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L'ADMINISTRATION DU CANTON DE SAINT-THEGONNEC, en 1796 et 1797

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Nous allons donner ci-après quelques lettres de la correspondance de l'administration municipale du canton avec le Département et avec le District et autorités de Morlaix.

§I. IVème ANNÉE RÉPUBLICAINE (1796).

Un poste militaire avait été établi pour la correspondance à Saint-Thégonnec, chef-lieu du canton. Le District ne s'occupait des soldats que pour leur donner des ordres de parcourir les communes en vue d'arrêter les ennemis de la République. Mais leur procurer des vivres, à eux et à leurs chevaux, c'était pour les représentants du peuple une question tout à fait secondaire. Aussi les soldats ne se gênaient-ils pas pour rançonner de temps en temps la population, et plus d'un d'entre eux fut surpris dans les champs en flagrant délit de vol. L'administration se plaignait au District de ces rapines, et demandait en outre à ce que la commune fut dégrevée des lourdes impositions qui pesaient sur elle.

Saint-Thégonnec, disait-elle, est dans l'impossibilité de fournir la quantité de foin, de grains et d'argent qu'on lui réclame, et nous vous demandons « l'autorisation d'exploiter les bois nationaux pour être à même de fournir du bois de chauffage aux militaires » (17 germinal an IV).

« (12 Avril 1796) 22 Germinal, IVème année républicaine. L'administration au citoyen Robinet, commandant l'arrondissement et la place de Morlaix. CITOYEN, Nous avons fait publier hier votre lettre du 17 ce mois et les ordres du 12 Ventôse dernier et 10 du courant avec une indication de notre part à nos concitoyens de déposer au plutôt leurs armes chez le citoyen Smuller chef de bataillon à Morlaix ; nous ne pensons pas que cette invitation puisse faire grand effet, par la raison qu'il ne doit pas exister d'armes en cette commune, attendu que sans qu'il y eut en aucun temps éclaté nul mouvement séditieux, et qu'elle se soit toujours maintenue dans la tranquillité, elle fut désarmée dans le courant du mois de frimaire an second ; au surplus, s'il parvenoit à notre connoissance qu'il existât encore quelques armes, nous ne manquerons pas de les faire déposer au plutot. Salut et fraternité ».

La commune de Saint-Thégonnec possédait un poste militaire chargé de maintenir l'ordre. Nous allons voir, d'après la lettre suivante, de quelle façon les soldats s'acquittaient de leur mission.

« (18 Juillet 1796) 29 Messidor, 4ème année républicaine. Aux autorités constituées et commandants militaires auxquels la présente sera communiquée. CITOYENS, Il vient de se commettre dans notre canton un assassinat dont les auteurs sont trois militaires armés de fusils et un autre individu portant un tambour, nous vous invitons à prendre toutes les mesures que votre prudence vous suggérera pour nous aider à découvrir un pareil attentat à la sureté publique. Le citoyen assassiné a reçu un coup de feu dont la balle a porté à son épaule, heureusement il n'en est pas mort. Le commandant du bataillon arrivant ce soir à Landerneau, est invité à faire au plutot rassembler sa troupe et à en faire l'appel. Salut et Fraternité ». On lit en marge : « Le citoyen assassiné est Jean-Marie Goarnisson de Coasvout, mort le 30 Messidor an IVème, lendemain de sa blessure ».

Les sans-culottes de Morlaix veillaient à la sûreté des communes qui étaient du ressort de leur district, et se défiant des officiers municipaux du canton de Saint-Thégonnec, ils expédiaient directement leurs ordres au commandant militaire.

« 27 Floréal, 4ème année républicaine (17 Mai 1796). Au citoyen Robinet, commandant la place de Morlaix. CITOYEN, Par votre lettre du jour d'hier, vous nous mandez que le citoyen, Marc Le Férec, jeune homme de la première réquisition, est dénoncé comme étant un des principaux agents de nos ennemis ; jusqu'à présent nous n'avions pu savoir si le citoyen Férec avoit été dénoncé et quels étoient les motifs de sa dénonciation ; le commandant de la force armée qui a arrêté Férec nous a fait agir avec lui, sans jamais vouloir nous en exhiber de ce qui étoit relatif, ni même nous donner connoissance de l'objet de cette expédition, pour assister à laquelle il nous réquéroit de nommer l'un de nous, il n'y a guère à s'étonner de cette manière du commandant d'après la défiance qu'il n'a cessé de montrer pour l'administration. Au reste, le commandant a sans doute connoissance des accusateurs de Férec et doit être à même de vous donner des renseignements à cet égard. Quant à la connoissance que nous avons de Férec, nous savons qu'il est de la première réquisition, nous n'avons pas remarqué qu'il ait en aucune manière troublé l'ordre en cette commune, nous ne connaissons pas qu'il ait aucune intelligence avec nos ennemis. Pour ce qui est du reproche qu'on pourroit faire à Férec de ce qu'il ne réside pas chez son père, nous ne savons pas au juste les motifs qui ont pu éloigner ce jeune homme de la maison paternelle. Salut et Fraternité ».

Si on ne pouvait pas quitter la maison paternelle sans inconvénient, il n'était pas non plus sans risques de voyager sans passe-port. Plusieurs habitants de la commune en firent l'expérience à leurs frais.

« 24 Prairial, 4ème année républicaine (13 Juin 1796). A l'administration municipale du canton de Landivisiau. CITOYENS, Nous apprenons à l'instant que le citoyen Jacques Le Billon de la commune de Saint-Thégonnec en ce canton est détenu au chef-lieu de votre canton, nous ignorons les motifs de cette détention, mais si elle ne provient que du défaut du Billon de s'être muni d'un passe-port, nous vous déclarons que si ce citoyen nous en eut demandé, il lui en auroit été délivré, étant inscrit au tableau dressé, en exécution de la loi du 10 vendémiaire dernier. Salut et Fraternité ».

Le 24 Frimaire an VI (15 décembre 1797), la même demande d'élargissement est adressée en faveur des citoyens Thégonnec Le Goff et Jean Kérautret, arrêtés à Quimper, pour défaut de passe-port.

 

§II. AN V DE LA RÉPUBLIQUE (1797).

L'administration municipale avait osé se plaindre des soldats et du commandant militaire ; elle ne tarda pas à voir ce que valaient ses réclamations auprès du district de Morlaix. Aux 25 soldats qui avaient établi domicile chez les habitants de Saint-Thégonnec, le District en adjoignit 103 autres, « de sorte que voilà 128 militaires qui n'ont rien à faire qu'à porter des dépêches puisque l'ordre n'a jamais été troublé dans cette commune ». « Guiclan en possède 24 qui n'y font, aucun service » (Lettre du 21 Vendémiaire).

Un mois après, le 19 Brumaire an V (10 novembre 1796), les officiers municipaux reçurent un témoignage non équivoque de la méfiance des Jacobins du Département. On leur envoya pour les surveiller le citoyen Kerbrat, notaire à Morlaix, avec le titre de Commissaire du Directoire, exécutif.

Ce fut le signal d'une débâcle dans l'administration municipale. Les habitants des campagnes, appelés par leurs concitoyens à gérer les affaires publiques, s'en occupent comme de leurs affaires propres. Mais il suffit qu'un étranger, pourvu d'un titre officiel, vienne présider leurs réunions et les surveiller pour que, en vrai levain de discorde, il suscite chez eux la défiance qui se traduit par l'inaction ou le désistement de leurs fonctions. Tel fut le résultat de l'arrivée du citoyen Kerbrat à Saint-Thégonnec.

« 10 Ventose, an V (1er Mars 1797). A l'Administration centrale du Finistère. CITOYENS, Vous trouverez ci-joint les états des citoyens de ce canton qui ont droit de voter aux assemblées primaires. Leur nombre s'élève pour tout le canton à 647. Conformément à la loi du 25 Fructidor an III, nous avions ouvert un registre pour recevoir les inscriptions des candidats qui seroient proposés par nos concitoyens ; nous avions par publication annoncé l'ouverture de ce registre, et invité les citoyens de notre canton à y faire des inscriptions, mais aucun n'est venu souscrire ni inscrire d'autre, nous ne pouvons en conséquence vous envoyer aucune liste de candidats. Salut et Fraternité ».

Cinq jours plus tard, Jacques Pennec, agent municipal de la commune de Saint-Thégonnec, adressait sa démission à l'Administration municipale. Son exemple fut bientôt suivi par Jean-Marie Abgrall, et par le président lui-même, Thomas Le Maguet.

« 15 Ventose, an V (6 Mars 1797). Jacques Pennec, agent municipal, à l'Administration municipale du canton... CITOYEN, Depuis le cinq Frimaire an trois, je n'ai discontinué d'exercer quelque fonction publique en ce canton. J'ai d'abord rempli les fonctions de procureur de la commune, et puis celles d'officier municipal de la commune de Saint-Thégonnec. En acquittant cette dernière place, je fus nommé agent municipal de ma commune ; vous connaissez et l'état de délabrement où s'est trouvé ma santé et les occupations que m'a données cette dernière charge. Ces occupations ont tellement absorbé mon tems que si je regarde la situation de mes affaires particulières, je n'y vois que des champs manquant de culture et un commerce délabré. J'aurois désiré continuer à pouvoir remplir les fonctions qui m'étoient confiées ; mais l'état où se trouvent ma santé, mes travaux domestiques ne me le permettent pas. En conséquence, citoyen, je vous déclare me démettre de la charge d'agent municipal de la commune de Saint-Thégonnec, et vous invite à convoquer l'assemblée des citoyens pour procéder à l'élection d'un nouvel agent municipal et à me donner acte de ma présente démission. Salut et Fraternité ».

La fonction d'agent municipal, grâce aux tracasseries des fonctionnaires publics, était loin d'être une sinécure. Appelé à chaque instant à la « maison commune », par des arrêtés partant du district de Morlaix ou du Département, il devait s'empresser d'accourir au bourg, plantant là son commerce ou ses travaux agricoles, sous peine d'être accusé d'incivisme.

« Il y a bientôt cinq ans, écrit Jean-Marie Abgrall, que je n'ai cessé de remplir quelque place dans cette commune. En 1792 je fus élu capitaine de la garde nationale, j'ai exercé cette charge sans discontinuation jusqu'au jour de mon installation en celle d'adjoint municipal. Vous n'ignorez pas, citoyen, les embarras que m'a occasionnés cette dernière charge. Vous savez tous que je n'exploite un ménage assez considérable, vous savez que je suis seul chargé du soin de cette exploitation, il est vrai que ma mère demeure avec moi, mais quel secours peut-elle me prêter à l'âge de soixante-dix ans.

Depuis seize mois, citoyen, j'ai presqu'abandonné le soin de mon ménage et à tout commerce pour ne vacquer qu'aux affaires publiques... ».

Le président Thomas Le Maguet de Guiclan fit aussi valoir, comme prétextes pour donner sa démission « une nombreuse famille à entretenir, et l'état d'abandon où se trouvaient son commerce et son ménage ».

Pour remplacer ces agents municipaux démissionnaires, une élection eut lieu au mois de Germinal an V (mars-avril 1797.) Mais la lettre suivante, adressée aux nouveaux élus, laisse croire qu'ils n'avaient pas dû se lancer avec beaucoup d'entrain dans la question électorale.

« CITOYENS, Nous vous invitons à vous trouver le 28 du courant (lundi prochain) à onze heures du matin, en la maison commune de ce canton pour y être installés dans les places auxquelles vous avez été appellés tant par l'assemblée primaire et communale de Saint-Thégonnec que par l'assemblée communale de Guiclan. Nous espérons que vous ne refuserez pas de vous rendre à notre invitation. Salut et Fraternité ».

Les nouveaux élus étaient : François FLOC’H, du Kermat, président. Charles GRALL, de Guélébara, agent de Saint-Thégonnec. Jacques DROLAC'H, du Lividic, adjoint de Saint-Thégonnec. Alain BRETON, agent de Guiclan. Yves LE GUEN, du Bourg, adjoint de Guiclan. (F. Quiniou).

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