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SERVICE PAROISSIAL DU MINIHY DE SAINT-POL

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Ce qu’on appelait le minihy ou le refuge de Saint-Pol comprenait tout ce qui forme actuellement la paroisse de Saint-Pol et, de plus, le territoire des paroisses de Roscoff et de Santec. On y comptait sept paroisses ou vicariats desservis tous à la Cathédrale (Voir l’enquête de 1698 – Archives départementales, G. 118).

La ville même de Saint-Pol était partagée en trois quartiers formant trois paroisses, dont voici la population d’après un état de 1698 qui exclut les enfants au-dessous de 2 ans.

1° Le quartier et vicariat du Crucifix de la ville, autrement Crucifix devant le trésor, 658 habitants, comprenant : Croez-an-Maignon, Poul-Baudry, Mesarchant, Penanprat, rue Verderel, Creisquer, parc des Carmes, rue Cadiou, rue aux Os, rue an Four, Len-ar-Gloar, maison près la Cohue.

2° Le quartier et vicariat de Saint-Jean-Baptiste ou de Saint-Jean de la ville, 714 habitants, comprenant : rue Baz, maison près de la Cohue, le bas bout des Halles, rue Verderel, rue des Prêtres, le petit Cloître, bout suzain de la rue Rouz derrière l'Evêché, Croaz-ar-Meignon, rue an Negar, l’église Saint-Yves et l’hôpital, près d’une venelle allant de la rue Porsmeur à la rue des Prêtres, maison sur le grand Cloître et place aux Pots-de-Terre, rue Toul-Derrien, rue Saragosse (Aveu 1655 – G. 55), rue Roux, rue de Saint-Paul-a-Guernic.

3° Le quartier et vicariat de Notre-Dame de Caël, Cahel, de Cancellis, ou vicariat devant le choeur, 951 habitants, comprenant : le grand Cloître ou martray, rue Pont-Nevez, rue Portz-Meur, rue Croix-au-Lin, la fontaine Paul, le bas bout de la rue Batz, place au Pain, manoir de Penanru, près la rue Corre, rue aux Os ou rue n'Esquern, terroir de Kersaudy, rue Corre, Hôtel-Dieu, pavé des Carmes, Pratcuicq, chapelle Saint-Michel, Hôpital.

Ce qui faisait pour la population de la ville un total de 2.323 habitants.

Les quatre autres paroisses du minihy également desservies à la Cathédrale se trouvaient dans la banlieue, c’étaient :

4° Le vicariat de Toussaint, 1.816 habitants, comprenant la plus grande partie du port de Roscoff, avec les territoires de Moguérou, Goasprat, Kernauguer, Keroullaouen, Keresoun, Dubudou, Kerfiziec, Kernesiguy, Kermenguy, Bloaziou, Runmen, rue Rouze, Kerdallahen, Kerangal-Saulx, bourg de Rosgoff, Coatarman, Traonmeal, Streat-Paul, Trollogot, Kerom, Poulbrohou, Kerandraon, Traonfeunteun, Meaziou-Chapel-Paul, An Irouch près de Sainte-Barbe, place Costy-Barquet à Roscoff, rue Not, Roquilenec, Roch-Cleguenan, Traonerch, Parcou-Creach, Saint-Sébastien, rue Philippes, Mouster-Paul, Feunteun-Paul, Pors-ar-Boscand, Croix-Neuve, moulin à vent de Guénan, le haut bout de la rue Batz.

5° Le vicariat de Saint-Pierre, 893 habitants, comprenant la partie de Roscoff dite Roscoff-Goz, Santec, et les terroirs de Meur-Roignant, Toul-Guein, Portz­an-Saux, Rohigou ou Prat-an-Staol, Kerguennec-an-Belliec, Pontigou, Menez-Ber, Mouster-Paul, Saint-Nicolas, Mechiou-Kerviguellou, Mechiou-Vennec, Mechiou-Santec, Mechiou-Men-Roignant, Mechiou-Diantel, Mechiou-Meur, Mechiou-Cleomeur, Mechiou-Corgar, Tromeur-Santec, Kerjestin, Kersantec, Menez-Crom, Keradennec, Gouezou, Rumeur, Pouldu, Crech-Brochen, Lonchasnou-Kerhuel, Pen-an-Streat, Saint-Nicolas, occident de la rue Neuve à Roscoff, Coz Prat, Mesiou-Dresit, Cheffren, Kerestat, La Villeneuve, Streat-Joly, Cavel-Mean, Mesiou-River, Lagat-Vran, Kerleyou, Prat-Leiou, Poul-an-Costy, Bren-Bozvel, Kerbrat, Kersulguen, Keruzaval, Tromeur, Kergadiou, Kerivoal, Ty-Coz, Meseren, Guerzit, Coatruccat, Keravelou.

La trève de Santec s’étend de l'Ile d'Hiec ou de Meur-Roignant à l’église de Santec (90 cordées de 24 pieds la corde) et de l’église au village de Keradennec, limite de la trêve, il y a 150 cordées (G. 118).

6° Le vicariat du Crucifix des champs, 893 habitants, avec les terroirs de Lambervez, Kergoff, Meaz-an-Douar, Kerangon, Kerellec, Gourivan, Creach-Caroff, Crech-an-Lean, Feunteun-Guen, Kernascoret, rue Kerdrein, Poul-Armant, Kerennec, Member, Foueneyer, Kerlavan, Kerogou, Lanvollou, les Carmes, Saint-Sébastien, Streat-Glas, Creach-an-Bloaz, Mesprie, Creach-Brignen, Kermarquer, Prat-Duff, rue Plouënan, manoir de Coëtlosquet, Gouezou-Bihan, An Aven, Goarina, Kerallivin, Lantrennou, Kerlevic, Kerlavan dans les sables, terroir Saint-Michel, Keradennec, Langalloc.

7° Le Vicariat de Tregondern ou de Saint-Jean l'Evangéliste, 1.028 habitants, avec les terroirs de Keranbartz ou Creach-Guesou, Guerigou, et le bourg de Penpoul, bourg de la Madeleine, Kersaoutré, Kersaliou, Penlan, Streat-Manou, La Villeneuve, Keryven, Kerouriou, Crech-Gouallec, Penanstang, Pont-Glas, Penquer, La Madeleine, Guilliot, Penpoul-Vian, Keroezec, Feunteun-Mean, Kerioual, An Mesdon, Tronmelin, Trongall, Streat-an-Char, Toulderun, Landonnic, Kergaouat, Pont-Prat, Craouer-Vilin, manoir Les Plouënan, Gourvad.

Ces sept paroisses étaient desservies par sept vicaires et quatre sous-curés.

Du temps de Mgr. de Neufville, vers 1600, Roscoff fut érigée en trêve de Toussaint, et en 1698, un témoin entendu lors de l’enquête pour l’union des sept vicariats en un seul, le sieur Nicolas Lambert, « marchand, capitaine de milice de la paroisse de Roscoff, déclare qu’il y a présentement à Roscoff un curé avec dix prêtres qui mènent une vie très édifiante, que les habitants y reçoivent tous les sacrements ».

Vers 1630, le quartier de Santec fut également érigé en succursale de la paroisse de Saint-Pierre. Mais malgré cette séparation, les vicaires de ces deux paroisses devaient leur service au choeur de la Cathédrale ; nous lisons, en effet, au déal du Chapitre, le 2 Septembre 1683 :

« Deux des sept vicaires de Léon ont deux églises séparées, Roscoff et Santec, où se font les baptêmes et les enterrements ; cependant les dits vicaires n’abandonnent jamais la Cathédrale, où ils doivent assister et chanter à toutes les heures du jour, prendre semaine à leur tour et rang, et officier à matines, grand'messes et vêpres tous les jours où il n’y a pas de fêtes canoniales ou épiscopales, à moins de quoi ils sont piqués et perdent la distribution de l’heure où ils n’ont pas assisté ; mais ont les dits vicaires, des curés ou subvicaires qu’ils entretiennent pour suppléer au service qu’ils doivent en ces deux églises ».

La trêve de Santec ne comprenait donc qu’une portion du vicariat de Saint Pierre, comme la trêve de Roscoff ne comprenait qu’une partie du territoire du vicariat de Toussaint.

Jusqu’en 1531, époque où les statuts du Chapitre furent remaniés, les sept vicaires du minihy étaient en titre, c’est-à-dire qu’ils possédaient un bénéfice inamovible et étaient appelés vicaires perpétuels, le Chapitre demeurant recteur primitif du minihy ; mais à cette date, les chanoines, de concert avec l'Evêque de Léon, Christophe de Chavigné, prirent l’arrêté suivant, qui figure aux statuts du Chapitre (G. 118) :

« Comme les sept vicaires de l’église de Léon ont principalement pour fonction de célébrer les offices et messes chantées au choeur de la Cathédrale, il arrive que ces vicariats étant donnés à titre de bénéfice perpétuel, plusieurs des titulaires deviennent incapables de s’acquitter convenablement de leurs fonctions ; ce considéré, le Révérend Evêque voulant pourvoir à l’augmentation du service divin et à une plus grande beauté des offices a, de l’avis du Chapitre, ordonné que désormais, lorsqu’un de ces vicariats viendrait à vaquer, il ne serait plus conféré à titre perpétuel, mais qu’on y nommerait une personne recommendable par ses moeurs, et sachant bien chanter.

Le Chapitre en ferait la présentation à l'Evêque qui, après examen, lui donnerait l’institution, mais avec cette réserve que le titulaire serait amovible au bon plaisir du Chapitre ».

Les mêmes statuts donnent la formule de serment que devaient prêter les vicaires lors de leur entrée en fonction ; en voici la traduction :

« Moi, N… , l’un des vicaires de l’autel majeur de l’église de Léon, je jure d’être en tout fidèle à l'Evêque et au Chapitre, de célébrer quand je serai de semaine, les messes et les heures tant canoniques que de la Sainte Vierge à moins d’empêchement, auquel cas je me ferai remplacer pour ces services par un chapelain idoine et reconnu pour tel par le Chapitre.

De plus, tant que je serai titulaire de mon vicariat, je ne m’absenterai pas de la ville de Léon, et ne me ferai remplacer qu’en cas d’empêchement, mais jamais sans l’autorisation du Chapitre.

Enfin, je promets honneur, respect et obéissance à l'Evêque, à MM. les Chanoines et Chapitre, ainsi qu’aux autres supérieurs majeurs de l’église de Léon ».

Chacun des sept vicaires était chargé du service à tour de rôle pendant une semaine, et c’est durant cette semaine seulement qu’il ne pouvait s’absenter sans l’autorisation du Chapitre, à peine d’être privé des distributions qui lui seraient revenues pour droit d’assistance à un ou deux obits ou anniversaires (Statuts de 1531).

Les autres vicaires, non de semaine, étaient également tenus à la résidence quotidienne, quoique moins rigoureusement ; cependant, si l’un d’eux venait sans le congé du Chapitre à s’absenter pendant un mois entier, il perdait pour toute l’année les gros fruits de son vicariat.

Le vicaire de semaine, avec l’aide d’un chapelain rétribué par lui et des deux chapelains spécialement chargés de desservir la chapellenie dite de Saint-Gouesnou, était tenu chaque jour de chanter en l’église cathédrale, les petites heures, prime, tierce, sexte, nonne et complies, ainsi que les heures de la Sainte Vierge les jours qu’on doit les réciter, auxquelles heures de la Sainte Vierge devaient assister les bacheliers (les plus jeunes clercs) de l’église, « sous peine de perdre 6 deniers chaque fois qu’ils y manqueront ; quant aux vicaires et chapelains, s’ils sont défaillants, ils seront plus gravement mulctés selon que le Chapitre en décidera ».

Tous les vicaires, chapelains et clercs étaient en outre tenus d’assister aux vêpres, matines et messes de toutes les fêtes du rite double et aux processions publiques et solennelles, sous peine d’être privés du gain du dernier obit auquel ils auraient assisté.

Un dernier statut défend à tout clerc attaché au service du choeur, qu’il soit dignitaire, chanoine, vicaire, chapelain ou bachelier, d’entrer au choeur au moment de la célébration de l’office sans porter l’habit de choeur, c’est-à-dire le surplis et l’aumusse ou la cappe noire, selon la saison ; les contrevenants, s’ils sont chanoines, payeront 12 deniers d’amende, les chapelains 6 deniers, les bacheliers 4 deniers, et les enfants de choeur seront punis selon qu’en décidera le maître de la psalette.

L’enquête de 1698 nous apprend que les vicaires seuls, à l’exclusion des autres prêtres employés au choeur, avaient droit de porter l’aumusse, et étaient « placés et installés par leur prise de possession dans les hautes chaises du choeur aussi bien que les dignitaires et chanoines ; quand ils chantent leur première messe au dit choeur, après leur prise de possession, on sonne toutes les cloches comme à l’égard de l'Evêque ou des chanoines ». Les autres prêtres employés au choeur portent le petit camail mais non l’aumusse.

Depuis la promulgation des statuts de 1531, les sept vicaires du minihy cessèrent donc d’être inamovibles, et nous voyons le Chapitre user à l’occasion de son droit de destitution et de présentation [Note : G. 123. — En 1606, il destitue François Gourvenec du vicariat de Saint-Jean, et présente à sa place Yves Le Hir, sous-chantre].

A la fin du XVIIème siècle, le Chapitre entreprit une dernière modification dans le gouvernement des paroisses du minihy. Le 2 Janvier 1687, il présentait à l'Evêque une requête « tendant à ce qu’il lui plût déclarer que la ville et minihy de Saint-Paul n’est qu’une seule cure ou, en tout cas, unir en une seule cure les sept cantons et destroits vulgairement appelés les sept paroisses du minihy, pour la cure être érigée en vicarie perpétuelle et icelle conférée au Sr. Abrahamet », présenté séance tenante par le Chapitre (G. 88).

L'Evêque rendit le 27 Mai 1687 un décret qui réunissait toutes les paroisses du minihy en une seule. Ce décret déclarait « les sept vicairies du minihy Saint-Paul unies quant au spirituel et fonctions curiales en une seule cure, laquelle sera désormais tenue et desservie par un vicaire perpétuel en titre, et qu’il lui serait adjoint tel nombre de sous-vicaires qu’il sera jugé nécessaire, sans que les dits vicaire perpétuel et ses sous-vicaires soient tenus de servir au choeur de la Cathédrale, lesquels ne seront point corps du Chapitre et aux quels sera payé : au dit vicaire perpétuel 300 livres et à chacun des sous-vicaires 150 livres de portion congrue ».

Cet arrangement était fort avantageux pour le Chapitre qui, au lieu de sept portions congrues à 300 livres, n’en avait plus qu’une seule à payer, et quelques pensions de 150 livres aux sous-vicaires. Mais les vicaires n’en furent pas satisfaits, et il s’en suivit un procès qui dura plus de trente ans et ne se termina qu’en 1720, par l’union définitive des sept paroisses en une seule.

Voici comment était organisé, avant cette union, le service des sept paroisses du minihy à la Cathédrale :

Il n’y avait « qu’un seul fond baptismal » et un seul registre paroissial.

Il n’y avait qu’un seul tabernacle à la chapelle de Toussaint, où étaient conservées les saintes Espèces, et c’est là que d’ordinaire tous les paroissiens du minihy venaient communier ; mais au temps de Pâques, le dimanche, lundi et mardi de Pâques, chacun des sept vicaires donnait la communion aux seuls fidèles de sa paroisse, aux autels respectivement désignés pour le service de leur vicariat, autrement, dit l’enquête de 1698, il eût été impossible aux Recteurs de savoir si quelques-uns de leurs paroissiens manquaient à faire leurs Pâques. Encore allaient-ils à l’autel de Toussaint prendre des hosties à cet effet.

Il n’y avait qu’une seule grand'messe [Note : Dans les derniers temps, cette messe paroissiale se disait à basse voix ; à 10 heures, il y avait grand'messe solennelle] pour tout le minihy, « un seul prône, un seul pain bénit, une seule aspersion de l’eau bénite », qui se célébrait le matin et était dite messe communelle ; chacun des vicaires la célébrait à tour de rôle sur un autel en dehors du choeur. A l’issue de cette messe commune, le vicaire de semaine faisait le prône « pour ce qui regarde le spirituel », c’est-à-dire une instruction catéchistique, mais « au regard des affaires temporelles, bannies de mariage, etc., le prône se fait par chacun des vicaires, chacun pour sa paroisse, et à l’autel spécial de sa paroisse, distribue les cendres et célèbre le mariage de ses paroissiens ». Le vicaire de semaine officie au choeur pour les vêpres, si ce n’est aux jours de fondations solennelles réservées aux chanoines.

L’enquête fait connaître que les paroissiens de Santec et de Roscoff, même après l’érection en succursales de ces deux localités, sont tenus au prône, à la grand'messe et à la communion pascale à la Cathédrale ; il n’y a d’exception que pour les malades ou infirmes, et les habitants du port même de Roscoff.

Après la réunion des sept paroisses en une seule, en 1720, le Recteur du minihy se trouva nécessairement gêné pour l’organisation du service paroissial, par les exigences de l’office canonial. On en vint donc, pour couper court à des compétitions fâcheuses mais inévitables, à prendre la chapelle de Saint-Pierre pour les prônes et offices chantés de la paroisse. C’est ce que nous apprend la lettre suivante, conservée aux archives de l'Evêché :

« 2 Avril 1784.

A Mgr II. et RR. Evêque et Comte de Léon.

Remontre très humblement Mathurin-Hyacinthe Autheuil, promoteur de votre diocèse, qu’il est depuis longtemps sollicité de porter aux pieds de Votre Grandeur les justes plaintes des paroissiens du mènéhit Léon, sur les abus multipliés qui, par un usage contraire aux lois de l'Eglise, se sont établis, pour y mettre le même ordre qui règne dans toutes les autres paroisses du diocèse que Dieu vient de confier à vos soins.

Vous n’ignorez pas, Monseigneur, que la paroisse du mènéhit Léon est sans contredit la plus considérable de votre diocèse par son étendue, par le nombre de ses habitants et par le revenu des dismes. Le zèle qui vous anime pour le salut de tous vos peuples, l’alarmera sans doute en apprenant que cette paroisse est privée de tous les secours spirituels qu’elle doit légitimement attendre de son pasteur.

En effet, un des premiers devoirs du vrai pasteur est de rassembler son peuple les dimanches et fêtes pour assister au service divin et pour entendre l’instruction pastorale qu’il doit lui donner ; un pasteur doit chanter en ces saints jours une grand'messe à l’intention de son peuple. Or, Monseigneur, les peuples du minihy ne doivent-ils pas se plaindre d’en être injustement privés ? Votre Grandeur ne peut ignorer qu’on n’y célèbre aucune messe paroissiale ; la messe à basse voix que célèbre les jours de dimanche M. le Recteur à la Cathédrale ne peut être regardée comme une messe vraiment paroissiale qui, selon les lois des conciles, doit être chantée par le pasteur du lieu et répondue par le clergé qui y assiste ; d’ailleurs, cette messe se dit à une heure si peu commode pour le peuple, qu’il ne peut l’entendre. On ne peut non plus regarder comme messe paroissiale celle que célèbre le Chapitre, car MM. les chanoines sont, par les différents contrats passés, obligés de chanter les messes de dimanches et fêtes à l’intention des fondateurs. Comment concilier ces obligations de fondations avec celles de gros décimateur qui portent que le premier emploi des revenus ecclésiastiques est de célébrer, au moins les dimanches et fêtes, à l’intention du peuple, une messe paroissiale ?

Qu’il plaise donc à Votre Grandeur, relativement à cet abus, porter tel règlement qu’il vous paraîtra convenir.

2° Votre Grandeur sera sans doute étonnée d’apprendre que les peuples du minihy ne reçoivent jamais aucune instruction pastorale. Le Sr. Recteur remplit-il l’étendue de ses obligations, en faisant tous les dimanches un simple avertissement prosnal des fêtes, des jeûnes et des publications de bans, sans y joindre l’instruction que tout un peuple doit attendre de lui, avertissement prônal fait à 7 heures du matin, contradictoirement à tous les arrêts de la Cour qui ordonnent qu’il soit fait au prosne de la grand'messe et déclarent qu’autrement les dites bannies de mariage ne peuvent être canoniquement proclamées ?...

3° Comme on pourrait alléguer que les plaintes des paroissiens du ménéhit sur le défaut d’instruction sont d’autant plus injustes qu’il se fait tous les dimanches dans l’église cathédrale un sermon par le Sr. théologal, je préviens cette objection illusoire en exposant à Votre Grandeur que les devoirs d’un théologal et d’un pasteur dont les fonctions se font dans la même église peuvent se concilier.

Que le Sr. théologal remplisse son office, le Sr. recteur est-il par là dispensé d’instruire son troupeau, instruction d’autant plus nécessaire que les sermons du Sr. théologal sont énoncés selon l’usage immémorial en langue bretonne, idiome des habitans des campagnes de votre diocèse, que la plupart des habitans de la ville de Léon ignorent ; n’est-ce pas le plus grand des abus, qu’il ne se fasse pas dans la paroisse du ménéhit tous les dimanches, au moins à l’alternative, des instructions françaises et bretonnes ?... Qu’il vous plaise, Monseigneur, former un règlement qui désigne au Sr. recteur une heure commode pour le peuple, afin qu’il puisse lui donner tous les dimanches l’instruction pastorale.

4° Il est contraire à l’édification publique, que le Sr. recteur, MM. les vicaires, prêtres et autres ecclésiastiques de la ville de Léon n’aient aucune église désignée où ils puissent assister en habit de choeur aux offices publics. N’est-il pas convenable qu’il y eût une église désignée spécialement en dehors de la Cathédrale pour le service paroissial ?...

De toutes les églises de la ville, la plus convenable à cet effet serait celle de Saint-Pierre, unie depuis quelques années à la Cathédrale.

Sur les sages remontrances de Votre Grandeur, MM. les vénérables Chanoines se feront un devoir de religion de céder la dite église ; qu’ils y conservent du reste les revenus de la fabrique de Saint-Pierre, toutes les prérogatives, droits honorifiques et prééminences tels qu’ils leur appartiennent.

D’après cette cession, il restera à Votre Grandeur d’ordonner ce qu’il lui paraîtra le plus convenir à la gloire de Dieu et au salut de vos peuples et ferez justice. A Guiclan, ce 2 Avril 1764. AUTHUEIL, promoteur de Léon ».

Voici quelle était, en 1786, la situation de la cure du minihy, d’après un état conservé aux archives de l'Evêché. La situation n’était certes pas brillante :

« La paroisse du minihy de Léon contient 12.000 habitants, dont 3.000 dans la ville, le surplus en campagne dépendante de la ville ou dans les succursales de Roscoff et de Santec.

La paroisse se dessert à la Cathédrale, excepté les offices à chant ; le Chapitre n’en souffre aucun, et ils se font dans une chapelle hors de la ville (Saint-Pierre), ce qui nuit au casuel du Curé, qui n’en retire aucun des succursales dont les vicaires n’ont point de portion congrue. Le Chapitre s’y refuse, fondé sur un arrêt du Conseil de 1720, qui réunit les sept paroisses du minihy en une, et borne le nombre des vicaires à quatre. Ces quatre vicaires résident à Léon et suffisent à peine pour le service du corps de la paroisse qui, entre la ville et la campagne, contient environ 8.000 habitants.

Le revenu du curé, d’environ 1.200 livres [Note : Se décomposant ainsi : en argent : 300 livres ; en novales (ou dîmes sur les terres nouvellement défrichées) : 90 livres ; en pourpris : 336 livres ; en casuel : 500 livres. D'où un total de 1.226 livres] n’est pas suffisant relativement à la place qu’il occupe ; seul Curé d’une ville épiscopale, il est fâcheux qu’il ne puisse faire aucune politesse aux ecclésiastiques du diocèse et des personnes desquelles il en reçoit ; il est membre de la maison de ville, de tous les bureaux ; il a plus de 1.200 pauvres, et il a un terrain d’une lieue et d’une lieue et demie à parcourir ; il est hors d’état d’avoir pour lui et pour ses curés une monture qui lui serait nécessaire ; les moyens manquent d’améliorer son sort auquel l’augmentation des portions congrues n’ajoutera rien, parce qu’il jouit déjà de 700 livres, sans compter son casuel » (P. Peyron).

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