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Situation ecclésiastique de Saint-Malo à la veille de la Révolution

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La division la plus commune, la plus employée, en raison même de l'autorité dont jouissait l'Église à cette époque, était la division ecclésiastique. C'était elle qu'empruntait l'Assemblée des Etats et qu'un rencontrait encore pour la levée des impositions (Arch. com., Notes et fragments, fol. 133 Manet).

A Saint-Malo, l'évêque possédait une influence considérable, tant à cause de son prestige moral qu'en raison de son titre de seigneur de la ville et des prérogatives qui s'y rattachaient. L'évêché de Saint-Malo avait son siège au manoir transformé depuis en hôtel de ville et qui comprenait chapelle, tours, galeries, pavillon, auditoire, prison, écuries, jardin, garenne, colombier, cour devant et derrière ; c'était bien le centre de la cité (Saint-Malo hist., p 144. Prampain, et Pouillé, t. I, p 612).

L'évêque qui siégeait en 1789 était Mgr Gabriel Cortois de Pressigny, baron de Beignon, abbé commanditaire de l'abbaye royale de Saint-Jacques de Béziers ; il avait été sacré le 15 janvier 1786 ; obligé de fuir pendant la Révolution, il revint en 1800 à Saint-Malo et conserva jusqu'au concordat l'administration du diocèse (Dictionnnaire hist., p. 811, Ogée). A côté de l'évêque, il y avait quatre vicaires généraux : François Blaize de Malafosse, Louis de Poulle, René-Jacques de Percy, Laurent-Jean-Baptiste de l'Etang, puis, faisant partie du chapitre, quatre hauts dignitaires : le doyen, les archidiacres de Dinan, Porhoët et de la Chantrerie, treize chanoines, dont l'official, deux syndics, un grand pénitencier, un théologal, les chanoines semi-prébendés, un précepteur semi-prébendé et les chapelains (Pouillé hist., t. I, p . 620 et suiv.). A la Révolution, Jacques Meslé de Grandclos était théologal, de Rosy, grand pénitencier et official, bénéfice qui lui valait 2.280 livres de rente ; il faut y ajouter aussi le grand chantre Guillaume Morin qui touchait 1.242 l. 16, La paroisse était administrée par un vicaire grand-curé et cinq vicaires sub-curés. Ce vicaire perpétuel, grand curé, était Jean-Christophe Claude Le Saoüt qui se réfugia à Jersey, pendant la Révolution, et reprit possession de sa cure jusqu'à sa mort en 1811 (Arch. com., Grandes recherches, Manet).

Le grand curé touchait sa dîme du marais, avait place au chœur et au chapitre, faisait l'office à son tour comme les autres chanoines ; il était nommé alternativement par l'évêque et le chapitre (Pouillé hist., t. I, p . 645). L'évêque avait le quart dans tous les revenus de la seigneurie commune et le chapitre les trois quarts. Les revenus de la seigneurie comprenaient : 1° les lods et ventes, déshérences ; 2° les droits de greffe et de coutume ; 3° les ventes et redevances sur plusieurs maisons, sur la boucherie, sur le moulin du Sillon, les marais du Talard ; les marchands drapiers lui versaient 15 s. par an pour droit d'échoppe et d'étalage ; les merciers 4 s. par an ; les poids publics, les droits d'entrée et de sortie de Saint-Malo, le « dimereau » de Saint-Ideuc, les fours banaux étaient encore de nouvelles sources de revenus (Arch. com., CC 38).

La question des fours banaux donna lieu entre le chapitre et les boulangers de Saint-Malo à un procès retentissant. La banalité des fours à Saint-Malo était d'une espèce particulière, quant à son étendue et à ses prérogatives. Elle était bornée à l'enceinte de la ville et chaque habitant pouvait avoir un four en sa maison pour cuire son pain et celui de sa famille ; il n'y avait que le boulanger à devoir user du four banal pour la cuisson du pain de son commerce, non pour celui de sa consommation. Cette banalité s'écartait donc du droit commun qui voulait que les vassaux et habitants de la seigneurie fissent tous cuire aux fours du seigneur indistinctement (Arch. com., FF S., n° 217 et 227, et Arch. d’Ille-et-Vilaine, C 445).

A Saint-Malo, ces fours banaux étaient situés dans les quartiers de Saint-Aaron, de la porte de Dinan et près de la Hollande. Le droit de banalité fut cédé par l'évêché aux officiers municipaux en 1786 pour 47.500 l.

Sur les moulins à vent de la ville et du Sillon, il était dû aux évêque, doyen, chanoines et chapitre : boisseaux et godets de froment (Pouillé hist., p 680).

On peut évaluer à 50.000 livres le revenu annuel de l'évêque. Ses charges étaient d'environ 20.000 l. C'était encore un excellent bénéfice. Aussi était-il taxé à 1.000 florins en cour de Rome (Pouillé hist., p 620).

Les communautés religieuses étaient nombreuses. A Saint-Malo et faubourg, on comptait : le seminaire dirigé par les Pères de la Mission. les Capucines, les Récollets, les Frères de l'Ecole chrétienne, les Bénédictins, les Ursulines, les Filles de Saint-Thomas de Villeneuve, les Calvairiennes, les Filles du Bon-Pasteur, les Filles de la Croix (Dictionnaire hist., t II, p 779, Ogée).

La grande école était l'école des Frères de l'instruction chrétienne de Saint-Yon de Rouen ; elle était gratuite et avait été fondée « pour recevoir les enfants des artisans qui, chargés de famille, n'ont, pour pouvoir les faire subsister, que leur travail ». Trois frères y donnaient l'enseignement. A côté de celle-ci, il y avait une école publique fondée par un évêque de Saint-Malo, Mgr de la Villemontié et une députation de nobles bourgeois et habitants de Saint-Malo ; on y apprenait à lire, à écrire, l'arithmétique, le latin ; elle comprenait trois classes, une école de charité appelée Maison de la Passion. administrée par deux directeurs et huit directrices indépendants du bureau de l'Hôtel-Dieu. La famille de Salmon avait fondé la maison. M. Magon en fut un des principaux bienfaiteurs. Deux directeurs et directrices furent choisis dans sa famille (Arch. com., GG 290, n° 290, 305 et suiv.). La maison prébendale d'un chanoine fut offerte à M. de Carheil de Launay qui la céda à l'abbé Pierre Engerrand, précepteur lui-même de l'école publique de Mgr de Villemontié. La préceptorie devint alors un vrai collège comprenant toutes les classes jusqu'à la réthorique inclusivement, collège qui devait prospérer rapidement.

Pour les jeunes filles, il y avait enfin une école d'Ursulines, fondée en 1622, et cette école mixte de la Passion dont nous venons de parler pour les enfants des familles indigentes, où presque tous les écolières et écoliers étaient nourris gratuitement (Pouillé historique, t. III, p. 465 et suiv.).

(Yves Bazin).

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