout son avoir, cette lourde nef sans caractère qui restera la honte de son épiscopat.

Disons, pour l'honneur des architectes bretons, que ce fut un Auvergnat comme lui, du nom de Poulié [Note : Ce nom a été retrouvé par M. l'archiviste Tempier, avec le lieu de naissance de l'architecte dans une pièce de procédure], qui aida l'évêque dans cette oeuvre néfaste.

Frétat de Boissieu (ou Boissieux) ne reconstruisit pas les murs de la nef à partir des fondations ; il se borna à faire vérifier par un ingénieur de Saint-Malo leur état, notamment celui des pilotis sur lesquels reposent les colonnettes voisines du choeur, puis à briser les colonnettes qui flanquaient chacune d'elles, et à exhausser celles-ci dont trois seulement furent rasées jusqu'au sol, ainsi qu'on peut s'en rendre compte par la différence d'appareil et de provenance des matériaux employée ; en même temps, il enfouissait les bases des colonnes en exhaussant le pavé. Enfin, on mutila le gros pilier dit transept en terminant la nef du côté de l'évangile. L'architecte, redoutant la poussée du nouvel arc de la dernière travée de nef s'exerçant beaucoup plus haut que ne le faisait l'ancienne arcade gothique sur ce pilier, imagina d'en accroître la résistance en lui donnant du fruit du côté opposé à la poussée depuis la base jusqu'à la naissance des arcades de la nef.

Il en résulta que la colonne terminant le pilier du côté du transept est brisée, verticale dans sa partie supérieure et inclinée sur le reste, ce qui produisit un effet si déplorable qu'on ne le laissa pas en faire autant de l'autre côté, et qu'on préféra boucher par un mur plein les deux arcades voisines de la nef.

Ce ne fut pas le seul méfait de Mgr. de Boissieu (ou de Boissieux) ; ayant le gothique en horreur, il démolit tout ce qu'avait fait Mgr. Le Porc de la Porte dans le choeur pour l'installer « à la Romaine », afin, dit le chanoine Le Sage [Note : Le chanoine Le Sage, déjà plusieurs fois cité par nous, était prémontré chanoine de l'abbaye de Beauport et au moment de la Révolution curé prieur de Boqueho, il refusa le serment, émigra, voyagea en Angleterre, en Belgique et en Allemagne, jusqu'en Silésie d'où il ne revint qu'en 1802 ; nommé chanoine de Saint-Brieuc eu 1806, il est mort en 1832, laissant outre de nombreux ouvrages, 2 volumes manuscrits relatant ses voyages à l'étranger, et 2 autres également manuscrits sur les faits et le clergé du diocèse de 1786 à 1832, ses appréciations exprimées avec esprit, mais souvent malveillantes jusqu'à l'injustice, n'ont pas permis de les publier. Ils sont déposés à l'évêché où le regretté Mgr. Morelle a bien voulu nous permettre d'y puiser ; quelques extraits du reste en ont été publiée dans la Semaine Religieuse de 1891], plein d'admiration pour l'oeuvre « que les fidèles eussent, la consolation de contempler à l'aise la sainte gravité des cérémonies de l'Eglise ».

Il supprima l'autel placé comme actuellement au fond du choeur, les stalles gothiques, le jubé et les cancels et y substitua un autel en marbre du style de la nef, qu'il fit placer entre les deux piliers est de la croisée du transept où, il faut en convenir, il était mieux vu de tous.

Le parquet du choeur fut refait, et on rangea derrière l'autel 32 stalles hautes et 22 basses, outre la chaire épiscopale plus élevée qui était tout au fond de l'abside et surmontée dit Le Sage « d'un baldaquin à gondoles ».

Il fit boucher par des cloisons en briques, masquée par une boiserie, les arcades du choeur jusqu'à la naissance des ogives, mais comme pour placer cette boiserie, les colonnettes en saillie sur le nu des murs gênaient, on les brisa dans la hauteur de la boiserie. Enfin de hautes grilles en fer clôturèrent, le choeur en face la nef et les transepts [Note : Par ordre de Mgr. de Boissieu, les boiseries et l'autel gothique de Mgr. Le Porc de la Porte furent portées à la chapelle Notre-Dame de la Fontaine où elles restèrent jusqu'en 1799 époque où cette chapelle fut démolie pour construire une redoute rue Notre Dame en prévision d'une attaque des chouans. Les boiseries et l'autel de Mgr. Le Porc de la Porte disparurent avec le reste]. Pour payer les sommes considérables qu'absorbèrent ces travaux, l'évêque dut vendre la tapisserie entourant le choeur, qui aurait aujourd'hui une énorme valeur. De même, il détruisit les lambris de son évêché, où étaient peints les portraits de ses prédécesseurs dont quelques-uns seulement furent épargnés et existent encore. S'il avait vécu quelques années de plus, il eut sans doute démoli le buffet d'orgues qu'il fit démonter pour refaire la nef, et qu'il oublia de remettre à sa place et qui ne fut remonté qu'en 1735 par Mgr. Vivet de Montculus (1727-1744) [Note : Mgr. de Boissieu dès son arrivée appela (en 1706), à Saint-Brieuc les sœurs de la Croix qui s'installèrent là ou est actuellement Montbareil, et cette même année M. Leuduger, chanoine de la Cathédrale et scholastique, fondait à Plérin la communauté des sœurs du Saint-Esprit]. Celui-ci dut refaire les voûtes des bas-côtés contre la nef bâties quelques années auparavant par Mgr. de Boissieu ; par suite des travaux de celui-ci, les transepts et les bas-côtés étaient en contrebas de la nef ; il fit abaisser de trente centimètres le sol de celle-ci pour reporter les dalles sur le reste de l'Eglise, de façon qu'elle eut partout le même niveau, ce qui suppose qu'auparavant il existait une différence de hauteur entre eux de près de 0.60. Cette opération malheureusement ne suffit pas pour dégager les bases des colonnes de nef.

En 1735, une tempête brisa la grande verrière du transept nord qui ne put être remplacée que par des verres blancs ; en 1739 la cathédrale s'enrichit d'un lutrin en bronze d'une certaine importance puisqu'il coûta 1.100 livres, qui a disparu pendant la Révolution.

Les folles prodigalités de Louis XV et les désastres de la guerre de 7 ans (1756-1763) imposèrent au pays de lourds sacrifices et l'appauvrirent tellement que le chapitre, pour subvenir aux besoins de la cour et de l'Etat, dut donner les grands chandeliers d'argent de la cathédrale, les lampes et autres objets de valeur, de sorte qu'il n'en restait guère au moment de la Révolution. Il n'est donc pas étonnant qu'on n'ait pas trouvé d'argent pour remplacer autrement que par des verres mis en plomb les vitraux historiés du choeur qui, à ce moment, étaient dans un état de ruine complet.

Trois évêques passèrent successivement à la cathédrale de 1744 à 1775 sans y apporter aucun changement, et après eux, Mgr. de Bellecisze (1775-1796) s'occupa moins de son Eglise que de son palais épiscopal, dont il entreprit une grandiose reconstruction. Il n'en réalisa que le pavillon qui porte encore son nom, destiné à être le vestibule de la demeure projetée [Note : On a dit que le frère de l'évêque en fut l'architecte. Nous avons eu entre les mains les plans originaux de ce pavillon, en date du 30 octobre 1787, ils sont signés du nom beaucoup plus roturier de Frignet].

Malgré les 20.000 livres de revenu de l'évêché à cette époque et les 1.800 livres que l'évêque retirait annuellement d'abbayes dont il était abbé commandataire, ses ressources ne suffisant pas à la réalisation de ses projets, il partit pour Paris comptant obtenir une subvention pour poursuivre son œuvre en laissant l'administration du diocèse à ses vicaires généraux, et ne revint plus à Saint-Brieuc. Cette absence, au début du mouvement qui allait aboutir à la révolution, lui a été vivement reprochée, et elle eut sans doute pour résultat de hâter la nomination d'un évêque constitutionnel [Note : Mgr de Bellecisze n'hésita pas à refuser le serment d'adhérer à la constitution civile du clergé votée le 12 juillet 1790, et condamnée par le Pape. Il fut jeté en prison pendant la Terreur en compagnie de La Harpe qu'il convertit, et mourut en 1796].

Cet évêque fut l'abbé Jacob, recteur de Lannebert, élu en mai 1791, par le directoire des Côtes-du-Nord, et 600 électeurs du département réunis dans la cathédrale, dont 1/3 s'abstint de voter (Le Sage).

Il se fit sacrer à Paris le 1er mai suivant et fut installé dans cathédrale le 15 du même mois par les autorités civiles et militaires et par la municipalité dont un membre monta en chaire et fit, dit le procès-verbal de la cérémonie, « un discours plein d'énergie » qu'il termina en demandant à l'évêque de prêter le serment civique, ce que celui-ci fit après un discours « plein d'onction et de patriotisme ».

A cette installation assistaient 74 ecclésiastiques, mais pas un membre du chapitre. Agé de 50 ans, charitable et de moeurs pures, mais ambitieux, peu instruit et parlant difficilement, Jacob, mal accueilli par le peuple et abandonné par la plus grande partie du clergé [Note : 175 prêtres seulement prêtèrent serment dans le diocèse, et ce nombre se réduisit à une centaine par suite de nombreuses rétractations pendant la Révolution ; jusqu'au concordat les vicaires généraux de Mgr. de Bellecisze, MM. de Robien et Manoir dirigèrent dans le diocèse le clergé non assermenté qui resta soumis à leur autorité], ne connut guère que des déboires et n'échappa même pas à la prison.

Quand en mars 1794 les sans-culottes vinrent à la cathédrale inaugurer le culte de la Raison et demander aux membres du clergé assermenté de renoncer « à leur métier sacerdotal », quatre d'entre eux seulement se résignèrent à cette apostasie. L'évêque Jacob refusa énergiquement d'abjurer, fut mis en prison en avril 1794, puis relâché en juin 1795. A peu près sans ressources, il vécut pauvrement jusqu'au moment où la cathédrale fut rendue au culte en juillet 1799, et fut heureux d'accepter en 1800 (an VIII), lors de l'organisation des départements sous le consulat, un emploi de conseiller de préfecture qu'il cumula avec celui d'évêque. Il mourut l'année suivante sans s'être réconcilié avec Rome et fut enterré à la Cathédrale sous une dalle en marbre noir, sur laquelle, à sa demande, aucun nom ne fut gravé [Note : Jacob mourut d'une maladie contractée en visitant les prisonniers. A son enterrement on recouvrit son cercueil de l'uniforme de conseiller de préfecture qui en fut retiré quand le cortège arriva à l'Eglise et la bière apparut alors recouverte d'une plaque de cuivre repoussé sur laquelle était une figure d'évêque crossé et mitré (Le Sage)].

Ce que fit la révolution de la Cathédrale, nous allons la raconter brièvement.

Rien n'y fut changé jusqu'en mars 1794.

Mais, à ce moment, on s'apprêta à inaugurer le culte de la Raison. Ordre fut donné d'abattre tout signe extérieur de l'ancien culte et de détruire tout ce qui rappelait la féodalité et la superstition dans les églises ou ailleurs. On martela tous les écussons existant à la Cathédrale qu'on put atteindre, on enleva les crucifix et autres emblèmes religieux, on brûla dans le jardin de l'évêché une partie des reliques et des statues des saints et aussi les procès-verbaux des assemblées du clergé, collection précieuse au point de vue historique.

La Cathédrale fut fermée le 8 mars et, dès le 10, les sans-culottes régénérés y célébrèrent le nouveau culte. Une femme, assure Lesage (Le Sage), trôna sur l'autel, et deux prêtres vinrent y renoncer « au métier sacerdotal ». La fête fut « ouverte par une agréable symphonie et terminée par des chants patriotiques et des danses républicaine ! ».

Au-dessus de porte ouest de l'église, on avait cloué une inscription portant en grands caractères ces mots « temple de la raison » au-dessous d'un triangle maçonnique [Note : Une loge de francs-maçons affiliée au grand orient de France et composée de 27 membres avait été installée peu auparavant à Saint-Brieuc, et était à la tête du mouvement ; plusieurs femmes en faisaient partie] entouré de rayons dorés.

A partir de ce moment, on célébra à la Cathédrale des fêtes décadaires, afin de réunir l'utile à l'agréable, de faire oublier les « cérémonies d'un culte exclusif, et de corroborer l'esprit public » ; même à quelque temps de là, un bal fut donné dans l'église.

En même temps, Saint-Brieuc était devenu « Port Brieuc ».

Cette orgie dura peu, car le 8 juin, le culte de la Raison n'ayant pas suffisamment « corroboré » les coeurs, fut remplacé par celui de l'Être suprême, et, à la porte de la Cathédrale, une nouvelle inscription fut accrochée savoir : « La République reconnaît l'Être suprême et l'immortalité de l'âme ».

En réalité, le fanatisme antichrétien n'avait fait que changer de forme et, le 20 juillet 1794, Charpentier, agent de Carrier, prescrivit d'enlever pour faire du feu sous les chaudières d'évaporation du salpêtre destiné à fabriquer de la poudre, les statues, croix et décorations des ci-devant Eglises auxquelles « la superstition de quelques imbéciles attache encore du prix ».

Dans le choeur de la Cathédrale, il ne resta que les stalles avec les boiseries derrière, encore utiles pour les fêtes laïques. L'autel fut brisé, le parquet même enlevé en partie pour servir avec d'autres boiseries de l'église à faire des pétrins pour les boulangeries qu'on avait donné ordre d'installer, afin de préparer du biscuit pour la marine. Les grilles du choeur avec d'autres objets en fer enlevés des maisons nobles, furent envoyées par mer à Brest ; pour fabriquer des armes, mais n'y arrivèrent pas, le navire qui les portait ayant sombré à l'entrée du Goulet.

Puis la Cathédrale fut louée pour 12 ans, au prix de 210 livres par an. Mais le bail fut bientôt rompu, car le 27 juillet 1794, 9 thermidor an III, Robespierre tombait et sa mort fut un soulagement pour toute la nation.

Avec lui finirent la terreur et l'ère des exécutions sanglantes [Note : Pendant la Terreur, si le sang coula à Saint-Brieuc comme partout, du moins, grâce à la modération de la municipalité, on n'y commit pas les excès commis ailleurs]. Le culte de l'Être suprême n'avait pas plus duré que celui de la Raison.

Ce ne fut toutefois qu'en 1799, cinq ans après, que la Cathédrale fût rendue au culte [Note : Le culte catholique fut toléré à partir d'avril 1795 dans les deux églises de Saint-Pierre et des dames de la Croix ; mais la cathédrale resta désaffectée jusqu'en 1799].

Durant ces cinq années, elle fut transformée d'abord en étable pour loger les boeufs destinés aux approvisionnements des armées, puis en remise pour les canons dont la manoeuvre se faisait dans la nef. Pour les rentrer dans l'église, on dut enlever le meneau en pierre qui divisait en deux la porte du Martray.

Malgré la fin de la terreur, l'année 1795 ne fut guère moins troublée à Saint-Brieuc que les précédentes.

Les chouans, devenus plus menaçants, attaquèrent le 1er janvier la malle poste aux portes même de Saint-Brieuc, prés du vieux pont de Saint-Barthélemy, et menacèrent la ville. On installa, par précaution, un corps de garde dans la tour midi de la Cathédrale, et on hissa à l'étage un canon de 4 pour battre la place.

Le 26 octobre 1795, la Convention faisait place au Directoire (1795-1799), qui importa dans les départements la soif de fêtes et de jouissance qui caractérisa ce régime.

On célébra énormément de fêtes civiques à la Cathédrale, fêtes de la liberté, de l'agriculture, de la jeunesse, des vieillards, des époux, de la reconnaissance, le tout avec force musique et discours variés. Ce qu'on peut en dire de mieux, c'est que la morale y fut plus respectée à Saint-Brieuc qu'ailleurs.

Les chouans, cependant, n'avaient pas désarmé, malgré les colonnes mobiles envoyées contre eux, et les meurtres continuaient jusqu'à la fin de 1799.

Dans la nuit du 26 au 27 octobre 1799, ils envahirent Saint-Brieuc pour délivrer des prisonniers, tuèrent avec plusieurs autres habitants le procureur de la commune, Poulain Corbion, qui refusait de crier « vive le roi ! » et furent absolument, maîtres de la ville pendant quelques heures. Ce fut la dernière convulsion de la guerre civile.

La Cathédrale avait bien été rendue au culte trois mois avant cet évènement, mais dans quel état ! Tout l'intérieur avait été saccagé ; les toitures, non entretenues depuis plusieurs années, faisaient eau de toutes parts ; on craignait l'écroulement des bas côtés et peu s'en fallut que l'administration du département ne fit démolir l'édifice entier.

A l'extérieur, on avait depuis longtemps accolé aux murailles de la Cathédrale, dans les espaces laissés libres, entre les contreforts et les chapelles, de petites constructions servant de boutiques et dites loges, que le chapitre louait à son profit à des marchands d'objets de piété. Ces échoppes furent vendues nationalement en 1791, et de plus, en 1795, on aliéna les emplacements restés disponibles dans la longueur de la venelle des portes.

Les acquéreurs s'empressèrent de profiter de la suppression du culte pour rehausser les échoppes existantes et en bâtir là ou il n'y en avait pas encore ; on en compta jusqu'à 27 sur le pourtour, de sorte que la Cathédrale se trouvait, à la fin de la révolution, comme étouffée entre ces constructions parasites, véritable lèpre qui montait tout autour jusqu'aux ogives des fenêtres cachant une partie de la rosace du transept midi et obscurcissant l'église. Sur 24 fenêtres basses, 10 étaient complètement aveuglées et 9 en grande partie bouchées, sans compter les deux grandes des transepts [Note : Un plan des lieux tels qu'ils existaient au moment de la restauration du culte et deux reproductions de dessins anciens indiquent la situation et l'aspect de ces échoppes disparues aujourd'hui, à l'exception de cinq d'entre elles, les moins gênantes].

L'évêque Jacob s'installa comme il put à la Cathédrale en 1799. Il fit apporter l'autel de la collégiale de saint Guillaume, et pour remplacer le parquet du chœur, celui de la chapelle et du réfectoire des dames de la Croix (Le Sage). L'année suivante, en 1800, M. Louis, maire de Saint-Brieuc, pendant la révolution, qui avait acquis le couvent des dames de la Croix (aujourd'hui Montbareil), offrit à la Cathédrale le bel autel en bois de l'Annonciation, oeuvre du sculpteur Corlay, et les statues qui se trouvaient dans la même chapelle. Il les avait cachés et préservés pendant la terreur, en remplissant la chapelle de foin.

Le tout fut placé dans la partie de la Cathédrale bâtie par Prigent, contre le pignon midi, dont les deux fenêtres étaient bouchées par une échoppe [Note : Ce n'est qu'en 1855 qu'on mit l'autel où il est aujourd'hui en vue de déboucher les fenêtres après démolition de l'échoppe].

Cet autel, dont les belles sculptures représentent l'Annonciation, est une des rares oeuvres d'art du XVIIIème siècle, et la plus belle, dont se soit enrichie la Cathédrale (J. Morvan).

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