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SAINT-KÉMO ou SAINT-QUÉMEAU

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SAINT KÉMO.

Saint Kémo est le patron éponyme de la petite trève de Locquémeau, dans la paroisse de Trédrez ; Locquémeau n'est qu'un tout petit bourg de pêcheurs, l'église tréviale est sur une hauteur, entourée de ses maisons proprettes ; il y a à peine une lieue et demie de Locquémeau à Saint-Michel-en-Grève.

Le nom de ce saint est Kémo. C'est sous cette forme qu'il figure dans le cantique Gwerz Sant Kemo, patron ar vartoloded, composé par M. l'abbé Durand, lors recteur de Trédrez. L'orthographe française est Quémeau ; Quémeau a été en effet un prénom en Trédrez (Registre des Naissances, 1801 ; Reg. des Décès, An IX). La trève de Locquémeau est mentionnée sous cette orthographe dans les registres de baptêmes de Trédrez, 1607, 1645.

Le saint a sa statue dans l'église, en aube et chasuble, tenant un ciboire et donnant la communion, c'est une statue superbe du XVIIIème siècle. Non loin de l'église, il a sa fontaine. Le pardon a lieu le lundi de la Pentecôte [Note : Je ne sais comment l'Almanach de Ar Bobl 1910 a placé S. Kémo le 13 mars. Le calendrier 1921 édité par Le Goaziou à Quimper, porte également le 13 mars ; je ne sais pas non plus où l'abbé Tresvaux a trouvé que S. Kémo a sa fête le 1er lundi de janvier. (Notice reproduite infra)].

L'on prie le saint pour les petits enfants qui se savent pas marcher ; et l'on vient pour cela trois lundis du même mois en suivant [Note : Quand on n'a pas satisfaction, on brime le saint, et c'est ainsi que la statue du saint à la fontaine disparaît un certain temps. pour revenir ensuite ; mais je n'ai pu savoir le traitement que l'on faisait subir à la statue (sur les statues punies, cf. SÉBILLOT, Le folklore de France. Paris, 1904-1907, in-8° IV, p. 167)].

La statue du saint qui est dans la chapelle est très vieille et tombe en poussière. Depuis une dizaine d'années, une pratique nouvelle s'est greffée sur cette statue : l'on ramasse la poussière qui tombe de la statue vermoulue, et on l'applique sur les boutons des petits enfants. La statue est en chérie et le procédé ne peut qu'avoir de bons résultats au point de vue thérapeutique [Note : Sur les poussières guérisseuses, cf. Antiquaires de l'Ouest, 1918, 2ème trimestre, p. 357, et SÉBILLOT, op. cit., IV, pp. 150, 160. Ce qui est curieux ici, c'est que la vétusté de la statue a créé une pratique qui n'existait pas auparavant. J'ajoute que cette pratique est venue spontanément car elle ne se retrouve pas aux environs immédiats. Ici encore l'on doit remarquer que c'est le paganisme éternellement humam, et non pas un trait conservé sur place du paganisme ancien. C'est une fleur du paganisme qui a poussé là. Cf. la tombe de Mgr de Ségur au cimetière de Pluneret, l'on prend sur la tombe un peu de terre que l'on porte dans un sachet pour se guérir de la fièvre. L'on rapporte. ensuite le sachet en ex voto. (ALBERT LE GRAND. Vies des Saints, éd. Thomas et Abgrall, Notes, p. 121). La même coutume existe au tombeau de S. Konery, en Plougrescant ; cela prouve que les pratiques superstitieuses ne remontent pas au paganisme directement, car on ne pourrait supposer que le tombeau de Mgr de Ségur ait été substitué à une idole païenne, le clergé l'ayant mis là pour christianiser un culte païen].

Deux courtes notices ont été écrites sur saint Kémo, nous les reproduisons in extenso.

TRESVAUX, op. cit., I, p. LXVI (1836). Saint Quémau ou Quémeau. Il est le patron d'une grande et très antique chapelle de la paroisse de Trédrez dans le diocèse de Saint-Brieuc. Ce saint y est représenté en prêtre et tenant un calice entre les mains. Sa fête se célèbre le premier lundi de janvier. Nous pensons que S. Quémeau, n'est autre que S. Ké, au nom duquel on a ajouté l'épithète de Mock, commune en Irlande [Note : Ce mot moch signifie mon en ancienne langue irlandaise : par respect et par affection, on l'ajoutait au dont propre de plusieurs saints.] et que, par la suite on aura ainsi formé le nom de Quémau. Peut-être aussi S. Quémeau serait-il S. Coeman, surnommé le Pèlerin, fils de Brecan et frère de Ste Ninnoc, et qui était honoré en Irlande le 3 novembre.

Il n'y a pas lieu de suivre l'abbé Tresvaux dans ses tentatives d'identifications boiteuses [Note : S. Coeman ne pouvait donner S. Kémo ; la forme correspondante est le saint breton Cuvan, patron de Pluguffan. près Quimper. (J. LOTH, Ns., p. 30, s. v. Cuvan) à moins toutefois que Cuvan ne soit = S. Cov, éponyme de Plogoff, cap Sizun, qui a aussi une chapelle en Plouay (M.), cf. Kergresq en Plongrescant, Connoc et Connogan, Collet et Collodan, Goal et Goelan, Con et Conan, Budoc en Budogan, Primel-Primelin, Convel-Convelin, Harn-Hernin, Yvi-Yvier, Saint-Guen en Guenin (M.), etc., etc.. — Quant, à l'irlandais moch, c'est impossible, c'est d'ailleurs mo et il se place toujours devant le nom].

GAULTIER DU MOTTAY, Iconogr. et hagiogr. bret., p. 54 (1869) : « S. KÉMEAU, Sanctus Kemeanus, solitaire irlandais, en aube et chasuble, tenant un ciboire et donnant la communion, à Locquémeau dont il est le patron, statue du XVIIème s. » [Note : Je ne sais où Gault. du M. a puisé la forme latine Kemeanus, à moins que ce ne soit de Coeman donné dans le passage de Tresvaux supra cit].

J. LOTH, Ns., p. 80 :
« LOC-EMO (écrit Lokémo) en Tredrez (C.-d.-N.). Je dois la connaissance de ce nouveau saint à M. l'abbé Durand, curé de Trédrez : d'après lui, Kémo, Efflam, Nerin et Kirio (Kirec) seraient, d'après la tradition, venus ensemble d'Irlande ; saint Haran, leur est aussi associé. M. l'abbé Durand a composé un cantique en l'honneur de saint Kémo. Je ne vois rien à dire de ce saint » [Note : C'est le cantique supra cit].

Le nom est Kémo, et non pas Emo, sans quoi l'on aurait eu Loguémo, comme Loguivy de Saint Ivy.

Je ne trouve rien non plus à ajouter. Je n'ai eu aucun autre renseignement sur ce saint. Les nouveaux cantiques ont créé probablement la tradition de saint Kémo, compagnon de saint Efflam. Il faut remarquer à, ce sujet que le renseignement apporté par Gaultier du Mottay désigne notre saint comme étant un Irlandais. Or ce renseignement que Du Mottay a peut-être obtenu du clergé local, est sans grande valeur, cependant il est antérieur aux cantiques nouveaux [Note : L'ABBÉ FRANCE Kerduel ou les missionnaires bretons du XVIIème s. Saint-Brieuc, 1890, in-12, p. 236, citant une série de pratiques superstitieuses, ajoute : « N'oubliez pas de vous procurer une clochette que vous bénirez à S. Quémeau ; elle vous avertira du bien que vous devez faire et du mal que vous devez éviter ». La salade de superstitions recueillies dans cet ouvrage, aux pp. 225 et seq. ne mérite pas de retenir l'attention. Il n'y a aucun cas à faire de la plupart des absurdités rassemblées dans cette partie de l'ouvrage, — l'autre partie est au contraire d'un grand intérêt — et ce qui est dit des clochettes de S. Kémo est une invention pure et simple].

(R. Largillière).

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