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SAINT-TUGEN ET SON EGLISE

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Saint Tugen, ou mieux Saint Tujan, Tuianus, vivait au milieu du sixième siècle. Son père s'appelait Arastagn, et était seigneur en Cornouailles, au château de Kerarroué, région de Hanvec et Irvillac. Saint Jaoua, Joevinus, Recteur de Brasparts, et abbé du Monastère de Daoulas, ayant été désigné par saint Pol Aurélien pour lui servir « d'auxiliaire » dans sa charge épiscopale, fit choix de Saint Tugen pour lui succéder en qualité de Recteur de Brasparts et d'abbé de Daoulas. Saint Tugen devint plus tard le Patron de la paroisse de Brasparts, c'est tout ce que nous savons de sa vie.

Eglise de Saint-Tugen à Primelin (Bretagne).

LES STATUES DE SAINT TUGEN.

Saint Tugen a sa statue : 1° dans l'église de Brasparts ; 2° à un angle extérieur de l'enclos du calvaire de Landerneau (nord-ouest) ; 3° à la chapelle de Saint-Mathieu de Bannalec, où il est, de plus, représenté dans un vitrail ; 4° à la chapelle de Saint-Tugdual, de Landudal ; 5° à la chapelle de Saint-Jean, à Saint-Nic, contre le tabernacle ; 6° au presbytère de Cast : on y voit, près, du saint, un chien enragé abattant et mordant furieusement un autre chien.

Détail intéressant : le Vénérable Michel Le Nobletz, apôtre de la Bretagne, « l'égal des apôtres » par ses vertus et ses miracles, demanda à être inhumé dans la chapelle de Saint-Tujan, de l'église de Lochrist, voulant ainsi mettre sa tombe « sous sa protection » : son corps y resta 49 ans, de 1652 à 1701, année où ses reliques en furent retirées pour être enfermées dans un cercueil de plomb et placé dans un tombeau de marbre, érigé par la piété des fidèles.

Comment expliquer que saint Tugen, qui a de nombreuses statues dans le Diocèse, ne soit cependant spécialement honoré que dans son sanctuaire de Primelin ? En effet, nulle part ailleurs, on ne va en pèlerinage le prier... et les pèlerinages, ici, existent de temps immémorial, et n'ont jamais cessé, même pendant la grande révolution, comme nous le verrons dans la suite... Comment l'expliquer ?

Le voici. Sainte Anne dit un jour à Nicolazic : « Dieu veut que je sois honorée ici.. » et la sainte Vierge, à Lourdes, dit à Bernadette : « veux qu'on m'élève ici une chapelle, et qu'on y vienne en procession ... ». Assurément je suis loin de prétendre que Dieu ait fait entendre ici sa voix, d'une manière expresse ; nous savons seulement que, de temps immémorial, avec l'approbation et les bénédctions de l'Eglise, les foules sont venues ici nombreuses, prier et honorer saint Tugen ; mais cela suffit pour que nous puissions dire que ces foules ont certainement obéi à la voix de Dieu. Que de sanctuaires vénérables et vénérés dans le monde, où la voix de Dieu ne s'est pas fait entendre d'une manière plus explicite !

Avant de parler du temple élevé en l'honneur de saint Tugen, et des grâces spéciales qu'on y vient demander, parlons de ceux qui l'ont bâti.

FONDATEURS DE L'EGLISE DE SAINT TUGEN.

Un rêveur s'est, un jour, permis d'écrire, sans la moindre preuve, que la superbe église de Saint-Tugen avait été bâtie par les Anglais ! ..., et, à la suite, plusieurs se sont demandé si c'était vrai. Or, rien de plus faux. Les Anglais ont souvent hélas ! ravagé et pillé la Bretagne, mais ils n'y ont jamais rien construit. Pour le prouver, il suffit de lire la grande histoire de Bretagne par M. de la Borderie et son continuateur, surtout tome V. p. 208, 226, 245... etc., etc...

Du reste, au moment même où se construisait l'église de Saint-Tugen, Henri VIII, roi d'Angleterre, allait apostasier (1533), et faire apostasier, avec lui, tout son peuple. A cette époque, donc, comment ce peuple eût-il été capable de songer à élever une église, en terre étrangère, à un saint qui n'était même pas de sa race. — Mais voici qui est plus fort, c'est qu'à l'époque où fut bâtie l'église de saint Tugen (1515-1530) il n'y avait plus un seul anglais en Bretagne ! Même en France, à partir de 1453, les Anglais ne possédaient plus que la ville de Calais. Après cela bonnes gens, défiez-vous davantage des légendes même imprimées.

L'honneur d'avoir élevé un si beau monument à saint Tugen revient, tout entier, à la famille du Menez, Seigneur de Lézurec, aidée des habitants de la contrée et des pèlerins. — Les archives paroissiales suffiraient seules à le prouver. En effet, les Tréviens (La chapelle de Saint-Tugen fut toujours une trève de la paroisse de Primelin), les Tréviens en 1626, dans leur procès avec M. Cupif, archidiacre de Cornouailles. disent : « ... que les prédécesseurs d'Allain du Ménez-Lézurec sont tenus et réputés Seigneurs-fondateurs de l'église tréviale de Saint-Tugen, qui est bâtie sur leurs terres ; il a dans l'église les tombes et enfeux (caveau sépulcral) de ses prédécesseurs, ses bancs et escabeaux ; il en est, de plus, le bienfaiteur, ce qui se voit par les réparations qui y ont été faites, et par le bon état auquel elle est à présent... ». Ce sont ces réparations et agrandissements que signaleraient les dates de 1593 et 1611... et plus lard les dates de 1720, 1749 et 1750. De plus, les pierres même du sanctuaire, la pierre tombale du choeur, la belle pierre aux belles armoiries des mêmes Seigneurs, qui se voit aux fonts baptismaux, et les deux pierres qui sont, à l'Est, sur le mur du cimetière, toutes ces pierres témoignent, avec la dernière évidence, que les Seigneurs du Menez sont vraiment les fondateurs de cette église.

Enfin, voici une dernière preuve, aussi palpable que les autres. Pendant le Moyen-Age et la Renaissance, les Seigneurs, fondateurs d'églises, entouraient ces édifices de ce qu'on appelle une litre, ou bande peinte, avec leurs armoiries, de distance en distance. Or, cette litre se voit encore autour de l'église de Saint-Tugen, et même de la sacristie.

Malgré toutes ces preuves, quelques ignorants répéteront sans doute encore la légende des Anglais : il y a des légendes qui ont la vie dure.

CHAPELLE DE SAINT TUGEN.

A 1.500 mètres à l'Est du bourg de Primelin, dans un beau massif d'arbres et de verdure, s'élève majestueuse la chapelle dont nous parlons. La chapelle actuelle et la tour ont été bâties au XVIème siècle, entre 1515 et 1530.

(En ce moment, comme nous l'avons dit, Henri VIII régnait en Angleterre, François Ier en France ; Anne de Bretagne, la bonne Duchesse et reine de France, venait de mourir en 1514 ; la Bretagne allait se donner à la France en 1532). [Note : On a souvent répété que la Bretagne est en retard d'un demi-siècle sur le reste de la France dans la succession des types d'architecture, c'est une erreur (voir M. de la Borderie, M. du Cleuziou, etc). Au XIIIème siècle, de nombreux étudiants parmi eux saint Yves, fréquentaient les universités de Paris et d'Orléans. Au XIVème siècle, les Bretons y avaient plusieurs collèges, fondés par eux... ].

Le style de l'église, c'est le style gothique flamboyant ; les autels sont du XVIIème siècle. Le transept et le chevet ont été reconstruits au même siècle, lorsque l'affluence des pèlerins devint telle, à certaines fêtes, qu'il fallut songer à agrandir la chapelle. Mais, sur le même emplacement, existait auparavant, une chapelle, dédiée au même saint. En effet, les Tréviens, dans leur procès avec le dit M. Cupif, en 1626, produisent un acte de 1418, où il est dit : « ... Quant à la première fondation de l'église de Saint-Tujan, elle est si antique que l'on ne trouve aucuns titres, mémoires, ni instructions... ».

A quelle époque pourrait donc remonter la première chapelle ? Au VIIème, VIIIème, IXème siècle ? On ne peut le dire. La seule chose que nous sachions, c'est qu'en 1118, l'évêque de Quimper, Robert, fit don à l'abbaye de Marmoutier, près de Tours, des deux tiers de la dîme de Saint-Tujan (Archives de l'Evêché de Quimper). Saint-Tujan était donc, à cette époque, un bénéfice.

Comment se fait-il qu'il y ait sur ce point, et sur tant d'autres bien plus importants, tant d'obscurité ? Le voici : Nos ancêtres bretons écrivaient peu ... Les invasions des Normands, aux IXème et Xème siècles, détruisirent églises et monastères... Les révolutionnaires de 93... 95... firent à peu près de même (à la mairie de Primelin on ne trouve pas un seul papier de cette époque)... un certain nombre d'archives de Saint-Tugen, et des plus intéressantes, ont été prêtées à des gens sans probité qui ne les ont jamais restituées. La négligence a fait le reste.

 

VISITE DE LA CHAPELLE.

Après les notions préliminaires que nous venons de donner, nous pouvons commencer la visite du monument, aujourd'hui classé par les Beaux-Arts au nombre des monuments historiques.

LA TOUR CARREE.
Plaçons-nous, d'abord, en face de la tour carrée. Cette tour a 22 m. 10 jusqu'aux galeries d'en haut, 28 jusqu'au pied de la croix, sur 6 m. 50 de large. On y monte, à l'intérieur, par 123 marches. Cette tour, comme beaucoup d'autres, telles que celles de Notre-Dame de Paris et de Reims, devait recevoir une flèche aérienne ; mais, ici, on a craint pour sa solidité, et on l'a placée à côté, comme soutien. En face de vous, vous avez de belles statues, en pierre de Kersanton, des quatre Evangélistes : saint Mathieu, symbole : l'homme... parce qu'il commence sons Evangile par la généalogie humaine de Jésus-Christ ; saint Marc, symbole le lion... parce qu'il commence son Evangile par ces mots, : « On entendra dans le désert la voix de celui qui crie : préparez la voie du Seigneur », voix de saint Jean-Baptiste, appelant les hommes à la pénitence, voix semblable au rugissement du lion ; saint Luc, symbole : le boeuf — qui était la principale victime des sacrifices dans l'ancienne loi ; puis, saint Jean, symbole : l'aigle. Sant Jean commence son Evangile par la génération éternelle du Verbe... comme l'aigle, il s'élève au-dessus des nues, il découvre le Verbe dans son Principe, .. In Principio erat Verbum...

N. B. Dans l'intérieur de l'église, nous trouverons, en effet, saint Jean représenté avec l'aigle,. à ses pieds. Ici, sans doute, pour ne pas se répéter, saint Jean est représenté avec la perdrix qu'il avait apprivoisée ; et avec laquelle il aimait parfois à jouer. — Quelqu'un s'étonna un jour, de voir un homme aussi grave jouer avec un oiseau ; saint Jean répondit : « un arc ne pas rester toujours tendu », belle parole digne du lui.

Le marteau révolutionnaire a passé par là, et a enlevé la tête de saint Mathieu, et quelques morceaux des pierres des autres statues.

Le Calvaire. — La croix ancienne a été abattue en 1793 ; la croix actuelle ne date que de 1821 ; mais les cinq statues sont très anciennes, deux surtout remonteraient au XIIIème ou XIIème siècle, peut-être même plus haut.

Calvaire de Saint-Tugen à Primelin (Bretagne).

Devant le Porche. — En haut : la statue en pierre de saint Tugen, avec sa — A droite et à gauche, des statues d'apôtres. On distingue saint Barthélemy, au couteau, parce qu'il fut écorchée vif ... et saint Jean, portant dans la main gauche une coupe, rappelant la coupe empoisonnée que l'Empereur Domitien lui fit boire, et qu'il but en effet, mais sans en éprouver aucun mal : on voit comme un serpent qui sort de la coupe. Mais remarquons surtout trois symbolismes : 1° sous les pieds de saint Barthélémy, nous voyons des figures laides, affreuses, hideuses, symbolisant les démons, qui, par les péchés capitaux, régnaient sur le monde, quand les apôtres ont commencé à prêcher l'évangile. Bossuet a dît : « Tout était Dieu, excepté Dieu lui-même », et la Sainte Ecriture avait dit avant lui : Omnes Dii gentium doemonia, tous les dieux des Nations étaient des démons. (Psaume 95ème) [Note : Il faut lire dans les auteurs qui traitent cette question, la dégradation morale du monde, à cette époque... Et encore aujourd'hui, si les ministres de l'évangile disparaissaient, le monde retomberait vite dans les mêmes ténèbres et les mêmes vices... comme lorsque le soleil nous retire sa lumière ... La parole du saint Curé d'Ars sera toujours vraie : Isolez... laissez une paroisse vingt ans sans prêtre, on y adorera les bêtes !]. 2° Sous les pieds de saint Jean, nous apercevons un monstre, et la figure d'une femme... la femme se détourne .., cela symbolise un attentat à la pudeur, (chose monstrueuse, en effet). 3° Au-dessus de la fenêtre, nous voyons une figure étrange qui se débat... c'est le vol. Le voleur est entré, il veut sortir, mais le mur se referme sur lui... pour donner à entendre que les voleurs sont pris en ce monde, ou en l'autre. — Il a la bouche grande ouverte, pour crier son désespoir... les yeux lui sortent de la tête... il fait avec ses mains, des efforts inouis pour se dégager, c'est inutile !

Entrons sous le Porche. — En haut nous voyons trois vieilles statues en pierre, qui datent certainement de la première chapelle : Notre Seigneur, sainte Anne, la sainte Vierge. (Ces statues sont de la même pierre et du même artiste : il est donc permis de croire que le culte de sainte Anne, dans la chapelle de Saint-Tugen, est aussi ancien que le culte de saint Tugen lui-même et de la sainte Vierge). [Note : Rien d'étonnant en cela, du reste, puisque la première chapelle de Sainte-Anne la Palue remonterait à saint Guénolé (fin du IVème siècle... fin du Vème dit M. de la Borderie)] — A droite, nous distinguons : saint Pierre, saint André, saint Jacques le majeur, apôtre de l'Espagne ; à gauche: saint Jacques le mineur, évêque de Jérusalem, saint Thaddée et. saint Simon... puis quantité de chimères représentant tous les vices.

Entrons dans l'église. — Prenons de l'eau bénite, signons-nous de la croix, et faisons une courte prière ; une église n'est pas un musée. (L'église de Saint-Tugen a 29 m. de long sur 25 de large ; elle a trois nefs. La partie du nord a été construits en 1611 et années suivantes, avec colonnes grecques ioniques. Laissons, pour un moment, cette partie du nord).

A la voûte de la grande nef nous apercevons cinq rangées de sculptures : têtes, bustes, fleurs, animaux et figures symboliques.

Entrons dans le Choeur. — Nous y voyons le caveau des Seigneurs de Lézurec, surmonté d'une grande pierre en marbre gris, avec leur devise : Fide et opere, c'est-à-dire par la foi et les oeuvres ... protestation contre le doctrine des Protestants et des hérétiques de tous les temps, prétendant qu'on peut se sauver par la foi seule sans les oeuvres, contrairement à toute la Sainte Ecriture. — Les armoiries seigneuriales, gravées sur la pierre tombale, furent brisées... les armoiries, peintes sur la litre qui entoure l'église, furent effacées... L'égise avait des vitraux de couleur; tout ce qui, dans ces vitraux rappelait les familles seigneuriales donatrices, fut brisé, en vertu de ce décret révolutionnaire du 14 août 1792 : « ... toutes les inscriptions élevées dans les temples... tous les monuments, restes de la féodalité, de quelque nature qu'ils soient, existant encore dans ces temples et autres lieux publics, et même à l'extérieur des maisons particulières, seront, sans aucun délai, détruits à la diligence des communes » (Article III).

La fenêtre gothique flamboyante, de derrière le grand autel. Tout y est symbolique : les trois panneaux égaux rappellent les trois personnes divines égales... Au-dessus, un panneau rond, en verre rose, figure un soleil... et le soleil symbolise Notre Seigneur, appelé dans la Sainte Ecriture et dans la liturgie « Orient », O Oriens, et « Soleil de Justice », Sol justiœ. De même que le soleil se lève à l'Orient, de même, à la fin du monde, Notre Seigneur paraîtra à l'Orient pour venir rendre Justice à chacun. C'est pour cela que, dans les cimetières, les corps sont placés, les pieds tournés vers l'Orient, de telle sorte qu'en se levant dans leurs tombeaux, ils se trouveront immédiatement en face de Celui qui vient les juger. [Note : Saint Thomas et ses commentateurs regardent comme probable que, de même que Notre Seigneur est ressuscité à l'aurore, de même les morts ressusciteront à l'aurore. (Suppl. quoest. a. 3 et 4)]. L'église matérielle elle-même, figure de l'église mystique, est tournée vers l'Orient, où apparaîtra son époux divin. Au dernier Livre des révélations divines (Apocalypse), avant, de clore ce livre, l'Epoux divin dit par trois fois : ecce venio cito, voici que Je viens bientôt, et l'Epouse, la sainte Eglise, répond : Veni, Domine Jesu, venez, Seigneur Jésus ! — Ce jour sera le dernier des jours ... Les élus s'élèveront au ciel pour y aller jouir d'une béatitude sans fin, tandis que les damnés, après avoir entendu cette parole foudroyante de Notre Seigneur, « retirez-vous de moi, maudits ! » seront précipités « dans le feu éternel de l'enfer » (Math. XXV).

Au-dessus de ce panneau rond, figurant le soleil, nous en voyons un autre, rond aussi, figurant l'hostie blanche de l'ostensoir... et, des deux côtés, nous voyons des flammes monter vers cette blanche Hostie, pour nous inviter à faire monter également les flammes de notre amour vers le divin Sauveur voilé dans son Sacrement. — Il eût été étonnant que les artistes chrétiens qui ont bâti cette église, et qui ont mis tant de soins à symboliser ce qu'il y a de principal dans la religion, il eût été étonnant, dis-je, qu'ils eussent omis de symboliser le dernier jour du monde, et le « plus grand des sacrements, celui auquel tous les autres se rapportent ».

AUTEL DE LA TRES SAINTE VIERGE, Notre–Dame de grâce, mater divinœ gratiœ. Avant de parler de cet autel, disons quelques mots de ce saint Franciscain, que nous voyons à l'angle, sur la droite : c'est le bienheureux Jean Discalcéat, c'est-à-dire déchaussé, parce qu'il marchait toujours pieds nus... appelé aussi « ar Santic du ». Le bienheureux Jean Discalcéat, né en 1280, dans le Diocèse de Léon, fut Recteur 13 ans, au Diocèse de Rennes, et mourut franciscain au couvent de Saint-François, à Quimper, après une vie excessivement pénitente. Il est très vénéré dans l'église cathédrale, où l'on vient le prier, surtout pour retrouver les objets perdus et pour le pain des pauvres. De fait, le bienheureux est représenté ici les pieds nus, la main droite posée sur le coeur, et la main gauche tendue, comme pour demander du pain pour les pauvres, ou encore pour rappeler sa fonction de frère quêteur.

Parlons maintenant de l'autel de Notre-Dame de Grâce. Cet autel a été fait en 1694 et restauré en 1860.

Nous y remarquons une belle Vierge, haute de 1 m. 50, tenant, de la main gauche, l'enfant Jésus, et, de la main droite, le sceptre, symbole de sa dignité de Reine du ciel et de la terre ; plus haut, une Mater dolorosa, d'une magnifique expression, tenant sur ses genoux le corps inanimé de son divin Fils, au-dessus Notre Seigneur, les bras étendus, comme pour attirer sur son coeur tous les hommes ; et, plus au-dessus, le Saint-Esprit descendant sur le monde pour renouveler la face de la terre ; et, tout autour, et au milieu un ensemble de 26 petits anges, charmants, peints, aux ailes dorées. Nous remarquons ensuite deux magnifiques colonnes torses, sculptées, polychromées (entre petites et grandes il y en a 18 dans toute l'église). Au bas de chacune des deux grandes colonnes, vous voyez un oiseau qui se détourne ; de la grappe de raisin, symbolisant les âmes qui, par indifférence ou dédain, s'éloignent de l'eucharistie, quand les autres oiseaux, au contraire, les ailes déployées, boivent avec avidité le jus du raisin, image des âmes ferventes qui trouvent leurs délices dans l'eucharistie ... Omne delectamentum in se habentem.

MEDAILLONS DE L'AUTEL.

1° Sainte Thérèse (1515-1582) vierge, abbesse, réformatrice de l'Ordre du Carmel. Notre Seigneur lui apparaissait souvent sous diverses formes sensibles : ici il lui apparaît sous les traits d'un petit enfant charmant. Sa sainteté et son amour étaient si grands, que Notre Seigneur lui dit un jour, que s'il n'avait pas créé le ciel, il le créerait pour elle seule !

2° Saint Pierre. Nous le voyons ici dans l'attitude du pénitent « contrit et humilié », après son triple reniement. Il a, près de lui « les clefs du royaume des cieux », et le livre des Epitres. Au-dessus de tout, il y a le coq, le bec ouvert, pour rappeler ces paroles de N. S. « Avant que le coq chante, tu m'auras renié trois fois, et étant sorti, il pleura amèrement ». (Math. XXVI 75). Saint Clément ajoute que le reste de sa vie, les larmes lui coulaient le long des joues, chaque fois qu'il entendait le coq chanter.

3° Sainte Marie-Madeleine. On la reconnaît à sa belle physionomie, et à sa belle chevelure, avec laquelle elle essuya les larmes qu'elle répandit sur les pieds de N. S., chez Simon le pharisien. Elle passa les trente dernières années de sa vie dans un lieu désert, appelé la Sainte Baume, ou Sainte Montagne, entre Aix, Marseille et Toulon. On la représente ici devant une croix ; auprès d'elle il y a une tête de mort ; près d'elle aussi, le vase de parfum avec lequel elle allait embaumer le corps de J. S. le dimanche de Pâques, au matin.

4° Saint Yves (1253-1303). Saint Yves... né au Diocèse de Tréguier... Maître és-arts, docteur en théologie scolastique, droit canon et droit civil... prêtre à 32 ans... Official de Rennes ... puis de Tréguier... Père et avocat des pauvres, dels veuves et des orphelins ... Mort Recteur de Lohanec (Louanec), à 50 ans. Son procès de Canonisation établit qu'il ressuscita 17 morts, guérit 6 fous et 14 paralytiques, sans compter d'autres miracles presque innombrables. Monseigneur Freppel a dit que saint Yves est « le saint le plus populaire de France après saint Martin ». Il a son église à Rome, et est le Patron des Avocats et de tous les hommes de loi. A ce sujet, un malin a composé les trois vers latins suivants :

Sanctus Yvo erat Brito,
Advocatus el non iatro ;
Res miranda populo !
Saint Yves était Breton,
Avocat, et point voleur :
Chose étonnante pour le peuple !

Une légende amusante se débite au sujet de saint Yves. Quand il se présenta à la porte du Paradis, saint Pierre, qui en gardait l'entrée, ne voulut point le laisser entrer, disant qu'on n'y recevait pas d'avocat. Comme la porte en était entr'ouverte, saint Yves y jeta son bonnet d'avocat... et demanda à aller le prendre. A force de parlementer, il obtint ce qu'il demandait ; mais, au lieu de sortir du paradis avec son bonnet, s'assit dessus, disant qu'il était sur son bien. Saint Pierre n'entendait pas les choses ainsi.... mais saint Yves répliqua qu'il ne sortirait que sur sommation d'huissier... on chercha partout un huissier au paradis, et on n'en trouva point... de sorte que saint Yves gagna encore son dernier procès... contre saint Pierre lui-même.

Après le médaillon de saint Yves, nous avons la très belle statue de saint Christophe, portant l'enfant Jésus sur ses épaules.

Saint-Chrystophe vivait au IIIème siècle, et est mort martyr en Lycie, « battu avec des verges de fer, percé de flèches, puis décapité » (Bréviaire). Son histoire est merveilleuse, et même légendaire. Il était Chananéen, haut de 3 mètres (Bollandistes)... de cette race dont les explorateurs de la Palestine, envoyés par Moïse, disaient : « auprès d'eux, nous ne sommes que des sauterelles ! » (Nombrs, XIII, 31).

Goliath avait 2 m. 96. En 1838, on trouva dans l'Inde un squelette de près de 3 mètres. En 1872, on montrait à Berlin un géant chinois, de 2 m. 79. (Ami de clergé, 5 décembre 1912). Saint Chrystophe était encore païen, lorsqu'il lui vint dans l'idée de chercher quel était le prince le plus puissant de la terre. Après avoir beaucoup voyagé et interrogé, il rencontre un ermite qui le convertit, et lui demanda s'il voulait bien faire l'office de Passeur au bard d'un fleuve. Saint Chrystophe accepta, se bâtit une demeure au bord de l'eau, et, appuyé sur un long bâton, il passait ceux qui se présentaient. Un jour il eut à passer un petit enfant. Cet enfant était si lourd ! si lourd !... qu'arrivé de l'autre côté du fleuve, saint Chrystophe ne put s'empêcher de lui dire : « Je croyais porter le monde entier sur mes épaules ! » « Ne t'en étonne pas ; répondit l'enfant, car tu portais, non pas seulement le monde, mais encore Celui qui porte le monde. Je suis le Christ que tu as choisi pour ton Roi ... ». Et il disparut (Christophe veut dire Porte-Christ).

Après saint Christophe, la belle statue de saint Tugen. Saint Tugen est représenté revêtu de la chape, coiffé de la mitre, tenant la crosse de la main droite, un livre ouvert de la main gauche, une longue clef pend à son côté droit. A ses pieds, à gauche, est un chien enragé, la gueule grande ouverte ; de l'autre côté, un petit enfant, agenouillé et priant, les mains jointes. Ce petit enfant a les joues et la bouche enflées par le mal de dents, et vient en demander la guérison. — Outre la grande statue de saint Tugen, son église possède une petite, très ancienne, haute de 37 centimètres, qu'on porte en procession les jours de pardon. Saint Tugen y est également avec mitre, crosse... et un petit chien auprès de lui... une partie du poignet de la main droite manque.

Le Maître-Autel, avec baldaquin aux colonnes torses, est dédié à saint Tugen.

Nous avons beaucoup à dire sur notre saint Patron : origine de la clef, et pourquoi il est invoqué... contre les chiens enragés, et pour la guérison des maux de dents.

Origine de la clef. Dans ma dernière édition j'ai réfuté une origine légendaire absurde, et d'une, fausseté telle que je n'en reparlerai pas. Je me contenterai de reproduire ce que dit, sur cette origine, Monsieur de Blois.

« L'histoire ecclésiastique, dit-il, fait connaître que, pendant le cours de plusieurs siècles, les Papes ont été dans l'usage d'envoyer, aux personnes notables, princes ou pontifes, auxquels ils voulaient donner des témoignages de leur considération, des clefs d'or, qui se portaient suspendues au cou. Ces clefs étaient regardées comme des reliques, parce qu'on mêlait à l'or dont elles étaient forgées, de la limaille des chaînes de saint Pierre et de saint Paul. Il est question de cet usage dans plusieurs des lettres de saint Grégoire le grand, qui vivait au sixième siècle. On conservait de ces clefs, dans le trésor de plusieurs églises. Elles étaient appliquées aux infirmes pour obtenir des guérisons. On fabriqua des clefs d'autre métal, en imitation de ces clefs miraculeuses, et l'on s'en servait notamment pour la guérison d'animaux malades. Ces clefs s'appelaient des clefs de saint Pierre. Mais celles de saint Hubert (VIIème siècle) n'étaient pas en moindre vénération, principalement pour guérir de la rage. A l'abbaye d'Andoine, on reposaient les restes de saint Hubert, on appliquait une clef, dite de saint Hubert, aux nombreux pèlerins qui venaient demander à son tombeau, la guérison ou la préservation de la rage. C'est, évidemment, ajoute M. de Blois, à l'imitation des clefs de saint Hubert, que se sont introduites celles de Saint Tugen, dont la foi des populations bretonnes conserve la vénération ».

On peut adopter cette opinion, mais, pour ce qui me concerne, je me contenterai de dire que je trouve cette origine absolument obscure, faute de documents et de tradition sérieuse. Qu'il nous suffise de savoir que, de temps immémorial, la sainte Eglise bénit les petites clefs de ce saint, et qu'en les portant nous pouvons et devons avoir confiance en son intercession. — Comme saint Hubert, saint Tugen est invoqué, de temps immémorial, pour la guérison ou la préservation de la rage. « Certains saints, nous dit saint Thomas, protègent particulièrement les hommes contre certains maux ». — Par exemple, sainte Barbe contre la foudre et la mort subite ; saint Jean de Kenty contre la tuberculose, la fièvre et les épidémies ; saint Médard est très invoqué pour obtenir la pluie et le beau temps... mais, ajoute saint Thomas, l'effet de la prière dépend surtout de la dévotion ... ex devotione autem dependet effectus (suppl. quoest. XXIV. a. 2). Il y en a qui se demandent s'il est bien sûr que les saints entendent nos prières. Oui, cela est bien sûr. Ecoutez ces paroles de saint Grégoire le grand, pape, et de saint Thomas : « puisque les saints voient dans le ciel la lumière divine, il ne faut pas croire qu'il y ait, hors du ciel, des choses qu'ils ne connaissent pas... Pour l'âme qui voit Dieu, toute la création se trouve comme renfermée dans un étroit espace... Les saints voient dans le Verbe les voeux, les prières, les dévotions de ceux qui recourent à leur protection ». (S. Thomas, suppl. quoest. 74. a. 1). Ajoutons que Dieu se plaît à honorer devant les hommes ceux qui l'ont honoré pendant leur vie.

Le jour du Pardon, toujours le dimanche qui précède le 24 juin, on bénit un grand nombre de petites clefs en plomb, qu'on porte sur soi pour se préserver de la morsure des chiens enragés. Il n'y a pas encore très longtemps, on bénissait également de petits pains appelés « Bara an alc'houe, pains de la clef », qui se conservaient, dit-on, des années entières sans moisissures, et qu'on mangeait pour être guéri des maux de dents. Ces petits pains étaient des pains sans levain, de 12 à 13 centim. de long, 5 à 6 de large, et 25 d'épaisseur. Les pèlerins avaient une grande dévotion pour ces petits pains, et en emportaient chez eux.

GUERISON DES MAUX DE DENTS par la dévotion à Saint Tugen.

En général, les personnes guéries, même à Lourdes, ne vont point au Bureau de constatation. Ici, le bureau n'existe pas ; mais j'ai appris d'une personne digne de foi, qu'elle avait été guérie par la manducation d'un de ces petits pains, qu'elle avait conservé plus de 4 ans, sans moississure. Mais ce qui ne me paraît pas rare, c'est la guérison qu'obtiennent les personnes qui viennent, à cette fin, balayer l'église du Saint, ou qui la font balayer par d'autres à leur place. Cet usage date de temps immémorial, et à la croyance de toute la contrée. J'ai à ce sujet, le témoignage de plusieurs personnes, absolument dignes de foi, qui m'ont affirmé, même devant leur famille, avoir été guéries. Un touriste s'en étonnait un jour, et me demandait, avec une pointe de malice, s'il n'y avait pas de dentiste dans le pays. On lui répondit : le dentiste guérit, il est vrai, mais en arrachant violemment les dents, et en se faisant payer cher... Saint Tugen guérit en vous les conservant, pour un simple balayage de son église... lequel vaut mieux ? — Ici, comme dans l'Evangile, la foi est nécessaire... Si potes credere. — Si vous pouvez croire... (Marc. IX. 22).

PRESERVATION DE LA MORSURE des chiens enragés.

Cette croyance existe également de temps immémorial, et c'est ce qui explique qu'autrefois on venait de toutes les parties du grand Diocèse de Quimper, et, au moins, d'une partie du Diocèse de Vannes, à Saint-Tugen, implorer sa protection, ou lui rendre action de grâces. — Je n'ai fait aucune enquête, mais deux personnes m'ont raconté comment elles avaient été préservées d'une façon tout à fait extraordinaire... Et voici un article qu'on ne lira pas sans intérêt : il a été reproduit par trois journaux du pays, en octobre 1919.

Un chien enragé à Saint Tugen.
Dans la journée du 13 de ce mois d'octobre (1919), un lundi, et dans la nuit suivante, un chien enragé, venu de Guilers, a causé de grand ravages à Primelin, aux villages du Castel, Kerdugazel, Landisquenna, Kerrounou... mordant un mouton, une dizaine de chiens qu'il a fallu tuer, décapitant une oie. Le lundi matin, vers 8 h., il allait entrer dans le coeur du village de Saint-Tugen, sans doute pour faire la visite de règle, que tout, chien enragé doit faire à la fontaine du saint, quand les enfants, allant à l'école, l'ont chassé à coups de pierres. Mais le lendemain matin, encore vers 8 h., on le trouvait couché près d'un tas de paille, dans un petit champ, à l'extrémité sud du village. Quand on l'a aperçu, et qu'on a voulu le chasser, il pouvait choisir entre sept routes, soit pour s'éloigner du village, soit pour en sortir, une fois entré. Il choisit la plus longue, traverse le milieu du village, au petit trot, sur trois pattes, traînant l'autre, au vu de tout le monde, et passe devant la fontaine. Quelques pas plus loin, il passe tout à côté de deux porcs, d'un chien et d'un homme, les regarde, et quitte le village. — A un quart de lieue de là, il mordait encore un chien.
Or, voici, à ce sujet, deux choses bien remarquables.
1° C'est une croyance ancrée dans l'esprit de tous les vieillards du pays, sans exception, que tous les chiens enragés qui viennent dans la contrée, font une visite, de jour ou de nuit, à la fontaine de Saint-Tugen, pour reconnaître la puissance que Dieu lui a donnée sur eux, et pour nous apprendre, à nous, que saint Tugen protège, contre les chiens enragés, ceux qui le prient et se recommandent à lui.
2° Autre chose remarquable, qui pourrait suffire à prouver ce qui précède. Saint-Tugen est un village de 28 à 39 feux (environ 115 à 120 habitants). Eh bien, de mémoire d'homme, jamais un chien enragé n'y a mordu, ni homme, ni bête, malgré le passage de tant de ces chiens. Saint Tugen garde donc bien son petit village, où lui est érigée une superbe église, visitée par d'innomhrables touristes.
Y. V.

L'auteur possède un vieux cantique en l'honneur de saint Tugen, où sont relatés plusieurs miracles attribués à l'intervention du saint. Ce cantique se chantait autrefois dans les maisons et sur les places publiques, les jours de pardon et, les jours de foires, ce qui montre combien. ce saint était vénéré et populaire.

LE PARDON DE SAINT TUGEN & LE PELERINAGE.

Le pardon de Saint-Tugen a toujours lieu le dimanche qui précède le 24 juin. Toutes les paroisses voisines, de temps immémorial, y viennent en procession, à moins que la fête ne tombe un jour de Fête-Dieu. Le pardon dure plusieurs jours, et une indulgence plénière est accordée par l'église à tous les pèlenins, aux conditions ordinaires : confession, communion, prières aux intentions du Souverain Pontife.

Ville de Primelin (Bretagne) : Pardon de Saint-Tugen.

Continuons la visite de l'église.

Derrière le grand autel, au coin de l'Épître, nous apercevons une vieille et jolie statue de saint Jean l'Evangéliste, tenant dans ses mains un calice, ... à ses pieds un aigle tient dans son bec une corbeille : pourquoi cette corbeille ? Le voici. Saint Jean est l'apôtre qui, dans son Evangile, s'est le plus étendu sur le mystère de l'Eucharistie. Après avoir raconté le miracle des cinq pains et des deux poissons pour nourrir cinq mille hommes dans le désert (sans compter les femmes et les enfants), saint Jean ajoute que N. S. « dit à ses disciples : ramassez les morceaux qui sont restés, afin que rien ne se perde ; et les ayant ramassés, ils emplirent douze corbeilles des morceaux qui étaient restés des cinq pains d'orge, après que tous en eurent mangé ». (Joann. VI. 12. 13). La corbeille que porte ici l'aigle rappelle donc ce pain mystérieux, figure de l'Eucharistie.

Sur le devant de l'autel nous remarquons : un œil, un triangle, un cercle, et une croix de Malte : autant de symbolismes. — En seul oeil, un seul Dieu.
Il est un œil, c'est l'oeil de Dieu,
Qui nous voit tous, en tout lieu.

Les trois angles égaux du triangle, symbolisent les trois personnes divines égales en Dieu... Le cercle symbolise l'éternité de Dieu (où commence le cercle ? où finit-il ? Nul ne peut le dire. De même, Dieu existe éternellement, sans commencement ni fin). —• La croix nous rappelle le sacrifice de la croix.... et le sacrifice de la messe qui le reproduit sur l'autel, quoique d'une manière non sanglante.

Saint Vincent Ferrier (1357-1419) à sa statue derrière le grand autel, du côté de l'Evangile. — Saint Vincent Ferrier, Dominicain espagnol, mourut à Vannes, après avoir été le prédicateur le plus extraordinaire et le plus grand thaumaturge qu'on eût jamais vu. « Je suis, disait-il, l'ange annoncé par saint Jean dans l'Apocalypse, cet ange qui doit prêcher à tous les peuples, et leur dire : Craignez Dieu, et rendez-lui tout honneur, parce que l'heure du jugement approche... ». Il avait souvent un auditoire de plus de 50.000 personnes. En 1419, à Morlaix, il avait 100.000. Il parlait une langue mi-espagnole et mi-française, et était commis de tous, même des personnes qui ne savaient que le breton. Ses miracles étaient si nombreux chaque jour, que, d'après un de ses historiens « c'était un miracle quand il ne faisait pas de miracles ». L'Evêque d'Angers, dans son panégyrique, en 1919, l'a appelé « le miracle fait homme ». Son procès de canonisation porte qu'il ressuscita 40 morts. [Note : C'est par les soins de la bienheureuse Françoise d'Arnbroise, duchesse de Bretagne, que saint Vincent Ferrier fut canonisé en 1455 ; et c'est un cardinal breton, Alain de Coëtivy, archevêque d'Avignon, qui fut chargé par le Pape Calliste III, de procéder à l'élévation des saintes reliques. (Vie de la Bienheureuse)]. Saint Vincent Ferrier est invoqué, surtout pour obtenir la conversion des pêcheurs endurcis. Un jour il rencontre deux infâmes pécheurs, qui, tout en se livrant au péché, se moquaient de lui : saint Vincent les change en statues de marbre.... puis, touché de compassion, souffle dans la bouche des deux saines... et leur rend la vie. Les deux coupables se confessent, et leur contrition fut si grande qu'ils moururent une seconde fois aux pieds du saint. — J'ai prouvé, dans ma dernière édition, qu'il ne faut pas le confondre avec saint Primel, sous prétexte qu'il porte un bâton comme lui.

Saint Michel, appelé « le Peseur des âmes ».
Lucifer était le premier et le plus beau des anges, des chérubins et des séraphins. Quand, dans son orgueil, épris de sa beauté, il se révolta, voulant se rendre indépendant de Dieu, saint Michel, le premier et le plus beau après lui, se mit à la tête de tous les anges restés fidèles, et le précipita en enfer. Le dragon ou monstre qu'il terrasse de sa lance, et qu'il foule aux pieds, représente Lucifer. Voici comment s'exprime saint François de Sales : « l'ange, retirant les yeux de son entendement de la connaissance de Dieu, cet objet infiniment, aimable, les abaissa sur la considération de sa beauté propre, qui était dépendante de cette beauté suprême... Il se regarda, et se regardant il d'admira ... et se mirant, il se perdit ... » (combien qui, chaque jour, en se regardant et s'admirant, se perdent !). — Saint Michel tient, d'une main, une balance avec deux plateaux. Pourquoi cette balance ? L'Eglise, dans ses offices, et spécialement, dans la prière de la recommandation de l'âme, nous représente saint Michel présentant à Dieu l'âme qui va bientôt se séparer du corps. Les mérites de l'âme sont pesés dans un plateau de la balance, et les péchés, dans l'autre plateau ... et, selon le poids qui l'emporte, le sort éternel de l'âme est décidé. De là ces paroles du Bréviaire : Constitui te Principem super omnes animas suscipiendas. Je t'ai établi Prince sur toutes les âmes à recevoir (à leur sortie de ce monde). — De là encore cette prière bretonne :
Autrou sant Michel, balancer an eneou,
Balansit, va ene en tu deou.
Monsieur saint Michel, balanceur des âmes,
Balancez mon âme du côté droit.

La lance que tient saint Michel est surmontée d'une croix, pourquoi ? Pour nous apprendre que si Notre Seigneur n'est pas le Sauveur des anges, puisque les bons anges n'ont jamais péché, c'est cependant par les mérites de sa mort sur la croix qu'ils ont vaincu, et obtenu la grâce et la gloire. Et ipsi vicerunt propter sanguinem Agni (Apoc. XII. 11.). « Celui qui a relevé l'homme déchu, dit saint Bernard, a donné à l'ange de ne pas déchoir ». « Nul parmi les hommes, nul parmi les anges n'est saint que par le Christ », dit le Pape saint Grégoire le Grand (S. Thomas. III. quœst. 8. a. 4).

Au sujet de saint Michel, nous pouvons encore ajouter, avec saint Thomas, qu'à la fin du monde... « les cendres seront recueillies principalement par l'archange saint Michel, aidé des anges inférieurs qu avaient eu la garde des corps des hommes ». (Supplément. quœst. 78. a. 3).

Autel du Rosaire. — Nous y voyons saint Dominique (1170-1221), recevant le Rosaire des mains de la Sainte Vierge, et sainte Catherine de Sienne (1347-1380), Dominicaine, le recevant des mains de l'enfant Jésus.

Saint Dominique, par sa mère, Jeanne de Bretagne, tirait son origine des Ducs de Bretagne. — Les hérétiques Albigeois révolutionnaient tout le midi de la France, déclarant Dieu l'auteur du mal, divinisant tous les crimes, et s'y livrant eux-mêmes sans scrupule. La Sainte Vierge apparut à saint Dominique, et lui enseigna la dévotion du Rosaire.

Saint Dominique se mit aussitôt à prêcher cette dévotion, et par ce moyen, convertit plus de cent mille Albigeois, sans compter des milliers d'autres pécheurs. — Au bas du tableau on voit un chien portant dans sa gueule une torche avec laquelle il met le feu au monde ; c'est pour rappeler que la mère de saint Dominique, avant de donner naissance à son fils, eut cette vision, symbole qui indiquait que ce fils mettrait un jour le feu par toute la terre, en aboyant contre le vice.

Sainte Catherine de Sienne naquit d'une famille très chrétienne, qui eut 25 enfants. Comme elle était très belle, ses parents voulurent la marier ; mais elle, dès l'âge de sept ans, avait coupé ses beaux cheveux noirs, et fait voeu de chasteté perpétuelle. A 20 ans, elle se mit à vivre uniquement de pain et d'eau, et d'herbes crues. Plus tard elle en vint à ne prendre aucune nourriture que la Sainte Eucharistie pendant tout le Carême, et le temps pascal. On la voit ici couronnée d'épines, pour rappeler qu'elle reçut sur son corps tous les stigmates de la Passion... Par ses démarches et ses prières, elle obtint le retour de la papauté à Rome, en 1377. — Elle mourut dans un transport d'amour divin, son coeur ayant éclaté de part en part, par la violence de cet amour (Ribet II. p. 415... et 555).

Au bas du tableau, on voit imprimés ces mots : « Marie Priol, de Kerlaouen. 1846 ». C'est le nom de la donatrice. Mais l'autel lui-même, ses grandes colonnes torses, polychromées, sa petite Exposition avec ses colonnes, également sculptées et polychromées, datent du XVIIème siècle.

SAINT CORENTIN.
A l'angle Nord-Est de la chapelle, on voit une vénérable statue d'évêque avec crosse et mitre : il semble bien que c'est une statue de saint Corentin. Le poisson manque, il est vrai, mais il est visible qu'on a détaché quelque chose du pied de la statue : ne serait-ce pas, précisément, ce poisson ? Il est évident que ce poisson, ainsi que la flamme du front de saint Vincent Ferrier devaient déplaire aux sans-culottes de la révolution.

Saint Corentin, né dans la Cornouaille de Bretagne, s'était retiré dans la solitude, au milieu d'une grande forêt, au lieu appelé aujourd'hui Plomodiern. Le roi Grallon, étant, un jour, venu chasser par là, rencontra le saint solitaire, et lui demanda s'il ne pourrait pas lui procurer quelques vivres, pour lui et sa suite. Saint Corentin alla à sa fontaine, où il avait un poisson, le prit, le multiplia tellement comme avait fait un jour, N. S. au désert, le multiplia tellement qu'il rassasia la faim de Grallon et de ses compagnons. Quelque temps après, le roi Grallon le choisit pour être évêque de Quimper, lui donna pour évêché son palais de Quimper, pour se retirer lui-même dans la ville d'Is.

Saint Corentin mourut en 403, après onze ans d'épiscopat ; en 404, la ville d'Is fut submergée, et en 405 mourut le roi Grallon. Sur sa demande, il fut enterré en l'Abbaye de Landévennec, qu'il avait fondée. (Catalogue chronologique des évêques de Cornouaille, p. 131. (Les dates que donne M. de la Borderie sont notablement différentes ; mais lorsqu'il s'agit d'une époque si reculée et si troublée, il n'y a guère lieu de s'en étonner).

L'AUTEL DE SAINTE BARBE.

L'autel est du XVIIème siècle, mais la statue est bien plus ancienne. La statue tient dans la main droite une tour, percée de trois fenêtres, en souvenir de la tour où elle fut enfermée par son père, et dans laquelle elle fit percer une troisième fenêtre, en l'honneur de la très Sainte Trinité.

Sainte Barbe est une Vierge, martyre, de Nicomédie (Asie-Mineure). Elle était d'une merveilleuse beauté, Son père, Dioscore, idolâtre, la fait enfermer dans une tour de forteresse... l'y fait instruire.. puis veut la marier.... elle refuse. Son père, furieux, l'accable de coups, la traîne par les cheveux..., on lui brûle les côtes avec des lames de fer rougies au feu... on lui arrache les mamelles... etc., finalement, c'est son père qui se fait son bourreau, et qui lui tranche la tête, le 4 décembre 235. Tout à coup, dans un ciel sans nuage, la foudre éclate sur la tête du père coupable, et réduit son corps en cendres. — C'est pourquoi on invoque sainte Barbe contre la foudre et la mort subite. Les artilleurs l'ont prise pour Patronne, et aussi les couvreurs, mineurs, charpentiers, maçons, parce qu'ils sont exposés par leur métier, à la mort subite.
Le catafalque. — Ce catafalque n'a, sans doute pas son pareil au monde. Il se compose de quatre parties mobiles, et a, à peu près, la forme d'un cercueil. Il s'ouvre pour recevoir le cercueil, et, après la cérémonie, se ferme comme lui. Ce catafalque porte l'Inscription suivante, qui est une leçon pour tous :

Qui speculum cernis,
Cur non mortalia spernis ?
Tali namque domo
Clauditur omnis homo.

Toi, qui vois ce miroir,
Pourquoi ne méprises-tu pas les choses temporelles ?
Car c'est dans une telle demeure
Qu'est enfermé tout mortel.

Le catafalque est dit de 1642 ; mais les parties mobiles qui sont au-dessus, et les deux petites statues en bois d'Adam et d'Eve qui sont aux extrémités, sont plus vieilles. — Pourquoi ces deux statues d'Adam et d'Eve aux extrémités du catafalque ? Pour rappeler qu'ils sont la cause de la mort de celui dont le corps est là. — Eve a la pomme sous le pied gauche. — Pourquoi ont-ils les bras en croix ? Pour rappeler qu'au sortir du paradis terrestre, le bon Dieu leur révéla le mystère de la Rédemption par la croix.

« Cette tradition date de la naissance du monde, dit le 1er poète chrétien. Prudence, au IVème siècle ... L'antiquité, ajoute-t-il, a été enivrée de la croix, crucem vetusta combiberunt sœcula... on y voyait la prophétie de la croix du Calvaire... ». Chez tous les peuples, la croix était un signe sacré signifiant Sauveur. Dans la fameuse inscription de Rosette, découverte en 1799, pour exprimer Ptolémée Sauveur de l'Egypte, on écrit : « Ptolémée + Egypte ». — Les deux broches qui transperçaient l'Agneau pascal, figure de Notre Seigneur, étaient en forme de croix. — Les Gaulois rendaient à la croix un culte, mystérieux, et marquaient de ce signe leurs monnaies. (L'avons-nous jamais remarqué ? Nous sommes faits en croix).

Enfin, le grand docteur de l'Église, saint Thomas, dit : « Jamaise personne n'a pu être sauvé sans la foi à la passion de Jésus-Christ : il fallait donc que les hommes eussent, à toutes les époques, quelque chose qui leur représentât la passion de Notre Seigneur ». (III. quoest. 73. a. 5).

Eve a les reins ceints, et aux jours de sépulture, on lui met deux cierges allumés dans les mains (les mains sont disposées pour les recevoir). — Pourquoi ? Pour rappeler ces paroles de l'Évangile : « Ayez les reins ceints (ce qui signifie la chasteté), et des lampes allumées dans vos mains » pour paraître au tribunal de Dieu (Luc. XII. 35).

Allusion aux vierges folles, qui avaient bien des lampes dans leurs mains, mais sans huile, c'est-à-dire sans la charité et les bonnes œuvres ; c'est pourquoi elles trouvèrent la porte du ciel fermée... Nescio vos, je ne vous connais point, leur fut-il répondu. (Math. XXV. 1 à 13).

Revenons à Adam. Adam a le côté droit plein, mais le côté gauche est évidé... pour rappeler la formation d'Eve... d'une côte, et, aussi d'une partie de la chair, que Dieu prit en même temps (Bossuet. Elévations sur les mystères. 5ème semaine. 2ème élévation). — Après leur péché ils eurent honte, et, pour cacher leur honte, ils se couvrirent le corps de feuilles de figuier... mais le bon Dieu ne se contenta pas de cela, il les revêtit d'un habit fait de peaux de bêtes, habit rude comme un cilice... pour leur donner à entendre qu'ils devaient faire pénitence. (Ces deux choses sont marquées en relief sur le corps d'Adam, de la manière la plus ingénieuse et la plus pudique). — Adam comprit... et fit pénitence pendant 930 ans (Gen. III. 7. 21 et V. 5). Et la tradition ajoute que, sur la fin de sa vie, il avait, sur les joues, comme deux sillons creusés par les larmes.

Quelques REFLEXIONS.

1° Au paradis terrestre, Dieu apparaissait à nos premiers parents sous une figure sensible, et conversait avec eux comme un ami avec ses amis. Les anges aussi conversaient avec eux, sous telle forme que Dieu permettait, et sous la forme des animaux. Eve ne fut donc pas surprise d'entendre le serpent lui parler. — Dans certaines gravures on représente le serpent avec une figure humaine, c'est, à tort. Le serpent n'avait pas cette figure, et ne comprenait pas ce que le démon disait par lui.

« La femme n'a pas été tirée de la tête de l'homme, parce qu'elle ne doit pas dominer sur l'homme ; elle n'a pas été, non plus, tirée de ses pieds, parce qu'elle ne doit pas être soumise comme une esclave ; elle a été tirée d'une côte, pour montrer qu'entre l'homme et la femme devait régner une société véritable, socialis conjunctio. » (St Thomas. I. quoest. 92. a. 3.).

3° Pourquoi Dieu a-t-il créé la femme ?
Saint Thomas répond : « La femme a dû nécessairement être créée « afin que l'homme eût un aide », selon cette parole de la Genèse : « faisons-lui un aide semblable à lui ». (Gen. II. 18), « un aide pour la propagation de la race ... et les nécessités de la vie domestique », ajoute S. Thomas, au même endroit.

Mission de la femme. Tertullien trace ainsi la mission de la femme : « la femme, dit-il, a reçu du ciel la mission d'assurer la prospérité des familles, de procurer l'édification des fidèles, et d'améliorer la société ». — « La femme sainte et pleine de pudeur est une grâce qui passe toute grâce », dit la Sainte Ecriture (Eccli. XXVI. 19).

Reprenons la description.
La chaire est de 1766 : en face est une grande croix, souvenir sans doute, de quelque mission. Il est certain qu'autrefois des missions ont été données à Saint-Tugen, puisqu'il y avait même un prédicateur spécial pour le Carême. Nous savons, en particulier, qu'une mission y fut donnée par le P. Maunoir, au commencement de mai 1643. (Sa vie, I. p. 187).

LES FONTS BAPTISMAUX.

Les fonts baptismaux sont entourés d'un grillage en bois, aux balustres tournés : cinq sacrements y sont représentés, soit à l'extérieur, soit à l'intérieur. A l'extérieur, à gauche, le tableau représente un prêtre en surplis, étole et barrette, présidant un mariage d'un seigneur de Lézurec. Le seigneur et l'homme qui l'accompagne portent le costume du temps de Louis XIV, tandis que la dame et les deux femmes, qui sont à ses côtés, sont costumées comme les paysannes de l'époque. (L'inscription est de 1705). — A l'extérieur, encore, le second tableau représente un prêtre enchape, baptisant un enfant, qui est tenu sur les fonts par un Seigneur, et une châtelaine portant coiffe, robe à paniers et traîne. La commère se tient derrière, avec un pot à eau et un essuie-mains. Elle est couverte d'un manteau court ou capuchon. (Même date d'inscription, 1705).

A l'intérieur de la petite chapelle, sur le lambris en planches formant voûte, sont peints trois tableaux : 1° le baptême de N. S. par saint Jean-Baptiste ; 2° un prêtre, dans un confessionnal, confesse un seigneur ; 3° un évêque, accompagné de deux prêtres, donne la confirmation à une femme.

Aux fonts baptismaux est déposée une belle pierre aux armes des Seigneurs de Lézurec avec cette devise : Fide et opere, On y voit, de plus, une cheminée, deux chenets énormes en fer, un auvent en pierre. (Un prêtre est venu, qui, ne comprenant plus la signification de tout cela, a fermé, par une maçonnerie grossière, l'entrée sous l'auvent ; l'architecte a promis d'enlever ce mur).

Voici l'explication de cette cheminée et de cet auvent. Jusqu'en l'année 1757, on enterrait les corps dans cette chapelle, comme on le faisait dans les églises des environs, même dans la petite église d'Audierne, et dans la chapelle des Capucins : on y tenait beaucoup. (En cette année 1757, on pava l'église, après en avoir retiré tous les ossements. On déposa ces ossements dans un édicule, à l'ouest du cimetière. L'ossuaire y resta jusqu'à 1868 ; cette année, après une cérémonie solennelle, on enterra tous ces ossements dans une fosse commune). Eh bien, la nuit précédant la sépulture, on portait le corps sous l'auvent... et, pendant l'hiver, on faisait du feu... Oui, mais il y avait un enseignement religieux qu'on voulait donner à la population, le voici : c'est là que vous avez été baptisé, c'est là qu'aux jours de votre première et seconde communion vous avez fait le serment solennel d'être fidèle aux commandements de Dieu et de l'Eglise. Eh bien, rappelez-vous, au jour de votre mort, on vous portera à ces mêmes fonts baptismaux, pour être jugé sur votre serment. — Enseignement sévère, mais éloquent, bien conforme à tous les autres enseignements que nous avons déjà exposés.

Plaçons ici une réponse à deux questions.
1ère question. Pourquoi nos pères tenaient-ils tant à être enterrés dans les églises. Voici la réponse de saint Thomas : « le mourant qui fait déposer son corps dans un lieu saint, se met sous la protection d'un saint, qui, nous devons le croire, l'aide de ses prières ; il recommande aussi son âme aux desservants du lieu saint, qui intercèdent avec plus de ferveur, et d'une manière particulière, pour ceux dont ils gardent les tombeaux ». (S. Thomas. Suppl. quoest. 73. a. 11.). Ce 'sont là sans doute les pensées qu'avaient nos ancêtres, et les motifs qui les guidaient.

2ème question. Pourquoi la voûte en bois de l'église de Saint Tugen, comme celle de beaucoup d'autres églises, a-t-elle la forme d'une arche ou bâteau. — Pour rappeler l'arche de Noë, dans laquelle, seuls ceux qui y entrèrent furent sauvés. Cette arche figurait l'Eglise, « hors de laquelle, également, il n'y a pas de salut ». — Voici un rapprochement bien remarquable. L'autel en bois, sur lequel saint Pierre, et tous les papes pendant les trois premiers siècles, disaient la messe, et sur lequel, aujourd'hui encore, les papes, seuls, peuvent dire la messe, cet autel, dis-je, est en bois creux, et en forme d'arche ou bâteau... altare ligneum ad arcœ similitudinem concavum. (Dédicace de l'Eglise de Saint-Sauveur, à Rome).

On pourrait encore faire cet autre rapprochement.
« Les anciens justes voulaient être enterrés dans la terre promise, où ils savaient que devait naître et mourir Jésus-Christ, dont la résurrection est la cause de la nôtre. » (S. Thom. suppl. quoest. 73. a. 11). [Note : Les patriarches Jacob et Joseph, mourant sur la terre d'Egypte, exigent de leurs enfants le serment de transporter un jour leurs corps dans la terre promise. (Genèse. chap. 47 et 50)].

De même - nos pères voulaient être enterrés dans l'arche sainte de l'église, pour témoigner qu'ils mouraient dans la foi de cette église, et dans l'espérance de ressusciter un jour pour la vraie terre promise, dont l'autre n'était que la figure.

Ce que nous venons de dire, et tout ce qui précède, semble bien justifier les paroles placées au commencement de ce petit livre :

« Parée, au dehors, de beautés variées... toute la gloire (de cette église) est au dedans. » (Ps. 44).

Plusieurs peut-être seront étonnés de voir tant de symbolismes dans l'église de Saint-Tugen (et cependant j'en ai omis plusieurs, pour ne pas paraître trop long ou exagéré) ... mais toute la religion est pleine de figures symboliques : les sacrifices d'Abel, d'Abraham, de Melchisédech ... toute l'histoire du peuple Juif (I. cor. X. 11.) ... les sacrifices du temple de Jérusalem, les vêtements des Pontifes... la matière des sacrements et les cérémonies qui les accompagnent... les cierges et les rites de la Sainte Messe, etc., etc... malheureusement ces symbolismes, tous admirables, sont peu connus, parce que peu expliqués.

Autre réflexion. Autrefois, en Bretagne, ce n'est pas en des palais scolaires que se tenaient les écoles, mais dans les églises et les chapelles ; et c'est là, devant des vitraux peints, images et figures symboliques ou allégoriques, que la religion s'enseignait. Cette tradition se perpétue encore aujourd'hui dans les Missions données dans les paroisses : un prêtre est choisi spécialement pour expliquer devant la foule des fidèles les tableaux symboliques composés par le Vénérable Michel Le Nobletz, le grand apôtre de la Basse Bretagne.

IMPORTANCE DE LA TREVE DE SAINT TUGEN.

Les archives paroissiales de Primelin possèdent plusieurs actes datant de 1626, 1627, lors du procès intenté par M. Cupif, archidiacre de Cornouaille, aux Tréviens, procès que, selon toute apparence, ils gagnèrent. Dans ces actes nous lisons que « l'Eglise de Saint-Tugen a été, de tout temps excédant mémoire d'homme, une trève dépendant de la paroisse de Primelin, mais ayant son circuit et étendue plus grande que la paroisse. De laquelle trève dépendent quatre manoirs et quinze villages, savoir : les manoirs de Saint-Tugen (la salle), Lézurec, Kérouil, Keroznou ; les villages du bourg de Saint-Tugen, Kerlaouen-huellaff, Kerreuc'hen, Kerhas-izelaff, Kerhas-huelloff, Kerhasbis, Kervran, Kerlazen, Kerscoulet, Kerazaouen [Note : Le village a disparu, mais le nom reste, entre Kerscoulet et Kerlazen : Parou Kersaouen], Kerloa, Loaval, Croistinis, Pennzer, Kerscoetta » [Note : Village également disparu, entre le Poullain et Croistinis : Aujourd'hui on dit : Kiscoetta]. — « En la trève il y a 104 ménages et davantage, et plus de 400 persônnes communiant, tous les ans, auxquelles, on est en possession d'administrer tous autres sacrements, et y ont tombes, droits d'enfeu et de sépulture en la trêve de l'église de Saint-Tugen, en laquelle il y a eu de tout temps, fonds baptismal, clocher, prône et procession dominicale à la grand'messe, et aussi les jours de pardon et fêtes solennelles en la dite église ». — Les Tréviens déclarent que « la dite église est grande et spacieuse, en laquelle il y a neufs autels, auxquels se célèbre journellement la messe... Qu'il y a 10 grandes fenêtres vitrées,.... cinq confessionnaux,... 2 croix d'argent pesant plus de 45 marcs (plus de onze kilos), 2 cloches de fonte pesant plus de 10.000 livres, un clocher fort élevé, un dôme couvert de plomp, avec 6 et 7 calices d'or et d'argent, et plusieurs beaux ornements... ». Ils déclarent en outre, « qu'ils n'ont jamais eu d'autres pasteurs de leur église tresviale que ceux qui ont eu la charge de l'administrer... et qu'on ne peut assimiler leur église à une simple chapelle, sans nuire aux droits les plus légitimes et les plus sacrés... ».

IMPORTANCE DES BIENS ET DES RENTES DE L'EGLISE DE SAINT-TUGEN.

Prenons au hasard, les recettes et les dépenses de l'année 1738-1739 (du 1er mai au 1er mai). La reddition des comptes était faite chaque année, soit à l'évêque lui-même soit à son vicaire général et official. Les recettes s'élevèrent à 2.662 livres 1 sol 1 denier, et les dépenses à 420 livres 13 sols 9 deniers. Parmi les recettes nous voyons : « reçu en offrandes le jour du pardon la somme de 300 livres 7 sols, après avoir donné son tiers au sieur Recteur (soit, en tout 400 livres 9 sols). Rentes en argent 91 livres. Rentes en froment : 30 boisseaux et demi, vendus 198 livres 5 sols (à raison de. 6 livres 1, sols le boisseau). (Le boisseau était de 13 livres). Rentes de seigle:  15 boisseaux, vendus 63 livres 15 sols. Rentes en orge : 5 boisseaux et demi, vendus 16 livres 10 sols. Signé : THEPAULT DU BREIGNOU. Vic. général, official pendant la vacance du siège ».
Nota : — Les recettes (1.750 livres en 1656 ; 2.163 en 1666 etc...) servaient à payer les dépenses diverses et les fondations de messes, et ces fondations provenaient de toutes les paroisses à 5, 6 et 7 lieues à la ronde. — Les troubles et l'impiété de la grande révolution n'interrompirent pas le concours du peuple et sa dévotion à saint Tugen. Nous voyons, en effet, par la reddition de comptes faite le 1er avril 1792, que les offrandes, le jour du Pardon, ont monté à plus de 414 livres. Pour les années suivantes, les feuilles de reddition de comptes manquent. Nous voyons encore, toutefois, que le jour du pardon en 1684, les offandes sont de 217 francs, et en 1806, de 450 francs. Le gouvernement révolutionnaire avait confisqué toutes les fondations pieuses, comme il devait le faire encore, hélas ! en 1905.

HISTORIQUE DE LA CHAPELLE DE SAINT-TUGEN.

Nous avons plusieurs choses à dire sur ce sujet, et nous pensons que ce que nous en dirons intéressera.

Nous avons déjà dit, qu'en 1626, les Tréviens produisent un acte de 1418 prouvant qu'avant la construction de l'église actuelle, et sur le même emplacement, il y eut, de temps immémorial, une chapelle en l'honneur de saint Tugen. Les faits seront cités par ordre de date.

En 1604, au prône de la grand'messe à Saint-Tugen « le corps politique assemblé accepte la donation de la grande maison (an Ti bras), faite par Alain du Menez, seigneur de Lézurec, à l'église tréviale de Saint-Tugen. » (Archives paroissiales) : c'était à la condition qu'on dirait une messe tous les lundis de l'année, à perpétuité, pour la famille de Lézurec. D'après la tradition, cette maison servait de presbytère.

La confrérie du Rosaire fut établie dans l'église de Saint-Tugen le 24 août 1649, par le révérend Père Binet, Docteur en théologie, et Prieur du couvent de Saint-Dominique de Quimperlé, Mgr René du Louët étant évêque de Quimper. (Archives  paroissiales). — En 1652, construction de la balustrade qui est en face de l'autel du Rosaire.

En 1658, le 26 septembre, Mgr du Louët vint à Saint-Tugen baptiser René du Menez, fils de Yves du Menez, seigneur de Lézurec, et de dame Marguerite du Bouillye. En 1656, le Père Maunoir honora de sa présence le pardon de Saint-Tugen : Il était accompagné de M. de Trémaria, récemment converti et ordonné prêtre. Les pardonneurs remplissaient le cimetière et la rue, tous disposés à passer le soir et la nuit à danser (les joueurs de binious étaient là). Le Père Maunoir les harangue, les fait entrer à l'église, et passe toute la nuit et toute la semaine à confesser et à prêcher, aidé de M. de Trémaria. Cela donne bien l'idée du caractère des Bretons, prompts à s'amuser, à se divertir mais aussi comme la foi ne meurt jamais dans leur coeur, prompts à se convertir, quand ils entendent la voix puissante de saints missionnaires.

M. DE TREMARIA.

Nous ne pouvons pas ne pas faire connaître ici, en peu de mots, ce que fut et devint M. de Trémaria. Messire Nicolas de Saludem, seigneur de Trémaria, ancien conseiller du parlement de Bretagne, habitait le manoir de Kerrazan, à moins de trois lieues de Saint-Tugen. Fils unique, sans religion aucune, il se livrait à tous les plaisirs du monde, malgré les larmes et les supplications de sa mère, malgré les prières que cette tendre mère ne cessait d'offrir à Dieu pour sa conversion. Un jour, dégoûté et irrité de ne pas trouver le bonheur dans les plaisirs, il prend la résolution de se donner la mort. Il allait exécuter son dessein, lorsque qu'une voix, partant du crucifix qui était dans sa chambre, lui dit : « frappe! frappe ! ». Ce fut comme le coup de foudre qui renversa Saul sur le chemin de Damas. Notre Messire de Trémaria tomba à genoux, et s'écria : « Mon Dieu, que voulez-vous que je fasse ? ». Il était désormais converti. Quelques jours après, il vendait son carrosse, ses chevaux, et se consacrait aux missions de la Basse-Bretagne, sous la direction du P. Maunoir, et c'est à Saint-Tugen qu'il confessa pour la première fois, dans la langue bretonne qu'il ignorait auparavant, « regardant comme un miracle d'avoir pu entendre si facilement les pénitents, et d'en avoir été si bien compris » (Vie du P. Maunoir, 1er vol. p. 365).

O mères, qui auriez à pleurer sur l'inconduite de quelqu'un de vos enfants, imitez la conduite de la mère dont nous parlons, et ne désespérez jamais !

SACRISTIE DE SAINT-TUGEN.

Elle a été batie en 1720. Il fut payé aux maçons 148 livres 13 sols pour 148 journées, aux couvreurs 40 livres 12 sols pour 58 journées... (Archives  paroissiales). — En 1757, on a pavé l'église, et fait le choeur et la balustrade du Maître-Autel. C'est cette même année qu'on a fait la Plate-forme de la tour (Archives  paroissiales).

QUELQUES MOTS SUR L'EPOQUE DE LA GRANDE REVOLUTION.

« Le 29 juin 1792, les officiers municipaux de Primelin se transportent à la sacristie de Saint-Tugen pour inventorier les titres et les biens de la Fabrice de Saint-Tugen, ... la grande maison léguée à la Fabrice par Alain du Ménez,... rentes diverses en boisseaux de blé ou en argent... ». Le tout signé : J. Kerloc'h, maire, Jean Goardon, officier municipal, Le Masson, greffier.

Par un arrêté du 24 janvier 1793 (trois jours après l'assassinat du roi Louis XVI), le Directoire du District de Pont-Croix ordonne d'envoyer au District toutes les matières d'or, d'argent et de cuivre, et les ornements existant à Saint-Tugen.

Parmi les objets enleveés il y avait une cloche pesant 387 livres, qui fut envoyée à Brest. Il est certain que la seconde cloche fut également enlevée, soit alors, soit un peu plus tard, puisque la plus ancienne des trois cloches actuelles porte la date de 1803. La toiture de la tour, qui était en plomb, fut enlevée pour servir à la fabrication de balles de fusil. — Pour l'honneur de la paroisse de Primelin, tout cela fut fait sous la direction d'un maire, qui n était pas celui de la commune, et qui avait accepté la fonction de commissaire pour cette odieuse besogne. A cette occasion, nous devons mentionner la conduite d'une digne femme, Marie-Jeanne Cuillandre, femme Marc Normant, de Saint-Tugen. Pendant que les charrettes se chargeaient pour emporter tous les objets de la chapelle, elle enleva, d'une de ces charrettes, une des pierres sacrées et le magnifique calice, qui se conserve encore à Primelin. Ce calice est en argent doré, avec les statuettes des douze apôtres, et de très belles ciselures. Outre ce grand calice, la paroisse en conserve un autre, plus petit, gothique, doré, portant les armoiries des seigneurs de Lézurec. C'est à cette époque que furent décapitées toutes les statues en pierre des apôtres, et, sans doute aussi, détruite la croix du cimetière, par des gens son aveu, venus on ne sait d'où.

Chose étrange ! Ils ne touchèrent à aucune des belles statues de l'intérieur de l'église, sinon, peut-être, pour enlever le poisson de saint Corentin et la flamme du front de saint Vincent Ferrier. — En 1852, le jour du Pardon, toutes les statues décapitées et autres furent bénites de nouveau.

VENTE DE LA CHAPELLE DE SAINT-TUGEN.

En vertu de la loi du 14 mai 1790, la chapelle de SaintTugen fut mise en vente, et c'est Simon Dagorn qui s'en rendit acquéreur le 11 thermidor an III (29 juillet 1795), après quatre feux consécutifs, pour la somme de 20.100 fr. (vingt mille cent francs). Cet achat mit fin au vandalisme [Note : A la même époque on démolissait les cathédrales d'Avranches, de Macon, la basilique de Saint-Martin de Tours, plus de cent églises à Paris ; le même vandalisme sévit plus ou moins dans toute la France]. L'acquéreur avait douze ans pour payer le prix.. C'est en 1813 que le compte fut définitivement réglé, et on lui remboursa alors 79 fr. 33. [Note : C'est à 25 ans que Simon Dagorn achetait la chapelle de Saint-Tugen. il ne se contenta pas de l'acheter, il la restaura (cloche, vitraux, etc.) jusqu'à sa mort, le 10 juillet 1848 : il avait 78 ans. Son nom méritait de passer à la postérité].

LES TROIS CLOCHES DE L'EGLISE DE SAINT-TUGEN.

La plus ancienne des trois, et la plus petite, date de 1803, et porte le nom de Simon Dagorn, maire, et de Jean Thomas et de Jean Masson, membres du conseil de la commune de Primelin. La population souffrait de n'avoir qu'une cloche pour une si belle église. Aussi, lorsqu'en 1894, M. l'abbé Bourvon, Recteur très aimé, voulut faire appel à la générosité des fidèles, tout le monde fut joyeux ; et, au lieu d'une cloche qu'il demandait, on lui en donna deux, qui furent bénites solennellement en 1895, le jour du pardon. La plus grande est dédiée à saint Tugen. Depuis lors, Saint-Tugen possède la plus belle sonnerie de toute la contrée. C'est ce même abbé Bourvon qui a composé le beau cantique qu'on aime à chanter, surtout le jour du Pardon. C'est grâce encore au zèle de ce bon Recteur, qu'une belle croix a été érigée sur la splendide dune de Saint-Tugen, près de la mer : la procession s'y rend tous les ans, le jour du pardon. La paroisse de Primelin n'oubliera jamais ce que ce digne Pasteur a fait pour elle, sa mémoire y sera éternellement bénie. In memoria aeterna erit (Ps. 111).

CLASSEMENT de l'Eglise de Saint-Tugen.

Les fondations pieuses ayant été toutes confisquées par la Révolution, on ne pouvait plus que très difficilement faire face aux réparations strictement nécessaires.
En 1908, on s'adressa aux Beaux-Arts, et l'église fut classée parmi les monuments historiques. Au nombre de ceux qui y contribuèrent le plus, nous devons nommer M. Henri Royer, artiste peintre. Mais les Beaux-Arts ne donnent qu'à la condition d'être aidés par les ressources des communes et les offrandes des fidèles.

LA FAMILLE DES DU MENEZ, SEIGNEURS DE LEZUREC.
Nous trouvons dans la liste des Menez-Lézurec un Yves du Menez, fils d'Alain et de Marguerite Gourcuff. Cet Yves épousa Marguerite de Brézal, et ils eurent, eux-mêmes, un fils qui porta également le prénom de Yves, lequel épousa Marguerite de Bouillye. Yves et Marguerite de Bouillye ne devinrent seigneur et dame de Lézurec qu'à la mort de leur frère aîné, Vincent du Menez. C'est ce Vincent du Menez, qui, en 1657, fonda le couvent des Capucins à Audierne : il y prit lui-même l'habit de l'ordre. — En 1662, nous voyons un Monsieur du Menez, Recteur d'Esquibien. — Au moment de la Révolution, le manoir était habité par Mme veuve du Menez, née Le Gouvello de la Porte, qui avait une fille très jeune. Cette fille vécut en simple paysanne dans les environs, pendant l'époque révolutionnaire. Sa mère « La citoyenne Lézurec », comme on la désigne dans les Registres du District de Pont-Croix, fut placée sous la surveillance du Directoire du Dictrict, d'abord à Pont-Croix, ensuite à Quimper, pour avoir donné asile à des nobles et à des prêtres « réfractaires ». L'on a découvert tout dernièrement, au Manoir de Lézurec, trois ouvertures de souterrains, et l'on suppose même qu'il y a dans la chapelle de Saint-Tugen, une ouverture de souterrain qui conduit jusqu'au manoir : ceci toutefois est peu probable. La jeune fille dont nous venons de parler, Mlle du Menez, épousa plus tard un Bizien du Lézard. Le manoir a été vendu, et ce sont des fermiers de M. Quéinnec, ancien conseiller général, qui l'habitent vers 1921.

(abbé VELLY).

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