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La Cathédrale de Saint-Guillaume aux XIIIème et XIVème siècles

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XIIIème siècle.

Vers le milieu du IXème siècle, Erispoé, fils et successeur de Nominoé, redoutant les incursions des Normands, avait fait transporter les reliques de saint Brieuc à Angers, où elles furent déposées dans l'abbaye de Saint-Serge (ou Saint-Serges), qui lui appartenait.

Les moines de Saint-Serge (ou Saint-Serges) les exhumèrent en 1166 pour les exposer à la vénération des fidèles et bientôt, enrichis par les dons qu'elles leur attiraient, ils purent rebâtir leur Eglise.

L'évêque de Saint-Brieuc, Pierre (1208-1212), qui sans doute déjà songeait de son côté à reconstruire la sienne, réclama ces reliques dont les moines de Saint-Serge n'étaient que dépositaires.

Il fallut de nombreuses démarches et même un commencement de procès pour déterminer l'abbé de Saint-Serge à restituer, non pas tous, mais une partie seulement, des précieux restes du saint, savoir, deux côtes, un bras et une partie de la tête, et le 18 octobre 1210, ces reliques rentrèrent en grande pompe dans la ville de Saint-Brieuc, portées par le comte Alain de Penthièvre lui-même, et furent déposées par l'évêque dans la cathédrale romane du XIème siècle, dont la reconstruction fut dès ce moment décidée.

Evidemment, la Cathédrale en pierre, bâtie deux siècles avant, ne pouvait pas menacer ruine après une existence aussi courte. Probablement l'avait-on faite dans des dimensions trop restreintes, eu égard au développement qu'avait pris la ville, grâce à son commerce et à son port. En effet, un auteur arabe qui décrivait vers 1150 les villes du littoral, Edrusi, parle d'une ville qui s'appelle Matha, située entre Saint-Pol-de-Léon et Saint-Malo, au fond du golfe de Bretagne, plus loin de Saint-Pol que de Saint-Malo, laquelle possède un port sûr et bien fréquenté, et dont les habitants sont riches et font beaucoup de commerce. Malgré l'altération du nom, le traducteur n'hésite pas à y voir le port et la ville de Saint-Brieuc et aucune autre en effet ne correspond mieux au signalement qui en est donné [Note : M. de la Borderie prétend qu'il s'agit de Saint-Mathieu ; or, contrairement à ce qu'a écrit Edrusi, Saint-Mathieu n'est pas au fond d'un golfe, ni entre Saint-Pol et Saint-Malo, ni plus éloigné de Saint-Pol que de Saint-Malo, ce qui rend absolument contestable l'affirmation de M. de la Borderie].

Quoi qu'il en soit, dès le retour dans sa ville des reliques de saint Brieuc, on s'occupe de recueillir les ressources nécessaires pour rebâtir la Cathédrale ; ce qui le prouve c'est un don de 109 livres que fit à l'évêque le sénéchal de Godo, en 1220, pour la reconstruction de son église.

Précisément à ce moment, Guillaume Pinchon venait d'être élu évêque de Saint-Brieuc (1220-1234).

Guillaume, très énergique, comme le montre sa lutte contre le duc de Bretagne, Pierre Mauclerc, qui prétendait abolir certains privilèges du clergé [Note : Pierre Mauclerc, seul maître de la Bretagne, avait entrepris d'abolir certains droits que les évêques avaient pu s'attribuer sans difficulté grâce aux luttes qui avait divisé la Bretagne, ces droits portant atteinte à sa souveraineté. Guillaume résista aux prétentions du duc et osa l'excommunier ; mais il dut fuir pour éviter ses violences (en 1228) et se retira à Poitiers d'où il ne revint qu'en 1231], mit tout son zèle à poursuivre la reconstruction de sa Cathédrale, et n'attendit pas la fin de son exil à Poitiers pour y faire travailler, car des fouilles récentes nous ont permis de constater que toutes les bases des colonnes et piliers du chevet, des transepts et du choeur, aujourd'hui en partie enfouies, sont nettement romanes, et sur plan carré avec griffes aux angles, tandis que les bases de la nef ancienne, qui ont été conservées pour porter la nef actuelle et celles des bas côtés adjacents, sont très différentes comme mouluration ; les bases des grosses colonnes sont circulaires ; seules les colonnettes conservent des bases carrées, mais sans griffes.

Nous en concluons que l'église a été fondée en deux fois ; on l'a commencée, comme toujours au moyen âge, par le chevet, en conservant religieusement à l'autel principal la place qu'il occupait dans l'église primitive ; on a en même temps fondé le transept et ce n'est que plus tard qu'on a commencé la nef et les bas côtés adjacents ainsi que les tours.

La première partie a été, ou déjà commencée avant saint Guillaume — et il l'a continuée, — ou a été fondée par lui, dans les premières années du XIIIème siècle, avant 1228, date de son exil à Poitiers, et la seconde n'a été fondée que postérieurement par lui et ses successeurs, depuis son retour d'exil en 1231.

Ce qui nous porte à croire que la nef fut bien fondée par lui avant sa mort, survenue en 1234, c'est que les grosses colonnes de l'ancienne nef, dont les bases existent encore sous les colonnes de la nef actuelle, étaient cantonnées de 4 colonnettes placées à angle droit et presque détachées du pilier central et offraient ainsi une ressemblance non douteuse avec les colonnes de la Cathédrale de Poitiers cantonnées elles aussi de colonnettes à base carrée, mais au nombre de 8, et non de 4 comme à Saint-Brieuc.

N'est-il pas naturel de penser que l'évêque Guillaume s'inspira, après son retour d'exil, des souvenirs rapportés de Poitiers, si même il n'en ramena pas un maître de l'oeuvre pour diriger ses travaux.

En tout cas, de 1231, date de son retour, à 1234, année de sa mort, Guillaume n'eut pas le temps d'avancer beaucoup les travaux commencés avant son exil, ni ceux qu'il avait entrepris depuis, et il laissa fort à faire à ses successeurs. Mais il avait annoncé qu'il achèverait son église « mort ou vif » et cette parole se réalisa, car les fidèles le considérant comme un saint [Note : Guillaume fut canonisé moins de 13 ans après sa mort par une bulle d'Innocent IV dut 15 avril 1247, c'est le premier saint de Bretagne canonisé à la suite d'une procédure complète, la voix du peuple confirmée par les papes ayant jusque-là suffi pour consacrer la sainteté. Saint Guillaume est devenu le second patron du diocèse de Saint-Brieuc. Après la canonisation du saint, on ouvrit son cercueil, on en retira la tête et un bras qui furent renfermés dans un coffret d'argent ; les autres reliques furent placées dans un autre reliquaire en forme de chasse qui fut suspendu au-dessus du tombeau] affluèrent à son tombeau, et par leurs offrandes abondantes, permirent de continuer son oeuvre.

Son successeur, Philippe (1235-1248), avait été son confident. Il reprit les travaux interrompus depuis 2 ans, dès 1237, et fut amené même à faire au projet primitif quelques changements qui entraînèrent le déplacement du tombeau de saint Guillaume, dans le but d'édifier une chapelle dédiée à saint Mathurin contre la longère ouest du transept midi s'ouvrant sur le bas côté de la nef. Cette chapelle qui occupait une partie de l'emplacement de l'autel actuel de l'Annonciation a elle même disparu au XVème siècle.

Il est impossible, et il serait oiseux de dire quelle partie de la Cathédrale a été bâtie par saint Guillaume et quelle autre par Philippe. Tout ce que l'on peut affirmer, c'est que les sept arcades du choeur jusqu'au triforium, avec leurs pilastres lourds, leurs colonnes aux chapiteaux moulurés seulement et leurs arcs à simples chanfreins, portent la marque des débuts du XIIIème siècle. C'est peut-être la seule partie qu'avant son exil, Guillaume put monter à une certaine hauteur. Quant aux piliers du transept, à leurs murailles, et à celles du pourtour extérieur du collatéral autour du choeur, avec leurs colonnes à chapiteaux feuillés bien romans, leurs détails d'exécution indiquent une époque avancée du XIIIème siècle, et postérieure au retour d'exil de saint Guillaume.

En résumé, c'est à saint Guillaume et à Philippe que nous devons toutes les parties de la Cathédrale actuelle qui remontent au XIIIème siècle puisque, dans les actes de leurs successeurs immédiats, ou dans les anciennes chroniques, il n'est plus question de travaux faits à la Cathédrale au cours de ce siècle.

A la mort de l'évêque Philippe, la chapelle absidale était la seule partie de l'édifice qui appartint à la Cathédrale romane du XIème  siècle ; elle ne devait disparaître qu'au cours du XIVème pour faire place à celle que nous voyons aujourd'hui.

Le choeur et le bas côté alentour étaient construits, moins les voûtes et la balustrade du triforium. Les murailles du transept midi étaient montées en entier, ainsi que celles de la nef et des bas côtés adjacents, comme le prouvent quelques corbelets romans que l'on voit encore au bas côté Nord et à la longère Est du transept midi, lesquels étaient destinés à porter des corniches disparues.

Le transept Nord était aussi très avancé ; mais ses parties hautes, à partir des chapiteaux de ses hautes colonnes et ses corniches des côtés Est et Ouest sont postérieurs. Il ne devait pas encore être terminé ni couvert non plus que la sacristie, dont le contrefort d'angle accuse la fin du XIIIème siècle.

La nef primitive est aussi du XIIIème siècle, ainsi que l'atteste son pignon Ouest conservé, quand on la rebâtit au XVIIIème siècle, encore intact. Comme le choeur, elle avait un triforium avec arcatures à lancettes, portées par des colonnettes aux chapiteaux sculptés d'aspect encore roman. Du XIIIème siècle aussi datent les deux chapelles adossées aux longères Est des transepts, mais il n'en existait pas autour du chœur ; à part celle du chevet. A leur place, des murailles percées de fenêtres entouraient le collatéral à l'intérieur.

LeS parties hautes de l'édifice, nef et transepts, comme le choeur, étaient éclairées par des fenêtres à ogives aigues, divisée par un meneau médian en deux ogives plus étroites surmontées d'un simple anneau circulaire du côté Ouest du transept midi.

On en retrouve la trace ; elles ont été aveuglées lorsqu'on bâtit la chapelle de l'Annonciation. Les meneaux et rosaces des transepts ne furent édifiés que plus tard, aussi bien que ceux du choeur.

Quant aux tours, dans les parties basses, nous retrouvons l'architecture du XIIIème siècle. La tour Nord, notamment, présente au-dessus de l'arcade communiquant avec le porche central, un reste d'arc plein-cintre roman. Elle fut montée par Guillaume ou Philippe jusqu'au dessus du porche, à la hauteur où on voit encore à l'extérieur, sur la place de la Préfecture, un reste de corniche sculptée. Arrivé en ce point, on la couvrit d'un toit dont les traces sont visibles dans l'intérieur de la tour contre le pignon de l'Eglise et on en fit une chapelle dédiée à saint Brieuc, ce qui valut plus tard à la tour le nom de tour de Brieuc qu'elle porte encore [Note : Le chef du saint était exposé dans cette chapelle jusqu'à ce que les troubles survenus à la fin du XIVème siècle les en firent retirer. On la ferma par des murs pleins pour ne la rouvrir que plus tard, et cette fois elle fut dédiée à saint Jacques. Cela résulte d'une fondation faite en 1435 par Jacques Le Poulnic où il est parlé de la chapelle Saint-Jacques, près du Martray, et d'une autre du prêtre choriste Boulard en 1555 pour assurer des messes à la chapelle Saint-Jacques « où fut autrefois le chef de saint Brieuc » (Voir G. de B.)].

La tour midi ne fut pas élevée si haut au XIIIème siècle, puisque à 3 mètres au-dessus du sol, du parvis, on trouve une naissance de nervure de voûte du XVème siècle.

Enfin du XIIIème siècle encore est le porche entre deux tours, mais seulement dans sa partie voûtée en pierre, car le devant date de moins d'un demi siècle ; et l'intérieur du porche du Martray, dont la façade, écroulée en 1854, a été refaite en 1856 et couronnée d'une galerie en pierre [Note : Pendant le XIIIème siècle, la ville de Saint-Brieuc avait continué de prospérer, grâce à son port qui échangeait une grande quantité de blé et autres denrées avec des vins du Midi, ainsi que le constate une enquête royale de 1296 (Anciens Evêchés de Bretagne)].

 

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XIVème siècle.

Les successeurs de Philippe au XIIIème siècle, ou n'avaient fait que passer, ou avaient montré peu d'empressement à achever leur église cathédrale. Ce n'est que sous l'épiscopat de Guy de Montfort (1335-1358) que les grands travaux furent sérieusement repris et sa part a été grande dans l'achèvement de l'édifice [Note : Cependant il faut mentionner l'amélioration apportée par Allain de Lamballe (1313-1320), sinon à l'édifice au moins à ses abords par le dégagement de sa façade ouest jusqu'alors séparée par une simple ruelle d'un pâté de maisons. C'est lui qui, en les supprimant, ouvrit la place du Pilori ou Martray neuf, aujourd'hui place de la préfecture, qui ne communiquent avec le vrai Martray que par un couloir bordé de maisons. On en abattit une partie, ce qui dégagea la façade ouest de le Cathédrale, et permit de rehausser le sol des rues basses et marécageuses qui l'entouraient à l'est à l'aide des décombres provenant de l'élargissement de la place]. C'est à lui en effet qu'on doit la balustrade du triforium du choeur, c'est lui qui édifia les voûtes hardies et les arcs-boutants autour de l'abside, comme aussi les voûtes en pierre des transepts après qu'il en eut achevé les murailles et enfin la charpente et la couverture [Note : La charpente primitive de la Cathédrale, qui subsiste encore sur le transept Est et sur le choeur, est formée de fortes pièces faisant à la fois ferme et chevron, très rapprochées afin de répartir également la charge sur tout le pourtour et cintrées à l'intérieur, qui ont l'aspect d'une carène de navire renversée ; cette charpente révèle chez les ouvriers du XIIIème siècle une science de leur métier que ceux de notre temps n'ont guère dépassée], la sacristie. Ses armes pendent encore aux voûtes du choeur et sont gravées sur les arcs-boutants de l'abside, elles figuraient également aux voûtes des transepts et de la nef avant leur réfection. C'est de son temps qu'on dut voûter, pour en faire une trésorerie, une petite cour existant entre le collatéral du choeur et la chapelle à l'Est du transept midi [Note : Cette trésorerie servit plus tard de caveau pour le vin de messe ; c'est depuis peu la chapelle où sont exposées les reliques que possède la Cathédrale].

La chapelle absidale du XIème siècle qui avait pu être conservée jusque là fit place à la charmante chapelle actuelle dite de Notre-Dame de la Cherche sous cet épiscopat, car si Anne de Laval fit dès 1330 un don pour la reconstruction de cette chapelle, ses héritiers tardèrent jusqu'en 1343 à exécuter ses intentions.

Enfin ce ne peut être que Guy de Montfort qui termina la tour Nord restée au point que nous avons dit depuis le milieu du XIIIème siècle, puisqu'elle était terminée en 1353 et que cette année là le Sr. de Plédran fut nommé par l'évêque capitaine du manoir et de la tour de Saint-Brieuc. Cette tour, distincte du manoir épiscopal et s'y rattachant au point de vue défensif, ne peut être que la tour nord de la cathédrale déjà désignée sous ce nom de tour Brieuc. Ce n'est pas sans motif que Guy de Montfort s'était hâté de l'achever, puisque la lutte entre Jean IV de Montfort et Charles de Blois pour la succession du duché de Bretagne qui dura de 1341 à 1365, était déjà commencée. L'évêque tenait pour Blois ainsi que De Plédran ; malgré cela, un autre capitaine du même parti Guillaume de Boisboissel, jaloux de se voir préférer son collègue, vint aussitôt attaquer Saint-Brieuc, saccagea le manoir épiscopal, l'église et la tour et ce ne fut que grâce à l'intervention de Charles de Blois que Guy de Montfort put rentrer dans ses biens, et réparer ces dégâts [Note : Cette première attaque de la Cathédrale de Saint-Brieuc est relatée dans le manuscrit de Dupatz qui vécut de 1550 à 1631]. Il en profita pour renforcer les défenses de son église, instruit par cette leçon. Il ferma par un mur plein les porches de la tour Nord, transforma ce qui existait de la tour midi en bastion fortifié, et couronna les longères de la cathédrale de guérites ou garde-corps en pierre crénelées derrière lesquelles les hommes d'arme pouvaient s'abriter. On descendait aux créneaux surmontant la sacristie à l'aide de l'escalier intérieur qu'on voit encore au-dessous du clocheton de l'horloge, de façon ne pas passer par la sacristie elle-même.

C'est ainsi que la Cathédrale de Saint-Brieuc devint forteresse.

Ces précautions ne devaient pas être longtemps inutiles, car si la guerre de Blois contre Montfort se termina en 1365, par le traité de Guérande [Note : Le traité de Guérande reconnut à Jean IV de Montfort le titre de duc de Bretagne, mais Jeanne de Penthièvre, veuve de Charles de Blois, obtint de conserver le Penthièvre. Hugues de Montrelais, conseiller de Jeanne, montra une telle habileté à défendre ses droits, que Jean IV en fit son chancelier] qui fut en partie l'oeuvre de l'évêque de Saint-Brieuc, Hugues de Montrelais (1358-1372), une autre allait bientôt surgir dont la cathédrale de Saint-Brieuc eut à souffrir davantage encore.

Ce fut la lutte de Jean V de Montfort soutenu par les Anglais avec son redoutable vassal Olivier de Clisson, soutenu par le roi de France (1372-1381).

Avant d'en parler, mentionnons toutefois le court passage à l'évêché de Saint-Brieuc, de Geoffroy de Rohan (1372 à 1375) qui entreprit quelques travaux à la Cathédrale.

Il fit déboucher deux croisées hautes du choeur qui n'était alors éclairé que par trois baies, les autres ayant été aveuglées en maçonnerie faute de fonds pour les vitrer. Il mit à ces deux fenêtres voisines du transept, côté de l'évangile, des vitraux contenant, dit la chronique, le portrait de son père [Note : C'est à tort qu'on lui attribue le don de Notre-Dame de la Cherche et le grand bénitier de la porte du Martray, qui sont du XVème siècle].

Son successeur, Laurent de la Faye (1375-1379) venait d'être élu, et n'avait pas encore pris possession, lorsqu'en 1375, Jean de Montfort vint avec une armée composée en partie d'Anglais, mettre le siège devant la ville de Saint-Brieuc, où Clisson avait envoyé des soldats pour la défendre et des vivres.

La garnison et une partie des habitants s'enfermèrent dans la Cathédrale, qui pendant quinze jours eut beaucoup à souffrir des machines de guerre employées contre ses murailles, mais le duc multiplia en vain ses attaques, et menacé d'être pris à revers par les partisans de Clisson, il jugea prudent de se retirer.

Clisson ayant été nommé maréchal de France en 1380 [Note : Le 28 novembre 1380, Olivier de Clisson reçoit de Charles VI l'épée de connétable de France, malgré l'opposition des oncles du roi, les ducs d'Anjou, de Berry et de Bourgogne], après la mort de Duguesclin, quitta la Bretagne, et Saint-Brieuc se soumit au duc Jean V qui ne négligea pas de renforcer les défenses de la Cathédrale. Le connétable était revenu en Bretagne en 1392 [Ndlr : Olivier se marie en 1361 à Catherine de Laval, qui lui donne deux enfants : Marguerite (née en 1366 et décédée en 1441, épouse de Jean Ier de Châtillon, fils de Jeanne de Penthièvre, duchesse de Bretagne) et Béatrix (épouse d'Alain VIII de Rohan et décédée en 1448). Le 27 novembre 1382, Olivier V de Clisson participe à la bataille de Roosebecke ou du Mont-d'Or. Il meurt au château de Josselin le 22 ou le 23 avril 1407 à l'âge de 71 ans, et il est alors enterré dans la chapelle du château de Josselin où sa tombe sera profanée en 1793]. Bientôt, soutenu par le roi de France, il se mit en pleine révolte contre le duc son suzerain, et profitant de ce que celui-ci avait licencié une partie de ses troupes et était allé chasser à Morlaix, il assaillit Saint-Brieuc, et mit le siège le 19 juin 1394 devant la Cathédrale, où s'étaient réfugiés les gens du duc qui avaient en outre fortifié toutes les avenues de l'église. Ils résistèrent deux semaines mais durent se rendre et la ville fut pendant 24 heures livrée au pillage. Clisson se fortifia à son tour dans la Cathédrale.

L'année suivante (1395), le duc Jean V vint avec 6.000 hommes pour reprendre la ville de Saint-Brieuc. Campé près d'Hillion, offrit le combat à Clisson, mais celui-ci, qui n'avait que 2.000 hommes, resta derrière les murailles de l'église, le duc n'osa l'y attaquer, et après quelques jours d'investissement crut prudent de se retirer.

Les belligérants ne reparurent plus devant la Cathédrale de Saint-Brieuc, qui, on le voit, subit trois sièges au XIVème siècle. Durant ces luttes elle avait beaucoup souffert, surtout lors du siège de 1394. La chronique briochine rapporte que les guérites et les murs furent renversés par les machines de guerre, et en fait, aux façades des bas-côtés flanquant la nef, surtout du coté midi, on voit encore des déformations et des reprises de mur qui pourraient bien provenir de travaux faits à la hâte pour réparer les brèches de ce siège. Quant aux guérites, elles ne furent pas rétablies.

Le successeur de l'évêque Laurent de la Faye, Guillaume Angers, 1379-1404, fut un des bienfaiteurs de la cathédrale. Il déboucha et vitra deux autres fenêtres hautes du choeur, en face de celles restaurées par Geoffroy de Rohan, du côté de l'épître et aussi une petite fenêtre du transept midi, celle sous laquelle a été percée depuis la porte dite de la Vierge.

Après ces travaux qui finissaient avec le siècle, on peut dire que la Cathédrale, commencée par saint Guillaume, était terminée, car il n'y manquait plus que l'achèvement de la tour midi. L'exécution du plan conçu par lui avait duré plus de deux siècles de 1220 à 1400.

Ce plan, nous avons cru intéressant de le reproduire ; il permettra de juger des agrandissements qui y ont été ajoutés, en le comparant avec ce que nous voyons aujourd'hui (J. Morvan).

 

Ancien plan de la cathédrale de Saint-Brieuc

 

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