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LA CATHEDRALE DE SAINT-BRIEUC sous le Concordat (XIXème siècle)

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L'oeuvre du XIXème siècle à la Cathédrale de Saint-Brieuc, a consisté surtout dans la réparation des dégâts qu'y avait causée la fin du XVIIIème siècle. Il faut bien le dire, les restaurations entreprises pendant la première moitié de ce siècle furent loin d'être toutes heureuses, et trop souvent on défigura l'édifice et on en masqua les parties intéressantes sous de mauvaises boiseries ou de hideux badigeons que la fin du siècle a été employée à faire disparaître.

Quand l'évêque Jacob mourut en 1801, Bonaparte négociait déjà avec le pape le concordat qui allait être signé la même année, et un nouveau régime allait s'ouvrir pour le clergé de France.

L'Etat devenait seul propriétaire de la Cathédrale et l'évêque, aux yeux du Gouvernement, n'était plus qu'un fonctionnaire, d'un ordre élevé il est vrai, payé par l'Etat et agréé par lui. Privé de ses prébendes, le chapitre n'avait plus de ressources assurées [Note : En fait, dès l'année suivante, on assura aux chanoines un traitement de 1. 000 fr.].

Enfin, l'Etat pouvait seul autoriser l'exécution de travaux à la Cathédrale et des agents choisis par lui avaient seuls mission de les diriger [Note : Jusqu'en 1822, les travaux furent confiés aux ingénieurs des ponts et chaussés. C'est à partir de cette date qu'un service d'architectes diocésains fut créé. Le premier architecte fut Richelot, architecte à Paris, auquel succédèrent M. Lorin puis M. Guépin de Saint-Brieuc, mort en 1878, qui dirigea pendant plus de 40 ans les travaux de la Cathédrale ; déjà, depuis 1848, le service avait été partagé entre un architecte en chef résidant à Paris, et un architecte ordinaire résidant à Saint-Brieuc. C'est ainsi que de 1848 à 1904, MM. Ruprich Robert, Vallon et Gradet ont été successivement architectes en chef et après M. Guépin, MM. Maignan, mort en 1894 et Morvan devinrent architectes ordinaires de la Cathédrale]. Malgré cette situation diminuée, nos évêques, le chapitre et le clergé paroissial au XIXème siècle n'ont pas cessé de s'intéresser aux travaux d'amélioration de la Cathédrale, de les provoquer et de s'y associer de leurs deniers.

Le premier évêque concordataire, Mgr. Cafarelli (1792-1815) trouvait en arrivant à Saint-Brieuc un clergé divisé en deux fractions opposées, l'une de 350 prêtres non assermentés, l'autre d'une centaine qui avaient prêté serment. On comprend que préoccupé avant tout de réconcilier et de souder ensemble ces deux tronçons de son clergé et de guérir les plaies morales que 12 années de révolution n'avaient pas manqué de causer aussi bien parmi les pasteurs que dans le troupeau, il fut plus préoccupé de rétablir partout la paix que des besoins matériels de sa Cathédrale [Note : Pour sceller l'union entre les deux fractions du clergé, un grand vicaire sur deux et 3 chanoines sur 9 dont le curé de la Cathédrale, furent pris parmi les prêtres constitutionnels. Le rite parisien avait été adopté depuis 1772, Mgr. Cafarelli voulut rétablir le rite Romain, mais le chapitre s'y opposa, et finalement fit un mélange des deux rites qui dura jusqu'en 1848, année où Mgr. Lemée (Le Mée) rétablit définitivement le rite Romain]. Il s'en rapporta sur ce dernier point au nouveau curé Courcoux, qui entreprit de restaurer la chapelle absidale et d'y mettre un autel neuf. Malheureusement, on eut la déplorable idée de cacher les murs par une boiserie, et pour la placer on brisa les moulures des archivoltes de deux labbes qui gênaient, et on masqua complètement une crédence.

A la mort de Mgr Cafarelli [Note : Malgré son attachement personnel à l'empereur, Mgr. Cafarelli résista avec fermeté au concile de 1811 aux empiètements de Napoléon sur les droits de l'Eglise] survenue peu de temps avant la chute de l'Empire, le siège resta vacant pendant 4 ans, de 1815 à 1819, et le diocèse fut administré pendant ce temps par les vicaires capitulaires Mannour et Jean-Marie Lamennais [Note : Frère de Félix de Lamennais et fondateur des frères qui portent son nom et des filles de la Providence, qui, mort en 1860, a été déclaré vénérable par Pie X].

Ce fut au cours de cette vacance qu'on refit, en 1818, une partie du mobilier de la sacristie et qu'on mutila, pour placer les nouveaux meubles, une cheminée en pierre du XIIIème siècle.

Mgr. Mathias Le Grouin de la Romagère avait été nommé évêque de Saint-Brieuc en 1817, mais, il ne fut sacré qu'en 1819 ; il occupa le siège jusqu'en 1842.

Grand amateur de peinture, il orna de tableaux tout le pourtour du choeur, à savoir un tableau des martyrs provenant de l'abbaye de Beauport et donné en 1806 par le chanoine Lesage (Le Sage), ancien moine de cette abbaye ; le tableau de Marthe et Marie, les 4 évangélistes et les 4 docteurs de l'Eglise achetés par la fabrique sur les instances de l'évêque [Note : Un seul évangéliste et trois docteurs existent encore, les autres ont disparu rongés par l'humidité].

Il obtint en outre de l'Etat deux tapisseries des Gobelins, le Centurion, et Saint-Germain [Note : Qui décorèrent le palais épiscopal jusqu'en 1906, déposée alors au musée de la ville]. Enfin, il acheta un tableau du Purgatoire et une Descente de Croix.

Connaissant le goût de son évêque pour les tableaux peints, l'abbé Delange, peintre lui-même, lui offrit pour sa Cathédrale un tableau de Jouvenet, représentant la Nativité et l'Adoration des bergers. C'est le seul de ceux que possède la Cathédrale qui ait une réelle valeur. Il orne en 1923 la salle du chapitre au-dessus de la sacristie [Note : Mgr. de la Romagère s'y connaissait moins en architecture qu'en peinture, à en juger par son mandement de carême de 1841 où il cite comme modèle d'église celle de Corseul « où l'art, de l'ancienne architecture a fait revivre l'habileté du Roman à un point de perfection qui met ce beau temple au-dessus de tous ceux de notre diocèse ». Comme ses mandements, ses sermons étaient aussi diffus que pieux ; et, ayant oublié le brouillon de l'un d'eux signé Mathias à la Sacristie, un chanoine facétieux écrivit devint ce nom le mot latin galli, le transforma en gallimathias].

En 1830, l'Etat fit don à la Cathédrale du maître-autel actuel auquel la fabrique ajouta deux anges adorateurs et des autels furent placés aux transepts et à la chapelle Saint-Gilles qui n'en avaient pas depuis la Révolution [Note : Ces autels out été remplacés par d'autres depuis] et on refit le toit d'ardoises ou la flèche de la tour midi.

A Mgr. de la Romagère succéda un de ses grand-vicaires, Mgr. Lemée (ou Le Mée) (1842-1858) qui porta le premier le titre d'évêque de Saint-Brieuc et Tréguier. Il avait beaucoup aidé le curé Josselin à rebâtir l'église Saint-Michel commencée en 1837. Evêque, il consacra à la Cathédrale tout son zèle en y ajoutant des dons importants. Dès 1842, il éleva à son prédécesseur un remarquable tombeau.

Il débarrassa le choeur des cloisons et boiseries qui l'entouraient et on les remplaça, en 1844, par une clôture vitrée ; afin de mettre les chanoines à l'abri des courants d'air. Malheureusement, sous prétexte de l'embellir, on badigeonna tous les murs intérieurs et les voûtes de la Cathédrale. La pierre disparut, cachée sous un mélange de chaux, d'ocre jaune et de colle, et comme cette opération fut renouvelée à plusieurs reprises, toutes les moulures et sculptures en furent empâtées.

Il a fallu plusieurs années pour faire disparaître ce malencontreux badigeon à la suite de coûteux travaux. Mais l'oeuvre la plus importante entreprise aux frais de Mgr. Lemée (Le Mée), fut la restauration du buffet d'orgues, par les frères Etienne, de Trévé, exécutée en 1848. De son côté, l'Etat paya la dépense d'un orgue neuf, oeuvre de Cavalié-Koll (ou Cavaillé-Coll) [Note : La restauration du buffet coûta 14.000 fr. et l'orgue 35.000 fr. ; l'ancien instrument fut vendu à l'église de La Roche-Derrien].

Malheureusement, sous prétexte qu'à l'occasion d'un grand jubilé, l'Eglise serait trop petite pour contenir les fidèles, on eut l'idée de démolir le tombeau de saint Guillaume, en 1850, et on le remplaça par une simple dalle portant gravée une figure d'évêque [Note : La statue du saint brisée fut transportée dans un enfeu de la vieille collégiale de Saint-Guillaume].

En 1851 fut inauguré le remarquable chemin de croix d'Ogé.

Dès 1823, on avait commencé le rachat des échoppes entourant la Cathédrale ; de 1852 à 1855 on en acquit cinq [Note : Quinze autres ont été achetées avant 1923], ce qui permit de dégager les fenêtres de 5 chapelles autour du choeur et d'y mettre des vitreries neuves et aussi des meneaux à celles qui en manquaient.

En 1852, on déplaça la porte dite de la Vierge pour la mettre à son emplacement actuel [Note : La petite porte de la Vierge a subi plusieurs déplacements. Elle remplace la porte située sous la grande fenêtre du transept et dite porte de l'évêque. A la suite de la démolition en 1320, des maisons qui encombraient la place de la Préfecture, la rue de ce nom qui était fort basse et marécageuse fut exhaussée, et la porte à demi enfouie. Pour la remplacer on en ouvrit une dans le mur du collatéral là où se trouve la chapelle Sainte-Anne actuelle, car cette chapelle n'était pas encore bâtie alors. Christophe de Penmarc'h (ou Penmarck), vers 1500, la reporta dans l'enfeu où est le tombeau de Mgr. Martial, dans la chapelle Saint-Joseph. Comme le va et vient des passants gênait, on se décida à percer la porte actuelle sous la fenêtre de la chapelle qu'on sépara par une boiserie et une cloison du corridor ménagé pour l'accès de l'église], on restaura la chapelle Saint-Joseph, séparée du passage de la porte par une cloison et une boiserie, et on plaça où il est actuellement l'autel précédemment accolé à la paroi Nord de cette chapelle.

C'est aussi en 1852 que la flèche du clocher de Marie, déjà foudroyée en 1812, le fut de nouveau. L'architecte Ruprich Robert, proposa de la remplacer par la couverture basse actuelle conservant l'aspect de l'ancien soubassement porté par les machicoulis, et se rapprochant par la silhouette de son toit brisé, de celle du toit de la tour Nord [Note : Cette flèche, dont nous avons pu nous procurer, grâce à la complaisance de M. le commandant Hédou de la Héraudière, un dessin, avait 26 mètres de haut au-dessus des maçonneries et 50 mètres au-dessus du pavé].

L'orgue avait lui aussi été atteint par la foudre ; il fut l'objet d'une réparation importante, et on en profita pour compléter l'instrument et consolider la tribune.

Presque en même temps, on mit dans la grande fenêtre du transept nord les meneaux et la vitrerie que nous y voyons.

En 1854, on refit sur bitume le parquet abaissé de 0m.50 dans la partie du choeur, en face les transepts. On transporta l'autel au fond de l'abside, et après avoir enlevé le petit orgue d'accompagnement qui bouchait une arcade [Note : Il est aujourd'hui à Loudéac], on installa les stalles comme elles sont aujourd'hui [Note : Les stalles du fond du choeur furent enlevées pour placer l'autel, le choeur fut diminué de toute la travée de nef, dite l'alcove et le trône de l'évêque et l'estrade en face les célébrants placée dans cette travée par Mgr. de la Romagère furent transportés au grand séminaire. L'un des autels du transept est à Ploëzal, l'autre fut cédé à la chapelle de Plouguernével], et le trône épiscopal actuel fut substitué à celui de M. de la Romagère.

Les deux autels du transept, posés en 1824, furent vendus et remplacé par ceux actuels ; enfin, l'autel de l'Annonciation de Corlay fut placé là où il est aujourd'hui pour dégager deux fenêtres devenues libres par la disparition des échoppes qui les masquaient, et dans lesquelles on mit des meneaux et de la vitrerie. A l'extérieur, la façade du porche du Martray, bâtie en pierre tendre de Caen, s'effondra et dut être refaite, mais on ne put lui restituer sa richesse de décoration primitive.

On le voit, sous l'épiscopat de Mgr. Lemée (Le Mée), de très importants travaux ont été exécutés en vue de la restauration de la Cathédrale et il y contribua largement.

Il était mort le 31 juillet 1858, regretté de tous, à tel point que les ouvriers de la ville, sollicitèrent et obtinrent de porter sur leurs épaules le jour des obsèques, sa dépouille mortelle à travers les rues de Saint-Brieuc en deuil.

Huit jours après, l'empereur Napoléon III et l'impératrice traversaient Saint-Brieuc, et dans la Cathédrale, où la tombe de l'évêque venait d'être close, un Te Deum était chanté en leur présence. Ils venaient confirmer la nouvelle parvenue deux jours avant de la nomination au siège de Saint-Brieuc, de M. Martial, vicaire général de Bordeaux (1858-1861). Celui-ci, bien en cour, comptant sur l'aide de l'Etat, caressa bientôt le projet de construire une Cathédrale neuve dans le jardin des religieuses de la Providence [Note : Il résulte de la correspondance de l'évêque qu'il rêvait d'avoir « une cathédrale comme celle d'Angoulême, un peu plus petite toutefois »].

M. Labrouste, inspecteur général des édifices diocésains, fut envoyé à Saint-Brieuc pour étudier la question, et n'hésita pas à conclure, qu'il valait mieux améliorer la Cathédrale actuelle que d'en bâtir une autre. Mgr. Martial insista et obtint la promesse d'une subvention de 600.000 francs, payable en 10 annuités, mais il eût fallu au moins 2 millions, et l'évêque dut renoncer à son projet et se contenter des nouvelles restaurations.

On commença, en 1866, par la chapelle absidale dont les fenêtres ornées autrefois de meneaux gothiques flamboyants brisés pendant la Révolution, furent débouchées et décorées de meneaux neufs du même style (XIVème siècle) que la chapelle.

En même temps, on abaissa son sol de 0m.60, niveau de l'ancien dallage, ce qui dégagea les bases des colonnes et on le carrela. Malheureusement, on renonça, à rétablir dans leur état primitif les deux enfeus brisés en 1912, et on se borna à les recouvrir d'une boiserie plus décorative que l'ancienne et laissant au moins apparente la charmante crédence de cette chapelle.

Ces travaux étaient encore inachevés quand la mort vint frapper brusquement Mgr. Martial, le 26 décembre 1861.

Sa dernière lettre fut une supplique au ministre écrite la veille de sa Mort, en faveur de sa Cathédrale.

Son successeur, Mgr. David (1862-1882) fit son entrée à Saint-Brieuc précédé d'une renommée d'artiste, d'orateur et d'écrivain, que 20 années d'épiscopat n'ont fait que confirmer et accroître. D'un goût éclairé, il obtint de débarrasser sa Cathédrale d'objets disparates tels qu'une piteuse galerie en bois placée au-dessus du triforium du choeur, demanda qu'on fit enlever des murs extérieurs les enduits encore conservés des échoppes démolies, et ce travail de grattage et de rejointoiement fut commencé l'année suivante. On refit complètement en bitume étendu sur une couche de béton l'aire de la cathédrale, afin de combattre l'humidité du sol dont souffraient les boiseries et surtout les orgues [Note : Ce bitume devait être recouvert de l'ancien dallage, mais on y renonça en cours d'exécution].

On n'osa pas, toujours par crainte de l'humidité, rétablir l'aire de l'édifice à son niveau primitif, ce qui eût dégagé les bases de ses colonnes.

De 1863 à 1866 on restaura la fenêtre du transept midi dont les meneaux étaient en partie brisés, et on le décora d'un vitrail historié. D'autres vitraux furent mis aux 5 fenêtres de la chapelle absidale, historiés également, et ses murs furent polychromés et un autel neuf y fut placé.

La fabrique et une souscription couvrirent la moitié de la dépense ; l'Etat supporta le surplus [Note : Les vitraux seuls, transept et chapelle, coûtèrent plus de 20.000 fr.].

En outre, Mgr. David érigea dans la chapelle Saint-Joseph un monument à son prédécesseur.

En 1870, on badigeonna encore une fois les murs intérieurs de la Cathédrale ; Mgr. David s'y fût sans doute opposé, mais en ce moment il était à Rome où avait lieu un concile, et n'en revint qu'après la déclaration de guerre de la France à la Prusse [Note : La question principale qui y fut résolue est celle de l'infaillibilité du Pape. Mgr. David fut de ceux qui y firent opposition, ce qui suscita une vive émotion dans son clergé. 851 de ses prêtres adhérèrent à une adresse en faveur de l'infaillibilité. L'évêque y répondit en maintenant son droit d'émettre librement son avis tant que la discussion était permise et accomplit avec beaucoup de dignité son devoir en se soumettant sans hésitation à la décision prise par le concile à une grande majorité].

L'année 1870 et le commencement de 1871 n'apportèrent que des deuils et la vieille cathédrale ne retentit guère que de chants funèbres.

Le 4 mai 1871, un service solennel pour les morts de la guerre y réunit la population de Saint-Brieuc tout entière, et Mgr. David tint à prononcer lui-même l'éloge funèbre des morts de son diocèse.

Dès que la lutte fut terminée, les travaux reprirent à la Cathédrale. C'est en 1871 que le gaz y fut installé ; l'année suivante la chapelle Saint-Joseph fut décorée d'une boiserie et d'un autel neufs.

En 1875, on élargit les fenêtres du premier étage de la tour Nord, par où le son de la grosse cloche sortait avec peine. La même année 1875 la Cathédrale fut érigée par le Pape en basilique mineure, comme le rappellent deux plaques de marbre érigées contre le mur plein de l'alcove.

En 1880 et 1881 on refit les voûtes de la croisée du transept et des deux transepts. C'est en 1882 que furent commencés les travaux de débadigeonnage des murailles intérieures de la Cathédrale. Ce travail consistant en grattages, repiquages et rejointoiements au ciment de tous leurs parements, a duré 15 ans et a coûté près de 100.000 fr. ; il en avait fallu moins de 10.000 pour les enlaidir.

A Mgr. David, mort en 1882, succéda Mgr. Bouché, ancien aumônier supérieur de la marine (1882-1888). Préoccupé surtout de restaurer le tombeau de saint Yves à Tréguier [Note : Le tombeau de Saint-Yves fut terminé à la mort de Mgr. Bouché, mais il ne fut inauguré que 9 octobre 1890], il coopéra peu aux travaux exécutés à la Cathédrale ; néanmoins pendant son épiscopat les restaurations continuèrent.

L'acquisition de divers bâtiments municipaux permit de dégager, en face de l'hôtel-de-ville, la façade du midi et de restaurer la chapelle des fonts baptismaux dont la fenêtre fut décorée de meneaux et d'un vitrail.

Le porche, entre les deux tours, fut complété et on consolida les charpentes du grand toit couvrant le transept midi en même temps que la chapelle de l'Annonciation.

Mgr. Fallières (1889-1906) ne fit son entrée à Saint-Brieuc qu'un an après la mort de Mgr. Bouché.

Il s'occupa dès son arrivée de faire ériger un tombeau à ses deux prédécesseurs. Celui de Mgr. David dans la chapelle Sainte-Anne fut inauguré en 1890 et celui de Mgr. Bouché en 1891 ; de plus la chapelle Saint-Yves où il repose fut décorée d'un autel neuf.

Depuis quelques années, la vénération des foules pour les deux patrons du diocèse semblait aller s'affaiblissant. Saint-Brieuc n'avait plus pour rappeler son souvenir qu'une chapelle et un oratoire délabrés (Notre-Dame de la Fontaine) et de saint Guillaume il ne restait plus que les débris de sa statue brisée. Mgr. Fallières a restauré la chapelle et la statue et fait ériger à la Cathédrale un tombeau neuf pour saint Guillaume à la place qu'il occupait autrefois. Ce monument a été inauguré en juillet 1893.

L'évêque songeait en même temps à mettre sous les yeux des fidèles, pour être l'objet de leur vénération, les reliques de saints que la cathédrale possède en grand nombre. Il obtint à cet effet en 1896 de transformer à ses frais en chapelle pour les reliques un petit caveau depuis longtemps inutilisé. Enfin, il paya de ses deniers rachat de trois échoppes afin de dégager le porche du Martray.

De son côté l'Etat, en 1897, entreprit d'éclairer une partie obscure du bas-côté autour du choeur derrière le trône de l'évêque. A cet effet, on abattit en ligne droite le mur extérieur de la partie correspondant à l'arcade située à ce point qui présentait une brisure, et en démolissant un contrefort inutile saillant au sommet de cette brisure, on put ainsi ouvrir une large baie, dans laquelle, ont été mis des meneaux et une simple vitrerie mise en plomb.

Le XIXème siècle avait passé et toutes les restaurations entreprises n'étaient pas encore achevées puisque la réfection des voûtes du choeur [Note : Grâce aux précautions prises ces voûtes ont pu être démolies et refaites en la même forme, sans interrompre les cérémonies du culte dans le chœur] et l'embellissement d'une galerie ajourée en pierre au-dessus du triforium ne furent terminées qu'en 1904 [Note : Cette galerie seulement amorcée, n'avait jamais été faite auparavant ; on y accède par un petit escalier en colimaçon accolé à un des piliers du transept] et que la pose de meneaux et rosaces en pierre à trois fenêtres qui en manquaient et de vitreries neuves aux 7 fenêtres du choeur [Note : Après la Révolution, on avait à la fenêtre du fond de l'abside mis par économie des meneaux en bois] n'eut lieu qu'en 1905.

Mgr. Fallières s'éteignait quelques mois plus tard (10 mai 1906) usé moins par l'âge que par les fatigues d'un laborieux épiscopat, et les tristesses que lui avaient causées les projets proposés pour la séparation de l'Eglise et de l'Etat prononcée le 12 décembre 1905 [Note : Le dernier évêque concordataire de Saint Brieuc, Mgr. Fallières a été suivant son désir enterré dans la chapelle Saint-Brieuc, dont la restauration fut son oeuvre de prédilection].

Cette date marque pour l'Eglise de France la fin du régime concordataire, sous lequel elle a vécu pendant un siècle et nous y arrêterons notre histoire de la Cathédrale de Saint-Brieuc.

Les événements qui s'y sont passés depuis sont encore trot récents et trop présents à toutes les mémoires pour qu'il soit besoin de les rappeler non plus que les noms de ceux qui y ont été le plus mêlés.

Sous le régime actuel de la séparation des églises et de l'Etat, celui-ci, propriétaire de l'édifice, continue comme auparavant à y faire les travaux nécessaires pour l'entretien et les grosses réparations reconnues utiles ; rien n'est changé sous ce rapport, si ce n'est qu'ayant cessé d'être édifice diocésain, la Cathédrale est devenue depuis 1906 un monument historique appartenant à l'Etat.

Quant à l'évêque, au chapitre et au clergé paroissial ils ne sont plus à la Cathédrale que des occupants sans fonctions ni titres officiels et sans traitement de l'Etat.

Mais si leur situation matérielle a grandement souffert de la dénonciation du Concordat, leur autorité morale et religieuse est restée entière, leur zèle ne s'est pas refroidi et leur concours, ils l'ont déjà prouvé, ne fera jamais défaut pour l'embellissement de la vieille Cathédrale de Saint-Brieuc [Note : De 1906 à 1923, date où nous écrivons, des réparations importantes ont été faites aux frais du clergé et des paroisses sollicités par lui, à la sacristie, au mobilier de l'église et à l'orgue. Le gaz et l'électricité l'éclairent maintenant, et une chapelle pour rappeler le souvenir des morts pour la Patrie a été érigée dans la Cathédrale en cette même année 1923 (J. Morvan).

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