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L'OSSUAIRE (1616) DE SAINT-THEGONNEC

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§ I. DESCRIPTION.

Avant la construction de l'ossuaire actuel en 1676, il en existait un autre sur l'un des côtés du cimetière à la partie nord, et celui-ci servait en réalité à recueillir les ossements [Note : Il a été détruit vers 1850]. « L'ossuaire de 1676, dit M. le chanoine Abgrall, est un des derniers, ossuaires en date, mais c'est le plus beau et le plus monumental. La façade midi et l'abside à pans, coupés sont particulièrement riches. L'abside est percée de deux belles fenêtres et appuyée sur ses angles par des contreforts surmontés de clochetons qui forment une adorable silhouette, avec les trois autres clochetons plus haut placés sous les pignons aigus. Sur la façade latérale, un solide soubassement soutient un rang de six fenêtres séparées par des colonnes corinthiennes, et au milieu est une large porte de même style. Le deuxième étage est formé par une série de huit niches à coquilles, encore séparées par des colonnes semblables mais plus courtes. Au-dessus de la porte une niche monumentale abrite la statue de saint Paul Aurélien ; cette niche est surmontée d'un dais et accostée de deux cariatides à gaine coiffées de la volute ionique. Dans la frise qui sépare les deux étages est sculptée une inscription magistrale en grandes capitales romaines qui se continue sur tout le pourtour de l'édifice :

C’EST UNE BONNE ET SAINCTE PENSÉE DE PRIER

POUR LES FIDÈLES TRÉPASSÉS.

REQUIESCANT IN PACE. AMEN. — HODIE MIHI.

CRAS TIBI.

O PÉCHEURS, REPENTEZ-VOUS ÉTANT VIVANTS,

CAR A NOUS, MORTS, IL N'EST PLUS TEMPS.

PRIEZ POUR NOUS, TRÉPASSÉS,

CAR UN DE CES JOURS AUSSI VOUS EN SEREZ.

SOIEZ EN PAIX.

Dans les contreforts des extrémités sont incrustés deux bénitiers rappelant toute l'ornementation des clochetons et des niches. A l'intérieur de la chapelle on voit un autel surmonté d'un rétable à colonnes torses, et sous l'autel est une sorte de chambre basse ou crypte éclairée par deux soupiraux dans laquelle on a placé en 1702 un sépulcre de Notre-Seigneur, oeuvre des plus remarquables, où l'on doit admirer surtout la Madeleine, la Véronique et les deux anges pleurant sur le tombeau » (Extrait de l'Architecture bretonne, par M. le chanoine Abgrall).

Enclos de Saint-Thégonnec

  

enclos paroissial de Saint-Thégonnec

 

§ II. ARCHITECTE ET OUVRIERS.

Le deuxième dimanche de février 1676, plusieurs architectes vinrent à Saint-Thégonnec pour assister à la mise en adjudication des travaux à exécuter pour la chapelle ossuaire. « Le second dimanche de février, ayant convenus des M. architecteurs pour voir l'aplacement du reliquaire qu'on vouloit bastir, fait des frais pour la some de 4 livres 10 soulz » (Cahier des comptes, année 1675-1676). Jean Le Bescont, « architecteur de Khaez » (Carhaix), fut chargé de l'entreprise. Il était en même temps « architecteur, entrepreneur et maître picoteur ». On peut être étonné qu'un monument d'un travail si fin et du style Renaissance le plus pur soit l'oeuvre d'un ouvrier de province. M. Bescont, comme beaucoup de « compagnons » de cette époque, a bien pu faire son tour de France et qui sait, peut-être d'Italie pour se perfectionner dans son art. Toujours est-il que le talent ne lui fit pas défaut. Son oeuvre est là qui l'atteste. En ce temps, n'était pas reçu maître maçon qui voulait. Il fallait avoir passé plusieurs années comme apprenti pour devenir ensuite compagnon ou valet, et l'on n'était reçu maître que si l'on avait déjà accompli une oeuvre remarquable. Ce long apprentissage supposait chez le nouveau maître des connaissances étendues de son art. L'étude des monuments, l'émulation nécessairement existant entre les diverses corporations développaient chez l'ouvrier ce goût inné de son art, et faisaient surgir sur notre sol breton ces oeuvres qui, si elles dénotent surtout l'intensité de la foi, montrent parfois aussi chez l'ouvrier un instinct de génie. La chaire à prêcher de Saint-Thégonnec, oeuvre des plus remarquables et même sans égale, est sortie des ateliers de Landivisiau.

M. Jean Le Bescont fut payé d'après le nombre de journées employées par ses ouvriers à la construction de l'ossuaire. — Les tailleurs de pierre payés à 13 sols par jour étaient : Yvon Huon, Yvon Tanguy, Georges Pouliquen, René Pouliquen, Jean Bescont, Guillaume Tauc, Jacques Hamon, Le Duff et Vincent Treguier.

Les six premiers travaillèrent jusqu'à la fin de l'entreprise. Les trois derniers ne furent pas employés d'une façon régulière et au bout de quelque temps furent même remplacés par : Mathieu Runot, Jean Blez et Yvon Le Bescont.

L'architecte mettait lui-même de temps en temps la main à l'ouvrage, probablement pour remplacer quelqu'un de ses ouvriers, ou pour exécuter un travail plus délicat, et recevait pour son salaire, 25 sols par jour.

Les charpentiers percevaient le même salaire que les « picoteurs ». C'étaient Alain Picart, Charles Prigent, Charles Picart et François Chapalain.

Les couvreurs, Hervé Pichon et Yvon Pichon, étaient payés 12 à 13 sols par jour, tandis que les « darbareurs » ou manoeuvres ne touchaient que 10 sols. Les « darbareurs » s'appelaient : Yan Grall, Charles Prigent et Pierre Berthélé.

Pour l'ensemble des travaux qui durèrent de 1676 à 1681, les tailleurs de pierre reçurent 6.304 livres. Les frais de charrois de pierres de la montagne d'Arrée montèrent à la somme de 2.682 livres. Si l'on joint à ces deux chiffres le salaire des « darbareurs », les dépenses en chaux, charbon, pierres de maçonnerie et quelques autres menus frais, nous trouvons que cette chapelle ou ossuaire revint à la fabrique à la somme de 9.500 livres, la charpente non comprise.

Le recteur de la paroisse était à cette époque : Jean Armand Harscouët. Les autres prêtres, vicaires ou chapelains, s'appelaient : Thomas Breton, Hervé Spaignol, Jacques La Haye et Guillaume Breton. Les fabriciens étaient : En 1676, Yvon Breton du Cozlen, Pierre Caro de Gouazanlan. En 1677, Pierre Maguet de Mengars, Yvon Fagot de Penanvern. En 1678, Yvon Maguet de Cosquéric, Jean Pouliquen de Brogadéon. En 1679, Pierre Le Grand du Broustou, Guillaume Picart du Bourg. En 1680, Mathieu Abgrall de Bodénéry, François Caro de Mengars. En 1681, Hervé Cottain du Cozlen, Hervé Tanguy du Cosquéric. En 1682, Olivier Herrou de Kerfeultz, Jean Bras du Fers.

 

§ III. RETABLE DE L'OSSUAIRE (1685).

Le 30 décembre 1685, la fabrique conclut un marché avec Paul Lahaye demeurant à Pont-Croix, paroisse de Beuzec-Cap-Sizun, évêché de Cornouaille et Alain Castel, demeurant à Morlaix, paroisse de Saint-Martin. Il s'agissait de construire pour 400 livres le rétable de l'autel de l'ossuaire. Les sculpteurs devaient laisser au bas, au milieu de l'autel, une place pour y mettre un tableau. Une fois achevé l'ouvrage sera examiné et si les experts ne le trouvent pas « parfait selon l'art », les sculpteurs l'emporteront à leurs frais. Si Paul Lahaye et Alain Castel ont besoin d'argent, les comptables leur avanceront la moitié de la somme, mais ils seront ensuite obligés de la rembourser, si leur travail n'est pas accepté.

En 1688, la fabrique paie la somme de 22 livres un tableau de la Sainte-Famille qu'elle fit mettre sur cet autel. Aujourd'hui la place laissée vide au bas de l'autel est occupée par un bas-relief représentant la mort de saint Joseph.

enclos paroissial de Saint-Thégonnec

§ IV. SÉPULCRE (1699-1702).

Ce sépulcre en bois de chêne est un des plus beaux du diocèse. Le groupement harmonieux des personnages, la variété de leur attitude et la vivacité particulière de leurs physionomies font de cette mise au tombeau une scène pleine de mouvement et de vie. La statue de la Madeleine surtout est une oeuvre des plus remarquables. Il est impossible de ne pas admirer cette pose naturelle d'une personne qui s'abandonne à sa douleur, cette finesse de traits et cette expression toute vivante de la figure. C'est bien la Madeleine, telle que nous la dépeint l'Evangile. Celle dont Notre-Seigneur a dit : « Elle a beaucoup aimé ». Abîmée dans sa douleur, elle pleure son divin Maître que les Juifs viennent de crucifier. Les autres statues du groupe ne manquent pas non plus de naturel et sur chaque figure est empreinte l'expression de douleur qui convient à chaque personnage. — Au fond du tableau et au milieu, la Vierge aux regards voilés et baissés vers le Christ, et dont l'attitude défaillante montre ce que le « Fiat suprême » a coûté à son coeur maternel. A ses côtés, saint Jean, accomplissant les dernières volontés de son Maître soutient Celle que du haut de la croix Jésus lui donna pour mère.

A droite de la Vierge se trouve la Véronique tenant en mains le voile de la Sainte-Face, témoignage de la reconnaissance de son Dieu.

Ses regards attristés sont tournés vers le Christ que portent dans un linceul Joseph d'Arimathie et Nicodème. Ce sont là deux types de vieux docteurs d'Israël, tels que nous les représentent les anciennes enluminures. Leurs traits sont fortement accentués, et leurs yeux grands ouverts expriment la stupeur. A côté de chacun de ces docteurs on voit un ange dont les regards se détournent du tombeau, et dont le visage ainsi que le maintien reflètent encore les sentiments d'angoisse qu'ils ont éprouvés, lors du crucifiement de leur Dieu. Un d'entre eux porte en mains la couronne d'épines. Un troisième ange, à la gauche de saint Jean tient le calice de la Passion. Sur le devant du groupe qui entoure le Christ, et à gauche de la Madeleine, se trouve Marie Salomé ou une des saintes femmes de la suite du Sauveur. Sa tête est penchée, ses lèvres entr’ouvertes et ses yeux baissés. Elle laisse transpirer sa douleur qu'elle semblait vouloir garder pour elle.

enclos paroissial de Saint-Thégonnec

Ce sépulcre est l'œuvre de Jacques Lespaignol, maître sculpteur, demeurant près le Pont-aux-Choux, paroisse de Saint-Melaine de Morlaix. Son travail lui fut payé 1.550 livres [Note : Ces quittances sont datées du 24 avril et du 9 août 1699 ; du 14 mars 1700, du 7 décembre 1702 et du 3 février 1703].

Les sieurs Godefroy et Bourriquen, maîtres peintres de Morlaix, reçurent de la fabrique pour peindre, les statues du sépulcre la somme de 1.200 livres, suivant leur quittance du 29 octobre 1706 (F. Quiniou).

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