Web Internet de Voyage Vacances Rencontre Patrimoine Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Bienvenue !

Presbytère. — Écoles. — Église et chapelles

  Retour page d'accueil       Retour page "Saint-Nic durant la Révolution"       Retour page "Ville de Saint-Nic"  

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Au lendemain de la Révolution, la question du presbytère se posa plus pressante que jamais. Pour Hervé Calvez, élu Recteur en 1795, elle ne se posait pas puisqu'il était de Penanvoez et qu'il y habitait, mais elle se posa pour ses successeurs.

Après le Concordat de 1802, le Conseil municipal, en vertu d'un arrêté préfectoral, fut obligé de fournir au Recteur un presbytère et un jardin. Il décida de louer à cet effet le pavillon et le jardin du manoir de Brénalen, avec l'agrément de Pierre Larour, propriétaire, pour la somme de 60 francs par an. Mais ce n'était que provisoire, car c'est le manoir lui-même que le Conseil destinait à devenir maison presbytérale. En attendant qu'il fût statué à ce sujet, une somme de 135 francs fut allouée au Recteur, pour indemnité de logement. (25 Frimaire an XI).

En 1804, le Recteur était M. Guillaume L'Haridon, né à Douarnenez, le 4 Mars 1739, ordonné prêtre en Septembre 1763. Il avait été Recteur constitutionnel de Scaër, avant de devenir Recteur de Saint-Nic. Dès son arrivée, il fut déconcerté en voyant l'état lamentable de l'église. Le 4 Janvier 1804, il écrit : « Nommé par Monsieur l'Evêque à la desserte de Saint-Nic, je me suis transporté samedi dernier dans cette commune et ay chanté la messe le dimanche. J'ay vu avec peine l'état misérable de cette église où on m'a présentée pour le service divin un calice, si on peut appeller de ce nom un vase d'étain ou de composition avec la patenne qui n'ont jamais été consacrés. Je dois le croire en ce que ni l'un, ni l'autre n'étoit sur doré en dedans. Le verd de gris couvroit le purificatoire dont je me suis servi pour le netoyer. Le ciboire jetté négligeament dans une vieille armoire de la sacristie renfermoit une grande quantité d'hosties consacrées que n'avoient pas été renouvellées depuis Pâque. J'ay pris, sur moi de les consommer avec les parcelles beaucoup plus anciennes qui étoient déjà corrompues, affin de consacrer de nouvelles espèces. La petite custode trouvée dans le même endroit contenoit aussi deux hosties de même dâte. Il n'y a point d'autre calice dans cette église, les autres ayant été volés, ainsi que celui de Saint-Cosme, chapelle de cette commune. Vous savez, sans doute la mort et le genre de mort par ou a fini le dernier desservant de cette église. C'est cet homme que je suis destiné à remplacer, si ma maladie me permet d'y retourner. Dimanche malgré le mauvais temps je me transportai avec le Conseil de la commune pour chercher un lieu où pouvoir me loger. Celui qu'on me proposa, outre sa grande distance du bourg, n'est assurément pas logeable sans de grandes réparations. Quand se feront-elles ? Je l'ignore. Et où me retirer, où loger mes meubles jusqu'à ce moment ? Comment les y transporter ? Le chemin de Douarnenez à la Lieue-de-Grève est impraticable. J'ay proposé à l'acquéreur du presbytère de me prendre en pension à quelque prix que ce soit. C'est mon unique ressource, quelque désagrément que j'y entrevoye d’ailleurs……. » (Archives de l'Evêché).

Et il continue en demandant qu'on le nomme plutôt simple vicaire à Douarnenez.

Le 17 Mars, il écrit : « Je me suis rendu à mon poste, comme je l'avois promis. Mais de grâce retirez-moi d'ici le plus tôt possible. J'y éprouve des désagrémens incalculables. En voulant parer à de facheux inconvenians, je suis tombé dans d'autres encore pires. Que mon âge et les malheurs de ma famille puissent toucher votre sensibilité. M. Porlodec, mon neveu, cherche à me remplacer. J'y consens de bon cœur. Rapprochez-moi de mes pénates. Ottez-moi de cette terre maudite. J'y donnerai la Pâque puisque j'y suis, mais au moins que j'aye l'espérance d'en être sorti avant la Pentecôte. Je me suis mis en pension et cette pension va me ruiner pour des raisons dont je dois vous taire le détail. On a surpris ma bonne foie pour n'avoir pas expliqué clairement les conditions. Ah ! de grâce, Monsieur, sortez-moi de cet embarras. Le chagrin me ronge, ma santé s'affaiblit, mes jambes-commencent à enfler, je me vois périr sans ressource. Que je puisse au moins mourir ailleurs. J'ai pris ce lieu en horreur... » (Archives de l'Evêché).

Il s'en alla à la fin de cette année et il ne fut pas remplacé. L'année suivante, le maire et les habitants de Saint-Nic adressèrent cette pétition à « Monsieur l'Evêque du département du Finistère (Archives de l'Evêché).
Monsieur,
Votre arivés si avantageuse dans ce département nous rapele un devoir sacré que nous avons a remplire auprès de vous ; depuis neuf mois l'on a enlevé de notre commune le ministre qui exerçait au milieu de nous le culte catholique, et qui y a entretenu cette Esprit d'union qui à toujour distinguée la commune de Saint-Nic ; nous orons lontems a gemir sur la perte de ce respectable Eclésiastique auquel nous voudrions voir nomer un sucesseur qui nous rapeleroit ses vertus et la purté de ses mœurs, qui tiendroit toujour alumé le flambeau de le morale qui éclaire depuis un tems imémorial la paroisse que nous habitons ;
L’homme que nous croyons propre a réaliser et même à surpaser notre espérance, nous osons vous l'indiquer et le demander de votre bienveillance, si vous le jugés convenable ; Monsieur Pallut, ancien desservant de Guengat actuellement receveur des contributions de la ditte paroisse. Ce vénérable prestre operera dans ce pay le bonheur et la prospérité de ses habitans, le sort que nous lui reservons sera digne de son meritte et de sa moralité ;
Enfin en nous acordans un prestre vous orés mis le comble à nos désire, la reconnaissance que nous vous en garderons sera eternelle, nous orons a rendre au gouvernement des action de grace de nous avoir rendu le libre exercice du Culte de nos pères et a vous de nous avoir donné un homme qui en nous enseignant l'evangile nous en fera sentir et apprésier la pureté ;
Quant au logement nous avons désigné le cidevant manoir de Brenalen très à portés de l'Eglise et beaucoup plus etendu que ce qui est prescrit par l'arreté a ce sujet. Quelque petite reparations y manque, mais ositos que nous orons un prestre nous les ferons faire vu qu'il presidera au ditte reparations en les fesans faire pour sa plus grande comodité... »
( Sic.).

C'est M. François Martin qui fut nommé en 1806. Né à Plonéour-Ménez, il avait été ordonné par Expilly, en 1792, et nommé Recteur de Garlan. Il y fut maintenu après le Concordat, et c'est de là qu'il vint à Saint-Nic. En 1814, il écrivait : « Mon église d'ici longtems ne pourra sortir de son état minable. Ce n'est pas ma faute, mais faute d'argent, n'ayant qu'avec peine de quoi faire l'office divin avec décence » (Archives de l'Evêché). Il réussit cependant à refaire la toiture de l'église paroissiale, à la lambrisser, la peindre et la paver.

Pendant quelque temps, il dut desservir plusieurs paroisses à la fois. « Ce sera toujours pour moi, dit-il, une douce satisfaction de donner, selon mes petits moyens, des secours spirituels aux paroisses circonvoisines de la mienne... Mais ad impossibilia nemo tenetur. Argol, Telgruc, Landévennec, Trégarvan se trouvent, par l'absence de M. Moreau, dépourvues de tous secours spirituels. Comme le plus proche voisin, on m'appelle presque toujours, et les raisons que j'ai citées et la crainte de la perte des âmes de ces bonnes gens, m'ont excité jusqu'à présent de voler à leur secours. Mais si cela continue, je vous déclare qu'avec toute la bonne volonté que j'ai de rendre service, je ne puis suffire... » (Archives de l'Evêché).

Jusqu'à l'arrivée de M. Le Pape, en 1837, la paroisse n'eut de recteur que par intermittence, toujours faute de presbytère pour les recevoir. Enfin, le « 30 mai 1837, M. le Maire (qui était alors Jean Horellou, meunier au moulin de Brénalen) rappelle que la commune se trouve privée depuis long tems de desservant, attendu qu'elle n'a pas de logement à lui offrir ; que tel état de choses force les habitants à des déplacements pénibles soit pour assister aux offices divins dans d'autres communes, soit pour chercher des ecclésiastiques quand il s'agit de baptêmes, mariages ou enterremens et que les voix les plus ardentes des familles sont qu'il soit mis un terme à ces inconvénients le plus promptement possible... ».

Un champ fut acheté au sieur Baron, du bourg, pour la somme de 900 francs. On y construisit le presbytère, qui, pendant quelques années, servit aussi de mairie et de maison d'école.

On avait mis 42 ans à remplacer l'ancien presbytère vendu.

Restait la question de l'école. La Révolution avait fait le geste de nommer à Saint-Nic un instituteur et une institutrice. Mais ils ne firent que passer, et déjà, à la fin de la Tourmente, il n'y avait plus d'école ni de maîtres. Ici encore, la Révolution avait fait œuvre de mort. Contrairement à ce qu'on répète, les écoles primaires, les petites écoles comme on les appelait, étaient nombreuses sous l'Ancien Régime : de 30.000 à 40.000, d'après Lenôtre., Mais si dans ces écoles, les fils de paysan et d'ouvrier apprenaient à lire, écrire et compter, ils n'y recevaient pas une éducation « vraiment républicaine », selon, l'expression d'un certain Bouquier, membre du Comité d'instruction. C'est pourquoi la Révolution les avait supprimées sans les remplacer, annihilant ainsi, en moins de sept ans, l'effort de sept siècles de civilisation. Plus tard, si Napoléon avait réorganisé l'enseignement supérieur et secondaire, il avait fait très peu pour les écoles primaires.

Et voilà comment Saint-Nic est resté, sans école pendant près d'un siècle !

Il en fut pourtant question, bien des fois, au Conseil municipal. Le 18 Août 1833, il dit pompeuement « se réunir pour délibérer sur le moyen à prendre des mesures les plus convenables et intéressantes pour l'humanité ». Entendez plus simplement, pour se procurer un local qui pût servir d'école. Un moment, on pensa à la salle du presbytère. Il fallait faire quelque chose, à moins de laisser les enfants dans cette alternative, ou rester dans l'ignorance, ou aller à l'école de Plomodiern ou d'Argot « Or, dit la délibération municipale, il y a une distance d'une lieue et demie de Saint-Nic à Plomodiern. Il y a la même distance de Saint-Nic à Argol, de plus il faut faire la traversée de fortes montagnes, énormes, (sic), impraticables.... ».

Il faut attendre 1859 pour qu’on reparle de l'école. Le Conseil municipal manifesta alors le désir d'agrandir le cimetière et « de faire en même temps une autre dépense non moins urgente, non moins nécessaire, c'et celle d'une maison d'école. Déjà, plusieurs fois, la commune entière a fait connaître son désir d'obtenir ce bienfait, car les familles reconnaissent qu'il est déplorable pour elles de ne pouvoir donner à leurs enfants l'instruction qu’on voit se développer et s'étendre partout ailleurs, et qui aujourd’hui devient en quelque sorte indispensable. La distance qui les sépare des communes où existent des écoles est trop grande pour qu'elles puissent y envoyer leurs enfants ; force leur est donc de les garder dans la grande ignorance. Une autre considération tout à fait exceptionnelle, fait encore sentir le besoin d’un instituteur dans cette commune : c'est le grand nombre d’enfants de l'hospice qui s'y trouvent ; il s'élève à environ cent trente. Le Conseil municipal ne se dissimule pas les dépenses qu'exige l'exécution de sa demande, mais il ne recule point car il est persuadé que la commune s'imposera tous les sacrifices nécessaires, elle reconnaît qu'ils ne seront pas faits en vain.

Le Conseil, après avoir mûrement réfléchi, propose d'acheter le courtil attenant au cimetière (Al Liorz-Men) et appartenant au sieur Jean Larour, du bourg, lequel courtil servira pour l'agrandissement du cimetière et pour la construction de la maison d'école... ».

Ce projet ne fut pas réalisé. Les ressources manquaient. Il y avait eu déjà une petite école, à Brénalen, lorsque s'y trouvait le Recteur de la paroisse. En 1863, le propriétaire offre le même local pour qu'y soit établie l'école. Le Conseil accepte, mais demande à « administration » de venir à son aide pour fournir le mobilier et payer l'institutrice. Ce qui fut accordé, ce semble. En tout cas, en 1865, il y avait une école de filles et une institutrice. Le Conseil vote pour celle-ci une somme de 60 francs comme « encouragement ».

Mais les garçons croupissaient toujours dans l'ignorance. Pour y remédier, en 1873, le Conseil municipal demanda au préfet de « vouloir bien lui accorder une école mixte tenue par deux religieuses, une pour la classe des garçons, l'autre pour la classe des filles ». Ce qui fut accordé. Et après diverses tergiversations, une école fut construite au bourg de Saint-Nic. Elle s'ouvrit le 6 Octobre 1874, sous la direction de Gabrielle Castel, religieuse du Saint-Esprit.

C'est ainsi que lentement, péniblement, furent réparées quelques-unes des ruines accumulées par la Révolution. Toutes ne furent pas relevées. Il y a des ruines irréparables.

Le Concordat avait consacré le vol légal des biens d'Eglise vendus comme biens nationaux. Ceux que avaient échappé à la vente furent vendus plus tard.

Quant à l'église paroissiale et aux chapelles, elles étaient dans un état de délabrement tel, qu'en 1807, il fut question de vendre les deux chapelles de Saint-Jean et de Notre-Dame de la Chapelle-Neuve et d'en retirer des matériaux pour réparer l'église paroissiale et la chapelle de Saint-Côme. La chapelle de Saint-Jean fut heureusement épargnée, mais la Chapelle-Neuve disparut. Seule, la statue de Notre Dame fut sauvée. Saint-Jean lui donna asile et on peut la voir encore aujourd'hui dans cette chapelle, au-dessus de l'autel latéral, du côté de l'Evangile.

(Abbé Corentin Parcheminou).

© Copyright - Tous droits réservés.