Web Internet de Voyage Vacances Rencontre Patrimoine Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Bienvenue !

UNE VICTIME DE CARRIER

  Retour page d'accueil       Retour " Ville de Saint-Thégonnec "   

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Note : Jean-Baptiste Carrier, né le 16 mars 1756 à Yolet, près d’Aurillac, mort guillotiné le 16 décembre 1794 à Paris, est un des acteurs de la Révolution française, et particulièrement de la Terreur. Son nom reste associé aux massacres et aux noyades de Nantes de 1793 et 1794. Fils de Jean Carrier et de Marguerite Puex, il est le troisième enfant de cette famille composée de trois filles et de trois garçons. Il épouse le 4 octobre 1785 Françoise Laquairie. Après ses missions en Normandie et à Rennes, il est envoyé à Nantes en septembre 1793 pour faire cesser la révolte vendéenne par les moyens les plus extrêmes.

M. Yves Coat, originaire de Saint-Thégonnec, quitta de bonne heure sa paroisse natale pour se rendre auprès d'une de ses tantes qui habitait alors la ville de Nantes. Celle-ci l'adopta et prit soin de son éducation. Elle lui fit faire des études ecclésiastiques, et le jeune homme, une fois prêtre, opta pour le clergé nantais. A l'époque de la Révolution, nous le trouvons à la tête de la cure de Saint-Donatien. Le curé de Saint-Donatien, dit M. l'abbé Delanoue, avait été assigné devant le tribunal du district de Nantes, le 8 janvier 1791, pour propos séditieux. Il fut remplacé dans sa cure, le 22 mai 1791, et se réfugia rue Mercœur, maison Dubois, avec son cousin, M. Lescan, son ancien vicaire. Il fut arrêté le 5 juin 1792 et enfermé à Saint-Clément avec son autre vicaire, M. Jambu [Note : Le général de la paroisse énuméra, dans un acte du 7 septembre 1792, tous les bienfaits de M. Coat, « qui faisait de nombreuses charités, » mais il ne put obtenir l'élargissement de son ancien recteur]. Il n'y demeura pas longtemps. Une loi du 26 août 1792 ordonna de renfermer dans une maison spéciale, dont la mun­cipalité aurait la garde, tous les prêtres infirmes et ceux qui auraient soixante ans d'âge. Les prêtres les plus jeunes étaient condamnés à la déportation... Le vénérable M. Coat, âgé de soixante-trois ans, fut d'abord envoyé dans le couvent des Carmélites, dans la rue de ce nom, le 7 novembre. Il fut plus tard enfermé dans la maison des Capucins, rue de l'Hermitage, Enfin, le 28 octobre 1793, quatre-vintgt-six prêtres des Petits-Capucins étaient transférés sur le navire la Gloire. Ils n'y devaient pas rester un mois... Dans la nuit du 26 au 27 Brumaire an II (16-17 Novembre 1793), un samedi, par un beau clair de lune, on amena une sapine, sorte de chaland. Après une préface d'excuses, on attacha deux à deux les prêtres, au nombre desquels était le curé de Saint-Donatien, puis on les fit descendre de la Gloire dans la sapine. Aucun des ecclésiastiques ne prévoyait le sort qui les attendait. Tous croyaient l'heure de la délivrance arrivée. C'était au contraire le moment du martyre. Le fond du bateau était rempli de tuffeaux qui tenaient fermées les ouvertures ou les soupapes. Tout à coup le commandant de l'embarcation fait écarter les pierres. L'eau entre avec abondance. Les prêtres se donnent une dernière absolution, et le chaland est bientôt submergé avec tous ceux qu'il contient. Le curé seul de Saint-Lyphard échappa au naufrage... M. Coat, nous dit la tradition, s'écria en voyant le naufrage : « Saint Donatien et saint Rogatien, mes bons paroissiens, priez pour moi » (Saint-Donatien et Saint-Rogatien de Nantes, par l'abbé Delanoue, page 221).

M. Coat était en relation avec ses parents de Saint-Thégonnec. Chassé de son presbytère et de sa paroisse, il écrivit à sa nièce pour la mettre au courant de son infortune et du sort des autres membres de leur famille qui se trouvaient à Nantes. M. Thoribé conserve encore une partie de cette lettre comme un souvenir précieux et un testament vénérable d'un martyr de la foi. Voici ce fragment de lettre : « ... Trop heureux encore dans mon désastre que ma santé n'en ait pas trop souffert..., je ne ferai pas le détail inutile de toutes les sollicitations qu'on m'a faites pour m'arracher le serment civique, de toutes les offres avantageuses qu'on a mises en usage à cette fin, de toutes les menaces qu'on a employées pour y réussir ; mais je ne puis vous cacher plus longtemps que je suis chassé de ma cure depuis le 22 de mai dernier en conséquence de mon refus ; je me suis réfugié chez ma cousine Laporte où je prends ma pension jusqu'à nouvel ordre, car je ne suis pas sûr d'y rester longtemps, on nous prépare encore de nouvelles épreuves, dit-on ; Dieu en soit béni. Fasse le Ciel qu'elles servent à expier mes péchés, mais je ne suis pas le seul malheureusement en butte à la contradiction des hommes. Ma nièce, votre soeur a subi le même sort ; elle fut chassée de la communauté ainsi que toutes les autres demoiselles à l'exception d'une seule, le 31 du même mois de mai, dernier, elle s'est procuré un asile chés une personne honnête de notre connaissance où je tâcherai de la nourrir et de l'entretenir autant que mes facultés me le pourront permettre, car elles ne sont point inépuisables et ma nièce n'a absolument rien ; pour comble d'infortune, mon cousin Lescan fut mis aussi hors de sa communauté vendredi dernier au soir, ainsi que tous ses confrères et autres prêtres pensionnaires, il s'est rendu chez sa soeur où nous vivons ensemble et tâchons de nous consoler mutuellement ; il loge dans une chambre qui joint la mienne, et la maison où nous couchons n'est séparée de celle de ma cousine que de la largeur de la rue. Voilà, ma chère nièce, l'état où nous sommes les uns et les autres, et courons, risque d'y demeurer longtemps si le père des miséricordes ne se hâte de venir à notre secours, nous n'avons presque plus la liberté de dire la sainte messe, à moins de la dire dans notre chambre, toutes les églises de communautés religieuses où nous avions le bonheur de célébrer ci-devant avec la plus grande tranquillité furent toutes fermées vendredi au soir, à peine nous a-t-on laissé quatre petites chapelles hors de la ville pour notre consolation ; encore faut-il porter pain, vin, linge et ornement, je ne crains pas toute la misère dont je suis menacé, je .. (la moitié de la feuille manque) .. fidèles, il (Dieu) ne permettra jamais que nous soyons éprouvés... au delà de nos forces... il saura nous dédommager avantageusement de toutes nos tribulations courtes et passagères, s'il nous éprouve dans le temps, c'est pour nous purifier afin de pouvoir nous couronner dans l'éternité. D'ailleurs les, souffrances de ce monde n'ont et ne peuvent avoir aucune proportion avec la gloire qui nous est, préparée dans l'autre, enfin, ma très chère nièce, puisqu'il a fallu que Jésus-Christ, notre divin maître et l'innocence même, souffrît pour entrer dans sa gloire parce qu'il s'étoit chargé miséricordieusement de nos péchés, n'est-il pas juste que nous, qui sommes coupables à ses yeux de tant d'infidélités, nous souffrions pour les expier et pour acquérir avec lui quelque vraisemblance sans laquelle nous ne pouvons espérer de lui être mis dans la céleste patrie. Ma nièce, mes cousins et cousines se portent à merveille pour le moment, grâces à Dieu, et vous font bien des compliments ; j'embrasse aussi de tout mon coeur votre mari et tous vos enfants et vous souhaite à tous toute espèce de bénédictions, priez tous les jours pour moi, vous ne ferez pour moi que ce que je fais tous les jours pour vous, ne doutez jamais du sincère attachement avec lequel je serai toujours, ma très chère nièce, votre très humble et très obéissant serviteur et oncle. Y. COAT, Recteur ci-devant de Saint-Donatien. Si vous me faites réponse, il faudra adresser vos lettres ches M. Laporte, charon, près la maison des Frères des Ecoles chrétiennes, paroisse de Saint-Similien de Nantes » (F. Quiniou).

 © Copyright - Tous droits réservés.