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DOCUMENTS SUR LE TOMBEAU, LES RELIQUES & LE CULTE DE SAINT-YVES

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saint Yves, patron des Avocats et de la Bretagne

I - Notices du chanoine Philibert Le Gendre.

Philibert Le Gendre, trécorois de naissance, n'était encore que clerc tonsuré lorsqu'il fut pourvu, le 3 mai 1708, d'un canonicat et prébende dans l'église. cathédrale de Tréguier. Il mourut en 1769, après avoir été à diverses reprises procureur du chapitre et de la fabrique de l'église cathédrale. Les notices écrites de sa main, que nous publions ci-après, sont extraites des archives départementales des Côtes-da-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor), série G, fonds du Chapitre de Tréguier.

1. — Jean V, duc de Bretagne, comte de Monfort et de Richemont, nommé le bon duc, dont la femme étoit Janne, fille du roy de France, fist construire le mausolée de saint Yves et la chapelle dédiée à Dieu sous l'invocation de ce saint, dans laquelle il choisist sa sépulture pour la dévotion qu'il avoit en ce saint. Il y fonda ce que nous appelions la messe du duc en 1420 et la dota de 500 livres de rente.

Les terres de Plouguiel et Plougrescant, qui appartenoint à 0llivier de Blois, comte de Penthièvre, ayant été confisquées pour cause de félonie et trahison, il les donna à Henry du Parc de la Rochejagu, lequel étant mort sans hoir de corps, le duc les donna à Allain du Parc, son frère, sur lequel elles furent confisquées pour cause de désobéissance, n'ayant pas obéi aux lettres patentes du duc qui luy ordonnoit de payer au chapitre, sur les dixmes de Plougrescant, 5 pipes de bled d'ancienne rente qui luy étoit deue. Il est vray que dans la requête imprimée à Mgr le duc de Penthievre, il est dit que Henry du Parc étant mort, le duc reprist ce qu'il luy avoit donné et en fist don aux suppliants. Mais c'est une erreur de fait. Ce don ne fust fait qu'après la désobéissance d'Allain du Parc, comme il a été dit.

Par acte du 19 may 1441, François, Pierre et Gilles, fils de Jean V, approuvèrent la fondation et promirent de faire porter [le corps du duc] dans l'église de Tréguier pour y être enterré près le tombeau de saint Yves, il l'intercession duquel ils attribuent la délivrance de leur père.

En 1764 on ouvrit le tombeau où on trouva le corps du duc dans une voute, et dans une autre vis à vis qui étoit destinée pour enterrer sa femme, elle étoit vuide. Le mausolée, qui étoit un coffre de bois, fust alors oté. Il servoit de lutrin pour le livre de chant. Ce mausolée étoit sans doute bien simple.

 

2. — On observera que dans l'église cathédralle de Tréguier est le fameux tombeau de saint Yves qui est une des plus belles pièces de la province. Ce tombeau fut érigé par le duc de Bretagne, Jean V, en reconnoissance de sa délivrance du château de Chantoceaux, en Anjou, par le vœu avoit fait à saint Yves. La matière de ce tombeau est une pierre que l'on couloit pour faire les figures qui y sont. Ces figures sont les principaux miracles du saint. Ledit Jean V fist aussi bâtir en reconnoissance de sa délivrance une grande et belle chapelle du côté dudit tombeau sous l'invocation de saint Yves, dans laquelle le duc fust enterré comme il l'avoit demandé par son testament et dans laquelle on chante une. messe quotidienne à l'honneur de saint Yves, à laquelle tout le clergé de la cathédrale est tenu d'assister.

On observera aussi que la chapelle que saint Yves avoit fait bâtir de son vivant, ainsi qu'il est porté dans son testament de l'an 1293, fust augmentée considérablement après sa canonization et consacrée à Dieu sous le nom de saint Yves. Cette chapelle est à un quart de lieue de Tréguier, laquelle est visitée par un grand nombre de pélerins.

A l'égard de ses reliques, on en a distribué des portions à différentes églises et surtout à l'église royalle de Saint-Yves à Paris et à celle de Saint-Yves de Rome. On en a donné aussi au tiers-ordre de Saint-François pour être déposé au couvent de Nazareth à Paris.

Seroit bon d'envoyer l'office propre du saint tel que nous le disons pour être déposé dans les archives de cette église. On l'a envoyé par M. Le Dissès, prêtre habitué à Saint-Nicolas-des- Champs, à M. le prieur.

On a mis des reliques de saint Yves à la chapelle de Sainte-Anne et de Saint-Nicolas, en la cathédrale.

Dans la cathédrale de Tréguier, on disoit tous les lundys non empêchés l'office de saint Yves. Dans toutes les ordonnances épiscopales c'étoit icy le style : Omnipotentis Dei et BB. apos. P. et P. BB. Tugdualdi et Yvonis, domini nostri papœ et nostra aucthoritate.

Il paroist qu'un Loys de Rohan en a eu. Il y en a aussi en la cathédralle de Rennes données par Charles de Blois qui prétendoit au duché de Bretagne et qui avoit pour compétiteur Jean de Montfort. Ce Charles de Blois venoit souvent à pied, de la Roche où étoit son armée, à la cathédralle de Tréguier, visiter le tombeau de saint Yves.

Qua die primo celebratum fuit in ecclesia trecorensi festum sancti Yvonis et qua corpus istius sancti quod in eadem ecclesia quiescebat levatum fuit, idem Karolus intravit dictam ecclesiam, genibus et brachiis suis nudis, et prostratus ad terram et in dicto statu descendit sex gradus existentes in introïtu dictœ ecclesiœ et a dicto introitu sic prostratus ivit cum devotione usque ad locum sepulturœ dicti sancti Yvonis ; et dum de prisione reversus fuit, ivit nudus pedes de loco in quo captus fuerat in conflictu de Roquaderiani usque ad dictam ecclesiam trecorensem et erat terra fortiter gelata.

Une dévotion est de vouer des enfants à saint Yves. On les habille en blanc jusques à 7 ans, parce que au temps de saint Yves les prêtres étoient babillés en blanc.

Environ 1500, un comte d'Auvergne vint visiter la tombe de saint Yves.

Puisqu'on a le procès-verbal de sa canonisation on ne dira rien de sa vie mais seulement de son culte.

 

3. — Je suis si touché des pertes que l'on a fait par de mauvais marchés que je crains toujours que l'on n'en fasse des mauvais.

On échangea, en 1734, avec un orfèvre qui étoit à la foire, nos anciens encensoirs d'argent qui étoient excellents et un calice de la duchesse Arme qui étoit fort pesant et un de Barbe Botbarec ; on eut pour cela deux mauvais encensoirs, et un des calices qu'on nous a donnés ne vaut rien du tout.

En 1735 on fist la fonte des cloches, et je suis en état de prouver par mes mémoires que notre perte et dommage pouvoir être estimé 6,000 livres.

On échangea, en 1745, avec un juif, beaucoup de vieilles chappes et tuniques avec une étoffe qu'il nous donna en échange et dont je suis chargé [Note : Philibert Le Gendre à écrit en interligne : NOTA : J'en ai été déchargé]. Je sçay de science certaine que le juif, le même jour, estima que le gain qu'il faisoit étoit de 600 livres.

En 1751, Voltrain accomoda l'orgue qu'il a mis dans un état que si on relève l'orgue et le positif il en contera 600 livres de plus, parce qu'il a ôté la voix humaine et coupé le canal du positif, et fait bien d'autres choses qu'il faudra rétablir si on relève le positif.

 

4. — Remontrance au sujet des autels de la nef :

1° On ne peut détruire les autels des trois recteurs, ils sont nécessaires pour leurs fonctions, enterrements, services, pour la communion pascalle. Ils y célèbrent, le jour de la fête de ces autels, une messe solennelle avec offrande qui ne laisse pas que d'être considérable.

2° L'autel de saint Yves a été construit par la libéralité d'un chanoine, Mousterou, et on y dessert plusieurs chapelainies et la confrairie de Saint-Yves.

3° A celuy de Notre-Dame de Pitié, il y a une confrairie établie il y a 300 ans pour les tailleurs.

4° A l'autel de Saint-Maudet, on dessert la chapelainie du Tertre.

5° A celuy de Saint-Antoine, se dessert la chapelainie Garnier et celle de Mlle Keridreux.

6° A celuy de Saint-Sébastien, qui est un autel de paroisse et où il y a une confrairie, se dessert la chapelainie d'Isabeau de l'Isle, dame de Mésaubran.

7° Ces autels sont tenus bien proprement les jours de fête et ornent la nef.

8° Si on détruit ces autels de la nef que fera-t-on des balustres, des rétables, des tableaux et des ornements de ces autels ? S'il n'y a point de balustres et qu'il faille des chaises dans la nef il n'y aura guères de personnes qui viendront à l'église ; la dévotion se refroidira, le peuple sera scandalisé. J'en suis bien assuré parce que je sçay les murmures qu'on fait dans le public dès qu'il a entendu parler de ce projet.

Et à l'égard de la chapelle du Saint-Sacrement elle a été construite par le duc Jean V, et dédiée à Dieu sous l'invocation de saint Yves qui en est le patron. Ainsi on ne peut point changer le titre de cette chapelle dont saint Yves est patron et titulaire. Si on veut y faire quelque ornement, il n'y a qu'à faire dorer le tabernacle ; comme aussi serait bon de faire dorer le tabernacle du grand chœur.

Si on change la forme de l'autel du duc, que fera-t-on des figures du tabernacle ?

Par tous ces changements la dévotion se refroidira et on pourrait nous appliquer ce qui a été dit d'Ophni et Phinées, enfants du grand prêtre Héli : Retrahebant homines a sacrificio Dei et erat puerorum peccatum grave nimis coram Domino.

 

II - Extraits des comptes de la fabrique de l'église de Tréguier.

Compte de Bertran du Boesgelin, recteur de Plobezre, procureur de la fabrique de l'église de Tréguer, du 6 may 1468 au 6 may 1469.

CHARGE :
Item le second jour dud. moys de mars (1469) entra en ceste cité de Tréger, Charles, monsieur frère du Roy de France, et offrit au chieff monsieur sainct Yves, quant il antra en l'églisse, ung réal d'or, et l'an demain en la maisse du duc ung escu neuff, et l'an demain en sa maesse, quelle fust ditte en la tombe de monsieur sainct Yves, ung aultre escu neuff, somme ensemble par monnoie .......... LXX s. X den.

Item receut led. procureur des offertes de gens de mondit seigneur faictes au chieff de monsieur sainct Yves ........ XVIII s. II den.

Item receut led. procureur le XXIIIIème jour d'apvril l'offerte faette par les mestres de la monaie au chieff monsieur sainct Yves ............... II s. IIII den.

Item receut de l'offerte de Olivier de Rostrenen faicte aud. chieff de monsieur sainct Yves ........... II s. IIII den.

DESCHARGE :
Item à Rolland Le Besq III s. IIII den. et à Jehan Huet III s. et au valet dud. Rolland II s. VI den. pour nettoier la tombe de monsieur sainct Yves amprès led. pardon et X den. en vin ........ IX s. VIII den.

Item pour relier le légendaire des sept sainctz que l'évesque Jehan Quoetquiz donna à l'églisse, relié par dom Y. Donou ...... III s. VIII den.

Item à l'évesque de Sinople, pour le diné de ses gens et des compaignons de l'églisse d'auchuns qui dinèrent avecques eulx quant le cloestre fust bénéqui le XXVème jour dud. moys de septembre .......... X s.

Item en vin aud. évesque, led. jour, qui luy fust présenté par led. procureur en la messon de mestre Jehan Jehannin où il dina et soupa ........... VI s. VI den.

Item pour la commission dud. évesque et sa paine d'avoer faette lad. bénédiction dud. cloestre, III escuz neuffs vanlans en monnoie .......... LXVIII s. IX den.

Item le premier jour de mars à Jehan Lavin qui fust avoié à Guigamp pour quérir la couverture de la tombe du duc, pour son cheval et luy ............ IIII s.

Item à Tugdual Rouart, cousturier, pour abiller et mettre à poent lad. couverture sur lad. tombe ........... III s. IX den.

Item pour lad. couverture poiée par la main de mestre Jehan Jahannin ........... L s.

Item es sonnours qui sonnèrent l'antrée de monsieur de Guyene le second jour de mars uquel jour il antra en ceste ville de Lantréguer, en pain et vin ........ IIII s. III den.

Item en clous pour tandre la tumbe de monsieur sainct Yves quant leci. sieur le duc de Guyene dormit en lad. tombe ........ VI den.

Item en chandelles de suiff pour ardre au long de la nuyt en l’églisse .......... XV den.

Item à Pierres Haliou pour II m. et demi de clous de lattaraz prins de luy quant l'apantiz qui est sur la tombe de monsieur sainct Yves fut couverte [Note : Ou, peut-être commencé] ........ IX s. IIII den.

Item en VI quartes de vin qui furent présentés à mestre Rolland Le Cozic quand il vint a monsieur sainct Yves quant l'apoentement fut fait entre le Roy et monsieur de Guyenne son frère .......... VI s. IIII den.

Item à Henry Syiorne pour abbiller les bras de ung des angres de la tumbe monsieur sainct Yves lequelles avoent estez amblez, en laquelle réparation fut mis II marchs d'argent, IIII gros mains, quieuls furent prins du coffre du chapittre, pour sa peine ........ XXX s.

Item pour brunir les chieff de monsieur sainct Yves et les ensenciers ........ XIIII den.

 

Compte du même procureur, du 6 mai 1469 au 6 mai 1470, dans le même cahier.

CHARGE :
Item d'avoer receu l'argent trouvé en lad. tombe sainct Yves quant elle fut nettoyée après led. pardon ......... XXXVII s. X den.

Item le XIXème jour dud. moys receut led. procureur pour un serement fait sur le chef monsieur sainct Yves, en une cause de mariage entre la fille du Dantec de Guingamp et ung qui disoit estre son mary .......... Vs.

DÉCHARGE :
Item pour nettoier la tombe monsieur sainct Yves après le grant pardon oudit an LXIX, à Rolland Le Besq III s. IIII den. à Hervé Denis III s. et à Jehan Huet III s. somme ......... IX s. IIII den.

Item à Henry Siyorn pour V journées qu'il fut à repparer la mittre de l'évesque et pour I journée à nettoyer l'argent de la tombe monsieur sainct Yves ....... XXI s. IX den.

Item en or pour dorer partie de lad. mittre ....... XV s.

Item poié à Alain Riou escripvaign et relieur de livres, pour ung papier à mettre les vertus de monsieur sainct Yves ........... VI s. VIII den.

Item pour une courtine qui est contre la tombe de monsieur sainct Yves pour dire la messe de monsieur de Guyaine .......... XII s. II den.

Item poié à Perrin Savary à valoir sur là barre quelle a mis pour tenir les veus de monsieur sainct Yves ......... XII s. VI den.

 

Compte du même Boesgelin procureur de la fabrique de la cathédrale de Tréguier, du 6 mai 1470 au 6 mai 1471.

CHARGE :
Item [se charge led. procureur d'avoir receu] du curé de Pemerit-Jaudy, pour un veu qu'il avait fait à, monsieur sainct Yves de son cheval qui estoit malade et guérit ...... V s.

Item le XVIIIème jour dud. moys dé febvrier de ung marinier de Léon pour luy et ses compaignons qui s'estoint sur mer vouez à monsieur sainct Yves par où estoint sauvez du péril où ilz estoint ........ VI s. III den.

Item le XVIème jour de mars ensuivant oud. an LXX (16 mars 1471) receut led. procureur de l'opverture dé la tombé monsieur sainct Yves la somme de ........... VIII l.  XII s.  VI den.

Item à maistre Morice Geffroy, maistre en théologie du couvent des Jacobins de Mourlaix, du commandement de messieurs du chappitre pour ses despens à venir à Lantréguier pour la légende monsieur sainct Yves ......... XXV s.

Item à Perrin Savary pour faire ung chandelier devant la tombe monsieur sainct Yves ........ LX s.

Item au Reder, couturyer, pour abiller les courtines entour l'aultier où l'en dit la messe monsieur de Guyaine ........ VII den.

 

Fragments des comptes et mémoriaux de Charles Robert, procureur de la fabrique de l’Eglise de Tréguier, de 1485 à 1491.

1485

Albert de Horst, paindre alamant, a eu et receu présentement, en peccune numbrée or apprécié en monnoie, de Charles Robert ou nom et comme procureur de la fabricque de l'église de Tréguer la somme de vignt et troys livres monnoie pour avoir paind deux ymages, savoir messieurs saint Tudgual et saint Yves en icelle église ; et de celle somme a led. Albert quitté et quitte led. procureur soubs son signe manuel et du notaire soubscripts le XVème jour de novembre l'an min IIIIcens IIIIxx et cinq.
STEPHAIN, trans. Albert de HORST.

1487

Item d'avoir poyé en vin au minuser et ses compaignons le jour que ils commencerent lever le siège de la chasse III s. VI den.

Item à Rolland Lesné, tailleur de pierre, pour IIII journées que il fut à tailler et assoir les pierres soubs le boys de la chasse derrière l'aultier et gaignoit par jour III suis, ainsin ...... XII s.

Item pour le desjuner de G. Boulch et R. Louarn pour abiller les relicques d'aler Langoat ........ XVI den.

Item pour fil et eguilles a abiller lesd. reliques ....... V den.

Le XXIIIème jour de juign l'an mill IIIIcens IIIIxx et sept Gérard Dru, minuser, cognoit et confesse estre bien et léaulment contenté et poyé de Charles Robert, procureur de la fabrique de l'église de Tréguer présent et acceptent, de la somme de trante cinq livres monnoie, de laquelle somme, pour avoir fait le soubsbassernent de la chasse de boys des relicques monsieur sainct Yves au dessus le grant aultier de lad. église, led. Gérard a quicté et quicte led. procureur soubs les signes manuelx des notaires soubsscripts à sa prière et requeste cy mis lesd. jour et an que dessus.
Y. PRIGENT, trans. DE KERMEN, passe. V. SAULNYER.

1488

Pour le despens fait par maistre Péan du Tertre et led. procureur pour ung jour qu'ils furent céler les sainctes relicques de monsieur sainct Yves, savoir le chieff, le second jour de septembre ........... XIII s. IIII den.

1491

Item de madame de Laval, quelle fut en lad. cité au pardon de monsieur sainct Tudgual l'an 1491, et après ledict pardon encores revinct à lad. cité, en donoison à lad. fabricque savoir par une fois cinq escus et ung postulat, et par aultre fois XII escus, faisant chacun escus XXXV s. et postulat XV s. la somme ....... XXX liv. X s.

Item d'avoir trouvé es armoises où on garde led. chieff de mondict sieur sainct Yves des offrandes que ceulx qui viennent faire les attouchemens donnent et autres offrandes illecques faictes la somme de ........... LIII s.

Item de lad. tombe le XXVIIème jour de juign quel jour fut lad. tombe nectoyée ......... XXXVI s.

Item d'avoir poyé pour le desjuner de missires Guillaume Le Boulch et Rolland Le Louarn pour avoir paré les relicques et chieff monsieur sainct Yves d'aler processionelement à Kermartin le premier jour d'anpvrill ........ XV den.

Item d'avoir poyé aux mesmes pour avoir abillé les relicques d'aler à Langoat et fil et éguilles ......... XXII den.

Item d'avoir baillé à Yvon Gourbrein pour sa paine d'avoir porté la bannyère à la procession à Kermartin le XVIème jour de décembre .......... X den.

 

Compte d'Alain Le Cozic, procureur de la fabrique de l'église de Tréguer, du 1er janvier 1496 au 31 décembre 1497.

On remarque, dans le chapitre de la charge, de nombreux dons « pour aider à faire la chasse monsieur sainct Yves ».

Dans le chapitre de la décharge :

Item d'avoir baillé le XIIIème jour de mars à Pierres Pleiber et ses gentz pour avoir présenté l'argent oupvré de la chasse au chappitre, pour le vin ......... V s.

D'avoir baillé le XVIIème jour de may Pierre Pleiber pour réparer et abiller les orcieulx de cristal et sabloner l'argent de la teste monsieur sainct Yves ......... XXIII s. IIII den.

Item le XVIIIème jour d'octobre d'avoir baillé à Lucas Le Baill pour deulx souliveaux à faire le contrepoix de la chasse ......... X s.

Item led. jour d'avoir baillé Girart Dru et son varlet pour faire le contrepoix VI soulz VIII den. chacun jour dessus leurs despans .......... XL s.

Item led. jour en trante ung livre de corde ranfforsée ....... XX s.

Item ledit jour d'avoir baillé pour cinq chyvilles de fer et quatre bandes pour tenir le contrepoix ........ X s. X den.

Item le VIIIème jour de novembre d'avoir mys une boete devant l'ymage de monsieur sainct Yves de nouveau à la chappelle de sainct Jehan .......... XX den.

D'avoir baillé et livré à Pierres Pleiber orffeubre une tasse d'argent, quelle avoit dong Guillaume Le Dyen, citoien de Lantreguer, pour ayder faire la chasse, pesant ung marc ........... IX l.

D'avoir baillé et livré aud. Pleiber une aultre tasse de Jehan Doné.... pesant ung marc ........... IX l.

D'avoir baillé aud. Pleiber ung signet d'argent que baille le sacriste Par main et ung aultre signet d'argent par la main de la femme Yvon Jézéquel et aultres petites chosses valantz ......... XXXII s. VI den.

D'avoir achaté dud. bien de la fabrique et par commandement desd. seigneurs, par pluseurs fois XIIII marcs d'argent VII onces 1 gros et demy baillés et livrés aud. Pleiber, à IX livres le marc valantz ensemble .......... VIIxx. VIII l. XIII s. III den.

 

Autre compte d'Alain Le Cozic, de 1505 à 1507.

DÉCHARGE :

Item d'avoir poyé en menues cordes pour tirer les courtines de la tombe de monsieur sainct Yves la somme de ..... VIII den.

Item d'avoir [poyé] à Pierres Pleiber, pour nestoier la chasse d'argent de monsieur sainct Yves, la somme de ..... XIIII den.

Item le IX jour dud. moys d'avoir poyé pour les diner et ressioner de Pierres Pleiber pour avoir nettoyer le chieff de monsieur sainct Yves, la somme de ...... II s. II den.

Item à Cristien Olivier d'avoir poyé pour reparé les claveures et les cleffz de la couverture de la chasse de monsieur sainct Yves, fa somme de ..... II s.

Item d'avoir poyé le derroin jour d'apvril en cordaiges pour atacher la cyre entour la tombe de monsieur sainct Yves, la somme de ....... III s. IIII den.

Item d'avoir poyé à Gilard Dru pour avoir mys ungne barre de boys en la table qu'on mept devant la tombé de sainct Yves à dire les messes, la somme de ....... II s. IX den.

Item d'avoir poyé le XIXème jour de juign en dix sept brassées de corde pour atacher les courtins entour la tombe, la somme de ....... II s. X den.

Item d'avoir poyé led. jour en despens de ceulx qui ont esté nestoier lad. tombe, outre qui estoint de lad. tombe, la somme de ......... X s.

Item led. jour à Pierre Pleibier pour réparer le bouton estant ou carcan de l'ymage qui est à la tombe de monsieur saint Yves, tant la matière en laquelle estoit deux gros argent que la faczon, baillé .......... XV s.

Item led. Jour en cinq aulnoyes et ungn quartier de toelle neuffve pour faire les petitz courtins dedans la tombe, d'avoir poyer ........... XV s. 9 den.

Item led. jour pour faczon desd. courtins et réparer partie des chappes de l'église à Jehan Menou et ung aultre taillandier quy furent par deux jours dessus leurs despans à chacun, deux soulz et demy, chacun jour, baillé ........ X s.

Item en fil pour coutre lesd. courtins, et en cordes pour les meptre en leurs lieus ...... XV den.

Item led. jour à déjunner à ceux qui preparoint la chivière pour porter les relicques à Langoat, poyer ........ XIIII den.

Item le quart jour de may à dijuner à ceulx qui abilleroint la chiverre pour porter le chieff de sainct Yves à Kermartin, baillé ......... XIIII den.

Item pour avoir des petites cordes pour meptre le sacrement à son lieu et ataicher les courtins à la tombe de saint Yves, poyé ........ XX den.

Item le cinqme jour d'aougst poyé à Pierre Pleyber, oeuver, pour nettoyer les ymages estant à la tombe de saint Yves, pour sa paine et ses despens ......... XX s.

Item à Olivier Huet pour ataicher pièces d'ymages entour la tombe de saint Yves, poyer la somme ....... XVIII den.

Plus se descharge pour avoir poyé à Girard Dru pour la faczon d'un coffre de ciprès pour mectre les reliques saint Yves et pour deux loquetons et leurs cleffz avecques, et deux coubletz de fer, sçavoir XX s. pour le coffre et pour le parsus X s. somme XXX s.

Oultre se décharge led. fabricque d'avoir poyé pour deux histoires dorées et verrées quy sont entour la chasse monsieur saint Yves, à Pierres Pleiber, tant pour ouict marcz III onces ung gros d'argent que pour la faczon, savoir pour chacun marc IX l. X s. et pour oupvrier led. argent LXX s. quy se montent, argent et faczon, à la somme de ........... CX l. V s.

Plus d'avoir baillé aud. Pleiber pour dorer lesd. ystoires quatre ducatz valantz la somme de .......... VI l. V s.

 

III - Documents divers concernant le trésor de la cathédrale de Tréguier et les reliques de saint Yves.

Quittance du don de 700 livres fait à la cathédrale de Tréguier par la reine Anne de Bretagne pour achever la châsse de saint Yves et acheter des ornements (1503).

Jehan, évesque de Triguer, conseiller du Roy et duc, nostre sire, maistre des requestes et présidant des comptes en Bretaingne, confessons avoir eu et receu de Pierres Tierry, commis par led. sire à la recepte des billotz de ce dict pays et duché, la somme de sept cens livres tournays, savoir, la somme de cinq cens livres tournays pour recompance dudict debvoir de billot qui a esté prins et levé ou franc repaire et mynehy de nostredit évesché de Triguer, pour deux années finiyees le derroin jour de décembre derroin passé, et pour iceulx convertir et employer en pluseurs ornemens, tant callices, chappes, chassibles, mesmes parachever la chasse d'argent de monsieur saint Yves, entante en nostredite église, que autres choses nécessaires pour icelle église cathédralle, et la somme de deux cens livres tournays pour avoir esté devers la Royne et duchesse, ma souveraine dame, par son comandement, ou moys de janvier derroin, comme apiert par lettres et mandemens patans de madite dame en dabté du vingt neuffiesme, jour dud, moys de janvier aussi derroin passé, de laquelle somme de sept cens livres tournays nous quictons led. Pierres Tierry et touz autres. Donné soubz noz signes et seel le derroin jour de juillet l'an mil cinq cens et troys. Ainssi signé : Jehan, E. de Triguer, et saellé en cire rouge. Donné et faict par coppie et vidimus. Collation faicte à l'original, soubz les seaulx establiz aux contractz de nostre court de Rennes, le pénultième jour d'octobre l'an mil cinq cens seix.
PALU, passe. LE FRANC, passe.
(Copie de 1500 sous le sceau de la cour de Rennes).

Mémoires de la vieille argenterie destinée à être vendue (1313).

Du mardy XIIIème aoust 1613 en la sacristie de l'esglise cathédralle de Tréguier où estoient [présentz] nobles et vénérables messire Yves Kerbic, chantre, Phelipes du Hallegoët, trésorier, Thomas Bodener, scolastique, Guillaume André, Pierre Calloët et Lois... et chacun d'eux chanoines en lad. esglise cathédralle de Tréguier, a esté, suivant l'acte capitulaire [conclud] en chapitre le jour d'hier, faict inventaire des argenteryes cy après qui ont esté représentées par missire Baptiste Le Chevoir, sacriste de lad. esglise et pezées par Me Jacques Fresne, orphebvre, lesquelles argenteryes sont la plus part cassées.

Premièrement trois pièces d'argent doré en forme de [cuissards] et placque d'argent découppé à fleur de lis et doublées d'autre platine d'argent, pesant 6 marcz et demy et ung quard d'unze.

Ung pacquet de mouslures et bandes d'argent doré ayant esté [sur le bordage de] la tombe de monsieur saint Yves, pesant ensemble 7 marcz.

Vingt deux pièces d'argent, tant grandes que petites, en forme de bande.... et sur chacune desquelles y a de l'esmail et de l'escripture, pesant ensemble trois marcs et demy deux onces.

Somme toute du pesage desd. argenteryes cy devant monte a seize marcqs et un quart d'once ont esté baillez… pour les envoyer à ung orphebvre à Morlais [pour estre] convertis et changez en autre argenterye et ornemens nouveaux au désir dud. acte capitullaire du jour d'hier, fait en lad. sacristie soubz les signes desd. sieurs [chantre et chanoines] lesd. jour et an que davant. Signé : Yves de Kerbic, chantre, Bodener, Pierre Calloët, André, du Hallegoët, et Fresne.

Collationné à l'original et faict rendre par moy huissier ordinaire du Roy et de son grand conseil soubsigné.
GAULTRON
.

Mémoire de l'argenterie que messieurs ont délivré à monsieur de Plougonven pour porter à Rennes, pour estre employée aux nécessités de ceste ecclize suivant l'ordonnance faicte en chapitre le vendredy vingt cinquiesme jour d'octobre mil six centz traize.

Et premier, trois placres d'argent doré en forme de cuissards gravés à jour de double fleur de lys, pezantz cinq marqz et demy, un quart d'once.

Plus vingt deux petites pièces pesantz trois marqs deux onces et demy, icelles pièces esmaillées et escriptes.

Item trante et six pièces d'argent doré et esmaillé pezantes neuff marqs et derny une once.

Plus un paquet de longues bandes d'argent doré en forme qui este sur le bordage du tumbeau de sainct Yves, pezant le tout sept marqs unne once, ladicte argenterie pesant vingt et six marqs.

Faict et le tout pezé au revestier ou estoient presants messeigneurs le chantre, Tnougoff, Lostis, André, Pinot et Robineau, le trantiesme jour d'octobre mil six centz traize. Ainsin signé, Yves de Kerbic, de Tnougoff, M. Lostis, G. André, Guion, Pinat, prestre, L. Robineau.

Inventaire de la sacristie de l'église cathédrale de Tréguier en 1626.

Inventaire des meubles, ornementz, joyaux et ustensiles de l'eglise cathédralle de Tréguier, représentés ce jour dix neuvième de Janvier Mil six centz vingt et six, par missire Baptiste Le Chevoir, sacriste de ladicte église et Messeigneurs l'archidiacre, le scolatisque, Frachat, Poulain et de Trogoff, députés du chappitre, ce dict jour à cet effaict, présent le sieur Tournemouche, procureur et promoteur dudict chappitre et en l'endroict s'est aussi trouvé Mire Mathurin Lhostis, trésorier de ceste dicte église.
Et premier.
Le cheff de Monsieur S. Yves, enchassé en argent et un estolle d'argent doré entour dudict cheff, ou il y avoit autres foys quattres attaches de chacun costé de pierreries, il n'y a aucun a présent, mais toutes foys lesdictes pierres sont attachées avecq leur enchasseures d'argent avec une ensaigne d'argent doré ou il y a aussy sept petites pierres et une grande au mitan avec leur enchasseure, avec un demy globe de cristal garny aussy d'argent et une autre enseigne en forme d'agnus Dei couvert avecq une verrine de cristal, le tout desdictes pierres attachées au col dudict cheff avec un ruban et une chaisnette d'argent, le dict cheff soustenu sur quattre lionceaux d'argent doré, dont les deux de derrière sont destachés, ledict chef remins en l'armoire ou il avoit accoustumé d'estre.

Un reliquaire d'argent en forme de bras contenant un os du bras de Mr S. Tugdual.

Déclare, ledict sacriste que un autre reliquaire de ceste dicte église, aussy d'argent, avec un demy globe de cristal dessus, dans lequel il y a un os du bras de Mr S. Yves, est en la chapelle dudict S. Yves, qu'il représentera demain.

Un relicquaire d'argent en forme de mitre, couvert d'une verrine avecq une croix d'argent ou il y a diverses relicques, ladicte verrine cassée en divers endroitz.

Une croix d'argent plate et creuse, à deux branches, haute d'un ampan et troys doigts, avec son soubassement d'argent, en laquelle y avoit autres fois des relicques.

Un grand calice d'argent doré avec sa pataine, ayant une agatte au dehors de la couppe dudict calice, autres foys rompu en divers endroits et raccommodé à présent, garni en la patte de quatorze pierres encrassées et deux autres pierres perdues, la coupe dudict calice un peu penchante, marqué B.

Un grand calice d'argent doré avec sa pataine, marqué A, haut d'un ampan et demy, portant les armes du Sr Evesque du Chastel, le vis dudict calice démonté du pied et la pataine renversée au bord.

Un autre calice d'argent doré avec sa pataine, marqué C, ledict calice en partie desdoré par usage et la pataine dessoudée en la moictié du bord.

Un autre calice aussy d'argent doré, marqué au fond D, et au dessous de la patte marqué des images du crucifix, de ceux de S. Yves et S. Tugdual, avec un escusson où il y a un lion, et sa pataine marquée aussy D, aussy dessoudée d'une partie du bord.

Autre calice d'argent doré et sa pataine, ledict calice marqué E, desdoré en divers endroicts par usage, avec une image d'un crucifix en la patte, dont le bras est rompu, avec un écusson des armes de France et de Bretaigne en alliance, avec une pataine aussy d'argent doré non marquée.

Un autre calice d'argent doré sans marques, la patte usée et rompue en partie, sur laquelle y a une image d'un crucifix sans croix au dessoulz avec sa pataine de mesme.

Autre calice d'argent doré, sur la pate duquel y a un crucifix et des armes de Kermartin en alliance, branslant à la soudure, avec sa pataine marquée N, une partie du bord dessoudé.

Autre calice d'argent doré, marqué T, qui a esté autre foys rompu par le pied, auquel endroit y a à présent une cheville de boys, sur la patte duquel y a un crucifix, en la couppe duquel y a escript au dehors le nom de maistre Jean Goumelon, avecq une pataine d'argent non doré, dessoudé au fondz.

Un grand calice d'argent doré, ciselé en la patte, en la couppe et en la pomme, donné par Mr d'Amboyse, evesque, ses armes au dessoubs, avec la pataine aussy d'argent doré, gravée, ciselée et esmaillée au dehors, offencée en deux endroits.

Déclare ledict sacriste avoir baillé un autre grand calice d'argent doré, ciselé, avec sa pataine de mesme, au père capucin, qui a presché en ceste église l'advent dernier, et lequel du depuis ledict sieur trésorier dict avoir laissé entre les mains du seigneur évesque, et dont ledict sacriste dict avoir récépissé dudict seigneur évesque, lequel néantmoins il promet représenter à demain sy hesoign est.

Diçt aussy ledict sacriste avoir baillé un calice d'argent doré au gouverneur de la chapelle de S. Michel, par ordonnance du chappitre du 17 juillet 1623 et a présentement apparu le récépissé qu'il a retenu.

A aussi ledict sacriste apparu le récépissé d'un autre calice d'argent doré, armoyé des armoiries de Jeanne Lestic, délivré le 30 aougst 1602, par vénérable et discret Mre Mathurin l'Hostis, lors chanoine et procureur de la fabrice de ladicte église, et a ledict sacriste emporté ledict récépissé.

Déclare aussy ledict sacriste avoir cy devant délivré un autre calice et pataine d'argent doré, armoyé des armes de Brellidy, à Mre Francoys Logiou, chapellain de la chappellenye dudict Brellidy, par commendement verbal de messieurs du chappitre, duquel ledict Logiou est encore saisy.

Déclare aussy ledict sacriste que Mre Guillaume Chassé est saisy d'un autre calice et pataine d'argent avec leur estuy, donnés par ledict Sr évesque d'Amboyse, armoiés de ses armes, desquels il dict n'avoir jamais esté chargé.

Deux grands urceaux dorés, ciselés, donnés aussy par ledict seigneur évesque d'Amboyse.

Deux autres urceaux d'argent non dorés, dont les chevilles pour tenir les couvertures sont à présent de fil d'orgcal.

Deux urceaux de cristal garnis de troys filets d'argent dorés, dantelés, en l'un desquels il n'y a que deux filets et rance perdue, de l'autre l'une des ances destachée et l'une des aisles de l'angelot qui servoit d'ance perdu, et l'un desdicts cristaux fendu par à hault.

Une croix d'argent doré avec sa patte en ovalle, armoiée des armes dudict seigneur évesque d'Amboyse.

Une piscine ou benestier d'argent doré avec son ance et aspergeoire de mesme, armoiés des armes dudict Sr évesque d'Amboyse, un peu cabossée.

La grande croix d'argent, servant ordinairement en ceste église, avec tout le manche couvert d'argent.

La grande piscine d'argent avec sa prise et aspergeoire, armoiée des armes du sieur évesque du Chastel, à troys fasses de gueules avec une crosse, ayant le bord dessoudé par à hault.

Deux grands chandelliers d'argent non dorés, ciselés et marquetés, un peu caboczés.

Deux autres chanclelliers non dorés, à hautes canouilles à undes, aussy un peu caboczés.

Déclare ledict sacriste qu'il y a deux autres chandelliers de médiocre volume d'argent doré, ciselés, donnés par ledict seigneur évesque d'Amboyse et armoiés de ses armes, estant à présent entre les mains de Monseigneur l'évesque, à luy laissés par le sieur trésorier pour servir au prédicateur et dont ledict sacriste a reconnoissance qu'il apparoistra à demain, ce que ledict sieur trésorier a ainsin recogneu.

Une crosse d'argent autres foys dorée, esmaillée en la crosse où y avoit quelques pierres enchassées, dont à présent il manque neuf et cinq qui y sont à présent, le manche garny de trois boulles et partout relevé à fleurs de lis en bosse, qui se desmonte à cinq pièces et le bas du pied cassé et desmonté, et la pièce représentée, avec deux escussons d'argent en lion de gueules ; au-dessus de l'un desdicts escussons manque une barre d'argent.

Le baston cantoral d'argent, avec l'image de M. sainct Yves au hault tenant un bréviaire d'argent pendant en la main, le manche cassé, avec un écusson des armes de Bretaigne destaché.

Une masse d'argent avec la crosse du bout dorée.

Une autre masse moindre aussy d'argent, non dorée, offencée en plusieurs endroits.

Deux encensoirs d'argent, ayant chacun quattre chaisnettes et une boucle au hault.

Une nacelle et cuillier d'argent pour porter et servir l'encens.

Un cresmier d'argent avecq ses troys burettes gravées et dorées en divers endroicts.

Une image de Monsieur sainct Yves preschant en une chaire d'argent doré, quattre personnages escouttant, le tout sur un soubastement d'argent, l'attache de l'un desdicts personnages rompu, le tout d'argent.

La représentation d'un homme et une femme représentant un enfant devant un autel au dessus duquel est l'image de Mr sainct Yves, le tout d'argent sur un soubassement de boys.

La représentation de l'image dudict sieur sainct Yves, baillant du blé d'un coffre à un pauvre avecq un cruble dans un sac, le tout d'argent avecq un pied d'estal de boys.

Une forme de grand clocher à doubles guarittes et piramide au dessus, un quarré rompu et offencé au bas de la première guarite, le tout d'argent, ayant deux pierres enchassées au dessous de ladicte première guaritte.

Autre petitte tour d'argent à une garitte et piramide, estant un peu rompue au bas.

L'image Mr sainct Yves couché sur une claye, aussy d'argent, avecq un livvre pour chevet.

Une image Mr sainct Tugdual marchant sur un dragon avecq une tiarre papalle, ayant le bout de sa crosse rompu et destaché, tenant seulement à un file.

Autre image de Monsieur sainct Yves, et quattre images d'appostres de mesme grandeur, le tout d'argent doré.

Deux livvres de veslin in folio pour lire les épistres et évangiles, chacun d'eux couvert d'un costé de lames d'argent doré, les quattre crochets destachés, et en divers endroicts des bords plusieurs lames d'argent perdues, armoiés des armes du Sr evesque Coatquiz, deux desdicts crochets avecq leurs prises représentés.

L'image d'un cavallier armé, ayant son casque en teste, son cheval capparassonné et bardé, la lance en la main, l'un des bras dudict cavallier destaché et la jambe droite dessoudé, avecq quattre grandes boulettes d'argent it l'une desquelles bulettes manque de ses attaches, à une autre desdictes boulettes manque aussy une attache, l'escu dudict cavallier armoié en escharpe des armes du Royaume de Cippre, le tout d'argent esmaillé.

Une lampe d'argent, a trois grandes chaisnes et trois petites chaisnettes, à trois petits couneaux armoiés au bas des armes du Sr Evesque de Plouec, à trois chevrons rompus semés d'ermines.

Mesdicts sieurs ont sursis et remis la continuation du présent inventaire à demain, heure de midy, et se sont, pour le présent, retirés à raison de lei nuict survenue, et ont esté relaissés les argenteries et joyaux cy dessus en la possession dudict sacriste, lequel a dict n'avoir jamais esté chargé de partie desdictes argenteries, et ont mesdicts sieurs signé, fors ledict sieur trésorier, lequel a déclaré ne vouloir signer que à la closture dudict inventaire, ou il fera ses déclarations, ainsy signé : Pierre Calloët, archediacre de Tréguier, Frachot, J. Tournernouche, G. de Trogoff, Poullain, B. Le Chevoir et Audren, greffier.

Continuation dudict inventaire du vingtième jour de Janvier mil six cents vingt et six, à une heure après Midy, en la présence de Messieurs le trésorier, le scolastique, l'archidiacre, Poullain, Frachot, Tournemouche et de Trogoff, en la sacristie de l'église cathédralle de Tréguier.

Et premier.
Un ciboire d'argent doré avec la couppe d'ivoire et au-dessus une verrine garnie d'argent doré, enquarré pour mettre la saincte hostie.

Deux anciennes mittres précieuses, enrichies sur fonds en drap d'or de pierreries, perles et lames d'argent doré, esmaillées, dont il y a quantité qui sont destachées et désenchassées. Le tout mis dans une caisse qui a esté emballée de ficelle et cachettée du sceau du chappitre et relaissée au coffre des autres argenteries cy dessus.

Deux grands chandelliers de cuivre servantz aux jours ordinaires dans le chœur.

Deux petits chandelliers de cuivre servantz aux enfants de psallettes aux jours ordinaires.

Une lampe de cuivre, dont les chaisnettes sont rompues, pour estre au chœur devant le St Sacrement.

Ne sont comprinses au présent inventaire, les lampes d'attache estant en ladicte église.

Deux encensoires de cuivre avec leur basteau ou nacelle, les chaisnettes desdicts encensoires un peu rompue.

Trois fers à faire le pain à chant pour célébrer la messe.

Deux pintes d'estain pour mettre le vin et l'eau à célébrer les messes.

Un plat d'estain en ovalle pour servir à l'autel.

Quattre orceaux d'estain.

En l'endroict ledict sacriste a apparu un relicquaire d'argent en forme de bras droict, au dessus duquel y a une ovalle de cristal avecq vingt et troys pierres enchassées et trois perdues, contenant partie des relicques de Mr sainct Yves, non vicié au surplus.

A ussy en l'endroict ledict sacriste a représenté le receu luy délivré par le seigneur evesque qu'il avoit promis le jour d'hier de représenter, dont par insertion la teneur s'ensuilt :

Sur ce que cy devant on aurait reffusé à mon ausmonier, en la sacristie, pour le père cappucin, prédicateur, un aube, enin, calice, pataine, chandelliers, chasuble, estolle et fanon pour célébrer la Ste Messe, nous aurions receu par les mains du sacriste, par le commendement de Monsr le trésorier, deux chandelliers et un calice avec sa pataine d'argent doré que nous ferons remettre entre les mains dudict Sr trésorier passé le temps du caresme prochain pendant lequel le père capucin s'en servira, ce que nous croyons que Messieurs de nostre chappitre auront très agréable. Faict en nostre manoir épiscopal de Tréguier, le dernier de Novembre Mil Six centz vingt et cinq. Ainsy signé en ladicte cedulle : Guy, E. De Tréguier. Et est ledict récépissé entre les mains dudict sacriste.

Chappes. — Une chappe de drap d'or a fond de velours rouge cramoisy, avec un chasuble, deux tunicques, un estolle, et un fanon de mesme parure, armoyé des armoiries du seigneur évesque de Ploec.

Une chappe de toile d'or avec l'orfrais et huméral à brodure du petit poinct garny de frangeon de soye bleue, un chasuble, deux tunicques, et deux estolles et un fanon de mesme parrure, lesdictes estolles et fanons my usés, lesdicts ornements armoyés des armes de Mre Gilles Quemper, chanoine de Tréguier et abbé de Beauport.

Une chappe de drap d'or, rehaussée de broderie d'argent frisé, avecq l'orfray et huméral de broderie au petit poinct avecq le gros boutton à frange de soye rouge cramoisy.

Autre chappe de drap d'or, frisé de soye rouge, rellevée de broderie d'argent frisé, avec l'orfray et huméral à broderies de fil d'argent et d'or à petit poinct avec le gros boutton et houppe de soye rouge, avec les armoiries du seigneur Cardinal de ......... évesque esté de cette église.

Autre chappe de drap d'or gauffré avecq le huméral et orfray, au petit poinct, fratigeon et houppe à fil d'or et soye rouge cramoisi.

Deux chappes de drap d'or rehaussé de frisure d'or, d'argent et velour rouge cramoisy.

Autre chappe de velour rouge cramoisy, entremeslé de tissure d'or à grands fleurons, le huméral et orfrais à broderie à petit poinct.

Autre chappe de drap d'or frisé avec une grande bordeure à l'entour de velour à broderie, un chasuble et deux tunicques de mesme parure, armoyés des armoiries de France et Bretaigne en alliance, plus que my usée.

Une chappe toille d'argent avecq tissure de soye violette, le huméral et parements relevé de broderie d'or au petit poinct fond de velour.

Autre chappe à fond de velour violette, à tissure d'or avec le huméral et orfrais de broderie d'or à fond de velours, un chasuble, deux tunicques, deux estolles et trois fanons de mesme parrure, armoyés des armes du seigneur évesque de Grignaulx.

Quatre chappes de velour violet relevé à broderie, deux d'argent et deux autres d'or, à grands fleurons.

Autre chappe de velours violet, à tissure de fil d'or, avecq un chasuble et deux tunicques et deux fanons usés de mesme parrure, armoyés des armes du seigneur évesque Calloet.

Huit chappes de damas blanc, garnyes de passement d'or, dont y a deux neufves et six un peu usées, avecq deux chasubles, quattre tunicques, cinq estolles et six manipules de mesme parure, armoyés des armes du seigneur évesque d'Amboyse.

Une chappe de damas jaune incarnat figuré.

Une autre chappe de velours bleue, garnye de cocquilles et croissants a broderie, my usée.

Une chappe de velours rouge à broderie de fleurons my soye, my or.

Quatre autres chappes de velours rouge diversement garnyes et brodées, my usées.

Trois autres chappes de diverses couleurs et estoffes légères, aussy my usées.

Trois chappes de petit velours noir, my usées.

Un chasuble de velours noir avec la croisée de satin blanc, deux tunicques de mesme parrure, un estolle et deux fanons, le tout neuf.

Un autre chasuble de velours noir et deux tunicques, deux estolles et trois fanons de mesme, plus que my usés.

Un chasuble et deux tunicques de certaine estoffe de soye rouge, semée de fleuron d'or, doublée de panne de soye, presque usés.

Un chasuble et deux tunicques d'ancien satin blanc semé de fleurons de diverses couleurs, aussy my usés.

Un chasuble et deux tuniques de vieux velours relevé de broderie de soye d'or et d'argent, presque usée.

Un chasuble de velours violet, avecq la croisée de velours rouge, semé de fleuron a broderie d'or.

Autre chasuble de velours violet, figuré avecq la croisée à broderie à petit poinct.

Trois estolles et troys fanons de soye de diverses couleurs.

Trois estolles et trois fanons de toille d'or, fort usés, et dont en les rabillant on pourra faire deux estolles et deux fanons.

Plus auroit ledict sacriste représenté cinq estolles et dix fanons de diverses estoffes, toutes usées, et qui ne peuvent servir.

Un parement ou devant d'autel, de damas blanc, avecq deux pantes ou tour de mesme, avecq la frange de soye blanche, armoyée des armes du seigneur évesque d'Amboyse, et deux rideaux de taffetas blanc pour garnir les deux costés du grand autel, dudict sieur évesque.

Un parement ou devant d'autel de damas rouge cramoisy, avecq quattre rideaux de mesme estoffe, deux grands et deux médiocres, armoyés audict parement des armes du seigneur évesque d'Amboyse.

Quattre pantes ou tours de velours rouge cramoisy, relevé de broderie au petit poinct de fil d'or et d'argent, avec la crespine et frangeon de soye et d'or, deux grands et deux médiocres.

Plus une pièce de semblable estoffe et parrure que lesdicts pantes et tours qui sert pour parer le dessus de l'autel au lieu de tableau.

Autre pièce de velours rouge, plus usé, de la mesme broderie au milieu, servant de poille ou de ciel au dessus de l'autel.

Une pièce de damas rouge cramoisy, servant de poille ou ciel pour porter le Saint Sacrement aux malades.

Autre ciel ou poille de velours tanné, relevé de grande broderie d'or et d'argent, avecq les escussons et armoiries du seigneur évesque Grigneaulx, ledict poille et ciel servant pour porter au-dessus du Saint Sacrement lorsqu'il est porté processionnellement.

Une pièce de petit damas blanc, servant de garniture et parement à la chaire du prédicatteur avecq le tour au hault de ladicte chaire, de mesme parrure.

Un tappis de damas rouge cramoisy, avec la frange de soye mesme coulleur, avecq le doczier et petit tour de mesme estoffe pour garnir la chaire épiscopalle.

Deux carreaux de velour rouge avec les bouttons et houppes de soye de mesme coulleur, pour servir à mettre en ladicte chaire auxdicts offices pontificaux.

Autre tapis de damas blanc, fort ancien, à grands fleurons, servant à mettre devant l'officiant aux offices canoniaux.

Dix carreaux de damas à mettre sur l'autel, presque neufs : deux rouges, deux blancs, deux violets, deux verds et deux noirs, à l'un desdicts carreaux noirs il faut une houppe.

Cinq estuys à mettre les corporeaux des cinq couleurs cy dessus, avecq les croix et passement d'argent.

Cinq toiles des mêmes cinq couleurs, dont y a quattre de taffetas et un de damas, avec les croix d'argent.

Cinq petits carrés pour couvrir le calice de damas des cinq couleurs cy dessus, avec les mesmes croix d'argent.

Un devant d'autel, ou parement de drap d'or, servant aux solennités pour couvrir la tombe du duc.

Un autre devant ou parement d'autel de vieux damas, figuré, plus que my usé.

Quattre vieux carreaux dont y a trois de velours rouge, en l'un desquels il n'y a à présent de bourre, et l'autre de vieux damas figuré jaune, tous usés.

Autre petit carreau de vieux damas, de broderie d'argent, servant à mettre soubz le chef de Monsieur Saint Yves, plus que my usé.

Quattre voiles, trois de taffetas de diverses couleurs, et l'autre de camelot, pour mettre sur le Saint Cresme.

La bannière de velour rouge cramoisy, relevé de figures a broderie à petit poinct d'or et d'argent, et doublé de l'autre costé de damas rouge, aveu autres figures et broderie de frange de soye tout alentour.

Un grand rideau de sarge de Can, vert, servant à couvrir le grand tableau de la chapelle du duc, et ont esté lesdicts estoffes et ornements relaissés en la possestion dudict sacriste.

Mesdicts sieurs à cause de la nuict survenue, ont remis le surplus dudict inventaire à demain, à une heure apprès middy, et ont lesdicts sieurs susnommés soubsigné, fors ledict sieur trésorier qui a remis à signer jusques à la conclusion du présent inventaire ; ainsy signé, Pierre Calloet, archidiacre de Tréguier, Frachot, G. de Trogoff, Poullain, J. Tournernouche, B. Le Chevoir et Audren, greffier.

Continuation dudict inventaire du vingt et uniesme jour de janvier mil six cents vingt et six, à une heure de l'apprès midy, en la présence desdicts sieurs archidiacre, scolastique, Poullain et Frachot, depputés du chappitre à ceste fin, présent aussy le sieur Tournemouche, procureur et promotteur dudict chappitre, et en l'endroict s'est aussy trouvé ledict sieur Lhostis, trésorier.

Un ciel ou poille au-dessus du grand autel, de sarge de Caen rouge, avecq ses pantes et tours de reseul de fil blanc et ouvrage de poinct couppé.

Un autre poille ou ciel au dessus du crucifix, en la nef de ladicte église et un doczier derrière ledict crucifix, le tout doublé de sarge de Can rouge et aussi couvert de mesme reseul de fil blanc et ouvrage de poinct couppé.

Une chaire peinte qui se plie pour servir à MM. les chanoines lorsqu'ils officient, le dessoulz de velours ras, faczon de Rouen.

Livres de l'ancien usaige. — Deux grands graduels escriptz et nottés à la main, sur veslin, reliés en boys à l'usage de Chartres, cy devant practiqué en ceste église qui servoient au grand chœur.

Deux autres graduels moindres, aussi sur veslin, nottés et escriptz à la main, de mesme usage et relliés comme devant pour servire au chœur du duc.

Cinq psautiers pour le grand chœur, aussy escriptz et nottés la main, sur veslin de mesme usage, dont il manque quelques feuillets en trois d'iceux.

Dix grands livres ou antiphoniers, contenantz les responds et enthiennes, de l'un desquels y a un cahier perdu, et des autres y a quelques feillets perdus, le tout en veslin, desquels y a à présent un accomodé l'usage romain.

Deux légendaires contenantz les leczons de tout l'an escriptz aussi à la main sur veslin.

Deux processionnels, sur veslin, auxquels sont aussy les venittes à notte.

Trois collecteraux sur veslin, contenantz les oraisons de tout l'an et le commencement des anthiennes.

Autre livre, en veslin, contenant les sept pseaumes et litanies, lequel se met aussy devant le seigneur évesque et chanoines lorsqu'ils officient, d'autant que les offices pontificaux et canoniaux y sont nottés et escriptz à la main.

Autre livre, en veslin, contenant les quattre passions à notte, dont y a quelques feillets esgarés. Tous lesquels livres cy dessus sur veslin, escriptz et nottés à la main comme dict est, sont tous relyés en boys et tous de l'usage de Chartres.

Livres nouveaux sur pappier. — Six misseaux, dont il y a deux in follio et quattre in quarto, tous à l'usage romain de l'impression de Paris.

Deux grands bréviaires in folio pour les deux temps, à l'usage romain, ayantz les rubricques en franczois, couverts de marroquin rouge, un peu usés et deschirés.

Deux psautiers in folio, couverts de veau noir, aussy à l'usage romain, un peu usés.

Deux graduels aussy in folio, à l'usage romain, l'un grand pour le grand chœur et l'un petit pour le chœur du duc.

Cinq processionels dudict usage in octavo.

Cinq antiphoniers in quarto dudict usage romain et un autre antiphonier qui a esté perdu du chœur puis peu de jours, duquel ledit sacriste dict n'avoir jamais esté chargé.

Un petit livre in octavo contenant le martirologe romain, couvert de veslin, my usé.

Deux cannons à mettre sur l'autel, l'un de veslin et l'autre en pappier.

Treize grands voilles ou nappes, servant pour le grand autel, toille blanche, là pluspart dougée.

Autres treize nappes ou voilles pour l'autel du duc, de toille pareille aux autres cy dessus.

Deux autres nappes ou voilles tout usées ne pouvant plus servir au dict usage.

Neuf vieilles aubes dont y a deux plus que my usées.

Plus deux autres aubes, toille neufve et dougée avecq leurs amittes et ceintures et une autre aube qui est esgarée.

Cinq autres amittes de toille my usée.

Six ceintures de fil pour ceindre lesdictes aubes, desquelles ceintures il y a deux my usées.

Quatorze serviettes pour servir à l'autel.

Trois touaillons crocq pour servir en la sacristie à essuyer les mains aux cellébrants.

Deux grandes pièczes de toille dougée, en forme de rideau, pour couvrir en caresme le Sancta Sanctorum.

Autre grande piècze de toille pour couvrir en caresme le dessus du grand autel.

Quatre grands rideaux de toille blanche, servant ordinairement pour couvrir le tombeau de monsieur sainct Yves.

Un tapis de tiretaine vert pour couvrir le grand autel, passé la célébration de la grande messe, et un autre tapis de mesme estoffe pour l'autel du duc que ledict sacriste dict entre esgaré et n'en avoir esté chargé.

Trois pavillons de damas fort petits, l'un cramoisy, presque neuf. Les deux autres, l'un blanc et l'autre de velours, presque usés.

Plus a représenté ledict sacriste un vieux drap mortuaire qui ne vaut plus rien qu'il a représenté pour luy servire de descharge.

Pareillement a ledict sacriste représenté un devant d'autel de cuir d'Espaigne, lequel est presque usé.

Tous lesdicts meubles et utenciles, ornements, joyaux et argenteries, mentionnés en l'inventaire cy dessus, ont esté relaissés en la possession et entre les mains dudict sacriste, auquel lesdicts sieurs députtés ont enjoinct, de la part dudict chappitre, de se présenter audict chappittre de vendredy prochain en huit jours, en la tenue d'icelluy, afin de recepvoir le commendement de mesdicts sieurs dudict chappitres et représenter les clefs desdicts trésors, tombe de M. sainct Yves et armoires, et de plus respondre aux manquements et desfaulx qui ont esté trouvés en la confection du présent inventaire et autres conclusions dudict procureur du chappitre, pour estre délibéré et ordonné ce que de raison. Faict en ladicte sacristie, environ les quattre à cinq heures de l'après midy, ledict jour et an que devant, et a ledict sieur trésorier, reffusé de signer, ainsi signé : Pierre Calloet, archidiacre de Tréguier, Frachot, Poullain, Tournemouche, G. de Trogoff, B. Le Chevoir et Audren, greffier.

Touttes les argenteries desnommées et rapportées cy devant en teste des articles avoir estés pesés, montent au nombre de deux centz quattre vingt quinze marcs deux onczes et quart, sauf erreur au gist, y comprins les deux mittres anciennes, argent destaché et pierres enfermées dans un esthuy en forme de mitre, scellé du sceau du chappitre, toutes lesquels argenteries sont relaissées en la possession dudict sacriste. Faict le sixième jour de febvrier mil six cents vingt et six, soubz les signes desdicts sieurs archidiacre, Poullain, Tournemouche, députtés du chappitre et dudict sacriste. Ainsy signé, Pierre Calloet, archidiacre de Tréguier, J. Tournemouche, Poullain, B. Le Chevoir, F. Audren, greffier.
F. AUDREN, Greffier dudict chappitre.

Incendie de la sacristie de la cathédrale de Tréguier, en 1632.

Délibération capitulaire. — Extrait des Registres du vénérable Chappittre de l'église cathédralle de Tréguier. Chappittre extraordinaire assemblé à son de Campane environ les sept heures du matin du lundy sixiesme jour de septembre mil six cents trante deux, ou estoient présents Messieurs Mathurin Lhostis, trésorier, Pierre Calloet, archediacre, Thomas Bodener, scholastique, Guillaume André, Guillaume de Trogof, Renné Rosmar, Yves de Kersalliou et Pierre Fanoy.

Mesdicts sieurs s'estancts tumuituairement assemblés en cette église depuis deux heures en cza, pour donner ordre à l'extinction du feu qui s'estoit espris cette nuict en la sacristie d'icelle et pour faire sauver ce qui restoit des relicques, thrésor, argenteries, tiltres, pappiers, chappes, chasubles et autres ornements de cestedicte eglise, et les rettirer de l'incendie, sans qu'ils aient peu, jusques à présent, descouvrir la vérité de la cause d'icelluy, ou s'il est procédé de la négligence de leurs officiers, ou par la malice de quelqu'un, ont faict sonner le présent chappittre, et y estants, ont advisé d'escrire et envoyer présentement vers Monseigneur le Révérend Evesque, estant à présent au cours de sa visite, et vers Messieurs les officiers Royaux de Tréguier, estants à Lannyon, pour les prier de se rendre en ceste ville, de ce jour et au plustost que faire se pourra, pour estre la plainte de mesdicts sieurs receue par lesdicts sieurs juges Royaux et par iceux procédé au procès-verbal desdictes choses et de l'estat oû elles sont à présent et en la présence dudict seigneur évesque s'il luy plaist d'y venir, comme il en sera supplié, et ont députté à cest effect ledict sieur de Kersalliou pour aller trouver ledict seigneur évesque et ledict sieur de Rosmar pour aller trouver lesdicts sieurs officiers.

Et d'autant qu'il a commencé rompre en deux endroits le plancher de la salle mitoienne qui est entre le manoir épiscopal et cestedicte eglise, au dessus de ladicte sacristie, pour parvenir à l'extinction dudict incendie, mesdicts sieurs ont advisé de prier le sieur de Beauchesne Le Bigot, fermier et receveur dudict seigneur évesque, de garder la clef de la porte par laquelle on entre de ladicte salle mitoienne dans ledict manoir épiscopal; à ce que dudict manoir il ne puisse entrer personne dans ladicte sacristie, ny de ladicte sacristie dans ledict manoir.

Et d'autant qu'on a esté contrainct de rompre la serrure de la première porte de ladicte salle mitoyenne, mesdicts sieurs ont enjoinct au sacriste de fermer la porte du degré d'embas par lequel on monte en ladicte salle. Ainsi signé sur ledict registre : Mathurin L'HOSTIS. AUDREN, greffier du chapitre.

Lettre de Guy Champion, évêque de Tréguier.

MESSIEURS,
La part que je suis obligé de prendre plus qu'aucun aultre au malheur qui est arrivé en la sacristie de mon église cathédrale, ainsi que j'apprends par celuy qu'il vous a pleu députer vers moi, m'obligeroit à interrompre le cours de ma visite pour me trouver au procès verbal que Messieurs les juges royaulx de Lannyon doilvent faire de l'estat de ce qui reste des ruines arrivées par le feu, n'estoit que je n'ai pas cru y pouvoir estre assez à temps avant qu'ils agent commencé et que ma présence ne serviroit que d'augmenter le nombre des affligés, et accroistre le desplaisir que ce désastre m'apporte, ne pouvant désormais que me joindre avec vous et soubzsigner, si besoing est, le procès verbal qui en sera faict pour l'authoriser, affin d'obtenir de la bonté du roy de quoy réparer cette ruine si déplorable, à quoy je m'offre et d'y employer tout ce que j'ay de biens et d'amys au monde. N'oubliez s'il vous plaist de faire garder toutes les formes audit proceix verbal. M. le procureur du Roy ou son substitut présent, et à requeste tant de vous aultres Messieurs que de la mienne, et faittes soubzigner tous mes juges et le plus grand nombre d'ecclésiastiques et notables de la ville. J'espère que vos prudences, et affections n'y oublieront rien. M'offrant en cela et en toutes choses, tant au général qu'au particulier, à vous tesmoigner que je suis, Messieurs, vostre très humble et très affectionné serviteur,
GUY : E. de Tréguier.
A Keroffret, ce 6 septembre 1632.

Requête du chapitre à Monsieur le Sénéchal de la cour royale de Tréguier.

Supplient humblement et vous remontrent les vénérables chanoines du chappitre de l'église cathédrale de Tréguier, exposant que le matin du jour d'hier, sixiesme du présent moys de septembre 1632, avant les cincq heures, ilz furent advertis de ce que le feu s'estoit espris dans la sacristie de lad. église ; sur lequel advis ilz s'y seroient transportés en diligence et à l'ayde du peuple qui s'y amassa en foule, auroient faict moyen d'esteindre et estouffer l'incendie et de retirer d'iceluy une partie des reliquaires, joyaux, argenteries, utensiles et ornementz de lad, église qui estoient dans un grand coffre et en l'un des bouts d'un grand buffet estant au fonds de lad. sacristie et mesmes quelques fragments à demy bruslés et restés de plusieurs pochons de lettres, tiltres et garants, qui estoient en l'autre bout dudict grand buffet ou estoient les archives et trésor des meilleurs lettres, tiltres et enseignements concernant tous les droicts, privilèges et partenances de ladicte eglise, chappitre, fabrice, anniversaires et fondation ducale y deservis, en quoy ladicte eglise, fabrice, chappitre et collège d'ycelle souffrent et souffriront des pertes et dommages inestimables qu'ils ne peuvent présumer estre causées que par la négligence et faulte inexcusable de leur sacriste, son soubz sacriste et serviteurs qui en doivent demeurer responsables et punissables, ou par la malice de quelques voleurs ou incendiaires de guet apens, et pour en recognoistre l'estat et la cause, s'il est possible, par les interrogations et informations et en tourbe et séparément, ou autrement ainsin qu'il sera trouvé à propos qu'il sera requis par monsieur le procureur du Roy, dont les exposants demandent l'adhésion, et à ces causes requèrent qu'il

Vous plaise, Monsieur, condescendre sur les lieux de ladicte église, sacristie et chappitre, en compaignie dudict sieur procureur du roy ou de quelque sien substitut, et y estant procéder au procès verbal de l'estat de ladicte sacristie et des fragments qui en ont esté retirés, et appointé, enrégistré d'office, séparée dudict procès verbal et procéder à l'audition dudict sacriste et de ses commis et serviteurs et tels autres que requis sera, autrement procéder sur ce sujet comme il apartiendra par raison, et mesmes permettre d'obtenir et faire fulminer lettres monitoriale, si requis est, pour faire révélation des faicts pertinents servant à descouvrir la cause dudict incendie, et ferés bien.

Procès-verbal du Sénéchal de Lannion.

Jean du Trévou, sieur de Balloré, conseiller du Roy et séneschal en sa cour de Tréguier, au siège de Lannyon, sçavoir faisons que le lundy sixiesme jour de septembre mil six cents trente deux, escuyer Vincent de Rosmar, sieur de Runangoff, nous serait venu treuver en la ville de Lannyon et nous auroit présenté une lettre de la part du vénérable chapitre de l'église cathédralle dudict Tréguier, dattée dudict jour et signée Mathurin Lhostis et G. de Trogoff, chanoines et députés dudict chapitre, par laquelle ils nous donnent advis que le soir précédent le feu auroit prins dans la sacristie de ladicte église, avoit brulé et consommé les thrésors sacrés, les plus précieux ornements et les plus importants tiltres, lettres et garants dudict chapitre et de ladicte église, nous requérants de descendre sur les lieux pour en faire estat en présence du procureur du Roy, lequel n'ayant peu, à cause de son indisposition, s'y transporter, auroit envoyé en nostre compagnye, maistre Guillaume Couppé, advocat et son substitud ordinaire ; et rendus le lendemain en ladicte église cathédralle de Tréguier, ayant avecq nous maistre Pierre Martin, nostre greffier, auroient comparus devant nous, Vénérables et discrets missires Mathurin Lhostis, thrésaurier, Pierre Calloet, archediacre, Thomas Bodener, scholastique, Guillaume André, grand vicaire et official de monsieur messire Guy Champion, le révérendissime évesque de Tréguier, Guillaume de Trogoff, René de Rosmar, Michel Thépault, Pierre Fanoys, Yves Guyomar, chanoines de ladicte église et seuls du chapitre estants lors en ville, lesquels nous ont dict avoir le jour d'hyer envoyé noble et discret missire Yves de Kersaliou, l'un des chanoines dudict chapitre pour donner advis dudict bruslement à monsieur l'évesque de Tréguier, lors absent et occupé à la visite des paroisses du diocèse ; et attendant son advis ou son retour, nous ont présenté requeste signée dudict Lhostis, procureur dudict chapitre, et dudict Fanoys, procureur de la fabrice, par laquelle ils nous ont requis de faire estat et procès-verbal dudict brullement, ouir ceux qui avoient la charge et garde de la sacristye, informer d'office contre ceux qui se trouveroient coupables soit par malice ou par négligence d'un sy notable et important embrasement et pour révélation permettre d'obtenir monitoire. Ladicte requeste communiquée audict Couppé, substitud du procureur du Roy et icelui le requérant, avons appointé enqueste d'office desdicts faicts, procédé à l'interrogation des thesmoings et leurs dépositions rédigées par cahier séparé du présent, permis d'obtenir monitoire, ordonné qu'il serait procédé audict procès verbal d'heure en autre. Et sur les deux heures de l'après midy dudict jour, lesdicts chanoines nous auroient monstré la réponse qu'ils avoient eue dudict seigneur évesque dudict jour, sixième dudict moys, par laquelle il thesmoigne son grand regret et déplaisir de ce malheureux accident, offrant d'employer tout son soing et diligence pour faire entendre au Roy et partout ailleurs cette perte et ruine, et ne pouvoir, à cause des assignations par luy données par les paroisses de sondict diocèse pour la visite, assister comme il l'eust désiré audict procès verbal, laquelle lettre est demeurée ausdicts Lhostis et Fanoys, chanoines, et requérant lesdicts sieurs du chapitre et substitud dut procureur du Roy, aurions mandé missire Guillaume Chassé, sacriste de ladicte église, et missire Francoys Derien, soubs sacriste, pour nous bailler les clefs de ladicte sacristye, qui nous ont dict les avoir délivrées audict sieur Fanoys, chanoine, procureur de ladicte fabrice depuis ledict bruslement, et avons faict faire ouverture des deux portes d'icelle respondantes sur ladicte église cathédralle, présents sur ladicte ouverture des deux portes, lesdicts sieurs chanoines, les vicaires, chantres et suposts du chœur de ladicte église, le substitud du procureur du Roy, les officiers de justice, les plus notables bourgeoys et habitants de ladicte ville, entr'autres escuyer Charles Le Du, sieur du Bot, Jacques du Mousterou, sieur du Penety, Vincent de Rosmar, sieur de Runangoff, Baptiste Cadier, sieur de Penanquer, Françoys de Kermel, sieur de Traulan, Rolland Menguy, sieur de Kermoan, Pierre de Kernechriou, sieur du Meydic, nobles gents Pierre Gaultier, sieur de Kerflacqua, Jean Le Bigot, sieur de Beauchesne, Jacques Le Goff, sieur de Traomichaël, Yves de Lisle, sieur de Villandon, maistres Thomas Le Roger, Jean Coudray, Jean Le Coart, André Auroux, Martin Guillou, Guillaume Guiziou, Yves Crechriou, Nicollas Halain, Jacques Fresné, Jean Le Picquart et Jean Le Maignan ; et voulants entrer en la première desdictes portes avecq lesdicts dénommés avons treuvé un grand émbaras de planches, de terrace et autres boys quy empeschoient l'ouverture entière de ladicte porte, lesquels aurions faict oster et estant entre lesdictes deux portes, nous auroit ledict Deryen, soubsacriste, dict que les premiers qui entrèrent en ladicte sacristye après l'advis que le feu y estoit furent Jean Le Lagadec, masson, et Jean Le Picquart, son serviteur, auxquels il ouvrit les Portes de ladicte sacristye et ayants mandé lesdicts Lagadec et Picquart, et d'iceux le serment prins de dire verité, nous ont conformément dict que, hier du matin, estants venus en ladicte église, pour ouïr la première messe sur les cinq à six heures, furent advertys et plusieurs autres qui estoient en ladicte église, que l'on voyait de la fumée sortir de ladicte sacristye laquelle estante ouverte par ledict Derien, soubsacriste, derrière la première porte d'icelle, y avoit plusieurs planches qui empeschoient de l'ouvrir, tombées d'un hauvent quy servoit de séparation entre les deux portes, et feirent en sorte de tourner partye desdictes planches d'entre lesdictes deux portes, la dernière desquelles ayant aussy esté ouverte par ledict soubzsacriste, ils veirent le feu en la grande presse qui est en ladicte sacristie, en laquelle estoient les thrésors, argenteryes et les actes dudict chapitre, et faisants efforts d'y aprocher, furent repoussés par la violence de la fumée, tellement qu'ils furent contraincts de s'apuyer sur les mains et genouilz pour y aprocher et veirent que la moityé de ladicte presse ou estoit ladicte argenterye estoit bruslée, et le feu qui estoit en l'autre moityé ou estoient les lettres et garants, et ayant faict aporter de l'eaue à l'aide de plusieurs personnes qui s'y treuvèrent, ils la jettèrent sur lesdicts papiers qui estoient à demy brullés, et d'autant que le feu avoit prins aux poutres et soulivaux du plancher de la chambre qui est au dessus de ladicte sacristye par laquelle ledict seigneur évesque passe d'ordinaire pour se rendre en ladicte église, ils donnèrent advis de faire deux trougs, aux deux bouts de ladicte chambre, pour y jetter de l'eau pour esteindre le feu et évacuer la grande fumée qui estoit en ladicte sacristye ; et sans qu'on s'apperceust de bonne heure dudict feu, et sans la diligence qu'on feist d'y aporter et jetter de l'eau par les trous qui furent faicts aux deux bouts de ladicte chambre, le péril estoit évident de l'incendie de tout le manoir épiscopal et de ladicte église cathédralle ; et nous ont dict outre, qu'après avoir ouvert les fenestres de ladicte sacristye, pour en faire sortir la fumée et avoir lumière, ils auraient recogneu que tous les thrésors d'or et d'argent qui estoient au bout de ladicte grand presse devers la cour dudict manoir épiscopal, estoient en partye fondus, rompus et séparés par la force du feu, fors un bras d'argent, auquel sont les reliques du bienheureux sainct Tugdual, patron de ladicte qu'ils auroient trouvé au milieu et plus fort de l'embrasement, et l'auraient retiré et remarqué tout entier, sans que ledict feu y eust faict auchune fraction ny offence, ce qu'avons veu en présence desdicts sieurs chanoines et de tous lesdicts assistants estre véritable, ce qui ne peut estre que par une divine grâce spéciale et miracle tout évident, nous ayant lesdicts chanoines assuré que ledict bras estoit audict endroict de ladicte presse qui a esté bruslée, et nous ont aussi lesdicts Lagadec et Picquart, dict avoir treuvé le cheff de monsieur sainct Yves enchassé d'argent, dans une armoire près ladicte presse bruslée, sans que ledict chef eust esté en aucune façon endommagé, ainsy que avons veu et tous lesdicts assistants, bien que plusieurs ornements qui estoient près ladicte armoire ou estoit ledict cheff, ayent esté brullés ou fumés, perdus et gastés. Et avons, par ledict Lagadec, masson, faict mesurer ladicte sacristie, et treuvé qu'elle contient trente et un pieds et demy de long, dix huit pieds et demy de large, et quinze pieds soubs poutre ; et sur ladicte sacristye, y a trois grandes fenestres de pierre de taille, vers le cloistre de ladicte église, et deux autres vers la cour du manoir épiscopal ; toutes lesdictes fenestres vitrées et grillées de fer, et toute ladicte sacristye bastie de pierres de taille, aux longères, au dehors et dedans ; et au bas de la fenestre du mytan, vers ledict cloistre, y a un autel de taille, costé duquel, vers l'église, y a une grande presse de chesne, à ouvrage de menuyserie, toute noircye et fumée, ayant de hauteur sept pieds, et de longueur vingt pieds, dans laquelle et sur une longue table, qui est de l'autre costé de ladicte sacristye, et dans un coffre qui est vers l'autre bout, de l'autre bout de la sacristye, lesdicts sieurs chanoines nous ont dict avoir accoustumé de mettre les chappes, chassubles, dalmatiques et autres ornements d'église de diverses estoffes et façons de soye, comme velours, damas, broderye de soye, drap d'or et d'argent, simple et relevés d'orphèvrerye et d'autres estoffes précieuses, toutes lesquelles pièczes avons veu pour la plus part en divers endroits, brullés, gastés, fumés et ternies de couleur, leur lustre estant tout perdu par la force du feu et fumée, et ne se peuvent à l'advenir porter ny monstrer en public, et par ce malheur, leur église, privée desdicts beaux et précieux ornements qu'ils avoient eus de la dévotion et magnificence des roys, princes, plusieurs seigneurs cardinaux, évesques dudict lieu, et autres leurs bienfaicteurs, et nous ont les dicts chanoines assuré que leur fabrice est à présent sy nécessiteuse qu'elle n'a auchun moyen d'avoir de nouveaux ornements. Et faisants estat, du bas bout de ladicte sacristye, devers le pignon qui la sépare du manoir épiscopal, nous ont lesdicts chanoines et assistants dict qu'il y avoit une longue et grande presse de bois de chesne, qui s'estendoit tout le long dudict pignon, haulte de sept pieds, longue de dix huict pieds et demy, et large de deux pieds par dedans, ouvrage de menuiserye, au milieu de laquelle presse, il y avoit une séparation et closture de boys de chesne, et en chacune moityé des portes fermantes à cleff, et dans la moityé de ladicte presse, vers la cour dudict manoir épiscopal, se mettoient ordinairement tous les reliquaires, vaisseaux et utensilles d'argenterye quy estoient pour le service de ladicte église ; et le surplus de l'argenterye et thrésors qui n'estoient communément en usage, estoient dans un grand coffre de chesne, long de cinq pieds et hault de deux et demy, joignant ladicte grande presse vers la cour dudict manoir, laquelle moytié de presse vers ladicte cour et ledict grand coffre auroient esté enthièrement bruslés et toute l'argenterye qui y estoit fondue, fors et réservé la lampe d'argent que ledict seigneur évesque auroit donné à ladicte église, ou rompus par la force du feu, ne restant, comme avons veu, que la cendre et charbon. Et nous ont dict lesdicts sieurs chanoines qu’il restait quelques fragments et pièces de ladicte argenterye, cassées, bruslées et à demy fondues, qu'ils feirent tirer de l'incendye et iceux porter dans leur chambre capitulaire pour en estre faict estat et procès-verbal. Et en faisant en nostre présence cercher et fouiller parmy lesdictes cendres et charbons, avons trouvé plusieurs pièces d'argent, restées après ledict bruslernent, que nous avons aussi faict rendre en ladicte chambre capitulaire, attendant en faire estat, et avons remarqué l'autre moityé de ladicte presse, vers ledict cloistre, toute bruslée par dedans, ne restant que l'extrémité du boys par dehors, en laquelle moityé lesdicts chanoines, officiers et notables bourgeoys, nous ont dict et asseuré qu'ils avoient accoustumé de mettre les plus importants tiltres, lettres et garants dudict chapitre, église et fabrice, lesquels actes nous ont asseuré lesdicts sieurs chanoines et assistants, avoir esté pour la plus part brullés ou gastés par l'eau qu'ils auroient jetkis sur eux pour esteindre le feu, et en l'estat qu'ils estoient les auroient, en présence des assistants, faict porter dans ladicte chambre capitulaire, pour en estre pareillement faict estat. Ledict sieur thrésorier nous a requis de vouloir remarquer le reste du boisage d'un coffre, qu'il avoit en ladicte sacristye, au dessus d'un grand coffre, auquel il nous a dict qu'il mettoit ordinairement ses ornements d'église, plusieurs actes concernants ladicte sacristye, et particulièrement la parroisse de Trédarzec y annexée, lequel coffre avons veu tout bruslé, fors une pièce qui ne l'estoit qu'à demy, et nous a asseuré que tous lesdicts actes et ornements y ont esté entièrement brullés, ce que lesdicts Lagadec, Picquart et autres, qui y entrèrent des premiers, ont aussy attesté. Et ce faict, nous nous serions retirés de ladicte sacristye, qui est tellement noircye par tous les endroicts par la violence du feu et fumée, qu'il sera nécessaire de la reblanchir entièrement ; et la nuict survenue, nous nous sommes retirés en nostre logeis. Et le lendemain, huictiesme dudict moys de septembre mil six cents trente deux, serions retournés en ladicte église cathédralle, assistés dudict substitud et de nostredict adjoinct ou se seroient trouvés lesdicts sieurs chanoines et plusieurs autres notables personnes et tous ensemble serions entrés en ladicte chambre capitulaire, et y aurions veu sur une grande table, sur les pulpitres, bancs et autres endroicts de ladicte chambre, plusieurs fragments et pièces d'argent, tirées de l’incendie advenu en ladicte sacristye, et les papiers, parchemins et veslins, et actes, estans à présent en poches, bruslés en plusieurs endroicts, et pour monstrer la grande perte advenue en ladicte sacristye, et provenue dudict brullement, lesdicts sieurs chanoines nous ont monstré un inventaire des dix-neuff et autres jours suivants du moys de janvier mil six cents vingt six, signé en plusieurs endroicts de Pierre Calloet, archediacre de Tréguer, Fréchant, Tournemouche, Poullain et de Trogoff, chanoines, Le Chevoir, sacriste, et Audren, greffier de ladicte église, aux deux premiers chapitres duquel inventaire est faict estat et dénombrement des reliques, vases, joyaux et autres utensilles d'or et d'argent, gardés et conservés jusques audict an six cents vingt six, au trésor de ladicte église. De tous lesquels trésors spécifiés audict inventaire, lesdicts sieurs chanoines nous ont asseuré qu'il n'estoit resté entier que ledict bras d'argent auquel sont enchassées les reliques de monsieur sainct Tugdual, le cheff et le bras de monsieur sainct Yves, quatre calices d'argent doré, deux urseaux d'argent non dorés, une petite croix d'argent doré, la grande croix d'argent, servant d'ordinaire en ladicte église, un chresmier d'argent avec ses burettes, un ciboire d'argent doré, et ladicte lampe cy-dessus mentionnée, donnée par ledict seigneur évesque d'à présent, quels relicquaires, vases et utensilles estoient hors ladicte presse et coffre brullés, excepté le bras de sainct Tugdual, miraculeusement conservé, comme avons veu cy devant et tout le surplus de ladicte argenterye, contenue audict inventaire, nous ont lesdicts sieurs chanoines dict avoir esté brullé, rompu ou fondu par la force du feu, avecq perte évidente de la façon, et grand déchet du métal. Et de faict nous ont faict voir, parmy ladicte argenterye cassée, plusieurs fragments et pièces qui se recognoissent apparemment estre desdicts relicquaires et utensilles d'argent, mentionnés aux autres articles dudict inventaire que nous avons leu, et iceux confrontés avec lesdicts fragments brullés et rompus.

Scavoir lesdicts fragments brullés et rompus :

Deux relicquaires faicts l'un en forme de mitre, l'autre en forme de croix platte à double bras.

Un grand calice d'argent doré, le fond duquel estoit revestu d'une très précieuse agatthe, d'un prix inestimable, et de laquelle avons veu diverses pièces brisées, ayant perdu tout son lustre et couleur par l'ardeur du feu, et les restes d'autres calices d'argent doré.

Deux urceaux ou clopinettes d'argent doré et deux autres de cristal garnyes d'argent.

Une croix d'argent doré qui servoit à mettre sur le grand autel.

Une piscine aussy d'argent doré avec son aspersoir.

Une autre piscine fort grande avec son aspersoir d'argent.

Quatre grands chandeliers d'argent et deux autres chandeliers moindres, aussy d'argent.

Une crosse épiscopale d'argent doré, esmaillée et enrichie de quelques pierreryes.

Une crosse ou baston cantonal d'argent, au hault de laquelle estoit l'image de sainct Yves.

Deux masses d'argent pour les soubs sacristes et bedeaux de ladicte église.

Deux grands encensoirs d'argent avec leurs chaînettes, navettes et cuilliers d'argent.

Six images et représentations de sainct Tugdual et de sainct Yves et de quelques miracles par eux faicts.

Deux pièces et fragments représentant les images des voeux faicts et rendus en ladicte église, deux d'iceux en forme de tours d'argent et l'autre en forme d'homme armé, monté sur un cheval, le tout d'argent avecq un écusson de plusieurs armes et alliances, quel présent et vœu disent lesdicts chanoines avoir esté autrefoys faict et envoyé à ladicte église par un roy de Cypre, délivré d'un grand péril de la guerre par l'intercession du glorieux sainct Yves.

Une lampe d'argent et quelques lames aussy d'argent restantes des couvertures des livres des épistre et évangile qui servaient au grand autel du chœur.

Plusieurs petites lames et fragments d'argent que lesdicts chanoines croyent estre les restes des mitres précieuses et autres joyaux qui estoient hors d'usage et que l'on conservait pour la rareté de l'antiquité en un estuy particulier dans ledict grand coffre bruslé.

Touttes lesquelles vases et joyaux d'argenterye, lorsqu'ils estoient entiers pesoient plus de trois cents marcs d'argent suivant le raport dudict inventaire cy devant à nous représenté par lesdicts sieurs chanoines et ayant faict peser lesdicts fragments et pièces restés de l'incendye, par maistre Jacques Fresné, orfèvre de ladicte ville, en présence desdicts sieurs chanoines et autres assistants, n'auroient esté trouvés peser que deux cents et un marcs d'argent, entre lesquels fragments et au dedans d'iceux, bien que nous ayons faict nettoyer et tirer les charbons qui y estoient, y sont encore demeurées quelques crasses et cendres, tellement que le poids dudict argent brullé ne se peult assurément estimer qu'après que le tout aura esté mieux nettoyé et espuré, et nous requérants lesdicts sieurs chanoines de faire estat d'une grande quantité d'actes, tant sur parchemin, veslin que papier partye en grand sacs liacés et séparées qu'ils nous ont dict avoir faict aporter de ladicte sacristye en ladicte chambre capitulaire, incontinent après lediet brullement, tous lesquels avons veu pour la plus grand part brulés, mouillés, fumés par la grande quantité d'eau que l'on voit aparemment avoir esté jettée dessus pour esteindre le feu, tellement que nous n'avons peu lire auchun desdicts actes en entier ny remarquer le sens et substance d'iceux estants collés tant par ladicte eau que par cire fondue des sceaux y estant attachés, et n'avons peu séparer lesdicts feuillets sans rupture d'iceux, ce que voyants avons remins ausdicts chanoines de les faire seicher, sy faire se pouvait, de nostre part n'en pouvant faire autre estat pour tirer auchune notice ny esclaircissement du contenu ausdicts actes, la perte desquels nous ont dict estre du tout irréparable par ce qu'ils contiennent les principaux droicts et plus antiens tiltres et enseignements concernants les revenus, franchises, immunités, honneurs, refuge et minihy du chapitre et de la fabrice de ladicte église cathédralle, de leur juridiction de Ploeguiel et Ploegrescant, et toutes les fondations faictes en ladicte église, mesme les tiltres concernant le don faict audict chapitre de ladicte seigneurye de Ploeguiel et Ploegrescant par le duc Jean cinquiesme, enterré en l'une des chapelles de ladicte église, pour la dotation d'une messe, qui se célèbre tous les jours en son intention en la chapelle dudict duc et générallement tout ce qu'ils avoient de plus importants tiltres et actes. De tout quoy nous avons rédigé nostre présent procès-verbal ledict jour et an que dessus, soubs nostre signe et ceux desdicts sieurs chanoines, dudict subsitud et desdicts assistants, Ainsy signé en la cède : Jean du Trévou, séneschal ; Guillaume Couppé, substitud ; Mathurin Lhostis, trésorier de Tréguier ; Bodener, scolastique ; André, vicaire ; Yves de Kersaliou ; René de Rosmar ; Thépault ; Chassé, sacriste ; F. Deryen ; Y. Guyomar ; Dagorn ; Audren, secrétaire dudict chapitre ; Jacque de Mousterou, alloué dudict Tréguier ; Baptiste Cadier ; Vincent de Rosmar ; Jacques Féger ; Françoys de Kermel ; Jacques Le Goff ; Le Bigot ; Le Roger ; Charles Le Goff ; Y. de Lisle ; Auroux ; Pierre Crechriou ; Jean Court ; P. Gaultier. Présent fust : Coudray ; Jacques Fresné, orfèvre ; Martin ; Guillou ; Guiziou ; Pigeon ; Y. Crechriou et Martin, adjoinct. MARTIN.

Compte de René de Rosmar, chargé de la vente de l'argenterie fondue et cassée lors de l'incendie.

Conte que noble missire René de Rosmar, chantre et chanoyne en l'église cathédralle de Tréguier, rend à messieurs du vénérable chapitre dudict Tréguier, de l'argenterie fondue et cassée, restée après l'incendie, arrivée dans le trésor de ladicte eglise, laquelle argenterie luy envoyée par mesdicts sieurs ledict de Rosmar receut dans Paris, le trentiesme jour d'octobre mil six centz trante quatre.

CHARGE :
En premier lieu ledict de Rosmar se charge du prix de cent quarante deux marcs moins deux onces de ladicte argenterie, laquelle il a vendu vingt et deux livres le marc qui valent trois mil cent dix huit livres dix sols tournois, cy ...... 3,118 l. 10 s.

Item se charge du prix de quatorze marcs d'argeant rafiné et mis en grenaille, à raison de vingt et trois livres le marc, qui font trois cents vingt et deux livres tournois, cy, ...... 322 l.

Plus pour le prix de six gros et demy et quatre grains d'or séparés desdicts quatorze marcs d'argeant rafiné, à raison de quarante et une livres quinze sols l'once, de la somme de soixante quinze livres dix sept sols tournois, cy ...... 75 l. 17 s.

Plus il y avoit sept onces deux gros et environ vingt et quatre grains d'or massif qui ont été vendus trente quatre livres l'once, qui valent deux cents quarante huit livres, cy ........ 248 l.

Somme toutte trois mil sept cents soixante quatre livres sept sols, cy ....... 3,764 l. 7 s.

Item se charge de la somme de deux cents quarente livres tournois receue dans Paris, au mois de décembre mil six cents trante cinc, par les mains du sieur de Querdérien Féger et des deniers du sieur de Quersaudy, chanoyne de Tréguier, par luy advancez pour mesdicts sieurs dudict chapitre, cy ....... 240 l.

Somme toutte de la charge se monte à la somme de 4,004 l. 7 s. tourn.

DESCHARGE :
Le quatrieme jour d'octobre mil six centz trante quatre ledict de Rosmar a livré au sieur Nicolas Loyr, maistre orfèvre à Paris, deux mil cinc cent six livres tournois, pour laquelle somme ledict Loir a livré les espèces d'argenterie qui suivent, cy ..... 2,506 l.

Scavoir : six chandeliers d'argeant blanca pied triangle, cizelés à teste d'anges, pesantz quarente trois marcs six onces, à raison de trante livres le marc, qui valent mil trois centz douze livres dix sols tournois, cy ......... 1,312 l. 10 s.

Deux encensoirs pesant dis marcs un once six gros, à vingt huit livres le marc, valent deux cents quatre vingt six livres deux sols six deniers tournois, cy ....... 286 l. 2 s. 6 den.

Un calice tout blanc, cizelé d'histoires, pesant cinc marcs trois onces cinc gros, à trante deux livres le marc, vaut cent soixante quatorze livres dis sols, cy ...... 174 l. 10 s.

Un soleil pour porter le saint sacrement, avec un calice et deux burettes d'argent, vermeil doré, cizelés d'histoires, pesant quatorze marcs sept onces et demie, à quarante livres le marc, valent cinc cents quatre vingt dix sept livres dis sols, cy ....... 597 l. 10 s.

Item un calice d'argent, vermeil doré, cizelé, pesant trois marcs deux onces et demie et quelque gros, a cousté cent trante cinc livres sept sols six deniers, cy ....... 135 l. 7 s. 6 den.

Plus le sieur des Ormeaux, autre orfèvre de Paris, a fourny les espèces d'argenterie qui suyvent, lesquelles ledict de Rosmar luy a payées.

En premier lieu, une croix d'argent blanc, à pied triangle, cizelé à testes d'anges avec un crucifix, pesant huit marcs deux onces un gros, à vingt neuf livres le marc, couste deux cents trante neuf livres quinze sols, cy ....... 239 l. 15 s.

Item deux chandeliers à pied rond, pesant neuf marcs trois onces six gros à vingt sept livres dix sols le mare, valent deux cents soixante livres sept sols, cy ...... 260 l. 7 s.

Les couvertures de deux missels éizelés, avec les effigies y représentées, pesantes huit marcs cinc onces sept gros, à trante deux livres le marc, coustent deux cents soixante dix neuf livres dix sols, cy ........ 279 l. 10 s.

Un bassin d'argeant pesant sine mars demy gros, à vingt quatre livres le marc, six vingts livres sine sols, cy ..... 120 l. 5 s.

Un ciboire vermeil doré, du pois de deux marcs un once et demie, à trante six livres le marc ; soixante seize livres quinze sois, cy ........ 76 l. 15 s.

Item un baston de baleine, garny d'argeant aux deux bouts et au milieu, comprins le port et l'avoir emballé, couste dix sept livres, cy ......... 17 l.

Une masse avec le baston d'argeant, pesante quatre marcs un once, à vingt huit livres le marc, couste centz quinze livres dix sols ......... 115 l. 10 s.

Somme toutte de l'argenterye receue et marchandise receue dudict sieur des Ormeaux et payée par ledict de Rosmar, se monte à mil cent neuf livres deux sols, cy .......... 1,109 l. 2 s.

Item, le vingt et troisiesme jour de may mil six cents trante cinc, ledict de Rosmar a délivré au sieur de Trofos Calloët, pour ledict procureur de la fabrice, la somme de six vingts douze livres neuf sols, suyvant la reconnoissance de luy signée, en datte dudict jour, présentement apparue et portant .......... 132 l. 9 s.

Item pour trois casses à mettre ladicte argenterie et pour les avoir fait emballer ....... 5 l.

Item pour avoir fait fondre et rafiner dix huit marcs d'argent venus et réduits à quatorze, cy devant mentionnés, dix neuf livres six sols, cy ....... 19 l. 6 s.

Pour avoir fait séparer et départir l'or qui estoit meslé avec ledict argeant a raison de trante cinc sols pour marc, a cousté pour les quatorze marcs vingt quatre livres dis sols, cy .......... 24 l. 10 s.

Donné au serviteur du rafineur ......... 5 s.

Deux missels en blanc, impression d'Anvers, coustent douze livres, cy ....... 12 l.

Pour faite laver, relier, dorer sur tranche et couvrir de bois lesdicts deux missels, a cousté quatre livres dis sols, cy ....... 4 l. 10 s.

En velour pour couvrir le dos desdicts missels a cousté cinquante cinc sols, cy ...... 2 l. 15 s.

Un estuit garny de cuir et doublé de revesche pour conserver le soleil à mettre le S. Sacrement, trois livres, cy ......... 3 l.

Pour le port des deux premières casses où estoyent la pluspart de ladicte argenterie de Paris à Rennes, et de Rennes à Tréguier, vingt cinc livres dix sols, cy ........... 25 l. 10 s.

Pour le port de l'arrest contre le recteur de Ploésal, renvoyé de Paris à Tréguier, avec le seau, payé au messager vingt quatre sols, cy ....... 1 l. 4. s.

Le diseptiesme janvier mil six cents trante six, j'ay payé au sieur Houyet, procureur au grand conseil, pour mesdicts sieurs du chapitre suivant mémoire et parties par luy fournies avec quittance au pied, vingt deux livres six sols, ladicte quittance présentement délivrée à mesdicts sieurs, cy ............ 22 l. 6 s.

Donné au clerc du dict Houyet, seize sols cy ........ 16 s.

Item au clerc du sieur de Lesseau, procureur au parlement, en retirant les sacs dudict de Lesseau de la procédure faitte audict parlement entre lesdicts sieurs du chapitre et le recteur de Ploésal, lesquels ont par cy devant mis en chapitre, donné seize sols, cy ........... 16 s.

Pour le port et embalage d'une casse ou estoit l'un des missels et un calice, payé quatre livres, cy ....... 4 l.

Pour le port et embalage des sacs de la procédure faitte contre le recteur de Ploésal, payé sept livres, cy .......... 7 l.

Ledict de Rosmar demande aussi descharge de la somme de dix sept livres quatorze pour compensation de pareille somme luy deue par mesdicts sieurs suivant acte capitulier du treiziesme jour de febvrier mil six cents trante quatre, en suite du conte par luy rendu des frais faits à Paris pour mesdicts sieurs à la poursuitte du procès contre le recteur de Ploésal, cy ............. 17 l. 14 s.

Somme des menus frais, deux cents quatre vingts trois livres un sol, cy ...... 283 l. 1 s.

Somme toutte de la descharge se monte à la somme de ........... 3,898 l. 3 s.

René DE ROSMAR, chantre de Tréguier.

Après que le présent compte a esté examiné en chapittre, tant en charge que descharge, a esté trouvée la charge se monter à la somme de quatre mille quattre livres sept sols tournois, et la descharge à la somme de trois mille huit cents quattre vingts dix huict livres trois sols tournois, sauff erreur au gist et calcul, partant la charge excède la descharge de la somme de cent six livres quattre sols tournois, laquelle somme est demeurée audict sieur chantre en déduction de partie des frais du voiage qu'il a fait pour Messieurs de ce chapittre aux derniers Estats tenus en la villes de Nantes, comme il est plus amplement rapporté par acte capitulaire de ce jour. Fait audict chapitre le vingtiesrne jour de mars mil six cents trente et sept. NOEL, Ev. de Tréguier.

Lettres et récépissé mentionnant des dons de reliques de saint Yves.

A Monsieur, Monsieur l'Evescque de Lantréguier.
MONSIEUR,
Ne pouvant d'ailleurs satisfaire à l'instante prière que plusieurs gens d'honneur, ecclésiasticques et aultres de Bretaigne, résidans à présent en ceste ville, nous ont souvent faict de leur procurer des reliques de sainct Yves, à qui leur église nationale est dédiée, nous recourons à vous, priant en leur nom et au nostre, qu'il vous plaise leur faire part de ce grand thrésor que vous possédez. La demande semble très juste, attendu que le Sainct Siège a honoré ce sainct, et recogneu l'obéissance de toutte la nation, leur assignant l'une des églises parrochiale, de Rome, qui jusques ici a esté tenue en tel respect, que le jour et feste de sainct Yves, Messieurs les cardinaulx, les auditeurs de Rote, et avvocats consitoriaulx s'assemblent pour y oüir la grande messe et l'oraison qui se faict chascun an en sa louange, et sans parler du concours du peuple, Dieu la favorisant par diverses grâces qu'il a faictes à l'intercession dudict sainct. L'effet que nous nous promettons de vostre courtoisie, accroistra ceste dévotion, conservera la mémoire de la piété des Bretons et nous obligera de plus en plus à embrasser les occasions qui se présenteront de vous servir et cognoistre que nous sommes, Monsieur, vos bien humbles et très affectionnés serviteurs,
E. D..... , recteur. P. JENNET, recteur.
Tristan LAMOUREUX, trésorier des églises de Saint-Louis et de Saint-Yves.
DE SILVAN, syndic desdites églises.
THOMAS V......, visitator ecclesie sancti Yvonis.
A Rome, ce 29 Aoust 1634.

A Messieurs, Messieurs du chapitre de la cathédrale de Tréguier.
MESSIEURS,
Ne pouvant assez vous tesmoigner le ressentiment que j'ay des faveurs qu'il vous a pleu faire à vostre église nationnale de S. Ives de Rome, la décorant d'une sienne saincte relique, il me suffira vous asseurer que ainsi que je partage ce bonheur avec messieurs de la congrégation de S. Louys de Rome, de mesme avec eux je vous en ay une éternelle obligation ; et comme curé de ladicte église de S. Ives, je vous en remercie très affectueusement, vous addressant celles de messieurs de la susdicte congrégation, aux mesmes fins, lesquelles aussi vous serviront pour ma décharge, et du sieur Bocou qui m'adressa la saincte relique de S. Ives, et moy la présentay a mesdicts sieurs de la susdicte congrégation ainsi qu'ils vous en font foy par leur lettres expresses que je vous en envoye, dont je vous supplie n'en blasmer pas le retardement, n'estant causé d'aucunne ingratitude ou nonchalance, mais du désir qu'ils avoyent de vous servir en l'obtention de l'indulgence perpétuelle que vous leur demandiez pour vostre église cathédrale avec la production d'un procès verbal de l'incendie de vostre sacristie et papiers de vostre dicte église ; toutes faveurs et patience qu'ils ont peu y apporter, ils n'ont peu l'obtenir que pour dix ans, ainsi que vous en receverez le bref exprès de Sa Saincteté cy enclos, lequel il vous plaira aggréer de leur part, vous asseurant que si vous nous envoyez quelques notes et mémoires du temps, ou du Pape qui vous accorda ceste indulgence plénière perpétuelle, nous nous y efforcerons de vous y servir et effectuer vos volontés. En la réception de la susdicte saincte relique, nous nous sommes infiniment consolés. Toutes fois la quantité d'icelle estant si petite quelle ne passe pas la grandeur de l'ongle, nous nous sommes aussi un peu mortifiés de ne pouvoir honnorer d'une partie plus insigne votre église nationnale proportionnément au lieu où elle est, qui est la ville capitale du monde, ce qui eust accreu davantage la dévotion du peuple, la gloire du sainct et l'honneur de la nation.

Ce néantmoins vous asseurant que nous l'honnorerons de tout vostre possible, vous en demeurant, avec messieurs de la susdicte congrégation, infiniment redebvable, je rechercheray sans cesse les occasions de vous tesmoigner que je seray toute ma vie, Messieurs, vostre très humble et très obligé serviteur.
Pierre CHEVET, curé de S. Yves de Rome.

De Rome, ce 25 mars 1637.

Soubsigné, messire Jan Baptiste de Kerguesay, seigneur du Kerhuel, congnois avoir esté saisy par monseigneur le révérend esvesque et messieurs du vénérable chapitre de Triguer, d'une boëtte d'argent, envelopée d'un taffetas vert, cachetté des armes desdicts seigneurs evesque et chapitre, en laquelle boëtte est contenue une partie des reliques du bien heureux saint Ives, pour estre rendue à Sa Majesté très chrétienne. Ce que je promets faire en bonne foy. Faict à Triguer, le septiesme jour de apvril, an mil six cents trente et neuf.
Jan Baptiste DE KERGUESAY DU KERHUEL.

 

IV - Pièces relatives à la chapelle de Saint-Yves de Kermartin.

Extraits des délibérations du chapitre de Tréguier, de 1500 à 1516.

Lune XVIII januarii anno Domini millesimo quingentesimo.

Presentibus cantore, scolastico, H. Loz, Pictoris, Dresnay, Penancoat, Moel et Tnouguindi.

Dicti scolasticus et Dresnay, commissi ad videndum opus ligneum per Girardum Dru in capella beati Yvonis apud Kermartin constructum ; et eorum relatione habebit peccunias.

Veneris XXII januarii (eodern anno).

Presentibus scolastico, Loz, Pictoris, Dresnay, Penancoat, Moel, Tnoulong et Tnouguindi.

Mandatum magistro Jo. Nigri, gubernatori de Kermartin, tradere Girardo Dru predicto XX libras, et valebit sibi in suis computis.

Veneris XXI apprillis anno Domini millesimo quingentesimo tercio.

Presentibus Reverendo in Christo patre domino episcopo, cantore, scolastico, Dresnay, Penancoat, Tnoulong, Guicaznou, C. Keraudren et Tnouguindi.

Mandatum magistro Johanni Nigri, preshytero, gubernatori capelle beati Yvonis apud Kermartin, procurare fieri de novo unum pavimentum lapideum inter civitatem Trecorensem et dictam capellam de Kermartin. Et faciat misias usque ad quin-quaginta libras.
Paganum DECOLLE.

Fol. 69 verso :
Veneris XVIII junii, anno Domini millesimo quengentesimo VII°.

Presentibus G. du Kermagoer, Guicazno. G. Baud, Tnouguindi, Cri. Carre, Jo. Loz et P. Lagadec.

Magister Johannes Nigri, gubernator capelle beati Yvonis, fuit licenciatus ad fabricandum ymaginem beati Yvonis de novo in dicta capellania apud Kermartin.

Fol. 71 verso :
Veneris XXIII julii anno Domini millesimo quingentesimo VII°.

Mandatum magistro Jo. Nigri, gubernatori de Kermartin, reparare turrim et capellam juxta tenorem relacionis operariorum. P. D.

Fol. 86 verso :
Veneris XV junii, anno 1509.
Presentibus Guicaznou, Tnouguindy, Loz, Lagadec, de Haya et Kaergnech.

Faciat gubernator capelle beati Yvonis de Villa Martini pavimentum circa dictam capellam.

Fol. 100 recto :
Lune sequentis (5 mai 1511) [Note : La délibération précédente est du dimanche 4 mai 1511 ; étaient présents Guicaznou, Loz, Quemper, Kernech, de Haya et Keroullas].
Presentibus prefatis dominis. Magister Y. Campion, gubernator de Kermartin, habuit sex lapides preciosos, vocatos doublets, collocandos in quodam reliquiario argenteo, noviter per eumdem Le Camplon pro eadem capella fabricato.

Fol. 114 verso :
Mardi XIIIIème de décembre l'an surdit (1512), arriva Monseigneur Anthoine, à Kermarzin [Note : Antoine de Grignaulx, évêque de Tréguier, par suite de contestations avec son chapitre, séjourna l'espace de neuf mois à Kermartin et ne fit son entrée solennelle dans sa ville épiscopale que le dimanche 16 octobre 1513].

Fol. 115 recto :
Mercurii decima quinta decembris, anno 1512.

Liber cantus pulcherrimus, continens missas et quamplura divina officia, donatus per D. Anthonium Grignaulx, episcopum, die esterna apud Kermartin existentem, et capitulariter presentatus, quem receperunt domini cum gratiarum actione et quem dederunt in custodiam M. O. Discord, magistro psallete.

Mandatum pro curatori fabrice reperire instrumenta pastoralia ac quamplura alia ornamenta pro domino episcopo Trecorensi, pro ordinibus faciendis apud Kermartin.

Eadem die. — Sacrista deputatus ad eligendum libros de choro, ad faciundum et decantandum divinum officium coram domino episcopo, apud Kermartin, pro festo Nativitatis Domini proxime venturo.

Fol. 142 verso :
Lune XX sexta maii anno suprascripto (1516).
Presentibus scolastico, Guicaznou, Kergnech, Kerroullas et Begaignon.

Extitit eciam mandatum magistro Yvoni Le Campion, gubernatori capelle Beati Yvonis de Kermarzin, fieri facere et adimplere pavimenta inter hanc civitatem et predictam capellam in locis indigentibus.

Procès verbal de l'état de la chapelle de Saint-Yves de Kermartin en 1601.
Amaury Jascob, conseiller du Roy et son séneschal en Tréguier, au siège de Lannyon, sçavoir faisons que le premier jour de septembre mil six centz ung, nous aurions décerné nostre commission aux vénérables chanoines du chappitre de Tréguier pour et à leur requeste faire appeller par devant nous, au lundy et mardy dix septiesme et dix huictiesme jours dudict mois de septembre, à heure de neuff heures du matin, en l'auditoire de la ville de Lantréguier, escuyer Jacques Le Sainct et damoyselle Vincente de Quélen, sa compaigne, sieur et dame de Traouangoaz, Loguevel, Kermartin, etc., pour et aux fins de la commission esmanée de la court et siège présidial de Rennes, du vingt et septiesme jour de juillet dernier, signée Henry, à nous entre aultres adressée, veoir vacquer aux preuves y jugés entre partyes et condescendre sur les lieux contentieux pour en faire estat et procès verbal suivant laquelle assignation serions ledict jour de lundy dix septiesme dudict mois de septembre, acheminés de la ville de Lannyon, où pour l'exercice de nostre charge faisons nostre plus continuelle résidence, jusques à ladicte ville de Lantréguier, distante dudict Lannyon d'environ quattre lieues, où nous estantz rendus sur les dix heures du matin dudict jour, et prins pour adjoinct maistre Pierre Le Gualès, commis au greffe de nostredicte jurisdiction et de luy prins le serment en tel cas recquis, serions condescendu en l'auditoyre dudict Lantréguier où auroinct comparus par devant nous nobles et vénérables missires Nicollas de Tnougoff, recteur de Bourbriac, et Phelippes du Hallegoët, sieur de Kerscaou, chanoines dudict Tréguier, et maistre Louys de Kermel, leur advocat et procureur, lesquels nous auroinct remonstré avoir suivant ladicte commission émanée dudict siège et la nostre, faict assigner lesdicts sieur et dame de Traouangoaz par devant nous, à ce jour, lyeu et heure, en production de tesmoings et pour veoir faire estat et procès verbal de la chapelle contentieuse entre partyes, recquérant en estre faict appel, ce que aiant esté ordonné auroict audict appel comparu escuyer François Le Sainct, sieur du Plesseix, leur fils, se portant leur procureur, lequel s'expédiant par maistre Gilles Le Bugalle, son advocat, nous auroict remonstré ledict sieur de Traouangoaz, son père, estre absent de la province, mesmes avant la signiffication de la présante assignation, recquérant qu'il eust tardé de l'exécution de nostre commission jusques à son retour, ce que aiant ledict de Kermel oudict nom empesché, aurions ordonné que nous passerions outre à l'exécution de ladicte commission, de quoy ledict Le Sainct a protesté de grieff et d'en appeler, dont luy aurions décerné acte ; et sur ce auroict ledict de Kermel oudict nom, produict à tesmoigns vers et en présance dudict Le Sainct et oudict nom, missive Rolland Le Roux, recteur du Minihy, Guillaume Le Roux, Pierre Jergon, noble Pierres Goezbriant et damoyselle Francoyse Crestien, lesquels jurés par leurs serments et ledict prebstre par ses sainctes ordres, nous ont promis dire la verité estantz par nous interrogés, ce que aurions reservé de faire, passé de la descente sur les lieux de ladicte chappelle, et décerné acte de ladicte jurée et de la protestation dudict Le Sainct oudict nom de reprocher lesdicts tesmoings et de ce que il auroict en l'endroict assigné lesdicts chanoines et ledict de Kermel, leur procureur, de comparoir par devant nous audict auditoyre, au mercredy vingt et sixiesme jour dudict mois de septembre, à pareille heure de neuff heures du matin, pour voir, pendant le délay d'informer d'entre partyes ausy produire tesmoings de sa part ; et le recquérant ledict de Kermel oudict nom, aurions suivant nostredicte commission reservé de condescendre sur les lieux de la chapelle de monsieur de sainct Yves, dont est cas entre partyes, pour en faire estat et procès verbal à deux heures de l'apprès midy dudict jour, à laquelle heure à ledict de Kermel, oudict nom, assigné lesdicts sieur et dame de Traouangoaz, de se trouver, si bon leur semble, en la personne dudict Le Sainct, leur filz ; de quoy nous avons aussi decerné acte. Et advenu lesdictes deux heures de l'après-midy dudict jour, serions avec nostredict adjoint, acheminés de ladicte ville de Lantréguier, sur les lieux de ladicte chappelle de monsieur sainct Yves, estant assisté desdicts de Tnougoff et du Hallegoët, chanoines, et dudict de Kermel, leur advocat et procureur, et aussy dudict François Le Sainct, sieur du Plesseix et du dict Le Bugalle, son advocat. Et y allant, avons remarqué que le pavé conduist depuis ladicte ville de Lantréguier jusques à icelle chappelle, laquelle est fort près de ladicte ville de Lantréguier et sittuée au bout d'une grande place et franchise d'environ ung grand journal de terre, plantée de deux costés de belles et anciennes rabines, et environnée, à main gauche comme l'on vient du manoir de Kermartin à icelle chappelle, de terres du lyeu noble de Crechmartin ; et de l'autre costé des terres des dépendances dudict manoir de Kermartin et de la maison de ladicte chappelennie, et joignant le bout suzain de ladicte chappelle à une maison couverte de genestz, fors le travers du chemin quy est entre deux, que maistre Guillaume Michel, paintre, sur ce présant et par nous appellé d'office, nous a dict estre ausy du domaine de ladicte chapelle et de fondation de la maison de Kerrouzaut Kerhir, en laquelle ledict sieur du Plesseix a dict avoir esté maryée une fille de ladicte maison de Kermartin, et dépendre ausy icelle fondation de ladicte maison de Kermartin, ce que ledict de Kermel, oudict nom, a contesté ; et aiant, en la présence desdictes partyes, visité ladicte chapelle, avons veu qu'elle est somtueusernent construicte et toutte battie de taille au dehors et couverte d'ardoyses, et le sommet de plomb, avec ung grand clocher ausy batty de taille, au hoult souzain de ladicte chappelle où est la principalle porte d'icelle, respondant droict sur ladicte issue. Et aux deux costés de ladicte chappelle sont, outre, deux autres grandes portes, vis à vis l'une de l'autre. Et estants entrés en ladicte chappelle pour icelle visiter par le dedans, avons trouvé le coeur estre fermé d'une belle et antienne clotture de boys, et y avoir ung écusson au dessus de la porte de l'entrée, engravé au boys d'une croix engrelée avec quatre aigles à deux testes, que ledict Michel nous a dict estre les pleines armes de ladicte maison de Kermartin, et au dessus d'icelle clotture, avons veu ung crucefix et plusieurs images. Et estantz audict cœur, avons trouvé iceluy contenir de long dix huict piedz ou environ, et vingt et troys piedz de travers ; et qu'il est pavé de pierre platte carée, sans pierre tumballe en aucun endroict dudict cœur. Et avons remarqué que, entour ledict cœur, sont deux vieux bancz dossiers de bois de chesne, l'un du costé de l'évangile, contenant quatorze piedz et demy de long et ung pied et troys doigts, de laize, au hault duquel y a en pareil ung écusson, engravé au boys, desdictes armes de Kermartin ; et l'autre banc du costé de l'épittre, contenant de long quinze piedz et de largeur un pied et deux doigts. Et est ledict cœur fort petit, et n'y a que un grand et maistre autel ; et contre ledict banc dossier, du conté de l'évangile et jouxte le marchepied, avons veu ung acoudouër neuff, de bois de chesne, de troys pieds de long et autant de laize et de hauteur ; et sur ledict marchepied, au dessus dudict acoudouër, une grande fausse chasse de boys, contenant environ cinq piedz et demy de longueur, deux piedz de laize et trois piedz de hauteur ; lesquelles chasse et acoudouër ledict de Kermel oudict nom, nous a dict empescher les chanoines et suppostz de ladicte église de s'assoir sur ledict banc dossier, comme ils avoinct accoustumé pour célébrer le service divin, par estre lesdictz acoudouër et fausse chasse contre ledict banc, et ne rester de placze vidde dudict banc que environ quatre piedz de long, comme avons vu. A quoy ledict Le Sainct a respondu que ledict acoudouër n'empesche que on ne puisse s'assoir sur ledict banc, et que on n'a rien innové audict cœur, et que ses prédécesseurs, sieurs de Loguevel et de Kermartin, y avoinct les mêmes droicts, que ledict de Kermel oudict nom à contesté, dont leur avons décerné acte, et outre remarqué que, au dessoubz du grand autel, contre le marchepied, y a un grand coffre au devant de la porte de l'entrée dudict cœur, contenant cinq piedz de long et deux piedz de travers, où l'on met les ornementz de ladicte chappelle. Et au-dessus dudict grand autel, audict coeur, avons veu qu'il y a troys grandes vittres en lenterne, où sont plusieurs armoiries, et nous a esté montré par ledict Le Sainct, en la principale vittre du millyeu, troys petitz écussons coste à coste, au haut de ladicte vittre, en endroict du mictant, qui sont, sçavoir : l'écusson plus hault, bruslé d'argent et de gueule de dix pièczes des armes de Loguevel et de Quélen en alliancze avec les armes de ladicte maison de Kermartin, et celluy du millyeu, des mêmes armes en escartelé, avec pareil blason ; et le troysième, en alliancze avec lesdictes armes de Kermartin, Du Poirier et Charruel, comme nous ont dict lesdiscts Le Sainct et Michel, et au dessoubz, environ le mictant de ladicte grande vittre, y a un écusson à part des pleines armes de ladicte maison de Kermartin quy sont une croix greslée avec quatre aigles à deux testes de sable en champ d'or ; et au bas de ladicte vittre, sont deux représentations d'un gentilhomme et d'une damoiselle, où sont lesdictes armes de Loguevel et de Kermartin en alliance, tant en l'armure du gentilhomme, que desoubz ladicte représentation ; et en la représentation de ladicte damoyselle, sont lesdictes armes de Loguevel, en alliance avec lesdictes armes de Kermartin et Du Menné. Et a costé desdictz troys écussons, en ladicte grand vittre, nous a esté monstré, et avons veu du costé de l'évangile deux écussons des armes du cardinal de Coattivi et de Plouec, evecques esté dudict Lantréguier. Et du costé de l'épittre, troys autres écussons, deux desdictes armes de Plouec et ung desdictes armes de Coattivi, au rapport dudict Michel, et au sommet de ladicte grand vittre, y a un écusson d'ermisnes et, aux deux costés, deux mittres et une crosse, sans armes, et n'avons ausy veus en ladicte grand vittre, que les susdictes armes. Et aux deux autres vittres estants à costé, sont plusieurs aultres armes de gentils hommes, et entre aultres des maisons de Boiséon, Coattreven et Cheff du Boys, comme nous a rapporté ledict Michel. Et à la sortie dudict cœur, avons remarqué qu'il y a deux autels de pierre contre ladicte clotture, l'un non armoyé, à main gauche, et l'autre, à main droicte, armoyé des armes de la maison de Kermoisan, avec une grand vittre en l'endroict de checun autel et plusieurs armes esdictes vittres, sçavoir en ladicte vittre, à main gauche, deux écussons des armes de la maison de Crechmartin en juvigneurie de ladicte maison de Kermartin, et troys écussons des allianczes de ladicte maison de Crechmartin ; et ung vieil acoudouër au dessoubz et plus bas que ladicte vittre, contenant quattre piedz de long et deux piedz et demy de travers ; et une tumbe au devant, armoyée des armes de ladicte maison de Crechmartin, de laquelle dépendent lesdictes préminanczes, comme nous a dict ieelluy Michel, et en l'autre vittre, vis à vis, et en une autre du mesme costé qui est près du chantereau de ladicte chappelle, sont les armes des maisons de Kermoisan, Kerbinçon, Kergolleau et autres, comme nous a ausy rapporté ledict Michel. Et aiant faict mesurer ladicte chappelle depuis le cœur jusques au portal du clocher, avons trouvé icelle contenir de long quarante cinq piedz, et vingt et deux et demy de laize ; et nous a esté monstré et avons veu en la voulte au dessus de l'entrée dudict cœur, au second arc d'icelle voulte, un écusson des plaines armes de ladicte maison de Kermartin, et une pierre tumballe, armoyée de mesmes armes, contre le benettouër, comme l'on entre en ladicte chappelle, du costé de la maison de ladicte chappellennie ; et au dessus de ladicte porte et de celle quy est de l'autre costé, vis à vis, nous a esté monstré deux écussons effaczés, où estoinct painctes antiennement les armes de Loguevel et de Kermartin en alliance, comme nous ont rapporté lesdicts Le Sainct et Michel ; et au chantereau de ladicte chappelle quy est au bas d'icelle, contre ledict portal des cloches, nous a esté ausy monstré les plaines armes de ladicte maison de Kermartin, engravé au boys dudict chantereau, et ausy lesdictes plaines armes de ladicte maison de Kermartin, en la vittre dudict portal, sans autres armes. Et au paroy, contre ledict chantereau, à main gauche, comme l'on entre en ladicte chappelle par ledict portal, avons veu un escriteau en latin, de vieille escripture, que lesdictes partyes ont esté à ung estre le testament dudict feu sieur de sainct Yves, duquel y aiant plusieurs mots effacés audict paroy, et ne pouvant que deficilement estre leuz, nous auroict en l'endroict ledict Kermel, oudict nom, apparu ung autant dudict testament, inséré en ung procès verbal faict par maistre Yves du Mousterou, sieur de Kerguyomar, séneschal esté des Regaires de Lantréguier, du cinquiesme jour de novembre mil cinq cents soixante dix sept, signé Yves du Mousterou et P. Feger, lequel ayant esté collationné avecq ce qui est escript audict paroys, avons leu et trouvé ledict testament en la mesme forme qu'il est inséré audict procès verbal, fors les mots quy en suivent, quy sont effaczés en divers endroicts audict paroy et ne se peuvent lire, sçavoir : Ego, Yvo, Cristy, ejus, Minihy, juxta, adjacente, sita, infra, Miniham, nonobstante, municipali, tunc, vivente, mihi, prestante, super, hoc criminali, prout, nunc, ejus, pro cultu, divino, hic, in perpetuum, et pour informer des signes dudict Mousterou et Feger, apposés audict procès verbal, a ledict de Kermel oudict nom, en l'endroict, produict à tesmoings lesdicts Bugalle, Michel et Pierre Goezbriant, sur ce présantz, lesquels jurés par leurs serments dire vérité, sommairement et séparément interrogés, ont, à l'apparution leur faicte dudict procès verbal, dict cognoistre par comparaison de lettres les signes dudict Yves du Mousterou, séneschal lors des Regaires dudict Lantréguier, et de maistre Pierres Feger notaire de ladicte jurisdiction y apposés ; duquel procès verbal, avons adjugé transumpt audict de Kermel, oudict nom le recquérant, et coppye audict Le Sainct. Et ne nous aiantz esté monstré ny veu autres armes ny intersignes de noblesse au dedans de ladicte chappelle, nous serions retirés hors d'icelle par ledict portal des cloches, principalle porte de ladicte chappelle, au dessus de laquelle en la pierre par dehors, nous a esté ausy monstré et avons veu, élevé en bocze et timbre, les pleines armes de ladicte maison de Kermartin avec une devise au dessus, contenant ces mots : A toutz ditz ; et deux vieux écussons des deux costés, painctz en la muraille, des armes de Loguevel et de Kermartin en alliancze, et au plomb quy est au dessus de la couverture de ladicte chappelle, environ le milieu d'icelle, avons ausy veu et nous a esté monstré, ung écusson de checun costé en bocze et timbre desdictes armes de Loguevel et de Kermartin en alliancze, et nous a ausy ledict de Kermel, oudict nom, monstré un écusson en bocze, en la pierre dehors ladicte chappelle, au dessus de la vittre quy est jouxte la principalle vittre de ladicte chappelle, du costé de l'évangile, que ledict Michel nous a dict estre les armes de ladicte maison de Cheff du Boys. Et n'aiant ausy trouvé autres marques ny intersignes au dehors de ladicte chappelle, nous serions avecq nostredict adjoinct en présance desdictes partyes condescendus en une petite chappelle, distante du portal de ladicte grand chappelle d'environ dix sept piedz, estante sur quattre arcz ouvertz, contenante de long dix sept piedz et sept piedz et demy de travers, où y a un autel seulement, et au dessus une vittre où sont plussieurs armes des maisons de Kermartin, de Loguevel, de Traouangoaz et d'Assigné, comme lesdictes partyes ont estés à ung, et icelles avoir esté renouvellées puis les troys ans derniers ; et au deux costés de ladicte vittre, sont deux écussons effaczés, comme aussy deux autres écussons estants au dessus desdicts arcz ; et au milieu de ladicte chappelle, y a une tumbe enlevée et en bocze la représentation de mondict sieur sainct Yves, et par le dehors de ladicte chappelle, nous a ledict de Kermel monstré deux écussons en bocze des armes de l'évesque du Chastel, et une crosse à travers, l'un au pignon du boult suzain de ladicte chappelle et l'autre au dessus de l'arc comme l'on entre en icelle, du costé de ladicte grande chappelle. Et à la recqueste dudict Le Sainct, serions ausy condescendu jusques à la maison de ladicte chappellenie, distante de ladicte grande chappelle de trante piedz seulement, et nous a esté monstré, au dessus de la grande porte de la court de ladicte maison, ung écusson en bocze en la pierre des pleines armes de ladicte maison de Kermartin ; et au dessus de la petitte porte, les armes de maistre Yves Nigry, quy auroict esté chappellain de ladicte chappellenie, comme nous a dict ledict Michel. Et nous auroict ledict Kermel oudict nom, en l'endroict, remonstré que les armoiries quy sont ès dictes ehappelles et maisons, mesmes desdicts sieurs de Kermartin et de Loguevel, est par la concession desdicts sieurs du chappitre, et en commémoration dudict sieur sainct Yves, à l'honneur duquel et de la Vierge Marye, les dictes chappelles auroinct esté dédiées et consacrées. Ce que ledict Le Sainct a contesté et maintenu que sesdicts prédécesseurs y ont leursdictes armes et intersignes de noblesse de tout temps inmémorial, et non de concession mais de droict de fondation par avoir esté ladicte chappelle battye et construicte en sa terre des dépendances dudict manoir de Kermartin, et par ledict sieur de sainct Yves, qui en estoict juvigneur. De quoy nous avons décerné acte ausdictes partyes, et de ce que ledict Le Sainct, oudict nom, a ausy, en l'endroict, assigné ledict de Kermel, oudict nom, comparoir par devant nous au lendemain, audict auditoyre de Lantréguier, à heure de midy, pour voer condescendre sur les lieux d'autre chappelle dépendante de ladicte maison de Kermartin, sittuée en l'église cathédralle dudict Lantréguier, pour estre par nous faict procès verbal de l'estat d'icelle et des préminanczes et intersignes de noblesse y estants ; de laquelle assignation ledict de Kermel, oudict nom, a protesté de nullité, disant qu'il n'y avoict commission pour cest effect, dont leur avons ausy décerné acte ; et par ce estoict tard, nous serions retiré à nostre logeix, audit Lantréguier. Et ledict lendemain aient vacqué à l'audityon de partye des tesmoings, faits jurer par lesdicts sieurs du chappitre, serions à la recqueste dudict Le Sainct condescendu avec nostredict adjoinct audict auditoyre, et faict faire appel desdicts sieurs du chappitre et dudict de Kermel, oudict nom ; lesquels, apprès information sommaire faicte l'heure de midy dudict jour estre sonnée et passée par les atestations de missire Baptiste Le Chevoir, sieur de Sainct-Louys, et Guillaume Michel, présants de leurs personnes, quy l'auroinct ainsy atesté par leur serment, aurions par n'avoir lesdicts sieurs du chappitre ny ledict de Kermel, leur procureur, comparu audict appel, iceux jugés deffaillantz et par le proffilt réservé de condescendre sur les lieux de ladicte chappelle, pour en faire estat et procès verbal à valloir et servir audict Le Sainct comme il appartiendra. Et nous estant en l'endroict acheminés, avecq nostredict adjoinct, à ladicte église cathédralle de Lantréguier, estant asisté dudict Le Sainct et dudict maistre Guillaume Michel, painctre, nous auroict iceluy Le Sainct monstré une chappelle du costé de l'oriant, estant au dessus du grand autel de ladicte église cathédralle, au boult suzain, au rang des chappelles quy cernent le cœur de ladicte église, laquelle chappelle ledict Michel nous a dict s'appeler vulgairement la chappelle de Nostre Dame de Recouvrance, où y a un immage de ladicte effigie de Nostre Dame, avec troys grandes vittres en lanterne au dessus de l'autel ausquelles sont seulement les armes antienes de Kermartin et de Loguevel, comme avons veu, et des maisons du Plesseix et Traouangoaz et de leurs allianczes, au rapport dudict Michel ; et, au dessoubz dudict autel, avons veu une tumbe où il y a en bocze l'effigie d'une damoyselle, dame esté de la maison de Kermartin, comme nous a dict icelluy Michel, et icelle tumbe armoyée de quattre écussons des armes plaines de Loguevel et de Kermartin, et en alliance des armes de Quélen et Le Menné, et d'autres de Loguevel et de Kermartin en alliancze ; et au dessus dudict autel avons veu un tableau auquel sont les armes de Loguevel en alliancze avecq d'autres armes quy sont à présent effaczées. Et nous a ledict Michel dict que antiennement il y avoict autour de ladicte chappelle une seinture armoyée des armes de ladicte maison de Kermartin et de ses allianczes, de laquelle se voit encore quelque marque d'environ ung pied, des deux costés, aux pilliers de ladicte chappelle, à l'entrée ; et mesmes en la blanchisseure d'icelle que on void avoir esté faicte résentement. Et nous a ledict Le Sainct monstré un écusson qui y est au hault de la voulte d'icelle chappelle estante ausy blanchye, auquel écusson ledict Michel nous a dict que, avant ladicte blanchisseure faicte puis les deux ans derniers, y estoinct painctes les armes pleines de ladicte maison de Kermartin. Et ce faict, nous serions retirés en notre logeix audict Lantréguier, pour parachever l'audition des tesmoings desdicts sieurs du chapitre. Et le lendemain aurions monsté à cheval et serions retirés, pour l'exercice de notre charge, audict Lannyon, duquel lieu aurions, suivant ladicte asignation donnée par ledict Le Sainct, oudict nom, auxdits sieurs du chappitre pour voer jurer et produire tesmoings de sa part, party le mercredy matin, vingt et sixiesme jour dudict mois de septembre mil six cents et un ; et estant rendu environ les dix heures du matin audict Lantréguier, nous seroict venu trouver ledict Le Sainct, à la recqueste duquel serions condescendus audict auditoyre de Lantréguier, aiant ledict Le Guallès, nostre adjoinct, et aiant faict faire appel desdicts sieurs du chappitre, auroinct comparu audict appel vénérables missives Guillaume Le Joliff, scolasticque, et Ollivier Coadallan, et Phelippes du Hallegoët, chanoines dudict chappittre, vers et en présance desquels ledict Le Sainct, oudict nom, auroict produict à tesmoign maistre Guillaume Michel, painctre, Bernardin Le Gros, Nicollas Gautier, noble Pierres Péan, sieur de Porzanlan, et Ollivier Hernidou, lesquels et checun présants et jurés, ont promis dire la vérité, lorsqu'ils seront par nous enquis ; de laquelle jurée nous avons décerné acte, et de la protestation desdicts Joliff, Coadallan et Hallegoët de reprocher lesdicts tesmoigns. Et, le recquérant ledict Le Sainct oudict nom, avons continué ladicte jurée à deux heures de l'apprès midy dudict jour, à laquelle heure il auroict assigné lesdicts chanoines en production d'autres tesmoigns. Et advenu lesdictes deux heures, nous serions derecheff condescendus audict auditoyre ; et apprès information sommaire faicte par les atestations de Nicollas Moignet et Ollivier Nicol ladicte heure de deux heures apprès midy estre sonnée et passée, quy l'auroinct par serment ainsy atesté, aurions, pour n'avoir à l'appel faict desdicts chanoines comparus ny aucun pour eux, iceux jugés deffaillantz et par le proffict auroict ledict Le Sainct produict à tesmoigns nobles homes Maudet de Larmor, sieur de Treveznou, escuyer, Yves Le Merdy, sieur de Lancivellien, Phellippes Potin, Amise Feullou, Katherine Coatquenquis et Janne Lascoarnec, lesquelz et checun, présantz de leurs personnes et jurés par leurs sermentz, ont promis dire la véritté lorsqu'ilz seront par nous enquis. De laquelle jurée avons ausy décerné acte et réservé d'ouyr lesdicts tesmoigns à la descence, ce que aurions faict tant ledict jour que le lendemain, et du tout rédigé nostre présant procès verbal soubz nostre signe et celuy de nostredict adjoinct et dudict Michel, painctre, lesdictz dix septiesme, dix huict, dix neuf, vignt et six, vignt et sept et vignt et huictiesme jours dudict mois de septembre mil six centz et ung.

Pour vériffication du procès verbal cy dessus, contenant vingt et ung, rôles d'escriture cestuy compris,
Amaury JASC0B, séneschal. G. MICHEL, P. GUALÈS, pour le Greffe.

Pour notre vacation de six jours, tant à la descence sur les lieux et dresser le présent procès verbal, que à l'audition des tesmoigns y mentionnés, dix huict escus, payables sçavoir ung tiers par lesdicts sieurs du chapitre et les deux partz par lesdicts sieur et dame de Traouangoaz.

Pour nostre adjoinct, vacation et escritures, douze escus.

Note relative aux armoiries peintes sur les vitres de la chapelle de Saint-Yves à Kermartin [Note : Au dos de cette pièce le chanoine Philibert Le Gendre a écrit : Notes inutiles mais curieuses de M. Sévin].

Il y a d'autres écussons que ceux de Kermartin. On y voit les armes des Ducs, des évesques de Plœuc et du Chastel au haut de la grande vitre, dans la rose, et de l'archidiacre de Nandillac, à une clef de voûte, telles qu'elles sont à la cathédrale, près l'autel Nostre-Dame de Pitié.

Dans les grands panneaux, au-dessous de la rose de la grande vitre, sont les ducs de Bretagne en représentation. Et, plus au bas de la vitre, sont les armes de Kermartin, sçavoir : une croix engreslée de sable, cantonnée de quatre aiglons.

La chapelle, comme elle est aujourd'huy, a esté bastie par les évesques et chanoines de Tréguier aprez la mort de saint Yves, pour quoy ils ont leurs armes aux endroits plus notables ; et on a mis les armes de la famille de sainct Yves à cause de la fondation avoit faite.

Les armes de Plœuc : chevronné d'ermine et de gueules de six pièces.

Les armes de Christophle du Chastel : fascé d'or et de gueules de six pièces.

Plus, aux autres vitres, il se remarque des armes de Chef du Bois et de Kerbouric.

Règlement pour les processions générales à la chapelle de Saint-Yyes (1614).

SONT les noms des parroesses subjectes de venir aux processions généralles lorsqu'ilz seront assignés à sainct Yves, pour assister à la procession de l'église cathédralle, et les rancz qu'un checun desd. processions doibvent tenir et mesmes ceulx quy portent les croix et banières desd. processions pour évitter au scandalle et trouble quy arrive souvent ausd. processions généralles.
1.. Les Cordelliers marchent les premiers en procession.
2. Et apprès Camlez.
3. Coatreven, apprès.
4. Tnouguerry.
5. Hengoat.
6. Peumerit-Jaudy.
7. Plouédaniel.
8. Pluemeur-Gaultier.
9. Penguenan.
10. Plougrescant.
11. Langoat.
12. Plouébihan.
13. Plouéguiel.
14. La Rochedéryen.
15. Trédarzec.
Donné en nostre manoir épiscopal, le 7 juin 1614.

De l'ordonnance de Monseigneur l'Evesque de Tréguier.
LE SAGE, secrétaire.

Le requérant, Monsieur le Procureur fiscal de la court du Réguaire de Tréguier, lecture et publicacion a esté, ce jour d'huy en jugement de lad. court, faicte du réglernent cy devant et de l'autre part, et ordonné qu'il sera banny et publié et observé entre les porte-croix et bannières des parrouesses y desnommées à painne de dix livres tournois d'amande contre checun contrevenant, et mesmes ordonné qu'il sera insinué au registre du greffe, et signiffyé par les sergents de ceste court à qui estre debvra. Faict de l'ordonnance de monsieur l'alloué de lad court, le samedy septiesme jour de juign mil six centz quatorze.
PRIMAIGNE, greffier.

Ordonnance synodale pour les processions générales (1681).

Extrait du synode tenu par Monseigneur l'évesque et conte de Tréguier, présents messieurs du vénérable chapitre de Tréguier, et les sieurs recteurs et autres bénéficiers de ce diocèze, en la chappelle épiscopale dud. Tréguier, le jeudy de la sepmaine de la Pentecoste, vingt et neuf de may mil six cents quatre vingt un.

Sur la remontrance, faite par M. le chantre et de la part du vénérable chapitre, que depuis quelques années les parroesses voisines de la cathédrale, contenues dans une ordonnance qu'il a représentée en l'endroit, en date du septiesme juin mil six cents quatorze, signée Le Sage, ont manqué de venir et assister processionellement avec le clergé et procession de la cathédrale, comme elles avoient accoustumé de faire de tout temps immémorial,

NOUS ordonnons aux paroesses voisines contenues dans lad. ordonnance du 7 juin 1614, d'assister processionnellement avec celle de la cathédrale aux festes de saint Yves, selon le rang et ordre contenu aud. roole, sous les peines y portées, et ordonné au greffier de nostre officialité de délivrer aux sieurs recteurs desd. paroesses, tant lad, ordonnance du 7 juin 1614 que celle de ce jour, à ce qu'ils n'en ignorent ; et à lundy prochain neuf heures du matin, lesd. paroesses sont convoquées dans lad. cathédrale, pour procéder à une procession générale aud. Saint Yves, afin d'obtenir de Dyeu la pluye nécessaire à tous les biens de la terre. Le registre signé : FRANÇOIS-IGNACE, Evesque de Tréguier.

Extraits des inventaires de la chapelle de Kermartin mentionnant le bréviaire de saint Yves.

Le bréviaire de saint Yves, conservé dans la chapelle de Kermartin, est mentionné ainsi qu'il suit clans les inventaires des ustensiles et ornements de cette chapelle, dressés de 1611 à 1718 et déposés aux archives du département :

1611. — Plus le bréviaire de monsieur sainct Yves, sur lequel il y a un crochet d'argent avec un estuict de boys.

1621. — Le bréviaire de monsieur saint Yves avec l'attache d'argent.

1634. — Le bréviaire de monsieur sainct Yves avec sa quaisse de boys. Le bras droict de monsieur sainct Yves garny et couvert d'argent.

1641. — Le bréviaire de sainct Yves et son anneau d'argent.

1657 et 1659. — Le bréviaire du glorieux sainct Yves avec sa boëte.

1668. — Le bréviaire du glorieux sainct Yves avec sa quaisse et un escusson d'argent sur la fermeture.

1670. — Le bréviaire du glorieux sainct Yves avec sa quaisse et un escusson d'argent sur la fermeture dud. bréviaire.

1718. — Le bréviaire du glorieux sainct Yves avec sa quaisse.

 

V - Emplacement du tombeau de saint Yves dans la cathédrale de Tréguier.

Délibérations capitulaires portant concession d'enfeus près du tombeau de saint Yves.

Veneris XXIIIème mensis februarii (1516) Presentibus episcopo, scolastico, Guicaznou, Loz, Kergnech, Begaignon, Quemper et Penet.

Domini voluerunt et consenserunt Y. Hallegoet, domicellus, posse uti et gaudere quadam tumba, seu sepulture loco, sibi per Jouhannam David liberata sitta in ecclesia Trecorensi ante tumbam beati Yvonis, inter tumbam Johannis Gueryn et tumbam heredis Petri Alliou.
(Délibér. capit. Reg. de 1500 à 1520, folio 133 verso).

Lune 24 novembris 1564. — Presentibus in capitulo, scholastico, Mousterou, Cadlen, Le Gras et Fluryot, canonicis ecclesie Trecorensis.

Concedunt, communi eorum assensu, predicto Baptiste Le Gras locum sepulture in dicta ecclesia, in media fornicis sive arcus existentis in superiore parte sepulchri beati Yvonis, qui quidem fornix est suffultus quatuor columnis, quarum due muniunt predictum sepulchrum beati Yvonis, tertia fortificat parietem altaris Ducis, quarta visum habens super introïtum chori, cure facultate imponendi lapidem tumbalem, sculpandi aut sculpi facere nomen et cognonem dicti Le Gras cum suis intersigniis. Et dictus Le Gras promisit se soluturum, singulis annis et in uno quoque anno, procuratori fabrice XX solidos monete usualis aut semel summam viginti librarum. Eciam intendunt dicti domini heredes dicti Le Gras gaudere ac potiri hujusmodi loco sepulture ut moris est.
(Délibér. capit. Reg. de 1559 à 1569, folio 38, verso).

(Archives des Côtes-du-Nord, série G. fonds de l'Evêché, du Chapitre et de l'Église cathédrale de Tréguier).

 

VI - Bréviaire manuscrit du Petit-Séminaire de Tréguier.

Le Manuscrit du Petit-Seminaire de Tréguier n'est pas un simple lectionnaire ; c'est un véritable bréviaire totum, comme nous le disons aujourd'hui, avec son calendrier et ses rubriques générales.

Il se compose d'abord du : Psalterium dispositum per hebdomadam, cum ordinario officio de tempore, finissant à complies. L'écriture de cette partie est extrêmement soignée ; il y a quelques renvois d'une autre main.

Vient ensuite le Proprium de tempore, commençant par le Sabbatum in adventu, avec l'hymne, Conditor alme siderum, jusqu'au samedi après la Pentecôte avec l'Oremus : Mentibus nostris, quœsumus qui finit, le temps pascal.

Après cela nous avons le Dimanche de la Trinité, avec l'antienne des premières vêpres, la fête de l'Eucharistie, et les autres fêtes et dimanches, jusqu'au 25e après la Pentecôte, où est donné l'évangile de la multiplication des pains.

Vient, après, le Proprium sanctorum, commençant à la fête de saint André, et contenant presque tous les autres saints du bréviaire romain. Le propriétaire du manuscrit a écrit le nom du mois, au haut de chaque page, jusqu'au mois de mai inclusivement. Nous arrivons ainsi au 19 mai, où se trouvent les neuf leçons de notre glorieux saint Yves, que nous avons relevées et qu'on lira plus loin.

L'écriture de ce manuscrit est assez belle ; ce sont les caractères gothiques du XIVème siècle, avec de nombreuses abréviations qui en rendent la lecture très difficile. Il y a aussi quelques fautes de copiste dont il faut tenir compte, par exemple dans ce passage de la vie de saint Yves, où il est dit que l'archidiacre Maurice l'appela auprès de lui, on lit : Quidam rhedonensis archidiaconus audiens eum, ad se vocantem ut esset suus sigillifer, je crois qu'il faut lire ad se vocavit, etc.

Nous voyons, dans ces leçons, la naissance de saint Yves de parents catholiques. (Les procès de canonisation insistent toujours sur ce point) ; ensuite son enfance pieuse, sa jeunesse studieuse et, savante : insignitus scientia utriusque juris ; puis, ce que nous n'avons vu nulle part ailleurs, que notre saint avait d'abord exercé les fonctions d'avocat à la Cour de Tréguier : Postquam advocationis ministerium in curia trecorensi exercuerat. C'est, de Tréguier qu'il fut appelé à Rennes où, dit la légende, il remplit les fonctions d'intendant auprès de l'archidiacre, en attendant qu'il fut appelé aux fonctions d'official, auprès de l'évêque de Tréguier.

Les autres leçons parlent de sa diligence â défendre la cause des pauvres, de son zèle à remplir son ministère paroissial, de son avancement dans la vertu, et du prestige qu'il exerçait sur les hommes de son temps ; de sa modestie, de ses mortifications, enfin de sa sainte mort, qui fut suivie de miracles éclatants, tellement nombreux, que celui-là seul qui connaît la quantité des étoiles qui brillent au ciel, pourrait les énumérer.

Enfin, nous arrivons au mois d'octobre. Le propriétaire du bréviaire a eu soin d'écrire au haut de la page, en écriture du XVIIème siècle : de Sancto Yvone. C'est le second office de saint Yves, dont nous relevons encore les neuf leçons.

Sous le règne de Philippe le Bel, roi de France et de Navarre, etc. Philippe, par son mariage avec Jeanne Ire, reine de Navarre, fut aussi le premier roi de France qui ait pris ce titre. Ces leçons disent que dans la campagne de Tréguier, in pago trecorensi, brilla un homme remarquable, appelé Yves de son prénom, et Hélory de son nom de famille. Le légendaire donne ces deux noms comme prédestinés, sans les expliquer cependant. Il parle ensuite des études de l'enfance de notre saint, dans lesquelles il dépassa tous les jeunes gens de son âge. Il fui envoyé aux écoles de Paris, où il brilla et fit de grands progrès : claruit et profecit.

Il revint dans son pays pour le faire profiter de ses lumières. Il y a là une petite pointe contre ceux qui veulent cacher les talents que Dieu leur a donnés. L'archidiacre de Rennes (il n'est pas nommé), ayant entendu parler de son savoir, l'appela pour être son intendant : suus sigiller, croyant qu'un tel homme vaudrait beaucoup pour le bénéfice de sa mense. Hélas, il se trompait ! Saint Yves consultait le bien spirituel de l'archidiacre d'abord, et plaçait son revenu là où les voleurs ni les vers ne peuvent l'atteindre, dans le sein des pauvres. Désappointé dans ses calculs, le pauvre archidiacre, qui était tant soit peu avare, ut pote avarus et cupidus, renvoya saint Yves pour prendre un autre intendant plus conforme à ses intérêts. Il fit cependant don d'un cheval à notre bienheureux pour regagner son pays. Les pauvres en profitèrent et saint Yves revint à pied.

Le légendaire consacre les deux dernières leçons à raconter, avec une certaine complaisance, et de longs détails l'hospitalité de saint Yves qui, ne s'étant pas aperçu qu'un pauvre avait passé la nuit à sa porte, alla le prendre pour le coucher dans son propre lit, pendant qu'il allait lui-même passer la nuit suivante à la place du pauvre. C'était pendant l'hiver : in brumali tempore.

Je passe les hymnes et les antiennes qui ont été reproduites dans l'Iconographie du regretté M. Gaultier du Mottay. Continuons la description de notre bréviaire. Nous arrivons à la fête de tous les Saints et à la Commémoration des Morts, puis nous trouvons un simple mémoire de saint Efflam : « Eufflamme qui ab infantia prima respuisti mundana gaudia, venerantes tua solemnia de præsentis vitæ miseriâ nos tecum duc ad cœlestia. V. Ora pro nobis Beat. Eufl. Oratio. Deus qui nos beati Euflami confessoris tui, annuâ solemnitate lætificas, concede propitius ; ut cujus natalitia colimus, ejus ad te exempla gradiamur P. C. D. N. et cœt. ut in confes. non episcopo. R. Euflamus hodie sociatus ad angelorum eximiam turmam, lætus intrat coelestia, accepturus æterna præmia. V. Justus ut palma ».

S'il s'agit ici de saint Efflam, princé d’Hibernie, c'est la première fois que se rencontre son office [Note : Aucun des Propres de Bretagne ne fait mention de ce saint. (Kerdanet, vie des Saint d’Albert Le Grand)].

Suivent les offices de.saint Martin et de saint Brice, archevêques de Tours, qui y sont très développés, puis celui de saint Maudez qui n'est pas dans le calendrier. Nous transcrirons cet office avec ses hymnes, saint Maudez, étant un des saints les plus populaires de notre pays, tellement qu'on l'appelle Maudez tout court sans le faire précéder du mot de saint. Le propre des Saints finit par l'office de sainte Geneviève.

Il y a ensuite un Commune sanctorum commençant par les Apôtres. Quelques feuillets sont lacérés, mais il y en a suffisamment pour prouver que c'est un bréviaire complet, autant, du moins, que c'était possible alors. Il y avait probablement à cette époque, des copistes qui transcrivaient les parties générales du bréviaire. Celui qui en faisait l'acquisition y ajoutait dans le calendrier et souvent dans le corps du volume, les offices de son diocèse. Voilà pourquoi il est difficile de savoir à quel diocèse appartenait celui que nous analysons. Le nom de M. de Kerhir est à la première page ; celui de Porzelan au verso et, à la fin le nom de Yves Leny. S'agit-il de Jean de Kerhir, abbé de Beaufort en 1376 ?. Cela nous expliquerait la grande étendue donnée à l'office de saint Maudez. On sait en effet que cette famille était originaire de Lanmodez, près Tréguier.

Ce bréviaire est un petit in-8°, pour me servir des termes usités de nos jours : les pages écrites sur deux cotonnes, ont à peu près dix-huit centimètres de long, sur douze de large. Les lettres sont onciales, écrites à l'encre noire, sans réglage. Les initiales sont des majuscules rouges ou bleues sans ornement, et le volume, assez gros, parait avoir été relié à neuf au siècle dernier. Les abréviations tironiennes s'y rencontrent à chaque ligne. Ces abréviations, qu'il ne faut pas confondre avec les notes tironiennes, ont existé jusque dans les premières années de l'imprimerie et rendent difficile la lecture de ces sortes d'ouvrage.

Leçons pour la fête de saint Yves au XIX mai.

I° L. — Gloriosus confessor Domini sanctus Yvo, in minori Britanniâ, Trecorensi diœcesi, à parentibus catholicis nobilibus que procreatus, ac suœ matri in sompnis futurus sanctus monstratus, in primevis suis temporibus fuit puer valde bonœ indolis, semper multum devote frequentans ecclesiam et attente misas audiens et sermones, ac studio litterarum insistens, et vitas seu legendas sanctorum curiose perlegens, eorum se obnixe imitatorem efficere satagebat.

II° L. — Processu que dierum fuit multâ dotatus sapientiâ, famosâ, prudentiâ insignitus utpote utriusque juris scilicet civilis scientia, et postmodum in theologiâ egregie litteratus, sicut exinde apparuit in foro curiarum, et in causis etiam animarum.

III° L. — Postquam namque advocationis ministerium justè quidem et sancte exercuerat in curiâ Trecorensi, postulans semper gratis, pro pauperibus ac personnis miserabilibus, et pro eis tuendis sese ultro et non rogatus exponens, tandem in curiâ, archidiaconi Rhedonensis primum, ac deindé in dictà curiâTrecorensi fuit officialis.

IV° L. — Cuncta autem quœ suo hujusmodi officio incumbebat fideliter ac laudabiliter peragebat, patriam hominibus malis purgans, oppressis prosubveniens, absque ullà, personnarum acceptione, cuique jus suum tribuens, lites abrevians et litigantes ad pacem et concordiam revocans et inducens.

V° Lect. — Assumptusque ad regimen animarum duas tenuit parochiales ecclesias successive noscitur habuisse bibliam et breviarium secum continuè deferebat, ac sanctus presbyter missam quasi quotidiè celebrabat. Et confessiones suorum parochianorum per se diligenter audiebat, infirmosque visitans et confortans, ac solerter in salutaribus instruens ac dirigens, eis corpus Domini ministrabat.

VI° Lect. — Et certè in omnibus ad commissam sibi duplicis gregis curam pertinentibus usquequaque ministerium dignè et debitè adimplebat, proficiebatque semper in melius, de virtute iens assiduè in virtutem, et placebat tam Deo quam hominibus, in tantum quod vix poterant homines ab ejus colloquio et consortio se separare. Mutabantur que semper sensus conspicientium propter ejusmodi amabilem et admirabilem sanctitatem.

VII° L. — Miræ quippe humilitatis erat quum verbis actibus, ac incessu, gestu habitu et convictu cibi demonstrabat. Semper, et cum omnibus dulciter et humiliter loquebatur. Et incedebat demissis oculis, capite inclinato et capucio aliquantulum ante tracto, evitans ab hominibus honorari et commendari.

VIII° Lect. — Et beate perveniens ad suprema, susceptis humiliter eucharistiæ et unctionis extremæ sacramentis, in illo nobili stratu suo adhibito tantum per triduum ante suum obitum ad infestam suorum amicorum instanciam modico palearum, et ejus capucio loco capitegii super caput suum extenso, indutus tunicâ supradictâ et suo epitogio coopertus, renuens habere amplius, minimè esse dignum, carni equidem cilicio adhœrente.

IX° L. — Anno Domini millesimo trecentesimo tertio, decimâ nonâ die maii, quæ tunc fuit dominica post festum ascensionis Domini Christi, mundus à mundo exiens, mundè migravit ad cœlum. Quasi enim se se sopori daret sine omni indicio aut vestigio cujuscumque doloris sompnium felicissimum suæ mortis accepit. Miracula autem ejus quis omnia enarrabit, cùm eà enumerare nulli sit possibile, nisi duntaxat illi soli qui solus enumerat multitudinem stellarum et eis omnibus nomina solus vocat.

Autres leçons pour la fête de la Translation des Reliques au mois d'octobre.

I° L. — Regnante inclytæ recordacionis Rege Philippo Pulchro cognomine in Franciâ et Navarriâ, floruit in Britanniâ minori, in pago Trecorensi vir mirificæ sanctitatis et mirandæ austeritatis, choruscans miraculis vitâ et moribus et nitore colendus, Yvo nomine, Hælory cognomine quæ nomen et cognomen quondam futurum prœsagium, ut credunt, a Christo est adeptus.

II° L. — Hic igitur confessor egregius, et disponente divinà providentiâ quod sibi fidelem ministrum providebat in suâ sancta ecclesiâ futurum multipliciter fructuosum, in puerili ætate traditur litteris, et rudimentis grammaticæ et primitivis scientiis ultra suos coætaneos, non minus vitâ, quam scientià profecit mirabiliter in modico tempore in utrisque. Deindè missus ad Parisiense studium, scientiâ et jure videlicet canonico et divinâ sapientiâ efficaciter claruit et profecit.

III° L. — Post hæc rediens ad propria, ut quæ hauserat avidè ad honorem Dei et utilitatem proximorum effunderet lumina abundanter. Non sicut illi de quibus dicit apostolus. Semper discentes et nunquam ad scientiam pervenientes.

IV° L. — Cujus sufficientite famam celebrem, quidam Rhedonensis Archidiaconus audiens, eum ad se vocavit ut esset suus sigillifer, credens quod ejus fideli diligentiâ emolumentum sui sigilli reciperet cum augmento.

V° L. — Sed vir prudens et providus Christo non fisco cupiens militare, et desiderans, exemplo Thomæ Apostoli, bona dicti Archidiaconi non temporaliter sed spiritualiter, et ubi non ærugo nec tinea demolitur nec fures fodiunt nec furantur.

VI° L. — Hic autem dictus archidiaconus non approbans utpote avarus et cupidus, quod non accepit tale propositum, ipsum amovit a dicto officio, et alium magis conformern suo animo substituit loco ejus.

VII° L. — Cui tamen pro suâ probitate et probatâ reverentiâ unum equum tradidit ad redecendum ad propria, quem sanctus vir protinus vendidit, ejus pretium egenis tribuit et pedes ad suam patriam repedavit.

VIII° L. — Tunc autem fecit unum opus mirabile allis inauditum. Dum enim quadam nocte, tempore hiemali, cum suis pauperibus more solito pernoctaret, contigit quod quidam pauper, quasi nocte mediâ, ad hospitium ejus, non inveniens aliter, hospitium advenisset, timens et verens pulsare ad hospitium tali horâ.

IXème L. — Illic jacuit illa nocte, sancto viro nesciente et penitus ignorante. Mane autem facto, surgens sanctus vir non de lecto sed de oratorio, cûm exisset domo, invenit dictum virum male indutum et famelicum ad suum hospitium dormientem. Quo viso sanctus vir Yvo terribiliter obstupuit, et multum attonitus, se miserum et homicidam pessimum acclamavit. Et post multas compunctiones lacrymas, dicium pauperem ad hospitium introduxit. Quem caleficiens et cibis quibus potuit refocilans eum secum tota die illà, retinuit, Adveniente autem nocte, pauperem illum in proprio lecto posuit, cum propriis vestibus operuit, et vestes pauperis se induit, et in loco ubi pauperem jacentem invenit in vestibus pauperis, in hiemali tempore pernoctavit.

Traduction des Leçons du Bréviaire pour l'office de saint Yves.

1ère LEÇON. — Saint Yves le glorieux confesseur du Seigneur, reçut le jour dans la petite Bretagne, au diocèse de Tréguier, de parents nobles et catholiques. Annoncé en songe à sa mère, comme devant être un saint, il fut, dès ses plus tendres années, d'une nature bonne et docile, fréquentant tous les jours et dévotement l'église, assistant souvent à la messe, écoutant les sermons, et s'adonnant de tout cœur à l'étude des lettres, lisant avec une sainte curiosité les vies ou légendes des Saints, dont il s'efforçait d'imiter les vertus.

2ème LEÇON. — Avec le progrès des années, il se trouva enrichi de grandes connaissances et se fit remarquer par sa sagesse extraordinaire : il brillait dans la science du droit civil, dans la théologie et la littérature, de manière à paraître avec éclat dans les causes du barreau, non moins que dans la direction des âmes.

3ème LEÇON. — Après avoir rempli, avec une grande justice et beaucoup de sainteté la fonction d'avocat dans la cour de Tréguier, en appelant toujours et gratuitement, pour les pauvres et les personnes malheureuses, jusqu'à s'offrir de lui-même, et sans en être prié, pour les défendre, il devint official, d'abord auprès de l'Archidiacre de Rennes, puis dans la cour de l'Evêque de Tréguier.

4ème LEÇON. — C'est avec fidélité et distinction qu'il s'acquitta de tout ce qui avait rapport à cet honorable ministère, délivrant le pays des hommes méchants qui le parcouraient, venant en aide à tous les opprimés, rendant la justice à chacun, sans faire acception des personnes, abrégeant les procès, engageant et ramenant les plaideurs à la concorde et à la paix.

5ème LEÇON. — Employé au ministère des âmes, il eut successivement deux paroisses. On sait qu'il avait une bible, qu'il portait toujours son bréviaire, et qu'en bon prêtre, il célébrait la sainte messe presque tous les jours.

C'est par lui-même et avec le plus grand soin qu'il entendait les confessions de ses paroissiens, visitait les malades, les consolait, les instruisait, et après les avoir bien préparés, il leur administrait la sainte communion.

6ème LEÇON. — On peut dire avec certitude, que pour tout ce que réclamait le soin du troupeau, qui lui fut confié dans ces deux paroisses, il s'en acquitta avec zèle et dignité, profitant pour lui- même de ce ministère pour se rendre meilleur, en avançant tous les jours dans la vertu. Il plaisait à Dieu et aux hommes, au point, que l'on pouvait à peine se séparer de lui, et se priver de la douceur de ses entretiens. Ceux qui le regardaient se trouvaient tout transformés à, cause des charmes de son caractère et de son admirable sainteté.

7ème LEÇON. — Telle était son humilité, que ses paroles, ses actes, sa démarche, ses gestes, ses habits, ses repas, tout en un mot la faisait admirer. Il parlait toujours et à tous avec une grande douceur et une merveilleuse retenue. Il marchait les yeux baissés, la tète penchée, et son capuchon un peu retiré sur le devant de sa figure, de manière à éviter d'être vu ou loué par les personnes qui le rencontraient.

8ème LEÇON. — Ayant ainsi heureusement atteint la fin de sa pieuse carrière, il reçut avec la plus grande humilité les sacrements de l'Eucharistie et de l'Extrème-Onction, sur son pauvre grabat qu'il avait ennobli, ayant consenti, trois jours seulement avant de mourir, et pour se soustraire à l'importunité de ses amis, à le recouvrir d'un peu de paille, à étendre sur sa tête l'extrémité de son capuchon, n'ayant d'autre couverture que sa tunique et son petit manteau ; il refusa tout ce qu'on lui offrit par ailleurs, ne se jugeant pas digne d'autres soulagements ; un dur cilice adhérait à sa chair meurtrie.

9ème LEÇON. — L'an du Seigneur, treize cent trois, le dix-neuf de mai, qui cette année se trouva le dimanche après l'Ascension de Notre Seigneur Jésus-Christ, son âme pure et sans tache sortit de ce monde de boue et s'éleva saintement vers le Ciel. Sa mort fut comme un doux sommeil ; rien n'annonçait sur ses traits la souffrance ou la douleur. Qui pourrait rappeler tous les miracles qui la suivirent ? Celui-là seul qui contait le nombre des étoiles qui brillent au firmament et sait les appeler par leurs noms.

Leçons de la Fête de la Translation des Reliques.

1ère LEÇON. — Sous le règne glorieux et à jamais mémorable de Philippe surnommé le Bel, roi de France et de Navarre, brillait dans la petite Bretagne, aux environs de Tréguier, un homme d'une sainteté remarquable et d'une austérité de vie admirable. Ses miracles éclatants, sa vie pure et sans tache, l'ont fait honorer comme un saint. Son prénom était Yves et son nom de famille Hélory. On croit que l'un et l'autre lui ont été donnés par Dieu, comme un présage de sa sainteté future.

2ème LEÇON. — Cet illustre confesseur, par la disposition de la divine Providence, qui se préparait un fidèle ministre de l'Eglise, pour multiplier les fruits de salut dans les âmes, se livra dès son jeune âge à l'étude des lettres, aux premiers éléments de la grammaire et aux sciences que comportait sa jeunesse. En peu de temps il dépassa ses condisciples dans la science comme il l'avait déjà fait dans la vertu.

Il fut ensuite envoyé à l'Université de Paris, où il se distingua et fit de rapides progrès, dans la science du Droit canonique, et la connaissance des saintes lettres.

3ème LEÇON. — Il revint ensuite dans son pays pour y répandre avec abondance les connaissances qu'il avait puisées, pour l'honneur de Dieu et le salut des hommes, contrairement à ceux dont parle l'apôtre, qui étudient toujours, sans jamais parvenir à la science.

4ème LEÇON. — Le bruit de ses talents s'étant étendu au loin par la renommée, un archidiacre de Rennes en eut connaissance et l'appela auprès de lui pour administrer sa maison, persuadé que la fidélité et la capacité d'un tel homme ne pouvaient manquer d'augmenter les revenus de sa mense.

5ème LEÇON. — Mais en homme sage et prudent, Yves voulut à l'exemple de l'apôtre saint Thomas, administrer les biens de l'archidiacre pour l'intérêt de son âme, plutôt que pour le bénéfice de sa maison, et plaça ses revenus là où ils seraient à l'abri de la rouille et de la rapacité des voleurs.

6ème LEÇON. — Or, l'archidiacre qui était avare, n'approuva pas cette manière d'agir qui était contraire à ses desseins. Il éloigna donc son intendant et le remplaça par un autre plus disposé à satisfaire ses convoitises.

7ème LEÇON. — Cependant pour reconnaître la probité et l'honnêteté de cet homme, l'archidiacre lui fit présent d'un cheval pour retourner chez lui. Le saint le vendit sur le champ, en distribua le prix aux pauvres, et gagna à pied son pays de Tréguier.

8ème LEÇON. — C'est alors que se passa un fait tellement admirable, que jamais rien de pareil ne s'était encore vu. Une nuit pendant l'hiver, comme il la passait, selon son habitude, au milieu de ses pauvres, il arriva que vers minuit, un pauvre n'ayant pas trouvé l'hospitalité ailleurs, fut trop tard pour entrer dans la maison du Saint, la crainte et le respect l'ayant empêché de frapper à la porte à une heure aussi avancée.

9ème LEÇON. — Il resta donc toute la nuit couché à sa porte ; le Saint homme n'en savait rien. Le matin, s'étant levé, non de son lit ; mais de l'oratoire où il priait, il sortit de la maison, et trouva cet homme mal habillé, mourant de faim, endormi à la porte de son manoir. A cette vue saint Yves fut saisi d'une grande frayeur, et sous le poids de la douleur, il s'accusait d'être un misérable et le plus cruel des assassins. Après avoir versé d'abondantes larmes, il fit entrer ce pauvre dans sa maison, le réchauffa, lui donna à manger et le garda chez lui toute la journée. Quand la nuit fut venue, il le fit coucher dans son propre lit, le couvrit de ses propres habits, et alla presque nu, s'étendre à la place où ce pauvre avait passé la nuit précédente. C'était au plus froid de l'hiver.

Voilà de quelle manière le Bréviaire du P. S. de Tréguier nousrapporte succinctement la vie de saint Yves. Les légendes des deux offices se complètent l'une par l'autre. Elles retracent dans un ordre remarquable la vie de notre saint. Nous le voyons étudiant d'abord chez lui avec les compagnons de son âge, puis suivant les cours de Paris, enfin revenant dans sa Bretagne pour défendre le pauvre peuple et les opprimés de toutes sortes. C'est peut-être pendant cette première période de sa vie, alors qu'il était avocat à Tréguier que se passa l'affaire de la Veuve de Tours, ainsi que plusieurs autres causes célèbres dont nous parle M. Ropartz, l'éloquent historien de saint Yves. Comme nous ne savons pas au juste à quelle époque saint Yves entra dans l'état ecclésiastique, rien ne nous empêche de croire qu'il n'était pas encore prêtre quand il fut au service de l'archidiacre Maurice. C'est peut-être à son retour à Tréguier qu'il fut fait prêtre et ordonné au titre de Tredrez. Sa grande renommée dans la connaissance des lois dut le faire choisir tôt après comme official de l'Évêque de Tréguier. Quitta-t-il de lui-même ses fonctions d'official, ou bien le trouva-t-on là, comme à Rennes, trop ami des pauvres ? Nous n'en savons rien. Rentré dans sa paroisse de Tredrez, transféré plus tard dans celle de Louannec, il déploya dans l'une et dans l'autre les vertus sacerdotales qui en ont fait le modèle du saint prêtre, et c'est le côté de la grande figure de saint Yves, sous lequel nous aimerions à pouvoir le faire connaître, fuyant les honneurs et les dignités, partageant son pain avec le pauvre, et donnant l'exemple d'une austérité qu'on n'avait encore vue que dans les monastères des Religieux ou l'ermitage de quelques saints anachorètes : Fusco contectus habitu, sed coruscans miraculis, comme le dit une hymne de son office.

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