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LA CHAPELLE SAINT-GOBRIEN DE SAINT-SERVANT-SUR-OUST.

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Cette chapelle, en forme de croix latine, a été édifiée, à l'emplacement même de l'ermitage de Saint-Gobrien.

Gobrien, sacré évêque de Vannes en 701, se démit en 717, pour fuir le bruit du monde et les tracasseries de ses ouailles. Sa mort datant de 725, il aurait vécu huit années dans ce lieu paisible et frais de la vallée de l'Oust.

Nous ne pouvons entreprendre ici le récit de sa vie, ni des légendes qui s'attachent au nom du saint personnage, le temps nous est compté [Note : Pour sa vie, voir Albert le Grand, F. Duine, etc., le R. P. de Smedt... Pour ses légendes voir Alfred Fouquet dans ses Légendes et Contes du Morbihan (1857), du Noday (Revue de Bretagne et de Vendée 1860), de l'Estourbeillon (Revue des traditions populaires, novembre 1903)]. Disons seulement que saint Gobrien est connu comme guérisseur d'un mal effroyable qui sévissait au moyen-âge, le feu sacré, ou autrement le mal des ardents.

Après sa mort, comme de son vivant, les malades en grand nombre vinrent ici demander leur guérison. Le pouvoir du saint était illimité, s'il faut en croire le doyen de Saint-Servan qui vivait dans la seconde moitié du XVIIIème siècle. En terminant un récit de la vie du saint, M. Gaultier nous dit que celui-ci ayant été solennellement enterré, Dieu par son intercession opéra de grands miracles, « car les aveugles y ont été illuminés, les sourds y ont reçu l'ouïe, les muets la parole, les possédés du démon y ont été délivrés, les paralytiques guéris, les fébricitants et autres malades délivrés de leurs infirmités » [Note : Registres paroissiaux de Saint-Servan].

On voyait encore, il y a une plusieurs années, des béquilles déposées près du tombeau qui certifiaient la réalité des miracles. Si ceux-ci sont aujourd'hui moins communs, la cause en est à l'affaiblissement de la foi ; mais la source des prodiges n'a point tari, le vénéré pasteur de Saint-Servan peut en citer plusieurs exemples récents.

Saint Gobrien est particulièrement invoqué de nos jours pour la guérison des panaris et des clous, et pour obtenir un temps favorable aux biens de la terre. La Providence ne peut manquer, dit-on, de se laisser fléchir, quand les paroissiens de Saint-Servan et de Taupont viennent pour ce motif unir leurs prières. Saint Gobrien est également très populaire près des jeunes filles du pays qui sentent au cœur le besoin d'aimer et d'être aimées. Celles qui sont à la recherche de l'âme sœur ne manquent jamais de déposer des épingles sur son tombeau ou près du tronc. A en juger par les épingles qui tapissent celui-ci, les moyens piquants ont prévalu, mais autrefois les sucreries avaient leurs partisans, et certaines jeunes filles, au lieu d'épingles, déposaient des petits gâteaux. Il paraîtrait même que les enfants s'intéressaient fort à cet usage et disaient sans malice aux pèlerines : « déposez des gâteaux et gardez vos épingles, sinon le mari que vous aurez vous piquera cruellement » (Fouquet).

Chapelle Saint-Gobrien de Saint-Servant-sur-Oust (Bretagne).

En examinant attentivement la chapelle, on découvre aisément trois époques de construction. La nef centrale, qui se termine au chancel en bois sculpté ouvrant sur le chœur, remonte à l'époque romane (XIème ou XIIème siècle). L'ancien édifice, trouvé sans doute trop étroit, fut agrandi à deux périodes successives : la première nef fut respectée mais on la prolongea de quelques mètres, et on développa le chœur pour lui donner les dimensions d'une véritable église paroissiale.

Le prolongement de la nef et le chœur datent de la fin du XIVème siècle, ou tout au plus du commencement du XVème siècle, comme l'attestent les écussons parti de Clisson et de Rohan, et les M couronnées qui se voient dans les meneaux à quatrefeuilles. Nous savons que l'initiale couronnée de Marguerite de Rohan était une ornementation communément employée dans l'oratoire que cette princesse s'était aménagé dans l'église Notre-Dame de Josselin. Autre point de rapprochement entre la chapelle Saint-Gobrien et l'oratoire : tous deux possédaient des fresques. M. de Brehier qui observa, en 1854, les vestiges de ces peintures dans l'église Notre-Dame, nous fait savoir, qu'outre les initiales de Marguerite de Rohan, on distinguait un château qui aurait été celui de Josselin à l'époque de Clisson (Bulletin de l'Association Bretonne, 1854). Pour notre part, nous pensons que les peintures signalées par différents auteurs pour avoir existé anciennement à Saint-Gobrien dans la voûte du XVème siècle (Rozensweig, de Brehier… etc.), étaient de la main des artistes appelés à Josselin par la seconde épouse du connétable. Comment du reste douter un instant que les Rohan qui se glorifiaient du titre de fondateurs de la plupart des églises et chapelles de leur fief, n'aient prodigué richesses et bienfaits à saint Gobrien, le plus populaire des saints du Porhoët, dont le sanctuaire se voyait pour ainsi dire des fenêtres de leur château. Les mâcles sont semées partout, on en trouve sur les chapiteaux de colonnettes, dans les meneaux, sur la base de la croix du cimetière, dans la serrure du tronc, etc.

Les scènes colorées du lambris s'effacèrent au commencement du XIXème siècle, avant même celles de l'oratoire de Josselin, et furent remplacées par une peinture, grossière il est vrai, mais pittoresque et curieuse dans sa naïveté, qui rappelait la prophétie du saint, lequel avait quitté Vannes en abandonnant cette parole aux populations plus païennes que chrétiennes : Vannetais, Vannetais, A charretées viendrez m’vais !

Le tableau représentait une diligence, comme en ont connu nos grands-parents, bondée de voyageurs pressant la marche des chevaux pour arriver plus vite. Il y a une dizaine d'années, la voûte eut à subir une restauration et ce souvenir de la légende fut effacé à tout jamais.

Le transept nord qui supporte la tour doit se rapporter aux premiers agrandissements, ainsi que l'entrée principale, aujourd'hui condamnée, qui, du côté sud, offre une jolie arcature à cintre brisé, supportée par des colonnettes à chapiteaux [Note : Ces chapiteaux sont garnis de dix écussons, que nous croyons pouvoir déterminer comme suit : 1. Fruste (peut-être une croix ou un écartelé plein). 2. « Ecartelé : au 1 et 4, deux fasces ; au 2 et 3, deux losanges ou mâcles » (du Garo-Kermeno). 4. Fruste. 5. « Une bague » (de Penhoët). 6. « Une croix » (du Houlle sgr du Val, en Guégon ; ou Cadoudal, sgr. de Cadoudal, en Plumelec). 7. « Deux fasces accompagnées de merlettes » (de Callac, sgr de Callac, en Plumelec). 8. « Trois chevrons » (de Trécesson, sgr de Talcouetmeur, en Plumelec). 9. Comme le 2ème (du Garo-Kermeno). 10. « Sept besants » (de Malestroit). X. de B].

La troisième époque de construction est le XVIème siècle, comme nous l'apprend une inscription gravée en capitales romaines à l'extérieur du bras sud et qui en fixe la construction à l'année 1548-1549 [Note : Cette inscription porte en caractères gothiques : « L'an mil cinq cents quarante ouit fut ceste chappelle commencée et en quarante neuf achevée »]. Le transept sud dont il est question possède une porte renaissance richement ornementée et des restes de vitraux dont les couleurs sont encore vives et la finesse des impressions bien marquée. Dans le vitrail d'autel on voit un écusson « losangé d'argent et de gueules » (d'Espinefort, sgr du dit lieu, en Ménéac) et les images de saint Gobrien et de sainte Barbe. Celui qui surmontait la porte d'entrée avait ressenti les outrages du temps et quatre personnages seulement avaient subsisté jusqu'à nous : saint Pierre, saint Thomas, saint Paul et saint André. Cependant les habitants du village, jugèrent que c'était encore trop, car il y a quelques mois ils firent tomber ces précieux restes.

L'église St-Gobrien — nous disons volontairement « l'église » c'est le terme consacré par les documents antérieurs à la Révolution, et le fait est, comme nous le faisions remarquer plus haut, que cette chapelle a les dimensions et la richesse d'une église paroissiale ; du reste l'important village qui s'est groupé autour d'elle, portait alors fièrement le nom de « bourg de Saint-Gobrien », — l'église de Saint-Gobrien, disons-nous, était bâtie au fief de la châtellenie de Quelen (Archives du château de Trégranteur), ce qui au premier abord paraît singulier puisque le chef-lieu de la seigneurie de Quelen, ou Clan, était situé à deux lieues de là, à une extrémité de la paroisse de Guégon. Cependant, Quelen possédait deux moulins sur l'Oust, proche Saint-Gobrien, et les plaids de la seigneurie se tenaient en ce lieu [Note : En 1540, Julien d'Avaugour qui venait d'acquérir la châtellenie de Quelen, rendait aveu au vicomte de Rohan pour sa seigneurie et la justice (à quatre pots), haute, moyenne et basse, s'exerçant au bourg de Saint-Gobrien, « oû sont les prisons, basses fosses et fourches patibulaires. » (B. N. mss fr. 22.347)]. Les seigneurs de Quelen possédaient encore droit de foire à Saint-Gobrien le jour de la fête patronale, prééminences d'églises comportant enfeu, tandis que les seigneurs de Kermahéas [Note : Seigneurie en Saint-Servan tour à tour possédée par les Kermaheas, les Tregouet, les Royer, et les Bonin] n'avaient qu'une pierre tombale.

Le chanoine le Mené laisse supposer que Saint-Gobrien aurait  pu à l'origine être le chef-lieu de la paroisse, c'est là une simple conjecture. Toujours est-il, que lors de la restauration religieuse du XIème siècle, Saint-Servan devint chef-lieu du doyenné de Porhoët qui comprenait 46 paroisses et s'étendait depuis le Blavet jusqu'à Saint-Marcel, depuis l'Oust jusqu'à Colpo.

Il faut remarquer à l'intérieur de l'édifice les baldaquins en bois sculpté, style flamboyant, des autels latéraux ; les saints qui ont une curieuse physionomie non dépourvue d'expression ; une fenêtre toute en quatrefeuilles, disposition très rare ; les arcades de la voûte, d'un joli effet ; une ancienne cuve baptismale en granit, qui a pu servir à l'immersion lorsque ce rite était en usage ; la balustrade du tombeau agrémentée d'animaux, de fleurons, feuillages, et d'un ange portant le flambeau de la vérité. Enfin n'oublions pas de signaler, pendue dans le chœur, la faucille aux vertus extraordinaires de saint Gobrien. Le saint manquait-il d'eau, il lançait au-loin l'outil tranchant qui, en s'enfonçant dans le sol, faisait jaillir une source ; le bœuf employé aux travaux de l'ermitage était-il affamé, aussitôt le saint plantait en terre sa faucille et le pré reverdissait. Mais puisque nous venons de parler du bœuf de saint Gobrien, comment, en quelques mots, ne pas vous conter sa triste histoire ?

Au lieu même où le saint avait souhaité rencontrer la quiétude ; la méchanceté des hommes vint s'attacher à ses pas. Non seulement les gens de la contrée refusèrent de l'aider dans ses travaux de construction, mais ils apportèrent a ceux-ci tous les obstacles qu'ils purent.

Il arriva qu'un jour, tandis que le bœuf revenant seul de la carrière passait au village de Brena, les jeunes gens de l'endroit se ruèrent sur lui, le mirent à mort et rôtirent sur le gril un large morceau pris dans la partie charnue, autrement dit dans la culotte de l'animal.

Indigné et poussé à bout de patience, Gobrien implora la protection de la Providence qui exerça sa vengeance en faisant subir la peine du talion aux voisins de son fidèle serviteur. C'est pourquoi depuis ce temps on dit au pays de Josselin que les gars de Brena et de Saint-Gobrien ont un côté moins fourni que l'autre et qu'ils ne sauraient s'asseoir carrément.

Rien de particulier à l'extérieur de la chapelle sinon, côté sud, les portes que nous avons déjà mentionnées.

Au nord, et s'appuyant sur la nef romane, se tient encore debout une habitation qu'on appelle vulgairement : la maison de saint Gobrien. Cette modeste bâtisse a toutes les apparences d'une maison presbytérale ; c'était là très certainement le logement réservé au desservant de la chapelle.

Il me reste à vous parler de cette chambre qui fait incursion dans la vieille nef et réduit fâcheusement ses proportions. Nous ne nous sommes jamais parfaitement expliqué l'usage de cette pièce ; cependant nous pensons qu'elle a pu servir d'hôpital, nom du reste que lui a conservé la tradition, et que la s'abritaient les malades venus parfois de très loin chercher un soulagement aux misères de la vie. A. une époque où la nef primitive perdit de son utilité par suite des agrandissements successifs de la partie haute, on construisit sans doute cette pièce à laquelle on accédait par un escalier étroit s'offrant immédiatement à celui qui franchissait le seuil de la grande porte du fond. Bien que prenant corps dans la chapelle même, la chambre des malades en était pour ainsi dire indépendante, la lumière y arrivait par deux petites fenêtres carrées percées dans la muraille de la nef, mais de l'intérieur aucun regard ne permettait de suivre les offices religieux.

L'église possédait avant la Révolution un riche trésor, dont on conserve encore plusieurs pièces rares : un beau calice en argent doré qui porte en lettres gothiques : sanct Gobrien ; une patène ; une croix de procession, en argent plaqué sur bois, terminée aux extrémités par des quatrefeuilles aigus dans lesquels sont les évangélistes, en outre au milieu de la croix on voit le Christ et saint Gobrien, l'un et l'autre surmontés d'un dais ; un plat aux offrandes en argent, aux armes des Tregouet, seigneurs de Kermahéas, légué à la fabrique en 1507 ; un buste doré renfermant quelques portions du chef de saint Gobrien.

La pauvreté de nos campagnes du Porhoët et la dispersion de la population ont de tous temps fait obstacle à l'épanouissement de l’art architectural. Nos chapelles modestes et simples ne peuvent rivaliser avec les sanctuaires que la foi a fait surgir du sol de la Cornouaille ; cependant l'église Saint-Gobrien, par les différénts caractères de sa construction, ses souvenirs, et la vénération qui s'attache encore de nos jours au tombeau du saint évêque de Vannes, mérite l'attention de tous les archéologues. (Hervé du Halgouet).

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