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SAINT JACUT ET LA LEGENDE.

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Quelques mots d'introduction. — Légende de saint Cadreuc. — Légende Morbihannaise des Sept Saints. — Légende dinannaise des sept frères. — Légende de saint Rieul et de saint Cast. — Pourquoi St-Jacut n'est plus une île. — Saint Petroc.

Nous ne prétendons point nous porter garant des histoires merveilleuses que nous allons raconter tout à l'heure. Mais nous croirions demeurer incomplet si, écrivant la vie de saint Jacut, nous avions omis de consacrer un chapitre aux légendes qui s'attachent à son nom.

La légende, en effet, s'est plue à orner et à embellir la véridique histoire de nombre de nos vieux saints bretons. Elle leur a tressé un cadre où ils nous apparaissent environnés d'une naïve auréole qui nous plaît et qui nous charme ; en même temps qu'elle nous a parfois conservé, bien que défiguré et faussé, le souvenir de certains épisodes de leur vie. Les légendes que nous allons publier aux pages suivantes sont une preuve de la renommée qui s'attacha de bonne heure au nom de saint Jacut ainsi que de la réputation dont il jouissait en Bretagne dès les premiers temps du Moyen-Age.

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La Légende de saint Cadreuc.

[Note : Extrait de la Brochure intitulée « Les deux Saint-Caradec ». Paris, Champion, 1883. La traduction est de M. de la Borderie qui l'a faite sur le Manuscrit 5296 de la Bibliothèque nationale, La Borderie croit voir dans le Cadreuc héros de cette histoire un personnage absolument distinct de saint Caradec, l'un des plus réputés de nos saints bretons].

Il ne faut pas laisser fuir de la mémoire des fidèles le fait suivant, arrivé dans le voisinage du canton qu'on nomme le pays des Eaux [Note : Ce Pays des eaux n'était autre que le pays de Poudouvre], par ce qu'il est situé entre deux fleuves, la Rance et l'Arguenon.

Là, suivant ce qu'on rapporte, vivait un jeune homme pauvre appelé Caradoc, libre dans ses paroles, sale dans sa vie, tellement livré à l'intempérance qu'il eût été presque toujours ivre si sa pauvreté de temps à autre, n'y eût mis obstacle. Cet ivrogne, ce bon à rien, avait seulement une barque dans laquelle il passait, pour de l'argent, d'un bord à l'autre de l'Arguenon, les voyageurs qui se rendaient au sanctuaire des deux saints Jacut et Guethenoc.

Un jour, un pèlerin vint frapper à la porte de ce malheureux et le pria de lui ouvrir. L'autre arriva, furieux comme toujours, et demanda ce qu'on lui voulait : « Je voudrais, dit le pèlerin, aller au monastère de Landoac (ainsi se nommait l'île de Saint-Jacut), je vous prie de me faire passer le fleuve pour l'amour de Dieu ». - « Si tu as de quoi payer, montre-le tout de suite, répond Caradoc. Je n'ai pour tout bien, reprend le voyageur, que ce petit manteau usé ; si je vous le donne, je resterai nu ». Toutefois, il renouvelle sa prière, il insiste avec larmes, il supplie en sanglotant le passeur d'avoir pitié de lui et de sa misère. Vaincu enfin par cette prière opiniâtre, Caradoc le fait entrer dans sa barque qu'il pousse loin du rivage au milieu du fleuve et se met à naviguer. Bientôt le vent se lève contraire, bouleverse l'onde jusqu'au fond ; des vagues immenses menacent de briser l'esquif sur la côte ou de l'ensevelir dans le gouffre écumant. Avec son entêtement ordinaire, le passeur jure que ni vent ni orage ne l'empêcheront de rendre sur l'autre rive le voyageur dont il s'est chargé. Il y réussit, met l'homme à terre, et à travers la tempête, toujours luttant, revient. Mais cette lutte inégale l'avait brisé ; sitôt débarqué, il vomit le sang, il tombe malade, il meurt. Alors (comme il le conta lui-même bien souvent depuis), à peine sorti de son corps, il est saisi par d'immondes esprits, dont les narines lancent une vapeur ardente et fétide, dont les mains brûlent comme du feu : double supplice intolérable pour leur prisonnier. Il les entend rire et s'esbaudir entre eux comme des vainqueurs fiers de leur butin ; en même temps ils l'emportent au bord d'un fleuve de poix, sur lequel une effroyable figure de la mort guide jusqu'à la rive une barque dont les rames plongées dans l'onde font jaillir, quand elles en sortent, des milliers d'étincelles.

Comme on allait déposer Caradoc dans cette barque, tout à coup paraissent deux vieillards brillants de lumière qui s'y opposent avec une grande audace et l'arrachent aux mains de leurs adversaires en criant : « Lachez-le donc, effrontés coquins, allez-vous en les mains vides ! Comment avez-vous eu l'impudence de prendre ce qui n'était pas à vous ? ». « Hé quoi, répondent les autres terrifiés, n'appelez-vous pas votre maître le juste juge ? Où est donc sa justice? Cet homme-ci, depuis son enfance, a reconnu notre autorité, suivi nos lois, pratiqué nos oeuvres, et maintenant vous nous l'enlevez. Mais où serait sa justice, répliquent aussitôt les deux vieillards, si cet homme qui est mort par amour pour nous, restait à vous ? N'est-il pas écrit que la fin de la loi de Dieu, c'est la charité ? ».

Cela dit, les malins esprits, poussent de hideux gémissements et s'enfuient. Les pieux vieillards portent de concert celui qu'ils ont délivré et se consultant entre eux : « Il est juste, disent-ils, de le rendre à son corps assez de temps pour qu'il y exerce son libre arbitre ! ».

Cependant le corps de Caradoc gisait là inanimé et l'on était prêt à l'ensevelir, quand l'âme y rentrant le ranime, et il raconte aussitôt ce qui vient de lui arriver. Tout le temps qu'il lui fut encore donné de vivre, il le passa dans l'abbaye de Landoac, sous l'habit monacal et sous la protection des saints confesseurs qui l'avaient ressuscité. Bien souvent il répétait aux religieux de cette maison : « Oh que je voudrais de nouveau respirer ce parfum, cette suavité que j'ai ressentie quand je fus délivré de mes ennemis ».

Ainsi retiré de la gueule de l'enfer, il changea complètement de vie et mérita la gloire éternelle [Note : Nous voudrions pouvoir ajouter ici quelques renseignements sur ce Caradoc dont nous venons de reproduire ici la légende. Mais les sentiments des hagiographes sont très partagés sur son compte. Il paraît cependant que c'est le même personnage dont on retrouve le nom dans le prieuré de Saint-Cadreuc, situé en Ploubalay, près le bourg du Plessis-Balisson. Lequel prieuré existait dès la fin du XIIème siècle, mais sa chapelle au moment de la Révolution était en ruines et son prieur n'avait plus d'autre charge que celle de recueillir les revenus de son bénéfice. M. l'abbé Tréguy signale aussi comme existant à Matignon un village appelé le Tré-Caradeuc qui occupe le fond d'une vallée peu profonde qui sépare la paroisse de Matignon de celle de Saint-Cast. Voir sur Caradec. J Loth : Les Noms des Saints Bretons, pages 17 et 18. — Albert le Grand : Vies des Saints de Bretagne, page 549 et Guillotin de Corson : Le Tombeau de saint Caradeuc, dans Mélanges Historiques, IIème série, page 265. — Robert Oheix : Saint Caradec appartient-il à la Bretagne, publié dans la Revue Bretagne et Vendée, XLVIII, 21. — La Borderie : Les Deux Saints Caradec, Paris, Champion, 1883].

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Les sept Saints.

[Note : Extrait des Légendes du Morbihan, par Fouquet, pages 63-66, cité par M. Sebillot dans sa Petite Légende Dorée].

Il y avait une fois une reine d'Irlande, qui, devenue mère de sept garçons tous vivants et effrayée de leur nombre, donna l'ordre à la femme qui l'assistait d'aller les jeter à l'eau. Forcée d'obéir, la gardienne mit les sept enfants dans un panier couvert et s'achemina vers la rivière. Mais la Providence veillait sur la destinée de ces enfants qui devaient tous devenir un jour des saints et elle fit en sorte que le roi, leur père, se trouvât en ce moment sur le chemin de cette femme.

Surpris d'entendre sortir des vagissements plaintifs du panier qu'elle cherchait à cacher, le roi lui demanda où elle allait et ce qu'elle portait. La gardienne épouvantée et toute en larmes se précipita alors aux pieds du roi et lui faisant l'aveu complet du crime qu'elle était chargée d'accomplir, elle le supplia de détourner d'elle sa colère, parce qu'elle n'était que l'instrument de la reine à laquelle elle était forcée d'obéir.

Dans le premier moment de son indignation, le roi songea à punir de mort cette malheureuse femme, mais touché de son repentir et de sa douleur, il voulut bien lui pardonner, en exigeant d'elle toutefois qu'elle laissât croire à la reine que le crime était consommé et qu'elle se mit en quête de sept bonnes nourrices.

Tout fut fait comme le voulait le roi et les sept garçons confiés à d'excellentes nourrices furent élevés dans la sagesse et grandirent en force, en beauté et en vertus.

Quand ils furent assez grands et assez forts pour n'avoir plus rien à craindre de la méchanceté de leur mère, le roi voulut les reconnaître pour ses fils et les élever au rang qui leur était dû. Il les fit donc tous habiller de neuf et commanda de les amener au palais. Dès qu'ils furent en sa présence, le roi manda la reine et lui dit :

« Examinez bien ces jeunes gens, madame, et dites-moi si vous en avez souvenir ».

« Nullement, répondit la reine, aucun d'eux ne m'est connu, et pourtant, sire, leur vue me trouble ».

« Ce qui vous trouble, madame, dit sévèrement le roi, c'est le remords ; car ces jeunes gens sont vos enfants et les miens, enfants dont vous avez eu la cruauté d'ordonner la mort et que moi, par bonheur, j'ai pu sauver. Mais l'heure de la justice a sonné pour vous... vous allez mourir... Quant à vous, mes chers enfants, continua le roi, non seulement je vous reconnais et vous replace au rang qui vous appartient, mais encore je fais le serment solennel de satisfaire au premier voeu que vous voudrez bien m'exprimer ».

« Soyez béni, notre père, répondirent les sept jeunes gens en se précipitant aux genoux du roi ; mais de grâce, ne changez pas en un jour d'amertume ce jour de bonheur, épargnez notre mère, et pour que notre présence n'éveille pas continuellement en son coeur le remords d'un jour d'égarement, souffrez que nous nous retirions du monde pour nous donner à Dieu ».

Lié par son serment, le roi qui était très bon et très miséricordieux, voulut bien pardonner à la reine ; mais il avait grand'peine à se séparer de ses fils au moment où il venait de les rapprocher de lui. Cependant à la fin, touché de leurs instances, il consentit à les laisser partir, mais à la condition qu'un d'eux au moins resterait près de lui.

Saint Maudé [Note : St Maudé, patron de Saint-Maudé près de Corseul. Plus de soixante églises et chapelles lui sont consacrées en Bretagne, écrit M. J. Loth], saint Congart [Note : Saint Congar, patron de Landeda (Finistère). On trouve Launay-Congar en Hénansal. Saint Congar est aussi patron de la paroisse de ce nom dans le Morbihan], saint Gravé, saint Gorgon [Note : Saint Gorgon, paroisse du Morbihan. Sainte Gwrgon, fille de Brychan, était, nous dit M. Loth, mère de saint Dewi, honoré à Trégon, paroisse dont saint Perreuc est le patron], saint Dolay [Note : Saint Dolay, paroisse du Morbihan, située sur la lisière du Morbihan et de la Loire-Inférieure, canton de la Roche-Bernard] et saint Perreuc s'embarquèrent alors pour la petite Bretagne, où les uns se firent ermites et les autres moines, tandis que saint Jacut restait en Irlande à la cour de son père, qui le combla d'honneurs, lui fit bâtir un beau palais et le contraignit d'épouser une jeune et belle princesse. Mais saint Jacut [Note : Saint Jacut : Une inscription chrétienne du Xème ou XIème siècle trouvée dans la presqu'île du Plec, dans le Morbihan, en 1857, par M. Rosenzwig, porterait Iagu, d'après M. Loth. — M. le chanoine Le Mené, au contraire, croit qu'on doit y lire Laglu ou Laglé], comme ses frères, était tout à Dieu et fort peu aux choses de ce monde ; aussi sa jeune femme qu'il négligeait, ne tarda pas à devenir, par sa conduite, un objet de scandale. Averti de ses déportements, saint Jacut, sous prétexte de promenade, sortit un jour avec elle, la conduisit dans une forêt voisine et, près d'une fontaine, il lui tint ce langage : « On vous accuse, madame, de manquer à tous vos devoirs ; si vous êtes innocente, prouvez-le-moi en vous trempant les mains dans cette eau ».

La princesse qui ne trouvait rien de grave à cette épreuve, plongea hardiment ses mains dans l'eau, mais elle les retira aussitôt en poussant des cris de douleur, car elle était cruellement brûlée. « Cette épreuve me suffit, dit alors saint Jacut ; vous êtes coupable, ne soyez donc point surprise, si je vous fuis comme on fuit le péché mortel ». Et sur le champ il quitta l'Irlande et vint s'établir comme ses frères dans notre Bretagne armoricaine, où il se retira dans une immense forêt pour y vivre dans la prière.

Mais dans cette forêt existait une retraite de bandits, lesquels, apprenant que le fils d'un roi vivait près d'eux, s'imaginèrent qu'il avait avec lui beaucoup d'or et de bijoux précieux. Ils se présentèrent donc à son ermitage avec l'intention de le dépouiller de ces richesses et le sommèrent brutalement de leur livrer tout ce qu'il possédait. Saint Jacut protesta en vain qu'il n'avait en ce monde rien de ce qu'ils cherchaient. Les bandits le fouillèrent lui et son ermitage, et furieux d'être frustrés dans leurs espérances, ils se jetèrent sur lui et le tuèrent...

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Autre légende des Sept Saints.

Saint Jacut fait aussi partie d'une autre légende de huit frères partis eux aussi de la Grande-Bretagne pour prêcher la foi en Armorique : c'étaient saint Cast, saint Jacut, saint Cieux, saint Briac, saint Lunaire, saint Enogat, saint Malo et saint Servan (voir Petite Légende Dorée, page 29). Il y a d'ailleurs en Bretagne, dit M. Sebillot, plusieurs chapelles dédiées au culte des Sept Saints [Note : Voir sur le culte des Sept Saints : Guillotin de Corson : Mélanges Historiques, 2ème série, page 268 : Les Sept Saints en Vieux-Marché et page 303 : le Pèlerinage des Sept Saints en Bretagne. — M. André Oheix : Le culte des Sept Saints en Bretagne au Moyen-Age, dans le Bulletin de la Société d'Emulation des Côtes-du-Nord, année 1911. A cette étude est jointe une abondante bibliographie], mais elles ne se rapportent pas aux saints marqués dans cette légende qui a eu cours jadis au pays de Lancieux.

Jollivet, dans sa Géographie des Côtes-du-Nord, tome II, page 73, parle aussi, sans citer sa source, de trois soeurs et de sept frères saints qui débarquèrent autrefois à l'embouchure de la Rance et parmi eux il nomme saint Pétran, le même que saint Pétroc, saint Germain et saint Hélen ou Elen, patron de Saint-Hélen et « aussi probablement de Lan-helen, ajoute M. J. Loth dans ses Noms des Saints Bretons ».

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Saint Jacut, saint Rieul et saint Cast.

[Note : Concernant saint Rieul, les mémoires de Landevennec n'en disent autre chose sinon qu'il était prêtre lorsqu'il se fit religieux en ce monastère et qu'il rendit la vie à sa mère en jetant sur son corps de l'eau que saint Gwennolé avait bénite. Il était, dit-on, fils d'Elorn en Grande-Bretagne. Il fut patron primitif de Saint-Rieul. (D. Lobineau : Vie des saints de Bretagne). L'on trouve Lan-Riec et Riec (deux paroisses près de Quimperlé). — Lan-Riec, village en Pouldergat. — Saint-Rieux, en Henanbihen. Ce saint fut aussi patron d'une frairie à Massérac. — Roz-Landrieux — en 1190, Roz-Landrioc (de Corson, Pouillé, IV, p. 110). Le comte de Laigue et Tresvaux du Fraval fixent sa tête au 12 février].

Une vieille tradition conservée dans le pays de Saint-Cast et que nous avons trouvée rapportée dans un manuscrit rédigé par feu l'abbé Dubois, ancien vicaire de cette paroisse, nous apprend que saint Rieu ou Rieul fut le premier missionnaire qui prêcha l'Evangile en cette localité. Des noms [Note : On trouve aussi à Lancieux le port de Rieul], comme le val Saint-Rieul, la butte Saint-Rieul, la fontaine Saint-Rieul, le champ de la Fontaine Saint-Rieul, sont autant de souvenirs irrécusables du passage de ce saint.

Or, ce bon moine, dit la légende, vivait avec saint Cast dans la presqu'île de Landoac sous la règle de saint Jacut, Une nuit, les deux moines furent durant leur sommeil, invités par une voix céleste à quitter leur monastère pour aller sur l'autre rive de la rivière Blanche (l'Arguenon) porter la parole de Dieu. Saint Jacut, consulté, permit à Rieu de se mettre en route, mais garda près de lui son compagnon. Rieu quitta donc le couvent, traversa la mer à pied sec et prit terre près la point de la Garde. Là s'avançant vers le fond de l'anse, il remonta un vallon ombragé jusqu'à un monticule qui, par sa situation au milieu de la baie qu'il domine, lui parut favorable pour son établissement. Il y planta la croix, signe sacré du salut. Près de cette croix, il construisit un ermitage, puis au fond du vallon, il fit jaillir de terre une source abondante qui continue de porter son nom.

Dans la suite, saint Cast rejoignit son compagnon et vin partager son apostolat. L'on raconte, dit une tradition dont Garaby s'est fait l'écho dans sa Vie des Saints de la Bretagne, que « désirant avoir une conférence avec sains Jacut, il se présenta sur le rivage vis-à-vis du monastère de ce dernier, et qu'après s'être mis en prière, les flots lui ouvrirent un passage pour qu'il pût atteindre plus facilement son but » [Note : Saint Cast n'a jamais été, sinon dans la légende, disciple de saint Jacut, écrit M. de la Borderie qui l'identifie avec saint Cado. M. J. Loth n'admet pas cette opinion et fait de saint Cast un personnage distinct de saint Cado].

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Pourquoi Saint-Jacut n'est plus une île.

[Note : Extrait des « Légendes chrétiennes de la Haute-Bretagne » par Paul Sébillot (Revue de Bretagne, avril 1891). Bien que la très fantaisiste légende à laquelle nous donnons place à cette page, n'ait aucun rapport avec l'histoire authentique de saint Jacut et semble avoir été inventée de toutes pièces, nous l'avons rapportée ici dans le but de reproduire aussi complètement que possible toute la littérature qui se rattache au saint dont nous écrivons la vie].

Au temps jadis, Saint-Jacut-de-la-Mer était une île et le principal village qui porte aujourd'hui le nom de l'Isle, était de tous côtés entouré par l'eau. Quand il faisait mauvais temps, les Jaguens ne pouvaient communiquer avec la terre ferme et ils en étaient bien marris.

Un jour que la mer était grosse, un pêcheur de Saint-Jacut essaya d'aller à Trégon, mais il ne put y réussir et il ramena son embarcation dans le hâvre. Après l'avoir solidement amarrée, il se disposait à s'en aller quand il rencontra un bonhomme qui avait la mine d'un ancien pêcheur et qui lui demanda la charité.

« Je ne suis pas riche, répondit le Jaguen, et n'ai brin de pen sez ma (pas de pain chez moi), mais si veux veni'o ma (venir chez moi), tu mangeras des patates ».

Le vieillard accepta et durant trois jours le Jaguen le traita de son mieux ; au bout de ce temps, l'étranger se disposa à partir et demanda à son hôte combien il lui devait pour l'avoir nourri et couché.

« Je ne vous demande rien, répondit le pêcheur, car vous n'avez pas la mine plus riche que moi et entre pauvres gens, il faut se secourir ».

 — « Eh bien, mon ami, c'est Dieu qui vous récompensera », répondit le vieillard, qui n'était autre que saint Jacut.

Et comme le pêcheur partait pour la pêche, le saint toucha un de ses filets et lui dit :

« Ami, je vous souhaite bonne chance ; tâchez de prendre beaucoup de poissons, je reviendrai vous voir ».

Le saint disparut et le pêcheur se dirigea vers la mer, en maugréant un peu malgré tout, car on sait qu'il ne faut pas souhaiter bonne chance à ceux qui vont à la mer.

Pourtant à cette marée, il prit beaucoup de poissons, le lendemain, il en prit davantage encore, et toutes les fois qu'il sortait par bon ou mauvais temps, il avait autant de poissons qu'il en pouvait porter. Il était bien content et il remarquait que les poissons se prenaient toujours dans les mêmes filets — ceux que le saint avait touchés et qui n'avaient jamais besoin de réparations.

Bientôt il fut à l'aise et il devint même l'homme le plus riche du pays, mais il attendait toujours la visite du vieil étranger qui avait promis de revenir le voir.

Un jour, il le trouva à sa porte ; il fut bien content ; il lui offrit de demeurer pour toujours avec lui et il lui demanda qui il était. Le saint lui raconta sa vie et lui dit que Dieu l'envoyait prêcher sa religion aux infidèles.

— Vous aurez besoin de courage, grand saint, lui répondit le pêcheur, car à coup sûr, vous serez persécuté.

Le lendemain saint Jacut commença ses prédications ; mais les habitants ne voulurent pas l'écouter et ils le dénoncèrent au seigneur du pays qui envoya les soldats pour se saisir de lui.

Le saint, en voyant cette troupe de gens armés, voulut s'enfuir, mais, comme la mer était haute et qu'elle entourait l'île, il ne savait comment s'échapper. Arrivé sur le rivage, il se mit en prières et, posant la main sur l'eau, il dit : « Je désire qu'une terre relie cette île au continent ».

Aussitôt une langue de terrain sembla sortir du fond de la mer et forma une sorte de route sur laquelle le saint marcha à pied sec.

Quand il fut passé sur la terre ferme, il se retourna et dit :

Tant que le monde sera monde, ceci existera.

C'est depuis ce temps que la paroisse de Saint-Jacut est devenue une presqu'île.

A la vue de ce miracle, les Jaguens cessèrent de persécuter le saint et quand il mourut, il les avait presque tous convertis à la foi chrétienne.

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Saint Petroc.

[Note : A cause de la proximité des deux localités de Saint-Jacut et de Trégon, nous croyons intéresser nos lecteurs en leur donnant quelques brefs détails sur saint Petroc, le patron de Trégon, dont le nom est revenu plusieurs fois au cours des légendes que nous venons de raconter. D. Lobineau rapporte sa vie à la page 29 de sa Vie des saints de Bretagne. Voir aussi J. Loth, Les noms des Saints bretons, page 103].

Saint Perec ou Perreuc, Petroc ou Petreuc, fut naguère très honoré dans les deux Bretagnes. M. J. Loth le donne comme patron de plusieurs paroisses en Angleterre. C'est d'ailleurs dans ce pays que s'écoula la majeure partie de sa vie comme abbé du monastère qui s'élevait autrefois à l'embouchure de la Saverne, au lieu nommé maintenant Padstow. Il céda aussi à la passion des voyages, si violente chez les moines celtiques de cette époque, et l'on croit qu'il visita Rome et Jérusalem. Les dernières années de sa vie sont peu connues, on sait seulement qu'elles furent traversées de nombreuses épreuves. Quelques-uns prétendent qu'il dut quitter la Grande-Bretagne pour échapper aux coups de ses ennemis et qu'il se retira dans la Cornouaille armoricaine. La chose est très contestée, mais il est certain qu'après sa mort ses reliques furent apportées dans notre pays, au monastère de Saint-Méen, où elles demeurèrent quelque temps.

Plusieurs localités portent en Bretagne le nom de ce bienheureux. M. J. Loth signale Saint Perec en Pluneret ; Saint Perreuc appelé aussi Renac, ancienne trève de Saint Vincent-sur-Oust ; Saint Petrock Trégon ; Saint Petreuc à Plerguer et quelques autres encore. Le calendrier manuscrit du XVème siècle de l'abbaye de Saint-Méen, signalé par D. Lobineau et malheureusement perdu depuis, indiquait au 4 juin la fête de saint Petrock, avec quatre porte-chapes, des leçons propres et une octave. Le 4 septembre, ce même saint avait une autre fête moins solennelle, mais qui comportait cependant une octave.

Le bréviaire malouin de 1537, déposé à la bibliothèque de Saint-Malo, mentionne aussi la fête de saint Petrock au 4 septembre et lui assigne une octave. (A. Lemasson).

Vie de Saint-Jacut et Saint-Guethenoc (page n°10).

 

Vie de Saint-Jacut et Saint-Guethenoc (page n°11).

 

Vie de Saint-Jacut et Saint-Guethenoc (page n°12).

 

Vie de Saint-Jacut et Saint-Guethenoc (page n°13).

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