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LA PRISE DE SAINT-MALO EN 1488

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La prise en main de Saint-Malo se révéla de première importance pour le duché. Saint-Malo était un bastion qui jouait un rôle clef lors des hostilités déclenchées quelque 13 ans après le début de la construction de la tour Générale. La régente Anne de Beaujeu déclara la guerre à la Bretagne sous le prétexte qu'elle donnait asile aux princes de la couronne révoltés, dont le duc d'Orléans, futur Louis XI. Jacques Le Moine, grand écuyer de Bretagne, gouverneur de la ville de Saint-Malo, du parti du duc de Bretagne, défendait la cité avec 1200 hommes contre le parti royal [Note : LA BORDERIE (A. de). Histoire de Bretagne, t. IV, Rennes, 1906]. La défense du duché se préparait, 1500 Flamands envoyés par Maximilien d'Autriche débarquèrent à Saint-Malo, puis se portèrent le 1er août 1487 dans la capitale bretonne [Note : LA BORDERIE, Histoire de Bretagne, t IV, p. 535, note 2]. Fin mai 1488, MM. de Scalles et Wideville venant de l'Ile de Wight débarquaient avec une forte troupe anglaise à Saint-Malo. Le plan royal prévoyait l'invasion du duché par le nord-est ; la ville de Dol apparaissait comme le verrou qui fermait le Poulet et le pays de Fougères. François II, afin de prévenir l'invasion de ce côté, avait fait renforcer les défenses de la cité épiscopale. Une grande tour en fer à cheval située derrière les Carmes avec canonnières, couloirs et chambres de tir aspectant la plaine au nord-est de la ville protégeait de ses feux la porte Saint-Michel. Le gouverneur Esprit de Montauban à l'approche des troupes royales fit fermer les portes mais ordonna de ne tirer aucun coup de feu. Montpensier emporta la ville au premier assaut et soumit la cité au pillage. Les murailles du château et de la ville furent rompues et abattues, toutes les pièces d'artillerie furent récupérées [Note : Il se porta alors sur Dinan où il fut défait par Eustache de Montberon, 240 Anglais furent tués, 114 prisonniers (Correspondance de Charles VIII à La Trémouille et Alfred Spont, « La marine française sous Charles VIII » in Revue des questions historiques, 1894, t. 55 - I - et M. de Beauchesne, « Expédition d'Edouard de Wydeville », in Revue de Bretagne, 1911, p. 135). ] ; les Français abandonnèrent Dol ruinée et sans défenses [Note : H. DE LA TOUCHE. Recherches sur les tours d'artillerie. Rennes, 1980 et LA BORDERIE, Le complot breton de 1492. Cf. Nantes, 1884].

Le 28 juillet à Saint-Aubin du Cormier, le prince d'Orange et le duc d'Orléans avaient été faits prisonniers. Dinan ouvrait ses portes le 8 août. Saint-Malo fut alors assiégé, défendu par le capitaine Jacques Le Moine. Louis de la Trémouille établit ses batteries d'artillerie au devant du promontoire de la cité d'Alet. Les canonniers reprirent une technique déjà employée en 1450 par le connétable Arthur de Bretagne au siège de Cherbourg consistant à rentrer les pièces d'artillerie dans des sacs de peau de bouc graissées, à marée montante, pour ensuite les retirer à marée basse. Ils pouvaient alors tirer sans que l'humidité de l'eau n'affecte la poudre. La Trémouille avait choisi un coin de rempart en mauvais état situé vers le sud de la ville, à l'opposé du nouveau château de François II. A cet égard on peut écrire que le château des ducs avait été dissuasif. La Trémouille fit tirer par pilonnement sur deux endroits précis du mur, provoquant une brèche. Tout d'abord, à l'est de la tour des Ardrillés, appelée depuis tour Battue, correspondant à l'ouest de la cour de l'ancienne école des mousses, rue de Toulouse ; ensuite au-dessus du rocher de la croix des Ardrillés, en face de l'Hôtel de Brevet actuel [Note : Emplacement du magasin Old England - Nobilet - Le Gantoux].

Ces deux petites brèches du côté de la mer ne présentaient que peu de risque pour la place. Pourtant les habitants prirent peur. « Ceux de la ville qui ne voulaient pas se détruire requirent de parlementer » écrit Jaligny. Jacques Le Moine et les hommes d'armes refusaient de se rendre. Le gouverneur proféra à l'égard des Malouins des « paroles mal sonnantes » [Note : G. DE JALIGNY, Histoire de Charles VIII, p. 55]. Ceux-ci dépêchèrent Jacques Lemée de s'enquérir des intentions des assaillants. Puis ils envoyèrent six députés au nom des bourgeois : Berthelot Lemée, Jean May, Alain Guillaume, Pierre des Granges, Jourdan Maingart, Jean de Beaubois, et deux au nom de l'église : Etienne Millon, abbé de Saint-Jacut et Jean Robin, chanoine. Pourtant, Graville, confident de la Trémouille écrivait le 12 août « au regard de la prendre par force..., serait une chose très mal aisée à faire ; mais si n'y avait que ceux de la ville, on les pourrait bien prendre par peur, non par une autre manière » [Note : Correspondance de Charles VIII, n° 188, p. 209] bien que « c'est vraiment une des belles places du monde » [Note : Correspondance de Charles VIII, n° 188, p. 209]. La reddition se fit trop vite, le jour même, Graville mandait à la Trémouille quant « a ceux de la place, qu'il vous est défendu de plus ne les presser », le roi le requérant après avoir reçu les ambassadeurs de Bretagne [Note : LA BORDERIE (A. de). Louis de la Trémouille et la guerre de Bretagne].

Le 24 août la ville avait capitulé. Le gouverneur Jacques Le Moine fut condamné à sortir « en pourpoinct, ung baston blanc au poing, nue teste, en signe de humilité, et ses biens à la volonté du roy... ». Les gens de guerre ne pouvant se battre sans l'appui du dedans se soumirent, des sauf-conduits leurs furent délivrés. Ils devaient sortir sans armes, ni armures et bagages « fors leur robe, pourpoint, chausses, souliers, bonnet et chapeau seulement, avec ce qu'ils avaient d'argent en bourse, le surplus de leur bien à la volonté du roi et de M. de la Trémoille ». Les biens des habitants furent garantis ainsi que ceux des habitants des alentours jusqu'à 4 lieues et ceux des habitants de l'archidiaconé de Dinan et des territoires soumis à la couronne (Dinan, Fougères, Dol et Saint-Aubin), les autres biens furent confisqués au profit du roi. Les Malouins furent si satisfaits des tractations qu'ils offrirent un quartaut de vin des Canaries à la Trémouille en guise de remerciement [Note : « Pour un quartaut de vin de Canarie, que ledit Lemée luy bailla (à Mons. de la Trémouille) pour présent de la part de la ville, 22 escus » in Mémoires de Frotet de la Landelle].

La Trémouille entra en vainqueur. Il exigea des Malouins une contribution de 800 000 francs, et la livraison des armes et canons reçus en dépôt pour la défense de la place [Note : A. DE LA BORDERIE, Histoire de Bretagne, tome IV. Rennes, 1906, p. 554-555. Celui-ci soutient la thèse de la crainte des Malouins dans l'affaire. Il cite la lettre de Graville à la Trémouille (Corresp. de Charles VIII avec Louis de La Trémouille, p. 209)]. La perte de Saint-Malo fut ressentie comme un plus grand désastre que la défaite de Saint-Aubin et accéléra le découragement de la cause bretonne [Note : G. DE. JALIGNY. Histoire de Charles VIII, p. 55 et LA BORDERIE, p. 255]. Il semblait impossible de reprendre sur des hommes d'armes résolus une cité aussi inexpugnable. Au demeurant, la défaite militaire se doublait d'un désastre financier : « a la prise de Saint-Malo, les Bretons eurent une grande et merveilleuse perte, pour ce qu'ils la tenaient pour une des plus sûres villes de tout le pays de Bretagne et, à cette cause, avaient retiré dedans, comme à refuge, la pluspart de leurs biens ; ce qui fut cause qu'il y eut un fort grand gain pour les gens du roy, et c'estait toujours un plus grand renfort pour luy et plus grand affaiblissment pour le duc et son party. Que si les bretons furent affaiblis à cause de la journée de Saint-Aubin, la prise de Saint-Malo les mit encore davantage hors de tout espoir de salut et ne voyaient plus aucune ressource ny remède à leurs maux, sinon d'avoir leur final recours à la bonne grâce et miséricorde du roy » note le texte de Jaligny sur la prise de la ville [Note : G. DE. JALIGNY. Histoire de Charles VIII, p. 55. Les armes ne semblent pas avoir été livrées]. Une fois dans la place, les Français ne restèrent pas inactifs à Saint-Malo. Dès 1488 Graville fit faire pour 1843 livres 2 sols 6 deniers de réparations aux fortifications [Note : British Museum — addit, chant. 15408]. Le roi accordait une certaine importance à la ville puisqu'il y a laissé en garnison cinq cent ils morte-paies. Fougères ne comptait que 50 morte-paies sur les 4000 hommes, Suisses et Français occupant les places bretonnes (2213 Suisses). Par le traité du Verger le duc faisait rentrer Dinan, Saint-Aubin, Saint-Malo et Fougères dans le domaine royal (19 août 1488). Le 6 octobre de la même année, le roi Charles VIII confirmait ses anciens privilèges à la ville. L'année suivante le vice amiral Antoine de Lastre dit Cauwart se rendait à Saint-Malo [Note : B.N., fr. 25719, 157 et fr. 26190, 2-3], les Anglais étant alors maîtres de Concarneau [Note : Record office, Excheques, Teller's rolls, n°62]. Il y fit armer le 15 mai une flottille pour bouter les Anglais hors de Bretagne.

Saint-Malo étant toujours un port de guerre ; il l'était déjà pour la Bretagne en 1482 et accueillait alors la grande nef ducale sous les murs du château [Note : « A Allain de la Mote, visamiral de Bretaigne, ayent la charge de la garde de la neff du duc entante ou Havre de Saint-Malo, luy sera poyé, tant pour despence de bouche, gaiges et sallaire de XVII hommes qu'il doit entretenir pour la garde de ladicte neff au pris de LXIII lb. XV s. par moys, VII cu LXV lb. Quelle somme vauldra audit trésorier par quictance dudit visamiral. Et est pour ung an commencé le XVème jour d'octobre derroin. Pour ce, — VII c LXV 18 ». In le budget du duché de Bretagne année 1482. Revue de Bretagne et de Vendée par La Borderie 58 — Série VI — 8. 1885 — II note 190]. Il devenait alors avec les Français le port de base de conquête de la Bretagne. Le commerce étant interrompu avec Brest, Saint-Malo recevait les navires marchands de la Rochelle tels que ceux conduits par Diego de Mirande et par Jean de la Barre [Note : Alfred SPONT, « La Marine française sous Charles VIII » in Revue des questions historiques, 1894, t. 55, p. 406]. Les Malouins participaient en avril 1490 à l'armement d'une flottille à Honfleur sous les ordres de Graville [Note : Alfred SPONT, « La Marine française sous Charles VIII » in Revue des questions historiques, 1894, t. 55, p. 417], la prise de la ville n'était plus qu'un souvenir.

(Hugues de la Touche).

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