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Garde-nationale de Saint-Nic. — Secours aux parents des défenseurs de la Patrie. — Distribution de savon ! — Nomination d'un instituteur et d'une institutrice. — Logement pour le vicaire. — Election du premier ministre du culte

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Le Conseil général s'était réuni le 23 Fructidor, an III, comme il s'était assemblé cinq ans plus tôt dans une chapelle de Plomodiern, pour former la garde-nationale de la commune de Saint-Nic. C'est encore par élection que se firent les nominations des officiers, sous-officiers et caporaux des deux compagnies de grenadiers et de chasseurs.

Yves Le Breton, de Brénalen, fut élu capitaine des grenadiers ; lieutenant : Hervé Latreille, de Kéréon ; sous-lieutenants : Corentin Le Bris, de Coatérel, et Louis Lastennet, de Lessirguy ; sergents : Guillaume Thomas, du Grand-Launay, et Jacques Le Bideau, de Landévadé ; caporaux : Corentin Larour, du bourg ; Thomas Le Droff, du Petit-Launay ; Louis Le Ménez, de Kerninet, et Nicaise Le Breton, de Brégalor.

Hervé Lastennet, de Gorré-Leuré, fut élu capitaine des chasseurs ; lieutenant : Alain Le Droff, de Lescorvo ; sous-lieutenants : Hervé Guéguéniat, de Penanvoez, et Jean Larour (fils), du manoir Guermeur ; sergents : Yves Guéguéniat, de Porz-ar-Born, et Jacques Piclet, de Ruyen ; caporaux : Corentin Le Roy, de Pen-ar-C'hréac'h ; Hervé Gallon, de Brénalen ; Guillaume Didailler, de Lessirguy, et Yves Moré, de Porz-an Dour.

On n'oubliait pas tout à fait les « défenseurs de la Patrie », non plus que leurs parents et les patriotes indigents. Le 23 Fructidor, an III, le citoyen Tanguy Gonidec, membre du Directoire du District de Ville-sur-Aulne, se présenta devant la municipalité de Saint-Nic et lui tint ce langage : « Je requiers la municipalité de Saint-Nic de parachever incessamment, et rendre de jour à autre au directoire du district les rolles et tableaux des vieillards, cultivateurs indigents et infirmes, des patriotes indigents ainsi que des parents des défenseurs de la patrie qui ont droit aux secours. Faute de quoi, demeurent les officiers municipaux personnellement et solidairement responsables de tout retard, conformément aux lois ».

Point pressés, les municipaux attendent le six Vendémiaire, an IV, pour délibérer « sur le réquisitoire du citoyen Gonidec » et arrêtent d'établir le décadi 10 Vendémiaire, la liste des parents des défenseurs de la Patrie ayant droit au secours. Seuls, ceux-ci sont appelés à se présenter à la maison commune, ce jour-là, à 8 heures du matin. Il n'est plus question de vieillards, ni de cultivateurs infirmes, ni de patriotes indigents.

Le 18 Brumaire, enfin, le Conseil général de Saint-Nic nomme deux de ses membres pour aller à la caisse du District toucher 364 livres, qui seront distribuées aux parents indigents des soldats. Qu'on ne se méprenne pas sur la valeur de cette somme en assignats.

Le 29 Floréal, an IV, sont convoqués à la maison commune tous ceux qui ont droit à des secours. Ils sont au nombre de seize. Des distributeurs sont nommés, qui ne distribuent rien pour le moment... Le 26 Prairial, le Conseil municipal certifie que tous ceux qui sont portés sur la liste des parents des défenseurs de la Patrie sont indigents et qu'ils ont besoin de secours. Un mois s'écoule encore. Et enfin, le 23 Messidor, 1.010 livres 2 sols 3 deniers sont distribués aux parents des soldats. C'est une aumône insignifiante, car à cette époque 1.000 livres de papier-monnaie ne valait pas plus d'un louis d'or...

Si les campagnes souffrirent moins de la disette que les villes, elles manquèrent cependant d'une foule de denrées dites de première nécessité. Le 3 Floréal, il y eut à Saint-Nic une distribution de savon, que présidèrent les officiers municipaux. Le savon, en effet, était devenu très rare. Par le fait même, il se vendait très cher : 41 francs le morceau, au lieu de 18 sous ! Et les autres denrées montaient de même, à mesure qu'elles se faisaient plus rares et qu'augmentait la circulation fiduciaire.

Avant la Révolution, c'est le clergé paroissial qui assumait l'instruction du peuple. Mais les écoles presbytérales disparurent dans la Tourmente révolutionnaire, et pendant plusieurs années, les petits Saint-Nicais ne reçurent aucun enseignement.

Enfin, le 6 Messidor, an II (1794), Jean Bon Saint André nomma un « instituteur de la langue française en cette commune ». Ce fut le citoyen Guillaume Le Droff, de Lessirguy. Déjà cultivateur et secrétaire-greffier, il assuma cette nouvelle charge que lui valurent, paraît-il, sa science et ses sentiments, patriotiques, et aussi la bienveillance de la Société populaire de Ville-sur-Aulne. Voici, d'ailleurs, le décret de nomination :

« Au nom du peuple français. Liberté, Egalité, Fraternité. Le représentant du peuple dans le département maritime de la République, sur la présentation qui lui a été faite par la société populaire de Ville-sur-Aulne du citoyen Guillaume Le Droff pour être nommé instituteur de la langue française dans la commune de Saint-Nic aux termes de la loi du 24 pluviose dernier, et sur le témoignage que le dit citoyen réunit les connaissances et le patriotisme requis, arrête qu'il est nommé instituteur de la commune de Saint-Nic et qu'il jouira des appointements attachés à cette place, moyennant qu'il en remplisse exactement les devoirs ; et la municipalité de Saint-Nic devra procéder à son installation... ».

Ce qui fut fait. Et le citoyen Guillaume Le Droff prononça d'une voix ferme le serment demandé à tous les Français : « Je jure de maintenir l'Égalité., la Liberté, l'Unité et l'Indissolubilité de la République ou de mourir à mon poste... ». N'allez pas croire que ce brave homme tînt à mourir à son poste. Mais, puisqu'on lui demandait de jurer, il jura tout ce qu'on voulut.

De fait, il n'y mourut pas. On ne lui en laissa pas le temps, car moins d'un an plus tard, le 16 Floréal an III, la municipalité procéda à l'installation d'un autre instituteur et d'une institutrice : « Le seize floréal, an troisième de la République une et indivisible a comparu Jean-Vincent-Guillaume Demos (!) lequel a déposé sur le bureau une commission d'instituteur de la commune de Saint-Nic qui lui a été accordée par le Directoire du District de Chateaulin le 8 pluviose dernier sur la présentation du jury d'instruction de ce District et une autre commission d'institutrice accordée à Marie Louise Largenton sa femme... ».

Entre temps, le citoyen Guénolé L'Helgoualch, vicaire de Saint-Nic, cherchait un logement et n'en trouvait pas, le presbytère étant confisqué et sur le point d'être vendu. Il alla porter ses plaintes à la municipalité et « le conseil assemblée ont conclue entr'eux vu que le citoyen Guénolé L'Helgoualch nostre vicaire n'a pas d'aplasement pour se logée, le conseil ont arretté et arrait qu'on lui fournira un maison bon pour se logée et payé au frais de la commune... ». On n'est pas plus aimable...

Cela se passait le 29 Nivose de l'an III. Or, le 17 Ventose, le vicaire se trouve toujours sans maison. Il se plaint de nouveau. Et « vu que le citoyen Helgoualch nostre curée est sans laugement, l'ageant national entendus le conseil ont arrettée et arrette d'attorisée le citoyen Helgoualch nostre curée de jouire du presbytère et dépandance jusqu'à nouvelle ordre... ».

Il n'en put jouir que pendant quelques mois, car le presbytère et sa ferme fut vendus le 4 Vendémiaire de l'an IV.

Outre Guénolé L’Helgouach, un autre prêtre exerçait le ministère à Saint-Nic. C'était Hervé Calvez, de Penanvoez, qui avait été pendant quelque temps curé constitutionnel de la paroisse de Meilars. Ils comparaissent tous deux devant les officiers municipaux, le 28 Thermidor an III, et déclarent « qu'ils se proposent d'exercer le ministère d'un culte connu sous la dénomination d'un culte catholique, dans l'étendue de cette commune, et ont requis qu'il leur soit décerné acte de leur soumission aux lois de la République, de laquelle déclaration il leur a été décerné acte conformément à la loi du onze Prairial de l'an troisième ».

Le libre exercice de tous les cultes avait été proclamé le 21 Février 1795, et la loi du 17 Vendémiaire an IV invitait les habitants de chaque paroisse à déclarer quel culte ils voulaient professer. La municipalité de Saint-Nic en profita pour faire d'une pierre deux coups et, le 26 Vendémiaire, elle fit élire le premier ministre du culte catholique. Il y avait deux candidats : Guénolé L'Helgouach et Hervé Calvez. Puisqu'il n'y avait pas de recteur, il fallait bien que l'un d'entre eux le devienne.

« Nous avons mis au sufrage pour savoir lequelle des deux citoyens Calvez et Lelgouach aurait eu la préférence pour être considéré comme le premier ministre du culte catholique qui est celuy que toute la commune professe. Après que toute la commune a passé au scrutin, nous, officiers municipaux, avons trouver que le dit Calvez a réunis tous les sufrage. En conséquence nous le considérant comme premiers ministre de notre culte.... ».

Un mois plus tard, l'élu fit devant le Conseil municipal la déclaration suivante :

« Je reconnois que l'université des citoyens français est le souverein et je promets soumissions et obéissence aux lois de la République ».

(Abbé Corentin Parcheminou).

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