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La paroisse de Saint-Judoce durant la Révolution.

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Renseignements ecclésiastiques. — Saint-Judoce, cure de l'ancien diocèse de Dol, dépendait de la grande officialité et du doyenné du même nom. D'après Guil. de Corson (Pouillé, etc., op, cit., I, p. 548), la cure de Saint-Judoce, dont la présentation avait appartenu, durant des siècles au prieur de Léhon, était passée avant la Révolution aux mains de l'évêque de Dol.

Si l'on s'en rapporte à Ogée, les propriétaires de la terre du Pont-Harrouart, qui avaient le droit d'avoir une litre armoriée en dedans et en dehors de l'église de Saint-Judoce, auraient été seigneurs fondateurs et prééminenciers dans cet édifice. En 1780, ces droits étaient exercés par M. Etienne Baude de la Vieuville, marquis de Châtauneuf et de Coëtquen, et possesseur de la terre du Pont-Harrouart. Quant an baron de Beaumanoir, en Evran, il jouissait des droits de seigneur supérieur à Saint-Judoce.

L'ancienne église de cette paroisse, qui ne sert plus au culte depuis quelque temps, paraissait par son style appartenir au XVème siècle. Gaultier du Mottay assure qu'elle possédait encore de son temps une fenêtre de cette époque, ainsi que deux pierres tombales presque alors entièrement recouvertes par des bancs.

En 1792, la municipalité de Saint-Judoce, pour faire disparaître les armoiries dont l'église de cette localité « était remplie », fit faire pour 33 livres 10 sols de réparations à ses vitraux. En 1802, le sous-préfet Gagon déclare cette église « en fort mauvais état. Elle ne sert à rien, ajoute-t-il, si bien que le prêtre qui dessert cette commune exerce dans la chapelle du Quiou ».

Le prieuré de Saint-Magloire de Léhon était dès le milieu du XIIème siècle largement renté à Saint-Judoce. L'an 1557, le prieur de ce couvent déclarait dans un aveu posséder en cette paroisse un fief et bailliage valant d'argent « 71 solz ung denier » de revenu et 15 boisseaux de froment, mesure de Dinan, auxquels il fallait joindre 6 mines de blé produites par les dîmes de la paroisse, sur lesquelles, en 1653, il abandonnait au recteur pour sa portion congrue 64 boisseaux de froment et 50 livres d'argent (Archives de Loire-Inférieure, B 864, et archives personnelles). En 1700, un procès était pendant devant le Grand Conseil concernant le droit de novalles sur les terres récemment défrichées que le recteur de Saint-Judoce prétendait lui appartenir, mais que luidisputait le commendataire de Léhon.

Le 9 mars 1791, la municipalité de Saint-Judoce, qui semble n'avoir aimé que médiocrement son dernier recteur, déclarait que les revenus de la cure de celui-ci devaient s'établir comme suit : « La jouissance de la maison presbytérale, logements en dépendant, jardin, vergers et pêcherie, plus 126 boisseaux de froment à 8 l. pièce, soit 1.008 l. ; 18 bx de paumelle à 5 l., soit 90 l. ; 104 bx de blé noir à 3 l. 12 s., soit 347 l. 8 s. ; 36 bx avoine grosse à 2 l. 15 s., soit 99 l. ; 108 bx avoine menue à 2 l., soit 206 l. ; la dîme des filasses de toute la paroisse : 106 l. ; la jouissance de trois pièces de terre dites : Pont-de-Mer, la Champagne de la Queue de l'Oie et les Rochettes, 63 l. ». Quant au recteur lui-même, le, principal intéressé, il estimait sa cure lui rapporter 1.903 livres 13 sols, sur lesquelles il devait açquitter 696 l. de charges, chiffre que contestait âprement l'administration de Saint-Judoce, et nous n'entreprendrons point de faire la lumière dans ce ténébreux débat.

En 1745, l'archidiacre de Dol, au moment de sa visite canonique, signale une « grande confusion » dans les comptes des trésoriers. il ordonne aussi de remplacer la pierre sacrée du grand autel qui se trouvait cassée, de nettoyer le ciboire et les vases à saintes huiles, de placer un couvercle aux fonts baptismaux et de réparer plusieurs ornements en mauvais état, ainsi que les livres de chant.

Un compte de fabrique de 1759 nous apprend que les recettes de l'église s'élevaient cette année à 141 livres 7 sols, et les dépenses à 94 l. 19 sols, dans lesquelles le luminaire entrait pour 46 livres 1 sol, les saintes huiles pour 15 sols, « deux milliers d'ardoises de la Chapelle-Blanche, avec leur charroyage, 15 l. » et 7 l. 12 s. de décimes et subventions payées par la fabrique.

En 1724, les habitants de Saint-Judoce avaient offert à leur église pour 15 livres de noeuds d'échine ; 18 l. de filasse ; 13 l. 15 s. de blé noir ; 13 l. 14 s. de beurre ; 2 l. 5 s. de beurre et 2 jeunes cochons vendus 6 livres 8 sols.

Une délibération du 18 mai 1755 nous fait savoir qu'à cette époque, une confrérie du T. S. Rosaire, dont M. du Fournet était prévost, existait alors à Saint-Judoce. Elle était dotée de quelques rentes et possédait dans l'église un autel dédié à N.D. du. Rosaire. La dorure des boiseries de cet autel avait coûté 60 livres en 1709.

Trois chapelles au moins, celles des manoirs de Pont-Harrouart et du Fournet, et celle de Lestihier, existaient à Saint-Judoce avant la Révolution. Deux chapelles confisquées durant les mauvais jours furent restituées au culte sous le gouvernement de Napoléon ; nous ne savons s'il faut les identifier avec celles déjà précitées.

La chapelle de Lestihier figure à la page 382 des Pouillés de Longnon, op. cit., comme existant dès la fin du XIVème siècle.

Quatre pièces de terre dépendant de la fabrique de Saint-Judoce furent liquidées au sieur Carillet, le 6 juillet 1799. A la même date, furent aussi vendues à François Henry onze pièces ou parcelles de terre dépendant de la prestimonie Lagadec. On adjugea aussi le même jour à Joseph Duval, une pièce de terre dite la Croix des Vêpres, léguée autrefois par l'abbé François Gernigon, lequel, après avoir administré Saint-Judoce 55 ans durant comme recteur, y décéda le 22 septembre 1652, âgé de 80 ans. Il avait assuré par testament la célébration à perpétuité d'une messe de Requiem au maître-autel, où « est desservie la confrairie du T. Saint et auguste Nom de Jésus », qu'il avait lui-même érigée à Saint-Judoce.

La Révolution supprima Saiut-Judoce comme paroisse et attribua pour le spirituel la moitié de son territoire à Evran, et le reste au Quiou. Cependant, l'église de cette localité fut ouverte au culte le 25 mai 1795, sur pétition individuelle des habitants, au nom desquels Gabillard, agent national de la commune, écrivait au district de Dinan : « Nous allons à la messe, car c'est notre idée » (Archives des Côtes-d'Armor, Lm 5, 57). Nous regrettons d'ignorer le nom du prêtre qui célébra alors à Saint-Judoce.

Deux ans plus tard, les paroissiens de cette localité obtinrent encore la même faveur le 5 août 1797, mais les lois de fructidor an V (septembre 1797) vinrent à nouveau faire bien vite fermer leur vieux sanctuaire. (Archives des Côtes-d'Armor, L 165, f° 127).

Du reste, les cérémonies cultuelles devaient être difficiles à célébrer dans cette église après sa mise à sac en vertu des arrêtés révolutionnaires. Car, dès le 21 mai 1794, on avait vendu à Dinan pour 186 livres d'ornements provenant de Saint-Judoce, et le 24 août de cette année, on estimait à Dinan, avant de l'expédier à la Monnaie, un ostensoir, le pied d'un calice et sa fausse coupe, un autre pied de calice, un pied de ciboire et son couvercle, ainsi que le couvercle d'une petite custode, le tout pesant 4 marcs, 5 onces, 7 gros et demi d'argent blanc, et envoyé par la municipalité de Saint-Judoce ; une croix pesant 5 marcs, 3 onces, 4 gros et demi d'argent doré, ainsi qu'un calice, une coupe de calice, deux patènes, la coupe d'un ciboire et celle d'une petite custode, une autre coupe de calice et sa patène, l'ensemble pesant 4 marcs, 2 gros aussi d'argent doré. Quant au presbytère de Saint-Judoce, il fut loué 120 livres le 23 avril 1797.

Ainsi que nous le verrons à la biographie du recteur de Saint-Judoce, le gouvernement de Bonaparte, suivant un plan préétabli, refusa en 1804 d'établir Saint-Judoce en succursale. Il fallut attendre le règne de Louis XVIII pour voir à nouveau cette localité érigée en paroisse.

 

CLERGÉ. CHARLES-AUGUSTE CHAUCHART DU MOTTAIS, recteur, fils de messire Joseph et de Claire-Anne Rogon, seigneur et dame du. Mottais, naquit au château de ce nom, en Evran, le 26 septembre 1759. Il fit son cours à Dinan, puis, après de bonnes études théologiques, reçut la prétrise à Saint-Méen le 20 septembre 1783.

M. du Mottais succéda comme recteur de Saint-Judoce au frère de son père, l'abbé Charles-Marie Chauchart du Mottais, sur résignation que celui-ci lui fit de son bénéfice le 11 mars 1785, sous réserve d'une pension de 600 livres.

Après avoir assisté aux obsèques de son prédécesseur et oncle, qui décéda à Saint-Judoce le 13 octobre suivant, ayant gouverné cette paroisse l'espace de 39 ans, M. du Mottais assista le 3 avril 1789 à l'Assemblée du clergé du diocèse de Dol, réunie pour élire des députés de son ordre aux Etats Généraux (Archives Nationales, G 18).

Tout ce que nous savons du rôle du recteur de Saint-Judoce de 1790 jusqu'à son départ pour l'exil, c'est qu'il refusa de s'assermenter et que, faute de pouvoir être remplacé, il demeura dans sa paroisse jusqu'au mois de septembre 1792. Il figure sur les registres de comptabilité du district de Dinan comme ayant touché son dernier traitement pour le premier trimestre de 1792. Lors de l'application de la loi du 26 août de cette année, M. du Mottais s'exila à Jersey, après avoir eu soin de faire déposer son mobilier chez son frère, au château du Mottais, ce qui n'empêcha pas les révolutionnaires de l'y mettre sous scellés le 26 novembre suivant.

Durant ce temps, le recteur de Saint-Judoce résidait à Jersey, où nous le voyons émarger au mois d'août 1796 sur les registres de Mgr. de Cheylus pour un secours de 55 livres destiné à sa subsistance. Le mois suivant, ce prêtre, comme la plupart de ses confrères exilés à Jersey, passa par ordre en Grande-Bretagne, où il demeura jusqu'à la fin de la Révolution.

Celle-ci finie, grâce aux sages mesures de Bonaparte, M. du Mottais revint en France, mais l'enquête de Boullé ne fournit sur son nom aucun renseignement. Nous savons qu'alors le recteur de Saint-Judoce fut un moment désigné pour le rectorat de Lancieux, puis effectivement nommé à celui de Saint-Hélen le 16 janvier 1804, mais il n'occupa ni l'un ni l'autre de ces postes, voulant rester à Saint-Judoce, qui n'avait pas été compris parmi les succursales du nouveau diocèse de Saint-Brieuc.

Après avoir eu à ce sujet des difficultés avec son évêque, Monseigneur Cafarelli, qui alla même jusqu'à lui retirer le pouvoir de confesser, M. du Mottais eut la joie de voir Saint-Judoce à nouveau érigé en paroisse le 9 mai 1821 par le roi Louis XVIII et d'en être nommé le premier desservant. Il mourut en fonctions le 25 décembre 1826.

Sur le bénédictin Claude-Marie Hermans qui prêta le serment de Liberté-Egalité du 14 août 1792 et passa au château du Fournet en Saint-Judoce, les dernières années de la Révolution. Il déclarait, aux environs du 16 mai 1796, qu'il avait fait la déclaration de soumission aux lois de la République prescrite par la loi du 11 prairial an III et du 7 vendémiaire an IV, et qu'il n'avait pas rétracté son serment de Liberté-Egalité. (Archives des Côtes-d'Armor, Lm 5, 104). (A. Lemasson).

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