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LA PAROISSE DE SAINT-SULPICE DE FOUGÈRES

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Nous nous bornerons à donner ici quelques détails, mais nous tenons à indiquer qu'une importante notice manuscrite sur la paroisse de St-Sulpice, oeuvre de M. Le Bouteiller, a été publiée.

Le patron actuel de la paroisse est saint Sulpice le pieux, évêque de Bourges, au VIIème siècle ; mais M. Le Bouteiller croit que le patron primitif était saint Sulpice Sévère (IVème siècle), disciple de saint Martin.

Saint-Sulpice remonte peut-être à la fin du Xème siècle, et pour le moins à 1050 ou 1069, époque à laquelle cette église était déjà le siège d'une paroisse. C'était alors un édifice bien humble qui, en 1155, faillit être supplanté en vertu d'une décision de l'évêque Alain, par une autre église, celle du prieuré de la Trinité fondé entre 1064 et 1076.

En effet, en 1155, l'évêque de Rennes (Alain), en présence de l'exiguité de l'église de Saint-Sulpice, transféra le siège de la paroisse à l'église du prieuré de la Trinité (aujourd'hui la Providence), qui était grande et belle. Les paroissiens protestèrent et agrandirent leur église ; l'évêque laissa tomber son ordonnance, mais le prieur de la Trinité conserva le droit de présentation du recteur de St-Sulpice ; et celui-ci dut, chaque année, célébrer la messe paroissiale, les dimanches des Rameaux et de la Trinité, dans l'église priorale ; usage qui se continua jusqu'à la Révolution. En 1739, par suite de la suppression du titre abbatial de Marmoutiers (de laquelle abbaye dépendait le prieuré de la Trinité), la cure de Saint-Sulpice revint à l'Ordinaire ; mais le recteur et son curé continuèrent d'être pensionnés par le prieur commendataire de la Trinité.

Le presbytère relevait, au point de vue féodal, du prieure de la Trinité, au fief du Marchix. Il semble avoir toujours été situé au même endroit. Il a été reconstruit en 1829-1830 et coûta 13.945 francs. La ville fournit 6.000, la paroisse 3.000 ; le reste provint de dons volontaires.

Voici quelques notes sur les prêtres de Saint-Sulpice pendant la Révolution :

CLERGÉ PAROISSIAL.

RECTEUR : M. Pierre-Julien Beaulieu, né à Saint-Jean-sur-Couesnon, le 9 janvier 1749 ; vicaire au Teil ; puis (1782) vicaire à Saint-Léonard de Fougères ; succéda à Saint-Sulpice à M. Le Sainthomme, mort le 27 mai 1790, et prit possession le 2 juin de cette année. A l'arrivée de l'intrus, M. Beaulieu se réfugia à Saint-Jean, où il prit un passeport pour Jersey. Il rentra en France au bout de 3 mois ; se trouvait à Fougères lors du passage des Vendéens ; et resta caché à Fougères, chez sa servante. Il reparut en 1795, adhéra à l'acte de soumission et rouvrit son église. Obligé de se cacher de nouveau, il fut arrêté le 26 août 1796 [Note : Par un gamin de 17 ans, nommé Cavé, enrôlé dans la Compagnie des Chasseurs francs, et quelques-uns de ses camarades. Le général Gency, commandant l'arrondissement, ayant cru devoir infliger une punition à Cavé, l'administration cantonale le dénonça aux Ministres, et le général fut changé (1er octobre 1796)] et enfermé au Bon-Pasteur à Rennes, d'où il s'évada dans la nuit du 6 au 7 octobre 1797. M. Piron croit qu'il fut repris. — M. Beaulieu fut réinstallé à Saint-Sulpice en 1803 ; il se retira en 1817, laissant sa place à son neveu, et mourut en 1826, à 82 ans.

CURÉ (vicaire) : M. Jean-Pierre Paulmier, originaire de la paroisse ; prêta le serment ; fut élu le 8 mai 1791 pour la cure de La Chapelle-Janson qu'il refusa. Le lendemain, il accepta celle de Louvigné. Il maria sacrilègement son vicaire Lenglet et, dit-on, se maria aussi plus tard. Il quitta Louvigné, par crainte des chouans, après qu'ils eurent fusillé le curé de Mellé dans la nuit du 27 au 28 mars 1794.

SACRISTE : M. Pierre-Joachim Loyseleux, avait fait le service de la Trinité de Fougères en 1790 ; fit celui de la prison en 1791-1792, après le départ de Poiret (voir plus loin) ; fut enfermé à la Trinité de Rennes le 20 décembre 1792, et au Mont Saint-Michel le 16 octobre 1793. Il y mourut le 11 février 1795. Il devait avoir 79 ans environ.

CHAPELAINS OU OBITIERS.

Guy-François Margerie, originaire de Fougères ; interné à Rennes le 4 mai 1792; n'alla pas à Saint-Melaine ; fut enfermé à la Trinité le 23 mars 1793, et au Mont Saint-Michel le 16 octobre de la même année. Libéré au 9 mars 1795, il revint à Fougères où il adhéra à l'acte de soumission. Il célébra alors à Saint-Sulpice. Il dut disparaître à la reprise des persécutions. On le retrouve, en 1798, exerçant le culte à la ferme de Gros-Malon près de Rennes. Il y fut arrêté et enfermé le 29 juin 1798 à la Porte Saint-Michel, et le 14 juillet 1798 à la Tour Le Bast. Condamné par le Tribunal Criminel à 500 francs d'amende et 3 mois de prison (8 thermidor an VI) ; il resta en réclusion jusqu'au 29 décembre 1799 et fut alors libéré par ordre du département.

Pasquer, mourut le 7 novembre 1790 et ne fut pas remplacé ; insermenté. J.-B.-Simon Chauvinais, l'aîné, décédé le 5 novembre 1791 ; insermenté. Jean Biard. On le dit, en 1795, « réputé émigré ».

PRÊTRES HABITUÉS.

Joseph Simon, le jeune ; insermenté. Il dut se cacher ; reparut en 1795 et adhéra à l'acte de soumission ; il célébra alors à Saint-Sulpice. On le retrouve en 1801 ; il déclare alors choisir Saint-Sulpice pour célébrer le culte. Peu après, il était à Parigné et il s'offrit pour venir, les dimanches et fêtes, dire la messe à Saint-Sulpice. En 1804, il était revenu dans cette paroisse. En 1806, il fit provisoirement, pendant quelques mois, le service de desservant à La Bazouge-du-Désert.

Louis-Auguste Le Beschu ou Bécheu, né à Balazé, ancien vicaire de Lécousse insermenté ; mort à Chaudebœuf le 13 octobre 1793, et enterré secrètement sous un chêne de l'avenue du château (Arch. du Tribunal).

PRÊTRES RETIRÉS OU RÉFUGIÉS A FOUGÈRES.

… Poiret, prêtre étranger, obtint l'autorisation d'ouvrir une école. Il fut aussi chapelain de la prison jusqu'en 1791. Il prêta le serment et devint vicaire épiscopal de Soissons et finit par se marier (voir à la bibl. municip. : Le Bouteiller, manuscrit I, 297 et suiv.).

Joseph-Michel Biard, originaire de la paroisse, neveu du chapelain du même nom;  vicaire de Saint-Grégoire, près Rennes ; insermenté ; retiré à Saint-Sulpice vers la fin de septembre 1791.

Jean-Baptiste-François Biard„ frère du précédent ; insermenté ; chantre d'office de Saint-Georges de Rennes ; précédemment (1776), vicaire de Laignelet ; également retiré à Saint-Sulpice.

Les deux frères Biard furent internés à Rennes le 3 mai 1792 ; mais ils se cachèrent et n'allèrent point à Saint-Melaine. Le dernier (J.-B.-F.) signe à Rennes la déclaration de soumission de 1795. Il est signalé à Rennes en janvier 1798.

Pierre-Julien Pacorin, originaire de la paroisse ; vicaire de Poilley ; retiré dans sa famille vers février 1792 ; fut interné à Rennes en vertu de l'arrêté du 15 avril 1792 ; enfermé à Saint-Melaine (14 août 1792) ; déporté à Jersey (8 septembre 1792). Revint en France en 1795. Devint vicaire de Saint-Sulpice de Fougères de 1803 à 1812.

Alexis Dubuisson, recteur de Poilley, vint, comme son vicaire, se retirer pendant 2 mois environ à Fougères au début de 1792 ; puis il s'en alla à Vitré, son pays d'origine, en attendant l'internement à Rennes.

Jean-François Cochart, originaire de Rillé, vicaire d'Ercé-près-Liffré, réfugié à Fougères vers fin septembre 1791 ; fut interné à Rennes, et émigra à Jersey en 1792. Revint à Ercé en 1793, puis se réfugia de nouveau à Fougères. En 1795, il retourna dans sa paroisse et revint encore à Fougères et à Saint-Jean-sur-Couesnon. On le signale dans cette localité en 1797.

Jean Saudrais, originaire de Gosné, recteur d'Ercé-en-Lifré ; se réfugia d'abord à Juvigné dans la Mayenne. Il vint ensuite à Fougères. Il y fut arrêté le 15 mai 1793 chez une religieuse qui faisait l'école au faubourg Roger, nommée Jeanne Dupont. Il fut emmené avec elle à Rennes. Il fut élargi en 1795. En 1795 et 1797. il reparut à Ercé, puis il se retira à Gosné et à Saint-Jean.

Herculin de Langan, vicaire général de Quimper (voir la paroisse de Fleurigné), a parfois habité son hôtel familial, rue de Rillé.

Il dut y avoir d'autres prêtres réfugiés ou cachés en Saint-Sulpice, que l'on ne connaît pas.

CHANOINES DE RILLÉ
(voir la paroisse de Rillé).

CLERGÉ SCHISMATIQUE.

CURÉ : Gabriel de Ruan, chapelain de Saint-Léonard, originaire de Fougères, élu le 8 mai 1791 pour Saint-Sulpice. Renonça à ses fonctions le 14 décembre 1793.

VICAIRE CONSTITUTIONNEL : … Desloget, originaire d'Argouges. Il eut le malheur de prêter serment. Fut vicaire constitutionel à Saint-Sulpice, puis, le 18 septembre 1791, il devint curé de Landéan ; se retira à Cormeray (Manche) ; se repentit et mourut pour la foi (fusillé à Saint-James vers la fin de 1794).

VICAIRE CONSTITUTIONNEL : Joseph Lemoine, originaire de Saint-Léonard ; devint vicaire constitutionnel de Saint-Sulpice en 1794. Il était frère du député à la Constituante. On le retrouve célébrant le culte à Saint-Nicolas, avec les prêtres schismatiques, à la fin de la Révolution.

A LA FIN DE LA RÉVOLUTION.

M. Beaulieu, ancien recteur, était certainement à St-Sulpice le 24 mars 1800. Il fut aidé d'abord par M. Pacorin (voir ci-dessus) à titre de prêtre habitué. Le 31 mai 1801, jour où se reconstitua une sorte de Conseil de Fabrique, on manifesta le désir qu'il y eût 3 messes à Saint-Sulpice. M. Simon Chauvinais, le jeune (voir ci-dessus), qui habitait alors Parigné, s'offrit pour venir dire à Saint-Sulpice sa messe tous les dimanches et jours de fêtes. En 1804, il était revenu dans la paroisse. Le 17 juillet 1801, MM. Beaulieu et Simon déclarèrent officiellement choisir l'église de Saint-Sulpice pour y célébrer le culte. Le 22 août 1803, M. Beaulieu fut installé définitivement comme curé-doyen (voir ci-dessus son départ et sa mort).

***

L'église de Saint-Sulpice, monument historique, présente des parties vraiment remarquables et une foule de détails curieux. C'est une des plus intéressantes églises du diocèse de Rennes. Ce qui est le plus digne d'attention, au point de vue artistique, ce sont les deux retables du transept (l'un du début, l'autre de la fin du XVème siècle) et l'ornementation du chœur (d'un style Louis XV très pur et très élégant).

Les deux magnifiques rétables de granit, sculptés avec tant de goût et de talent, furent cependant masqués par de grands rétables de bois, dans le goût de la fin du XVIIème ou du début du XVIIIème siècle.

L'un de ces rétables de bois, celui du transept sud, disparut en 1840, laissant apparaître à peu près intactes les sculptures de granit, au milieu desquelles fut placé en 1842 un tableau [Note : Un autre tableau, plus ancien, qui existe encore, semble, par sa forme, avoir été fait également pour cet emplacement ; mais peut-être a-t-il servi au grand retable de bois disparu] de Notre-Dame des Sept-Douleurs, oeuvre de Lecerf, d'Avranches, qui le fit payer 500 livres.

Les sculptures du transept nord, au contraire, avaient été mutilées pour placer (1725) un rétable de bois, œuvre d'un sculpteur fougerais, du nom de Chesnel, lequel fit aussi, pour 630 livres, la chaire de Saint-Sulpice (1731-1735).

Son rétable, en forme de façade, avec des colonnes et des corniches ; était orné d'un tableau du peintre Mortaignais Jollivet, qui coûta 120 livres, et qui se trouve aujourd'hui dans le collatéral sud. Les architectes des Beaux-Arts, au début du XXème siècle, enlevant le rétable de bois, ont restauré celui de granit, qui est dans le style de la Renaissance et présente des détails charmants. Quant au chœur, terminé dans la dernière moitié du XVIIIème siècle, il est aussi remarquable par ses vastes dimensions que par le goût qui présida à sa décoration. Les hautes et superbes boiseries furent exécutées en 1765 par le fougerais La Fontaine ; elles ne coûtèrent que 3.200 livres.

Le maître-autel en marbre [Note : Le marbre fut fourni par Rousseau, marbrier à Rennes. Il provient des carrières de Saint-Berthevin, près de Laval] ; le tabernacle, véritable objet d'art, en bois sculpté et doré ; la cloison très ornée appelée « perspective » qui sépare le choeur de la sacristie et supporte un grand crucifix ; la table de communion avec ses jolis balustres de bois ; et 12 stalles qui vinrent s'ajouter aux anciennes, sont l'œuvre de Thory, sculpteur, de Laval [Note : Thory travailla également à l'église de Billé], qui avait un atelier à Fougères, « à vis le château ». Ces divers travaux, commencés en 1757, achevés en 1762, ne s'élevèrent qu'à 3.340 livres.

Cette même année 1762, le tabernacle fut doré [Note : Le tabernacle fut redoré en 1825 par Edouard Philibon, peintre de Rennes, pour 2.600 livres] pour 2.400 livres, par Viollard, artiste fougerais, à la fois architecte, peintre et sculpteur, plein de talent, mais malheureusement fervent révolutionnaire ; c'est lui qui, de 1764 à 1774, sculpta les superbes statues de bois du chœur. Elles ne coûtèrent, chose invraisemblable, que 30 et 50 livres chacune. C'est également Viollard qui peignit les fonts baptismaux, oeuvre (1770) inachevée de Thory (mort pendant les travaux). Le tableau est de Philippe ; il ne coûta que 72 livres, et ne vaut guère plus. Les marbres furent fournis par Pierre Pincé, maître marbrier de Laval, sauf deux anciennes colonnes de marbre rouge, qui existaient dans l'église et qu'il ne fit que réparer. Les peintures représentant les Vertus théologales et la Sainte Trinité, tout en haut du Chœur, ne furent exécutées qu'en 1852, par M. Chalot.

L'église renferme d'assez bons tableaux ; plusieurs sont classés : l'Assomption de la Sainte Vierge et le Sacrifice d'Abraham. La grande descente de croix est de Bouessel, peintre et sculpteur, qui appartenait à une famille de meuniers de Montbrault (Fleurigné). Un des tableaux de la nef sud porte la signature de Sasso Ferrato. Quelques-uns, encadrés dans les boiseries du chœur ne sont pas sans mérite.

Mais l'église de Saint-Sulpice est plus riche encore en statues. Outre les statues de bois du choeur dont nous avons déjà parlé, citons une Pieta du XVème siècle (autel du Rosaire) ; la Vierge au sceptre (XVème siècle) qui occupe la niche centrale de cet autel, « chef-d'oeuvre de majesté » a dit de cette statue un peintre de grand talent ; et Notre-Dame des Marais, principal trésor de Saint-Sulpice, statue de pierre du XIème siècle ou XIIème siècle, objet d'un pèlerinage très ancien et toujours fréquenté, et qui a reçu les honneurs du couronnement le 8 septembre 1923 par le cardinal Charost, évêque de Rennes.

Citons encore le Lutrin (XVIIème siècle) ; un bénitier de granit du XVème ; un autre de marbre du XVIIIème siècle, etc., etc... Plusieurs pierres tombales ont été récemment relevées par les architectes des Beaux-Arts (voir Soc. arch., IX, p. III, rapport de M. Mowat ; voir aussi le rapport de M. Le Bouteiller fait à la Soc. arch. de Fougères sur cet objet).

Il faut également remarquer à l'extérieur de l'église :

La jolie porte XVème siècle, qui fait face au presbytère, dans la construction de laquelle sont entrés, a-t-il semblé à M. Le Bouteiller, des matériaux du XIIIème siècle ou XIVème siècle, notamment la figurine de la fée Mélusine ;

Le clocher, qui penche, a sa légende bien connue (Le Bouteiller, IV, 148), relative à l'abbé Poussinière, sorcier fameux (un bourgeois, enlevé magiquement dans les airs, ayant pris peur et s'y étant accroché, l'aurait fait pencher) [Note : Mme Nelet, l'auteur si apprécié sous le nom de Myriam Thelem, a raconté différemment, d'après une vieille fougenaise, cette légende, dans un conte du Nouvelliste de Bretagne : Le diable, emmenant, après son supplice, l'âme du prêtre-sorcier, aurait tenu, par cruauté, à lui faire revoir les lieux de ses crimes. Arrivé à Fougères, se sentant fatigué, car l'âme de l'abbé était lourde, Satan entoura sa queue de serpent autour de la pointe du clocher de Saint-Sulpice. Le poids était tel que la charpente pliait. La vierge des Marais parut alors, attirée par le bruit, et la pauvre âme, toute noire qu'elle était, se prit à l'invoquer. Le diable dût lâcher sa proie : mais le clocher resta penché]. — Bâti en 1490, ce clocher était signalé dès 1668 comme menaçant ruine « tout penchant et prêt à tomber ». Le coq porte la date de 1741 ;

Les gargouilles, toutes dissemblables, et curieuses ;

Les pignons des chapelles du collatéral nord, surtout celui de la chapelle du Rosaire, dont les rampants sont ornés, en guise de choux, de figurines des plus amusantes ; Etc., etc...

Voici quelques dates relatives à la construction des diverses parties de l'église : - Le chœur actuel, construit autour de l'église primitive (dont il ne reste rien), a été commencé en 1546 ; les travaux, interrompus en 1588, ne furent repris qu'au XVIIIème siècle (1747-1760). On voit très bien la différence de style des derniers travaux. - Le dallage du chœur est de 1750 (il fut exécuté par Maigné et Foureau, maîtres-maçons, qui furent payés 12 sols par jour). - Chapelle du Rosaire (transept nord), datant de 1400 environ ; elle fut consacrée en 1410. Le rétable ne fut sculpté qu'en 1497, probablement par Jean Bodin qui, peut-être, fit aussi les sculptures de la chapelle Saint-Michel à Saint-Léonard (Le Bouteiller). - Chapelle suivante, fondée par la famille Paël, vers 1406. - Chapelle actuelle de Notre-Dame des Marais (1869-1872). Cette chapelle a remplacé un chapitreau construit vers 1700, sous lequel était placée la statue de Notre-Dame des Marais, qui était visible de l'extérieur. La travée de l'église contre laquelle s'appuie cette chapelle est du début du XVIème siècle ; elle porte, à la clef de voûte, l'écusson des Champion. - Chapelles des Fonts : 1530. - Pignon et porte principale : 1530. - Collatéral sud : 1470-1490 ; la tour est de 1490. - Chapelle Sainte-Vivianne (transept sud), ancienne chapelle de la Confrérie des tanneurs : environs de 1400. Le rétable sculpté est de cette époque. Les reliques de sainte Vivianne furent obtenues à Rome par l'abbé de Geslin de Kersolon, en 1850.

Le 21 mai 1798, le mobilier garnissant l'église de Saint-Sulpice fut mis en vente. La précieuse statue de Notre-Dame des Marais, celles de sainte Anne et de saint Joachim furent achetées, au nom des paroissiens, par Camille Turin. Jusque-là la statue de Notre-Dame des Marais était restée à sa place, sous le chapitreau, où on l'honorait toujours en cachette, et parfois même publiquement. L'administration avait cependant fait fermer par un rideau la cloison à claire-voie qui fermait le chapitreau du côté de la rue. Turin l'emporta chez lui, aux Bas-Jardins, où elle continua d'être l'objet d'un culte secret. Après la Révolution, Turin, devenu Louiset [Note : Le Concordat de 1801 n'obtint pas un assentiment unanime. Il en résulta un schisme, connu sous le nom de " Petite Eglise " qui eut, dans la région fougeraise, un certain retentissement et une longue durée. Ces dissidents prirent le nom de " Louisets " ou plutôt " Louisettes " (car la secte se composa, au début, presqu'exclusivement de femmes)], fit quelques difficultés pour rendre la statue ; il finit cependant par y consentir.

D'autre part, l'église elle-même fut vendue, le 20 février 1799, à un aubergiste de Rennes. Quelques mois plus tard, elle était rachetée par les paroissiens, qui avaient donné procuration à M. Mabille, notaire ; et par un acte du 23 décembre 1800, qui honore beaucoup les Sulpiciens, les acquéreurs déclarèrent avoir eu « l'intention pure et simple de conserver au culte catholique la dite église ». (Le Bouteiller, Révol., feuilleton 127).

On se rappelle aussi que, en mai 1795, les paroissiennes de Saint-Sulpice avaient défendu leurs orgues à coups de pierres, face à des fanatiques révolutionnaires. L'église de Saint-Sulpice avait été fermée le 1er mars 1794.

Le 27 avril de la même année, on y enferma tous les hommes de Luitré, incarcérés, comme ceux de plusieurs autres communes, par mesure de sûreté. La tradition a conservé le souvenir d'une odieuse profanation, sévèrement punie : deux hommes du Gast auraient enfermé un chien dans le Tabernacle. Ils seraient morts en hurlant comme des chiens, les entrailles leur sortant du corps.

Cette tradition trouve une sorte de confirmation dans un fait rapporté par M. l'abbé Genest, dans son histoire de la Sœur de la Nativité (II, 427). Il s'agirait d'un homme qui aurait revêtu son chien des ornements sacerdotaux et lui aurait fait exécuter les mouvements d'un prêtre disant la messe. Ce jour même, il serait tombé dans une frénésie terrible et serait mort en hurlant, avec des douleurs d'entrailles épouvantables. L'abbé Genest dit tenir le fait de témoins oculaires.

CHAPELLES.

1° Sainte-Marie du château. C'est dans la chapelle primitive, dont on ne sait presque rien, que fut honorée, jusqu'en 1166. la statue de Notre-Dame des Marais. Les chanoines qui desservaient l'oratoire du château fondèrent, au XIIème siècle, l'abbaye de Rillé. La chapelle Sainte-Marie constitua dès lors un prieuré de la nouvelle abbaye. Au milieu du XVIIème siècle, elle fut transférée dans la tour de Coigny. Le dernier titulaire de ce prieuré fut l'abbé Deric, vicaire général de Dol, auteur de l' « Histoire ecclésiastique de Bretagne ». Les revenus du prieuré de Notre-Dame du château atteignaient 1.217 livres, avec 384 livres de charges (messes et impôts), soit, net, 833 livres. Le prieur devait 3 messes par semaine, les dimanches, mercredis et vendredis dans la chapelle du château « si elle est en état décent » (aveu de janvier 1680) ou « dans telle église qu'il plaira au baron fondateur, quand il est en personne, ou dans telle église qu'il plaît au prieur, jusqu'à la réédification de la dite chapelle en son entier ». Le prieur du château avait droit de séance à l'Hôtel de Ville et droit de préséance sur les autres ecclésiastiques, à l'exception de l'abbé de Rillé. Il prenait le titre « de conseiller et aumônier de S. M.. comme aumônier de sa maison qui est le château... » (aveu d'avril 1780).

2° La Trinité, église d'un prieuré bénédictin dépendant de l'abbaye de Marmoutiers. Elle se trouvait au lieu qu'occupe aujourd'hui la chapelle de la Providence. C'était une vaste église, dont on possède un plan de 1760 (conservé à la bibliothèque municipale) ; elle mesurait 50 m. 60 de long sur 15 m. 66 de large, y compris les deux collatéraux. « Par ses dimensions, écrit M. Bourde de la Rogerie (Société arch. de Rennes, t. XLIX), par ses excellentes proportions, cet édifice contrastait heureusement avec les églises du pays, avec celles du moins qui ont subsisté, plus ou moins intactes, jusqu'à nous : les églises des abbayes de Saint-Melaine de Rennes, et de Saint-Sulpice-des-Bois ; les églises paroissiales de Livré, de Saint-Sauveur-des-Landes, de Tremblay. Ainsi que le montre le plan, la Trinité, bâtie en forme de croix latine, comprenait une nef et deux collatéraux, un transept avec absidioles [Note : Ces absidioles étaient en forme de quart de cercle], un chœur entouré d'un déambulatoire, sur lequel ouvraient trois chapelles rayonnantes... Le faible diamètre des piliers et l'absence de contreforts le long des murs latéraux épais de 1 m. 1/2, permettent d'affirmer que la nef n'était pas voûtée... Quatre gros piliers délimitaient la croisée du transept ; peut-être portaient-ils une voûte d'arête, ou plutôt des arcs doubleaux destinés à soutenir un clocher ou une tour en charpente… ».

On voit que l'église de la Trinité était importante ; aussi M. de la Rogerie ajoute-t-il : « ... Construite pour un simple prieuré, dans une ville qui venait à peine de naître, cette église surprend par ses vastes dimensions... ». Selon le savant auteur, l'église de la Trinité aurait procédé du plan « monastique tourangeau » ; ce serait « vraisemblablement de Marmoustier, que vint l'architecte qui construisit, sur le bord du Nançon, une église de même plan .... que celles de Saint-Martin de Tours, de la Couture, de Notre-Dame du Pré du Mans... ».

Effectivement, « entre les moines de Marmoustiers et les barons de Fougères, les rapports étaient fréquents... (prieurés de Louvigné, de St-Sauveur-des-Landes...). La donation d'Adélaïde ne fut que la suite des libéralités de son mari ; pour trouver l'architecte capable de bâtir l'église qu'elle avait promise, il était impossible qu'elle ne songeât pas à s'adresser à Marmoustiers... ».

« L'édifice, continue l'auteur, terminé entre 1064 et 1076, consacré par l'évêque Main, de Rennes, subsista remarquablement intact jusqu'en 1760. C'était probablement un des plus intéressants spécimens de l'art architectural roman qui existât en Haute-Bretagne... ». Par suite de manque d'entretien, l'état de l'édifice devint inquiétant. « Le choeur fut sacrifié pour que le commendataire pût entretenir la nef... » (1760) ; ..... « mais la nef ne fut pas entretenue avec plus de soin que ne l'avait été l'église entière. Sa condamnation fut demandée, en 1786 », par le recteur de Saint-Sulpice et le prieur commendataire, pour pouvoir agrandir, sur son emplacement, l'établissement de la Providence, fondé, en 1776, par Mlle Pauline de la Belinaye de Vendel, et dirigé depuis 1778 par les Soeurs de la Sagesse [Note : Le 19 juin 1837, une salle d'asile fut ouverte à la Providence ; les premiers frais en furent en partie couverts par M. Baron, ancien sous-préfet. Un autre ancien sous-préfet, M. Bertin, par les soins qu'il y apporta, a mérité, à juste titre, d'être considéré comme le fondateur de cette salle d'asile qui, dit l'Annuaire de 1851, recueillait alors environ 250 enfants]. La nef fut donc abattue à son tour (1786), en sorte qu'il ne reste plus rien de la belle église bénédictine, qui se trouvait à 12 mètres en arrière du perron actuel, l'abside étant à hauteur de la rue du Fos-Ker-Alix. Il fut alors construit un petit oratoire pour le service de la maison de la Providence ; un incendie le détruisit en 1824 ; et, quelques années après, les religieuses firent bâtir la chapelle actuelle.

Le 4 février 1794, le District de Fougères, après enquête, reconnut que la maison de la Providence n'était pas « bien national », mais la propriété particulière de Mlle de la Belinaye. L'immeuble ne fut donc pas vendu. L'établissement, sécularisé, fut même autorisé (20 mars 1794) à continuer, bien que les religieuses aient refusé le serment en octobre 1792. Mais peu après cette autorisation [Note : Le projet est du 4 juin 1794. La présence de galeux à la Providence est signalée le 11 mars 1795 et le 20 octobre de la même année. Il semble qu'il n'y en avait plus le 28 novembre 1795. Les soldats galeux paraissent avoir été assez nombreux, car il en fut également hospitalisé aux Urbanistes (procès-verbal du 15 juillet 1794)], 100 lits pour soldats galeux durent être installés à la Providence. Le 28 novembre 1795, une des personnes charitables qui avaient aidé à la Direction de la Maison de la Providence, Mlle Bertin de la Hautière, en demanda le rétablissement ; le District l'accorda le 5 décembre 1795.

Une note des Archives municipales, qui semble émaner de M. Rallier alors administrateur des Hospices, mentionne que Mlle de la Belinaye [Note : M. Rallier veut dire Mlle Bertin, car, à cette date, Mlle de la Belinaye était morte], et les religieuses [Note : La tradition veut que les religieuses se soient alors retirées dans le bas des Vallées. Il semble aussi que lorsque la maison fut mise en location, elles louèrent, à titre précaire, un petit bâtiment situé dans l'établissement même] quittèrent la Providence le 23 avril 1796. Les religieuses sollicitèrent leur réintégration le 29 décembre 1796 ; elle leur fut refusée, à cause de « leur fanatisme ».

Le 1er juillet 1797, on voit louer l'immeuble, à charge pour les locataires d'évacuer leur logement quand le bien public l'exigerait. M. Rallier dit qu'il servit tantôt de caserne, et tantôt encore d'hospice pour soldats galeux.

Enfin, le 27 février 1800, les religieuses, toujours sécularisées, obtinrent de la Commission des Hospices, la location de la Providence, moyennant le prix annuel de 250 francs, et, reprenant leurs œuvres anciennes, elles y reçurent des jeunes filles pauvres. Comment la Commission des Hospices avait-elle pu entrer en possession ?

M. Le Bouteiller (notes manuscrites) propose cette explication : Mlle de la Belinaye serait morte sans testament, et la propriété de la Providence serait revenue à son frère, qui était émigré. Par suite, elle devenait « bien national ».

Le 3 octobre 1800, les religieuses demandèrent à être dispensées du paiement d'un loyer, en raison des services qu'elles rendaient ; et plusieurs personnes réclamèrent en même temps la réintégration des religieuses dans leurs anciennes fonctions. Autorisée par le Préfet, la Commission des Hospices accueillit favorablement ces pétitions le 20 octobre 1800, la maison devant être dès lors considérée comme l'un des hospices de Fougères et soumise à la direction de la Commission des Hospices. Sans cela, il est infiniment probable que la Providence, bien national non aliéné, aurait été, dans la suite, restituée à la famille de la Belinaye, comme le fut l'hôtel du Tribunal. Les religieuses furent autorisées à joindre, à leurs œuvres, une salle d'asile et une école pour jeunes filles. Elles ouvrirent même, à la Providence, un pensionnat qui fut très florissant.

Les biens du prieuré de la Trinité étaient affermés, en 1790, 9.116 l., y compris le revenu de son annexe, le prieuré de Louvigné (Rébillon). Le moulin de la Roche (appelé depuis la Minoterie) dépendait de la Trinité. Il fut vendu nationalement le 6 avril 1791. Le moulin à tan appartenait également à la Trinité, et fut vendu nationalement, le 1er juin 1791 : 2.400 livres. Le four banal du prieuré fut vendu, le 1er juin 1791 : 1.750 livres. Le prieur jouissait du droit de Haute Justice dans ses fiefs. Le moulin de la Roche et le four banal figurent sur le plan de 1760 déjà cité, ainsi du reste que tout l'enclos et les bâtiments du prieuré. On voit un puits dans la cour à l'ouest de ces bâtiments et un colombier dans la prairie, un peu au sud de l'enclos et du four.

3° Saint-Yves, chapelle fondée en 1429 (Maupillé, Histoire, p. 182) pour que les paroissiens du bourg vieil puissent satisfaire leurs dévotions lorsque, la porte Notre-Dame fermée, il leur était impossible de se rendre à Saint-Sulpice. Cette chapelle, qui était déjà en ruines en 1580, fut en partie rebâtie, en 1595, par les de Brégel, et affectée au service du collège créé vers 1580. Elle fut le siège d'une congrégation érigée en 1687 sous le titre de l'Immaculée-Conception. C'est dans cette chapelle que les Frères et Soeurs du Tiers-Ordre furent autorisés à se réunir, après la fermeture du couvent des Récollets, au début de la Révolution. Ce ne pouvait être que provisoire ! Elle servit ensuite de cellier ! Abandonnée et délabrée, la chapelle fut restaurée et occupée, de 1854 à 1886, par les « Filles de Marie » ; les Sœurs de Rillé s'y installèrent ensuite et y fondèrent un ouvroir et une maison de gardes-malades. La belle fenêtre du pignon est de l'époque de la fondation.

4° A l'ANCIENNE PRISON (tour Des Nos, rue de la Pinterie, au fond de l'impasse qui se trouve un peu plus bas que la rue de l'horloge).

5° Signalons aussi la chapelle Saint-Mathurin, dans le faubourg de SAVIGNY, qui faisait alors partie de Lécousse. Il ne reste de cette chapelle que le nom, qui a été donné à une fontaine voisine, laquelle du reste a été remplacée par une simple pompe. Elle aurait été, dit-on, fondée en 1521, par les du Moulin-Blot.

On signale encore une chapelle dite de PINOCHE, dans le Marchix, dans laquelle les Le Porc, seigneur de Larchapt, avaient des droits de prééminences. Je ne sais s'il faut la confondre avec la chapelle Saint-Mathurin.

Enfin, en 1515 (rentier), on signale une chapelle près les Clouères-du-Gast. On n'en sait rien de plus.

(Emile Pautrel).

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